BOU FRANCE. 193 avec une poignée de braves montrent réunion ; de là par un vent favorable , combien était juste la pensée du géné- trois heures pouvaient suffire , dans ral Hoche; malheureusement aucun les grandes marées pour les conduire secours ne put rallier la division Hum- , à Douvres avec les phalanges victo- bert ; et malgré des prodiges de va- rieuses qui , des plaines de l'Allemagne , leur qui lui valurent l'admiration et de l'Italie , étaient venues se pres- même des Anglais, elle fut réduite à ser dans le camp retranché de Bou- mettre bas les armes. logne , en vue des côtes de l'Angleterre. A son retour d'Ëgypte, Napoléon Impatients de s'élancer sur les flots débuta par la bataille de Marengo, qui mais ne pouvant devancer le signal du contraignit l'Autriche à subir le traité départ toujours ajourné par de nou- de Lunéville en février 1801. De son veaux incidents, les soldats français côté , à la suite de plusieurs entreprises s'exerçaient sans relâche à la ma- inutiles contre Boulogne, l'Angleterre nœuvre des chaloupes canonnières. consentit à signer la paix d'Amiens , le A trois reprises différentes , deux fois 25 mars de l'année 1802. Mais cette en 1803, et une fois en 1804, Napo- puissance, qui n'avait considéré la léon vint les encourager par sa pré- paix que comme une trêve nécessaire sence, et applaudir à l'intelligence et pour le rétablissement de ses Gnances, à la célérité avec lesquelles ils s'em- refusa de donner à ses troupes l'ordre barquaient et descendaient à terre. d'évacuer Malte quoique l'article 10 Cependant il modérait leur ardeur; , et, ne pouvant avouer la cause de du traité d'Amiens lui imposât l'obli- gation formelle de remettre cette île sa temporisation encore plus habile aux chevaliers de Saint-Jean de Jéru- que prudente, il multipliait pour eux salem dans les trois mois de la ratifi- les motifs de distraction , soit en leur cation du traité. Profitant alors de donnant des fêtes, soit en occupnt l'état de neutralité auquel il avait sou- leurs bras à des travaux de défriche- mis les puissances absolues de l'Eu- ment ou à la construction de nouvelles rope, Napoléon déclara la guerre aux routes. Ce qu'il attendait, personne Anglais en 1803, et reprit les hostilités ne s'en doutait encore , et ce fut seu- avec l'intention avouée d'opérer enfin lement en 1805 qu'il en fit l'aveu , après l'abandon de tous ces grands prépara- une descente dans leur île. A cet effet, il ordonna la formation de plusieurs tifs qui avaient duré trois ans. camps dans les environs d'Ostende, de Les Anglais tournèrent d'abord en ridicule les projets du camp de Bou- Dunkerque, d'Ambleteuse, d'Étaple et de Boulogne, ville où avait été concen- logne. Cependant, après avoir épanché trée une Hottille dès 1801 , et où furent leur verve satirique en un torrent de alors dirigés environ cent cinquante quolibets et de caricatures après mille hommes. Il fit en outre cons- , truire un nombre considérable de cha- avoir beaucoup ri des menaces du dieu Mars, auquel ils opposaient Ictrident loupes canonnières, de prames, de de Neptune, peu à peu ils ressentirent péniches , de toutes sortes d'embarca- les atteintes de l'inquiétude, et aux tions faibles d'échantillon, ne présen- premiers élans de leur gaieté succéda tant presque pas de prise à l'artillerie bientôt une terreur panique. « Une des gros navires par leur peu d'éléva- flotte anglaise ayant paru dans la rade tion au-dessus des eaux, mais égale- de Torbay dans un moment où elle ment capables de servir aux transports n'était point attendue, et n'ayant point des troupes, et de se défendre, par leur répondu d'abord aux signaux de la nombre, contre les attaques des vais- côte, la consternation fut au comble seaux de ligne. En quelques mois, mille sur ce point; le bruit de l'apparition embarcations de ce genre sortirent des des Français se répandit avec une ef- chantiers et des rivières de la France, frayante rapidité, et les maisons fu- de la Belgique et de la Hollande. La rent abandonnées jusqu'à plus de vingt rade de Boulogne fut le lieu de leur lieues dans les terres. Vainement on T. m. 13 e Livraison (Dict. encycl., etc.) 13 Digitized by Google
194 BOU L'UNIVERS. BOU reconnut promptement la cause de échoué dans cette entreprise. Dès le 9 Terreur, des mesures excessives furent septembre 1801, cet amiral s'était pré- adoptées à la hâte par les agents du senté une première fois devant Boulo- gouvernement. On donna l'ordre de gne avec trente bâtiments de guerre déployer le drapeau rouge sur toute de toutes grandeurs. Une division de Tétendue des cotes du royaume-uni, la flottille légère française était mouil- avec injonction de ne faire aucun lée à cinq cents toises de l'entrée du quartier aux Français, dans la crainte port. Les bombardes anglaises com- que le nombre des prisonniers venant mencèrent le feu au point du jour, à à augmenter, ces barbares, quoique dix-neuf cents toises de la ligne fran- désarmés, ne parvinssent à compro- çaise plusieurs fois la flotte anglaise ; mettre la sûreté de l'État. On établit, voulut s'avancer; les soldats embar- dans toutes les directions, des si- qués abord de la flottille demandaient gnaux, au moyen desquels cinquante l'abordage. Vers midi, Nelson, voyant mille hommes armés pouvaient être qu'il n'avait pu forcer cette avant- réunis sur le même point. Tous les che- garde à rentrer dans le port de Bou- vaux, toutes les voitures furent mis à la logne, s'éloigna après avoir jeté inuti- disposition du gouvernement. La levée lement, huit à neuf cents bombes, qui en masse fut ordonnée, et, comme on n'atteignirent personne. manquait de fusils pour armer cette Cinq jours après, la flotte de Nelson milice, on eut recours au moyen em- reparut plus nombreuse et accompa- ployé en France en 1793: on distri- gnée d'un grand nombre de frégates, bua des piques et d'autres instruments de péniches, .de bricks et de chaloupes offensifs. On décréta aussi une levée canonnières. Il mouilla à trois mille extraordinaire de cent mille matelots; toises de l'avant-garde française, qui - et la presse, cette odieuse mesure de occupait toujours une position à cinq Arecrutement, fut exercée avec une ri- cents toises en avant du port. mi- ueur qui n'avait pas encore eu nuit trois quarts, une chaloupe fran- a 'exemple. On arma avec une artille- çaise d'observation annonça Tattaque; rie formidable les côtes les plus mena- le feu commença des deux côtés avec cées ; on construisit même, à grands la plus grande vivacité. Les bombes, frais, des écluses pour inonder tout le le canon, la mousqueterie , présen- comté d'Essex; enfin le gouverne- taient au milieu des flots un spectacle ment prit des dispositions pour qu'à tout à fait imposant ; aucune batterie la première nouvelle du débarquement de terre ne put tirer, de peur d'atteindre des Français, on incendiât les forêts, les chaloupes françaises au lieu de frap- les villages, les moyens de transport, per celles des ennemis. Six péniches an- on détruisît les chemins, les canaux, glaises attaquèrent la chaloupe canon- on démantelât les villes, on égorgeât nière YEtna; le capitaine Pévrieux, tous I '-s bestiaux qui ne pourraient pas ui la commandait, tua de sa main être emmenés dans l'intérieur du pays. eux matelots ennemis. Presaue toutes Les plus riches habitants de Douvres les chaloupes canonnières françaises se réfugièrent à Cantorbéry, et des furent en même temps abordées ; mais travaux de fortifications furent com- les péniches anglaises trouvèrent par- mencés autour de Londres (*). » tout une résistance vigoureuse; par- Ce n'était pas sans cause que les tout elles furent repoussées. Les plus Anglais avaient ainsi passé d'un excès braves des Anglais qui tentèrent l'a- de sécurité à un excès de trouble. bordage furent tués, blessés ou faits Toutes les manœuvres de leurs marins prisonniers; la ehaloupe la Surprise fit avaient été impuissantes pour détruire couler bas quatre péniches anglaises. la flottille de Boulogne; Nelson, lui- Pendant que le front de cette ligne sou- même, le vainqueur d'Aboukir, avait tenait le combat avec un tel avantage, une division anglaise s'efforçait de la (*) FietoirêS *t conquit**, t. XV, p. 76. tourner en passant entre la terre; Digitized by Google
BOU FRA CE. BOC 105 mais, comme à Algésiras, les Anglais Rivoli, Castiglione, aux Pyramides, à furent trompés dans cette manœuvre. Aboukir, à Marengo. Le soldat le Foudroyés par l'artillerie déterre et le feu des chaloupes, ils se retirèrent voyait assis sur le siège antique de après une perte considérable. Lés ac- Dagobert ; mais ces étendards lui rap- tions de courage se multiplièrent du- pelaient que Napoléon devait toute rant cette nuit; on vit des soldats ar- sa renommée, tout son pouvoir, à sa racher des mains des Anglais les piques valeur guerrière et à ses talents mili- dont ils étaient armés, et les percer taires. Devant lui étaient portées les ensuite avec leurs propres lances, tan- décorations de la Légion d'honneur dis que d'autres leur renvoyaient les dans les boucliers et les casques de grenades lancées sur leur bofd. Duguesclin et de Bayard. Saisis d'une émotion religieuse, on vit des officiers Après la rupture de la paix d'A- et des soldats venir baiser le bouclier miens, les Anglais demeurèrent pen- du chevalier sans peur et sans repro- dant six mois tranquilles spectateurs che. L'empereur paraît; l'allégresse des mouvements des chaloupes fran- est universelle; les troupes agi lent çaises , et ne purent empêcher d'arri- leurs armes , et voient avec joie les ver à leur destination les embarca- plus braves recevoir une décoration tions que Ton y conduisait des côtes que tous espèrent mériter. de la Belgique et dé la Hollande, de Cependant , tandis que Napoléon Dieppe et du Havre. Un engagement Bonaparte encourageait ainsi ses sol- dats a de nouveaux combats, l'An* eut lieu entre une division venant d'Os- gleterre méditait avec ses armes ordi- tende, commandée par l'amiral hol- naires d'incendier Boulogne et sa flotte. landais Verhuel, et une escadre de Le 3 octobre 1804, l'amiral Keith bAtiments de guerre anglais, composée parut en vue de Boulogne , avec de vaisseaux de ligne, de frégates et cinquante-deux vaisseaux; vingt-cinq de corvettes. Ils firent un feu terrible, étaient de petits bricks de peu d'ap- mais ils ne purent arrêter la marche parence; leur faible échantillon fit des chaloupes qui continuèrent, mal- juger à l'amiral Brueix que ce devaient être des brûlots. Toutes les circonstan- , ces étaient favorables aux Anglais pour diriger ces bâtiments incendiaires sur gré leurs décharges, de louvoyer le les Français ; les vents et la marée por- long des côtes , et endommagèrent beaucoup la flotte : l'avantage demeura taient en même temps vers la côte. L'a* aux chaloupes. Au printemps de l'an- mirai Brueix j ugea enconséquence qu'il née 1804, Napoléon, nommé empe- allait être attaqué. Des barrages furent établis en avant de la ligne Irançaise, reur, s'empressa de créer la Légion à la droite et au centre; des canots d'honneur, dont l'aigle devait être dé- bien armés furent envoyés avec des sormais la récompense de tous les ser- péniches à gros obusiers pour détour- vices éminents rendus à la patrie. ner les brûlots. L'attaque commença Cette honorable distinction avait été effectivement sur les dix heures au distribuée pour la première fois dans soir. Les Anglais détachèrent sur tout le temple de la valeur guerrière , au le front de la ligne française plusieurs sein des Invalides, en présence des cen- dres de Turenne. Ce fut au milieu des brûlots qu'ils dirigèrent, avec leurs braves qui menaçaient l'Angleterre sur embarcations, jusqu'à une certaine dis- 1rs côtes de Boulogne que l'empereur tance ; et, lorsqu'ils les avaient aban- décerna pour la seconde fois, le 15 donnés, le vent et les flots les pous- août 1804, le prix de la vertu militaire. saient également sur les chaloupes Les troupes françaises étaient barra- quées sur l'emplacement d'un ancien Afrançaises. leur vue , ces bâtiments camp romain. De sou trône, Napo- ouvraient un passage , de manière que presque tous les brûlots écla- léon apercevait les côtes ; il était en- tèrent en dedans de la ligne, très*. touré , non des images de ses ancêtres, mais d'un trophée d'armes formé des 13. drapeaux pris à Moutenote , Arcolc Digitized by Google
BOU I/UNIVERS. près du rivage. Onze d'entre eux sau- plus près de la batterie impériale. Ce- tèrent depuis dix heures et demie du lui-ci , qui était d'un volume bien plus considérable, produisit une commo- soir jusqu'à quatre heures du matin. Ces brûlots étaient de trois espèces tion tellement torte , qu'elle fut sentie différentes ; les premiers étaient des à Boulogne et à plus d'une demi-lieue sloops, des cutters et autres bâti- Adans les terres. trois heures et de- ments; les seconds, des espèces de mie , le feu cessa entièrement ; tous les bâtiments rentrèrent en ligne , et coffres longs de vingt pieds et larges chacun se porta à son poste ; de ma- nière que les Anglais purent voir que de trois , sans mâture; leur peu d'élé- vation au-dessus de l'eau les rendait très-difficiles à apercevoir dans l'obs- l'on était disposé à combattre, et qu'il curité; et les troisièmes étaient des n'existait dans les rangs aucun vide; barils remplis d'artifices . posés verti- aussi n'osèrent-ils pas attaquer. calement à l'aide d'une mécanique , et Telle fut l'issue de cette tentative que s'enflammant aussitôt que le brûlot les Anglais méditaient depuis long- touchait un corps qui lui offrait de la temps, mais qui tourna à leur déshon- résistance. Chacun de ces brûlots était neur et dans laquelle ils perdirent beau- rempli de différentes sortes d'artifices; coup de monde. « Je la nomme horrible ils lançaient une grande quantité de « et lâche,» dit dans son rapport le maré- morceaux de bois creusés et chargés chal Soult (qui depuis a singulièrement d'une composition inflammable, qui modifié ses opinions sur le compte des s'allumait à l'aide d'une mèche sem- Anglais), «je la nomme horribleet lâche, blable à celle des bombes. A dix heures « parce que c'est un attentat horrible et demie le premier brûlot éclata vis- « contreles loisde la guerre, que de cher- à-vis la batterie des grenadiers ; il pro- « cher à faire périr une armée par des « moyens qui n'exposent à aucun dan- duisit une gerbe immense de feu ; ses débris portèrent jusque sur la côte, « ger;parcequ'onnepeut voirqu'unein- mais personne n'en fut atteint. Trois « signe lâcheté dans une attaque pareille autres éclatèrent successivement entre « de la part d'une croisière , ayant trois « fois plus de canons que la partie de le fort de la Croix et celui de la Crèche, et vers la batterie des bombardiers, « flottille française qui était en rade. sans produire plus d'effet. Après ces « Pourquoi Kcith n a-t-il pas imité la premières explosions, le feu se ralen- « conduite de Nelson ? et n'a-t-il pas tît pendant une demi-heure. Le contre- « voulu combattre la flottille française amiral Lacrosse en profita pour par- « corps à corps ? Cette entreprise , courir la ligne , et faire prendre leur « quel qu'en eût été le succès , aurait rang à quelques bâtiments qui avaient « mérité notre estime : s'attaquer ca- filé leurs câbles. Il était à la hauteur « nons contre canons , baïonnettes des dunes, avec plusieurs officiers de « contre baïonnettes, tel est le droit l'état-major de l'amiral Brueix , lors- « de la guerre. Mais une nation qui qu'il aperçut un brick dont la voilure « n'emploie pour sa défense que des , , lui parut suspecte ; il fit immédiate- « poignards , des complots , des brû- Ament tirer dessus. peine était-il « lots , est déjà déchue du rang qu'elle « prétend occuper. L'histoire nous éloigné d'une demi-portée de pistolet, que le bâtiment sauta et produisit uue « apprend que lorsque les nations , explosion beaucoup plus forte que « sont capables et dignes d'obtenir la toutes les précédentes, mais dont heu- « victoire , elles méprisent , comme reusement il n'y eut que peu de per- « Fabricius, les offres des médecins sonnes blessées. L'attaque se porta « de Pyrrhus , tandis qu'au moment ensuite vers la droite; trois brûlots « de leur décadence les moyens les sautèrent à la hauteur du port de Vi- « plus perfides leur sont bons. » mereux, deux à la gauche de la» Crèche, L'Angleterre aurait été cruellement deux entre le Châtillon et le fort de punie de ce nouvel attentat si la par- l'Heurt , et enfin le dernier, beaucoup tie secrète du plan de Napoléon avait Digitized by Google
BOIT FRANCE. 197 Enpu se réaliser. effet, cette flottille forts contre une puissance aussi dif- de chaloupes canonnières, ces conuil- ficile à atteindre, il résolut de sou- les de noix contre lesquelles la bra- mettre d'abord le continent, pour voure anglaise ne trouvait que des l'opposer ensuite à cette puissance : brûlots à lancer, c'était bien moins c'était non pas renoncer à sa première une arme offensive qu'une manière Pensée , mais seulement en suspendre de gagner du temps , et qu'une ruse exécution. En ce sens, on peut re- adroite qui servait à masquer un coup garder le non succès de l'expédition plus savamment combiné. Pendant de Boulogne comme la cause de ce que les manœuvres du camp de Bou- fameux blocus continental (voyez ce logne tenaient en haleine les soldats mot), qui devint effectivement, dès français , le vice-amiral Villeneuve re- 1806, la loi suprême de l'Europe. cevait l'ordre de sortir de Toulon et, Bien qu'il ait échoué, le plan de des- , cente en Angleterre conçu par Napo- après avoir rallié l'escadre espagnole, de cingler vers les Antilles, où la léon est, sans contredit, 'une des plus flotte anglaise ne manquerait pas de heureuses inspirations de ce grand le suivre. Les vaisseaux anglais une homme de guerre. Voici comment il en parle lui même dans une note fois écartés des mers de l'Europe par cette diversion , il devait revenir en adressée en septembre 1805 au mi- toute hâte sur Brest, où le vice-ami- nistre de la marine : « Quel a été ral Gantheaume n'attendait que son « mon but dans la création de la flot- arrivée pour faire voile vers r Angle- « tille de Boulogne? Je voulais réu- terre. Villeneuve exécuta avec succès * nir quarante ou cinquante vaisseaux une partie de ces instructions. Ayant « de guerre dans le port de la Marti- échappé aux croisières qui bloquaient « nique, par des opérations combi- Toulon, il opéra sa jonction avec les « nées de Toulon , de Cadix , du Fer- Espagnols, et attira une partie des « roi et de Brest; les faire revenir forces navales des Anglais dans les pa- « tout d'un coup sur Boulogne ; me rages de l'Amérique. Mais , à son re- « trouver pendant quinze jours mat- tour, moins heureux ou moins habile, « tre de la mer; avoir cent cinquante il perdit un temps précieux pendant « mille hommes et dix mille chevaux , « campés sur cette côte, trois ou quatre lequel les ennemis rassemblèrent des forces supérieures ; et enfin, non-seu- « mille bâtiments de flottille, et aussi- lement il se laissa rejoindre par Nel- « tôt le signal de l'arrivée de mon son, qu'il avait d'abord si bien trompé, « escadre débarquer en Angleterre, , mais il accepta le combat dans les con- « m'emparer de Londres et de la Ta- ditions les plus défavorables. La dé- « mise. Ce projet a manqué de réus- faite de Trafalgar fut la suite de cette « sir. Si l'amiral Villeneuve , au lieu imprudence. « d'entrer au Ferrol , se fût contenté D'un autre côté, le cabinet de Saint- « de rallier l'escadre espagnole, et ertt James, toujours avec son même plan « fait voile sur Brest pour se réunir de diversion , avait de nouveau ral- « avec l'amiral Gantheaume, mon ar- lumé la guerre en Europe, et, pour « mée débarquait, et c'en était fait victime expiatoire jeté l'Autriche « de l'Angleterre. Pour faire réussir , « ce projet , il fallait réunir cent cin- sous les pas de l'armée française. Quel- « quante mille hommes h Boulogne ques jours avant le combat de Trafal- gar eut lieu la capitulation d'UIm, et « y avoir quatre mille bâtiments de « flottille, un immense matériel, em- moins d'un mois après la victoire de Nelson l'empereur était à Vienne. « barquer tout cela, et pourtant ém- , Voyant qu'il n'éprouvait que des dé- et pécher l'ennemi de se douter de sastres sur les flots, tandis que tout « mon projet; cela paraissait impos- cédait à ses armes sur le continent, \" sible. Si j'y ai réussi, c'est en faisant Napoléon changea dès lors de sys- « l'inverse de ce qu'il semblait qu'il tème , Au lieu de consumer ses ef- « fallait faire. Si cinquante vaisseaux Digitized by Google
