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Philippe Le Bas - France Dictionnaire encyclopédique

Published by Guy Boulianne, 2022-05-29 17:45:17

Description: Philippe Le Bas : « Dictionnaire encyclopédique de la France ». L’univers pittoresque: Histoire et description de tous les peuples, de leurs religions, moeurs, coutumes, etc. Firmin Didot Frères, Paris 1841. Tome troisième, p. 190.

SOURCE : https://www.guyboulianne.info/2020/12/03/antoine-boulianne-mort-au-combat-durant-la-campagne-degypte-merita-la-reputation-de-lun-des-plus-intrepides-soldats-de-larmee-1799

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FRANCE. BRE 848 placés. On parle tous les jours de la pourra un jour, peut-être, rivaliser avec celle que nous livrent déjà l'A- nécessité de relever notre marine mar- mérique du Nord et les Antilles. Au lieu de lutter avec peine sur des mar- chande de rabaissement où elle est chés encombrés, il faut songer au- jourd'hui à s'ouvrir des marchés nou- tombée, et qui est si nuisible au dé- veaux. veloppement de notre marine mili- Bbeslb, bourg du département de taire. Quel plus beau débouché lui of- l'Oise, à seize kilomètres de Beau va is frir que le Brésil , un empire immen- ancien fief des évêques de cette ville dont l'un, Philippe de Dreux, y fit se , d'une fertilité fabuleuse qui n'a construire, en 1210, un fort considé- , rable. Ce château fut plusieurs fois as- siégé, et subsista jusqu'en 1700, épo- pas de marine marchande , et qui ne que où il fut démantelé par ordre du cardinal de Janson. paraît pas devoir s'en faire une avant Au sud-ouest de Bresle, près des de longues années? Oui, mais pour ruines d'un camp romain qui dut être cela , tous les plus beaux traités se- considérable, se voient les ruines de la célèbre abbaye de Froidemont, fon- raient insuffisants. Il ne faut rien dée au douzième siècle par Lancelin et moins qu'une réforme complète de no- Manassès de Bulles. tre système colonial et fiscal. Non- —Bbesse, en latin Brexia ou Brixia. Cette province a pris son nom seulement notre marine marchande est d'une grande, forêt qui s'étendait de- privée des moyens d'effectuer ses re- puis le Rhône jusqu'à Châlons, et tours, par les prohibitions qui repous- qu'on appelait Brixius Saltus. Au moment de la conquête des Gaules par sent les produits étrangers ou par les les Romains, ce pays était habité par les Ségusiens ou Sébusiens, originaires droits protecteurs qui en restreignent du Forez, que les Éduens avaient sub- jugués, et que, pour cette raison, César la consommation; mais il n'est pas appelle Clientes Eduorum. L'étendue actuelle de la Bresse est d'environ jusqu'aux bois de construction, aux fers soixante - quatre kilomètres , soit en long, soit en large. Ses limites sont : et aux cordages, qui ne soient frappés au nord, le duché de Bourgogne et la Franche-Comté ; au sud, le Rhône de taxes immodérées, et qui n'élèvent qui la sépare du Dauphiné; à l'est, le Bugey ; a l'ouest , le Lyonnais , et la ainsi de toutes les manières le prix du Saône qui la sépare du Lyonnais. Elle se divisait en haute Bresse, ou pays fret, nécessaire à l'existence de nos de Bevermont, et en basse Bresse, si- tuée à l'ouest de la première. Au marins et de nos capitaines. commencement du cinquième siècle, elle fut conquise par les Bourguignons, On nous pardonnera d'avoir jeté ce et passa avec leurs autres possessions coup d'œil rapide sur les imperfections sous la domination des fils de Clovis. Elle fit partie du second royaume de de nos institutions commerciales à Bourgogne qui se forma vers la fin du neuvième siècle ; mais plusieurs sei- l'occasion du Brésil. Ce pays occupe une gneurs profitant de l'éloignement des position géographique qui lui donne, , pour nos intérêts , une importance rois d'Arles, se partagèrent la Bresse, sous le règne de l'empereur d'Aile- toute particulière. Confinant à notre colonie de Cayenne, si bien faite pour un bel avenir, situé presque en face de notre colonie du Sénégal , à l'en- droit le plus rapproché de l'Amérique du Sud et de l'Afrique, le Brésil est à la veille de se rattacher encore à la France par notre colonie de l'Algérie. Avant peu, un service de bateaux à vapeur le mettra en rapports régu- liers avec Nantes. Il est a désirer que cette ligne de pyroscaphes touche à Cavenne en même temps qu'au Séné- gal. Lorsque le port d'Alger sera cons- truit et l'Algérie colonisée, le Brésil pourra, par notre entremise, commer- cer activement avec la Méditerranée. Marseille, Alger, notre comptoir du Sénégal, Cayenne, le Brésil et Buenos- Ayres offriront à notre marine mar- chande une carrière nouvelle, qui Digitized by Google

344 BBE L'UNIVERS. BRE magne,, Henri III. Les principaux fu- fils et héritier du précédent, la Bresse rent les sires de Baugé ou de Bagé, les reconnaissait le roi de France pour sires de Coligni, ceux de Thoire et les suzerain. Kn 1120, Ulric partit pour seigneurs de Villars. la terre sainte; à son retour, il em- Les sires de Baugé furent les véri- brassa la vie monastique. tables seigneurs de la Bresse, et y .Renaud II, son fils, mourut en exercèrent les droits de souveraineté. 1153. Leur État tirait son nom de la capi- Renaud III fut contraint d'avoir re- tale, Baugé, et renfermait, outre cette cours au roi de France pour résister ville, celles de Bourg, Châtillon, Saint- aux attaques de Girard, comte de Mâ- Trivier, Pont-de-Vesle, Cuiseri, Mir- con , d Etienne, son frère, d'Humbert, bel , et tout le pavs , depuis Cuiseri sire de Beaujeu, et de l'archevêque de jusqu'aux portes de Lyon , et depuis Lyon qui , s'étant ligués contre lui avaient ravagé ses terres et emmené Baugé jusqu'à Lyon. C'est à tort que beaucoup d'écri- son fils Ulric prisonnier. Louis le Jeu- vains donnent pour premier seigneur ne, auquel Renaud tenait par quelques de Baugé un certain Wigues ou Hu- liens de parenté, répondit à sa suppli- gues; ce personnage n'est autre que 3ue en ordonnant au sire de Beaujeu Hugues le Noir, fils puîné de Richard e mettre Ulric en liberté. Mais le sire le Justicier, duc de Bourgogne, qui lui de Beaujeu ne tint nul compte de cet assigna , dans le partage de ses États, ordre, ainsi que le prouve une seconde la Bresse, le Mâconnais, le Beaujolais, lettre de Renaud a Louis le Jeune, le Charolais, avec une partie du comté lettre dans laquelle il engage ce prince de Bourgogne. Les successeurs qu'on à venir sur les lieux , en lui offrant la donne à ce Hugues, prétendu sire de suzeraineté de ses châteaux, qui ne re- Bresse, paraissent également supposés lèvent, dit-il , de personne. On ignore comment finit ce démêlé; seulement jusqu'à Rodolphe ou Raoul. Les des- cendants de celui-ci lui succédèrent en 1161 Renaud et Guerric, son pa- jusqu'en 1255, époque où la Bresse rent, firent, au château de Chantel- fiassa au comte Amédée de Savoie. Ce ut seulement en 1601 que, par un les, un traité d'alliance avec Archam- bault VII, sire de Bourbon et son fils, traité conclu à Lyon entre Henri IV et envers et contre tous, excepté le rot Charles-Emmanuel , duc de Savoie, la de France, le duc Bourgogne et le comte de Savoie. Bresse fut rendue à la France, avec le A Renaud III, mort en 1180, suc- Bugey et la baronnie de Gex, en échange du marquisat de Saluce. De- céda Ulric II, qui mourut vers 1220. puis cette époque, la Bresse fut encla- Renaud IV, son fils, fut un des vée dans le gouvernement militaire de bienfaiteurs de la chartreuse de Mont- Bourgogne ; elle fait maintenant partie merle, qu'il combla de ses libéralités, —du département de l'Ain. et dont il fit bâtir les cellules. L'an Bresse (seigneurs de). Comme 1239, il partit pour la terre sainte, on vient de le voir, le premier seigneur d'où il était de retour l'an 1247. En de Bresse bien connu est Rodolphe ou 1249, il fit son testament, et alla une Raoul qui vivait dans la première seconde fois en Palestine , où il mou- y moitié du onzième siècle. On ne pos- rut la même année. • sède aucun détail sur sa vie. Gui, fils aîné de Renaud IV, étant Renaud qui paraît lui avoir suc- encore mineur, Philippe de Savoie, ar- , cédé, et qui vivait vers le commence- chevêque de Lyon, son parent, lui donna un curateur, lequel accorda, en ment du douzième siècle, n'est pas mieux connu. 1251, une charte d'affranchissement Il eut pour successeur Joscerand aux hahitants de Baugé , de Bourg et ou Gauscerand, son fils aîné. de Pont-de- Vaux. Quatre ans plus Il est attesté par des documents tard, se voyant infirme, il fit son tes- certains que, sous Ulric ou Odalric, tament par lequel il institua son hé- , Digitized by Google

BRE FRANCE. BRE 345 ritier l'enfant qui naîtrait de sa femme pillée par le soldat qui y fit un riche , alors enceinte. Elle accoucha d'une butin. Avant la révolution, les guerres fille, nommée Sibylle, qui recueillit la de religion et plusieurs autres causes succession de son père, mort en 1268. avaient déjà réduit cette ville à un état Sibylle porta ses biens dans la maison complet de décadence. L'enceinte de de Savoie par son mariage avec Amé- ses murs qui ne servait plus qu'à as- , dée, prince de Piémont, devenu comte surer la perception de l'octroi , attes- de Savoie en 1285. C'est ainsi que la tait bien encore son ancienne impor- basse Bresse fut réunie à la Savoie, tance, mais , sur plusieurs points, des jardins, des prés, des champs avaient qui finît par posséder tout le pays, et remplacé les habitations. La guerre le céda à la France en 1601, ainsi de la révolution a consommé sa ruine; qu'on l'a vu dans l'article précédent. Rbessieux , ancienne seigneurie du elle fut alors entièrement réduite en Dauphiné, à vingt-quatre kilomètres cendres , à l'exception d'une seule de Vienne (aujourd'hui département de maison et de l'église. Bressuire, dont l'Isère), érigée en marquisat en 1612. la population est de quatorze cent Bbesson ( Jean - Baptiste - Marie- soixante-quinze habitants, possède un François) député par le département tribunal de première instance , une , société d'agriculture et de commerce des Vosges à la Convention nationale, se montra partisan de ce qu'il appe- et un petit séminaire. lait • l'Évangile de la douce et sage Bbessuibe (combat de). —Les Ven- liberté, » et eut le courage de son déens révoltés, au nombre de plus de opinion. Pendant le procès de Louis dix mille, assiégeaient Bressuire, fai- XVI , il se borna à demander la dé- blement défendue par quelques com- tention du monarque, jusqu'à ce qu'il pagnies de chasseurs et de grenadiers. Mais de nombreux détachements des tut possible de le bannir. Mis hors la loi après le 31 mai, rappelé à la Con- gardes nationales de Chollet , Parlhe- nay, Angers, Nantes , Tours , la Ro- vention après le 9 thermidor, M. Bres- chelle , Rochefort , Saumur , Poi- son passa, en 1795, au Conseil des tiers, etc., s'étaient mis en marche Cinq-Cents, d'où il sortit en 1798. Depuis, il fut employé au ministère pour secourir cette place. Les deux des affaires étrangères, et mourut en partis en vinrent aux mains sous les 1832, quelques années après avoir été murs de Bressuire, le 24 août 1792. Le combat ne fut pas long ; les roya- admis à la retraite. listes insurgés formèrent en vain une Bkessuibr ou Bersuire , en latin longue colonne serrée : mal armés, et Bersuria, ville de l'ancien bas Poitou, aujourd'hui chef-lieu de sous-préfec- Eressés de toutes parts , ils furent ture du département des Deux- Sè- ientôt entamés, mis en déroute , et vres. se sauvèrent dans le plus grand dé- Quelques écrivains pensent que sordre. Leurs chefs , incapables d'un vaste plan, divisés d'intérêt, ne son- Bressuireest l'ancienne Segora, men- gèrent, dès le commencement de l'ac- tionnée dans l'Itinéraire d'Antonin. Guvard de Berville, dans son Histoire tion qu'à éviter la fureur des patrio- , de du Guesclin, dit, qu'en 1371, épo- tes. Six cents insurgés trouvèrent la que où les Anglais en étaient maîtres, mort aux portes de Bressuire; les cette ville était considérable par le blessés se traînèrent dans les bois, nombre et la richesse de ses habi- qui furent bientôt jonchés de cada- tants, par la bonté de ses fortifications, vres. et surtout par son château. Elle avait Bbest , ville de Bretagne , l'un des chefs-lieux d'arrondissement du dé- un gouverneur, une garnison; et du Guesclin fut obligé d'en faire le sici^e partement du Finistère. dans toutes les formes. Il la prit d'as- Quelques auteurs ont cru que Brest saut et passa la garnison au fil de était le Brivates portus des anciens; d'autres, et cette opinion est celle de l'épée; le château capitula; la ville fut Digitized by Google

346 BHE L'UNI rERS. BUE M. Walckenaer(*), y ont vu le Geso- sinon pour l'étendue , du moins pour cribates des Romains. Quoi qu'il en la sûreté , et son port , le premier de soit, l'histoire ne commence à faire nos ports militaires, peut contenir mention de Brest qu'en 12-10, épo- plus de cinquante bâtiments. Brest, dont la population est main- que où Hervi, comte de Léon , céda tenant de vingt-neuf mille huit cent cette ville à Jean er duc de Bre- soixante habitants, possède une pré- I, fecture maritime , des tribunaux de première instance et de commerce tagne. des consulats étrangers , une école de navigation de première classe , une En 1341 , Jean de Montfort vint école spéciale du génie maritime, une école secondaire de médecine, de chi- mettre le siège devant Brest, qui avait rurgie et de pharmacie, et une biblio- thèque de vingt mille volumes. C'est pour gouverneur Garnier de Clisson. la patrie de Lamothe-Piquet, de Ker- Ce dernier périt victime de son cou- —saint et d'Orvilliers. rage et de sçn dévouement , et le châ- Bretagnb. A l'époque des con- teau se rendit à Montfort. En 1372, quêtes de César, toute la Gaule était Jean IV, dm ce Bretagne, abandonna possédée par trois races principales la ville et le château aux Anglais, à la ui différaient entre elles de langage charge par eux de les défendre et con- e mœurs et d'institutions. C'étaient server pendant la guerre , et de les lui les Belges , qui s'étendaient depuis le Rhin jusqu'à la Seine; les Aquitains, rendre à la paix. Il en recouvra la qui habitaient entre la Garonne et les Pyrénées ; et les Galls ou Celtes, qui possession après la mort d'Édouard possédaient les pays situés entre la Seine, la Garonne et l'Océan. Les ha- III, roi d'Angleterre. Mais la guerre bitants de l'île de Bretagne parlaient avant éclaté de nouveau entre la la même langue et avaient les mêmes mœurs et les mêmes institutions que France et la Bretagne, il en confia de- les Galls ou Celtes , avec lesquels ils rechef la défense a une garnison an- ne formaient qu'un même peuple. On glaise, oui y entra le ih juin 1378 , et désignait en général , sous le nom refusa J'en sortir lorsque la paix fut d'Armorique , les pays baignés par conclue. Les Français , unis aux Bre- l'Océan. Cependant cette dénomina- tion s'appliquait quelquefois , d'une tons, l'assiégèrent vainement en 1382 manière plus particulière, à la pointe nord-est de la Gaule, qui finit par ne et 1386. Toutefois, Richard II con- plus avoir d'autre nom. sentit à la rendre au duc de Breta- Trois peuples principaux occupaient l'Armorique ; c'étaient les Vénètes gne (1397), moyennant une forte ran- {ï'enetf), qui habitaient le territoire çon. Dans le siècle suivant, les Anglais dont s'est formé depuis le diocèse de Vannes; les Osismiens {Osismii)^ qui tentèrent souvent de la reprendre , et habitaient la pointe occidentale de la péninsule; et les Curiosolites {Curio- les Français s'en emparèrent sous la solitse) , établis dans la contrée qui forme le diocèse actuel de Saint- conduite 'du vicomte de Rohan. Enfin, Brieux. De ces trois peuples, les Vé- Brest fut définitivement réunie à la nètes étaient les plus puissants, et ils France par le mariage de Charles VIII et d'Anne de Bretagne. En 1591 , elle exerçaient sur les deux autres une sorte de souveraineté. eut encore à se défendre contre les Les Armoricains ne furent point des Espagnols, et, en 1694 contre les An- ' qui tentèrent contre elle un S.ais ernier et vain effort. Brest ne prit guère d'accroissement que vers 1670. En 1680 Vauban fît construire une enceinte de fortifica- tions qui se trouva insuffisante en î ?73. Une seconde fut construite alors, et la ville atteignit bientôt la popula- tion et l'importance dont elle jouit au- jourd'hui. La rade de Brest est regardée comme une des plus belles du monde, (*) Géographie ancienne des Gaules, 1. 1, p. 3 77 . Digitized by Googl

BRE FRANCE. BRE B47 derniers à voler au secours de la pa- tons , des Santons et antres pays pacifiés, et lui ordonne de se ren- trie commune , quand le bruit de l'in- dre au plus tôt chez les Vénètes. Il y vasion romaine se répandit dans les marche lui-même avec les troupes de Gaules. Le contingent qu'ils fourni- rent pour la guerre qui se termina par terre. La plupart des villes de cette la prise d'Alise, s'éleva à trente-six côte sont situées à l'extrémité de lan- mille hommes. C'était le septième de gues de terre et sur des promontoires; l'armée entière des Gaulois. Cepen- elles n'offrent d'accès , ni aux gens de dant découragée sans doute par le pied quand la mer est haute (ce qui , , peu de succès des efforts qu'elle avait arrive constamment deux fois en faits pour l'indépendance , l'Armori- vingt-quatre heures), ni aux vaisseaux que se soumit presque sans résistance, que le reflux laisse à sec sur le sable. lorsqu'elle vit tous les autres peuples On ne pouvait donc aisément les as- gaulois domptés par les armées de siéger. Si , après de pénibles travaux, on parvenait à contenir la mer par des César. Une seule légion suffit pour lui faire mettre bas les armes , et la for- digues , et à élever une terrasse jus- cer à donner des otages. Mais les Vé- qu'à la hauteur des murs , les assié- nètes ne purent supporter longtemps gés , lorsqu'ils désespéraient de leur fortune , rassemblaient leurs nom- le joug nouveau qui pesait sur eux. Des officiers romains ayant été en- breux vaisseaux , y transportaient tous leurs biens , et se retiraient dans voyés par Crassus . lieutenant de Cé- sar , pour lever chez eux la part de d'autres villes voisines, où la nature contribution à laquelle ils avaient été leur offrait les mêmes moyens de dé- taxés, ils s'en emparèrent, et, les re- fense. Durant une grande partie de tenant prisonniers , ils déclarèrent l'été , cette manœuvre leur fut d'au- qu'ils ne les lâcheraient que lorsqu'on tant plus facile que notre flotte était leur aurait rendu leurs otages. César , retenue par les vents contraires, et allait partir pour l'Iilyrie quand on pouvait à peine naviguer sur une mer , lui annonça la révolte\" des Vénètes. Il vaste , ouverte sujette à de hautes , revint en toute hâte sur ses pas , et se marées , et presque entièrement dé- prépara à punir, d'une manière terri- pourvue de ports. Blé, une tentative qui , si elle n'était « Les vaisseaux des ennemis étaient promptement réprimée, pouvait avoir, construits et armés de manière à lut- chez un peuple comme les Gaulois, de ter contre ces obstacles. Ils ont la ca- nombreux imitateurs. rène plus plate que les nôtres ; aussi redoutent-ils moins les bas fonds et De leur côté, les Vénètes firent aussi des préparatifs; ils appelèrent à leur le reflux. Les proues sont très-hautes, secours leurs frères de l'île de Breta- et les poupes plus propres à résister gne , recrutèrent des guerriers et des aux vagues et aux tempêtes ; les na- vires sont tout entiers de chêne , et matelots sur toute la côte septentrio- nale de la Gaule, et rassemblèrent une peuvent soutenir le choc le plus rude. flotte formidable. Les bancs , faits de poutres d'un pied Le récit que César nous a laissé de d'épaisseur , sont attachés par des son expédition contre les Vénçtes est clous en fer de la grosseur d'un pouce; la première et la plus ancienne page de les ancres sont retenues par des chaî- l'histoire de la Bretagne. Nous croyons nes de fer au lieu de cordages ; les voiles sont de peaux molles amincies, donc devoir donner ici une traduction de ce passage des Commentaires, qui bien apprêtées, soit qu'ils manquent contient d'ailleurs sur la marine de de lin , ou ne sachent pas l'employer, ou plutôt qu'ils croient impossible de ce peuple des détails d'un grand intérêt. «César, prêt à entrer en campagne, diriger avec nos voiles des vaisseaux donne au jeune D. Brutus le com- aussi pesants , à travers les tempêtes mandement de la flotte et des vais- et les vents impétueux de l'Océan. seaux gaulois qu'il a exigés des Pic- Dans l'action , notre seul avantage Digitized by Google

348 BRE L'UNIVERS. BRE est de les surpasser en agilité et en de César et de toute l'armée : aucune vitesse; du reste, ils sont bien plus belle action ne pouvait rester incon- en état de lutter contre les mers ora- nue; l'armée occupait toutes les col- geuses et contre la violence des tem- lines et les hauteurs d'alentour, d'où pêtes. Les nôtres, avec leurs éperons, la vue s'étendait sur la mer. ne pouvaient entamer des masses aussi solides , et la hauteur de leur « Dès qu'un vaisseau était ainsi construction les mettait à l'abri des privé de ses voiles , deux ou trois des traits : aussi craignent-ils moins les nôtres l'entouraient , et nos soldats écueils. Si le vent vient à s'élever , ils sautaient à l'abordage. Les barbares s'v abandonnent avec moins de périls, ayant perdu une partie de leurs navi- et ne redoutent ni la tempête , ni les res , et ne sachant que faire contre bas-fonds, ni, dans le reflux, les poin- cette manœuvre, cherchèrent leur sa- tes et les rochers. Tous ces dangers lut dans la fuite; et déjà ils se dispo- étaient à craindre pour nous. saient à profiter des vents, lorsque tout à coup il survint un calme plat « César avait déjà pris plusieurs qui leur rendit tout mouvement im- villes ; mais sentant que sa peine était ftossible. Cette circonstance compléta inutile, et qu'il ne pouvait ni empê- a victoire : les nôtres les attaquèrent, cher la retraite des ennemis , ni leur et les prirent l'un après l'autre ; un faire le moindre mal , il résolut d'at- bien petit nombre put regagner la tendre sa flotte. Dès qu'elle parut, et terre à la faveur de la nuit. Le com- que l'ennemi la découvrit , deux cent bat avait duré depuis la quatrième vingt de leurs vaisseaux environ, par- heure du jour jusqu'au coucher du so- faitement armés et équipés , sortirent du port et vinrent se placer devant leil. elle. Brutus, qui en était le chef, et « Cette bataille mit fin à la guerre les tribuns et centurions qui comman- des Vénètes et de tous les États ma- daient chaque vaisseau , étaient indé- ritimes de cette côte ; car toute la jeu- cis sur ce qu'ils avaient à faire et sur nesse, et même tous les hommes d'un la manière d'engager le combat. Ils âge mur, distingués par leur rang ou savaient que l'éperon de nos galères était impuissant ; les tours de nos leur caractère, s'étaient empressés de vaisseaux n'étaient pas assez hautes prendre les armes. Ils avaient ras- Eour atteindre la poupe de ceux des semblé tout ce qu'ils avaient de vais- seaux , et cette perte ne leur laissait arbares ; nos traits, lancés d'en bas, aucun moyen de retraite ou de dé- seraient sans effet, tandis que les Gau- fense. Dans cette extrémité, ils remi- rent à César leurs personnes et leurs lois nous en accableraient. Une seule biens. César crut aevoir en faire un exemple sévère , gui apprît aux barba- invention fut d'un grand secours ; c'é- res à respecter désormais le droit sa- tait une espèce de faux extrêmement cré des ambassadeurs. Il fit mourir tranchante , emmanchée de longues tout le sénat , et vendit les autres à perches, assez semblables à celles qu'on emploie dans les sièges. Avec l'encan. » ces faux , on accrochait et l'on tirait à soi les cordages qui attachent les L'anéantissement de la nation des vergues aux mâts ; on les rompait en Vénètes consterna les Armoricains. faisant force de rames; les vergues Depuis cette époque, ils ne firent, tombaient nécessairement, et les vais- pour recouvrer leur indépendance seaux gaulois, en perdant les voiles et les agrès qui faisaient toute leur force, , étaient réduits à l'impuissance. Alors le succès ne dépendait plus que du aucune tentative dont l'histoire ait courage, et en cela le soldat romain conservé le souvenir. Lorsque ensuite avait aisément l'avantage , surtout dans une bataille livrée sous les yeux Rome établit dans les Gaules des di- visions administratives , ils furent compris dans la Gaule lyonnaise; et quand cette province fut de nouveau partagée , ils firent partie de la troi- sième de ses subdivisions. Digitized by Google