198 Bor L'UNIVERS. boit « de ligne devaient venir protéger le encore inconnue, et qui venait, pour a passage de l'armée en Angleterre « il n'y avait besoin d'avoir a Boulo- ainsi dire , se mettre d'elle-même au « gneque des bâtiments de transport, « et ce luxe de prames, de chaloupes service des nouveaux principes. Il est « canonnières, de bateaux plats, de « péniches , etc. , tous bâtiments ar- difficile de savoir si c'est par ignorance « més, était parfaitement inutile. Si « j'eusse ainsi réuni quatre mille bâ- ou par dédain que Napoléon n'en fit « timents de transport, nul doute que « l'ennemi n'eût vu que j'attendais la pas usage ; dans un cas comme dans « présence de mon escadre pour tenter l'autre , la chose est également regret- table , car l'occasion perdue ne s'est « le passage; mais en construisant des plus représentée, et Napoléon a pu « prames etdes bateaux canonniers, en • armant tous ces bâtiments, c'étaient croire que la conquête de l'Europe « des canons opposés à des canons « des bâtiments de guerre à des bâti- était une des nécessités de sa position. « ment s de guerre, et l'ennemi a été Ce qu'il y a de certain, c'est qu'à au- « dupe : il a cru que je me proposais cune époque de la révolution, le pacte « de passer de vive force, parla seule secret qui unissait les cours absolulis» « force militaire de la flottille. L'idée tes à l'aristocratie anglaise ne fut « de mon véritable plan ne lui est pas « venue; et lorsque les mouvements rompu, et qu'au moment où l'expédi- « de mes escadres ayant manqué, il « s'est aperçu du danger qu'il avait tion de Boulogne paraissait devoir « couru , l'effroi a été dans les con- commencer , l'Autriche et la Russie « seils de Londres, et tous les gens « sensés ont avoué que jamais l'An- entrèrent en campagne , tant les dé- « gleterre n'avait été si près de sa fenseurs des vieux privilèges et des « perte. » abus du passé ont toujours senti le Quel malheur que la fortune ait dé- joué un pareil plan ! Que de grandes besoin de se soutenir mutuellement, choses Napoléon aurait pu faire en- suite , sans prodiguer le sang des peu- pour retarder la régénération du ples dans ces luttes gigantesques où il monde moderne. a fini par succomber ! Sans l'appui sans Torde l'Angleterre, l'Autriche, la Le camp de Boulogne , formé en Prusse et la Russie n'auraient jamais pu prévaloir sur la révolution fran- 1803 , fut levé en 1805 ; mais , dès çaise ; c'en était fait de la vieille aris- tocratie et de l'ancien régime ; le 1801 , comme on l'a vu, les hostilités monde, purifié et rajeuni, allait entrer avaient commencé sur ce point, et dans une ère nouvelle. Les projets du camp de Boulogne sont donc un des elles ne furent suspendues qu'un mo- {)lus beaux titres de gloire de Napo- éon. Malheureusement il se découra- ment par la paix d'Amiens. On a vu gea trop tôt. Même après la défaite également que si Boulogne fut le prin- de Trafalgar, l'Angleterre pouvait en- cipal théâtre des préparatifs , et le core être vaincue sur son propre sol : ces phalanges invincibles, que la flotte rendez-vous général , d'autres villes française avait vainement essayé de cependant furent aussi garnies de transporter à Londres, Fulton offrait un moyen nouveau de les y conduire; troupes ; de Bordeaux à Ostende ce moyen, c'était la vapeur, puissance , toute la côte de la France avait pris une attitude menaçante. Boulogne (comté de) , Boulenois , ou Boulonnais , en latin Gesoriacus, puis Bononiensis pagus. Ce pays fai- sait partie du territoire des Morins, à l'époque de la conquête des Gaules par César. A la fin du quatrième siè- cle , il était compris dans la deuxième Belgique, dont il formait , sous le nom de civitas Bononiensium , le douzième diocèse. Lorsque après la première invasion de Clodion , les di- verses tri hus des Francs se partagè- rent les cités qu'ils avaient conquises, Boulogne, comme Térouenne, Cam- bray et Tournay , eut un roi particu- lier. On sait comment Clovis qui ré- , gnait à Tournay s'empara de toutes , Digitized by Google i
lor FRA CE. BOC 199 *és petites royautés, et étendit sa do- d'Angleterre , et combattit à la bataille mination sur la plus grande partie d'Hastings , où il fut blessé. Il reçut des Gaules. Le Boulonnais suivit en récompense des domaines considé- alors les destinées de la Neustrie rables dans ce pays. Mais bientôt puis il fit partie du Ponthieu jusque après , à la sollicitation du roi de France, il prit parti contre Guillaume, Avers le milieu du neuvième siècle. cette époque, Helgaud er titulaire de et chercha a lui enlever le trône qu'il I, ce comté , le donna comme dot de avait contribué à lui donner. Ces Berthe, sa fille, à Hernequin, neveu tentatives n'ayant eu aucun succès , il fit la paix avec son ancien allié. Il mou- de Baudouin le Chauve, comte de Flandre. Hernequin fut donc le pre- rut en 1093, laissant d'Ide, sa seconde mier comte de Boulogne. Il mourut femme, Godefroi , créé, en 1076, mar- en 882, et eut pour successeurs : Îjuis d'Anvers par l'empereur Henri , 2° Régnier. Raginaire ou PaaU V, puis duc de Bouillon et de la basse r naire , son fils , assassiné vers l an Lorraine , et enfin élu roi de Jérusa- 900. lem en 1099; Eustache, qui suit, et Baudouin qui après avoir été comte 3° Erkenger, qui, après avoir com- ,, battu pour Charles le Simple, se ran- d'Edesse , succéda à son frère sur le §ea, en 896, parmi les partisans d'Eu- trône de Jérusalem. es, rival de ce prince. 13° Eustache III épouse, en 1102, 4° Après la mort d'Erkenger , Bau- Marie, fille de Malcome III, roi d'É- cosse, et sœur de Mathilde, femme de douin le Chauve, comte de Flandre , Henri I\", roi d'Angleterre. Il meurt s'empara du comté de Boulogne. 5° 11 le laissa, en mourant, à Adolfe en 1125, ne laissant qu'une fille, ou Adalolfe, le second de ses fils. ; 14° Mahaut ou Mathilde, épouse 6° Celui-ci mourut en 933 , et eut & Etienne, troisième fils d'Etienne, pour successeur son frère aîné , Ar- comte de Blois. Ce prince s'empare , en nouly comte de Flandre. 1 1 35 , du trône d'Angleterre , au détri- ment de sa cousine l'impératrice Ma- 7° A la mort d'Arnoul , en 965 , Guillaume, comte de Ponthieu, s'em- thilde, et cède, en 1150, le comté de para du Boulonnais, et le donna à son Boulogne à son fils fiL Ernicule auquel succédèrent : 15° Eustache IV. Celui-ci avait , 8° Gui à la Barbe Blanclie , épousé, en 1140, Constance, fille de Louis le Gros; mais il mourut en 1 153 9° Baudouin II, fils de Gui, qui fut tué en 1033 par sans postérité. 10° Enguerrand, comte de Pon- 16» Guillaume II, son frère , reçut après lui, l'investiture du comté de tlJeu, qui se rendit ensuite maître du Boulonnais , mais à la mort duquel ce Boulogne; mais, quoiqu'il fût le seul comté retourna à héritier mâle de son père, il n'eut 11° Eustache Ier, dit à VOEU, fils point après lui le trône d'Angleterre de Baudouin II. ce prince ayant adopté pour son suc- 12° Son fils Eustache II, surnommé cesseur Henri , fils de Mathilde. Guil- aux Grenons, lui succéda, et ajouta laume meurt en 1159, sans postérité. à ses États une grande partie de l'Ar- 17° Marie, dernier enfant d'Etienne tois. Veuf en premières noces de et de Mahaut, était abbesse de Ramsei, en Angleterre lorsque son frère mou- Goda, fille d'Ethelred II, roi d'Angle- , terre, il épousa, en 1057, à son retour rut. Elle épousa, malgré ses vœux, de Rome, où il avait été chargé de Mathieu d'Alsace, fils puîné du comte reconduire le pape Victor II , après le de Flandre. Celui-ci, après s'être dis- conrile de Cologne, Ide, fille du duc tingué tantôt comme allié du roi de Godefroi de Bouillon , dit le Barbu France , tantôt parmi les partisans du roi d'Angleterre, dans les guerres que et recul pour dot le château de .Bouil- se firent ces deux princes, mourut as- lon, îl.suivit, en 1066, Guillaume, duc de Normandie, dans son expédition sassiné en 1173. Digitized by Google
200 BOU L'UNIVERS. BOU 18° Ide, sa fille, lui succéda, et où il fut proclamé roi en 1248 , et où il épousa, en 1249, Béatrix de Cu- épousa successivement Mathieu II, X,sange, fille naturelle d'Alphonse Gérard de Gueldre, Berthold de Ze- ringhen et Renaud de Dammartin. roi de Castîlle. Mahaut mourut à Bou- logne en 1258, sans laisser de pos- Celui-ci, à la suite de démêlés qu'il térité. avait eus avec Philippe-Auguste, en- 20° Henri III. duc de Brabant , lui tra dans la ligue formée contre ce succéda , et vendit le comté de Bou- {irince par Othon IV, empereur d'Al- logne à 21° Robert V, comte d'Auvergne, emagne, Ferrand, comte de Flandre, auquel succédèrent ses deux fils et Jean sans Terre , roi d'Angleterre. 22° Guillaume XII d'Auvergne, en Il attaqua, en 1213, à la tête de la ', flotte anglaise , celle de la France, qui 1277, et son frère 23° Robert VI, d'Auvergne, en était mouillée auprès de Dam. Il rut 1279, vainqueur, coula cent navires fran- 24° Robert VII, d'Auvergne, dit le çais, et en prit trois cents. Mais il Grand, succéda à Robert VI, en 1314. 25° Guillaume XIII, d'Auvergne, échoua dans son attaque contre la ville fils de Robert VII , ne laissa qu*une de Dam. Il se trouva ensuite à la ba- fille, taille de Bouvines, et y fut fait pri- 26° Jeanne, qui épousa en secondes sonnier. Philippe-Auguste lefitd'abord noces , en 1 350 , le duc de Normandie qui fut depuis le roi Jean. garder à Bapaume; mais ayant ap- 27° Elle n'en eut qu'un fils, Phi- pris qu'il continuait d'avoir des intel- lippe de Rouvre, qui mourut sans ligences avec le comte de Flandre , il postérité en 1 361 28° et 29° Jean /\" lui succéda dans le fit enfermer au château de Péronne les comtés d'Auvergne et de Boulogne, où il mourut de désespoir en 1227. qu'il laissa , en 1394, à Jeanne II, sa lille. Celle-ci avait épousé, en 1389, Pendant sa captivité, Louis, depuis Jean , duc de Berri , lils du roi Jean. Ce fut elle qui , en 1393 , sauva la vie Louis VIII, fils de Philippe-Auguste, à Charles VI , dans un bal où ce prince, déguisé en sauvage, faillit périr par le administre! le comté de Boulogne. feu qui avait pris à ses vêtements en- 19° Cependant, dès l'année 1201, duits de poix. 30° Jeanne mourut en 1422 , sans Philippe, dit Hurepel, autre fils de postérité, mais après avoir adopté Philippe-Auguste, à peine âgé d'un an, Marie, sa cousine. avait été fiancé avec Mahaut, fille 31°, 32° et 33° Celle-ci ne fut pas longtemps en possession du comté de d'Ide et de Renaud. Le mariage se fit Boulogne. En effet, Philippe le Don, en 1216, et Philippe prit le titre de duc de Bourgogne , s'en empara vers comte de Boulogne. En 1226, il ac- 1430, et se le fit céder, en 1435, par le traité d'Arras. Charles le Téméraire. compagna son frère dans la guerre son fils, le posséda après lui ; mais, a contre les Albigeois ; et , la même an- la mort.de ce prince, en 1477, Louis XI née , il assista au sacre de son neveu le reprit, et le rendit au petit- fils de Louis IX. Mais, jaloux de voir la ré- Marie, Bertrand II, comte d'Au- vergne, qui le lui céda l'année sui- gence aux mains de Blanche de Cas- vante , en échange du duché de Laura- fuais. Maître du comté de Boulogne, tillc , et désirant s'emparer du pouvoir, ,ouis XI imagina un singulier expé- il se mit à la tête de toutes les ligues dient pour l'affranchir de la suzeraineté qui se formèrent contre cette prin- Oncesse. sait avec quelle habileté elle triompha de tous ces obstacles. Phi- Hppe ne fut pas plus heureux dans ses attaques contre Thibaut, comte de Champagne, qu'il haïssait pour avoir pris le parti de la reine. Il fut tué à Corbie, dans un tournoi, en 1234. Mahaut, sa veuve, épousa, en 1238, Alphonse, neveu de Blanche de Cas- tille, et frère de Sanche II, roi de Portugal. Mais ce prince la quitta en 1245, pour retourner dans sa patrie, )igitized by Google i1
BOU FRANCE. BOU 201 du comté d'Artois, dont il relevait, et C'est en 1814 que, près de Nangis, le qui appartenait, du moins de droit, à colonel Desessard , à la tête du qua- Marie de Bourgogne. Ce fut de trans- porter, en vertu de son autorité royale, trième régiment de dragons, enfonça l'hommage de ce comté à l'image de la Vierge qui se trouvait dans l'église un carré de dix mille Russes, le força {>rincipale de Boulogne. En effet, par ettres patentes datées d'Hesdin, au à mettre bas les armes, et enleva en- mois d'avril 1478, avant Pâques, il dé- clara la sainte Vierge seule souveraine suite une batterie de quatorze pièces de Boulogne, et se reconnut son vassal, par le relief d'un cœur d'or du poids de canon. Napoléon, après avoir féli- de treize marcs que lui et ses succes- seurs , rois de France , lui payeraient cité ce brave officier sur sa belle con- à leur avènement à la couronné, en lui faisant hommage du Boulonnais. Il duite, le nomma officier de la Légion alla lui-même accomplir cette cérémo- nie le 18 août suivant ; et tous ses suc- d'honneur sur le champ de bataille. cesseurs, jusqu'à Louis XV, inclusive- Bouquet (dom Martin), l'un des sa- ment, se soumirent aux prescriptions vants bénédictins de la congrégation de ses lettres patentes ; seulement , au lieu d'aller eux-mêmes porter le cœur de Saint-Maur, naquit à Amiens le 6 d'or à Notre-Dame de Boulogne, ils juin 1685, et prononça ses vœux en se contentèrent de lui en envoyer la 1706. Nommé bibliothécaire de l'ab- valeur. baye de Saint-Germain des Prés à Paris, Boulogne (Jean-Baptiste), sergent, né dans le département de la Marne. il se demi f peu de temps après, de cette Ayant aperçu, pendant l'attaque des , ouvrages de* San-Giacomo, un déta- chement de quatre cents Autrichiens charge , afin d'avoir plus de temps pour embusqués dans un jardin, se présenta se livrer à l'étude. Après avoir été à la seule porte par laquelle ils pussent le collaborateur du P. Montfaucon, sortir, et les somma de mettre bas les qu'il aida dans la publication de quel- armes. Celte audace épouvanta l'en- nemi, qui se rendit à discrétion. ques-uns de ses savants ouvrages, il Bouloibe, village et baronnie du s'occupait de recueillir les matériaux Maine, à dix- huit kilomètres sud- est du Mans (Sarthe), érigée en ba- d'une nouvelle édition de l'historien ronnie en 1503. Fiavius Josèphe, lorsqu'il apprit qu'un Bouquerot (J. B. , baron Deses- sard ), né à Asnan en 1771 , entra au savant distingué d'Amsterdam , Ha- vercamp, s'occupait d'un travail sem- service en 1791 en qualité de volon- taire du premier bataillon de la Niè- blable. Le P. Bouquet s'empressa de vre, passa par tous les grades infé- lui adresser les notes qu'il avait déjà rieurs , et fut nommé, en 1811, colo- réunies, et les recherches du bénédic- nel du quatrième régiment de dragons. Il avait fait toutes les campagnes de tin ne contribuèrent pas peu au suc- 1792 à 1805 aux armées du Nord, cès de cette édition de l'historien de Sambre-efr-Meuse d'Italie, d'Hel- , juif, laquelle parut à Amsterdam en 1726. Mais déjà, à cette époque, dom vétie, d'Orient et d'Allemagne; celles de Prusse en 1806 et 1807, d'Autri- Bouquet travaillait au grand ouvrage che en 1809, d'Espagne de 1810 à 1814, et enfin les immortelles cam- qui devait lui assurer la place distin- pagnes de France en 1814 et 1815. guée qu'il occupe dans les fastes de l'érudition française. Nous voulons parler de la grande collection dont il fjublia, en 1738, les deux premiers vo- umes, sous le titre de Rerum galiica- rum et fi-ancicarum scriptores. Dès l'année 1676, Colbert avait conçu l'i- dée de publier une nouvelle collection Ades historiens de France. sa mort, Letellier, archevêque de Reims, avait repris son projet, et proposé à Manil- lon de se charger des détails de la publication. Mais ce bénédictin re- garda ce travail comme étant au-des- sus de ses forces , et n'accepta pas. D'Aguesseau , devenu ministre, s oc- cupa aussi de cette idée, et en confia l'exécution au P. Lelong, qui mou-
202 BOC LTO VERS. BOU rut en 1721, sans avoir rien publié. font descendre les sires de Bourbon. Ce fut alors que dom Denys de Sainte- Un assez grand nombre de ces sei- gneurs portèrent le nom d'Archam- Marthe, supérieur général de la con- bault , qui depuis a été ajouté à celui grégation deSaint-Maur. demanda que de la ville. ses religieux fussent chargés de la Bourbon-I'Archambault compte au- jourd'hui près de trois mille habitants. continuation de cette entreprise na- Cette ville possède des eaux minérales très-renommées. II reste du château tionale, et en donna la direction à des anciens sires de Bourbon des rui- dom Bouquet. Ce savant publia suc- nes remarquables, mais au milieu des- quelles on regrette de ne plus trouver cessivement les huit premiers volumes de traces de l'ancienne Sainte-Cha- pelle, élevée par la régente Anne de de la collection , et mourut à Paris, France, et l'un des plus grecieux mo- numents du quinzième siècle. au monastère des Blancs-Manteaux, Pendant la révolution de 1789, Bour- en 1764. La collection commencée par dom Bouquet, continuée succes- bon-I'Archambault échangea son nom sivement par d'autres religieux de sa contre celui de Burges-les-Bains. congrégation, et, depuis l'abolition Bourbon -Lànc y, ville de PAutu- nois et de l'ancien duché de Bour- des ordres monastiques, par l'Acadé- gogne, en latin, Borbonium Anselmi, mie des inscriptions et belles-lettres, siège autrefois d'un bailliage dont la juridiction était assez étendue, au- est maintenant arrivée à son ving- jourd'hui l'un des chefs-lieux de can- ton du département de Saône-et-Loire. tième volume. Nous donnerons, à l'ar- Le lieu qu'occupe aujourd'hui cette ticle Historiens de France, plus de détails sur ce monument national. ville était déjà habité à l'époque ro- maine. Il est désigné, dans les anciens Bouquet (Pierre), neveu du précé- itinéraires, par le nom iïAquae Nise- dent, avocat , mort en 1781 , est au- nii (*), dénomination qui fait remon- teur des ouvrages suivants : Le Droit ter à une assez haute antiquité la cé- lébrité des eaux minérales auxquelles public de France, éclairci par les Bourbon- Lancy doit, encore aujour- monuments de l'antiquité, tome er d'hui , toute sa richesse. Le nom de 1, Bourbon-Lancy fut, pendant la révo- 1756, in-4\"; la suite n'a pas paru; lution de 1 789, changé en celui de Belle- rue -les- Bains. Cette ville compte Lettres provinciales, ou Examen im- deux mille huit cent quarante • huit partial de l'origine de la constitution habitants. et des révolutions de la monarchie Bourbon-Vendée, nom donné, en française, 1772, in-8°; Tableau his- 1815, au chef- lieu du département de torique, généalogique et chronologi- la Vendée, fondé en 1805, sous le nom que des trois cours de France, 1772, de Napoléon-Ville, sur les ruines de l'ancienne forteresse de la Boche-sur- in-8. Yon. (Voyez Roche-sub-Yon (la). Bourbon -l'Abchàmbault, Bor- Bourbon ( Ile) , nommée d'abord Mascarenhas par les Portugais qui bonium Arcimbaldi, ancienne capitale la découvrirent, en 1545; elle échan- du Bourbonnais, auquel elle a donné gea ce nom pour celui de Bourbon, son nom, ainsi qu'à la maison royale, en 1642, époque où M. de Prony en dont une branche occupe encore au- (*) Walckeuaer, Géographie lùstorique des Gaulois, t. I,p. 37a. jourd'hui le trône de France. Cette ville, qui est située à vingt-cinq kil. de Moulins, est aujourd'hui l'un des chefs-lieux de canton du département de Onl'Allier. fait remonter assez haut son origine; les savants y voient VAc^.ia Bormonis ou Borconis des itinéraires romains. Quoi qu'il en soit, c'était au huitième siècle une ville as- sez importante, puisqu'elle put arrê- ter Pépin, qui l'assiégea, et lu prit en 759. Ce prince la donna, dit-on, à l'un de ses parents, qui en transmit la pos- session à sa postérité. C'est de ce pa- rent de Pépin que quelques historiens Digitized by Google
BOU FRANCE. BOU 203 prit possession au nom du roi de l'introduction d'une foule de végé- France. taux précieux. Cette île possédait, en Cette tle est située dans l'océan 1789, une population de soixante et Oriental, sous* le 21 e degré de latitude sud, et le 53 e de longitude est. Sa un mille deux cents individus , dont dix mille blancs, douze cents affran- plus grande longueur de l'extrémité chis, et cinquante mille esclaves. Par nord a l'extrémité sud est d'environ suite des décrets de l'Assemblée cons- soixante - deux kilomètres ; sa plus tituante des 2 et 28 mai 1790, une as- grande largeur d'environ quarante à semblée coloniale y fut formée et ?|uarante-quatre kilomètres; sa circon- s'empara de tous les pouvoirs. De érence, en suivant les bords de la 1790 à 1795 l'influence révolution- mer, de deux cent treize kilomètres, naire domina les habitants ; mais, en 1798, les modérés réussirent à exclure et sa superficie de deux cent trente et un mille cinq cent cinquante hec- de l'assemblée coloniale les plus exal- tares. tés. En 1799, la réaction fut complète, Pendant longtemps elle ne fut fré- et cent huit propriétaires furent dé- quentée que par les aventuriers de la portés aux îles Séchelles ; mais le na- mer des Indes. Mais en 1641 , après vire qui les transportait attaqué par , la cession qu'en fit Louis XIV a la une frégate anglaise, fut coulé bas, compagnie des Indes orientales , celle- et les déportés , aussi bien que les ci envoya à Bourbon une vingtaine hommes de l'équipage, furent tués d'ouvriers français qui s'y fixèrent ou noyés. Jusqu'en 1803 l'île Bour- ; bon qui avait pris sous la république d'autres y furent successivement ex- , pédiés pendant les années 1673 le nom d'île de la Réunion, segouverna , elle-même. L'assemblée coloniale re- 1688 , etc. Mais ce fut seulement en 1710 que la compagnie des Indes éta- çut les ambassadeurs de Tippoo-Saïb, blit dans cette île une administration et envoya à ce prince des secours régulière. Un gouverneur nommé par contre Tes Anglais. Mais après la paix le roi fut chargé de l'administration d'Amiens, l'autorité de la métropole supérieure , et fut assisté d'un conseil fut rétablie à Bourbon , et le général composé des principaux employés. Ce Decaen y fut envoyé comme admi- nistrateur. Un commandant particu- tribunal était , du reste , soumis pour les appels au conseil souverain de lier et un sous-préfet colonial furent Pondichéry. L'île avait été divisée aussi établis à Bourbon, et l'assemblée en sept paroisses, dont chacune était coloniale cessa ses fonctions. Mais le administrée par un curé et un employé 8 juillet 1810 , les Anglais y débar- quèrent quatre mille hommes, malgré de la compagnie. la plus vive résistance de la garnison, La culture du tabac fut la seule à laquelle s'adonnèrent les habitants composée de quelques centaines d'hom- jusqu'en 1717, époque de l'introduc- mes réunis à douze cents gardes na- tion du café, dont le commerce y prit tionaux, et, le 9 juillet, une capitula- une rapide extension. A cette époque, tion fit passer cette île aux Anglais, la population de Bourbon composée dont l'administration fut douce et , modérée. Ils la rendirent à la France, de blancs et de noirs, s'élevait à peine à deux mille individus. L'île resta le 6 avril 1815 , en vertu du traité de Paris du 30 mai 1814. Bourbon reprit environ un siècle entre les mains de la compagnie des Indes , qui la rétro- alors son ancien nom. Quoique les céda au roi en 1764. Un gouverneur habitants de Bourbon ne se fussent et un intendant, dont la résidence était point assoeiés au mouvement qui re- à l'île de France, administrèrent alors mit, en 1815, la France sous le scep- 1rs deux îles. Ce fut l'intendant tre de Napoléon, le 5 octobre 1815, M. Poivre qui acheva d'organiser une escadre anglaise somma l'île de , toutes les branches du service. Les se rendre, et sur le refus du gouver- habitants de Bourbon lui durent aussi neur, BouvetdeLozier(voyez ce nom), Digitized by Google
204 L'UNIVERS. BOU un blocus fut établi jusqu'à la seconde Autre pour les filles. 1 erjanvier 1 837, le restauration, où l'état de guerre cessa. nombre total des élèves de ces différen- De 1815 à 183C, la prospérité de l'île Bourbon alla toujours croissant : la tes écoles et institutions s'élevait à deux culture de la canne à sucre y prit sur- mille troiscent seize, dontquatorze cent tout un très-erand développement , et c'est aujourd'hui le principal produit quatre-vingt-six garçons et huit cent agricole de la colonie. trente filles. On trouve dans l'île: deux La circonscription judiciaire de la hôpitaux, l'un à Saint-Denis, l'autre à colonie comprend : 1° une cour royale, séant à Saint-Denis ; 2° deux cours d'as- Saint-Paul, tousdeux administrés en ré- sises; 3°deux tribunaux de première ins- gie; deux administrations de bienfai- tance, séant l'un à Saint-Paul et l'autre à Saint-Denis ; 4° six justices de paix, sance, l'une à Saint-Denis, pour les à Saint-Denis, Sainte-Suzanne, Saint- communesduVent,l'autreà Saint-Paul, Benoît , Saint Paul , Saint-Louis et pour les communes Sous le Vent ; seize Saint-Pierre. 11 y a à Bourbon deux vil- édifices consacrés au culte; une com- les, Saint-Denis' et Saint-Paul, et huit bourgs ou villages. La ville de Saint- mission spéciale de santé, composée de Denis est le chef-lieu de la colonie et le siège du gouvernement; elle est située six membres titulaires et de six sup- dans l'arrondissement du Vent,au nord de l'île; la ville de Saint-Paul, chef-lieu pléants ; deux prisons , Tune à Saint- de l'arrondissement Sous le Vent, est Denis, l'autre à Saint-Paul ; une cham- située au sud. La population de l'île s'é- bre de commerce ; une bibliothèque à levait, en 1837, à cent neuf mille trois cent trente individus, donttrente-neuf Saint-Denis composée en 1833 , de , mille huit cent dix - sept libres , et soixante-neuf mille cinq cent treize trois mille sept cent soixante-douze esclaves. volumes; enfin, trois imprimeries Le conseil colonial de Bourbon se particulières. On imprime à Bourbon compose de trente membres, élus pour 1° quatre journaux; 2° l'Annuaire de cinq ans, par les collèges électoraux de la colonie. Bourbon entretient en Bourbon ; 3° le Bulletin officiel de outre a Paris deux délégués, dont le Bourbon. traitement est fixé à vingt mille francs —Bourbon (maison de). Les hom- pour chacun. Le commandement et mes issus de cette maison , et qui ont la haute administration appartiennent porté le nom de Bourbon , ont été «a gouverneur; le commandement des mêlés tant de fois dans les événements troupes et le service militaire sont con- les plus graves de l'histoire de France, fiés a un commandant militaire. Lesdif- féientes partiesduservicesont adminis- et notamment dans les trois derniers trées par un ordonnateur, un directeur de l'intérieur et un procureur général ; siècles, ils ont exercé sur les destinées un inspecteur général veille à la régu- de notre pays une influence si grande, larité du service administratif. Le nombre des communes est de douze, qu'une longue notice , consacrée au ayant chacune un conseil municipal, dont les membres sont élus pour qua- récit de leurs actions , ne serait assu- tre ans par les électeurs communaux. rément pas déplacée dans cet ouvrage. Il existe à Bourbon : un collège éta- bli à Saint-Denis; un pensionnat pour Toutefois , pour nous conformer à les garçons à Saint-Paul; vingt-neuf l'ordre et au plan que nous avons écoles pour les garçons , et vingt-qua- suivisjusqu'à présent, nous avons dû nous renfermer ici dans d'étroites limites. Nous nous bornerons donc à présenter, dans un tableau d'ensemble, l'histoire des Bourbons depuis les origines vraiment historiques de la famille jusqu'au moment ou Henri de Navarre, l'un d'entre eux , fut porté sur le trône de France, autant par son courage, son habilité , les circonstan- ces et sa bonne fortune, que par les droits qu'il tenait de sa naissance. Il sera fait mention ailleurs , dans des biographies séparées, des personnages de cette famille, ducs, princes ou rois, qui depuis la fin du seizième siècle , Digitized by Google
FRANCE B0t7 ont pris part à des événements de Pierre ; nous parlerons ensuite de la branche cadette, qui fut investie importants , et qui ont acquis par successivement du comté de la Marche , et du comté de Vendôme. des actions bonnes ou mauvaises, Pierre, duc de Bourbon prit une , quelques titres à la célébrité. part active aux guerres que les rois de Voici d'après l'Art de vérifier les France firent de son temps pour re- , pousser l'invasion des Anglais. En dates , la nomenclature des premiers 1345, il se distingua en Guyenne . et, seigneurs qui possédèrent le fief de en 1346, il assista à la bataille de Crécy. Dix ans plus tard, il mourut Bourbon. glorieusement à Poitiers, en combat- tant à côté du roi Jean. Aimar, Louis //, son successeur au duché, fut Gui, retenu huit ans en Angleterre , comme Aimon. otage du traité de Brètigny. A son re- Vtour, il servit Charles avec zèle et avec FArchambaud r Il paraît que cet courage. Animé, comme son père, d'une haine profonde contre les A nglais, . il ne négligea aucune occasion de les Archambaud fut le premier de la fa- combattre, et il fit contre eux plusieurs mille qui joignit à son nom celui de la expéditions glorieuses en Anjou, en Saintonge, en Guyenne et en Auvergne. terre qu'il possédait à titre féodal. Quand le roi Charles V, en 1374, eut conclu une trêve avec l'Angleterre, Archambaud II. Louis de Bourbon se dirigea vers l'Es- pagne pour faire la guerre aux mé- Archambaud III , qui mourut en créants. Il fut accueilli evec enthou- siasme par les sujets de Henri de 1064. Transtamare, qui ne voyaient point sans un vif intérêt, au milieu d'eux, le 1064. Archambaud IV. frère de l'infortunée Blanche de Bour- 1078. Archambaud V. 1096. Archambaud VI, bon. La guerre qui éclata, à cette Archambaud VU. On ne connaît époque , entre la Castille et le Portu- pas la date de la mort de son père. gal, arrêta tous les projets de croi- 1171. Archambaud VIII. sade, et Louis repassa les Pyrénées sans avoir combattu les infidèles. Vers 1200. Mathilde. la fin du règne de Charles V, il contri- bua puissamment à ramener au ser- 1215. Archambaud IX. vice de la France, du Guesclin, qui avait renvoyé son épée de connétable. 1242. Archambaud X. En 1380, après la mort du roi , il ac- 1249. Mathilde. cepta la tutelle du jeune duc d'Orléans, frère de Charles VI. En 1382, il se dis- 1262. Agnès et Jean de Bourgogne. tingua à la bataille de Rosebecquc. 1283. Beatrix, fille d'Agnès , suc- L'événement le plus important de la céda à sa mère, avec son époux, Ro- vie de Louis de Bourbon fut, sans bert de France , comte de Clermont contredit, la croisade qu'il entreprit en 1391, contre les pirates de Tunis. Il en Beauvoisis. Robert était le sixième fut plus heureux que son aïeul le roi saint Louis. Malgré les grandes chaleurs fils de saint Louis. Avec lui commence et les maladies qui décimaient son ar- la dynastie féodale des Bourbons, issus mée, il vainquit les chefs qui comman- daient à Tunis, à BougieetàTlemcen, de la famille capétienne. Cependant, après la mort de Béatrix (1310), ce ne fut point Robert qui hérita des do- maines de la maison de Bourbon mais Louis, son fils aîné(*). En 1327, le roi de France, Charles le Bel, érigea en duché-pairie la sireriede Bourbon, et la même année il donna au nou- veau duc le comté de la Marche en échange de celui de Clermont. En 1342, les deux fils de Louis, Pierre et Jacques , se partagèrent les fiefs de leur père. Pierre , à titre d'aîné, garda le duché de Bourbon, et Jacques se fit donner le comté de la Marche. Nous nous bornerons ici , dans un ré- sumé rapide , à suivre les descendants (*) Robert mourut en x3i7- Digitized by Google
206 BOU L'UN iHERS. BOU et il força le roi de Tunis à renvoyer qui devait mettre fin aux malheurs de libres les chrétiens qui étaient devenus I invasion étrangère. ses captifs, et à se reconnaître tributaire Jean II, son fils, lui succéda en des Génois. Quelques années après son 1456. Il s'était distingué, lorsqu'il retour en France, il ne vit point sans n'était encore que comte de Cler- douleur les querelles intestines gui mont, dans les derniers combats que d)visaient non -seulement la famille la France eut à soutenir contre les royale, mais encore tout le royaume. Anglais. Après la mort de Charles Il chercha en vain à réconcilier ceux VII, il se révolta contre Louis XI Sue la haine et le meurtre avaient et entra dans la ligue du bien public. ésunis , mais il ne put y réussir. On A l'avènement de Charles VIII, on le connaissait si bien tes louables inten- retrouve encore à la tête des factieux. tions du duc de Bourbon, que sa II mourut en 1488, et ne laissa point mort, arrivée en 1410, au moment où d'enfants légitimes. Ses apanages de- la guerre civile allait éclater, causa vaient appartenir à son frère puîné une véritable douleur à tous ceux qui Charles de Bourbon , cardinal et ar- chevêque de Lyon; mais un autre souhaitaient la paix et désiraient sin- frère de Jean , Pierre , sire de Beau jeu cèrement le bien de la France. On peut citer, comme chose glorieuse pour s'empara de tous les fiefs de la maison sa mémoire, les paroles que, suivant de Bourbon. un narrateur contemporain, pronon- Pierre II, sire de Beau jeu , est plus connu dans l'histoire par les vertus et cèrent les gens du peuple lorsqu'ils les rares qualités de sa femme que par virent passer son convoi: * Ahl ah! mort tu nous a ôté en ce jour notre son propre mérite. Il ne fut le tuteur y du jeune roi Charles VIII , et ne prit soutien, celui gui nous gardait et nous défendait de toutes oppressions; quelque part aux affaires, que parce c'était notre prince, notre confort, qu'il avait épousé lafille de LouisXI (*). Il mourut en 1503 , ne laissant de son notre duc, le plus prud'homme et de la meilleure vie et conscience qu'on pût mariage qu'une fille, Susanne, qui trouver. » porta dans la branche de Montpensier Après sa mort, Jean Itr , son tous les titres et tous les domaines de fils, succéda à tous ses titres et apa- la maison de Bourbon. nages. Il ne chercha point, comme Ce fut en 1505 que Charles de Mont' Louis II , son père , à mettre fin aux pensier devint duc de Bourbon par son discordes civiles par des moyens de mariage avec Susanne. Il fut dès lors conciliation. Loin de là , il devint chef le seigneur le plus riche et le plus puis- de parti , et se déclara le défenseur et sant de France. Il se distingua dans Ale soutien de la faction d'Orléans. la les guerres que fit le roi Louis XII. bataille d'Azincourt (1415), il fut de Sous François er il reçut Pépée de I, ceux qui compromirent par leur im- connétable, se distingua de nouveau prudence le salut de la France. Il fut à la bataille de Marignan et dans les fait prisonnier dans cette désastreuse guerres du Milanais, dont il fut nommé journée , et conduit en Angleterre , où gouverneur. Mais bientôt le roi fut ef- il mourut en 1433. Louis, son troisième frayé de la puissance du duc de Bour- fils , fut la tige de la famille de Mont- bon, et il lui enleva peu à peu , sous di- vers prétextes , une grande partie de pensier(*). L'aîné, Charles er qui fut I, son successeur.contribua puissamment, ses apanages. Charles, exaspéré par les par son courage , à replacer Charles VII mauvais traitements dont il était l'ob- sur le trône que lui avaient ravi le duc jet , résolut d'écouter les propositions qui lui étaient faites par Charles-Quint de Bourgogne et les Anglais. Nous devons ajouter qu'il fut un des princi- et par le roi d'Angleterre. Il était déjà paux négociateurs du traité d'Arras hors de France lorsque François 1er , •» O Voyez Axijf s de Beaujeu , 1. 1, p. *56. (*) \"Voyez MoHTPEZisiiR (famille de).