BRE FRANCE. BRE 340 Les Romains, une fois paisibles pos- d'Armorique avait depuis longtemps sesseurs de la Gaule, l'histoire, qui repris son ancienne acception, qui s'é- s'était plu à raconter les efforts que tait même considérablement étendue, On comprenait en effet, sous cette leur avait coûtés la conquête de cette contrée, se tait de nouveau sur elle; dénomination, depuis la fin du troi- et, jusqu'à la fin du troisième siècle, sième siècle, toutes les contrées pla- i) n'est plus question de l'Armorique. cées sous le commandement de l'of- A cette époque, un certain nombre ficier chargé de la défense des cites de familles des côtes de l'île de Breta- de la Gaule , c'est-à-dire toutes les gne y passèrent pour échapper aux provinces situées entre la Seine et la ravages des pirates saxons. Dioclé- Loire. Cet officier, qui portait le titre tien, qui tenait alors le sceptre impé- de duc de l'Armorique, avait une rial, leur permit de s'y établir, et cohorte sous ses ordres , et résidait à leur assigna des terres dans le pays Guérande. Telles étaient les fonctions Ades Curiosolites et des Vénètes. que Maxime avait confiées à Conan, et cette colonie s'en joignit une autre, gue ce chef exerçait lorsqu'il se rendit en 364 ; mais vingt ans après , une indépendant. , troisième émigration, plus considéra- Ann de ne point interrompre plus ble, vint renouveler presque entière- tard le récit des événements dont ment la population de l'Armorique, l'Armorique fut le théâtre, nous di- et lui donner une existence indépen- rons ici quelques mots des diverses dante. dénominations qui lui furent succès- Maxime, gouverneur de la Breta- sivement appliquées. Les écrivains du gne, avait pris dans cette province la septième siècle la désignent par les pourpre impériale. Maître de l'île en- mots : Cornu Gailiae, dont plus tard tière, il passa dans les Gaules avec on a fait CornouaUle , nom qui est une armée dont faisait partie un corps resté à l'un des évéchés de là Breta- de Bretons commandés par Conan gne (*). Les Bretons eux-mêmes don- Mériadec, fils d'un prince du pays. naient antérieurement au pays qu'ils Maxime , tut chargé du commande- habitaient le nom de Lydaw , que les ment de l'Armorique, et il alla s'éta- écrivains du moyen âge ont rendu en blir au centre de son gouvernement, latin par Lœtavia ; plus tard, ils l'ap* Les triomphes de l'usurpateur ne fu- pelèrent Domwnia, Domnonée. Lors- rent pas de longue durée. On sait que les Francs , sous Clotaire er se I, qu'il lut vaincu et tué près d'Aquilée par Valentinien. Mais le vainqueur se lurent rendus maîtres des territoires montra clément envers les soldats du vaincu. Les Bretons qui se trouvaient de Rennes et de Nantes , les chefs qui régnaient sur le reste de la pénin- suie prirent le titre de rois de la Dom- nonée, et ce nom resta longtemps à la Bretagne indépendante , c'est-à- 1er rejoindre Mériadec et de se fixer dire, aux évéchés de Vannes , de Cor- auprès de lui. Il est probable que Co- nan fut alors confirmé par Valent!- nouaille , de Léon , de ïréguier , de m'en dans* le commandement qu'il avait reçu de Maxime. Mais bientôt Saint-Brieux, et à une partie de celui de nouvelles émigrations d'insulaires étant venues augmenter sa puissance, de Saint-Malo. il se déclara indépendant, et se fit proclamer roi de la petite Bretagne (*) Dans la langue de* Bretons le nom de ou Bretagne armoricaine. la Cor noua il !r est Kernaw. N'aurait-oti pas fait de ce mot Cornu-Galliœ , comme de C'est ainsi que l'on- appelait la pé- Lidaw on fit Lœtavia, qu'un savaut traduit ninsule occidentale de la Gaule , de- 1>ar pays des Lctes ou Lites?Les Latins comme puis que les insulaires étaient venus es Grecs, et celte manie fut poussée fort s'y établir en foule. D'ailleurs, le nom loin , donnaient à presque tous les noms étrangers une signification dans leur pro- pre langue. Digitized by Google

J50 BRE L'UNIVERS. BRE HOIS, COMTES ET DUCS DE BRETAGNE. jusqu'à la mer ; Canao eut le pays de Nantes, et Mucliauc le pays de Van- Conan sut éloigner de la Bretagne le nes. La Bretagne occidentale formait fléau des barbares ; il sut également alors deux comtés indépendants : l'un résister à toutes les entreprises que ( celui de Léon ), qui reconnaissait la firent les Romains pour le réduire à suzeraineté du roi des Francs, ne fut leur obéissance. Il mourut en 421 , réuni au reste de la Domnonéequ'à la après un règne glorieux. Il était chré- fin du sixième siècle ; l'autre ( la Cor- tien, et on lui attribue la fondation nouaille ) était possédé par un frère des évéchés de Dol , de Vannes et de de Hoël er nommé Budic. I, Quimper. « Cependant Conmor , l'un des fils Salomon /*r son petit-fils, lui suc- de Hoël , avait réuni dans ses mains , céda, et fut tué dans une révolte, en l'héritage de plusieurs de ses frères as- 434 , après un règne de treize ans. sassinés par son ordre. Mais un enfant Grallan^ comte de Cornouaille, qui avait échappé au massacre. Réfugié à fut soupçonné d'avoir pris part au la cour du roi des Francs, ce jeune meurtre de Salomon , lui succéda. [>rince attira bientôt sur sa patrie tous Vaincu en 439 par Letorius, général es malheurs qu'entraîne le patronage romain, il s'empara de Tours en 445; de l'étranger. Les rois se montrent ra- mais cette ville lui fut reprise la même rement généreux envers ceux qui per- année par Aétius. Il mourut bientôt dent un trône; mais comme en cette après. circonstance il s'agissaitd'obtenir, sans Audren, fils de Salomon er monta courir les chances de la guerre , des I, sur le trône en 446. Ayant envoyé son avantages que, jusque-là, les Bretons frère au secours des Bretons insulai- avaient disputés avec une incroyable res révoltés contre les Alains, il attira énergie, Clotaire promit des secours au sur lui la vengeance de ces derniers, jeune Judual. La révolte de Chramne et ne dut la paix qu'à l'intervention décida le roi des Fïancs à brusquer de saint Germain. Il mourut en 464, l'attaque qu'il méditait contre l'Ar- laissant quatre fils. morique. On sait que le prince rebelle Erechy l'un d'eux, fut son succes- s'était réfugié chez le comte de Bre- seur. Défait en 470 par les Visigoths, tagne, qui avait épousé, lui aussi, une il fut obligé de se réfugier en Bour- fille de Williachaire, duc d'Aquitaine. gogne; de retour dans ses Ftats, il La péninsule fut envahie par deux ar- gouverna sagement jusqu'à sa mort mées à la fois : l'une s'empara du comté qui arriva en 478. devantes; l'autre alla livrer bataille à L'usurpateur Eusèbe, que les chro- Chramne, entre Châteauneuf et Saint- niqueurs représentent comme un ty- Malo. Cette bataille fut décisive. Dé- ran barbare, régna après Erech ; il sormais les Francs victorieux ne quit- mourut en 490. teront pas le pays de Nantes, ni celui Budic. fils d'Audren, monta alors de Rennes ; il faudra l'épee de Nomi- noë pour les en expulser. sur le trône. Il mourut en 509, après un règne glorieux, mais en laissant « Réfugiés au milieu de l'immense ses peuples aux prises avec les Frisons. forêt Brekilien, ou retranchés derrière /Joël /er , son fils, était alors dans leurs marécages , les Bretons de la l'île de Bretagne. Il revint, en 513, Domnonée, malgré les dissensions ci- faire valoir ses droits au trône de son viles qui désolaient leur patrie, virent père , chassa les Frisons , et mourut cependant encore briller quelques jours en 545 après un règne paisible. glorieux. Plus d'une fois le roi des Les fils de Hoël er se partagèrent Francs apprit avec surprise que ses ar- 1 ses États et en firent trois grandes mées, un instant maîtresses du pays, principautés : Hoël II eut en partage avaient été taillées en pièces au pas- la Bretagne orientale, c'est-à-dire, sage de la Vilaine, par des bandes ras- Rennes et le pays qui s'étend au nord semblées de la veille. Parmi les chefs Digitized by Google

FRANCE. 351 de ces partisans il en est un surtout de, et la taillent en pièces. Depuis cette dont ie génie, sauvage, si l'on veut, rue, l'histoire ne fait plus mention aillant comte de Vannes (*).» mais puissant, était digne d'un plus Les derniers Mérovingiens ne s'oc- vaste théâtre. Ot homme était IVa- roch , fils de Macliauc , comte de cupèrent pas des princes bretons; Ju~ dual ou Alain /er avait été rétabli par Vannes..., « « Ce fut contre Chilpéric qu'il livra Clotaire dans le comté de Cornouaille. sa première bataille. Les Francs étaient Hoèl III', son fils , lui succéda en 594, réunit sous son autorité la plus venus placer leur camp sur le bord de la Vilaine. Waroch se présente sur la grande partie de la Bretagne, et prit rive opposée, feignant d'en vouloir même le titre de roi; il mourut en G 12. disputer le passage; mais au milieu de Salomon II, son fils, régna jusque la nuit , il rassemble toutes ses ban- vers l'an 632. des , et , franchissant la Vilaine dans Judicaèï sortit du cloître pour suc- le plus grand silence, il tombe à l'im- céder à son frère; mais en 638 il ren- proviste sur l'armée ennemie et la bat tra dans son monastère, d'après les complètement. Un autre se fût laissé conseils de saint Éloi , et y mourut en 658. éblouir par cette victoire; le comte de Vannes se montra plus habile politi- Alain II encore enfant, succéda à y que : convaincu qu'elle allait attirer son père; il mourut en 690, laissant sur la Vilaine toutes les forces de ses plusieurs enfants. ennemis, il se hâta de demander la Grallon II, fils du précédent, ne paix aux vaincus. Les Francs la lui garda de ses États que le comté de accordèrent , mais en lui imposant la Cornouaille, qu'il dut encore partager condition de payer le tribut et de four- avec ses cousins. nir des otages. Il promit tout ce qu'on Depuis cette époque jusqu'à Nomé- voulut ; mais à peine les Francs s'é- noé , on voit paraître successivement : taient-ils retirés, qu'il oublia tous ses Daniel, neveu de Grallon. serments Budie, son fils, surnommé le Grand. « L'armée des Francs fut obligée de Meliau, qui se donna le titre de rentrer en Bretagne pour la réduire roi, et qui fut, ainsi qu'Argaut, sou- ; mais il n'en recommença pas moins mis par les Francs^ en 786. ses ravages l'année suivante. Allié de Rivod, qui, après s'être emparé du Frédégonde, qui suscitait partout des comté de Cornouaille, par le meur- ennemis aux rois de Bourgogne , il tre de son frère Meliau, en 792, s'en attendit de pied ferme Ébrachaire et vit dépouillé par le comte Guy en 799. Beppolen, généraux envoyés car Gon- Jamithin, qui régna de 814 à 818. tran pour le combattre. Il tut sur le Morvan, qui fut assassiné Tannée point d'être accablé; mais il eut l'ha- de son avènement. bileté de semer la discorde parmi ses Guyomarch de Léon, qui s'étant ennemis, et il ne les vit pas plutôt sé- révolté, en 822, contre Louis le Dé- parés, qu'il tomba sur l'un d'eux av«c bonnaire, fut vaincu en 824, et tué toutes ses forces et l'écrasa. Ébra- en 825. chaire cependant était en pleins mar- Noménoé, l'un des plus grands prin- che sur Vannes ; Waroch lui envoie des ambassadeurs, le comble de pré- ces qui aient gouverné la Bretagne, fut, en 825, nommé duc de cette contrée sents, et finit par le déterminer à se par Louis le Débonnaire. Tant que ce retirer en Anjou. Les Francs com- prince vécut, il reconnut sa suzerai- mencent, en etfet, leur retraite ; mais Waroch, qui se joue des traités, a (*) Essai sur t'histoire, la langue et les {>lacé une embuscade sur les bords de institutions de la Bretagne armoricaine a Vilaine : une partie des ennemis a par M. de Courson. Cet ouvrage plein de , à peine traversé le fleuve, que les Bre- recherches savantes , nous a été très-uliie tons se jettent sur sou arrière-gar- pour la rédaction de cet article. Digitized by Google

352 BRE L'UNIVERS. BUE neté; mais à sa mort, il prit le titre Alain Barbetorte pour combattre les de roi. Attaqué par Charles le Chauve, Normands. Ils furent vaincus par le en 842 , il battit les troupes de ce mo- duc Guillaume , qui força Alain à se narque, puis, en 845, Charles lui- réfugier en Angleterre. même. Cependant il fut trois fois dé- Alain revint en Bretagne en 937, fait par les Normands, en 848. Les chassa les Normands, et joignit à son évéques bretons, gagnés parle roi, s'op- titre de comte de Vannes celui de comte posaient aux projets d'indépendance de de Nantes. Il mourut en 952. Noménoé ; dans une assemblée tenue à Dragon, son fils encore enfant, lui Coetlon, en 848, il les destitua tous, succéda, et mourut l'année suivante. érigea Dol en métropole, et cr^a deux Hoél IV, bâtard d'Alain, remplaça nouveaux évécbés, ceux de Tréguier Dragon en 953 ; il fit la guerre avec Conan , comte de Rennes , et fut tué et de Saint-Brieux. Il s'empara ensuite d'Angers. Rappelé dans ses États par en 980. la présence de Charles, il y revint en Guerech, fils légitime d'Alain, évé- toute hâte; mais l'empereur ne l'at- que de Nantes, succéda à Hoél. U se tendit pas. L'année suivante, il s'em- battit , en 981 , avec Conan , et mourut para encore du Mans. 11 mourut en en 987. Conan /er , surnommé le Tort, régna 851., à Vendôme. d'abord sans opposition ; mais bientôt ËrUpol, son fils , déût aussi Charles le Chauve, et conclut avec lui une paix obligé de défendre sa couronne contre avantageuse. Il remporta, en 855, une les enfants de Hoël IV, protégés par victoire sur les Normands , et fut as- Foulques Nerra , comte d'Anjou -, il fut sassiné en 857, par son cousin Sa- tué dans la bataille. Geoffroi /er , son fils, prit, en 992, lomon. le titre de duc de Bretagne, et mourut Salomon III, d'abord en hostilité avec le roi de France, lui prêta, en en 1008 , dans un voyage d'Italie. 8G4, serment de fidélité, se joignit à Alain V, encore enfant, succéda à lui , en 868 pour combattre les Nor- son père. U soumit, en 1024, son , mands, et Ut aussi avec lui, en 872, oncle Judicaêl, révolté contre lui ; at- taqua, en 1027, Foulques Nerra, et le le siège d'Angers. Il fut assassiné en 874, par deux seigneurs, Pasquiten et força à rendre justice a Herbert, comte Gurvand. du Maine. A cette même époque, il Pasquiten et Gurvand, à peine épousa Berthe, fille d'Eudes, comte maîtres de la Bretagne, devihrent en- de Blois. Chargé par Robert , duc de nemis; ils prirent les armes l'un contre Normandie, de la tutelle de son fils l'autre en 877. Gurvand , deux fois Guillaume, il prit les armes à la mort victorieux, succomba à une maladie, de Robert, en 1035, pour rétablir son et Pasquiten fut assassiné. pupille dans ses droits. Il y réussit après quatre ans de combats , et mou- Alain III, frère de Pasquiten, et Judicaêl, fils de Gurvand, se parta- rut empoisonné en 1040. gèrent la succession. D'abord divisés, Conan II, fils d'Alain, lui succéda. ils se réunirent bientôt contre les Nor- Il mourut empoisonné en 1066. mands, qu'ils battirent en 888. Judi- -Hoël F, comte de Cornouaille, fut caêl mourut dans l'action. Alain défit nommé duc de Bretagne en 1074. une seconde fois les Normands, et ré- Aidé de Philippe er roi de France, il 1, gna ensuite paisiblement jusqu'en 907, força Guillaume le Conquérant à lever époque de sa mort. le siège de Vannes. Fait prisonnier Gurmhaillon, comte de Cornouail- ensuite par Eudon puis délivré par , le , lui succéda. La Bretagne fut de son fils Alain, il mourut en 1084, nouveau ravagée par les Normands, laissant cinq enfants. en 908 et 912. Alain Fergeni lui succéda. Il battit Juhel Bérenger, comte de Rennes, le comte de Rennes et le fit prison- fils de Judicaêl, se joignit, en 930, à nier; repoussa Guillaume le Conqué- gitized by Google

FRANCE. BRE 353 rant qui avait une seconde fois assiégé ne filt point encore consommé ; il n'eut , lieu que dix ans après. Il prêta le se- Dol , et s'allia ensuite avec lui contre Herbert, vicomte du Maine, qu'il cours de ses armes à Philippe-Auguste combattit trois ans avec perte. En contre divers grands vassaux, et même 1096, il passa en Palestine, y resta contre son propre père , Henri II , qui cinq ans, et se retira, en 1112, au avait pris part à la révolte de ses frères, monastère de Redon, où il mourut Après divers combats, le père et le fils en 1119. se réconcilièrent; mais la discorde Conan III , son fils, eut à résister éclata entre eux de nouveau à l'occa- à un soulèvement de la noblesse de sion de l'Anjou, que Geoffroi convoi- Bretagne, dont il avait voulu réprimer tait, et qu'il n'avait pu obtenir. Il les entreprises violentes; mais l'éner- recourut encore à Philippe-Auguste, se gie qu'il déploya en cette occasion rendit à Paris , et périt sous les pieds comme justicier ne fut pas secondée des chevaux, dans un tournoi que le heureusement par ses armes; les sei- roi de France avait donné en son hon- gneurs révoltés le battirent dans une neur, en 1 186. rencontre. Son dévouement aux inté- Arthur, Hls de Geoffroi et de Cons- réts de la France s'était signalé dès tance naquit quelques mois après la , l'an 1124, par l'aide qu'il donna au mort de son père. La Bretagne, pen- roi Louis le Gros, en marchant sous dant la minorité de ce prince, excita sa bannière contre l'empereur. Il mou- la convoitise du roi Richard qui s'em- , rut en 1148, laissant un (ils, Hoël para de Constance, la retint prison- , nière , mais ne put se rendre maître qu'il désavoua , et une fille nommée Berthe qui épousa en secondes noces du jeune Arthur, que les seigneurs , bretons eurent l'adresse de mettre en Eudes , comte de Porhoet. Hoel VI et Eudes. La Bretagne se sûreté à la cour de Philippe-Auguste, divisa entre les deux prétendants; Richard mourut sans enfants. Jean Nantes et Quimper prirent parti pour sans Terre, son frère, s'empara de la Hoël; Rennes et d'autres villes pour couronne d'Angleterre, au préjudice son compétiteur. Une bataille décida de son neveu Arthur, que Philippe- entre eux en 1154, et fit triompher le Auguste soutint faiblement en cette parti du comte de Porhoet. Hoël , occasion. Arthur se rendit en Breta- vaincu, se vit abandonné de ses parti- gne, et consentit à faire hommage de sans, qui se soumirent au roi d'An- son duché à son oncle. Mais quand les Sleterre, Henri II. Celui-ci donna le hostilités recommencèrent entre les uché à son frère Geoffroi, qui mou- deux rois, Arthur réunit sa bannière rut deux ans après. à celle de la France et porta la guerre Conan IV, surnommé le Petit, fils en Poitou. Il fit le siège de Mirebeau, de Berthe et du coin te de Richemont , où la vieille reine Éléonore , son aïeule Alain le Noir, son premier mari, fit s'était renfermée, et qu'elle défendit prisonnier Eudes, son beau-père, et opiniâtrément contre lui. Arrêté long- s'empara de la ville de Rennes. La temps devant le château de cette ville mort de Geoffroi lui facilita la con- il se laissa surprendre par Jean sans quête du reste de la Bretagne; et, Terre, qui accourait pour défendre pour obtenir l'appui du roi d'Angle- cette place. Arthur, devenu prisonnier terre, il fiança sa fille Constance avec de son oncle ^ fut enfermé au château Geoffroi , fils de ce monarque. Les in- de Falaise. Jean n'ayant pu obtenir de trigues de Henri II firent ensuite lui l'abandon de ses droits à la cou- passer l'héritage entre les mains de son ronne d'Angleterre et aux provinces fils avant la mort de Conan IV, dont de France qui en dépendaient, le fit il abreuva d'amertume les derniers transporter au château de Rouen , sur jours. Conan IV mourut en 1 1 71 . les bords de la Seine. Les circonstances Geoffroi II succéda au précédent qui accompagnèrent la fin tragique du , bien que son mariage avec Constance jeune prince sont restées fort incer- T. III. 23 e IÀV. (DlCT. EiNCYCL. etc.) 23 , Digitized by Google

864 BU LUKI taines. Les chroniqueurs présentent muant et n'écoutant que les conseils divers récits de ce fatal dénortmenU d'une ambition intéressée et jalouse. Sa Le roi Jean , si l'on en croit Matthieu vie se passa dans une agitation perpé- Paris , égorgea son neveu de ses pro- tuelle .m guerre avec Phi lippe-Auguste, pres mains , après l'avoir t'ait descendre avec ses propres sujets , ou avec les sur la Seine dans un bateau. Le corps, infidèles. D'abord , il eut à repousser les attaques de Jean sans Terre, et abandonné à la rivière, aurait été re- contribua au succès que le jeune Louis, trouvé le lendemain, et inhumé secrè- fils du roi de France , remporta sur tement au prieuré de Notre-Dame du les Anglais , au combat de la Roche- au-Moine (1214). L'esprit entrepre- Pré. Arthur laissait une fille du nom nant et inquiet de Pierre Mauclerc se tourna ensuite contre les privilèges d'Éléonore , dont Jean sans Terre s'é- ecclésiastiques ; la lutte qu'il engagea tait emparé, et qui mourut en 1241 de ce côté lui valut une excommuni- dans le château de Brissol , où elle était cation (1217). Cette hostilité intéres- sée envers l'Église ne l'empêcha pas enfermée. de prendre part pour elle contre les Alix, soeur d'Arthur, lui succéda Albigeois. Cette lutte pouvait offrira sous la tutelle de Philippe- Auguste, et son ambition plus d'un côté favorable. de Gui de Thouars, son père. Par Après avoir réprimé une révolte de son mariage avec Pierre de Dreux , elle Krta le duché de Bretagne dans une quelques seigneurs bretons , il amena au roi Louis VI II un renfort pour anche de la maison royale de France. assiéger la Rochelle. L'autorité dout jouissait l'Église en Bretagne était DUCS DE BRETAGNE DE LA MAISON DE telle qu'il songea , pour y mettre un FRANCE. frein, à diriger eontre elle l'esprit des Philippe-Auguste , devenu l'arbitre nobles. Il tint à JNantes, à cet effet, une assemblée générale de la no- de la Bretagne après la triste fin , blesse (1225), et y rendit quelques d'Arthur et ses victoires sur Jean ordonnances contre le clergé. La sans Terre, fit épouser Alix à un croisade contre les Albigeois , rani- prince de la maison de France, Pierre mée par le zèle emporté de Louis VIII, appela encore une fois le duc de Bre- de Dreux, surnommé Mauclerc, petit- tagne, qui suivit le roi au siège d'A- vignon. Mais ses intrigues pour sup- fils de Louis le Gros. Il imposa à planter le comte de Flandre, le mirent bientôt en mésintelligence avec Louis, son parent des conditions qui étaient dont la mort suivit de près la prise de nature à placer, dans une étroite de cette place. Un nouveau champ dépendance vis-à-vis la couronne de s'ouvrit alors aux projets ambitieux du duc. La couronne passait sur la France , le duché dont il n'aurait pu tête d'un enfant , et le pouvoir tom- bait aux mains d'une femme; c'était s'emparer directement. Il lui fit jurer une occasion de rejeter les dures conditions de dépendance que Phi- de le servir fidèlement envers et con- lippe-Auguste lui avait imposées. Il se ligua avec les comtes de la Marche et de tre tous, et de recevoir les hommages Champagne, et ces trois seigneurs re- fusèrent d'assister au sacre du jeune des Bretons avec cette clause : sauf roi. Mais la reine Blanche sut détacher delà ligue le comte de Champagne, la fidélité du roi de France , notre et Pierre se vit contraint de consentir sire. Le nouveau duc s'engagea à s'en à un accommodement (1227). L'année rapporter, dans ses conflits avec ses propres vassaux , aux décisions de la cour du roi; son frère, Robert III, comte de Dreux, se rendit caution de ses engagements, et consentit à ce que le roi saisît ses domaines si le duc de Bretagne manquait à ce qu'il avait promis. Pierre de Dreux avait d'abord étudié pour entrer dans l'É- glise. Son savoir, sa dextérité lui avaient valu le surnom que l'histoire a consacré. Il était railleur peu sin- , cère, inconstant dans son amitié - re- Digitized by Google

URE FR. 1 1 CF. bue 855 S suivante , l'insurrection féodale re- chevalier. Dans la nouvelle situation commença et Pierre Mauclerc ne où cet événement le plaça, il tourna , manqua pas d'y figurer; toutefois, toute son activité ailleurs , et se fit la tentative échoua de nouveau , et il nommer chef de la croisade en 1238; en fut quitte pour solliciter un second mais la discorde se mit dans l'expédi- pardon (1228). Bientôt, pour se ven- tion ; une partie seulement persista ger du comte de Champagne , dont dans l'entreprise et aborda en Pales- rattachement pour la régente avait tine. De ce nombre fut Pierre Mau- fait avorter ses desseins , Pierre clerc; les croisés sortirent de Pto- de Dreux se jeta sur les terres du lémaïs pour faire le siège de Damas. Pierre agit en homme décidé à cou- comte; mais le jeune roi accourut en rir les aventures et à se dédomma- hâte, et le duc fut forcé de se reti- rer (1229). Après un nouveau traité, ger de la perte de son duché par la Pierre Mauclerc, irrité de tant d'ef- conquête de quelque province sur forts infructueux , se tourna du côté les ennemis du saint sépulcre. Mat- de l'Angleterre, se rendit dans ce thieu Paris rapporte, qu'ayant été pays, et s'engagea en secret à con- averti qu'un émir conduisait un grand duire le roi en Bretagne. Mais cette convoi de bœufs à Damas, il sortit du , nouvelle trahison fut découverte; le camp sans bruit et mit l'émir en fuite, roi fit assigner le coupable qui après un choc assez rude; il entra , avec les fuyards dans une place où ils n'ayant osé comparaître , fut con- se réfugièrent, la pilla, et passa au fil de damné à perdre ses terres d'Anjou. Le duc répondit à cette sentence en l'épée toute la garnison. Mais ces envoyant un chevalier déclarer qu'il prouesses aboutirent à une défaite ne se tenait plus pour homme du roi complète , et à la captivité du plus et qu'il le déliait. Louis se mit en cam- grand nombre. De retour en France, pagne, et fit, au cœur de l'hiver, le l'ancien duc de Bretagne exerça son ac- siège de plusieurs places de Bretagne; tivité en se mêlant à diverses intrigues, enfin, un nouveau jugement déclara s'immisça, autant qu'il put, dans les af- Pierre déchu de son duché (1230). faires de la Bretagne , et arma contre Mais les secours qu'il avait sollicités les Anglais de nombreux corsaires. En- de l'Angleterre lui arrivèrent à temps, fin, la croisade, dont le roi de France et le roi Louis, dont l'armée était tra- fut le chef (1249), offrit une nou- vaillée par des divisions et des mé- velle carrière à son esprit aventureux. contentements, fut contraint de ré- L'issue de cette expédition eût été trograder. Cependant, après l'expira- peut-être bien différente si les avis de tion d'une trêve à laquelle il avait con- Mauclerc y eussent prévalu. Il avait ouvert le conseil de s'assurer d'abord senti, il assembla de nouvellesforces,et marcha résolument contre son vassal. d'Alexandrie. Son expérience de la Mais le duc jugea à propos de ne pas guerre, la connaissance qu'il avait l'attendre; il se rendit à Paris , et se acquise précédemment du pays , du soumit haut et bas à tout ce qu'exi- genre de guerre qui pouvait y réussir, ea son suzerain. Ce nouvel accord donnaient de l'autorité à ses avis; 3 ura jusqu'en 1236; Pierre Mauclerc mais l'impatiente valeur du comte apnt marié son fils Jean avec l'héri- d'Artois prévalut. Mauclerc, cepen- tière de Navarre , tenta une nouvelle dant malgré la prudence de ses vues , coalition contre le roi ; mais l'ambi- avant le combat, ne s'épargna pas dans tieux prince touchait au moment où l'attaque. Il suivit le comte d'Artois à il devait résigner la puissance dont la Massoure et exposa courageusement il n'était que dépositaire durant la sa vie. Il sortit du combat blessé au vi- minorité de son fils. Le fils d'Alix sage et perdant le sang par la bouche de Bretagne fut reconnu duc , sous le en abondance ; Joinvilfe cependant lui rend ce témoignage qu'il le trouva re- nom de Jean er et le père fut réduit I, à se qualifier Pierre de Brame venant de la Massoure bien se main\" , 23.