BOU FRANCE. BOC 207 lui fit redemander l'épéede connétable, les grandes compagnies qui allaient et l'Ordre dont il l'avait décoré. « Quant porter le pillage et la dévastation dans « à l'épée de connétable, lui fît- il ré- les provinces du midi de la France. Il « pondre , le roi me Ta ôtée à Valen- eut pour successeur au comté de la « ciennes lorsqu'il confia à M. d'Alen- Marche , Jean de Bourbon. L'héritier , de Jean (1393) fut Jacques II, qui « çon l'avant-garde qui m'appartenait; « pour ce qui est de l'Ordre, je l'ai mourut en 1438. Il laissa ses domai- nes aux mains de son gendre, Bernard « laissé à Chantelle, derrière mon che- « vet. » La fuite du connétable de Bour- a\" Armagnac. Le comté de la Marche bon fut un grand malheur pour la revint plus tard à la branche aînée (*). France ; elle empêcha François er de Louis XI le donna, en 1477, à Pierre I f>asser en Italie, et le força d'y envoyer de Bourbon, sire de Beaujeu. Le comté de Vendôme passa à In 'amiral de Bonnivet, qui n'y éprouva que des revers. Bourbon, vainqueur maison de Bourbon en 1374 (**). Ce de ce général, le poursuivit jusqu'en fut Jean de Bourbon, comte de l;i Provence, et vint l'assiéger dans Mar- Marche, qui en prit possession en seille, dont heureusement il fut forcé vertu du mariage qu'il avait contracté de lever le siège. Mais il eut le malheur avec Catherine , sœur du dernier de contribuer au gain de la bataille de comteBouchard VII (***). Jean de Bour- Pavie, et suivit en Espagne François, bon eut plusieurs enfants. Jacques devenu prisonnier de Charles- Quint l'aîné, eut le comté de la Marche, et non pour veiller à ses intérêts , mais le second, Louis , le comté de Ven- dôme. Louis ne prit possession de son pour être compris dans le traité. Trompé dans ses espérances, et dissi- héritage qu'après la mort de sa mère, mulant son dépit, il retourna à la tête qui arriva en 1412. Il fut fait prison- de cette armée qui avait fait trembler nier à la bataille d'Azincourt. Lors- l'Italie. Ne pouvant plus suffire à la qu'il fut délivré de sa prison , il paye de ses soldats , il les mena au siège de Rome , dont il leur promit le s'empressa d'accourir auprès du roi Charles VII pour l'aider à reconquérir pillage; mais il fut frappé d'un coup sur les Anglais son trôneet la France. mortel en montant le premier à la brè- Mais après le traité d'Arras , il prit che, le G mai 1537. II n'avait que 38 part à toutes les révoltes des sei- ans. Les événements qui remplirent gneurs contre le pouvoir royal. Il mou- les dernières années de sa vie, et ceux rut en 1446, et Jean II, son fils, lui auxquels il prit une part active, ont été succéda. Après Jean II, ce fut Fran- racontés ailleurs avec plus de détails çois qui hérita, en 1478, du comté de et nous renvoyons ici nos lecteurs à la Vendôme. Celui-ci mourut à l'âge de partie de nos' Annales qui traite des vingt-cinq ans, en 1495. Il laissait un guerres d'Italie , et aux articles qui fils, appelé Charles, qui prit possession ont été consacrés dans ce dictionnaire de tous ses domaines. Charles de aux roisLouis XII et François er Bourbon fut le premier duc de Ven- I. En 1527, après la mort du connéta- dôme. Ce fut en effet en sa faveur que ble, Charles, duc de l endôme, devint François T r érigea le comté en duché, au le chef de la maison de Bourbon. C'est mois de février de l'année 1515. Il se ici, qu'après avoir vu l'extinction de la distingua dans les guerres d'Italie par branche aînée de la famille, nous de- son courage . et dans les conseils du roi par sa grande sagesse. En 1527, vous parler en quelques mots des branches collatérales. il réclama en vain les biens du conné- En 1342, comme nous l'avons dit table de Bourbon qui furent réunis , Elus haut Jacques, troisième fils de alors au domaine de la couronne.Tou- , .ouis er devint comte de la Marche, I, en vertu du partage qu'il lit avec le (*) Voy. l'arlicle Marchk (maison de la). (**) Voyez l'Art de vérifier les dates. duc Pierre, son frère. Jacques mou- (***) Voyez l'art. Vïhdômk (maison de). rut les armes à la main, en combattant Digitized by Google
308 BOU L'ON tefois, par la mort du connétable, le Antoine de Bourbon laissait un fils qui devait, à la fin du seizième siècle, duc de Vendôme devint le chef de la acquérir une grande célébrité, et rem- maison de Bourbon. Il mourut en placer les Valois sur le trône de France. 1537. Charles avait eu plusieurs en- Depuis son avènement au trône, to fants. Voici les noms de ceux qui lui famille royale de Bourbon s'est divisée en deux branches, dont la cadette, survécurent : Antoine de Bourbon celle d'Orléans (voyez Orléans), pos- , sède actuellement la couronne. La branche aînée, expulsée une troisième son successeur au duché de Vendôme, fois, en 1830, du sol de la patrie expie et père de Henri IV ; le comte d'En- , ghien, vainqueur à Cerisoles, qui mou- maintenant à l'étranger les fautes des rut en 1546; Charles cardinal, qui derniers princes qu'elle nous a donnés. , Les souvenirs qu'elle a laissés sont déjà assez loin de nous pour que nous fut créé roi par la ligue, en 1589, sous puissions juger, sans prévention et sans haine , le bien et le mal qu'elle a le nom de Charles X; Jean, comte de fait à notre pays. Mais nous ne de- vons point ici nous livrer à cette Soissons, et Louis, qui fut le premier appréciation qui trouvera sa place de la famille des Condé , d'où sortit ailleurs. Contentons - nous de dire que la France est trop jalouse de plus tard celle de Conti. (Voyez la toutes ses gloires pour envelopper partie des Annales consacrée aux dans un même arrêt de réprobation événements du seizième siècle, et no- les bons et les mauvais princes , les tamment aux guerres de religion; hommes qui l'ont rendue grande et voyez aussi, dans ce Dictionnaire, les puissante, et ceux qui ont cherché à l'amoindrir et à l'humilier. Si elle n'a articles Cerisoles, Condé, Conti, f\"K>int perdu la mémoire des maux que £nghien, Ligue, etc.) es Bourbons de notre âge lui ont tait Comme nous l'avons dit, Antoine souffrir, elle n'en revendique pas moins,avec un légitime orgueif,commc de Bourbon succéda à son père, dans ses dignes enfants, les hommes illus- ses titres et domaine? , en l'année tres de cette maison cjui , dans les 1537. Il épousa à Moulins, en 1548, la siècles passés, l'ont aimée sincèrement et ont prodigué pour elle leur sang et fameuse Jeanne d'Albret. En 1555, il leur vie. Certes, elle ne saurait, sans in- devint roi de Navarre. Au commence- ratitude, effacer de ses annales le nom ment du règne de Charles IX, il dis- 'une famille qui lui adonné, au moyen puta la régence à Catherine de M'édi- âge, Pierre, duc de Bourbon, qui se fît tuer à Poitiers; Louis, son fils , l'ami de cis. Mais dans ces temps de troubles, du Guesclin, qui consacra la première partie de sa longue existence à com- le roi de Navarre n'était pas l'ennemi battre les Anglais, et la seconde à prévenir les maux de la guerre civile; le plus redoutable de la cour. Cathe- Charles , un des principaux négocia- teurs de la paix d'Arras; le comte d'En- rine de Médicis , qui connaissait son hien, vainqueur à Cerisoles, et, dans caractère faible et irrésolu, lui céda es temps plus modernes , Henri IV, le grand Condé et Louis XIV. Slusieurs fois dans le gouvernement e l'État, au moins en apparence, une assez grande part d'autorité. Il s'était déclaré l'ennemi ardent des cal- vinistes lorsqu'il fut tué, en 1562, au siège de Roueu (*). L'épitaphe que lui firent les huguenots, comme on disait alors,, nous apprend que sa mort arriva d'une manière imprévue et tout à fait bizarre : Amis François le prince ici gissant , Vécut sans gloire el mourut en piuant (**). (*) Voyez Navarre. (**) Les religieux bénédictins, auteurs de l'Art de vérifier les dates, n'ont point hésité à insérer, dans leur grave recueil, l'épitaphe que nous citons. Digitized by Google
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BOU FRANCE BOU 219 va BouHBOif (Nicolas) , dit XAncien, cle, la sirie du Bourbonnais fut mise l'un des plus célèbres poètes latins du sous la mouvance immédiate de la seizième siècle, précepteur de Jeanne d'Albret, reine de Navarre, mère de couronne. Robert de Clermont, sixième Henri IV, naquit à Vandeuvre, près de Bar-sur-Aube, en 1503, et mourut fils de saint Louis, épousa', en 1271, vers l'année 1550 à Candé, petite ville de la Touraine, où il s'était retiré Béatrix , héritière de ce duché ; il de- après avoir terminé l'éducation de sa royale élève. Ses divers poèmes , et vint ainsi\" chef des Valois-Bourbons. surtout le recueil intitulé Nugarum /t- bri octo, ont été plusieurs fois impri- En 1327, le Bourbonnais fut érigé en més séparément; Philippe Dubois les a tous réunis et publiés en 2 vol. in-4°, duché-pairie; il fut réuni à la couronne Paris, 1685, ad ttsum Delphini. en 1523, après la trahison du conné- Boubbon (Nicolas), dit le Jeune, table de Bourbon. petit-neveu du précédent professeur , Bourbonnb-les-Bains , petite ville de l'ancien Bassigny, aujourd'hui du île littérature grecque au collège royal, et membre de l'Académie française, département de la Haute-Marne, à naquit à Vandeuvre en 1574, et mou- rut à Paris en 1644, dans une maison onze lieues de Langres , célèbre par ses de la congrégation de l'Oratoire, à la- eaux thermales. quelle il appartenait. Comme son grand- La découverte de ces eaux thermales oncle, il s appliqua à l'élude de la lit- remonte à une très-haute antiquité. térature latine , et il y obtint tant de De nombreuses ruines découvertes succès qu'il passa avec raison pour le meilleur poète latin de son temps. dans les environs de Bourbonne, des Ses œuvres ont été plusieurs fois im- monuments authentiques , attestent primées, entre autres , en 1630, sous que les Romains connaissaient la pro- le titre de Poêmatia, etc. priété de ces eaux, et qu'ils avaient Bourbon, voltigeur au 108\" régi- formé dans leur voisinage un établis- ment de ligne. Envoyé en tirailleur en 1809, à la bataille de Thann, il tomba sement considérable. dans une embuscade de douze Autri- chiens commandés par un officier. Borvonis aqux , tel était le nom sous « Cernez ! cernez ! les voilà ! les voilà ! » lequel Bourbonne était alors dési- s'écria aussitôt Bourbon en tirant deux fois sur l'ennemi. Le commandant gnée^). Son château, construit en autrichien lui présente alors son épée, se rend, et Bourbon ramène à son co- 612, sous le règne de Thierry II, roi lonel les ennemis prisonniers. de Bourgogne, fut incendié en 1717. Boubbonnais , Burbonensis ager , province avec titre de sirie, formant De ses ruines fut construite une aujourd'hui le département de l'Allier. maison seigneuriale, démolie en 1822, Moulins en était la capitale. Au temps et remplacée par une jolie prome- de César, cette province était habitée nade. par les Mdux et les Boii, et plus tard Bourbonne, dont la population est elle fut comprise dans la première de trois mille deux cent soixante et douze habitants, possède un hôpital Aquitaine. Après avoir été près de cinq siècles soumis à la domination romaine, militaire qui reçoit annuellement de le Bourbonnais passa sous celle des Wisigoths et des Franks. Il obéit en- six à huit cents malades. Cet hôpital suite aux ducs d'Aquitaine; mais dès les premières années du dixième siè- fondé en 1732, agrandi en 1785, attira de nouveau, en 1812, l'attention du gouvernement, qui fit aussi à cette époque l'acquisition des bains civils. Les militaires y arrivent chaque année au er juin et âu er août, et ils y res- 1 1 tent ordinairement deux mois. La France ne possède que deux autres hôpitaux militaires uniquement des- tinés à l'usage des eaux; l'un est à Bourges, l'autre à Bagnoles (Orne). O Voy. Walckenaer, Géographie an- cienne des Gaules, t. I, pag. 3ai ; Berger de Xivrey, Lettre à M. Hase i833, iu-8°, , p. 46, ei Caylus Antiquités, t. V, pl. lao, , n* 3 , p. 335. Digitized by Google
220 BOU L'UNIVERS. BOU Boubbotte (N.) , né à Vaux près jon, Romme, Duquesnoy, Duroy et , Soubrany, furent arrêtés en vertu du d'Avalon, s'est fait remarquer dans la révolution par son courage personnel décret proposé par Tallien, et ensuite mais poussa souvent le patriotisme transférés au château du Taureau dans jusqu'aux dernières rigueurs. Élu mem- le Finistère. Ramenés à Paris vingt- bre de la Convention en 1792, par le trois jours après , yils furent condam nés à mort, le 13 juin 1796, par une département de l'Yonne, il demanda la mise en jugement de la reine, après commission spéciale militaire qui se avoir voté la mort de Louis XVI, sans tint à l'hôtel de ville , après s'être dé- fendus devant ce tribunal avec une appel ni sursis. Il se joignit à Albitte et Chabot qui s'opposèrent à ce que énergie et une éloquence remarqua- , les complices des massacres de sep- bles. L'un d'eux, lorsqu'ils furent tembre tussent recherchés. Il fut en- sortis de la salle, se frappa d'un cou- voyé à Orléans, afin d'y examiner la teau qu'il avait tenu caché, et le remit conduite des chefs de la légion germa- à son collègue, qui s'empressa de nique, accusés d'incivisme, et passa l'imiter. L'exemple fut bientôt suivi ensuite dans la Vendée, où il donna par les quatre autres. Bourbotte et des preuves marquantes de talent et trois de ses collègues respiraient en- Ad'intrépidité. la prise de Saumur core en arrivant à l'échafaud. Bour- par les Vendéens, son cheval ayant botte, regardé comme le plus coupable, été tué sous lui , Bourbotte , environné fut réservé pour être exécuté le der- par de nombreux ennemis, se défend nier; mais son couraçe ne se démentit seul , et tue plusieurs hommes; il allait pas plus devant la guillotine que sur le succomber lorsque Moreau, alors sim- champ de bataille, et le sourire était ple officier, arriva à temps avec quel* encore sur ses lèvres lorsque tomba le ques soldats, et parvint a le délivrer. fatal couteau. ! Dans une autre affaire, étourdi par un Boubboubo, petite ville de la Flan- coup de crosse qu'il venait de recevoir dre, à deux myriam. deDunkerque (dé sur la tête, il revient à lui, soulève partement du Nord); population, deux d'une main le fusil du soldat qui l'ajus- mille trois cent soixante-dix-huit ha- * tait, et de l'autre fend avec son sabre bitants. On ne connaît pas la date de le front de celui qui allait lui donner la fondation de cette ville; mais on sait qu'elle fut fortifiée au commen- la mort. Rappelé de ses fonctions ad- ministratives par le comité de salut cement du dixième siècle par Baudouin public, et accusé de mesures oppres- le Chauve, comte de Flandre. Clé- sives, il fut défendu par Carrier, à la mence de Bourgogne y fonda, ea 1102, une abbaye de religieuse de l'or- condamnation duquel il s'opposa vai- nement quelque temps après. Bour- dre de Saint-Benoît. Les Anglais s'en botte acquitte fut envoyé a l'armée du rendirent maîtres en 1383; mais elle Rhin et Moselle, où il montra la même ne resta pas longtemps en leur pou- intrépidité. Le 26 août 1794, il an- voir : les Français la reprirent et nonça à la Convention la prise de la saccagèrent peu de temps après. Reinsfeld, de Bingen et de Trêves. Le Elle fut encore prise par les Autri- 9 thermidor, il se mit à la tête des chiens en 1439, par les Français en mécontents, et commanda ouverte- 1645, abandonnée en 1647, et reprise par Turenne en 1667. La paix des Py- ment l'insurrection. Le er prairial, 1 maître pendant quelque temps du pou- rénées en assura définitivement la voir, il demanda l'arrestation des jour- possession à la France ; mais ses for- nalistes réacteurs et celle des conspi- tifications furent détruites. rateurs sortis de prison après le 9 Boubcet (Pierre-Joseph de), savant thermidor; mais, pendant qu'il discu- tacticien, naquit à Usseaux, près tait, Legendre et Auguis marchaient Châtelleraut , en 1700, entra au ser- à la tête des sections sur l'Assemblée, vice à l'âge de dix-huit ans, parvint et la prirent d'assaut. Bourbotte, Gou- au grade de lieutenant général, servit Digitized by Google
FRANCE. 221 en Italie en 1733 et 1741, et com- tats de la fameuse retraite de 1796. manda en 1756 , en Allemagne , l'ar- tillerie et le génie. Il mourut en 1780. Nommé inspecteur général de cavalerie On a publié en 1792, à Paris, des Mémoires historiques sur la guerre le 3 août 1797, il fit les campagnes de d'Allemagne , de 1757 à 1762, 3 vol. Suisse et de Naples, où il commanda in-8°, dont les deux premiers sont une colonne de cavalerie, qui tailla en extraits des papiers de Bourcet. On pièces les insurgés nui s'étaient ras- a en outre de lui des Mémoires mili- semblés à Andria. II fit la campagne de taires sur les frontières de la France, du Piémont, de la Savoie, depuis l'em- 1 805 , à la tête d'une division de dra- bouchure du Var jusqu'au lac de Ge- gons, et prit par t aux batailles d'Elchin- nève, Berlin, 1801, in-8° ; sa Carte to- gen et d'Ulm ainsi qu'à celle d'Auster- pographique du haut Dauphiné litz, au succès de laquelle il contribua par , de brillantes charges. Il assista, l'année 1758, en neuf feuilles , est très-es- suivante, à la bataille d'Iéna, et fut timée. nommé, après la prisedeBerlin, inspec- Bourchenu ( Jean-Pierre Moret teur général du grand dépôt des chevaux de), marquis de Valbonnais, né à Gre- noble en 1651, embrassa, après une pris sur l'ennemi. Envoyé en Espagne, jeunesse fort aventureuse , la carrière il n'en revint que pour aller combattre de la magistrature, et devint succes- à Wagram, où il donna des preuves sivement conseiller au parlement de d'un courage et d'une intrépidité ex- Grenoble, président de la chambre des traordinaires. Plus tard, il fit partie comptes de cette ville, et enfin con- seiller d'État. Il mourut en 1730, de l'expédition de Russie, et vint, âgé de 79 ans. L'Académie des ins- criptions l'avait reçu , en 1728 , au après les revers qui l'accompagnèrent, nombre de ses membres. On a de lui s établir à Berlin, où il réorganisa la Mémoires pour servir à thistoire du cavalerie française. Il fut mis à la re- Dauphiné, sous les dauphins de la viaison de la Tour du Pin, Paris traite en 1816, mais fut, l'année sui- , vante, rappelé au conseil d'État, et 1711, in-fol. réimprimés avec de employé en qualité de commissaire du , roi près de la régie générale des sub- nombreuses additions sous le titre à' fiisfaire du Dauphiné et des prin- sistances militaires; il fit ensuite long- ces qui ont porté le nom de Dauphin, temps partie de la chambre des dé- Genève, 1722, 2 vol. in-fol.; et d'au- putes , où il vota avec la majorité. 11 est tres ouvrages moins importants. mort en 1828. Bourcier (le„comte François-An- Bourcier - Montureux ( Jean- toine), lieutenant général, naquit en 1 760 , à la Petite-Pierre , près de Phals- Léonard, baron de), né à Vezelise en bourg, département du Bas-Rhin. Lieu- tenant de cavalerie au commencement 1646, nommé, en 1698, par le duc de la révolution, il fut alors nommé aide de camp du duc d'Aiguillon, et Léopold procureur général de la passa, en 1792, à l'état-major du gé- , néral Custine. Devenu ensuite général de brigade, il fut nommé, en 1793, cour souveraine de Nancy, rédigea chef d'état-major de l'armée du Rhin f)our la Lorraine un code qui Tut et élevé l'année suivante au grade de ongtemps observé dans cette pro- général de division. Chargé de la con- vince , et dont la Russie emprunta plus tard un assez grand nombre de uite d'une division de cavalerie, sous le général Moreau, il se distingua au dispositions. Bourcier fut ensuite suc- combat d'Ingolstadt , et contribua , par son talent et son courage, aux résul- cessivement plénipotentiaire à la Haye et à Utrecht, et ambassadeur à Rome —pour le duc de Lorraine. Il mourut en 1726. Son fils, Jean-Louis de BouRCiER-MoisTUREUX,né à Luxem- bourg en 1687, fut son successeur à l'ambassade de Rome, et suivit à Vienne le duc François, lorsque ce prince fut nommé empereur d'Alle- magne. H mourut en 1749. Bourdaloue Dominique) , né en ( 1628 à Bourges, mort à Paris, en 1704. Digitized by Google