356 BRE L'UNIVERS. BEE tenant et si étoit assez poursuivi et les imposer aux barons de son duché chassé de près. Il ajoute que toute sa lui suscita de nouveaux embarras. La bataille était composée de chevaliers plupart de ses nobles prirent les armes pour se défendre contre lui et contre le de son lignage. Pierre Mauclerc par- clergé (1257). Toutefois, Jean vint à tagea la captivité du roi , et mourut bout de les réduire, et l'un des sei- au moment de sa délivrance, près d'a- gneurs les plus maltraités dans cette border aux côtes de France. Il eut lutte fut Olivier de Clisson le Vieux. Le deux femmes , Alix de Bretagne qui duc rasa la plupart de ses châteaux et se , saisit de ses terres. La ferveur reli- mourut en 1221 , et Marguerite de ieuse dont Jean avait été saisi en Montagu. 11 laissa deux enfants : Jean ,1 evait faire l'un des plus chauds par- er qui devintducde Bretagne en 1237, tisans d'une nouvelle croisade. Il s'em- I, baraua en effet pour Tunis; mais il et Yolande, mariée au fils du comte revint dans ses États après la mort du de la Marche. roi saint Louis (1270). Jean Ivr le Roux, fils de Pierre Jean le Roux, par son mariage avec Mauclerc et d'Alix de Bretagne, naquit Blanche de Champagne , avait obtenu de Thibaut , père de Blanche , l'héritage en 1217, et fut revêtu de la dignité du royaume de Navarre, lors même ducale en 1237. Poussé par le même que Thibaut aurait des enfants mâles esprit que son père, il se refusa, lors d'un troisième mariage. Ce prince eut en effet de sa troisième femme, Mar- de son avènement, à faire le serment guerite de Bourbon, un fils, auquel le roi, à la mort de Thibaut, força Jean d'usage, de conserver à l'Église ses le Roux de céder ses droits sur le royaume de Navarre. libertés. Non moins désireux que son Jean le Roux, après un règne de prédécesseur, de s'agrandir et de briser quarante-neuf ans, mourut en 1286. Il avait eu de Blanche de Champagne, les résistances qu'il éprouvait du coté décédée trois ans avant lui : Jean II, qui hérita du duché de Bretagne, de ses belliqueux vassaux, il fit la guerre Pierre, Alix, Thibaut, Aliénor, et aux plus redoutables d'entre eux et beaucoup d'autres enfants. confisqua leurs terres. En 1240, il ren- Jean //, comte de Richemont, suc- céda à son père en 1 286. Il avait épousé dit un éditqui chassait les juifs de toute Béatrix d'Angleterre, fille de Henri III, Ja Bretagne; mesure qui lui futarrachée et avait obtenu en dot le comté de Ri- chemont, auquel son père avait pré- par les plaintes des ecclésiastiques. Jean tendu sans succès. Il accompagna saint Louis à la croisade contre Tunis, et se avait renouvelé au roi de France le rendit, après la mort du roi, dans di- verses contrées de l'Orient, où il sé- serment de foi et hommage, et il ne journa plusieurs années. De retour en tarda pas à répondre à l'appel de son Europe, il accompagna, en 1284, Phi- suzerain; il lui conduisit un renfort lippe le Hardi à l'expédition de Catalo- gne. Deux ans après son avènement, il considérable pour l'aider à réduire le assembla les trois états de sa province et retira une partie des concessions comte de la Marche révolté contre lui. que son père avait faites au clergé. La guerre s'étant allumée, en 1294, entre La guerre ayant ensuite éclaté de nou- l'Angleterre et la France, le duc, en sa qualité de comte de Richemont, veau entre les rois de France et d'An- se crut obligé de prendre le parti du gleterre, Jean le Roux donna la chasse aux vaisseaux anglais et servit efficace- ment la cause de la France. Les dé- mêlés continuels du duc de Bretagne avec le clergé et avec l'évéque de Nantes en particulier lui attirèrent, comme à son père, une sentence d'excommuni- cation dont il se tourmenta peu. Il vou- lut cependant, après longues années, se réconcilier avec l'Eglise, et se ren- dit à Rome en 1256, où deux cardi- naux,délégués parlepape,le rétablirent dans la communion des fidèles. Il acheta ce pardon en renonçant par serment à toute prétention 'hostile au pou- voir ecclésiastique. Mais le zèle qu'il mit à exécuter ses engagements et à Digitized by Google

BRE FRANCE. BRE 357 roi Édouard qui le nomma son lieu- voulu profiter du séjour du pape en , France pour faire vider cette ancienne tenant et son capitaine général en Aquitaine. Mais tandis qu'il était oc- querelle. Ce voyage lui fut fatal : le cupé de ce côté, Charles d'Artois, souverain pontife revenait procession- sur l'ordre du roi , fit une diversion en nellement de la cathédrale au palais; Bretagne, emporta Rions et Saint- le roi de France tenait la bride de la Sever, et contraignit le duc à songer haquenée, et plusieurs princes sui- avant tout à la sûreté de ses États. L'an- vaient à pied le cortège; un pan de née suivante, Jean II changea de politi- mur, surchargé de spectateurs , se dé- tacha tout à coup; une foule de sei- que , rompit son alliance avec Édouard et fit épouser à son petit-fils, Jean de gneurs furent écrasés sous les ruines; Bretagne, Isabeau de Valois, nièce de le pape faillit périr, et sa tiare fut bri- sée. Le duc tut retiré de dessous les Philippe le Bel. La guerre de Flandre (1297) fournit ensuite au duc l'occa- décombres, grièvement blessé, et il mourut quatre jours après, le 18 no- sion de joindre sa bannière à celle du vembre 1304. Il fut fort regretté de roi de France. L'importance de son alliance engagea Philippe à lui concéder ses peuples, et laissa la réputation d'un de nouvelles faveurs : le duché de Bre- prince courageux , ami de l'ordre et de tagne fut érigé en pairie, l'an 1297, avec l'équité. les prérogatives dont jouissait le duc de Arthur II, son fils aîné, prit, après Bourgogne. L'ordonnance porte que la son décès, possession du gouverne- pairie serait attachée au duché de Bre- ment, et céda à son frère, Jean de Bretagne, le comté de Richemont. Le « tagne, et que le duc, qui n'avait été règne du nouveau duc fut assez pacifi- ' jusque-là nommé que comte dans les lettres royales, serait désormais ap- que, et ne fut guère troublé que par des procès. Le pape termina par une duc. La paix s'étant rétablie entre f»elé es deux couronnes , le duc de Bretagne bulle le différend qui durait depuis fut chargé de conduire en Angleterre longtemps relativement aux privilèges la princesse Marguerite de France, ecclésiastiques, dont les principaux sœur de Philippe le Bel, destinée à étaient les droits de tierçage et àepast nuptial. Le premier attribuait au curé Édouard r Il profita de la paix pour I« . reviser les coutumes de son duché. le tiers des biens meubles laissés par Il reste encore quelques manuscrits le père de famille décédé; le second des constitutions de Jean II , et le consistait en une somme d'argent égale aux frais du repas de noce. Le droft de jurisconsulte Hevin a remarqué, dans ses commentaires sur les arrêts du tierçage fut réduit au neuvième, et il fut réglé que, préalablement, les dettes parlement de Bretagne, que ces cons- titutions ne sont pour la plupart du défunt seraient prélevées sur l'actif que des extraits des Établissements de la succession. Les nobles furent exemptés de ce droit. Quant au past de saint Louis. (Voyez Établisse- ments de saint Louis et Dboit nuptial , les nouveaux mariés qui n'a- hcoi mu k La guerre de Flandre vaient pas pour trente sous de mobilier s'étant ranimée, le duc, pour aider le en furent dispensés. Pour les autres, roi à en supporter les frais, imposa la redevance fut réduite à deux ou trois une contribution à ses sujets tant ec- sous, suivant leurs facultés. Arthur clésiastiques que laïques. Il se trouva à avait marié son fils aîné, Jean de Bre- la fameuse bataille de Courtray (1303), tagne, à Isaheau de Valois, qui mou- et prit part, l'année suivante, à la vic- rut sans enfants. Il lui fit épouser en toire de Mons-en-Puelle. Peu de temps secondes noces Isabeau de Castille. Il après, il accompagna le roi jusqu'à laissa , en outre, plusieurs enfants d'Yolande de Dreux, sa deuxième Lyon, où le pape Clément V était venu se faire sacrer. Les différends femme, et mourut en 1312. qu'il avait eus avec le clergé de Bre- Jean III , dit te Bon essaya de con- , tagne n'étaient point terminés; il avait tester la légitimité du mariage qu'avait Digitized by Google

858 BEE L'UNIVERS. BUE contracté son père avec Yolande de taçne ; Jean y avait envoyé soixante vaisseaux (1340). Il mourut à Caen, Dreux, et dont était né le prince qui joua depuis un si grand rôle sous le au retour d'une nouvelle expédition nom de Jean de Montfort. L'affaire, en Flandre, où jl s'était rendu après remise au pape dont la dispense avait le désastre de l'Écluse. Les deux pré- manqué au mariage , se termina pour- tendants qui se disputèrent son té- tant par un accommodement. Philippe ritage , interprétèrent ses dernières Je Bel étant mort en 1314, son suc- dispositions chacun selon ses inté- cesseur, Louis le Mutin, porta la réts. fuerre en Flandre , et fit appel au duc Jean de Mont/ort, frère du précé- e Bretagne. Jean se mit en marche; dent et fils d'Yolande de Dreux, était mais des pluies continuelles grossirent en Bretagne au moment de la mort de les rivières, rendirent les routes im- Jean III. Il se fit reconnaître à Nan- praticables, et firent échouer l'expé- tes, s'empara des trésors de son pré- dition (1315). Jean III, après la mort décesseur, et alla se rendre maître de de Louis, partagea les sentiments hos- Ala ville de Limoges. son retour, tiles que plusieurs des grands vassaux il trouva la Bretagne divisée. La manifestèrent contre Philippe le Long; crainte d'avoir le roi de France mais l'avènement de Philippe de Va- pour ennemi avait donné à Charles de lois le trouva dans des dispositions Blois de nombreux partisans. Mais les plus favorables; il suivit ce prince en richesses dont Montfort disposait, et Flandre , et se comporta vaillamment le prix dont il payait les services ren- à la bataille de Cassel , où il fut blessé dus à sa cause , lui amenèrent des gens (1328) ; vers cette époque, il perdit sa de guerre de toute part. Il commença seconde femme, Isabeau de Castille, la lutte en s'emparant de Brest et de et se remaria l'année suivante (1329) Rennes, puis d'Hennebon , de Vannes à Jeanne , fille du comte de Savoie , à la et d'Auray. Charles de Blois , ainsi de- mort duquel il éleva , mais sans succès vancé, eut recours à la France, dont la t des prétentionsà l'héritage de ce comté, politique était d'appuyer ses droits, Il perdit aussi dans le même temps son de même que l'Angleterre se croyait frère Gui de Bretagne, dont la fille obligée de seconder les prétentions épousa dans la suite Charles de Blois ; de son rival. Montfort se vit bien- et son oncle le comte de Richemont, tôt cité à comparaître à la cour des qui fut fait prisonnier dans une ba- pairs de France pour y justifier sa conduite; un voyage qu'il avait fait en taille contre les Écossais. Le comté de Richemont revenait au duc de Bre- Angleterre, pour s'assurer des secours tagne; mais le roi Édouard s'autorisa suffisants de ce côté, au cas où il au- de l'attachement de ce prince à la rait à faire face à toutes les forces de France,etledéposséda.Leauc,eneffét, la France, avait cimenté une étroite porta le dévouement à la couronne de alliance entre lui et Édouard III. II fit hommage à ce roi du duché France jusqu'à tenter, se voyant sans enfants , de faire rentrer , à sa mort , de Bretagne, et obtint en échange le duché sous l'autorité royale; mais une promesse de secours. Il osa néan- le sentiment national de ses sujets y moins répondre à l'appel de la cour des mit obstacle. Pour écarter Jean de pairs, et se rendit à Paris avec une Montfort , son frère , il fit épouser à escorte de quatre cents chevaux. Les Charles de Blois sa nièce , Jeanne de deux compétiteurs exposèrent leurs Penthièvre , qui devait être son héri- prétentions respectives devant le tri- tière. J^ors de l'invasion d'Édouard III, minai assemblé pour décider entre eux ; en 1338, il marcha de nouveau à l'an- mais Montfort ne crut pas prudent pel du roi ; et la funeste bataille de l'E- d'attendre l'arrêt ; les dispositions de cluse, où la flotte française fut dé- la cour ne lui semblant pas favo- t ru i te par Édouard , anéantit en même rables à sa cause , il s'évada et re- temps les forces navales de la Bre- gagna la Bretagne, malgré la parole Digitized by Google

BRE FRANCE. BRE 859 fi'il avait donnée au roi de demeurer fuit de sa prison , déguisé en marchand. Paris jusqu'au dénoûment. La sen- Quoi qu'il en puisse être de cette cir- tence, dictée surtout par la politique, constance , le comte ne fut pas plutôt libre qu'il recommença la guerre ; et adjugea le duché de Bretagne à Charles après un deuxième voyage en Angle- de Blois ; celui-ci en fit hommage au terre, entrepris dans le but de s'assurer roi de France, et un corps d'armée fut assemblé pour appuyer son entrée dans de nouveaux secours, il revint mourir ses États. L'expédition suivit la Loire de maladie à Hennebon, en 1345. Ce et marcha sur Nantes, dont elle s'em- prince avait montré , dans le peu d'oc- para et où Montfort fut fait prison- casions où il lui fut permis d'agir, de nier. La guerre n'en fut pas poussée la décision et de la valeur : il ne man- qua pas à sa fortune , a-t-on dit ; mais avec moins de vigueur de part et sa fortune lui manqua toujours. d'autre. La prise de Rennes par le parti français, malgré une vigoureuse Jeanne de Montfort ne fut pas dé- résistance, donna à ce parti une supé- concertée par ce nouveau malheur. riorité décidée dans les engagements Charles de Blois commit la faute de qui suivirent. Mais les secours de lui accorder une trêve qu'elle sut , PAngleterre arrivèrent, et Montfort mettre à profit pour rétablir ses af- trouva dans la comtesse Jeanne, sa faires. Edouard III, son allié, venait femme, une héroîqne auxiliaire ~qui de gagner sur le roi de France la dé- fit regagner à sa cause tout le ter- sastreuse bataille de Crécy, dont le rain quelle avait perdu. Elle devint retentissement en Bretagne seconda l'âme de son parti , et tous les ef- les efforts de la comtesse. Cette guerre forts des troupes françaises tendi- de sièges se poursuivait de part et rent alors à s'emparer de sa person- d'autre avec des succès balancés, quand ne. En conséquence , elles vinrent Charles de Blois voulut enfin tenter assiéger Hennebon, où la comtesse un effort pour reprendre un point était renfermée. Jeanne fit contre les important, Roche de Rieu, gui do- assaillants de vigoureuses sorties où minait la basse Bretagne. Il investit elle commandait en personne, ets'étant la place ; mais la comtesse accourant échappée de leurs mains, elle alla se re- avec ses Anglais pour la défendre, at- trancher dans la basse Bretagne, où elle taqua le camp ennemi à l'improviste attendit de nouveaux secours des An- et pendant la nuit. Charles de Blois, Commeglais. ils tardaient à arriver, elle après une valeureuse résistance, reçut se rendit elle-même auprès d'Édouard plusieurs blessures et fut fait prison- pour activer ses armements , et revint nier. Toutefois la lutte n'était point sur la flotte anglaise, qui rencontra encore terminée , bien que les deux celle de France sur les côtes de Bre- tagne , et engagea le combat près de prétendants eussent disparu de la l'île de Guernesey. La nuit seule sé- scène : la comtesse de Montfort trouva para les deux flottes. La tempête qui dans Jeanne de Pçnthièvre une rivale survint les força de s'éloigner, et la qui n'était point décidée à déposer les armes. L enthousiasme chevaleres- comtesse de Montfort alla prendre que né fit que s'enflammer davantage, terre à Hennebon. Habile à s'empa- par le caractère nouveau que prit la rer des places comme à les défendre, guerre.On se provoquait en duel départ Jeanne alla mettre le siège devant et d'autre ; c'était à qui se vanterait d'a- plusieurs villes. Une trêve fut con- voir la vins belle maîtresse. Enfin clue en 1344 , à la faveur de la- Charles ae Blois recouvra sa liberté quelle le comte de Montfort obtint sa en donnant pour otages deux de ses liberté , sous condition qu'il s'en rap- enfants (1356). Les hostilités recom-- porterait pendant ce temps , à la dé- mencèrent. Les évêques tentèrent alors , cision des pairs ; mais la France fut d'amener un accommodement, au dupe de cette promesse. D'autres his- moyen d'un partage ; Jeanne de Pen- toriens assurent , du reste , qu'il s'en- thievre s'y refusa. Après de nouveaux

L'UNIVERS. événements amenés par la prolonga- teignit Bordeaux, à demi-détruite par la disette et les maladies. Le roi de tion de la guerre, Charles de Blois France déclara le duché de Bretagne résolut d'en flnir , et hasarda impru- réuni à la couronne, et cita le duc à déminent, et contre l'avis de du Gues- comparaître devant la cour des pairs, clin, la sanglante bataille d'Auray, où pour y répondre à une accusation de félonie. Personne ne s'y présenta pour il fut tué, en 1364 (voyez Blois répondre en son nom, et Ja sentence [Charles de]). de la cour le déclara déchu de tous ses droits. Mais cette mesure , qui blessait Jean IV ou V', surnommé le Con- le sentiment d'indépendance nationale des nobles bretons, rendit une armée quérant , fils de Jean de Montfort et au jeune duc , et le connétable du de Jeanne de Flandre, né après la mort Guesclin décida le roi à traiter avec son vassal. Après la mort de Char- de son père , avait été reconnu comme les V, un nouvel accommodement eut lieu entre son successeur et le duc de Bretagne par l'Angleterre et duc, qui restait toujours suspect à la cour de France , et négligeait, sous par le parti qui avait embrassé la divers prétextes , d'exécuter les clau- cause de sa famille. La bataille d'An- ses du traité. La haine qu'il portait ray lui assura la possession du du- au connétable de Clisson le fit passer pour l'instigateur du meurtre qui fut ché. On dit qu'après cette bataille, tenté par Craon sur la personne de cet officier. L'assassin chercha un re- Chandos et ses chevaliers vinrent le fuge près de lui , et l'on prétend qu'il trouver et lui dirent: « Sire, louez l'accueillit en lui adressant les paroles suivantes : « Vous avez fait deux fau- « Dieu et faites bonne chère, car vous « tes dans le même jour, la première « avez hier conquis l'héritage de Breta- « d'avoir attaqué le connétable, la se- « gne. » Le jeune prince avait épousé « conde de l'avoir manqué. » Le duede une fille d'Edouard III. Sa politique Bretagne avait tenté lui-même précé- demment une entreprise violente sur consista à donner aux rois de France Clisson, en l'attirant dans son château de l'Hermine; mais après avoir donné et d'Angleterre des assurances secrè- l'ordre de le mettre à mort, il l'avait relâché moyennant une /ancon de six tes de soumission , allant tour à tour mille livres. Le traité conclu à Aucfer, de l'un à l'autre, et s'efforçant, par près de Redon, en 1395, mit fin à cette guerre et aux alternatives de les gages ou les promesses qu'il pro- succès et de revers au milieu des- diguait des deux côtés , de se ména- Hquelles s'écoula la vie de Jean IV. dmger un appui quel que fût le Li- mourut à Nantes en 1399, empoisonné, , s'il faut en croire les bruits du temps. ment de la grande querelle qui avait « Ce prince, dit un historien, était ex- trême en tout : aimant jusqu'à la fo- éclaté entre les deux couronnes. Le lie, haïssant jusqu'à la fureur , et ne roi de France se lassa enfin de ses revenant jamais de ses préventions. » II eut pour successeur son fils Jean, tergiversations ; il le somma de lui qu'il avait eu de Jeanne de Navarre'. rendre hommage et de se préparer à VJean ou VI avait dix ans quand il faire le service de guerre auquel il fut reconnu ducdeBretagne.il eut pour était tenu , comme vassal de la cou- tutrice sa mère, la duchesse Jeanne ronne. Le duc répondit à cette soin- jusqu'au moment où le duc de Bour* •nation en gagnant l'Angleterre ; puis il débarqua à Calais, à la tète d'une troupe d'archers anglais, et pénétra en Picardie après avoir déclaré la guerre au roi de France , dans une lettre où il lui disait : « Je vous fais « sçavoir que , en v otre deffaut, je me « tiens tout franc quitté et déchargé « de la foi et hommage que faict avons « à la couronne de France...; et vous « tiens et réputé mon ennemi ; ne vous « en debvez point men ciller, si je en « fais dommaiges à vous et à vostre «< partie pour moi revangier de très- , « grands oustraiges, sorts, dominai- « ges et vilainies devant dites, etc. » Cette armée traversa la France et at- Digitized by Google

BRE FRANCE. BRE 361 gogne s'immisça dans les affaires de à trois cent vingt-six mille livres. Le la Bretagne, et parvint à se faire dé- cerner la régence dans l'assemblée des duc Jean mourut en 1442. C'était le états de 1403. La duchesse Jeanne avait, Tannée précédente, épousé en J)lus beau prince de l'Europe. Magni- secondes noces Henri IV, roi d'Angle- ique dans ses vêtements , dans ses terre; mais le jeune prince fut heu- reusement soustrait a l'influence de meubles , dans sa dépense , juste et cette alliance. Il fut amené , avec ses charitable, il ne pécha que par trop jeunes frères , à la cour de France, et le séjour qu'ils y firent décida l'atta- de facilité et de bonté. Il avait eu trois chement qu'ils montrèrent plus tard aux intérêts français. Le renouvelle- flls de son mariage avec Jeanne de ment de la lutte acharnée qui se pour- suivait entre les deux puissances ri- France. vales les trouva disposés à soute- nir la cause nationale. Le jeune François P* son fils épousa , en duc , avant de s'éloigner» de Pa- , ris, obtint la 'main de Jeanne de France, fille de Charles VI. Il fit hom- 1442, et'au moment de son avènement mage au roi pour son duché, en 1404, au duché de Bretagne , Isabeau , fille et tut, la môme année, déclaré ma- du roi d'Écosse, Jacques I er . Il re- jeur. Il se réconcilia alors avec Clis- connut, en 1446, le roi Charles VII son, l'ennemi de son père , et s'enten- dit avec lui pour tenir tête aux An- pour son suzerain, et secondant de glais. Il conduisit un corps de six mille tout son pouvoir l'œuvre d'affranchis- cavaliers, qui, arrivé trop tard, joignit l'armée française à quatre lieues d'A- sement que ce prince poursuivait , il zincourt. Les progrès de la domina- prit une part glorieuse à l'expulsion tion anglaise en France commen- cèrent alors à effrayer le duc et des Anglais de la province de Nor- ébranlèrent sa fidélité. Toutefois , il mandie s'y jeta , en 1449 , à la tête réussit, en inclinant tour à tour vers , les deux partis, et en subissant , sans trop de résistance, la loi de la néces- de six mille hommes , sous le com- site, à se maintenir assez tranquille au milieu des orages qui grondaient mandement de son oncle le conné- autour de lui ; signant , d'une part , le traité de Troyes , qui dépouillait le table, comte de Richemont , et reprit dauphin de France, et de l'autre, au- torisant son frère , le comte de Ri- sur l'ennemi les villes de Coutances, chemont, à combattre sous les dra- Saint-Lô , Avranches et Carentan. peaux de ce prince. La vieille inimi- tié qui existait entre la maison de Après la délivrance du Cotentin, il Bretagne et les Penthièvres fut fatale au duc Jean. Il se laissa surprendre et alla faire le siège de Fougères , dont renfermer par eux dans le château de les Anglais s'étaient rendus maîtres Clisson , et n'obtint sa liberté qu'au bout de cinq mois , et moyennant d'o- peu d'années auparavant. Les services néreuses et bizarres conditions. Il fut forcé de promettre de donner son pe- mémorables qu'il rendit à la cause na- sant d'or à l'église de Notre-Dame de Nantes , et son pesant d'argent à l'é- tionale dans ces grandes circonstances glise de Saint-Ived. La somme s'éleva ne sauraient effacer la tache dont il cou- vrit son nom par la conduite barbare qu'il tint à l'égard de son frère, Gilles de Bretagne. Ce prince , mécontent de la part d'héritage qui lui était échue (il n'avait eu pour apanage que la terre de Chantocé) , se jeta dans le parti anglais; son frère du moins l'en accusa. Il avait longtemps vécu en Angleterre, près de son aïeule la. reine Jeanne qui s'était efforcée de l'y re- , tenir. « Comme l'exercice de l'arc était fort à la mode en Angleterre, dit un historien, et que les Anglais y excellaient, Gilles en avait amené plusieurs avec lui à son retour de Bretagne. Il les avait dans sa maison et prenait souvent avec eux ce diver- tissement. Cela même , et les grandes amitiés qu'on lui avait faites à la cour d'Angleterre, furent les prétextes que l'on prit pour le perdre. Le duc son frère l'accusa près du roi d'avoir le Digitized by Google