BOU L'UNIVERS. BOU « Bourdaloue , dit la Harpe , est coa- dise pas que Bourdaloue est un froid ti cluant dans ses raisonnements , sûr orateur, et qu'il laisse froids ceux qu'il « dans sa marche,clair et instructifdans « ses résultats; mais il a peu de ce qu'on éclaire; chez lui, c'est la raison qui » peut appeler les grandes parties de s'émeut , c'est la logique qui entraîne. « l'orateur, qui sont les mouvements , Qu'on relise ses sermons sur la Con- « 1\" (-locution, le sentiment. C'est ùn ex- ception, sur la Passion , sur le Juge- « cellent théologien , un savant caté- « chiste plutôt qu'un savant prédica- ment dernier , sur le Pardon des in- ts teur.En portant toujours avec lui la jures; quelle austérité de style ! quelle régularité de méthode ! Et cependant « conviction, il laisse trop désirer cette qu il y a dans cette lecture d'intérêt « onction précieuse qui rend la con- pour l'esprit , et comme on est en- « viction efficace. » Il y a beaucoup de traîné souvent par cette marche si vrai dans ce jupement qui est pour- mesurée! C'est que partout règne une clarté qui réjouit la pénsée, et une vi- , gueur de raison qui la saisit. Quoi- qu'il n'ait ni les mouvements passion- tant d'une sévérité injuste. Sans doute, nés , ni la sublimité de Démosthène, Bourdaloue n'eut point cette vivacité souvent Bourdaloue est aussi éloquent d'imagination et ces élans de sensibi- que lui. Il est certainement celui de lité qui donnent tant de puissance à nos orateurs qui lui ressemble le plus. l'orateur; il ne faut point chercher en lui cette ardeur de génie qui anime Il lui ressemble par la solidité des Bossuet , ni cette onction pénétrante preuves , la véhémence de l'argumen- (Juc Fénelon et Massillon répandent tation, la mâle simplicité du discours, sur leur c discours; il est vrai que ce et souvent Démosthène n'est éloquent qui domine chez lui , c'est la raison et que par là. Les chefs-d'œuvre de l'o- la logique, et qu'il ne remplit pas rateur grec lurent sans doute l'objet toute la définition de l'oTateur , étant d'une étude attentive pour Bourda- beaucoup plus occupé de persuader loue ; tout porte à penser qu'il s'est que de toucher et de plaire. Mais est- formé à cette école. Son autre maître ce à dire qu'il n'ait été qu'un excellent fut Pascal. Il apprit aussi de l'auteur théologien et un savant catéchiste, et des Provinciales l'art d'être éloquent qu'on soit en droit de lui contester le en ne cherchant qu'à convaincre. Il titre de prédicateur? Est-ce à dire que hérita de lui cette rigueur de déduc- la logique ait tué chez lui l'éloquence, tion qui transporte dans le raisonne- et qu'il ne doive pas compter parmi ment oratoire les lois sévères de la les maîtres de la parole au dix-sep- démonstration géométrique. Jamais tième siècle? Oui, la démonstration, Bourdaloue ne ressent ces élans d'i- le raisonnement , sont sa principale magination et de génie qui souvent élèvent Pascal à une si grande hau- et même son unique affaire; oui, il teur ; mais il l'égale par la force du bon sens et la puissante régularité de n'est occupé qu'à convaincre par la force des principes et l'enchaînement la méthode. U semble qu'il ait sans des preuves , et laisse à d'autres les séductions du langage et les ressour- cesse devant les veux ces pensées sur ces du pathétique ; mais chez lui , la fart de persuader , où Pascal trace perfection du raisonnement est telle la route a l'orateur avec une précision si simple et si austère. Les rapports qu'elle le dispense en quelque sorte qui unissent ces deux grands maîtres des autres parties de l'éloquence , ou n'ont pas échappé à Voltaire : il les lui en tient li«u, pour mieux dire. Par place a côté l'un de l'autre dans le la perfection du raisonnement , Bour- Temple du Goût. Il les montre s'en- tretenant ensemble sur le grand art daloue arrive à plaire et à toucher. La vérité, chez lui, se présente avec une d'arriver à l'éloquence par la raison. La vie de Bourdaloue malgré le si lumineuse évidence, s'impose avec une force si pressante , que l'esprit , 3ui la reçoit ne peut pas s'empêcher rang éclatant qu'il occupa dans le 'être charmé et d'être ému. Qu'on ne Digitized by Google I
BOU FRANCE. BOU 223 grand siècle, n'offre point la matière tenir le ravissement où le jetait la d'un récit. Tout entier aux devoirs force persuasive de l'orateur. Louis de la prédication , il ne songea point XIV avait un des premiers rendu à s'élever aux dignités ecclésiasti- hommage au génie de Bourdaloue : il ques; il n'eut point d'influence sur le combla toujours de marques de les affaires de l'Église; il ne joua bienveillance et d'éloges flatteurs. Il point de rôle dans les débats religieux disait qu'il aimait mieux entendre les de l'époque. Il n'y a point dans sa vie redites de Bourdaloue que les choses d'autres événements que ses sermons. nouvelles des autres. Lorsque, après la Les premiers qu'il fit après avoir été révocation de l'édit de Nantes , il l'envoya dans le Languedoc instruire professeur de la compagnie des jésui- tes, furent prononcés dans la ville les protestants, il disait : « Les cour- d'Eu , en présence de Mademoiselle « tisans entendront peut-être des ser- qui frappée de son talent, voulut le « nions médiocres , mais les Langue- , « dociens apprendront une bonne connaître , et ne cessa dans la suite de lui donner des preuves d'amitié et « doctrine et une belle morale. » de confiance. Il se fit entendre ensuite Il n'y eut qu'une voix dans le dix- à Amiens, à Rennes, à Rouen. L'an- huitième siècle sur Bourdaloue : ses née 1669 est l'époque de son début à contemporains, devançant la postérité, Paris. Appelé par la cour dans la firent entendre autour de lui un con- chaire dont Bossuet chargé de l'édu- cert unanime d'admiration et d'éloges. , Fénelon seul ne lui rendit pas justice : cation du dauphin , venait de descen- dre , il fie oublier par la raison par- Fénelon, génie facile, nature douce , faite et l'art profond de ses discours et passionnée répugnait aux formes , les éloquentes improvisations de son exactes et rigoureuses du raisonne- prédécesseur. Ce serait peu de dire ment , et n'en comprenait pas la puis- sance. Il avait, d'ailleurs, sur l'élo- qu'il fut admiré par ses auditeurs ; on accourait auprès de lui avec enthou- quence sacrée des principes qui sacri- siasme. La cour l'adopta avec passion, fiaient toute espèce d'art aux devoirs et ne tarissait pas sur ses éloges. L'em- religieux et lui misaient rejeter, comme pressement pour l'entendre était tel, une recherche condamnable , toute que madame de Sévigné écrivait à sa prédication combinée et savante, toute fille , en lui racontant sa journée du structure laborieuse et habile de preu- vendredi saint : « J'avois grande en- ves et de leçons. On ne peut pas dou- « vie de me jeter dans le Bourdaloue ter que ce prédicateur, dont il juge et « mais l'impossibilité m'en a ôté le goût. critique longuement la manière dans « Les laquais y étoient dès le mercredi, le second dialogue sur l'éloquence, ne « et la presse étoit à mourir. » Aller en soit le portrait anonyme de Bourda- Bourdaloue, comme disait madame de loue. Tout le prouve, jusqu'au re- Sévigné, devint un des plaisirs sérieux proche que Fénelon fait a ce person- et nécessaires de ce monde qui , avee nage de fermer d'ordinaire les yeux en , parlant , ce qui était comme on sait tant de frivole élégance , conservait une habitude de Bourdaloue. On peut tant de gravité pour les occupations pieuses et les solides jouissances de donc sans hésiter reprocher à Fénelon l'esprit. Plusieurs traits rapportés de méconnaître un grand génie, quand par les contemporains montrent quel il ne voit dans celui qu'il attaque que empire exerçait sur les âmes la parole des déductions exactes, des termes du sévère orateur. Le plus remarqua- propres, des choses très-sensées et ble c'est le mot familier, mais expressif, aucune variété, rien de vif, rien qui échappa au maréchal de Grain- dHnsinuant, rien d'élevé. Malgré l'au- mont au milieu d'un sermon auquel torité d'un juge tel que Fénelon, il assistait toute la cour. On sait qu'il se n'est pas besoin de réfuter cet arrêt ; leva tout à coup . et s'écria : « Mor- nous n'aurions, jpour le faire, qu'à dieu ! il a raison , » ne pouvant con- reproduire les réflexions que nous â Digitized by Google
924 bou L'UNIVERS. BOU inspirées une autre erreur d'un genre penser ses loyaux services, lui ac- corda, pour lui et pour ses héritiers analogue, celle de la Harpe. Que les le droit de nommera l'abbaye de Bran- lecteurs frivoles et dédaigneux qui dé- tôme et à l'évéché de Périgueux, et précient Bourdaloue, parce qu'ils n'ont d'en toucher les revenus. Son petit-fils, Claude II, plus connu pas la force de le lire, s'autorisent, sous le nom de comte de Montrésor, s'ils veulent, de cette double injustice : est le dernier membre de cette famille qui ait joué un rôle important. Il est cela n'empêchera jamais que Bourda- surtout connu pour sa participation à loue ne soit un modèle de la bonne toutes les intrigues où fut mêlé Gas- ton d'Orléaus, auquel il fut longtemps Srédication, une des premières gloires attaché en qualité de grand veneur, e l'éloquence religieuse et du siècle et qui en avait fait son conseiller et de Louis le Grand. Mais pour l'ap- son ambassadeur. On a de lui des précier, pour le sentir, il faut un es- Mémoires qui contiennent des détails prit grave ou mûri par l'étude , une curieux pour l'histoire du temps , et qui sont intéressants par le ton de raison sérieuse, un goût sincère du candeur et de bonne foi qui y règne. Ils ont été imprimés deux fois par les solide et du vrai. Elzevirs , avec d'autres pièces histo- Bourdeilles petite ville de l'an- riques, Cologne, 1663, 1 vol. in-12, , et Leyde, 1665, 2 vol. in-12. cien Périgord , avec titre de première Bourdel (Jehan). Voyez Bàril- baronnie de la province, et qui fait au- lon. I'ourd'hui partie du département de Bourdelin, nom d'une famille de a Dordogne. savants distingués qui a vu trois de BOURDEILLES (maison de), le plus ses membres appelés à l'Académie des ancien membre connu de cette mai- sciences, et un autre à l'Académie des inscriptions et belles-lettres. Claude son est Hélie de Bourdeilles, qui vi- Bourdelin, le plus ancien , naquit en 1621, à Villefranche, près de Lyon, vait en 1044. Depuis, les seigneurs de fut reçu de l'Académie des sciences Bourdeilles occupèrent toujours le pre- en 1668, et mourut le 15 octobre 1699. mier rang parmi les barons de la pro- —Il s'est particulièrement distingué vince de Guyenne; mais aucun d'eux, dans la chimie. Son fils aîné qui , jusqu'au quinzième siècle , ne joua un portait également le nom de Claude, rôle assez important pour mériter ici embrassa la carrière médicale, et de- une mention spéciale. Le premier qui vint, en 1703, premier médecin de la duchesse de Bourgogne. Né à Senlis, se soit réellement distingué est Ar- le 20 juin 1667, il mourut à Paris le 20 avril 1711. Ainsi que son père, il Fnaud r qui fut gouverneur du Péri- n'a laissé aucun ouvrage; mais il con- , sacrait toutes ses études à l'Académie gord, et capitaine de Tune des com- des sciences.— François Bourdelin, frère du précédent, choisit d'abord la pagnies d'hommes d'armes formées jurisprudence, mais s'adonna surtout a l'étude des langues. Après avoir ré- par Charles VII. sidé dix-huit mois en Danemark en ' Jiélie, l'un de ses fils, qui futd'abord qualité de secrétaire d'ambassade, il revint à Paris , où il remplit secrète- évéque de Périgueux, puis archevêque ment les fonctions de traducteur des dépêches étrangères. Né à Senlis le de Tours, et cardinal, se fît remarquer 15 juillet 1668 , il cessa de vivre le par son énergique opposition aux en- treprises de Louis XI contre les fran- chises du clergé. François II, arrière-petit-fils d'Ar- naud Iet, se distingua dans les guerres d'Italie, sous le règne de François er I. Il fut le père de Pierre de Bourdeilles, abbé commanditaire de Brantôme. ( Voy. Brantôme. ) André, son fils aîné, se distingua dans les guerres de religion, et eut le commandement de l'armée de Guyenne pendant la maladie du duc de Mont- pensier. II devint conseiller d'État, sénéchal et gouverneur du Périgord et Henri III , dans le désir de récom- Digitized by.Google
FRANCE. 24 mai 1717. L'Académie des inscrip- aurait tort de se montrer trop sévère tions et belles - lettres l'avait honoré à son égard. On rencontre souvent de son choix. On a de lui V Explica- tion de toutes les médailles modernes dans les Almanachs des muses de jo- —frappées depuis deux ou trois siècles. lis vers signés de son nom. Parmi les Louis-Claude Boubdelin, son fils, naquit à Paris en 1695, et mourut le pièces qui lui font le plus d'honneur, 13 septembre 1777. Professeur de chi- mie au Jardin des Plantes, il exerça il faut citer -YÉloge de Montaigne, aussi la médecine , et devint médecin de Mesdames. En 1727, l'Académie in-lë?an vin; YÉloge du Tasse, celui de Ninon de t Enclos, YOde au silence et la Forêt de Brama opéra en trois , actes musique de M. Eler. Il règne , en général dans ses écrits une grande des sciences l'appela dans son sein. indépendance de raison qu'elle avait puisée dans Montaigne, son auteur Il y eut dans la même famille un abbé favori. Elle aimait la musique pres- Boubdelin, né à Lyon en 1725, qui se que autant que la poésie, et consacrait ce qui lui restait de loisir à l'étude de voua à la carrière de l'instruction pu- l'allemand, de l'italien et de l'anglais. blique. Il mourut en 1783. Étant devenue veuve de nouveau, Boubdelot (Jean), avocat au par- elle épousa en troisièmes noces M. Viot, administrateur des domaines. lement de Paris, maître des requêtes d'. Marie de Médicis, l'un des plus cé- Madame d'Antremont n'était pas jo- lèbres érudits du dix-septième siècle, était natif de Sens. Il mourut à Paris lie de figure; mais elle avait une taille' en 1638. On a de lui une édition de fort élégante , ce qui lui faisait dire avec esprit , en parlant d'elle-même : Lucien, Paris, 1615, in-fol., longtemps estimée; une édition d'Héliodore, Pa- « L'architecte a manqué la façade. » ris, 1619, in-8°, et enfin une édition Après son dernier mariage, elle se de Pétrone, imprimée après sa mort, fixa à Paris, se lia intimement avec Amsterdam, 1663, et Paris, 1677, madame Dubocage , à qui elle fit ob- in-12. Suivant un de nos meilleurs tenir une pension su la fin de sa vie, critiques, M. Boissonade, les commen- tait es dont Bourdelot a enrichi ses et reçut chez elle la plus brillante so- ciété. Aussi recommandable par son éditions d'auteurs anciens ne sont pas ir-dignes d'éloges, Quoiqu'ils aient été esprit gue par les qualités de son, faits à la hâte. cœur, elle a été célébrée par Voltaire, Boubdic-Viot ( Marie-Anne-Hen- la Harpe, la Tremblay et Blin de Sain- riette Payan de l'Étang de), égale- more. Elle mourut à la Ramière, près ment connue sous le nom de madame de Bagnols, le 9 août 1802, à l'âge de d'Antremont, parce qu'elle était veuve cinquante-six ans. de M. de Rivière marquis d'Antre- Boubdin ( Charles ) , chanoine , ar- , chidiacre et grand vicaire de Noyon mont, lorsqu'elle épousa le baron de Bourdic, major de la ville de Nîmes. publia YHistoire de Notre-Dame de Née à Dresde en 1746, mais amenée Fieulaine, Saint -Quentin, 1662, in-12. en France dès le bas âge, elle perdit Boubdin ( Gilles ) , procureur gé- dans sa seizième année , son premier néral au parlement de Paris , l'un des mari, qu'elle avait épousé à treize ans. jurisconsultes français les plus savants Le goût qu'elle avait toujours eu pour du seizième siècle, naquit à Paris en les lettres n'en devint que plus vif, et 1517, et y mourut en 1570. On a de elle rechercha des consolations dans la lui un commentaire estimé sur la co- poésie. Madame d'Antremont faisait médie d'Aristophane, intitulée : Les des vers avec beaucoup de facilité, avec Thesmophories, commentaire qu'il dé- trop de facilité peut-être; mais comme dia à François er des Mémoires sur I; elle composait surtout pour elle et les libertés de VÉglise gallicane , in- pour ses amis , et que ce fut presque folio qui se trouve à la bibliothèque toujours à son insu que ses produc- royale parmi les manuscrits de Dupuy ; Egidii Bordini paraphrasis in con* tions littéraires furent publiées, on m.T. 15 e Liv. (Dict. eincycl. btc.) 15 , Digitized by Google
- I 326 BOIT L'UN ERS. Bou stituiiones regias anno 1539 éditas. Ce lium , et le chargea , en qualité de lé- dernier commentaire est son meilleur gat, de terminer les différends qui mouvrage. En 1606, Fontanon le tra- existaient entre lui et l'empereur duisit français; l'édition la plus es- Henri V. Mais ce dernier sut mettre le timée est celle\" de Paris, 1628, in-8\". légat dans ses intérêts , et se fit cou- Gilles Bourdin vécut sous le règne de ronner par lui , quoique le clergé de quatre rois : François er Henrr II Rome eût refusé de le reconnaître I, comme empereur en l'absence du pape. François *I et Charles IX. Il possédait à fona\" l'hébreu, l'arabe, le grec et le Cette démarche de Maurice irrita Pas- latin ; sa science et son intégrité lui cal , qui le fit excommunier au concile de Bénévent. Ce pontife étant mort avaient attiré une grande considération dans la magistrature. peu de temps après, et le conclave lui Bourdin ( Jacques ) , seigneur de ayant donné Gélase II pour successeur, Vilaines, prit part au maniement des Henri, de son côté, fit élire Maurice, affaires sous Henri II , François II et qui prit, ainsi que nous l'avons dit, Charles IX. Secrétaire d'État *d'abord, le nom de Grégoire VU, parvint à se puis secrétaire des finances en 1549, rendre maître de Rome, et à en chas- il fut ensuite mis à la tête du départe- ser Gélase. Mais son élection qu'il , ment des affaires d'Italie. De sa plume espérait d'abord faire approuver par sortirent en grande partie les instruc- toute la chrétienté, fut déclarée nulle tions et les mémoires à l'aide des- par le plus grand nombre des évê- duels furent défendus les droits de es, et, quelque temps après, aban- I Église gallicane et de la couronne de nné par l'empereur, qui fit sa paix France, au concile de Trente.On trouve avec Gélase, il lut obligé de s'enfuir à beaucoup de ces pièces dans le Recueil Sutri, où des troupes envoyées par son des actes du concile de Trente, publié compétiteur s'emparèrent de sa per- par Jacques Dupuy, Paris, 1654, in-4°. sonne, et le ramenèrent ignominieu* En 1553, Jacques Bourdin figura dans sèment à Rome. Il termina ses jours les négociations deïroyes, qui avaient dans une prison, à Fumone, près d'A- pour objet la conclusion de la paix latri, en 1122. avec l'Angleterre. Les affaires d'Alle- Bourdon (Isidore), savant méde- magne lui donnèrent aussi beaucoup cin, né à^run, pr#s d'Argentan, le d'occupations. Un volume manuscrit 26 août 1796 , a public un assez grand nombre d'ouvrages justement estimés. in-folio, de la bibliothèque de Legen- dre de Darmini , contenait le Recueil Nous citons seulement les principaux : De Vinfluence de la pesanteur sur complet (les mémoires, instructions et dépêches de Bourdin depins 1553 quelques phénomènes de la vie , Pa- , jusqu'en 1566, pour tes affaires d'Al- ris, 1819, in-8°, 2e édit 1822; Mé- , lemagne. Jacques Bourdin mourut le moire sur le vomissement Paris, y 6 juillet 1567. On Ta soupçonné d'at- 1819, in-8° ; Nouvelles recherches sur tachement aux opinions réformistes ; la circulation du sang et sur le méca- ce qui tendrait à le faire croire , c'est nisme de la respiration chez thom- qu'il voulut être enterré sans pompe me, Paris, 1820, in-8°; Recherches et que ses dépouilles mortelles fussent sur les maladies de l'estomac, Paris, déposées dans la fosse publique. 1824, in-8°, en commun avec M. le Bourdin (Maurice), antipape, docteur Fouquier; Physiologie médi- connu sous le nom de Grégoire Vil, cale, Paris, 1828, 2 vol. in-8°; Phy- était né dans le Limousin , d'où il sui- siologie comparée , ou Histoire des phénomènes de la vie dans tous les vit, en 1095, Bernard, archevêque de Tolède, qui le fit son archiprêtre, et êtres qui en sont doués, depuis les lui donna ensuite l'évêché de Coïmbre. plantes jusqu'aux animaux les plus II succéda, en 1110, à saint Géraud, complexes, 1830, 2 vol. in-8° avec archevêque de Braga, vint ensuite à planches, ouvrage neuf, le premier Rome, où Pascal II lui conféra le pal- qu'on ait fait depuis celui des Àni- Digitized by Google