362 bre L'UNIVERS, bre cœur tout anglais et conseilla de s'as- en disant : « J'aime mieux mourir de surer de lui. » Le comte Gilles fut en « par Dieu que de vivre de par le dia- effet arrêté par les troupes du roi « ble. » Il avait épousé la fille du vi- dans son château du Guildo, et détenu comte de Thouars, femme d'une successivement dans plusieurs forte- rande beauté ; et l'on rapporte qu'il Séclara en mourant qu'il laissait cette resses. Ses plus grands ennemis, à la garde desquels il fut abandonné, sup- princesse telle qu'il l'avait reçue , et posèrent , pour achever de le perdre, qu'ils avaient , d'un consentement mu- une correspondance entre lui et le roi tuel , vécu dans une parfaite conti- d'Angleterre. Le duc son frère , soit nence ; dévotion singulière dans un qu'il eût été trompé, soit qu'il fût com- prince héréditaire et souverain, ajou- plice de cet odieux complot envoya tent les auteurs de Y Art de vérifier les dates. Pierre II mourut en 1457. les pièces accusatrices à la cour de France, et peu de temps après, Gilles Arthur III, comte de Richemont de Bretagne fut trouvé mort dans son oncle des deux princes qui précèdent lit. Selon le dire du temps , il avait et fils de Jean V , fut entraîné d'abord été étouffé par ses gardes entre deux dans le parti anglais; mais il se déta- matelas. On lit encore, à ce propos cha assez vite du duc de Bedfort qu'il qu'un cordelier qui l'avait confessé détestait; et Charles VII, instruit de ajourna le duc son frère à comparaître ses dispositions, le tenta en lui offrant dans l'année au tribunal de Dieu, l'épée de connétable qu'il accepta à , comme le chef des templiers y avait assigné Philippe le Bel. Le duc Fran- Chinon , en 1425. Le premier soin du comte de Richemont fut de travailler çois, quoi qu'il en soit, mourut la au rapprochement du duc son frère même année que son malheureux frère, et de son nouveau maître ; il y réus- sit. Mais l'inimitié du connétable et en 1450 n'ayant point d'enfants mâ- , de la Trémouille faillit être funeste à les et laissant sa couronne ducale à son frère, Pierre de Bretagne. la cause pour laquelle ils combattaient. Pîejrt II fit poursuivre avec rigueur Toutefois, Arthur rendit d'importants les meurtriers de son frère, Gilles de services au jeune roi , et contribua à Bretagne. Les plus compromis prirent relever la fortune de la France. Les la fuite et furent atteints sur les ter- faits d'armes nombreux du connétable associent son nom à ceux de Jeanne res de France. M s'ensuivit un débat entre le duc ét le roi, touchant le droit d'Arc et de Dunois, à la suite des- de juridiction. Le roi , comme suze- quels il mérite d'être immédiatement rain , prétendait qu'il lui appartenait placé. Devenu souverain de Bretagne, de prononcer sur le sort des coupa- il voulut garder sa charge de conné- bles; le duc insista, et fit livrer au table de France maigre ses nobles , dernier supplice plusieurs des meur- qui la trouvaient inconciliable avec son triers. L'un d'eux , Arthur de Mon- nouveau rang, a Je veux, dit-il alors, tauban , se sauva en se faisant moine, « honorer dans mes vieux jours une et devint archevêque de Bordeaux. « charge qui m'a fait honneur dans Pierre II avait , du vivant de son père, « ma jeunesse. » H refusa cependant porté les armes dans la guerre contre l'hommage lige au roi prétendant , les Anglais; à son avènement, les qu'il ne le devait que simple. Arthur affaires étaient arrangées et il n'eut ne porta qu'un an la couronne du- point de guerre à soutenir. 11 était cale; il mourut en 1458. La Bretagne fort pieux , et l'on raconte que déjà perdit en lui le plus glorieux prince , atteint de la maladie de langueur qui qu'elle ait possède. Il ne laissait point le conduisit au tombeau, et dont les d'enfants. médecins ne pouvaient déterminer la François II était fils de Richard nature , il fut question d'amener un comte (fÉtampes, et petit-fils du duc sorcier pour détruire le charme dont Jean le Conquérant. Les trois princes on le supposait victime. 11 s'y refusa qui précèdent étant morts sans descen- Digitized by Google

BEE FRÀNCE. bbe 863 dants mâles , François fut appelé à la ce qu'exigea le roi. Il renonça à ses succession, et fit au roi l'hommage alliances par le traité de Nantes (1468). simple, debout, l'épée au côté, sans Deux ans plus tard , Louis XI put s'incliner et sans prêter serment. Il juger des dispositions secrètes du duc reçut Louis XI dans sa ville de Nan- de Bretagne par le refus qu'il fit du , tes, en 1462. Le. but de ce voyage collier de Saint-Michel qu'il lui avait était de contraindre la veuve de Pierre, adressé. On expliqua ce refus en di- la duchesse Françoise d'épouser le sant que le duc avait déjà reçu l'ordre , duc de Savoie. Le roi, ayant vu échouer de la ïoison-d'Or du duc de Bourgo- tous ses moyens de persuasion, voulut gne. Plus tard une correspondance employer la force et enlever la prin- du prince breton avec le roi d'Angle- cesse; mais le duc François ne se terre , et dans laquelle , concertant entre eux les moyens de faire résis- prêta point à cet acte de violence, et fit manquer l'entreprise de Louis XI tance au roi , ils s'engageaient à agir qui ne le lui pardonna pas. Leduc de de concert, tomba entre les mains de Bretagne, pour se mettre à l'abri du Louis XI. Un traité qui existe encore ressentiment royal , entra clans la li- au trésor des Chartres, dit l'historien gue du bien public. Il s'entendit avec Daniel, stipulait le mariage du prince le comte de Charolais, et se mit en de Galles avec Anne de Bretagne, hé- marche pour le joindre, à la tête de ritière du duc, et une alliance de tous dix mille hommes. Cette armée, riche- leurs enfants nés et à naître. Se voyant ment étjuipée, donna aux princes alliés ainsi démasqué,' le duc n'eut d'autre une haute idée des ressources et de ressource que de se soumettre et l'état florissant de la Bretagne; car, prêta au roi un nouveau serment sur comme le dit Commines , toute cette la croix de saint Lô. Après la mort de Louis XI , il prit part aux in- compagnie vicoit sur ses coffres. Mais l'armée du roi lui barra le che- trigues qui contrarièrent la régence min près de Chartres , et le duc de d'Anne de Beaujeu. Il accueillit le Bretagne ne put se réunir aux alliés duc d'Orléans , et vit son armée dé- truite à Saint-Aubin du Cormier, où qu'après la bataille de Montlhéry. Il obtint des conditions avantageuses le prince fut fait prisonnier. Il mou- dans le traité de Conflans. Il tut in- rut peu de temps après , dans la dou- demnisé de ses armements, recouvra le leur que ce revers et tous les ravages comté de Montfort, qui avait été con- qui s'y joignirent lui occasionnèrent. fisqué, et fut déclaré lieutenant général Mêlé à toutes les intrigues et à toutes du roi en Anjou, dans le Maineet dads les guerres d'ambition de cette époque, laTouraine. Mais Louis XI n'attendait il n'était guère plus fidèle à la foi des que l'occasion de se relever de la dure traités que Louis XI , son contempo- extrémité où il s'était vu réduit. Il rain. Négligent et oublieux au milieu saisit le moment où l'allié du duc de des intrigues , il eut pour principal Bretagne, Charles de Bourgogne, avait ministre un insolent parvenu nommé sur les bras une révolte des Liégeois Landois, ancien tailleur d'habits, qui pour se jeter en Bretagne et s'empa- se fit détester par ses déprédations rer de places importantes. Le duc, se et finit par être pendu dans une ré- reposant en toute sécurité sur ses al- volte. François II laissa deux filles, liances, était alors plus occupé d'a- Anne qui fui succéda, et Isabelle, , mour que de gouvernement; il était qui mourut en 1490 (Voyez Anne de tout entier à sa passion pour Antoi- Bbetaone). nette de Maignelais, et se laissa pren- « C'est alors que Charles VIII im- dre au dépourvu. Louis XI le força posa au duché cette union que devait de souscrire à de dures conditions, le consommer plus tard le mariage de menaçant de tout mettre à feu et à François I* avec Claude, fille de 6 sang s'il tardait de prendre son parti. Louis XII et d'Anne de Bretagne. Le auc épouvanté , consentit à tout Province de France , depuis cette épo- , Digitized by Google

BBE L'UNIVERS BRE que, la Bretagne avait cependant La langue des Bretons a donné lieu -conservé son antique constitution ; mais elle succomba en 1790, sous à de nombreuses discussions; les uns les décrets de la constituante. - y ont vu un dialecte de la langue des « Cette assemblée , tirant une ligne artificielle de l'une à l'autre mer, en- anciens Gaulois; suivant d'autres, ce ferma les anciens diocèses de la Breta- mn'est qu'un si pie jargon, produit par gne dans un même département; le mélange de tout les idiomes parlés ainsi le comté de Cornouaille, séparé de celui de Léon par des remparts de successivement dans les Gaules. La f;ranit, fut soudé a ce dernier, malgré es immenses inconvénients qui en ré- première de ces deux opinions est celle sultaient pour l'administration : tout fut change ; les Bretons que la guerre qui trouve maintenant les plus nom- avait conduits sur un autre hémisphère ne reconnurent plus le pays à leur breux partisans , et les nouvelles re- retour. cherches de la critique semblent tendre « Depuis ce temps les ruines se sont à la confirmer encore. accumulées. Toutefois un monument est ' resté debout , dernier symbole La langue bretonne forme trois dia- d'une nationalité jadis si vigoureuse : lectes principaux ; le comique et le c'est la langue. Qu'on ne s'étonne gallois qui se parlent dans le pays de donc pas si les enfants de l'Armorique ont voué tant d'amour à cet antique , idiome. Religion, histoire, tradition, indépendance , la langue bretonne est Galles et dans la Cornouaille anglaise, tout cela pour eux (*). » et Yarmoricain, qui se divise lui- (*) Ce passage , emprunté au livra déjà cité de M. de Courson, nous a paru l'ex- même en quatre dialectes secondaires : pression exacte des sentimeuts d'une partie des habitants de la Bretagne. Nous avons cru cornouaille, trêguier^ vannetais et devoir le citer. Ces regrets inspirés par la perte d'une ancienne nationalité, sont un briochin. trait de mœurs qu'il est utile de constater. Mais en même temps, au nom de la grande Cette langue possède une littérature, patrie, au nom de la France, dont les Bre- tons sont comme nous les enfants , nous qui n'est pas aussi pauvre qu'on pour- devons protester contre ces sentiments étroits, qui, confondant l'indépendance nationale rait le penser. « Sans parler des chants avec les privilèges et les franchises de là muni- cipalité , et prenant pour du patriotisme populaires (*), dont le fond doit être l'amour instinctif que l'on porte au sol natal , ne peuvent s'élever jusqu'aux grandes ancien , mais qui par les modifications idées de patrie et de liberté. Au reste , il y , a longtemps que ces sentiments ne sont plus ceux du plus grand nombre des Bretons; de formes qui s'y indroduisent sans quand, sous Louis HIV, Duguay-Trouin s'il- lustrait à la téte de nos armées navales et, cesse, ne peuvent faire autorité en dans ces derniers temps , lorsque le premier Srenadicr de France mourait au champ philologie, elle possède des diction- naires composés à la fin du quinzième 'honneur , en donuant à nos soldats l'exem- ple de la bravoure et du patriotisme, ces siècle, des casuistes et des livres d'é- grands hommes croyaient bien verser leur sang pour leur patrie , et non pour les en- glise encore plus anciens, enfin de vahisseurs et les tyraus de la Bretagne. nombreuses pièces de théâtre dont les manuscrits, écrits aux quatorzième et quinzième siècles, nous montrent la littérature cultivée en Bretagne, à une époque où l'influence française devait y être bien faible, puisque alors cette province était encore séparée de la France , dont la plupart des Bretons ignoraient la langue (**). v Nous n'essaierons point ici de don- ner une analyse de la grammaire bre- tonne; cette analyse serait nécessaire- ment fort incomplète, et ne pourrait donner qu'une idée fausse de la langue des Bretons. Nous nous contenterons d'ajouter que, dans un savant mémoire couronné récemment par l'Académie des inscriptions et belles - lettres , (*) /-« chants populaires de la Bretagne ont viç récemment réunis et publiés par M. de la Villeuiarqué. (**) M. de Courson, ouvrage cité, p. i3r. Digitized by Google

FRANCE. M. Pictet vient de démontrer l'étroite qu'il en soit, les monnaies bretonnes parenté qui existe entre cette langue, disparaissent à partir de la période car- le grec , le latin et la langue d'où lovingienne, et c'est seulement au commencement du douzième siècle paraissent dérivés tous les idiomes qu'on les voit reparaître. On connaît indo-germaniques , le sanscrit. Le lec- teur trouvera, au reste, des détails de cette époque des pièces fabriquées plus étendus sur ce sujet intéressant à Rennes et à Vannes, au nom d'A- dans la savante Grammaire celto-bre- lain et de Conan; d'autres, anony- tonne du vénérable Lugonidec, Paris, mes, frappées à Nantes. (Voyez les ar- 1807, in-8°, et dans l'ouvrage déjà cité ticles relatifs aux monnaies de ces localités.) La première monnaie géné- de M. de Courson. Il existe d'ailleurs sur la Bretagne des ouvrages assez rale de Bretagne est peut-être celle que lit fabriquer le duc Geoffroy. étendus et fort estimés ; nous nous Cette monnaie portait d'un côté une contenterons de citer les histoires de fleur (que nous croyons être la fleur de cette provincede dom Lobineauet dom Morice; celle de M. Daru, Paris, 1826, lis primitive) , cantonnée de quatre 3 volumes in-8°; et l'Histoire des rois annelets, avec la légende bbitonvm et des ducs de Bretagne, de Rou- dvx et au revers , autour d'une , joux, 1829, 2 volumes in-8°, auxquelles croix, le mot gavfbidvs. Il ne. paraît nous pourrions ajouter encore les Mo- cependant pas qu'on ait renoncé dès numents celtiques , de Cambry, 1805, cette époque à l'usage d'insérer dans in-8°, les Origines gauloises fa la Tour les légendes les noms des lieux où d'Auvergne, 1801, in-8°; les nombreux étaient établis les ateliers monétaires. Sous saint Louis, il existait encore des ouvrages de le Brigant , et une foule de curieux Mémoires publiés dans le nantais qui, par une permission spé- ciale du roi, devaient circuler pendant recueil de Y Académie celtique. un certain tem ps dans tou te l'étend ue d u Bretagne (monnaies de). Les mon- naies frappées en Bretagne sont très- royaume. Il existe, d'ailleurs, des espè- nombreuses ; mais nous en parlerons ces frappées à Rennes, au nom de Philip- en détail dans les articles que nous nous pe II, pendant l'occupation momentanée proposons de consacrer aux villes où de la Bretagne par ce prince.Les mon- elles ont été fabriquées ici, nous de- naies bretonnes ne commencèrent donc ; vons nous borner à jeter un coup d'oeil à devenir générales que sous les ducs d'ensemble sur l'histoire monétaire de de la maison de France. Elles portè- cette province. La Bretagne, outre les rent alors l'échiquier, blason de la fa- monnaies gauloises qu'on lui attribue mille ducale, avec un franc quartier à tort ou a raison, a fourni, sous les d'hermine et la légende Johannes ou Petrus dux Britannicus. Le roi de rois de la première et de la seconde race, une quantité assez considérable France et le duc eurent souvent, pour de deniers et de tiers de sols. Si l'on le règlement de leurs monnaies, des en croit un manuscrit de l'abbaye du conférences, dont le détail dépasserait mont Saint-Michel, ses ducs avaient, Domles limites de cet article. Morice dès le règne de Charles le Chauve, les a insérées parmi les pièces justifi- obtenu le droit de fabriquer des espè- catives de son Histoire de Bretagne^ ces à leur nom. Le texte de ce manus- et nous-méme nous aurons occasion de crit a, il est vrai, été regardé par revenir sur ce sujet à propos des mon- quelques érudits comme supposé; ce- naies locales de cette province. Ncus pendant, un passage des capitulaires devons cependant mentionner ici l'or- de Charles le Chauve semble confirmer donnancede 131 5, par laquelle Louis X, voulant empêcher la falsification des l'assertion que nous venons de rap- porter; on y voit en effet que ce monnaies, par les évêques et par les prince avait accordé à Salomon le droit barons, décida que celles qu'ils frappe- de revêtir les insignes de la royauté, raient, n'auraientplus cours désormais droit qui fut retiré à ses fils lorsque que dans les terres de chacun d'eux. ce malheureux eut été massacré. Quoi Cette ordonnance ne fut pas longtemps Digitized by Google

observée par les ducs de Bretagne, qui d'honneur. Le 5 septembre 1813, à la bataille de Leipzig , il rallia quelques commencèrent presque aussitôt à co- fantassins, et, secondé du lieutenant Dion, fit battre la charge, chassa les pier les espèces royales de France et Prussiens d'un village et parvint à con- d'Angleterre, et qui allèrent même em- tenir l'ennemi. prunter à la Flandre les types de leurs Bbetesche, nom que l'on donnait Amonnaies. cette époque, on se con- autrefois à une espèce de fortification temporaire en bois, avec laquelle on tentait ordinairement de graver sur les protégeait les abords des places assié- gées et des camps retranchés. Il est Sièces la lettre initiale indiquant le nom souvent question de ces fortifications dans les légendes et dans les romans h lieu où fonctionnait l'atelier moné- du moyen âge. taire cependant on continua quelque- « La vile, dit l'auteur du roman de ; Garin, fois d'insérer le nom entier dans la lé- gende. C'est ainsi que Jean deMontfort frappa des gros à la queue ou des Iyons, des gros tournois, etc., au nom de Quimperlé, de Vannes, de Gurande, monbta gvbande, moneta « La vile fit inult richement garnir, KEPEB, MON ETA YENET, ETC. Il Se- « Les ftnftés fère, et les mars enforcir, « Les brelesehes drecier et esbaudir. » rait inutile de décrire ici les types des monnaies de Bretagne. Ces types sont extrêmement variés et sont emprun- Plus tard , ce mot désigna toute es- tés, pour la plupart, aux monnaies pèce d'avance ou de saillie de pierre ou étrangères les plus accréditées. Nous de bois faite dans un bâtiment; et dirons seulement que les Bretons frap- «parce que, dit Laurière, celuy qui pèrent des espèces de tous métaux, «fait les cris, les publications et les jusqu'à la mort de la reine Anne, et « proclamations de justice, se met en que sur les dernières de ces monnaies, « quelques villes en un lieu élevé et « lait comme une espèce de chaire de la reine Anne, Char I es Y 1 1 1 et Louis XII « pierre, ce lieu a été nommé, par ne prenaient quelquefois que le titre de duc ou de duchesse des Bretons. « cette raison , Bretesche. » Bbbtenbt (fclie-Joseph), chef d'es- Ce nom est resté en France à beau- cadron, né à Sarlot (Dordogne), le 21 coup de bourgs et de villages. septembre 1780, s'est distingué comme Bbetesche (la), ou Saint-Nom la maréchal des logis, au 8e de hussards, Bbetesche, ancienne seigneurie du dans toutes les affaires de la campagne pays maniais (département de Seine- de l'an vu, et particulièrement à celle du et-Oise), à six kilomètres de Saint- 28 floréal, devant Zurich, où il eut un Germain en Laye , érigée en marquisat- en 1657. cheval tué sous lui ; étant resté démonté, il parvint à sauver, au péril de sa vie, le Bbeteuil, petite ville de l'ancienne chef de brigade Marulaz, qui venait Picardie (aujourd'hui département de d'être atteint d'un biscaîen. Le 3 ven- I Oise) , à seize kilomètres de Beau vais démiaire an vin, il reçut un coup de où quelques savants ont cru voir l'an- balle au bras gauche en chargeant les cienne liratuspantium capitale des Russes. Sous-lieutenant dans le 12 e ré- , Bellovaci du temps de César. giment de hussards, le 28 mars 1800, Cette ville fut assiégée inutilement il se distingua encore au siège de Gaëta, par les Anglais en 1355; elle se rendit, en 1806, et se trouva , en 1812, à la ba- dans le sjècle suivant, au comte d'É- taille de la Moskowa, où il fut blessé à tampes, et fut reprise peu de temps la jambe gauche eteut deux chevaux tués après par Lahire, qui, en vertu d'une sous lui. Nommé chef d'escadron dans convention avec le duc de Bourgogne, le 30e régiment de dragons, le 27 août, en fit démolir le château et les murs. La population de Breteuil est aujour- il enleva, devant Dresde, une pièce de canon, et chargea ensuite sur des d'hui de deux mille deux cent quatre- masses d'infanterie qu'il lit prison- vingt-quatre habitants. nières. Cette brillante action lui valut Breteuil, Jiretolium, ville avec la décoration d'officier de la Légion titre de vicomté, dans l'ancienne Nor- Digitized by Google

BEE FRANCE. BRE* 3*7 mandie, à 20 kilomètres d'Évreux. de leur inimitié. Toutefois le baron de Breteuil ne resta pas sans emploi Cette ville fut donnée par Henri II, et obtint l'ambassade de Naples. II ne roi d'Angleterre et duc de Normandie, faisait que passer d'une légation à une à Robert de Montfort, dont la sœur, autre, et il fut bientôt rappelé à celle de Vienne, à l'époque du congres de Amicie, la rendit, en 1210, à Philippe- Teschen (1778). Revenu en France, Auguste. Klle devint ensuite la pro- en 1783, il fut nommé ministre d'État, avec le ministère de la maison du roi priété de Charles le Mauvais, roi de et de Paris ; c'était le département des lettres de cachet et du cabinet noir. Navarre, qui, en 1410, la céda au roi On doit dire cependant que sous son administration le sort des prisonniers Charles VI, en échange de plusieurs d'État fut amélioré, et qu'on commen- ça à user à leur égard de quelque hu- autres terres. Elle fut de nouveau sé- manité. Mais, partisan extrême du pouvoir absolu, il ne recula jamais de- parée du domaine de la couronne, en vant les mesures les plus arbitraires. On raconte que pour prévenir les re- 1651, et cédée à la maison de Bouillon. La ville de Breteuil est aujourd'hui , l'un des chefs-lieux de canton du dépar- montrances qu'on craignait de la part des parlements, au sujet de l'enregis- tement de l'Eure; elle compte (feux trement des édits bursaux de Calonne, le baron de Breteuil envoya aux com- mille quarante-neuf Habitants. mandants de la province de Langue- doc dix-huit cents lettres de cachet Bbeteuil (Louis-Auguste le Ton- en blanc. On n'eut pas occasion de s'en nelier, baron de) naquit à Preuilly, en servir. La mésintelligence s'étant mise Touraine, en 1730, d'une famille pau- entre Calonne et Breteuil , celui-ci donna sa démission , mais conserva vre et de petite noblesse. Il entra toujours la confiance de Louis XVI. Il s'opposa de tout son pouvoir à la dans le monde sous les auspices de convocation des états généraux. Lors des insurrections de 1789, il offrit à son oncle, l'abbé de Breteuil, ancien à la cour ses conseils, qui furent accep- tés. Necker s'étant retiré, le baron de chancelier du duc d'Orléans, et depuis Breteuil fut mis à la tête d'un nou- veau ministère, hostile à l'opinion pu- agent général du clergé de France, blique, et qui, dans sa courte existence, vit tomber les remparts de la Bastille 3 m le lit successivement nommer gui- devant le peuple de Paris. Forcé de céder à l'orage, il donna sa démission on dans la gendarmerie, puis cornette et émigra à Soleure. Là il reçut les pouvoirs du roi pour traiter avec les dans les chevau-légers de Bourgogne. puissances étrangères, et proposer en Son caractère vif et entreprenant, la son nom toutes lés mesures propres à vivacité de son esprit, son extrême ac- rétablir l'autorité royale. Bertrand de Mollcville l'accuse, clans ses Mémoi- tivité le tirent remarquer de bonne res, d'avoir abusé de ces pouvoirs en en faisant usage après leur révocation. XVheure. En 1758, Louis l'envoya, En 1792, il quitta complètement les affaires et se retira à Hambourg. 11 en qualité de ministre plénipotentiaire, ne rentra en France qu'en 1802 et mourut en 1807. près de l'électeur de Cologne, et l'ini- Biiétigny, village du département tia à la correspondance secrète qu'il d'Eure-et-Loir, célèbre par le traité de entretenait dans les cours étrangères et dont le comte de Broglie était l'âme. En 1760, il passa en Russie, et il était absent de son poste lor;>que éclata la révolution qui précipita Pierre III du trône sur lequel s'éleva Catherine IL Il s'empressa de revenir et se lit très- bien accueillir de la tzarine. Une au- tre révolution se préparait en Suède, où le baron de Breteuil reçut Tordre de se rendre comme ambassadeur. Il as- sista à la célèbre diète de 1769, et tra- vailla au déplorable coup d'Etat qui changea la constitution de ce royau- me, en 1772, et qui établit le despo- tisme sur les derniers débris des ins- titutions nationales. En 1770, il était à Vienne, où il fut bientôt remplacé par le cardinal de Rohan, devenu de- puis si fameux par le scandaleux pro- cès du collier ; ce fut la première cause Digitized by Google

368 BBÉ L'UNIVERS. BRÉ paix auquel il a donné son nom. Ce sans que ce dernier permît qu'on répondit à ses provocations. Dans Tillage est situé à 8 kii. de Cliartres. —CeBrétigny (traité de). traité, l'état où se trouvaient nos finances et l'un des épisodes de cette longué guerre nos ressources militaires , ce système avec les Anglais qui remplit toute la de défense était le plus sage; il eut durée du quatorzième siècle, fut la con- bientôt les conséquences que l'on séquence de la bataille de Poitiers et s'en promettait. N'obtenant aucun de la captivité du roi Jean. Cependant, résultat sérieux, et voyant ses troupes il ne fut signé qu'en 1360, quatre ans soulever tous les jours davantage la après cette bataille, et seulement à haine des populations françaises par la suite de nouvelles hostilités sans leurs brigandages et leur cruauté , le beaucoup d'importance , mais où l'a- roi d'Angleterre, qui manquait aussi vantage avait toujours été du côté d'argent, se décida enfin à entrer en des Anglais, commandés par le prince arrangement et à accepter la média- Noir , fils d'Édouard III. La France tion du pape Innocent VI, qui s'offrait se trouvait alors dans la situation la en qualité de pacificateur. plus malheureuse. Les troubles inté- Ce fut à Brétigny que les conféren- rieurs qui agitèrent la régence du ces commencèrent, le er mai 1360. 1 dauphin, depuis Charles V, surnommé La France y était représentée par Jean de Dormans, chancelier de Nor- le Sage, nous avaient enlevé le peu de forces qui nous était resté après le mandie , élu évéque de Beauvais Charles de Montmorency, le comte de triomphe de l'étranger. Pour surcroît de malheur, le roi de Navarre et le Tancarville et le maréchal Boucicault; duc de Bourgogne, alliés des Anglais, l'Angleterre, par le duc de Lancaster, faisaient tous leurs efforts pour tirer les comtes de Northampton, de War- parti de nos divisions. Ce fut à grand- wick et de Stafford; le pape, par peine qu'eu 1359 , le roi de Navarre l'abbé de Cluny, le général des domi- consentit momentanément à mettre nicains , et Hugues de Genève , sei- fin aux hostilités. Le délabrement des gneur d'Authon. Les négociateurs finances était tel que le gouvernement anglais, après avoir de nouveau mis était réduit à l'altération des mon- en avant les vieilles prétentions du naies. La contagion , la misère et Ja roi d'Angleterre sur la couronne de famine venaient encore s'ajouter à France , se bornèrent à réclamer la tant de maux , et , de toute part , les restitution de toutes les provinces esprits abattus demandaient la paix à qui avaient autrefois appartenu aux grands cris. Plantagenets , et , entre autres, de la Le roi d'Angleterre avait trop d'ha- Normandie, de l'Anjou, du Maine et bileté pour ne pas mettre à profit ces de là ïouraine. Mais , tout à coup, Édouard leur fit dire d'abandonner dispositions générales ainsi que le besoin de liberté que commençait à cette prétention , et d'accepter les of- éprouver le roi Jean. Il fit accepter à ce fres des Français, assurant que, dans malheureux prince un traité de paix un orage, il venait faire vœu à Notre- Dame de Chartres de rendre la paix en vertu duquel le tiers de la France devait passer sous la souveraineté di- au monde. En conséquence , le traité recte de l'Angleterre. Mais, si grande fut signé. « Édouard III y renonçait à ses prétentions sur la couronne de que fut la consternation, l'esprit na- tional se révolta contre une proposi- France, tandis qu'en relour, le duché tion aussi injurieuse, et elle fut re- d'Aquitaine, que ses prédécesseurs poussée par les états généraux. Le avaient tenu en fief de la France, était Î>rince Édouard étant revenu en érigé pour lut en souveraineté indé- 'rance, on le laissa guerroyer contre pendante , à laquelle étaient annexés les places fortes, car on avait l'intention le Poitou, la Saintonge , l'Aunis , l'A- génois, le Périgord, le Limousin , le bien arrêtée de ne pas risquer une nou- Quercy, leBigorre, la vallée de Gaure, velle bataille. Il s'avança jusque sous les murs de Paris , et défia le régent I Angoumois et le Rouergue. Les Digitized by Google

FRANCE. M RÉ 369 comtes de Foix, d'Armagnac, de Lille- les villes et tous les marchés étant Jourdain, et de Périgord, les vicom- ouverts sur son passage. Édouard et tes de Carmaing, de Limoges , et les autres seigneurs qui possédaient des ses enfants mirent tant de diligence fiefs dans l'étendue des pays cédés, à faire cette retraite , que le 18 mai ils débarquèrent en Angleterre. Le devaient transporter leur hommage 8 juillet, le roi Jean fut conduit par du roi de France au roi d'Angle- le prince de Galles et le duc de Lan- Unterre. petit territoire autour de caster à Calais , où il attendit que Calais, composé des comtés de Pon- l'argent fût prêt pour le premier thieu et de Guines, et de la vicomté payement de sa rançon. deMontreuil, était en même temps «Les principaux otages livrés par la France pour la rançon du roi et pour cédé en toute souveraineté au roi d'Angleterre ; le roi de France devant l'accomplissement du traité de Bréti- renoncer expressément à tout droit gny, furent le duc d'Orléans , frère du sur toutes ces provinces , à tout res- roi ; le second et le troisième fils du sort et à toute souveraineté, et le roi roi, qui furent créés, à cette occasion, d'Angleterre devant les posséder ducs d'Anjou et de Berri ; le duc de Bourbon; les comtes d'Alençon, de comme voisin, et non comme feuda- taire. Saint-Pol, de Harcourt, d'Auvergne «A ces conditions, la paix devait (comte Dauphin), (le Porcien, de être rétablie entre les deux royaumes. Braine; les sires Jean d'Étampes, Gui Quant à la rançon du roi Jean, elle de Blois , de Coucy , de Ligny , de devait être acquittée en argent et non Montmorency de Roye , de Préaux, , en terres; elle fut fixée à trois millions de la Tour d'Auvergne, et plusieurs d'écus d'or , dont six cent mille de- autres ; enfin quatre bourgeois de vaient être payés sous quatre mois, , Paris, et deux bourgeois de chacune avant que le roi de France pût sortir des dix - huit premières villes du de Calais, et quatre cent mille écus royaume. chaque année pendant les six années «Tout étant enfin terminé, le traité suivantes. Pour ces payements suc- signé, l'argent et les otages livrés , la cessifs , Jean devait laisser , au choix liberté fut rendue au roi Jean , qui d'Édouard, un certain nombre d'o- pour accomplir un vœu fait pendant tages, pris entre les plus nobles séi- sa captivité, sortit à pied de Calais, le gneurs et les plus riches bourgeois dimanche 25 octobre, pour se rendre ae son royaume. Relativement aux droits de- Jean de Montfort et de en pèlerinage à Notre-Dame de Bou- Charles de Blois sur la Bretagne, il fut convenu que les deux rois les ré- logne. Il n'arriva à Paris que le 13 dé- gleraient d'après la justice, mais seu- cembre, s'étant arrêté de ville en ville, à Montreuil , à Hesdin , à Amiens , à Saint-Denis, pour recevoir les félici- lement dans la nouvelle conférence tations des habitants, et les fêtes qu'ils qu'ils promettaient d'avoir à Calais lui donnèrent à son passage (*). » au bout de quatre mois époque fixée On sait que plus tard, un des ota- , pour le premier payement de la ran- ges , le duc d'Anjou , fils du roi , s'é- çon du roi Jean. tant enfui , Jean retourna en Angle- « Le traité futjuréà Paris, le 10 mai, Aterre où il mourut en 1364. ce par le régent, et a Louviers, le 16 mai, sujet, on lui attribue cette belle pa- par le prince de Galles. Une trêve role : « Si la bonne foi était exilée d'une année avait été conclue pour de la terre, elle devrait trouver un donner le temps d'exécuter les diffé- asile dans te cœur des rois. » Au rentes cessions qui faisaient partie de reste , c'est bien à tort qu'on a com- la paix définitive; et l'armée anglaise, paré la détermination de ce prince à accompagnée par des guides français, devait se diriger en droite ligne sur (*) Sismondi , Histoire de France, vol. X, p. 570 et suivautes. Calais pour s'y rembarquer , toutes T. III* 24* Livraison. (Dict. encycl., etc.) 24 Digitized by Google

BRE L'UNIVERS. celle de Régulus, car il n'avait nuls ment avait quelque chose de si vrai tourments à redouter à Londres où que les provinces cédées se refusaient Ton menait joyeuse vie, et où il avait à devenir anglaises. Les comtes de laissé de trop vives affections peut- Périgord , de Comminges , d'Arma- être. gnac, le sire d'Albret et une foule La nouvelle de la conclusion défi- d'autres , niaient que le seigneur eût le droit de donner ses vassaux. Les nitive de la paix et de la délivrance du roi fut accueillie avec faveur par habitants de la Rochelle supplièrent l'opinion publique; cependant on ne le roi, au nom de Dieu , de ne pas les put se résigner sans douleur à la perte abandonner , disant qu'ils aimeraient de Tune des plus belles portions de la France. Le traité de Brétigny avait mieux donner, tous les ans, la moitié été conclu sous la double influence du de leur avoir , et ajoutant que s'ils devaient accepter l'autorité des An- roi Jean et du dauphin son fils : pour lais, ce serait des lèvres , et non pas e cœur : « Nous aouerons les An- l'un , la grande affaire c'était de re- couvrer la liberté et de ressaisir la glois des lèvres , mais les cuers ne couronne ; l'autre , en sa qualité de s'en mouvront jà. » régent et d'héritier du trône , avait un double intérêt à exiger de meilleu- « Ceux qui restaient en France , dit M. Michelet, n'en étaient que plus res conditions. En ce sens, ce qu'il y misérables. La France était devenue avait de bon dans le contrat venait du une ferme de l'Angleterre. On n'y dauphin ; ce qu'il y avait de mal ve- travaillait plus que pour payer les nait du roi. Comment en douter sommes prodigieuses par lesquelles le lorsqu'on se rappelle que Jean avait roi s'était racheté. Nous avons encore, acquiescé au premier traité qui dé- au trésor des chartes , les quittances membrait la France , et que l'opposi- tion de son fils avait seule fait rejeter? de ces payements. Ces parchemins Ce double tiraillement ne pouvait rien font mal a voir; ce que chacun de ces chiffons représente de sueur, de gé- produire de bon , les Anglais avaient missements et de larmes, on ne le seuls des motifs de s'en applaudir. saura jamais. Le premier (24 octobre En apparence , le traité de Brétigny 1360) est la quittance des dépens de reposait sur les mêmes bases que le garde Au roi Jean, à dix mille réaux traité d'Abbeville ; en réalité, il n'en par mois ; cette noble hospitalité, tant était rien, puisque la France y faisait vantée des historiens, Édouard se la l'abandon d'un droit de propriété faisait payer; le geôlier, avant la ran- inaliénable. Aussi la première joie çon , se \"faisait compter la pistole. fut-elle bientôt remplacée par les re- Puis vient une effroyable quittance de grets les plus amers. Certes , la poli- 200,000 écus d'or (décembre) ; autre tique de Philippe-Auguste n'était plus de 100,000 (1361 , Toussaint); autre 200,000 encore, et de plus 57,000 de saison alors ; mais ce n'était pas une raison pour aller encore plus loin moutons d'or , pour compléter les que le traité d'Abbeville déjà si atta- —200,000 promis par la Bourgogne quable aussi avait-on peine à conce- ( 21 février ). En 1362 : 198,000 ; ; voir comment le gouvernement fran- 30,000; 60,000; 200,000. —Les paye- çais avait souscrit à un pareil sacrifice. ments se continuent jusqu'en 1368.— Les plénipotentiaires avaient beau Mais nous sommes loin d'avoir toutes s'excuser en disant qu'ils avaient les quittances. Les rançons de la no- sauvé du même sort la Normandie, blesse montaient peut-être à une somme aussi considérable (*). » le Maine l'Anjou et la Touraine , on , répondait qu'à aucune époque la France Pour effectuer le premier payement, n'avoit donné le spectacle d'un ^rand il fallut que le roi de France , con- pays qui renonce pour toujours à son droit de suzeraineté sur une de ses (*) Michelet, Histoire de France, t. III, page 43a. principales dépeudances. Ce raisonne- Digitized by Google

BRE FRANCE. BRÉ 371 sentant à une mésalliance , cédât aux ment où la guerre venait d'être dé- offres des Visconti de Milan et don- clarée, en 1792, quatre cents hullans nât en mariage une de ses filles, âgée autrichiens attaquèrent à Brétigny, de onze ans, au fils de Galéas qui n'en près de Maubeuge, un petit poste de trente hommes, qui se replia sur la avait que dix. Ce fut avec les 600,000 ville. Pour suppléer par l'avantage du terrain à la faiblesse du nombre, ils florins de Galéas Visconti 300,000 se jettent dans un bois voisin, où ils , sont joints par le lieutenant-colonel Peigneux, commandant soixante chas- en pur don et autant pour un comté en Champagne, que Jean le Bon sor- tit de Calais, ayant vendu sa chair et son sang , comme dit Matteo Viliani, et Ton peut ajouter, ayant livré une de seurs à pied. Les hullans, embarrassés Ases provinces. peine arrivé , il fut par les broussailles, se défendent avec contraint d'imposer une aide nouvelle, peine contre cette petite troupe, dont de demander d'autres sacrifices à la la mousqueterie les atteint de toutes nation, d'en revenir à l'altération ftarts. Soixante hullans périssent dans es bois victimes de leur témérité, et des monnaies, et de rappeler les juifs, pour faire revenir avec eux les capi- les autres cherchent leur salut dans taux. la fuite. Du reste, aussitôt après la mort de Bbétigny ( Charles - Poncet de ) son père, Charles V , qui avait tou- gentilhomme normand fut un de ces jours été contraire au traité, chercha , aventuriers qui , au dix-septieme siè- les moyens de l'éluder; ce qui n'était cle, allèrent chercher dans la Guyane pas très-difficile, puisque les nouveaux les trésors du merveilleux Eldorado sujets des Anglais ne voulaient pas et n'y trouvèrent que les misères et une mort cruelle. les reconnaître pour maîtres. En 1 370, De tous les colons envoyés dans accueillant les plaintes des Gascons cette île par la Compagnie française contre l'administration anglaise, Char- des Indes, il n'en restait plus quë Vles cita le prince Noir, accusé cinq, quand Brétigny, nommé gou^ d'exactions, à comparaître par-devant la cour des pairs, en déclarant que verneur en 1643 , partit de Dieppe à la téte d'environ trois cents hommes, l'Aquitaine était toujours un fief rele- femmes et enfants , répartis sur deux vant de la couronne , et qu'en sa qua- bâtiments. Le cérémonial rigoureux lité de suzerain , le roi de France qu'il établit autour de lui , dès le avait le droit de rendre justice aux commencement de la traversée, la do- Gascons qui l'imploraient. La guerre fut la suite de cette violation du mination tyrannique qu'il s'arrogea traité de Brétigny et, cette fois, le après le débarquement prouvèrent , , sort des armes tourna contre les An- bientôt qu'il cherchait à se rendre in- glais. Quarante-cinq ans plus tard, dépendant. Ses officiers formèrent un pendant la démence de Charles VI, ce complot contre lui, et le jetèrent dans fut encore sur le refus du gouverne- une prison qu'il avait lui-même fait ment français d'exécuter le traité de construire. Ayant réussi, peu de temps VBrétigny, que Henri d'Angleterre après , à rentrer en possession de son reprit lès hostilités , et qu'eut lieu la autorité , il ne tarda pas à obéir de déplorable bataille d'Azincourt. Il fal- nouveau aux suggestions de son ca- lut Jeanne d'Arc pour effacer à tout ractère violent et ambitieux , en pro- mulguant un code sanguinaire, en jamais la honte de ce traité. Pour les faits qui l'ont précédé et multipliant autour de lui les suppli- accompagné, on trouve de curieux ces , et en substituant partout ses ar- renseignements dans Froissart , le mes à celles du roi. Mais il n'eut pas continuateur de Nangis , Matteo Vil- le temps de consolider son autorité. Ayant voulu poursuivre quelques in- iani et les Chroniques de Saint- Denis. digènes fugitifs , il se trouva tout à coup enveloppé «Je sauvages , qui le —Bbbtighy 'affaire de). Au mo- 24. Digitized by Google

372 BRE L'UNIVERS. massacrèrent dans les premiers mois en 1609, entra dans Tordre des frères de Tannée 1645 (*). Prêcheurs, à Paris, et partit en 1635, Breton (le club). Voyez Clcbs. avec quelques-uns de ses confrères, Breton (Luc-Francois) , né à Be- pour les missions de l'Amérique. Il sançon en 1731 , apprit d'abord l'état de menuisier; mais . entraîné vers la fit un assez long séjour à Saint-Do- sculpture par un goût irrésistible , il quitta bientôt cet état pour entrer en mingue, visita la Guadeloupe, les An- apprentissage chez un sculpteur en bois, tilles , et revint en France après une Il se rendit ensuite à Rome afin de s'y absence de près de vingt ans. Il y passa le reste de sa vie dans divers Serfectionner, et fut obligé, pour vivre, 'y travailler à des ornements de sculp- prieurés , et mourut en 1679. Outre un travail manuscrit sur les missions ture cependant il trouvait le temps ; faites dans les îles françaises de TA- de fréquenter les ateliers des artistes, mérique par les frères Prêcheurs , de et il ne tarda pas à faire de grands Tan 1635 à 1643, travail dont profi- progrès. Il concourut, en 1758 , à Té- cole de Saint-Luc, et remporta le tèrent les PP. Dutertre etDupuis, il prix. Le sujet de ce concours était un bas-relief représentant YEnlève- laissa un Petit catéchisme traduit du ment du Palladium. Admis alors français en caraïbe, Auxerre, 1664, comme pensionnaire à l'école fran- in-8°, et un Dictionnaire français- caise, il donna bientôt après le bas- relief en marbre de la Mort dugéné- caraïbe et caraïbe-français , meïé de ral IVolf, puis un saint André de proportions colossales, qui fut placé quantité de remarques historiques devant l'église de Saint-Claude des Bourguignons. Revenu à Besançon , pour C éclaircissement de la langue , il y exécuta divers ouvrages , entre Auxerre, 1665-1667, 2 vol. in-8°. autres deux Anges adorateurs en marbre qui ornent l'autel de l'église Bretonnier (Barthélemi -Joseph), , né à Montretrès près de Lyon , en , de Saint-Jean; une Descente de Croix, en pierre de Tonnerre , placée dans 1656 , se livra avec une sorte de pré- l'église de Sai nt- Pierre ; un buste de Cicéron , et une statue de saint Jè- dilection à l'étude du droit romain rôme ; ce dernier ouvrage fut présenté , par lui à l'académie de peinture et de sculpture, où cependant il ne fut pas qui était celui de son pays , et de- admis. Nous devons encore citer parmi les ouvrages de Breton , le magnifique vint bientôt un des plus célèbres ju- tombeau qu'il avait exécuté à Nîmes pour la famille des La Beaume, qui risconsultes de la France. Malgré le a été détruit pendant la révolution, Cet artiste manquait de génie, mais peu de loisirs que lui laissait la pro- il avait du goût , et son exécution était parfaite. Il mourut à Besancon , en fession d'avocat, il donna, en 1708, 1800. Il était membre associé de Tins- une nouvelle édition des Œuvres de tH ut (**\\ Henrys, et, dans une longue et sa- Breton (Raymond) , né à Beaune , vante dissertation , chercha à prou- (*) Pour la suité de l'Histoire de Cayenne, ver , conformément au sentiment de voyez Tan. Bcrt (Antoine), a e vol., p. 557. cet auteur, que le droit romain était le voyez la biographie de cet artiste, daiis le lome il des mémoires de la Société droit commun ou fondamental de la d'agriculiure de Besançon. France, contre l'opinion, beaucoup plus vraie, qui ne voyait dans le droit romain qu'un droit supplétif auquel on avait recours dans le silence de la coutume. Un ouvrage beaucoup plus utile est celui qu'il composa sur Tin- vitation de d'Aguesseau, qui cherchait à établir une entière uniformité dans l'exécution des anciennes lois, sans en changer le fond. Cet ouvrage, publié en 1713, sous le titre de Recueil, par ordre alphabétique, des principales questions de droit qui se jugent di- versement dans les différents tribu- naux du royaume, entrait fort bien dans les vues de d'Aguesseau , et fut tres-utile a ce magistrat pour la r«- Digitized by Google

brk FRANCE. BRE 878 daction des différentes ordonnances toute particulière. L'ambassadeur en qui préparèrent le lent ouvrage de no- profita pour faire conclure entre ce tre codification. Bretonnier mourut en prince et Henri IV le fameux traité —1722, à l'âge de 71 ans. de 1604 , qui rétablit ou confirma Brettes. C'étaient de longues tous les avantages que nous avaient épées, ainsi nommées parce que les assurés les traités obtenus par Jean premières ont été fabriquées en Breta- de Laforest et Gabriel d'Aramont, gne. On en a fait le mot bretteur, qui sous François er et Henri II; par I désigne un duelliste de profession. Claude de Boury, sous Charles IX, et Brèves, ancienne seigneurie du par M. deGerminy, sous Henri III (*). De Brèves fit toujours un excellent Nivernais (aujourd'hui département de la Nièvre), à huit kilomètres de Cla- usage de la faveur que lui avaient valu mer v, érigée en comté en 1625, en auprès des sultans ses rares talents de faveur de François de Savary. (Voyez négociateur, et la connaissance qu'il l'art, suivant.) avait du turc et des autres langues Brèves (François Savary, comte orientales. Il obtint pour les ambassa- de), l'un des plus habiles diplomates deurs de France la préséance sur ceux des règnes de Henri IV et de LouisXIil, de l'empereur d'Allemagne, établit la naquit en 1560. Il suivit, en 1580, son mission française à Constantinople, et oncle Jacques de Savary Lancosme, fit l'acquisition à Péra, du palais de envoyé par Henri III à Constantino- France dont il ne reste plus aujourd'hui ple en qualité d'ambassadeur, et à sa que des ruines. Enfin , avant de quitter mort, arrivée en 1591 , il lui succéda. Constantinople, en 1605, il obtint du sultan Achmet des ordres qui enjoi- Il occupa ce poste jusqu'en 1606, sous les sultans Amurath III, Mahomet III gnaient aux deys d'Alger et de Tunis et Achmet er En 1593, il avait déjà de délivrer les chrétiens esclaves, sur- I. pris sur Amurath III assez d'ascendant tout les Français, et de restituer les pour lui faire écrire une lettre aux vaisseaux et les effets pris par les cor- Marseillais , dans le but de les déta- saires barbaresques. De Brèves n'igno- cher du parti de la ligue pour lequel rait pas les difficultés qu'il y aurait à , faire exécuter ces ordres; mais il eut ils tenaient encore, et de les enga- ger à se soumettre à Henri IV. Cette le courage d'aller lui-même à Tunis et lettre avait d'autant plus de gravité, à Alger, où son habileté généreuse que la marine ottomane était alors échoua contre la malveillance sauvage prépondérante dans la Méditerra- des Africains, et où il fut plusieurs née. « Nous vous invitons, y disait fois en danger de perdre la vie. Il vi- «Amurath III, ou plutôt nous vous sita la terre sainte, l'Egypte, les îles «enjoignons d'incliner vos chefs, et de l'Archipel, une partie des côtes de « rendre obéissance au magnanime l'Asie et de l'Afrique, et débarqua à « entre les grands et très-puissants sei- Marseille le 19 novembre 1606, après «gneurs, Henri, roi de Navarre, à un séjour de vin^t-deux ans en Orient. « présent empereur de France. Si vous Aucun ambassadeur n'a été entouré de « persistez dans votre sinistre obstina- plus de considération àConstantinople, « tion , nous vous déclarons que vos sans excepter même le marquis de « vaisseaux et les cargaisons seront Nointel, qui représenta si dignement « confisqués, et les hommes faits es- Louis XIV, mais dont les manières « claves dans tous nos États et sur mer. impérieuses finirent par indisposer la « C'est à la prière de l'ambassadeur de Porte Ottomane. « France, résidant près de nous, que En 1607, de Brèves fut nommé con- « nous avons donné à nos capidjis, nos (*) Ce fut grâre aux sollicitations de ce demie* que les Anglais obtinrent d'Amu- « très-hauts et très-sublimes comman- rath III la faculté de naviguer dans les mers du Levant; depuis cette époque les choses « déments, etc. » Le sultan Achmet er I, ont bien changé. que de Brèves accompagna trois fois à l'armée, l'honorait d'une confiance Digitized by Google