BOU FRANCE. BOU 22T maux d'Jristote lequel d'ailleurs ne 11 fut un des douze premiers mem- , bres de l'académie de peinture, qui le parle ni des plantes, ni de tous les choisit pour son recteur. Il mourut à animaux. Paris , en 1671 , à l'âge de 55 ans. Voici le jugement qu'un juge éclairé Boubdon (Sébastien*), l'un des plus et d'un goût sûr a porté sur les ou- vrages de cet artiste : « Les dessins de fameux peintres de l'école française, Bourdon sont pleins de feu et d'une liberté qui enchante. Ses paysages à la naquit à Montpellier en 1616, et vint gouache sont très-heurtés, mais ils à Paris, en 1623. Son père, mauvais peintre sur verre, et un autre artiste font un grand effet. On reconnaît ai- fort médiocre de Paris, furent ses pre- miers maîtres. Malgré l'insuffisance de sément ce peintre à ses caractères de cette éducation, ses dispositions étaient têtes, à leurs coiffures singulières et si heureuses, qu'il devint bientôt un aux extrémités lourdes et négligées de Aartiste distingué. l'âge de 14 ans, il ses figures. » On a aussi de Bourdon alla peindre à fresque les plafonds d'un une quarantaine de gravures à l'eau- château dans les environs de Bor- forte, assez estimées. Ses élèves fu- rent Monier, Friquet de Vaurose et deaux. De là il se rendit à Toulouse, Guillerot,qui s'est fait un nom comme où le besoin le contraignit de s'enrô- ler. Mais son capitaine, amateur dis- paysagiste. tingué, jugeant, par ses dessins, qu'il Bourdon de la. Cbostïièbe (Léo- pouvait devenir un jour un grand peintre, lui donna son congé. Bour- nard-Jean-Joseph), plus connu sous le don, qui avait alors 18 ans, profita de sa liberté pour aller en Italie, où il nom de Léonard Bourdon, né, en 1758, passa trois ans, et prit surtout pour modèles Claude Lorrain, André Sar- à Longny-au-Perehe (Orne), avocat au chi et le Caravage. conseil du roi, dirigeait à Paris, en 1789, une maison d'éducation. Connu C'est peu de temps après son retour en France qu'il composa son tableau dès le 14 juillet comme l'un des plus du crucifiement de saint Pierre. Ce ardents défenseurs de la liberté, il tableau, que l'on regarde comme le contribua puissamment à la journée chef-d'œuvre de Bourdon , fut long- temps un des plus remarquables de du 10 août, et fut nommé, en 1792, Notre-Dame de Paris; il se trouve maintenant au musée du Louvre. député du département du Loiret à la Convention nationale. La commune Les guerres civiles qui signalèrent de Paris, avant l'ouverture de la ses- la régence d'Anne d'Autriche et le mi- sion, l'avait envoyé à Orléans, où la nistère du cardinal de Mazarin forcè- nouvelle des événements du 10 août rent Bourdon, en le privant d'ou- excitait des troubles. Il avait ordre vrage, de s'expatrier. Il se réndit, en de faire adhérer cette ville à toutes les 1662, en Suède, où la reine Christine mesures prises par l'Assemblée légis- lative, et de faire transférer à Saumur le nomma son premier peintre. Bour- les prisonniers de la haute cour na- don était protestant; c'était une des tionale. On sait qu'il conduisit ces pri- raisons qui l'avaient engagé à faire le voyage de Suède. Quand Christine, sonniers à Versailles, où leur présence en renonçant au trône, eut embrassé causa une émeute, et où ils furent le catholicisme, cet artiste, dont le massacrés. Bourdon fut accusé, à to/t caractère était d'ailleurs d'une grande peut-être, d'avoir été la cause de ce funeste événement. Il déclara ensuite mobilité, se prit à regretter sa patrie à la Convention que toutes les lois et revint en France.La paix s'y était ré- qu'elle voterait resteraient sans exé- cution, tant que toutes les adminis- tablie, et avec elle les arts commen- tiations ne seraient point composées çaient à refleurir. Les commandes d'hommes à la hauteur des circons- abondèrent , et Bourdon put mettre à profit Son talent et sa prodigieuse fa- tances. Lorsque Louis XVI fut détenu cilité. au Temple, ce fut lui qui proposa.de lui interdire toute communication avec 15. Digitized by Google
228 BOU L'UN 'ERS. BOU sa famille ; et lors du procès de ce et la vie qu'à l'amnistie du 25 octobre prince , il vota la mort sans appel , et 1795. Il fit partie du Conseil. des Cinq- pressa avec vigueur l'exécution. Envoyé Cents, où Boissy-d'Anglas le traita en mission à Orléans, en mars 1793, il d'assassin révolutionnaire, et se plai- gnit de ne pouvoir faire un pas dans fut assailli par un piquet de gardes na- Paris sans être effrayé de sa présence. Il fut ensuite l'agent du Directoire à tionaux, et couvert de blessures sous Hambourg, d'où il fit partir les émi- §rés. Il avait fondé, en 1793, l'école les yeux delà municipalité , qui ne prit point sa défense, ce qui motiva de la es Élèves de la Patrie. Il dirigeait encore à Paris, en 1803, et quelque part de la Convention un décret qui temps avant sa mort, une école pri- déclara la ville d'Orléans en état de maire. Il a publié : un Mémoire sur t instruction et réducat ion nationale, rébellion. Le 8 août de la même année, 1789, in-8°; Recueil des actions civi- Bourdon fut élu secrétaire de la Con- ques des républicains français, 4 nu- méros, 1794, in-8°; le Tableau des vention, et peu de temps après, pré- imposteurs, ou l'Inauguration du tem- ple de la Liberté, sans-culottide dra- . sident des jacobins. Il sollicita la for- matique en 5 actes. mation d'une armée révolutionnaire Bourdon de i/Oisk (François- Louis), fils d'un cultivateur du viflage dans chaque, département, et lit dé- de Remy, près de Compiègne, et an- créter, conjointement avec Bourdon cien procureur au parlement de Paris, fut un des partisans les plus exaltés de l'Oise, queles biens des détenus qui de la révolution, et se signala dans une foule de circonstances par la vio- se suicideraient, ainsi que ceux des con- lence de son caractère. Le 10 août 1792, à l'attaque du château des Tui- damnés, appartiendraient à la républi- leries, il paya de sa personne, mais fut loin de rester pur de tout excès. \" que. Léonard ayant défendu Vincent et La manière dont il entra , dit-on , à l'Assemblée'conventionnelIe, ne lui fait Ronsin , le 28 janvier 1794, et proposé pas honneur. Léonard Bourdon de la Cr'bsnîère, son concurrent, ayant été leur mise en liberté , Robespierre lit rejeter cette proposition par le comité nommé tout à la fois par le collège de salut public, et ces deux scélérats électoral de l'Oise et par celui du Loiret, opta pour la députation de ce furent guillotinés le 4 ventôse suivant. dernier. François-Louis Bourdon, can- didat de l'Oise, profita de la conformité Mais dès ce moment, Bourdon voua du nom (sans être de la même famille), une haine implacable à Robespierre. se présenta, et fut admis à la Conven- Quand celui-ci lui eut reproché quelque tion comme s'il eut été nommé, et temps après d'avoir participé à la cons- sans qu'aucune réclamation s'élevât piration d'Hébert qui venait d'être exé- contre cette supercherie. Bourdon de l'Oise ne se contenta pas de voter cuté, effrayé de cette sortie, il ne garda la mort du roi, il demanda que les ))lus aucune mesure, et prit la part hommes mutilés en combattant pour la cause de l'égalité sur la place du a plus active à la journée du 9 ther- Carrousel, fussent confrontés avec midor, qui le délivra du juge dont Louis XVI, lorsque ce prince fut tra- duit à la barre de l'Assemblée, §t pro- l'œil perçant menaçait sa conduite voqua en duel son collègue Cambon d'une sévère investigation. Adjoint à qui, suivant lui, s'était conduit d'une Barras pour commander la garde na- tionale, il pénétra, à la tête de la force armée, dans la maison commune, où Robespierre s'était renfermé avec les chefs du parti de la Montagne, s'em- para d'eux, et rendit compte lui-même a^la Convention de ce siège de l'hôtel de ville. Quelque temps \"après , il fit décréter la translation du corps de Marat au Panthéon, et dirigea lui- même cette cérémonie. Traité haute- ment d'assassin à la Convention par Legendre, et aux applaudissements universels des tribunes , il se mit à la tête de la conspiration qui éclata le er 1 avril 1795, fut arrêté, conduit au château de Ham, et ne dut la liberté Digitized by Google
BOU FRANCE. m manière trop modérée; enfin il se Se rangeant toujours du côté du plus prononça contre le sursis et contre fort, if s'enrôla sous la bannière des l'appel,* et appela toute la colère du clichiens , et fut un des plus mortels peuple sur les députés qui parleraient ennemis de tout ce qui avait été ré- en sens contraire. Il prit une grande publicain ; aussi le Directoire qui , part à la révolution du 31 mai 1793, dé- avait à se venger de ses violentes fendit chaudement le régime de la ter- diatribes, après le 18 fructidor, l'ins- reur, blâma Grégoire de chercher a crivit sur la liste des déportés qui christianiser la révolution, èt dénonça furent envoyés à Cayenne , et quel- les fermiers généraux qui furent arrê- que temps après son arrivée à Sina- , mari , il mourut , accablé de regrets et de remords. tés , traduits au tribunal révolution- naire et exécutés. Cependant , s'étant Un jour, en répondant à Brival qui brouillé avec Robespierre à cause des insultes qu'il prodiguait au ministre se plaignait de ce qu'au milieu de de la guerre Bouchotte, il fut l'un des tant de crimes inutiles, on n'avait pas plus ardents coryphées de la réaction encore affermi la république, Bourdon thermidorienne, et se réunit à ïallien, de l'Oise s'écria : « // n'y a point de Legendre , Léonard Bourdon et Le- « crimes utiles; » belles paroles, mais cointre de Versailles. Dès ce moment déplacées dans la bouche de Bourdon sans renoncer à son système de pros- de l'Oise, qui, soit pendant la terreur, cription, il se déclara l'ennemi le plus soit pendant l'époque réactionnaire qui implacable des sociétés populaires, et suivit le 9 thermidor, n'avait reculé le protecteur des prêtres et des nobles. devant aucun excès. Toutefois, il n'en demanda pas moins, Bourdon de Sigrais (Claude- vers le mois de décembre 1794, le Guillaume), de l'Académie des ins- rapport de la loi qui ordonnait aux criptions et belles-lettres, né en 1715, ex-nobles de se tenir éloignés de Pa- prèsde Lons-le-Saunier, mortà Paris en ris, et provoqua celle qui portait que 1791, a publié plusieurs ouvrages, par- les biens des pères et mères d'émigrés mi lesquels nous citerons seulement sa seraient confisqués au profit de la na- traduction des institutions militaires tion. Il insista pour la déportation de de Fégèce, Paris, 1749, in-12;ses Con- ses anciens complices , Collot-d'Her- sidérations sur l'esprit militaire des bois, Barrère et Billaud-Varennes; il Gaulois pour servir d'éclaircisse- , s'était vivement prononcé contre les mentpréliminaire aux mêmes recher- insurrections du 12 germinal et du ches chez les Français , et d'intro- duction à Chistoire de France, 1774, er prairial qui coûtèrent la vie aux in-12; ses Considérations sur l'esprit 1 , militaire des Francs et des Fran- çais, depuis le commencement du rè- représentants Duroy, Goujon , Du- quesnoy, Soubrany, Romme et Bour- botte, ainsi qu'au député Fçrraud, qui fut massacré dans la salle de la gne de Clovis, en 482, jusqu'à la fin Convention. Bourdon se montra le de celui de Henri IV, en 1610, Paris, défenseur de Carrier, s'opposa à l'ar- 1786, in-12; et enfin ses Considéra- restation de Joseph Lebon, et demanda la mort du général Rossignol. Il fut tions sur l'esprit militaire des Ger- mains, depuis l'an de Rome 640, jus- envoyé à Chartres pour rechercher ceux qu'en 176 de l'ère vulgaire, Paris, qui avaient participé à l'insurrection 1781, in-12. du 13 vendémiaire contre la Conven- tion, et s'acquitta de cette mission Bourdon de Vatry ( Marc-An- avec la plus excessive rigueur. Il fut toine), frère de Bourdon de la Crosnière, naquit à Paris en 1761. Al'âgededix- du nombre des conventionnels qui neuf ans, il suivit, en qualité de secré- passèrent au conseil des Cinq-Cents, taire, l'amiral de Grasse, qui prit une et augmenta sa fortune d'une ma- part si active à la guerre d'Amérique.De nière considérable, en spéculant sur retour en France, «ou commencement les assignats et sur les biens nationaux, de la révolution , il entra dans les bu- Digitized by Google
230 BOU L'UNI reaux du ministère de la marine, et l'île d'Elbe, le nomma commissaire devint, en 1795, chef du bureau des extraordinaire près de la dix-septième colonies, place qu'il quitta trois ans division militaire, et ensuite préfet de après, pour aller résider à Anvers en l'Isère. Mais, à la seconde restauration qualité d'agent maritime du Directoire. Bourdon de Vatry quitta l'administra- Il v organisa le service avec une grande tion pour n'y plus rentrer. Il est mort babileté, et sut concilier l'intérêt local à Paris, en 1828. ;i\\ec l'intérêt français. En revenant de Bourdonnais (la), terre et seigneu- Berlin pour aller occuper la présidence rie de Bretagne, érigée en marquisat du Directoire , Sieyès conçut une si en 1717. haute opinion de Bourdon,qu'à son arri- Bourdonnais (la). Voy. la Bour- Tée à Paris, il lui fit donner le ministère donnais. —Boubes. Ce terme, dérivé de l'al- de la marine, en remplacement de l'a- miral Hruix, qui allait prendre le lemand Bauer (paysan), était le nom commandement de la flotte combi- par lequel les auteurs français du sei- née des Français et des Espagnols. zième siècle désignaient les hordes de Après le 18 brumaire , considéré paysans allemands insurgés, qui, en par le premier consul comme une 1525, menacèrent d'envahir la France, créature de Sieyès, il partagea la et furent vaincus par le duc Antoine disgrâce de celuf-ci , et ne tarda pas à de Lorraine. Luther venait de procla- offrir sa démission, qui fut acceptée. mer ses doctrines innovatrices; le On le renvoya alors à Anvers avec le clergé, la noblesse et la bourgeoisie titre d'ordonnateur général des mers les avaient embrassées avec enthou- du Nord ; mais après avoir travaillé siasme parce qu'ils y trouvaient leur , avantage. Mais les serfs de la glèbe avec succès au rétablissement du com- devaient, comme auparavant, rester merce de l'Escaut , il fut destitué et envoyé quelque temps après ù Lorient courbés sous le joug. Eux aussi vou- comme chef maritime de«e port, d'où lurent s'affranchir, et bientôt une in- H1 passa à la préfecture- maritime du surrection terrible éclata dans les cam- Havre. Il fut supprimé de nouveau pagnes de la Souabe et de la Thuringe. polir avoir prédit les suites de l'expé- Grandissant à mesure qu'elle s'avan- dition de Saint-Domingue qui se pré- çait, comme une effroyable avalanche parait alors. Cependant il fut encore cette insurrection franchit le Rhin et appelé à la préfecture de Vaucluse, pénétra en Alsace. Les insurgés, en puis à celle de Maine-et-Loire. On lui qualité de chrétiens et d'enfants de doit les ponts de la Durance et du Dieu , demandaient la liberté et l'éga- Rhône, la réparation de la levée de lité évangéliques , la destruction de la Loire , celle des ponts de Cérémis, toute tyrannie, la communauté des le lycée d'Avignon, et des routes nom- biens , etc. Marchant comme des hordes breuses faites à neuf dans ces deux dé- nomades avec leurs familles, leurs partements. Cet habile administrateur troupeaux et leur butin, pillant, sur avait entrepris d'autres travaux non leur passage , les châteaux et les mo- moins importants, lorsqu'il reçut l'or- nastères, ils s'étaient réunis en Al- dre départir pour Gênes, qui lui fut sace au nombre de plus de quarante redevable d'un grand nombre d'établis- mille , et n'attendaient que de nouveaux sements publics, de routes nouvelles, * renforts, qui devaient leur arriver d'Al- de beaux ponts sur la Serivia et sur lemagne , pour tomber sur la France le Pô. Les Génois lui élevèrent un dont le roi était prisonnier de Charles- buste en marbre en reconnaissance de Quint. Le duc Antoine de Lorraine, ses services. Malouet, ministre de la craignant pour ses sujets la contagion marine , en 1814, le fit appeler en qua- de l'exemple , se hâta d'appeler à son lité de directeur du personnel de ce secours son frère Claude de Lorraine ministère et d'intendant des armées prince de Guise, alors gouverneur de navales. Napoléon , à son retour de Champagne. Lui-même rassembla tou- Digitized by Google
FRANCE. BOU 281 tes les forces qu'il put trouver disponi- en fut de même de la comédie en un bles : Lorrains, Lansquenets, Espan- nisquenets (spanniscne knechten) , acte et en vers intitulée : la Coquette gendarmes espagnols, Écossais, Stra- punie, qu'elle fit représenter chez elle diots d'Épire, arquebusiers italiens, et publia en 1779. Née à Paris en 1714, piquiers allemands et volontaires fran- çais. Avec cette armée, forte de onze elle y mourut en 1784. Bourg, chef-lieu du département mille hommes au plus, le duc arriva le 15 mai devant Saverne , ville d'Alsace de l'Ain , ancienne capitale de la alors importante, dont les révoltés Bresse, à 44 kilomètres N.-É* de Lyon. étaient maîtres. Un fort détachement Suivant la Martinière qui attribue , de ses troupes massacra et brûla d'a- bord six mille paysans au village de la fondation de Bourg aux anciens Lupstein , sur la route de Strasbourg. Consterné par cette défaite , Érasme seigneurs de Baugé, l'origine de cette Gerber, chef des Boures de Saverne, consentit une capitulation qu'on ne se ville ne remonterait pas au delà du fit aucun scrupule de violer. Les féro- treizième siècle. Le président de Thou ces mercenaires du duc de Lorraine a émis une autre opinion, qui s'ap- pillèrent la ville et massacrèrent plus de vingt mille paysans et la plus grande puie, entre autres preuves, sur de partie des habitants. Cependant la guerre n'était pas encore finie. Les nombreux débris d'antiquités décou- troupes du duc reprenaient le chemin de la Lorraine, quand leur avant- vertes à Bourg et dans les environs. garde se heurta, le 20 mai, à Châtenoi, près de Scheletstadt, contre une seconde Selon lui, cette ville serait située sur armée de Boures, évaluée à vingt-auatre l'emplacement de l'ancien Forum Sebu- mille hommes, et menant avec elle dix ou douze fauconneaux. Le duc Antoine sionorum.Quo'i qu'il en soit,du onzième se décida à les attaquer avec trois mille hommes environ qu'il avait. Bientôt ces au seizième siècle, Bourg fit partie des bandes mal équipées, mal disciplinées États des ducs de Savoie, qui y cons- puet au fait du maniement des armes truisirent une citadelle remarquable. à ieu, furent écrasées, culbutées, et Prise par les Français en 1636 et en mises dans une telle déroute que plus 1600, elle fut définitivement cédée à de la moitié tomba sur le champ de la France par le traité de Lyon, en bataille; les autres se dispersèrent; 1601. Marie de Médicis en fit démo- et de 'cet immense soulèvement il ne resta qu'un effet moral, c'est-à-dire, lir la citadelle en 1611. une impulsion plus rapide donnée à la Bourg fut pendant quelque temps réforme. une ville épiscopale. Léon X, à la sol- Boubette (Charlotte Renyer, da- me) plus connue sous le nom de Muse- licitation de Charles, duc de Savoie, , y avait nommé, en 1515, un évêque, Limonadière, tenait à Paris, vers le qu'il révoqua l'année suivante, à la milieu du dix-huitième siècle, un café fort en vogue chez les notabilités con- prière de François Y'. Cinq ans après temporaines, et qu'elle changeait quel- quefois en cercle littéraire ou en salle il en nomma un autre ; mais cette fois de spectacle. On a d'elle deux vol. de encore, les réclamations de François lv poésies dédiées au roi Stanislas, et se firent entendre, et en 1536, Paul III, publiées en 1755, sous le titre de la qui occupait alors la chaire pontifi- Mute-Limonadière. Ces poésies eurent cale, supprima définitivement l'évéché dans leur temps beaucoup de succès; il de Bourg, pour le réunir à l'archevê- ché de Lyon. Bourg, dont la population est au jour d'hui de 8,996 habitants , possède des tribunaux de première instance et de commerce, un collège communal et une bibliothèque publique de 19,000 volumes. C'est la patrie du grammai- rien Vaugelas et du célèbre astronome Jérôme la Lande. Le monument le plus remarquable de Bourg est l'église Notre-Dame de Brou^ construite en 1511, par ordre de Marguerite d'Autriche, fille de Maximihen er et tante de Charles- I Digitized by Google
*32 BOU L'UNIVERS. BOU Quint. Cette église, où l'on admire les ment, auquel il ordonna de délibérer mausolées de Marguerite, de Phi- sur le genre de peine à infliger aux lippe II de Savoie, son mari, et de novateurs religieux. Il ne trouva pas, Marguerite de Bourbon, sa belle-mère, chez tous les membres de ce corps po- est une des productions les plus re- litique, la docilité qu'il espérait : plu- marquables de l'architecture du sei- sieurs , au lieu d'élever la voix contre les réformistes, firent une critique zième siècle. chaleureuse des mœurs corrompues Boubg-âchâbd ti(re et seigneu- , rie de Normandie, à 4 kilomètres sud- de l'Église romaine. Louis Faur osa ouest de Rouen, érigée en baronnie en dire en face à Henri II : « Craignez 1624. « qu'on ne vôus dise comme autrefois BOUBG-DÉOLS OU BoUBG-DlEU, « Elie à Achab : C'est vous qui trou- Ficus DolensiSy petite ville du Berry, « blez Israël. » Anne du Bourg alla en- core plus loin : il lui ditque les hommes à dix kilomètres sud-est de Bourges; jadis capitale du bas Berry, et le cnef- commettaient contre les lois plusieurs lieu de la seigneurie déoloise. crimes dignes de mort, tels que les Boubg-sub-mbb Burgus , ville de blasphèmes réitérés, les adultères, les , l'ancienne province de Guyenne, à débauches, et que ces crimes restaient quatre kilomètres et demi de Blaye, impunis, tandis qu'on demandait des au confluent de la Garonne et de la supplices contre des gens à qui on ne Dordogne. Sidoine Apollinaire (*) a pouvait reprocher aucun crime. « Car consacré un poème entier à la descrip- « enfin, ajouta-t-il , peut-on imputer « le crime de lèse-majesté à des' nom- tion de cette ville , que venait de fon- • der Pontius Paulinus, préfet du pré- « mes qui ne font mention des prin- toire sous Valentinien, et père de saint « ces que dans leurs prières ? Ce oui Paulin. Bourç-sur-Mer, dont la popu- « fait qu'on les regarde comme séai- lation est aujourd'hui de deux mille « tieux, c'est parce qu'ils ont révélé, trois cent cinquante habitants, fait « à la faveur de l'Écriture , la turpi- partie du département de la Gironde. « tude de la puissance romaine qui Boubg (Anne du), conseiller-clerc , « penche vers sa ruine, et qu'ils au parlement de Paris, neveu d'An- « demandent une salutaire réforma- toine du Bourg (chancelier de France « tion. » Le roi répondit à ces remon- sous François er naquit, en 1521, trances en ordonnant au connétable I ), à Riom en* Auvergne. Destiné d'abord de Montmorenci d'arrêter Faur et du à l'Église, et ayant même pris les or- Bourg , qui furent en effet conduits à la Bastille. L'évéque de Paris déclara dres, il quitta la carrière ecclésiastique pour celle du barreau. La distinction Anne du Bourg hérétique, le dégrada avec laquelle il enseigna le droit à Or- du sacerdoce dont il était revêtu , et léans fixa l'attention sur lui, et, en le livra au bras séculier, c'est-a-dire, 1557, il fut reçu conseiller-clerc au au juge royal, pour être puni. Du Bourg parlement de Paris; mais ayant adopté appela de cette sentence à l'archevê- les opinions de Calvin, il ne tarda pas que de Sens, métropolitain de Paris. à être victime de son zèle pour la ré- Surces entrefaites, Henri II mourut; forme, qui, depuis François er était mais les Guise qui gouvernaient la I, , alternativement la cause ou le prétexte France sous le nom de François II , et de grandes agitations dans le sein de qui étaient gouvernés eux-mêmes par Ala France. l'exemple de son père, 1 influence ultra-montaine, montrèrent Henri II se montra hostile aux pro- encore plus d'acharnement contre les testants français, tout en recherchant opinions nouvelles ; le procès d'Anne du Bourg fut continué. Toutefois, l'é- l'alliance de ceux du dehors. En 1559, un jour destiné aux séances mercu- lecteur palatin, dans l'intention d'atti- riales, ce prince se rendit au parle- rer près de lui un homme aussi sa- • vant , et de le mettre à la tête de son université de Heidelberg, demanda par (*) Carmen xxu ad Pontium Leontittm. , Digitized by Googl