874 fi** L'UNIVERS- B*É seiller d'État et gentilhomme de la beauté , et qui ont été acquis pour le chambre. 1 /année suivante, il partit compte du roi de France par 1l'im- pour l'ambassade de Rome. Pendant primeur Vitray. (Voyez Bibliothè- les six années qu'il résida auprès de la cour pontificale, il s'appliqua à y main- ques.) tenir Péquilibre entre l'influence fran- çaise et l'influence espagnole; il s'oc- Brkyé (François-Xavier), juriscon- cupa en outre avec beaucoup d'activité des négociations relatives aux succes- sulte lorrain , né à Pierrefort (Meur- sions de Clèves et de Mantoue. Après the) , en 1694, mort à Nancy en 1736, ja mort de Henri |V, de Brèves fut joignait à une parfaite connaissance rappejé en France, et nommé, par la du droit et des coutumes une érudi- reine mère, gouverneur de Gaston, frère du roi. Son attachement pour Xtion littéraire assez distinguée. Sa Marie de Médicis lui Ut du tort auprès du connétable de Luynes, qui ne tarda Dissertation sur le titre des dona- tions , de la coutume générale de pas à devenir tout-puissant, et qui fit Lorraine, Nancy. 1725, et son Traité du retrait féodal, Nancy, 1733-1736, donner au comte de Lude la charge de gouverneur de Gaston. Lorsque Marie 2 vol. in-4°, dénotent le penseur pro- de Médicis eut repris son ascendant sur fond et le jurisconsulte habile, tandis Pesprit du roi , ae Brèves fut nommp que les amateurs de documents cu- ecuyer de la reine, sa terre de Brèves fut érigée en comté, et il fut créé che- rieux trouveront à se satisfaire am- valier (Je l'ordre du Saint-Esprit. Il plement dans les Amusements du mourut à Paris en 1628, peu de temps sieur Breyé, Nancy » 1733 , in 4°, re- après avoir obtenu entrée au conseil cueil de prose et de vers , où se trou- des dépêches. vent entre autres une Traduction de la Guerre des Rustauds de Laurent PUla- Le comte de Brèves était fort ins- dius, l 'histoire de la sibylle de Marsal, tirée de Richerius , moine de Seno- truit, et il a laissé plusieurs écrits qui nes, etc. Il a encore laissé quelques Odes et Cantates , et enfin VIndex de ne sont pas sans mérite. On a de lui, l'ordonnance de Lorraine, et un Commentaire sur les lois de Beau- à la Bibliothèque royale : 1° des lettres mont (inachevé), texte fort curieux et pièces manuscrites, relatives à ses pour l'histoire des franchises du pays, et dont la perte est fort regretta- négociations à Rome, dont il existe ble. d'excellentes notices publiées par Gail- lard; 2° une relation de ses voyages, BfiÉzÉ , ancienne seigneurie de 1628, in-4°; 3° Discours abrégé des l'Anjou (aujourd'hui département de Maine-et-Loire), à quarante-huit kit. de asseurcz moyens d 'anéantir et ruiner Saumur. Cette seigneurie, après avoir la monarchie des princes ottomans: donné son nom à une illustre famille, dans cet écrit, il suppose « que les passa , au commencement du quin- Cosaques, qui sont clirétiens, dit-il, zième siècle, à la maison de Maillé, et fut cédée, en 1686, par Clémence et que nous nommons Russiens, pour- de Maillé, femme du grand Condé, à Thomas Dreux, conseiller au parle- raient bien servir, au besoin, a in- ment de Paris , en faveur de qui elle quiéter les Turks de leur côté ; » 4° Dis- cours sur l'alliance qu'a le roi avec fut érigée , la même année , en mar- le Grand Seigneur. Il montre dans cet quisat. (Voyez l'article suivant, et écrit combien cette alliance est utile les articles consacrés aux familles de pour toute la chrétienté. Ces deux dis- cours sont imprimés à la suite de ses Dbeux-Bbézé et de Maillé.) voyages. Bbézé (famille de), maison considé- De Brèves rapporta du Levant plus rable , dont l'origine est fort ancien- ne, mais qui ne commença à être bien de cent volumes turcs et persans qui connue que vers la première moitié sont aujourd'hui à la Bibliothèque du quatorzième siècle. royale. Il fit graver à Rome des carac- r En 1323 , Jean de Brézé, sei- tères orientaux d'une incomparable Digitized by Google

FRANCE. «75 gneur de la Varenne, avait un procès avec une flotte, en 1457 , à la tête de avec Payen de Maillé et sa femme quatre mille hommes , et débarqua à seigneur et dame de Brézé pour la Sandwich. Il investit cette place par , possession de la terre de ce nom. Ses terre et par raer, et s'en rendit maî- successeurs furent : tre. Apres l'avoir pillée, il se rembar- 2° Son fils Geo/froi, qui ayant été qua sans aucune perte , en dépit des , attaques de deux mille Anglais ; enfin fait prisonnier par les Anglais , fut obligé de vendre une partie de ses il ramena à Honfleur trois gros vais- biens pour payer sa rançon. Charles V, seaux qu'il avait capturés, et sa flotte, en récompense de ses services , lui chargée de butin et de prisonniers. donna, en 1369, la terre d Montbe- Après la mort de Charles VII , la rard, près de Brézé, ainsi que d'autres faveur de Pierre de Brézé déclina con- biens possédés par les seigneurs qui sidérablement. Louis XI le fit même tenaient pour les Anglais. Il ne vivait enfermer au château de Loches, d'où plus en 1380. il ne sortit qu'après avoir consenti au 3° Jean II servit en Flandre. mariage de son fils, Jacques de Brézé, Son fils Jean seigneur de Broon avec une sœur naturelle du roi , fille , de Charles VII et d'Agnès Sorel. Peu de temps après, Louis XI lui confia fit la guerre contre les Anglais , sous le rè^ne de Charles VII , se signala à la prise d'Évreux, en 1442, mais fut le commandement du faible secours tué dans le combat que les Anglais qui fut accordé à Marguerite d'Anjou, reine d'Angleterre. Le petit nombre engagèrent pour reprendre cette place. d'hommes qu'il obtint fit croire alors 4° Pierre Ie r , conseiller et cham- que Louis XI voulait se défaire de bellan de Charles VII, mourut avant l'année 1427. Son fils Jean, capitaine lui. Après quelques débuts heureux dans le Northumberland, de Brézé vit de Louviers dirigea l'entreprise sur assiéger les villes qu'il avait prises , , fut contraint de capituler et de fuir le Pont-de-P Arche , et celle de Con- clues , en 1449 ; assista au siège de avec la reine et ses enfants. Ckiteau-Gaillard , la même année, et Le mauvais succès decette expédition suivit, dans l'expédition d'Angleterre ne fit aucun tort à Pierre de Brézé ; ce qui porte à croire que Louis XI n'avait qui eut lieu en 1457 , le sénéchal de INormandie , son frère , dont il est pas Carrière-pensée qu'on lui supposait. question dans le paragraphe sui- Au contraire , il sembla rentrer en vant. grâce, sans néanmoins que Louis XI se 5° Pierre II, grand sénéchal d'An- dépouillât jamais de tout sentiment de |ou , de Poitou et de Normandie prit défiance envers lui. Consulté par ce , une part glorieuse à la guerre contre prince lorsque éclata , en 1465 , la , les Anglais, sous le règne de Charles guerre du bien public , de Brézé fut VII, auprès duquel il était en grande d'avis qu'on allât livrer bataille au faveur. Il accompagna ce prince en comte ae Charolais; mais Louis XI 1440, lorsqu'il alla secourir la ville de lui laissa voir qu'il le soupçonnait Saint Maixent ; se trouva aux sièges d'intelligence avec ses ennemis*. Quel- du Mans, en 1447, de Conches , du ques mois après, eut Heu la bataille Pont-de-P Arche , de Verneuil , de de Montlhéry , le 14 juillet 1465; le Pont-Audemer , de Mantes , de Ver- sénéchal , qui commandait Pavant- garde de l'armée , désireux sans doute non et de Rouen , dont il fut nommé de se justifier dans l'esprit du roi fouverneur. Il était à la bataille de brmigny , en 1450. Charles VII lui déploya une bravoure aventureuse, et confia le commandement d'une expé- fut tué des premiers. Pierre de Brézé dition qui avait pour objet de chasser unissait à beaucoup de bravoure une les Anglais de Calais et du comté de gaieté piquante, qui ne devait pas tou- Gui ries , qu'ils occupaient encore. jours plaire au sombre Louis XI. Ce Pierre de Brézé partit de Honneur prince, comme on sait, ne prenait ja- Digitized by Google

876 BRE L'UNIVERS. BRI mais avis que de lui-même, ce qui lui Antoine-Joseph Pernetti , le Cours de mathématiques de fVolf, 1743, 3 vol. faisait dire souvent que tout son con- in-8°. seil était dans sa tête. Pierre de Brézé, Bbial (Michel-Jean- Joseph dom), qui avait quelquefois donné de bons né à Perpignan, en 1743, l'un des der- niers membres de la congrégation de conseils à Charles VII, et qui avait son Saint-Maur, vint à Paris, en 1771, pour continuer avec dom Clément le Re- orgueil aussi , se permit à ce sujet cueil des historiens de France, et eut part à la publication des douzième et une plaisanterie plus spirituelle qu'ha- treizième volumes, qui parurent en 1786. Peu de temps après, la révo- Unbile. jour, à la chasse, voyant le lution vint interrompre les travaux des bénédictins. Quand il fut question roi sur une petite monture, il ne put de les reprendre , l'infatigable dom Brial se chargea seul de les continuer, et s'empêcher de lui dire en souriant : il publia en 1806 le quatorzième volume du recueil de nos historiens. Il avait « Sire, je ne pense pas qu'il se puisse été reçu l'année précédente à l'Institut (Académie des inscriptions), et chargé, voir un cheval de plus grande force avec trois de ses collègues, de conti- nuer Y Histoire littéraire de la France, que cette haquenée , car elle porte commencée par dom Rivet. Il a eu part aux volumes treize à seize de Votre Majesté et tout son conseil. » cet ouvrage, ainsi qu'aux Notices et extraits des manuscrits de la Bi- 6° Jacques, fils du précédent, maré- bliothèque du roi, et à la nouvelle série des Mémoires de l'Académie. On lui chal et grand sénéchal de Normandie doit en outre Y Éloge historique de épousa en 1462, comme nous l'avons dom Labat, 1803, in -8°, et les tomes XII, XIII, XIV, XV, XVI, XVII et dit plus haut, Charlotte , fille natu- XVIII du Recueil des historiens de relle de Charles VII et de la belle France, qui forment son premier titre littéraire. Il est mort à Paris en 1828. Agnès Sorel. L'ayant surprise en fla- Brianchon (Charles-Julien), capi- grant délit d'adultère, il la tua, le 14 taine d'artillerie, l'un des élèves les juin 1476, ce qui le fit condamner à plus distingués de cette école polytech- cent mille écus d'amende envers le nique qui a fourni à la France tant de savants officiers, est né à Sèvres, près roi Louis XI, auteur de son mariage Paris, en 1785. Pendant son séjour à et de bien d'autres du même genre. l'école, où il était entré le premier, il composa un Mémoire sur les lignes et Il fut contraint d'abandonner toutes surfaces du deuxième degré qui lui valut l'attention des savants. Carnot, ses terres en payement de cette somme; lui-même, si bon juge dans cette ma- tière, apprécia ce travail et l'inséra en mais, après la mort du roi, en 1484 partie dans son beau Mémoire sur la il se pourvut au parlement et obtint théorie des transversales. Depuis, un arrêt favorable. Il mourut le 14 M. Brianchon fit paraître divers écrits août 1404. sur des questions de géométrie ou de chimie appliquée, indiquant des résul- 7° Ijou'is , sénéchal de Normandie tats nouveaux ou des théories insé- grand veneur de France, obtint, en nieuses, et rendit aux armées et à l'E- tat les plus éminents services comme 1481, du roi Louis XI, le don de tou- tes les terres que son père, dans l'im- possibilité de payer l'amende de cent mille écus à laquelle il avait été con- damné pour le meurtre de sa femme adultère, avait dû abandonner à la couronne. Il mourut en 1531. Il avait- épousé en secondes noces Diane de Poitiers, qui lui survécut, et devint la maîtresse de François Ier et de Henri II. Bbezillac (Jean-François) , béné- dictin de St-Maur né, en 1710, à , Farjaux , diocèse de Mirepoix , mort en 1780, était neveu de dom Jacques- Martin, dont il continua Y Histoire des Gaules. Il publia en 1754 le deuxième volume de cet ouvrage, en y joignant un Dictionnaire géographique et to- pographique des Gaules. Il a en ou- tre traduit de l'allemand , avec dom Digitized by Google

FRANCE. 377 Professeur de sciences appliquées à mentionnés dans l'inscription du tro- école d'artillerie de la garde royale à phée des Alpes (*), au nombre des Vincennes. On lui doit, outre ses Mé- moires sur les lignes du deuxième peuples qu'Auguste avait domptés. ordre, Paris, 1817, in-8°, un Traité sur la poudre à tirer, ibid., 1825, in-8°; Le Briançonnais faisait, sous Hono- un Essai chimique sur les réactions rius, partie de la province des Alpes foudroyantes, idem ; enfin divers mé- moires insérés dans le journal de l'é- maritimes. Depuis, il eut les mêmes cole polytechnique, tomes IV, VI, XII et dans les Annales de mathémati- destinées que sa capitale. ques. Briant (dom Denis), bénédictin de Bbiançon, Brigantium, Brigoma- gentium civitas, ville de l'ancien Dau- Saint-Maur, auteur de quelques ouvra- phiné, aujourd'hui chef-lieu de sous- préfecture du département des Hautes- ges estimés qui sont restés manuscrits, Alpes, à 28 kilomètres d'Embrun. mais dont on trouve des copies dans Pline, Ptolémée, Strabon font men- tion de Brigantium comme du chef-lieu plusieurs bibliothèques : 1° Mémoires de l'une des principales peuplades ha- bitant les Alpes cottiennes. Après la sur l'abbaye de Saint- Vincent du chute de l'empire d'Occident, les Brian- çpnnais se constituèrent en république, Mans; 2° Cenomania ou Histoire gé- et, grâce à leur situation au milieu de montagnes inaccessibles, ils réussirent nérale de la province du Maine et de longtemps à se maintenir indépen- dants; mais à la fin, l'anarchie se mit ses comtes. Dom Briant est mort en parmi eux, et ils se donnèrent volon- tairement, mais en se réservant de 1716. nombreux privilèges, aux dauphins de Viennois, qui prirent depuis le titre Bbiard (Gabriel), peintre d'histoire, de princes de Briançon et de comtes de Sésanne. Briançon fut Véuni , en né à Paris, en 1725, fut élève de Na- 13-19, au domaine de la couronne de France, avec les autres États des toire et remporta le grand prix de pein- dauphins d'Auvergne. ture, en 1749 : le sujet était un mort Cette ville avait pour devise : Petite ville et grand renom. Brûlée en par- ressuscité, sur le tombeau oTÊlisée. tie pendant les guerres de religion du seizième siècle, elle fut encore rava- Plus tard , Briard fut agréé à l'Acadé- gée par des incendies, en 1624 et en 1692. mie, où il fut admis le 30 avril 1768 ; Briançonn aïs (le), Brigantinensis le tableau qu'il fit pour sa réception ager était borné au nord par la Savoie, } représentait Herminie au milieu des au sud par la vallée de Barcelonnette, bergers. Doué d'un assez beau talent à l'est par le Piémont, et à l'ouest par de composition, dessinateur facile, l'Embrunois et le Grésivaudan. Du mais correct, point coloriste, Briard temps de César, il était habité par les Urigiani, compris par Ptolémee dans a laissé quelques ouvrages recomman- la confédération des Segusini; par Pline, dans celle des Caturiges (\"), et dables. La chapelle de Sainte-Margue- (*) Walckenaer, Géographie historique rite, au faubourg Saint-Antoine à Pa- des Gaules, I. I, p. 54o. ris, où il a peint les anges tirant les âmes du purgatoire ; le plafond de la salle du oanquet royal à Versailles représentant Y Olympe assemblé; celui de l'hôtel Mazarin aujourd'hui la bi- , bliothèque royale retraçant les noces , de Psyché ; celui du salon de Louve- cienne , représentant les plaisirs de la campagne; telle est la liste de ses œuvres importantes. Nommé adjoint à professeur le 28 juillet 1770, il ne fut point professeur, comme on l'a dit , et mourut le 18 novembre 1777. Briare, Bribodorum, Brivodu- rum, petite ville de l'ancien Gâtinais- Orléanais, à huit kilomètres de Gien, chef- lieu de canton du département du Loiret. Sa population est de deux mille deux cent cinquante habitants. Briare (canal de). Voyez Canaux. m,(*) Pline, Bût. nat., t. p. 20-aAi. Digitized by Google

BRI L'UNIVERS. Bhias, seigneurie de l'ancienne pro- où il se fit souvent remarquer par son habileté et sa valeur, notamment aux vince d'Artois, à vingt kilomètres d'Ar- batailles d'Ocagna et de Salamanque. Général de brigade en 1809, et général ras ( Pas-de-Calais ) , érigée en comté de division eu 1813, il fit encore avec en 1649. Cette seigneurie a donné sou distinction la campagne de France en 1814. Mais, depuis l'abdication de Na- nom à l'une des plus illustres maisons poléon „ M. de Briche se montra aussi attaché aux Bourbons qu'il avait été des Pays-Bas. autrefois dévoué à l'empereur. Il pensa Bbice (Saint), évêque de Tours, même être victime de son zèle , en sup- posant, en mai 1815, au mouvement né dans cette ville de parents distin- qu'avait provoqué à Nîmes le débar- quement de l'empereur. Enjuillet 1816, Sués , fut élevé par saint Martin , dont exerça longtemps la patience par ses il présida la commission militaire qui condamna à mort le général Mouton» injures et par ses mœurs dissolues. Duvernet, l'un de ses anciens compa» gnons d'armes. Il commanda depuis Cependant il revint de ses égarements, successivement plusieurs divisions mi- litaires , et mourut à Marseille en et fut désigné, vers l'an 400, pour Bbîçonnet (Guillaume), connu succéder au saint évêque. L'épiscopat sous le nom de Cardinal de Saint' Malo, surintendant des finances et de saint Brice fut marqué par de nom- Srincipal ministre de Charles VIII, roi breuses difficultés. Après avoir eu de e France, naquit à Tours, et fut grands démêlés avec un certain Lazare, d'abord , sous Louis XI , général des depuis évêque d'Aix-la-Chapelle, il fut finances du Languedoc. Ce prince, en mourant, le recommanda a son fils en butte à une accusation calomnieuse qui le rîomma surintendant des finan- ces; et depuis, dit un historien , ne qui fit soulever contre lui tout le peuple parla que par sa bouche, n'entreprit que par son conseU, et ne gouverna de Tours. Ignominieusement chassé, que par sa conduite. Lorsque Louis le Maure , administrateur du duché de Brice se retira à Rome , où il lava par Milan , voulut engager Charles VIII à faire passer des troupes dans le royaume ses pleurs , dit Grégoire de Tours (*) deNaples, ce fut Briçonnet que les am- bassadeurs de ce prince cherchèrent toutes les fautes qu'il avait commises d'abord à gagner; ce fut lui qui, flat- tant habilement l'ardeur guerrière du envers le saint de Dieu. Cependant il jeune roi , le poussa à accomplir cette romanesque entreprise. Charles, après rentra ensuite dans son diocèse, qu'il avoir pris cette détermination, lui donna , dit Guicciardini , la première gouverna heureusement jusqu'en 444. autorité pour le gouvernement du royaume. Vers ce temps, l'ambitieux Il mourut à Tours, et fut enseveli dans financier, qui, devenu veuf, s'était fait donner, en 1491, l'évêehé de Saint- la petite basilique qu'il avait élevée sur Walo, entra dans les ordres d'après le conseil des ambassadeurs milanais, le tombeau de saint Martin. gui l'assuraient que le crédit du roi BarcB (M.), chasseur à cheval de la à son arrivée à Rome , le ferait bientôt vieille garde. Voyant, à la bataille d'Ey- cardinal. Bricoonet vainquit la résis- lau, son général (Dalhmann) démontéet blessé d'un coup de baïonnette , il cou- ru t à lui à toute bride , mit pied à terre sous le feu de l'infanterie enne- mie , le releva et le plaça sur son che- val. Entouré de chasseurs russes, Brice reçut plusieurs coups de sabre , et par- vint cependant à ramener son général près des lignes françaises. Bbiche (le vicomte Adrien -Louis- Élisabeth-Mariede), né en 1772, était chef d'escadron du e hussards à la 11 bataille de la Trébia, où il couvrit vail- lamment la retraite de l'armée. Il se signala l'année suivante à Marengo, et fut nommé, en 1807, colonel du 10e de hussards, à la tête duquel il se dis- tingua de nouveau en Allemagne et en Pologne. Après la paix de Tilsitt, il avec son régiment en Espagne (*) Histoire des Francs , liv. u. Digitized by Google - • > é•

BRI FRANCE. « BRI 379 tance que le duc et la duchesse de tions, proscriptions , jeûnes , proces- sions , il ne négligea rien pour témoi- Bourbon opposaient dans le conseil à gner de son zèle. Aussi les cordeliers, qui l'avaient deux fois accusé d'hérésie cette aventureuse invasion, en pressa et traduit au parlement, furent -ils les préparatifs, et y accompagna en- suite le roi. Dans tout le cours de l'ex- considérés comme calomniateurs. Bri- Sonnet mourut en 1583, au château pédition, il Ht prévaloir, au conseil 'Esmant , près de Montereau. Ainsi du prince, une mauvaise foi peu en que son père, il protégea les lettres, et augmenta la bibliothèque de l'abbaye harmonie avec sa devise : Ditat ser- de Saint-Germain des Prés. On a de vata fides. À Rome , il amena la ré- lui une traduction française du Con» conciliation de son souverain avec templatwnes Idiote. Briçonnet (Robert) , oncle du pré- l'infâme Alexandre VI. Cette condes- cédent, archevêque de Reims et chan- cendance lui valut immédiatement le celier de France, dut son élévation rapide à la faveur dont jouissait son chapeau de cardinal. Enfin, son inca- frère le cardinal de Saint-Malo. Il mou- rut en 1497, à Moulins en Bourbon- pacité et son obstination compromirent nais. plus d'une fois le salut de l'armée. Bbidainb (Jacques) , né en 1701 Après la mort de Charles VIII, qui près d'Uzès. Ce missionnaire se ren- dit célèbre, dans le dix-huitième siècle, trompa son ambition et le frappa Ear les effets que produisit sur les ha- comme un coup de foudre , il fut rem- itants des campagnes, et quelquefois placé dans le ministère par le cardinal même sur les populations des villes d'Amboise, et se retira à Rome. Mais son éloquence vigoureuse et pittores- Louis XII le chargea d'importantes 3ue. Il savait frapper son auditoire par négociations auprès de l'arrogant et es mouvements foudroyants et des ambitieux Jules II. Briçonnet fit à ce images saisissantes. Au mérite d'une pape une vigoureuse opposition, et il imagination ardente et originale, il joignait une voix d'une force et d'une alla jusqu'à ouvrir, malgré lui , le con- cile de Lyon. Aussi fut-il excommunié étendue peu commune, une taille éle- et privé de la pourpre. Louis XII l'en vée et imposante. Il tirait parti avec dédommagea en lui donnant, en 1503, habileté de toutes les circonstances la riche* abbaye de Saint-Germain des qui, dans un temple chrétien, peu- vent concourir à l'effet de la parole Prés et le gouvernement du Languedoc. sainte. Il tombait à genoux au milieu de son discours , en se tournant du Après la mort de Jules II, Briçonnet côté de l'autel, pour demander par- fut absous par Léon X, et passa de l'ar- don à Dieu au nom des pécheurs oui cheveYhe de Reims, où il avait été élevé l'outragent. Il s'adressait par des , en 1494, à celui de Narbonne, où il apostrophes brusques et émouvantes, mourut fort vieux en 1514. aux signes de mort ou de salut répan- Briçonnet (Guillaume) , fils du pré- dus autour de lui dans l'édifice. D'or- dinaire il prêchait à la fin du jour, cédent , fut successivement évêque de afin que l'obscurité, envahissant les Lodève et de Meaux. Avant de se re- voûtes du temple, contribuât avec ses paroles à répandre dans les âmes un tirer dans son diocèse, il avait été religieux effroi. Ce pieux charlatanisme chargé , par Louis XII et François er ne manquait jamais son effet. On rap- I, porte des exemples étonnants de con- de diverses négociations auprès du versions faites par ce missionnaire. pape. Revenu à ÎSleaux , il attira auprès Les contemporains le mirent au nom* de lui plusieurs savants , tels que Guil- laume Farci Jacques Faber ou Le- , fèvre, Gérard Roussel, Cliclitow, François Vatable. Parmi ces savants se trouvaient des docteurs de l'univer- sité de Paris, zélés calvinistes qui lui firent partager leur doctrine et leurs opinions. Mais bientôt, craignant de perdre son évêché et la faveur de la cour, Briçonnet changea de conduite, et poursuivit avec acharnement le parti qu'il avait favorisé. Excommunica- Digitized by Google

880 BRI • L'UNIVERS. BRI bre des orateurs. Il est certain qu'il minariste dans la maison des missions n'avait point de goût, que les images qu'il employait étaient souvent bizar- d'Avignon. Il parut pour la première res ou ridiculement gigantesques , et fois en chaire a Aigues-Mortes. Dans que ses traits de vigueur tenaient fré- le cours de sa carrière , il ne prit ja- quemment de la déclamation et du mélodrame; son action en chaire sor- mais de repos , et presque toutes les tait des bornes du goût à force 'de véhémence ; elle devenait parfois plus provinces de France entendirent la semblable à la pantomime d'un co- médien qu'à celle d'un missionnaire voix puissante de l'infatigable mission- ; naire. Il reçut de ses supérieurs et mais c'était précisément par de tels du pape Benoît XIV les témoignages défauts que Bridaine agissait sur le peuple. Quant aux auditeurs d'un d'estime les plus honorables , mais ne genre plus relevé et d'un esprit moins fut point élevé au-dessus de ses fonc- crédule , ils aimaient cette rude fran- tions, qu'il était heureux de remplir. chise et cette hardiesse cynique avec Il mourut dans le cours d'une mission, laquelle Bridaine s'emportait contre en 1767. On a de lui un volume de la mollesse et l'irréligion du siècle ; cantiques spirituels. ils trouvaient , dans la liberté toute nouvelle de ses anathèmes, un piquant Brida n (Charles-Antoine) , sculp- et curieux contraste ; ils confondaient teur, né en* 1730 à Ruvière , en Champagne, étudia à l'académie de même avec I éloquence ses tirades Paris , remporta , en 1753 , le grand prix de sculpture, et alla ensuite com- ronflantes, qui étaient en harmonie avec le goût naissant du siècle pour pléter en Italie son éducation artisti- la déclamation. Voilai comment on doit s'expliquer les triomphes de Bri- que. De retour à Paris, il fut reçu daine, tout en reconnaissant d'ailleurs agréé de l'Académie , sur la présenta- qu'il eut beaucoup -d'imagination et fie manqua pas de ferveur religieuse. tion d'un groupe en plâtre représen- tant Saint Barthélémy faisant sa Le cardinal Maury a cité l'exorde du dprière avant être martyrisé, groupe discours qu'il prononça, en 1751, dans l'église de Saint-Sulpfce. L'idée de cet qu'il exécuta en marbre en 1772.Ce mor- exorde est très-heureuse ; mais la forme en doit être attribuée presque ceau lui valut, la même année, son ad- tout entière au cardinal Maurv, qui mission à l'Académie. En 1773 , il ex- n'avait pu se rappeler littéralement posa un Christ qui devait être exécuté les paroles originales. Quant à ce fragment d'un sermon sur l'éternité, en bronze pour la cathédrale de Char- où Bridaine représente le balancier tres , et par lequel il commença la sé- des enfers répétant sans cesse ces rie des travaux qu'il fit poûr cette deux mots : Toujours ! jamais ! ja- mais ! toujours ! et un damné s'é- église. En 1775 , il exposa P Hymen criant : Quelle heure est-il? et n'ob- couronnant V.îmour , une figure se tenantpourréponsede ses compagnons coiffant de fleurs , la Fidélité lisant de douleur que ce seul mot : l'éter- une lettre et caressant son chieny nité; c'est la une fantasmagorie qui peut faire peur un instant, mais ce les bustes de Louis XVI et du mar- n'est pas là une grande idée ni un trait quis de Courlanvaux , enfin l'es- sublime d'éloquence , comme l'assure quisse du tombeau que Frédéric le le cardinal Maury qui est loin d'être Grand faisait élever au marquis d'Ar- gens , et qu'il exécuta en marbre , pour l'église des Minimes à Aix (voyez Argbns). En 1776, il fit pour un arbitre infaillible en fait de goût. l'église de Chartres son groupe de YAs- Les sermons de Bridaine n'ont pas somption, dont l'exécution, dans le été recueillis. Il avait d'abord été sé- style du dix-huitième siècle, offre un desaccord si choquant avec toute la sculpture de cette métropole. En 1777, il exposa le modèle de Vulcain présen- tant à rénus les armes qu'il a forgées pour Ênée. Cette statue, l'un des or- nements du Luxembourg , fut exécu- tée en marbre en 1781. En 1785, il Digitized by Googl

BRI FRANCE. BEI 881 fit sa belle statue du maréchal de rough , le général JVallongne , 7Y- Vauban (aujourd'hui à Versailles), tien ) , qui fondèrent dès lors sa répu- tation. Sous l'empire, il fut chargé trois jeunes filles (statuettes de 64 de travaux importants ; nous citerons entre autres le canonnier de l'arc du centim.) (*), une Vierge et un Am- Carrousel, douze bas-reliefs de la co- lonne Vendôme, du Guesclin, pour le phion. Il exposa, en 1787, sa statue pont de la Concorde, le colosse de l'é- de Bayard complimentant l'épée avec léphant, pour la fontaine de la Bas- tille. On lui doit encore une statue laquelle il vient d'armer chevalier Fran- d' Épaminondas mourant (au château de Saint-Cloud) ; plusieurs bas-reliefs, çois er après la bataille de Marignan entre autres , dans l'escalier du Lou- I, vre , Neptune et Cérès , et le tombeau de la reine de Sicile Marguerite de (à Versailles) , et le buste de Dupleix, , gouverneur de l'Inde française; en Bourgogne.En 1819, il obtint Je grand 1789 , le buste du cardinal de Luy- prix de sculpture proposé par Louis XVIII. Cet habile artiste a formé de nes; enfin en 1791 , son dernier ou- nombreux élèves. Il est mort en vrage, le buste de Cochin , curé de 1836. Bei do re petite ville de Touraine, Saint - Jacques du Haut- Pas et fonda- , teur de l'hospice qui porte son nom, que Grégoire de Tours cite parmi établissement dans lequel se trouve ce celles dans lesquelles les premiers évé- ques ses prédécesseurs avaient établi morceau. des églises. Quelque peu importants que fussent ces lieux , ils l'étaient Bridan fut nommé professeur de pourtant assez, sous la première race, pour qu'on y frappât des pièces de l'Académie, le 30 décembre 1780(**). monnaie. Nous possédons un triens sur lequel on lit Briotreit (Bridoré Il mourut, le 28 avril 1805, à l'âge est appelé en latin Briotreidis) , et de l'autre Padomi, mot qui ne peut dé- de soixante-quinze ans. Parmi ses éle- signer que le nom du monétaire. vés , nous citerons son fils , Cartellier Bbie , Briegium (*) , ancienne pro- et Lorta , jeune artiste qui a exposé vince, avec titre de comté, se divisait autrefois en trois parties : la Brie en l'an xn la Statue du peuple fran- champenoise (capitale Meaux), la Brie çais représenté par un jeune homme française (capitale Brie. - comte - Ro- bert/, et la Brie pouilleuse (capitale , Château-Thierry); ou en deux parties: la haute Brie (capitale Meaux), et la vigoureux qui se repose après avoir basse Brie (capitale Provins). , Du temps de César , la Brie était vaincu l'Europe coalisée. Les emblè- habitée par les Meldx. Sous Hono- mes qui étaient aux pieds et dans la rius, elle se trouvait comprise dans la quatrième Lyonnaise. Après la con- main de cette statue désignaient les quête des Francs , elle fit partie du , royaume de Neustrie , et eut ensuite des seigneurs particuliers , qui por- résultats de Sa guerre, c'est-à-dire, taient le titre de comtes de Meaux. Elle fut réunie , en 988 , au comté de l'unité , la liberté et la victoire. Cet (*) Walckenaer, Géograpfùe lùstorique heureux début est la seule produc- des Gaules, 1. 1 , p. 41 5. tion que nous connaissions de cet ar- tiste. Bbidan (Pierre-Charles), statuaire, fils et élève du précédent, naquit à Paris , le 10 décembre 1766, et rem- porta, en 1791, le grand prix de sculpture. Son premier ouvrage fut exposé en l'an vu ; c'était Pâris pré- sentant la pomme à Vénus. L'an- née suivante , il exposa une statue de tImmortalité (aux Invalides), et plu- sieurs bustes et statues (Marlbo- (*) Réexposées en 1793. En Tan vin, Bri- dan iréexposa dix statues ; le livret de l'ex- positioti de cette année ne les désigne pas. (**) Il exerça donc ces fonctions ia ans et non pas 3a, comme le répètent toutes les biographies. Il n'était d'ailleurs adjoint —à professeur que depuis le 3i décembre 1773. Voyez l'article Académie , t. I, p. 80, première col. Digitized by Google

LUNIVERS. Champagne , dont elle suivit depuis de donner à Nantes l'importance d'une les destinées. ville de commerce de premier, ordre, Bbie-comte-Robebt , Braya ou en établissant entre ces deux ports un Bria comitis Roberti , ancienne capi- tale de la Brie française, à huit kil. canal de communication par lequel on éviterait les bancs de sable qui encom- de Corbeil , aujourd'hui chef-lieu de brent l'embouchure de la Loire. M. de canton du département de Seine-et- Brie-Serrant publia à cet effet et Marne. adressa au roi et aux états généraux Cette ville a pris son nom de Ro- deux Mémoires, Paris, 1789, in-4°. bert de France , seigneur de Brie et Mais bientôt la révolution fit oublier comte de Dreux, son fondateur. Em- le marquis et ses projets. Cependant, portée d'assaut par les Anglais, en malgré la perte de ses droits seigneu- 1430 , elle fut reprise en 1434 par le riaux , malgré les dépenses et les peines duc de Bourbon. Les princes s'en em- que lui coûtait la poursuite de son idée parèrent aussi, en 1440, pendant la favorite, Brie-Serrant ne cessa de la guerre de la Praguerie, et elle fut présenter vainement à tous les gouver- encore prise d'assaut pendant les nements qui se succédèrent depuis en troubles de la fronde, en 1649. France. Il mourut dans une miséra- La population de cette ville est au- ble mansarde en 1814. Outre le mé- jourd'hui de deux mille sept cent moire dont nous avons parlé, il avait soixante-deux habitants. Il s y tient publié : Écrit adressé à l'Académie de toutes les semaines un marché où il se fait un commerce considérable de Châlons-sur-Marne , sur une question —blé. proposée par voie de concours, con- Bbie (Jehan de). cemant le patriotisme : Quels sont les On ignore l'épo- moyens de prévenir l'extinction du Se précise de la naissance et celle de patriotisme dans l'âme du citoyen? mort de ce personnage, qui, de son 1788, in-12. Il donna encore: Pétition temps, n'était connu que sous le nom ampliatwe enfaveur des blancs et des du bon berger. On sait seulement qu'il noirs, et Projet d'un traité important était né près de Coulommîers en Brie; pour les colonies et pour l'État, 1792 qu'après avoir été longtemps berger in-4°; Études contenant un appel au dans sa province, il vint à Paris vers public lui-même, du jugement du pu- 1379, y servit en qualité de domestique blic sur J. J. Rousseau, Paris, 1803, chez un chanoine de la Sainte-Chapelle et composa , par l'ordre de Charles V, in-8°; enOn divers projets dans le sur l'éducation des moutons, un petit ouvrage intitulé : Le vray régime et —journal la Bouche de fer. gouvernement des bergers et bergères, Brieg (siège de). Les Français, maîtres de la Prusse , étaient entrés, dès les premiers jours de janvier 1807, traitant de l'état , science et pratique dans la Silésie. Le prince Jérôme Na- de Vart de bergerie et de garder ouailles et bêtes à laine, par le rus- poléon fit investir Brieg , le 8 : cinq tique Jehan de Brie, le bon berger. jours après, la place se rendit, et la garnison défila devant l'armée bava- Paris, 1542, in-12, goth fig. Ce livre roise qui avait été employée à ce ; UlM , est aussi rare que curieux; on n'en connaît que deux exemplaires, dont Bbienne-le-Chateau, petite ville de l'ancienne province de Champagne, l'un est à la bibliothèque de l'Arsenal. à vingt-quatre kilomètres de Troyes Bbie-Sebrant (Cl. Alex., marquis (aujourd'hui département de l'Aube), de), né en 1748, à Dampierre en An- L'origine de cette ville se perd dans jou, de l'ancienne maison de Laval, consuma sa vie entière et sa fortune la nuit des temps. On croit que c'est à former et a exécuter des projets de ses habitants que César a parlé dans utiles. Vers 1780, il proposa au gou- ses Commentaires sous les noms de vernement de faire de Pornic, dans Brannovu et de Branovices. Le plus ancien titre qui en fasse mention d'une le pays de Retz, un port militaire, et

BRI FRANCE BRI 388 manière non équivoque, est l'Histoire leur expulsion du territoire français, de saint Loup, éréque de Troyes, où l'on voit qu'au milieu du cinquième il fut rebâti et assiégé de nouveau siècle les habitants de Brienne furent emmenés captifs par les Alemans, pendant les guerres civiles, vers 1574 qui cependant, à la prière de saint Loup, leur rendirent la liberté. L'His- Ou 1575. Cette antique forteresse a toire de saint Bon /taire, gui vivait au septième siècle, fait mention d'un vil- depuis longtemps disparu ; elle a été lage de Crespy, situé dans le Image du remplacée par un superbe château mo- château de Brienne et au milieu de la forêt de Der. Cechâteau était dès cette derne, construit par Louis-Marie- époque le chef-lieu d'un comté dont iî est parlé dans une charte de Louis le Athanase de Loménie, dernier comte Débonnaire, de 832. En 858, il faillit se livrer sous les murs de Brienne une de Brienne, devenu immensément ri- bataille importante entre Louis , em- pereur de Germanie, et Charles le che par le mariage qu'il contracta , en Chauve. Celui-ci ayant rassemblé une armée commandée par les principaux 1757, avec la fille d'un fermier gé- seigneurs de Bourgogne, marcha contre Louis, qu'il joignit à Brienne. Mais les néral. troupes du roi de France s'étant dé- bandées, il fut forcé de prendre la Dès 1625, Louise de Béon-Luxem- fuite. Tous les historiens contempo- rains font mention de cet événement, bourg fonda à Brienne un couvent de l'un des plus importants de l'époque. minimes, destiné à l'éducation des L'historien Flodoard rapporte qu'en 957, deux brigands, Gotbert et Augil- enfants de cette ville. Vers 1730 , les bert, son frère, fortifièrent le château religieux de ce monastère convertirent de Brienne , mais que Louis d'Outre- mer, en ayant eu connaissance, s'em- leur école en un collège , où ils ensei- pressa d'arriver au secours de Brienne, gnaient le latin à la jeunesse du pays. forma le siège du château , parvint à En 1774, ce collège jouissait déjà d'une le prendre par famine, et le détruisit certaine renommée et comptait un de fond en comble. A cette époque, les assez grand nombre d'élèves , entrete- titres de comtes et barons étant deve- nus aux frais des seigneurs de Brienne. nus héréditaires, le comté de Brienne fut donné à des seigneurs, qui le tin- Le er février 1776, une déclaration du rent en (ief des comtes de Champagne. 1 Brienne devint alors un des comtés- roi fit de ce collège une succursale de pairies de cette province; ce fut même un des trois comtés achetés par le pape l'école militaire de Paris, destinée à Urbain IV pour doter le chapitre de recevoir cent élèves du roi et cent Saint-Urbain de Troyes. Ce comté fut pensionnaires. On sait que Napoléon érigé en duché-pairie en 1587, sous le règne de Henri III ; mais les lettres lit dans cette école ses premières étu- patentes n'ayant point été enregis- des. Il y entra le 23 avril 1779, à l'âge trées au parlement , il demeura simple de neuf ans huit mois et cinq jours, et comté. en sortit le 17 octobre 1784, après y Le château fort de Brienne fut as- avoir passé cinq ans cinq mois et vingt- siégé, pris par famine, et démoli en 1457, sous le règne de Charles MI, cinq jours. L'école militaire de Brienne pendant les guerres des Anglais. Après fut supprimée en 1790; les bâtiments en furent vendus et démolis; mais le château n'a rien perdu de sa magnifi- cence. La population de cette ville est aujourd'hui de dix-neuf cent trente ha- bitants. —Brienne (bataille de). Le 28 jan- vier 1 8 1 3, le général autrichien Schwart- zemberg était à Troyes , et le général prussien Blûèner à Brienne. Ces deux généraux manœuvraient pour opérer leur jonction par Lesmont. Napoléon résolut de l'empêcher. Il arriva a mar- ches forcées, et à travers une forêt impraticable pour d'autres soldats que des Français, sous Brienne, et, sur- le-champ, il commença l'attaque. Le combat fut si vif sur les terrasses du parc et à l'entrée de la ville basse, les Français firent de tels progrès que Digitized by Google

384 BRI L'UMYERS. BRI Blùcher fut sur le point d'être pris. tué en 1356, à la bataille de Poitiers, et ne laissa pas de postérité (voyez On se battit pendant douze heures l'art. Bbienne [Gauthier de]), dans cette petite ville, qui fut presque Et Isabeau de Brienne, duchesse d'Athènes, qui épousa, en 1320, Gau- entièrement détruite par le feu des thier, sire d'Enghien, dont elle eut six deux partis. Le château était défendu lils. par les Prussiens, la ville par les Rus- Le cinquième, Louis, eut, entre autres enfants, Marguerite, qui, par ses, et cependant, malgré la supério- son mariage avec Jean de Luxem- bourg, porta dans cette maison le rité du nombre et l'avantage de la po- comté de Brienne, la seigneurie d'En- ghien et les droits au duché d'Athènes. sition, l'ennemi ne remporta point de (Vov. l'art. Luxembourg [famille de]). victoire. La perte fut égale dans les Pierre /cr , fils de Jean de Luxem- bourg et de Marguerite de Brienne, deux armées; mais Napoléon attei- fut le père de Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol , connétable de gnit son but : Blùcher fut forcé d'o- XLFrance, sous le règne de Louis pérer sa retraite vers Bar-sur-Aube Louis de Luxembourg eut trois fils, au lieu de gagner ïroyes par Lesmont dont l'aîné, Jean de Luxembourg, fut tué en 1476, à la bataille de Morat. Il —comme il en avait le projet. laissait un fils qui mourut sans posté- Brienne (maison île). La famille rité, et une fille, qui épousa Bernard de Béon, gouverneur de Saintonge. de Brienne est une des plus célèbres Louise de Béon, fille de ce dernier, et des plus anciennes de France. Elle a épousa , en 1 628 , Auguste de Loménie qui devint ainsi la tige de la famille de produit trois connétables, d'autres Brienne-Loménie. (Voyez Lomenie.) grands officiers de la couronne, des Brienne (Gauthier de) fut élevé à la cour de Robert le Bon , roi de INa- rois de Jérusalem et de Sicile, des i>les. Le prince Charles , fils de Robert, 'envoya à Florence, en 1326, en qua- empereurs de Constantinople, des ducs lité de son lieutenant général. Brienne tenta ensuite de reprendre le duché d'Athènes, etc. d'Athènes, que les Catalans avaient conquis sur son père; mais cette, en- \\jt plus ancien comte de Brienne treprise ne réussit point ; et, sans par- dont il soit fait mention est Engil- bert /er qui vivait en 990. ler des sommes immenses que lui coûta cette entreprise, il y perdit, suivant , Jean Boccace , son fils unique , qui fut Il eut pour fils Engilbert //, dont il tué par les Catalans. Il revint ensuite en France , et fut très-utile au roi Phi- est question dans la chronique d'Albé- lippe de Valois , dans la guerre que ce prince soutint contre les Anglais en ric. Celui-ci vivait encore en 1055. 1340. Comme il revenait, en 1342, de Son fils, Gauthier er eut (ÏEusta- /, la cour de ce monarque pour se rendre à Naples , il passa de nouveau à Flo- chie, comtesse de Bar-sur-Seine, trois rence, au moment où le peuple, irrité de la perte de Lucques, se soulevait enfants, savoir : Erard Ie ', Milon, contre son gouvernement. Gauthier profita de l'occasion pour se faire nom- qui fut la souche des comtes de Bar- mer seigneur de Florence. Il séduisit tous les partis par de vaines promesses, sur-Seine, et Gui, qui mourut sans postérité. Gauthier II, fils d'Érard er laissa I, guatre enfants , dont l'aîné , Erard II, lut le père de Gauthier III, roi de Si- cile et duc de la Pouille, et de Jean de Brienne, empereur de Constantinople et roi de Jérusalem. (Voyez l'article Brienne [Jean de]). Gauthier III mourut en 1205. Gauthier IF, dit le Grand, son fils posthume, fut tué par les Sarra- sins en 1251 ; il avait eu de Marie de Chypre, son épouse, Jean, comte de Brienne , mort sans postérité , en 1270 Et Hugues, duc d'Athènes. Celui-ci eut pour fils Gauthier V, qui périt en 1312, à la bataille du Cé- phise. Il laissa deux enfants, savoir : Gauthier yi, tyran de Florence, et ensuite connétable de France, qui fut Digitized by Google

FRANCE. Bill et les trompa par de faux serments; manda les armées du souverain pontife mais il n'eut pas plutôt obtenu le contre son gendre. Il eut bientôt une pouvoir souverain qu'il s'abandonna autre couronne, celle de Constantino- aux passions les plus honteuses. Il ple, qui lui fut décernée parles barons amassa des sommes énormes par les plus criantes exactions, fit périr sur français, en 1229. Il défendit sa capi- l'échafaud un grand nombre de ci- toyens respectés , et provoqua de tant tale contre les Grecs et les Bulgares ; de manières la haine des Florentins ruina leur flotte, les défit une seconde que toutes les classes du peuple se dé- fois , et les épouvanta tellement qu'ils clarèrent en même temps contre lui. n'osèrent plus reparaître. II mourut La multitude prit les armes, et vint en 1237. Il était brave et prudent, l'assiéger dans son palais. Après s'y mais son avarice ternit ces belles qua- être défendu huit jours, il fut obligé de capituler, d'abandonner aux vengean- lités et hâta la ruine de l'empire. ces du peuple les ministres de ses Bbiet (Philippe), savant jésuite, né cruautés , de renoncer à la seigneurie de Florence, et de sortir de la ville. à Abbeville en 1601 , mort en 1663, a Gauthier de Brienne revint alors en composé plusieurs ouvrages , dont Je France, où le roi lui donna, au mois plus connu et le plus estimé est : Pa- de mai 1356, la charge de connétable. rallela geographix veteris et novœ Il fut tué le 19 septembre suivant, à la bataille de Poitiers. Son corps fut y porté à l'abbaye de Beaulieu, dans le comté de Brienne, où l'on voit encore Paris, 1648 et 1649, 3 vol. in-4°, avec son tombeau. 125 cartes. Malheureusement cet ou- Brienne (Jean de), fils d'Érard II, vrage qui est savant et écrit avec mé- comte de Brienne, naquit dans la , seconde moitié du douzième siècle. Les chrétiens de la Palestine ayant fait thode, n'a pas été entièrement publié. demander à Philippe-Auguste un époux pour Marie, fille d'Isabelle et de Con- Trois autres volumes devaient contenir rad de Montserrat, héritière du royaume de Jérusalem, le roi de France choisit l'Asie et l'Afrique. Briet a encore Jean de Brienne, qui réunissait tou- laissé : Annales mundi , sioe chroni- tes les qualités d'un chevalier fran- con, ab orbe condito ad annum Îais. Il partit pour la terre sainte en Christi, Paris, 1663, in-12, 7 volumes; 209, épousa Marie, et se fit sacrer roi de Jérusalem dans la ville de Tyr. Venise 1693, 7 vol. in-12; Theatrum Son arrivée dans la Palestine fut signa- , lée par quelques avantages remportés geographicum Enropœ veteris, 1653, sur les Sarrasins; mais, comme il n'avait amené avec lui qu'un petit nombre de in-fol.; Elogium pahïs Sirmondi, Pa- chevaliers, ses succès ne furent que ris, 1651, in-4°, etc. passagers. Le pape lui conseilla , pour intéresser Frédéric II au sort du Briey, petite ville de Lorraine royaume de Jérusalem , de donner à , cet empereur sa fille Yolande en ma- riage. Jean de Brienne y consentit , et aujourd'hui chef-lieu d'arrondissement Frédéric prit d'avance le titre de roi de Jérusalem , mais ne partit point pour du département de la Moselle, à vingt- la Palestine. Ce fut alors que l'Occident fut troublé par les querelles du pape et quatre kilomètres de Metz. de l'empereur, et Jean de Brienne com- Cette ville est fort ancienne quel- ; ques auteurs en font remonter l'ori- gine jusqu'à l'époque romaine. Au huitième siècle , elle dépendait du du- ché de Mosellane plus tard, elle passa ; aux comtes puis aux évéques de , Metz qui finirent par la céder aux , comtes de Bar. Assiégée par les Mes- sins en 1363 et en 1370, elle fut sac- cagée en 1421 par le duc de Berg , et prise [en 1475 par Charles le Témé- raire. Briey possède un tribunal de pre- mière instance et une société d'agri- culture. Sa population est de dix-sept cent cinquante-cinq habitants. Briez (N.) fut député du départe- ment du Nord à la Convention natio- nale , vota la mort dans le procès de Louis XVI , en ajoutant : « Dans le m.T. 25e Livraison. (Dict. encycl., etc.) 25 Digitized by Google

386 BRI L'UN VERS. BRI « cas où la majorité serait pour la ré- Le nom de brigade est fort an- < clusion je tais la motion expresse cien, on s'en servait sous Louis XIII, , en 1635, dans la gendarmerie; npis « que si , d'ici au 15 avril , les puis- « sances n'ont pas renoncé au dessein ce n'est que plus tard qu'on l'em- «de détruire notre liberté, on leur « envoie sa téte. Chargé d'une mis- ploya pour désigner des portions d'ar- sion à l'armée du Nord , il fut accusé mée. d'avoir des intelligences avec le prince de Cobourg, se disculpa et continua Turenne , à qui l'on doit d'ail- ses fonctions. Il se trouvait à Valen- leurs la plus grande partie des perfec- ciennes lorsque cette ville, investie par les Autrichiens, fut forcée de tionnements introduits de son temps dans notre système militaire, fut le capituler. Membre du comité des se- cours publics , il fit subvenir aux be- premier à reconnaître les avantages soins des indigents dont le mont-de- qui résulteraient de la réunion de plu- piété détenait les outils ; des réfugiés sieurs régiments sous le commande- étrangers , des citoyens victimes des invasions , et des parents des défen- ment d'un même chef. Ce fut sur sa proposition que Louis XIV institua seurs de la patrie. Le 4 juin 1794, il fut nommé secrétairede la Convention, en 1665, le grade de brigadier des et envoyé en mission dans la Belgique après la révolution du 9 thermidor. Il armées dans la cavalerie; le même mourut en 1795. grade fut établi quelques années après —Bbiga (combat de la). Après la dans l'infanterie. On avait en effet re- prise de Saorgio, au printemps de marqué que lorsqu'un nombre assez 1794, les Piémontais se postèrent sur les hauteurs qui couronnent l'embran- considérable de bataillons était réuni, chement du chemin de la Briga au il devenait impossible ou du moins col de Tende , position qui semblait fort difficile à un seul chef de les com- avoir pour but d'intercepter la com- mander immédiatement. L'ordre de munication entre les colonnes fran- plus en plus mince que l'on adopta çaises. Le 26 avril 1 794 , trois colon- après la mort de Turenne ne donna nes , formées des divisions Masséna que plus de poids à cette observation, et Macquart , les attaquent sans être et la brigade devint ce qu'elle a tou- arrêtées par les neiges ni par l'escarpe- jours été depuis, l'un des éléments essentiels de la grande tactique. ment des monts. Ils se précipitent au pas de charge sur ces retranchements, Le nom de brigade sert, en outre, défendus par sept à huit mille Pié- de nos jours, à designer les subdivi- montais, les foudroient avec l'artille- sions des compagnies de gendarmerie. rie qu'ils conduisaient dans les sen- Ces brigades, composées de quatre ou tiers les plus difficiles, et les poursui- cinq hommes, soit a pied, soit à cheval, vent jusqu'au village de Tende. sous les ordres d'un sous-officier qu'on appelle brigadier, sont réparties dans —Brigade. C'est le nom que l'on les différentes communes du royaume pour y faire le service de la police de donne aujourd'hui à une portion de sûreté. l'armée. La brigade se compose de deux régiments au moins, soit d'in- Brigadier des armées du roi. fanterie, soit de cavalerie, sous les On appelait ainsi l'officier qui com- ordres d'un maréchal de camp, et il mandait une brigade d'infanterie ou en faut deux ou trois pour former une de cavalerie. Il marchait après le ma- division. Lorsque les circonstances réchal de camp et avant le colonel. l'exigent, on forme des brigades mixtes d'infanterie et de cavalerie légère : ces Les brigadiers n'étaient officiers généraux que dans leur corps , c'est-à- brigades sont plus spécialement char- gées du service d'avant-garde. dire, qu'ils n'avaientdecommandement particulier que sur un certain nombre de troupes du corps auquel ils appar- tenaient. Ils commandaient aux colonels et obéissaient aux officiers généraux de l'armée. Ils n'avaient point d'aides do Digitized by Google