FRANCE. lettre sa grâce à François II. Malheu- de Tordre de Malte; aujourd'hui chef- reusement, un événement funeste ren- lieu d'arrondissement du département de la Creuse, dit son salut impossible : ce fut Tas- sassinat de Minard, Un de ses juges Cette ville doit toute sa célébrité au les plus hostiles. Anne du Bourg Ta- séjour qu'y fit, au quinzième siècle, le vait d'abord inutilement récusé; on malheureux Zizim. Ce prince, vaincu par son frère, Bajazet II, auquel il prétendait même qu'il lui avait dit disputait l'empire ottoman, avait été chercher im asile dans l île de Rhodes, avec menace: « Dieu saura t'y for- d'où le grand maître de l'ordre de « cer. »> Minard, l'homme de con- Saint-Jean de Jérusalem, Pierre d'Au- busson , le lit transférer à Bourganeuf fiance du cardinal de Lorraine, fut où il resta jusqu'en 1489, époque où il assassiné à six heures du soir, en sor- fut livré au pape Innocent VIII (voyez Aubusson et les Annales, t. I\", tant du palais. Telle fut l'occasion qui fit rendre Yordonnance minarde, par p. 258). On voit encore dans cette ville laquelle la fin de l'audience de relevée fut fixée à quatre heures du soir, de- une grosse tour dont on lui attribue la puis la Saint-Martin jusqu'à Pâques, construction. Trois jours après, Anne au Bourg fut Cette petite ville s'est fait remar- condamné à mort. 11 fut pendu en quer dans ces dernières années par l'insistance qu'elle mit à se faire re- f>lacede Grève, et son corps fut brûlé présenter à la chambre des députés par e 20 décembre 1559. Il mourut avec un grand :our»ge, à peine âgé de trente- M. ÉmileGirardin. Un Anglais deman- huit ans. Loin de se montrer effrayés de sa mort, les protestants redoublé- dait à cette occasion s'il y avait*3ussi dent d'audace; il fut rangé par eux des bourgs pourris en France, au nombre de leurs plus illustres mar- Boubgelat (Claude) fut le fonda- tyrs. teur des écoles vétérinaires en France * Bourg (Antoine du), oncle du pré- et le créateur de Yhippiatrique , ou médecine des animaux domestiques. Il ccdrnt, était président au parlement établit à Lyon, en 1762, la première école vétérinaire que l'on ait vue en de Paris lorsque, en 1585 , après la , Europe. On lui doit plusieurs ouvrages mon du car iinal Duprat, François er fort utiles; ce sont : un Traité de co- valerie, Lausanne, 1747, in-12; Nou- l'éieva à la dignité de chancelier de veaux principes sur la connaissance et sur la médecine des chevaux, Lvon, France. Il est à remarquer que l'édit 1750 - 1552, 3 vol. in-8°; Ànatbmie comparée du cheval, du bœuf et du de tolérance rendu par le roi à Couci, mouton; un règlement pour les écoles vétérinaires de France, et les articles en faveur des protestants, porte la de l'Encyclopédie relatifs à l'art vété- même date que les lettres de nomina- rinafre et au manège. Il mourut en tion d'Antoine du Bourg , celle du —1779, âgé de soixante-sept ans. Mi juillet. Il est donc permis de croire Bourgeois, Bourgeoisie. Les que ce magistrat, oncle d'Anne du mots bourgeois et bourgeoisie n'ont Bourg, qui, vingt-quatre ans après, fut pas toujours eu la même signification. une des plus illustres victimes des Leur sens, au moyen âge, était res- réactions du catholicisme contre la treint et spécial; aujourd'hui, il est plus étendu et plus général. Entre les réforme, avait contribué à faire adop- bourgeois et les bourgeoisies que l'on rencontrait aux douzième, treizième ter cette mesure conciliatrice; mais et quatorzième siècles, non point seu- lement dans les villes, mais encore son administration ne fut pas longue : dans les campagnes, et les bourgeois le roi étant allé, en 1538, visiter la ville de Laon, l'empressement du fieuple pour le voir fut si grand, que e chancelier, qui faisait partie du cortège, fut renversé dé cheval et foulé aux pieds par la foule. Il mourut quel- que temps après de ses blessures. Bourganeuf, Burgus novus, ville de la Marche, autrefois chef-lieu d'une élection et résidence d'un grand prieur Digitized by Google
134 BOU L'UN fERS. BOU et la bourgeoisie actuels, la différence différents points du territoire conquis, est grande. Cependant on ne saurait et chacun d'eux eut son burg ou rési- méconnaître qu entre la bourgeoisie du dence que la pâture et l'art avaient plus ou moins fortifiée. Les esclaves et moyen âge et celle du dix-neuvième les vassaux qui cultivaient les terres du chef barbare se réunirent non loin siècle il n'v ait des rapports directs. de cette résidence, et l'on vit souvent s'élever autour.de la maison du maître Ce sont, si l'on peut s'exprimer ainsi, de nombreuses habitations. Les hom- des rapports de filiation et de parenté. mes qui s'étaient ainsi fixés près du Les bourgeois d'aujourd'hui ont eu lieu fortifié où se tenait celui qu'on pour ancêtres les bourgeois des anciens désigna plus tard sous le nom de sei- niunicipes romains et des communes; gneur, étaient les hommes du burg, et «t la bourgeoisie que nous voyons si leurs habitations faisaient partie de ce forte et si puissante , a eu son Berceau burg. Cet état de choses subsista non placé dans ces villes qui au nord et au point seulement au temps de l'invasion midi ont fait, au douzième siècle, de des Gaules par les Germains, mais en- si grands efforts pour maintenir ou core dans tous les siècles qui s'écoulè- pour acquérir une précieuse indépen- rent jusqu'à l'établissement de la féo- dance. Toutefois , la parenté que nous dalité. Le système féodal, hâtons-nous de le dire, n'apporta, en ce qui con- signalons n'entraîne pas nécessaire- cerne les habitants des bourgs, aucun ment, entre ce qui est et ce qui a été, changement à ce qui avait existé depuis la conquête. Les serfs, pour' trouver une complète ressemblance. Le cours aide et appui contre les attaques sou- des siècles et des années a amené dans daines et imprévues, continuaient à l'état des personnes et des classes de fixer leurs habitations au pied de l'an- notables changements. Ce sont ces cien burg germanique, que, dans la changements que, dans un aperçu ra- langue latine et dans l'idiome vulgaire pide, nous allons essayer de saisir et qui commençait à se former, on dési- gnait par les' mots de castellum, cas- d'apprécier (*). tel ou château. Nous devons placer ici Plusieurs érudits ont longuement et une remarque qui, suivant nous, n'est point sans importance. savamment discuté pour donner l'ety- moiogie réelle et la signification pre- On avait, à l'origine, donné le nom mière du mot bourg, et de bourgeois et bourgeoisie, ses dérivés; mais, nous de bourg à la réunion des habitations le croyons , nul jusqu'à présent n'est placées non loin de la maison fortifiée encore arrivé à obtenir, dans ses re- que les conquérants appelaient burg cherches , un résultat d'une incontes- table vérité. Qu'il nous soit permis dans leur dialecte. Au dixième siècle, de proposer ici quelques conjectures. ce nom était devenu plus général, et, Dans l'ancienne comme dans la nou- s'il faut en croire Luitprand, on dési- velle langue germanique, le mot burg signifie un lieu fortifié, un château. gnait par le nom de bourg toute réu- Après l'invasion des Gaules, les chefs nion de maisons qui n'était point close germains qui avaient franchi le Rhin par une muraille, congregalionem do- se disséminèrent avec leurs fidèles sur morum quœ mnro non clauditur (*). (*) Nous devons dire ici que nous avons Plus tard encore, le mot bourg se gé- eu constamment sous les yeux l'excellent mémoire que Bréquigny, sous le titre de néralisant de plus en plus, s'appliqua réface, a inséré dans le tome XIIe des or- à tous les villages fortifiés ou non for- onnances des rois de France. Nous avons tifiés, quand ils étaient assez consi- eu recours aussi ^ un mémoire que Bréqui- gny a consulté avec fruit : nous voulons dérables. parler des Essais sur l'histoire des bourgeoi- sies du roi, des seigneurs et des ri/les, par Bréquigny, dans ses savantes re- M. Droz, Besançon, 1760, à la suite des cherches, a\"donné sur les mots bour- Mémoires pt>ur servir à l'histoire de la ville de Pontarlier. (*)Luitprand, liv. III, ch. ta. Digitized by Googl
Bor FRANCE. BOU 235 geois et bourgeoisie quelques explica- * mot, comme collectif, servit à dési- tions que nous allons reproduire. « Sans prétendre, dit-il, rappeler toutes les gner la classe des habitants des villes, .acceptions du mot bourgeois, nous par opposition à la classe des habi- # nous contenterons de dire qu'il fut tants de la campagne; ou la classe des d'abord employé pour désigner en gé- néral les habitants des bourgs ou Vil- roturiers par opposition à la classe lages, soit ouverts, soit fermés. Lors- , que les bourgs fermés s'élevèrent au titre de ville, les habitants conservè- des nobles (*). Enfin il signifie le droit rent le nom de bourgeois. Enfin , lors- accordé aux habitants d'un lieu ou à que ces lieux obtinrent des privilèges ceux qui leur étaient associés, de pour leurs habitants réunis en corps, jouir, à certaines conditions, de privi- le nom de bourgeois devint propre aux lèges communs. Brussel soutient qu'il individus de ce corps, à l'exclusion non-seulement des habitants des lieux ne fut en usage que sur la fin du trei- non privilégiés, mais même de ceux zième siècle, quoiqu'on se servît de- des habitants du lieu privilégié, qui puis longtemps du mot bourgeois. Ce- n'avaient pas été associés au corps pour lequel le privilège avait été ac- pendant le mot bourgeoisie existait cordé. Par là , on restreignit l'acception première du mot bourgeois : il avait dès le temps de Philippe-Auguste , dans d'abord désigné en général tout ha- un sens différent, à la vérité, de celui bitant des lieux auxquels on donnait le nom de bourg; il désigna par la suite dont il s'agit; mais il n'est guère pro- l'habitant associé aux privilèges de ces lieux. Il n'avait exprimé originairement bable qu'il n'ait pas été dès lors employé —qu'une idée de position, l'on y joignit dans ce sens même, qu'il offrait si na- une idée de privilège. De ce mot turellement et qu'on avait si fréquem- bourgeois se forma celui de bourgeoi- ment besoin d'exprimer, puisque ce fut sie, dont la signification éprouva en- surtout alors que les bourgeoisies core plus de variations : on nomma prises en ce sens se multiplièrent. » bourgeoisie tantôt le territoire dont L'existence du droit de bourgeoisie, les habitants, sous le nom de bour- geois, avaient des privilèges en com- du droit accordé aux habitants d'un mun, tantôt la redevance annuelle lieu ou à ceux qui leur étaient associés, dont les bourgeois étaient chargés pour le prix de ces privilèges (*). Tantôt ce de jouir, à certaines conditions, de (*) Le mot bourgeoisie a !c sens de terri- privilèges communs, ne remonte pas toire dans une charte de 1284, citée par le continuateur du glossaire de du Cange, au au delà de l'établissement du système mot Burgesia. Si aliqui infra bttrgesiam villœ Anziaci de novo venire voluerint, etc. féodal. Quelques auteurs ont placé les De même, dans l'arrêt des Grands jours de Troyes, en 1287, cité par Brusscl, on lit : origines de ce droit dans la grande ré- Burgenses venientes in btirgenciis suis. Il se- rait superflu de multiplier les preuves. Bour- volution qui vit naître les communes. geoisie a le sens de redevance dans une charte de Philippe-Auguste de 1200, citée pétuelle aumône..... à prendre sur mes bour- par du Cange au mot Burgesia : De servien- geoisies de Goyse, par la main de celi qui tibus laïcis scholarium qui non debent bur- pour teus rccepvra lesdites bourgeoisies. »» gensiam nobis ; et dans une charte d'un Il faut observer qu'on a aussi compris sous comte de Blois en 1277 : « J'ai donné eu per- le nom de bourgeoisies de simples rede- vances féodales', appartenant aux seigneurs sur les iiefs qu'ils avaient dans les bourgs, et qu'on appelait plus communément bour- gages, droit réel dû par le terrain; au lieu que la redevauce dont nous parlons ici était un droit personnel dû par le bourgeois. (Note de Bréquigny.) (*) Le mot bourgeois fut aussi employé en ce sens, même anciennement. Voyez du Cange sous le mot Burgenses. Mais on pour- rait prouver que l'habitation dans les villes ne fut pas toujours essentielle à la bourgeoi- sie, et que la bourgeoisie ne fut jamais incompatible avec la noblesse, quoique ces deux conditions aient toujours pu, à divers égards, être mises en opposition. (Note de Bréquigny.) Digitized by Google
2S« BOC L'UNI rERS. BOU En cela , nous le croyons , ils ont corn- qui souvent étaient respectés. Ceux mis une grave erreur. Qu'il nous soit qui étaient ainsi réunis pour lutter, permis de donner à ce sûjet de courtes et qui jouissaient des droits et des explications. Après la dissolution de l'empire car- avantages que leur avait procurés lovingien, au moment où l'action d'un l'association, formaient déjà dans l'É- pouvoir fort et unique, d'un pouvoir tat une classe à part , classe nom- central , cessa de se manifester dans toutes les parties du corps politique de breuse et puissante qui, sous le nom l'État, on vit la société se fractionner, les provinces se séparer et les indi- de bourgeoisie, devait bientôt acqué- vidus s'isoler. Dans ces instants de violente séparation, les invasions des rir assez de puissance pour soutenir Normands , l'absence de l'autorité ré- avec avantage le combat contre le f;ulière et protectrice qui , sous Char- emagne et ses premiers successeurs, clergé et la noblesse. Les chroniques avait défendu la société contre elle- et les actes officiels des dixième et même, enOn d'autres causes encore, onzième siècles ne donnent point en- ici nous ne devons point apprécier, core le nom de bourgeois aux habi- orcèrent les hommes qui habitaient la tants des villes ; mais on ne saurait portion de territoire qui est aujour- d'hui la France, à chercher contre les méconnaître qu'entre les hommes désordres du temps de nouvelles ga- ranties. Ces garanties de sécurité, qui soutinrent la première guerre chaque classe les trouva en quelque sorte en elle-même et dans ses propres contre la féodalité , et ceux qui plus , forces. Le clergé se vit défendu par le caractère sacré qui était imprimé à tard, au douzième siècle, s'enorgueil- chacun de ses membres et par les croyances religieuses de l'époque. Les lissaient à juste titre de leurs chartes puissants du siècle, les riches proprié- de communes, il n'y eût une complète taires qui devinrent plus tard les nobles et les seigneurs , trouvèrent leur ressemblance. sauvegarde dans l'étendue rie leurs domaines, dans le nombre de leurs Les chartes de communes, en effet, vassaux, et dans les fossés profonds et ne firent que sanctionner un droit les épaisses murailles qui entouraient préexistant. Ce qui n'avait été que la maison qu'ils habitaient. KnGn il y eut une troi. me classe qui trouva coutume devint loi écrite, loi positive. aide et protect on contre les violences et les désordres, dans l'association. La bourgeoisie et les bourgeois sont Nous voulons parler ici des habitants donc de beaucoup antérieurs au dou- des villes. zième siècle, et à la révolution qui A l'époque où se constitua , pour éclata alors dans les villes du nord de ainsi dire , dans toutes les parties de la France, le régime féodal , les villes la France. 11 est vrai de dire , toute- s'organisèrent pour la lutte. Elles soutinrent longtemps une guerre ou- fois, que la classe des bourgeois, cette verte, avec plus ou moins de succès, classe intermédiaire , comme dit Bré- contre les hommes puissants , laïques ou ecclésiastiques , qui cherchaient à quigny, entre la classe infortunée des les opprimer. Dès lors les villes vilains et celle ides seigneurs de fie avaient des droits qui n'étaient point ne commença à prendre un rang con- toujours reconnus , il est vrai , mais sidérable dans l'État qu'à l'époque de l'érection des communes et sous le règne de Louis le Gros. Bréquigny, dans le savant mémoire que nous avons déjà cité , a dit , en quelques mots quels étaient , au , moyen âge , les caractères et les ob- jets\" des privilèges attachés aux bour- geoisies. Nous reproduirons ici l'o- pinion de cet illustre érudit. « Les caractères généraux des bourgeoisies sont : 1° qu'elles ne peuvent être con- férées qu'à des personnes de condition libre ; 2° qu'elles supposent un corps auquel ces personnes sont associées; 3° qu'elles exigent la réunion de ces mêmes personnes dans un lieu déter- miné, pour y jouir en commun de leur Digitized by Google
BOU FRANCE. BOU 237 droit, soit que cette réunion soit pie bourgeoisie recevaient toutes leurs réelle ou fictive. Développons ces lois, tous leurs règlements du roi ou trois carnctères. Premièrement , la de leurs seigneurs. Toute commune, bourgeoisie ne pouvait être accordée tout municipe, jouissait des droits de qu'a des personnes libres. Si on vou- bourgeoisie; mais toute ville de bour- lait l'accorder à des serfs , on avait geoisie ne jouissait pas des droits de soin de les affranchir préalablement; commune ou de municipe : ce que de là tant de lettres de bourgeoisie, à ceux qui ont écrit sur ces matières la tête desquelles ceux à qui on les ac- n'ont pas toujours assez distingué. corde sont affranchis. L'homme af- Troisièmement, l'obligation du do- franchi par le roi ne devenait pas micile, dans le lieu privilégié , était encore un caractère essentiel de la pour cela bourgeois du roi (*), comme quelques auteurs ont paru le croire ; bourgeoisie. Ce domicile dut d'abord 1 affranchissement était un prélimi- être réel et continu ; mais il devint naire essentiel pour parvenir à la ensuite momentané et même pure- bourgeoisie, mais il n'était ni ne pro- ment fictif, lorsque les souverains eu- curait la bourgeoisie. En second lieu, rent introduit cette espèce de bour- pour acquérir l'a bourgeoisie , il fallait geoisie personnelle qu'on nomma ; être associé à un corps de bourgeois ; bourgeoisie du roi. La dispense d'un il était indifférent que ce fût au corps domicile réel , dans le lieu privilégié, des habitants d'une vilie de simple a fait prendre quelquefois les bour- bourgeoisie, d'une ville de commune, geoisies du roi pour de simples sau- ou d'un ancien municipe ; le droit de vegardes. Mais les lieux qui avaient bourgeoisie y était essentiellement le droit de bourgeoisie, les villes de même il n'y avait de différence que commune même, demandaient Quel- , relativement à l'étendue des privilè- quefois des sauvegardes; l'effet de la ges. Les villes de commune et les sauvegarde était donc autre que celui municipes avaient une magistrature de la bourgeoisie. Tels sont les ca- tirée du corps de leurs bourgeois ; les ractères distinctifs des bourgeoisies villes de simple bourgeoisie étaient en général L'objet principal de régies par les officiers du roi. Les la bourgeoisie était de soustraire aux premières étaient administrées par vexations féodales les personnes qui leurs maires ou leurs conseils , les jouissaient de ses privilèges. Pour y parvenir , on leur accordait et des autres par les prévôts et les juges exemptions et des droits. Dans toutes royaux. Lesmuntcipes, les communes, pouvaient faire des statuts en matière les lettres de bourgeoisie, on aperçoit civile et criminelle; les villes de sim- aisément ces deux classes de pnvi- (*) Les rois sentant de plus en plus de 'tous croyons avoir insisté assez . quelle importance il était pour eux de mul- tiplier les bourgeoisies, les étendirent hors longuement sur les origines et la for- mation de la classe bourgeoise au de l'enceinte des villes et même de leurs moyen âge ; nous allons la suivre maintenant dans ses développements domaines. Daus l'origine, les bourgeoisies successifs, et nous verrons que dans un n'étaient accordées aux habitants d'un lieu laps de près de huit siècles elle n'a cessé désigné, qu'autant qu'ils y avaient un domi- de grandir dan» l'État et d'acquérir cile réel et continu. L'autorité souveraine dispensa de celle condition, et suppléa au richesse, puissance et considération. Il y a une chose importante à cons- domicile réel par un domicile Cet if. On put tater dans notre histoire, c'est qu'au devenir bourgeois du roi, sans cesser de de- douzième siècle la bourgeoisie et la meurer sur le territoire d'un seigneur par- royauté s'élevèrent simultanément. Les ticulier; et l'on n'en fut pas moins soustrait, rois, il est vrai, firent beaucoup pour quant à la personne, à la juridiction féodale. L'établissement des bourgeoisies du roi porta les villes en les protégeant contre les le coup le plus dangereux au pouvoir des seigneurs féodaux , en appuyant quel- seigneurs de fief. Digitized by Google