BRI FRANCE. BRI camp pour transmettre leurs ordres, expédiées qu'ils pouvaient exercer un commandement sur les troupes. mais on leur adjoignait un major de Tous les mestres de camp comman- brigade qui les faisait exécuter dans dants, tous les mestres de camp en , second , tous les colonels , tous les l'étendue de leur commandement. lieutenants-colonels et tous les majors pouvaient prétendre au titre de briga- Avant l'époque où les brigadiers fu- dier des armées du roi. rent brevetés , les brigades étaient Ce grade a existé jusqu'en 1788. Il commandées par des colonels et des devint inutile dès que les maréchaux de camp furent attachés d'une manière mestres de camp, qui n'avaient qu'une fiermanente aux brigades , comme les ieutenants généraux l'étaient aux di- commission temporaire pour exercer visions. C'est le dernier maréchal de Broglie , créateur de la division dans les fonctions de brigadier. Mais ce mode l'armée française, qui, par ses conseils, amena ce changement dans les attri- de nomination avait de graves incon- butions des différents grades. Quelques écrivains ont dit que le grade de bri- vénients,car les colonels et mestres de gadier était un grade équivoque, à cause des doubles fonctions qu'ils exer- camp prenant rang entre eux, non par cèrent pendant longtemps; ces écri- vains ont eu raison , car les mestres l'ancienneté de leur nomination à ce de camp , colonels , lieutenants-colo- nels et majors étant brigadiers, sans grade, mais par celle de leur régiment, cesser d'appartenir à leur régiment , il arrivait souvent que l'oflicier qui avait il s'ensuivait que souvent le plus jeune exercé ces fonctions en campagne, se retrouvait à la paix sous les ordres de colonel ou mestre de camp commandait celui qu'il avait commandé pendant la guerre. On fit donc sagement de sup- aux plus anciens. Ces inconvénients, primer ce grade. et les motifs que nous avons exposés Quant aux chefs de brigade des gar- des du corps, de l'artillerie, du génie à l'article Brigade , déterminèrent et des carabiniers, ils avaient des (onc- Louis XIV à ordonner <|ue les briga- tions toutes particulières, et leur au- des eussent des commandants fixes pen- torité ne s'étendait pas au delà des dant la guerre. On choisit donc des corps auxquels ils appartenaient. colonels et mestres de camp d une ex- Il y avait encore les brigadiers bas- périence démontrée, qui conservaient officiers, qui remplissaient dans la ca- valerie des fonctions analogues à celles le commandement de leurs régiments des caporaux dans l'infanterie. Ce grade existe encore de nos jours. Il est en et auxquels on donna en outre par usage dans la cavalerie et dans l'artil- , —lerie. commission, le titre de brigadiers. Sa- Brigand, Brigandine. La bri- gandine était une armure légère faite tisfait des services qu'ils avaient ren- de lames de fer jointes ensemble , et qui tenait lieu de cuirasse aux hommes dus pendant les guerres précédentes de pied. On appelait de son nom, 6/7- Îands , les soldats qui la portaient, le roi donna des brevets à ceux de la -es brigands que la ville de Paris sou- cavalerie, en 1665. Les brigadiers d'in- doya en 1356, pendant la captivité du roi Jean, ayant commis une infinité fanterie ne furent brevetés que le 30 25. mars 1668 : ceux des dragons le furent seulement le 30 juillet 1695. Une ordonnance du 10 mars 1673 régla que le brigadier qui aurait reçu des lettres de service, aurait le com- mandement sur tous les colonels et mestres de camp d'infanterie et de ca- valerie, et que si deux brigadiers d'in- fanterie et de cavalerie se trouvaient ensemble, avec lettres de service, le brigadier d'infanterie, si c'était dans une place fermée, commanderait à ce- lui de cavalerie; mais que dans un lieu ouvert et en campagne , le comman- dement appartiendrait à celui de ca- valerie quelle que fût d'ailleurs l'an- , cienneté dans l'un ou l'autre cas. Néanmoins, le brevet que ces offi- ciers recevaient ne leur donnait aucune autorité particulière; ce n'était que par les lettres de service qui leur étaient Digitized by Google

388 L'UNIVERS. BRI de vols et d'assassinats , le nom qu'ils reconnaître. Celui-ci revint lui annon- cer que, quoiqu'il n'eût vu que six ou avaient porté devint d'abord une in- huit mille combattants , il ne doutait pas qu'ils ne fussent quinze ou seize jure , et, depuis, on continua de le mille, et que les autres ne fussent ca- chés dans une vallée tout auprès. Il —donner aux larrons et aux meurtriers. lui recommanda de chercher, avant de Brigands de la I .oiiii-:. Déno- les attaquer , à leur faire abandonner leur monticule, dont la position était mination odieuse dont quelques Fran- çais , ennemis de la révolution et de très-forte. « En nom de Dieu, nous les rempire , ont voulu flétrir les débris de « irons combattre, >» répondit le comte la vieille armée, retirée derrière la de la Marche, et il donna à l'archi- Loire en vertu de l'armistice signé sous prétre lui-même l'ordre de commencer —les murs de Paris le 3 juillet 1815. l'attaque à la tête de Pavant-garde. Baignais. Petite ville du dépar- L'archiprêtre s'avança avec beaucoup tement du Rhône , a dix kilomètres de bravoure; mais,* comme il l'avait —de Lvon, où se livra, en 13G1 , la ba- annoncé, tandis que le corps qu'il at- taille de ce nom. La population de taquait, logé sur un monticule tout cette ville est aujourd'hui de mille six cents habitants. Brignais (Bataille de), dite des composé de cailloux roulés, l'accablait Tard- Tenus. Une bande fort nom- de pierres, il fut pris en flanc par un breuse d'aventuriers , connue sous le autre corps de même force qui débou- nom de grande compagnie voyez ce ( mot) , v formée dans la Bourgo- chait de la vallée : il fut blessé et fait s était prisonnier, et les soldats qu'il menait au combat furent mis en fuite. Jac- gne. Après avoir ravagé cette province, ques de Bourbon, comte de la Mar- elle résolut d'aller arracher au pape de l'argent et des indulgences; elle se mit en marche, sous la conduite d'un che- che, qui fe suivait de près avec le corps de bataille, ne fut pas moins mal valier gascon , nommé Seguin de Bat- mené : il fut blessé dangereusement ainsi que son fils ; le jeune comte de tefol, et se dirigea sur Avignon, par Forez, son neveu, armé chevalier pour Mâcon et le Forez. Jacques de Bour- bon, comte de la Marche, qui se trou- vait dans le Midi, résolut d'arrêter cette bataille, fut tué; le tuteur de ces brigands. 11 venait de consigner au celui-ci, Regnault de Forez, fut pris, gouverneur anglais, Jean Chandos aussi bien que le comte d'Usez, Ro- les provinces du Languedoc cédées par bert de Beaujeu, Louis de Châlons et le traité de Brétignv, et il avait ob- plus de cent chevaliers; le comte de la tenu de cet officier Tassurance que la Marche et son fils moururent de deux blessures, à Lyon, où ils s'étaient fait grande compagnie n'était point proté- gée par le roi d'Angleterre. Il avait transporter. rassemblé un grand nombre de cheva- liers d'Auvergne, de Limousin, de ««Après leur victoire à Brignais, les Provence , de Savoie et de Dau- brigands des compagnies demeurèrent })hiné , qui lui avaient promis de 'aider à délivrer sa sœur, la com- maîtres du pavs n'ayant plus personne ; à redouter , ils se partagèrent pour , étendre plus loin leurs ravages. Une tesse de Forez , des brigands qui ra- moitié de la compagnie, sous les or- vageaient son pays. «Le 2 avril 1362, dres de Seguin de Battefol, demeura Jacques de Bourbon, comte de la Mar- sur la droite de la Saône, pillant et che , fut averti que la grande compa- gnie s'était logée sur un monticule à mettant à contribution le Méconnais, deux lieues de Lyon , à une lieue de le Lyonnais , le Forez et le Beaujo- lais; l'autre descendit le Rhône, surprit Briguais, château qu'elle avait pris le pont Saint-Esprit et s'y fortifia, et d'assaut et qu'elle avait pillé la veille. de là courut tour à tour sur les deux rives du Rhône jusqu'aux portes d'A- Il chargea rarchiprêtre Regnault de vignon et de Villeneuve (*). » Cervolles, le même qui avait récemment commandé une compagnie , d'aller le (*) Sismoiidi , Histoire des Frauçais , t. X, Digitized by Google

BRI FRANCE. BRI 389 BRiGNOLLES,ville de l'ancienne Pro- pendant Staremberç approche pour vence, aujourd'hui chef-lieu de sous- les dégager. Il s'agit de les enlever préfecture du département du Var , à d'un coup de main. Vendôme s'aper- —cinq myriamètres de Marseille. Dès cevant que ses troupes mollissent* le sixième siècle, cette ville était très- monte lui-même à la brèche pour les importante. Les comtes de Provence Aranimer. ses côtés est le roi d'Es- Îr résidèrent souvent dans la suite et pagne : «Sire, dit-il à Philippe en , prenant un pistolet, ces gens-ci ont es comtesses venaient y faire leurs peur ; car s'ils avaient tiré juste couches, ce qui lui fit donner le nom , de Villa puerorum. Son heureuse si- Votre Majesté et moi nous aurions tuation, la beauté de son climat en déjà été tués. » Son intrépidité rend firent à partir du seizième siècle la se- le courage aux assaillants ; ils se pré- conde capitale de la Provence. Elle fut cipitent avec fureur sur les assiégés, successivement prise par le connéta- les poursuivent de rue en rue, et les ble de Bourbon, par Charles-Quint et forcent de se rendre. Cet important par le duc d'Épernon. succès fut le prélude de la bataille de Villaviciosa, où Vendôme acheva d'af- Brignolles, dont la population s'é- lève aujourd'hui à six mille habitants, fermir la couronne sur la tête de Phi- est la patrie de M. Raynouard auteur lippe V. , Brillât Savarin (Anthelme), né tragique et savant philologue , et de à Belley, le 1 er avril 1755, est auteur Joseph Parrocel, peintre, graveur, et conseiller de l'Académie royale de de la Physiologie du août. Avant la peinture. publication de cet agréaole ouvrage, où Brigode ( Louis -Marie- Joseph , la grâce et l'esprit français se remar- comte de ), né à Lille en 1777, servit l'empereur avec dévouement jusqu'à quent à chaque phrase / Brillât Sava- l'époque de sa déchéance. En 1814, il rin était un magistrat distingué, mais peu connu. Député aux états géné- préta serment au roi Louis XVIII, raux de 1789, il n'y joua qu'un rôle qui récompensa sa fidélité pendant les fort secondaire; cependant sa conduite cent jours, en l'appelant, le 17 août pure et honorable lui mérita d'être 1815, à la chambre des pairs. Dans ce élu juge au tribunal de cassation, puis poste élevé, le comte de Brigode se maire de Belley en 1793. Oblige, de montra le défenseur des libertés pu- s'exiler pour échapper au tribunal ré- bliques. Mais ce qui honore surtout volutionnaire qui le poursuivait com- me fédéraliste, il se retira d'abord en son caractère, c'est qu'il fut l'un des cinq membres de la chambre des pairs Suisse, puis aux États-Unis. Il revint qui, dans le procès du maréchal Ney, en France en 1796, et rentra à la cour refusèrent de se rendre complices des de cassation pendant le consulat. Dès passions du gouvernement. Voyant lors il partagea sa vie entre les tra- u'on ne voulait pas de juges, il refusa vaux sérieux de la magistrature et la c voter pour ne pas augmenter le composition de son ouvrage favori, —nombre des bourreaux. Indifférent aux révolutions politiques, Bbiiiiiéga (prise de). Le duc de il les accepta toutes, et aucune, com- Vendôme, arrière-petit-fils de Henri me on l'a dit fort spirituellement, ne IV, envoyé en Espagne par Louis XIV troubla ses digestions. Son traité de pour rétablir les affaires de Philippe V, la Physiologie du goût est un traité avait ramené le roi à Madrid et chassé de gastronomie ; il contient une foule de réflexions plaisantes et spiri- les Anglais, qui s'étaient retirés vers le Portugal. En 1710 , le général tuelles sur les plaisirs les plus déli- Stanhope s'était renfermé dans Bri- cats de la table, des préceptes sur la huéga avec cinq mille des siens. Ce- conduite à tenir à table, des règles pour préparer certains mets, des recom- pT 5y3 et suiv. Voy. les articles Bandes mi- mandations pour épurer le goût , des uTAiREs, Krabahçons, AVENTURIERS. anecdotes piquante.- ; enfin toutes ces ( Digitized by Google

390 BRI L'UN tirs, bri pages si diverses, alternativement gra- vie et la mort, le marquis survécut à sa » ves et légères , sont écrites avec une femme. D'abord on ignora l'auteur de élégance et une pureté de style que ces crimes ; la mort de Sainte-Croix le leur charme seul peut égaler. fit découvrir. En travaillant à ses opéra- Bbinon t ancienne seigneurie du Nivernais, aujourd'hui département tions infernales, il laissa tomber un mas- que de verre dont il se servait pour se de la Nièvre, à huit kilomètres de garantir des vapeurs du poison, et mou- Clamecy , érigée en marquisat en rut sur-le-champ. Le scellé ayant été 1738. apposé dans son appartement, la mar- Bbin villiebs, ancienne seigneurie, in se de Brinviliiers eut l'imprudence érigée en marquisat en 1660. Voyez e réclamer une cassette dont le com- Motte (la). missaire avait fait l'ouverture, et qui était pleine de lettres d'amour et de Bbinvilliebs ( Marie-Marguerite petits paquets de poison. Les soupçons de ) , fille de Dreux d'Aubrai , lieute- excités par cette découverte furent con- nant civil , épousa de bonne heure le firmes par les aveux que le domestique marquis de Brinviliiers, fils d'un pré- de Sainte-Croix fit dans les tortures sident à la chambre des comptes , et de la question. La marquise fut con- mestre de camp du régiment de Nor- damnée par coutumace a avoir la téte mandie. Elle était de petite taille, jo- tranchée. D'abord elle se sauva en An- lie et très-gracieuse. Son mari ayant gleterre , et de là dans le pays de Liè- introduit dans sa maison un jeune et bel officier de cavalerie du régiment de ge, où elle fut arrêtée. On trouva dans Tracy , nommé Gaudin de Sainte- ses papiers une confession générale écrite ae sa main ; elle s'y accusait d'a- Croix, la marquise conçut pour lui la voir perdu sa virginité à sept ans, et plus violente passion. Leur intimité d'avoir brûlé une maison. Elle fut con- devint bientôt si scandaleuse, que son duite à Paris, avoua tous ses crimes, père, le lieutenant civil , fit enfermer cet aventurier à la Bastille, où il de- et fut brûlée le 16 juillet 1676, après meura près d'un an. Il sortit de pri- avoir eu la téte tranchée. Son supplice son , et continua de voir secrètement sa maîtresse, qui sembla changer de ne fit pas cesser dans Paris les em- manière de vivre. Elle visitait les hô- poisonnements qui se multiplièrent pitaux, et donnait des marques fré- , quentes de piété. Cependant, de con- cert avec son amant , elle méditait la d'une manière effrayante eu 1677 et plus affreuse vengeance. Pendant le 1678, et déterminèrent l'établisse- séjour que Sainte-Croix avait fait à la ment de la chambre ardente (voyez ce mot). Bastille , il avait appris d'un Italien Bbioché (Jean) , fameux arracheur nommé Exili , et connu à Rome par de dents , fut le premier qui mit en plus de cent cinquante empoisonne- vogue, à Paris, les marionnettes en plein ments , l'art de composer des poisons. vent. Ce fut vers 1650 qu'il ouvrit, aux Bientôt sa maîtresse est initiée dans foires Saint-Laurent et de Saint-Ger- ces horribles secrets : elle en fait des main , sur le Pont-Neuf et sur les bon - essais sur les pauvres malades et ré- levards , son théâtre , où il faisait pand la mort autour d'elle. Tous ces jouer ses petits acteurs avec une forfaits n'étaient qu'un prélude au par- adresse merveilleuse. Après avoir long- ricide. Son vieux père et ses frères fu- temps amusé Paris et les provinces, il rent successivement frappés , de 1666 passa en Suisse , et donna des repré- sentations à Soleure. Mais les braves à 1670. On pense bien qu'elle n'épargna spectateurs qu'il y rencontra , surpris, épouvantés par la figure, les gestes et pas son mari; mais, chaque fois qu'elle Us discours de Polichinelle, tinrent lui versait du poison, Sainte-Croix, qui redoutait de s unir à son infâme com- conseil sur cet effroyable spectacle. plice, administrait au malheureux un contre-poison, et ainsi ballotté entre la Après longue et mûre délibération Brioché, reconnu chef d'une troupe de diablotins, fut dénoncé et emprisonné. Digitized by Googl

BHI FRANCE. BU 891 On allait le juger comme magicien, les mettre en ferme générale. Il est quand il obtint son élargissement après probable que, dans ces projets, se avoir expliqué au magistrat le méca- nisme de ses marionnettes. Son fils, trouvait le rétablissement du mon- François ou Fauchou Brioché, ne fut pas moins célèbre que lui dans son nayage au balancier , et que c'est pour noble métier. ce motif qu'on l'en a cru l'inventeur. Briollay ou Bbiolé , ancienne Briot n'ayant pu réussir à faire adop- seigneurie de l'Anjou ( aujourd'hui chef lieu de canton au département de ter en France ses idées, passa en Maine-et-Loire), à six kilomètres (f An- gers* Le baron de Briollay était un des Angleterre, où on les accepta. (Voyez quatre vassaux de l'évêque d'Angers Varin et Monnaies. ) qui étaient obligés de porter ce prélat Briot ( Pierre - Joseph député au le jour de son entrée solennelle dans ) , sa ville épiscopale. Conseil des Cinq -Cents, naquit, en Bu ion , sergent au 14* de ligne, at- teint, le 13 germinal an v, d'une balle 1771, à Orchamp en Franche-Comté. dans la poitrine , mourut en refusant les soins de ses camarades : « La pa- Admis au barreau en 1789 , et nommé « trie ne vous appelle pas , leur dit-il professeur de rhétorique en 1790, il « pour faire l'ofhce des infirmiers ; bat- « tez l'ennemi , et je meurs content. » s'enrôla, avec ses élèves, en 1792. De Brionre , ville du département de retour à Besançon , il s'y livra à la lit- l'Eure, à quatorze kilomètres sud- térature politique , écrivit contre Ma- ouest de Rouen, était autrefois une rat et Robespierre , et fut député par place très-forte. On voit encore quel- les sociétés populaires du Doubs à la ques restes de sa citadelle. C'est à Brionne que fut tenu, en 1040, un Convention nationale , où il parla avec concile provincial , dans lequel on con- damna la doctrine de Béranger. courage (1793). Forcé de retourner à Briord , ancienne seigneurie du la profession des armes pour se sous- Bugey ( aujourd'hui département de l'Ain ) , à douze kilomètres de Belley, traire aux dangers qui menaçaient les érigée en comté eu 1694. partisans de la Gironde , il devint aide Briot (Nicolas) , tailleur général des monnaies sous Louis XIII, est re- de camp du général Réede, puis aban- gardé, mais à tort, comme l'inventeur du balancier. Le balancier fut inventé donna encore une fois la carrière mi- par Brucher ( voyez ce nom ) sous le litaire pour une place de secrétaire à règne de Henri II , et appliqué dès lors à la fabrication des monnaies; mais, l'agence de la manufacture d'horlogerie en 1585, Henri III avait rétabli le à Besançon , établissement dont cette monnayage au marteau , à cause de la cherté du premier. Mais le monnayage ville lui est redevable en grande partie. au marteau ne produisant que des monnaies imparfaites et très-inégales, Ce fut alors qu'il eut une violente con- les faux monnayeurs pouvaient très- testation avec Robespierre jeune qui facilement les imiter impunément. En , 1615, Briot publia un livre sous le titre suivant : Raisons, moyens cl proposi- le dénonça. Atteint parla loi d'incarcé- tions pourfaire toutes les monnaies du royaume à Vavenir uniformes , et ration , il ne recouvra la liberté qu'après faire cesser toutes falsifications , et le 9 thermidor. Il fit alors une éner- gique opposition aux réacteurs , et fut emprisonné comme terroriste. Après avoir vainement réclamé des juges , il fut mis en liberté par ordre de la Con- vention, puis élu officier municipal de Besançon. Proscrit de nouveau , il se réfugia encore dans les camps , entra dans le 8e régiment de hussards, et assista à la célèbre retraite de Moreau, pendant laquelle il fut fait prisonnier. Étant parvenu à s'échapper, Briot fut nomme, par le Directoire, accusateur public près le tribunal criminel du Doubs, et devint, en l'an vi, membre du Conseil des Cinq-Cents, où il ren- força le parti républicain. L'assem- blée* l'appela peu de temps après , aux , fonctions de secrétaire pendant les- , quelles il prononça un discours fort Digitized by Google

392 BRI L'UNIVERS. remarquable sur la nécessité de créer aux rigueurs du parti victorieux. Il ne tarda, cependant pas à être affranchi une commission spéciale pour les me- de la surveillance de la police , et fut sures législatives qui pourraient être successivement appelé, par l'entremise de Lucien, aux fonctions de secrétaire utiles en cas de guerre. « Déjà , dit-il général de la préfecture du Doubset de commissaire du gouvernement à l'île « le cri de guerre se fait entendre. Les d'Elbe. Là, de violents démêlés s'éle- vèrent entre lui et le général Rusca , « ennemis ont prononcé ce mot. Eh gouverneur de Mie, et il offrit plu- sieurs fois sa démission , que l'on re- « bien , nous acceptons la guerre ; « notre gloire, notre intérêt l'exigent fusa constamment. En 1806, il se rendit àNaples,oùle roi Joseph le choisit pour • et la liberté de l'Europe nous appelle être intendant des Abruzzes. Nommé « au champ du combat. Nos bras s'é- ensuite au même poste dans la Cala- « nervent , nos finances s'épuisent , le bre , il s'y distingua par une vigou- reuse résistance, lors du débarquement « peuple est impatient de voir son sort des Anglais, en 1809 : ce qui le fit en- « assuré. Il veut la paix ou la guerre, trer au conseil d'État napolitain dès les premiers jours du règne de Joa- ' parce que toute autre situation ne chim Murât. Celui-ci s'étant déclaré contre la France, Briot, toujours pa- « sert qu'à prolonger ses maux , et à triote, ne voulut plus continuer ses services auprès de lui, et revint dans « lui rendre insupportable le fardeau son pays. Il y rejeta les offres de la restauration , et vécut depuis dans la «des contributions; parce que dans retraite, exclusivement occupé d'agri- « ses mains le bronze et l'airain accé- culture et d'opérations industrielles. Il « lèrent la paix , bien plus que toutes mourut à Auteuil en 1827, plus pau- vre qu'à son entrée dans les fonctions « les ruses de la diplomatie.» Ce fut lui publiques. On a de lui divers écrits politiques, et des traités élémentaires qui proposa d'assimiler aux émigrés de littérature et de législation. les prêtres condamnés à la déporta- Briot (Pierre-François), frère du tion, qui ne se présenteraient pas précédent professeur d'anatomie à , dans le délai d'un mois. Dans l'affaire Besançon , est auteur d'une Histoire des naufragés de Calais , il combattit de Uétat et des progrès de la chirur- gie en France pendant les guerres de fortement l'opinion de Duviquet, qui la révolution, in-8°, 1817 , ouvrage qui a été couronné , en 1815 , par la voulait qu'on appliquât à ces malheu- société médicale de Paris. reux les peines contre les émigrés ren- Bbiotkt (Jacques) , né en Bourgo- gne , en 1746, était premier chirur- trés, et, en entraînant l'assemblée à gien à l'Hôtel-Dieu , et directeur de Phôpital Saint-Louis , à Paris , lors- son avis, il arracha soixante-deux per- nu'il fut appelé, en 1777, par leprince- sonnes à une mort certaine. Plusieurs evêque Massalska , à l'université de Wilna. Il y contribua puissamment à fois il attaqua vivement les dilapida- l'organisation de la faculté de méde- cine, devenue depuis l'une des plus teurs de la fortune publique; à la célèbres de l'Europe. Il ne cessa dans la suite de donner des preuves de se3 séance du 30 août, il fit un tableau, talents , de son zèle , et de son atta- chement à la cause de 6a patrie adop- aussi vrai qu'affligeant, de la situation intérieure et extérieure de la républi- que, dans un discours qui produisît une grande sensation. Plusieurs fois il dénonça le diplomate Talleyrand, et s'éleva contre les actes arbitraires du Directoire. Au 18 brumaire, Briot se fit remarquer parmi les membres les plus énergiques de l'opposition répu- blicaine; ce fut lui qui, au moment où Lucien Bonaparte, l'un des prin- cipaux conjurés, descendait de la tri- mbune, après avoir renouvelé le serment à la constitution de l'an , s'écria : Moniteur, écrivez. Il sortit l'un des derniers de la salle, avec huit de ses collègues, ayant, comme lui, le pisto- let à la main. Briot ne fut point oublié parmi les citoyens que l'inflexibilité de leur républicanisme avait désignés Digitized by Google


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