238 BOU L'UNIVERS. BOU quefois de leurs armes les grandes in- pierres et de flèches, et lui causèrent surrectious des communes, et en sanc- tionnant les chartes de libertés et de des pertes considérables. Si , pendant franchises. Mais les habitants des vil- le cours du quatorzième siècle et pen- lés, à leur tour, dédommagèrent am- plement la royauté de tout ce qu'elle dant les premières années du quinziè- avait fait pour eux. D'abord par la révolution d'où surgirent les commu- me, les rois avaient pu conserver le nes, les pouvoirs locaux, c'est-à-<iire , les pouvoirs des grands feudataires qui, souvenir de ces deux mémorables jour- jusqu'alors, avaientcontre-balancél au- torité du chef suprême, de celui qui nées , l'une funeste à la France parce tenait le premier rang dans la hiérar- chie féodale , furent abaissés, et de que la noblesse seule combattit , fau- cette révolution, on le voit, la royauté retira d'immenses avantages. Mais 'les tre glorieuse, parce que les milices habitants des villes au douzième siè- cle, c'est-à-dire, les véritables ancé- bourgeoises eurent leur part d'action ; très de ceux qui , deux siècles plus si, «tans la guerre si longue qu'ils eu* tard, dans la division des ordres de l'État, furent appelés bourgeois, ren- rent à soutenir contre l'Angleterre, dirent à leur puissante protectrice , à la royauté, des services plus directs et ils avaient appelé plus fréquemment plus immédiats : ils lui offrirent gé- néreusement dans toutes les occasions à leur aide les milices des villes; enfin, leur sang et leur argent. Quand le roi s'armait en guerre et publiait son ban, si , dans les grandes rencontres , ils quand il réclamait de tous ceux qui lui étaient soumis l'ost et la chevau- avaient opposé aux archers anglais, chée, les bourgeois s'empressaient d'ac- courir autour de lui , offrant dqs sub- non point une chevalerie inutile et in- sides et de bonnes milices. C'est un fait qui s'est reproduit pendant plus disciplinée, mais les arbalétriers des de trois siècles, à l'époque où il était communes , tout porte à croire que le facile aux villes de se soustraire à ces pays serait sorti victorieux de la lutte, charges, que la royauté, dans son ira- puissance, ne pouvait rigoureusement et qu'il n'aurait pas eu à déplorer les exiger. Dès le commencement du trei- • zième siècle, les milices bourgeoises désastres de Crécy , de Poitiers et d'Azincourt. Mais, pour le malheur de se montrèrent avec gloire sur les champs de bataille, à Bouvines, par la France, il n'en tut point ainsi, et exemple, où elles étaient venues, sui- vant l'expression d'un vieux poète, la royauté, dans les grands périls , en tenant pour ainsi dire à l'écart les milices des villes , se priva de la plus précieuse de ses ressources. Dans ces moments de crise, la bourgeoisie ne se rebuta point : elle essaya encore de rendre utiles, sur mille points divers, les forces qu'on ne lui permettait point de réunir pour un but commun. Din- que ville de France soutint contre les Anglais pendant la période la plus , triste de notre histoire, un siège ou un combat. Les bourgeois ne prodiguèrent point seulement leur sang,ils firent aussi d'au- très sacrifices, et ils s'épuisèrent d'ar- gentpour venir en aide au pouvoirroyal, en qui reposaient alors toutes leurs es- pérances.QuandlaFranceavaitéprouvé Elles suivirent saint Louis dans ses bonnes villes du Nord et du Midi qui expéditions contre Hetiri III d'Angle- , terre; et sous le règne de Philippe le Bel , elles reparurent à Courtrai et à venaient s'enquérir des besoins les- Mons-en-Puelle. Dans cette dernière ba- taille surtout , elles se distinguèrent : plus pressants , et qui prenaient con- elles attaquèrent l'ennemi à coups de seil entre eux pour voter des aides et des subsides. Indépendamment de ces (•) Guill. Guiart , La branche aux royaux grandes assemblées , où l'on voyait réunis les hommes de la langue d'Oïl Digitized by Google
BOU FRANCE. BOU 239 Jean , dans chaque province, des états Bel. Ce fut en l'année 1302 que l'on particuliers. En Picardie, en Norman- vit pour la première fois les députés die, dans l'Ile de France, en Champa- des villes siéger et délibérer à côté du gne, en Auvergne, et dans nos pro- clergé et de la noblesse. Ils s'associè- vinces méridionales , on cherchait les rent dès le principe avec la royauté moyens de secourir la royauté d'une identifièrent ses intérêts avec ceux de là manière efficace ; on votait et on dé- France, et lui prêtèrent, dans les cir- posait dans les coffres royaux des sommes d'argent considérables. Le constances difficiles où elle se trou- vait, une assistance inespérée. Dans roi Jean déclara dans une ordonnance, ces premiers états généraux , où le que les procureurs des cités , villes et clergé et même les nobles hésitaient à châteaux de Carcassonne , de Nar- entrer en lutte ouverte avec la pa- bonne , de Béziers , d'AIbi d'Agde pauté , les bourgeois se montrèrent , , termes et résolus. Ils prirent parti de Lodève , de Limoux , de Castres , de Mirepoix , de Saint-Pont , et de sans balancer, pour Philippe le Bel douze autres localités , avaient com- contre Boniface VIÎI , et ils présentè- paru devant lui, munis de pleins pou- rent au roi cette mémorable requête : voirs, et lui avaient offert pour un an A« vous très - noble prince notre , un subside de cinquante mille livres « sire , Philippe par la grâce de Dieu , tournois, qui devait être employé aux « roi de France ; supplie et requiert le dépenses de la guerre. On peut voir « peuple de votre royaume, pour ce d'après ce seul tait , que les rois trou- « qui lui appartient, que ce soit fait vèrent dans l'appui de la bourgeoisie « que vous gardiez la souveraine fran- d'immenses ressources. Mais il faut le « chise de votre royaume, qui est telle dire , il en fut de l'argent des villes « que vous ne reconnaissiez de votre comme de leurs milices ; la royauté , « temporel souvefain en terre, fors au quatorzième siècle , fît souvent un « que DIEU ; et que vous fassiez dé- mauvais emploi des deniers qui lui « clarer , si que tout le monde le sa- avaient été confiés pour la défense du « che, que le pape Boniface' erra ma- pays. « nifestement et fit péché mortel , Cependant , il est un fait qu'on ne « notoirement en vous mandant par saurait méconnaître , c'est que , dès « lettres bullées qu'il était souverain la fin du treizième siècle , les hommes « de votre temporel , et que vous ne des bonnes villes, comme on disait « pouviez prébendes donner , ni les alors jouirent auprès de la royauté « fruits des églises cathédrales va- , « cants retenir, et que tous ceux qui du clergé et de la noblesse , d'une <« croient au contraire il les tient pour grande considération ; et c'est ici le liéu , nous le croyons , de parler de « hérétiques.»Certes,en lisant une sem- l'influence que la bourgeoisie du moyen blable requête Philippe le Bel ne dut âge exerça dans le gouvernement de , l'Etat. On sentit de bonne heure qu'on point se repentir alors d'avoir mandé a ses baillis royaux de faire élire par ne pouvait ôter la connaissance des les communautés des v'Ules et terri- affaires publiques à ces notables de toires des syndics ou procureurs ca- nos grandes cités , qui avaient acquis pables de délibérer sur les hautes ma- {>ar le commerce et l'industrie, ou par tières qu'il avait à leur proposer (*). 'étude des lois , des richesses consi- Toutefois, lorsque la bourgeoisie dérables et un grand crédit. Il fallut fut appelée pour discuter en commun alors les consulter dans les moments avec le clergé et la noblesse sur les de péril , et tenir compte de leurs avis affaires de l'État , elle n'adopta point lorsqu'il s'agissait de prendre une toujours sans examen les projets de grave décision. Cette intervention né- la royauté. Il lui arriva plus d'une fois cessaire de la bourgeoisie dans les af- faires de l'Etat ne devint manifeste (*) Voy. Boulainvilliers , Lettre 7* sur tes qu'à partir du règne de Philippe le anciens parlements de Franc: Hi .' Digitized by Google
BOL L'UNIVERS. BOL de contrôler les actes du gouverne- « Jean Chamelart et Pierre d'Orgc- « mont, présidents au parlement ; Ni- ment, et de faire entendre de dures et « colas Barque, maître d'hôtel du roi, « auparavant son trésorier; Jean Poil- sévères paroles aux représentants de « vilain, maître des monnaies ; En- « guerrand du Petit-Sellier et Ber- l'autorité suprême et quelquefois au « nard de Fremond , trésoriers de « France; Jean Chauveau et Jacques roi lui-même. Ainsi , dans les états « Lempereur, trésoriers des guerres ; « Étienne de Paris , Pierre de la Cha- qui furent convoqués sous le règne de « rite et Ancel Choquart , maîtres des « requêtes du parlement ; Jean Tur- Jean, elle s'éleva hautement contre « pin , conseiller des requêtes du par- « lement ; Robert Despreaux , notaire les abus de toute sorte qui désolaient « du roi ; Jean Dassi , avocat du roi « au parlement ; Jean d'Auxerre, mçî- la France, et elle parvint même à faire « tre des comptes ; Jean de Brehai- « cne , valet de chambre ; le Borgne partager ses convictions à la noblesse « deBeausse, maître de l'écurie ; Geof- « froy le Mazurier , échanson , tous et au clergé. Les représentations fai- « trois officiers du dauphin ; et enfin « l'abbé de Falaise , président des en- tes au dauphin Charles par Robert le « quêtes du parlement. Coq évéque de Laon peu de temps « 2° Ils demandèrentqu'il fiU envoyé , , « dans les provinces des commissaires « réformateurs au choix des états, après la bataille de Poitiers , représen- « autorisés par commissions expres- « ses, pour faire le procès définitive- tations qui avaient été rédigées sous « ment à tous les oftjciers prévarica- l'inspiration des députés des villes, « teurs. nous donneront une idée de l'influence « 3° Que la monnaie fût rétablie « selon que les états l'ordonneraient. que la bourgeoisie exerçait dans les « 4° Qu'il plût au dauphin , duc de grandes assemblées du royaume , dès c Normandie, de composer son con- le milieu du quatorzième siècle. « seil de vingt-huit conseillers qui se- « raient nommés par les états ; savoir : En 1356, les états déclarèrent au « quatre prélats , douze chevaliers et « autant de bourgeois qui auraient régent : « l'administration de toutes les affai- « 1° Que le royaume ayant été mal « res avec le droit de pourvoir aux y « gouverné ci devant , ils estimaient « offices vacants , même de destituer « que c'était par la faute et les mau- « ceux qui en étaient ou seraient « vais conseils de ceux que le roi avait « pourvus , le tout à la pluralité des « employés pourquoi ils requéraient «« voix. ; « 5° Ils demandèrent la délivrance « que tous les officiers du roi en gé- « du roi de Navarre, que le dauphin « était intéressé lui-même d'accorder « néral fussent privés ou suspendus « pour sa propre justification. » « de leurs charges; que le dauphin fît Il y eut des époques où la royauté, plus forte qu'elle ne l'était alors, ne « emprisonner les personnes et saisir permit point à la bourgeoisie de lui tenir en face un si hardi langage. Mais « les biens de ceux dont ils donneraient si les hommes des villes n'eurent pas toujours , dans les affaires de l'État « la liste; que leurs deniers fussent « dès à présent réputés confisqués , et « comme tels après inventaire fait , « appliqués aux dépenses de la guerre; « qu à l'égard des personnes , leur « procès serait fait et parfait sur les « accusations et articles que les élus « des états donneraient contre eux à « des commissaires non suspects ; et « d'autant que le chancelier , le pre- « mier de ceux dont ils se plaignaient, « était personne ecclésiastique, ils de- « mandaient que le dauphin écrivît au « pape de sa propre main , pour obte- « nir des commissaires, au choix des « états qui fussent autorisés à pro- , « noncer jugement définitif contre lui. « La liste des accusés , au nombre de « vingt-deux, comprenait Pierre de la « Forest, chancelier; Simon de Bussi, « premier président du parlement ; « Robert de Lory , chambellan du roi;
BOlï FRANCE. boit 243 )a part de pouvoir et (faction qu'ils nés par la convocation des députés fus- s'étaient attribuée pendant la pé- sent également supportés par les trois riode de troubles qui suivit la journée ordres. Il s'exprima en ces termes : de Poitiers et la captivité du roi Jean, « Mes collègues et moi nous requérons ils ne continuèrent pas moins à for- mer dans le pays une classe puissante a taxe et indemnité. Mais comme ils et considérée. On les vit reparaître « pensent qu'on n'a pas dit ici tout ce « qu'il fallait , ils m'ont chargé d'y dans les grands conseils de la nation « suppléer et de vous demander des à tous les moments de crise , et no- « explications. Votre sagesse sait qu'il tamment, sous le règne de Charles VI, « ne faut pas que les ecclésiastiques ils prirent encore en main, pendant « et les nobles soient à charge au mal- Îiuelques années, le gouvernement de ce heureux peuple, qu'ils sont plutôt a France. C'était le temps où les rois «obligés de le secourir, et au lieu d'Angleterre réclamaient fréquemment « de l'opprimer, de le soulager au- pour otages, non point des princes ou « tant qu'ils peuvent, puisqu'il nour- d'illustres personnages maisjes no- « rit et sustente tous les autres habi- , « tants du royaume, et qu'il est dans « un extrême dénument. Or, il paraît tables habitants de nos communes. « juste que les hommes envoyés aux Charles VI , Charles VII, à leur tour, « états par l'Église pour traiter les initiaient la bourgeoisie aux secrets du gouvernement et de l'administra- tion. Ils faisaient part aux villes , si « affaires qui la concernent, soient nous pouvons nous servir de cette « payés des biens dont elle abonde. expression, de toutes les nouvelles qui « Nous en disons autant des nobles, intéressaient le pays. Ils leur man- « persuadés que le pauvre tiers état daient dans des lettres, que les officiers « en aura assez d'entretenir tant bien royaux faisaient circuler jusqu'au fond « que mal ses députés, et qu'on com- des provinces les plus éloignées, les cau- « mettrait injustice à son égard si la ses des guerres et les traités de paix et « noblesse et le clergé traitaient à ses « frais leurs intérêts particuliers, in- d'alliance. La considération et l'in- fluence que la bourgeoisie avait ac- « justice d'autant plus indigne d'eux 2uises au prix des plus grands sacri- « que ce serait ainsi contraindre les ces et des plus nobles efforts s'accrut « plus pauvres à faire l'aumône aux encore sous le règne de Louis XI. « plus riches. Ce mode de paye- Mais, il faut le dire, il y avait à a ment par lequel chacun rétribue cette époque , entre les bourgeois des , villes et les hommes des deux pre- « ses représentants, déjà différentes miers ordres , nobles et prêtres , une « personnes, dès le moment des no- ligne de démarcation bien profonde. ce initiations , l'ont jugé équitable. « Très-illustres seigneurs, c'est à votre Ceux-ci , suivant les expressions d'un « justice et à votre modération de document contemporain, ne devaient « rendre la répartition de l'indemnité au pays que leurs prières ou le service « si égale qu'un député ne porte point militaire, et ceux-là donnaient tout à « la charge de son collègue, et qu'elle Ja fois leur sang dans les batailles , et « n'incommode personne. » Ces paro- l'argent qui devait subvenir à tous les les soulevèrent contre l'orateur l'in- besoins du royaume. Le tiers état seu- dignation des deux premiers ordres. lement était soumis à l'impôt. Au Alors un député de la noblesse, Plu- reste, nous citons ici un document lippe de Poitiers, fit un discours où qui nous fera connaître la différence qui, dans les préjugés du temps, exis- OTon trouve ces mots : « très-redou- tait entre le clereé, la noblesse et la « tables seigneurs ! quelle est l'extra- bourgeoisie. Aux états généraux tenus « vagance de cet homme, quel est son à Tours en 1484, un député du tiers « aveuglement , de prétendre changer état , avocat à Troyes, prit la parole « la nature des choses, et bouleverser pour demander que les frais occasion- « les fonctions des membres du corps « politique! Car il demande claire^ m.T. 16e livraison. (Dict. encycl., etc. 16 Digitized by Google
242 BOU L'UNIVERS. BO¥ « ment que le clergé et la noblesse, « Si on ne les comprime pas en les « les membres privilégiés de Ce corps, « surchargeant, bientôt ils deviennent « qui servent à le conduire et à [e di- « riger sagement, ne rendent plus que « insolents ! (*) » « le service des pieds qui portent bien On voit, par ces dures paroles, « le poids entier du corps et le main- « tiennent debout , mais ne dirigent combien, en 1484, on était encore « point sa marche ; si vous en croyez éloigné de l'époque où il ne devait plus « l'avocat, les parties supérieures du exister en France de classes privilé- « corps politique qui naturellement giées, et où tous les hommes indis- tinctement, prêtres, descendants de , nobles, bourgeois et paysans, devaient également payer leur part des charges « ont les mouvements les plus libres, « deviendront évidemment esclaves et de l'État. Après comme avant l'assem- « tributaires des autres, ce qui amè- « nera une confusion totale de l'ordre;, blée de Tours, la bourgeoisie eut, dans « que dis-je? une confusion de toute le royaume, considération, crédit et « 1 économie du corps social, la méta- richesse ; mais elle ne vit point dispa- « morphose de chacun de ses membres raître l'humiliante distinction que le « en un autre, ou une mutilation du moyen» âge avait établie entre elle et « trône en plusieurs morceaux n'ayant les \"deux premiers ordres, et elle- « aucun rapport entre eux , telle que même, pendant long-temps , se consi- « s'il venait à former trois corps ais- « tincts. Souhaiter cette désunion déra comme une caste naturellement « je le jure, c'est le désir d'une âme « qui n'est que folle ou perverse. Et, inférieure au clergé et à la noblesse. « bon Dieu ! de quelle force sont les Parmi les étrangers gui visitèrent « raisorts que l'orateur a données pour « appuyer son projet? Il ne convient la France au seizième siècle , il y en « pas, a-t-il dît , que la noblesse et le eut plusieurs qui saisirent avec saga» * clergé traitent leurs affaires aux dé- cité, non-seulement les rapports des « pens du peuple, et qu'ils lui soient trois ordres entre eux , mais encore « a charge; mais il faut qu'ils le sou- leurs rapports avec l'État, et qui ap- « lagent. Je ne nierai pas, certes, qu'on précièrent avec une grande vérité le « ne doive point être à charge à quel- rôle que la bourgeoisie jouait alors « qu'un, car ces mots : être a charge, dans les destinées de la France. Nous « expriment une injustice; mais gar- citerons entre autres Michel Suriano, « dons-nous de dire qu'ici le clergé ambassadeur vénitien, qui se trouvait « et la noblesse soient à 4 charge au à Paris en l'année 1561. Il envoya à sa « peuple, puisqu'ils usent de leur pri- « vilége le plus beau et le mieux re- république , sous forme de Commen- « connu, qui leur permet de défendre taires, une relation de son ambas- « le peuple avec ses deniers , et non « avec les leurs. Personne n'ignore sade, où nous trouvons le passage sui- « quelle est la division des états vant : « et des membres de la nation. Par « cette division, il est donné au clergé « La nation est partagée en trois « de prier pour les autres, de conseil- « 1er, de prêcher; à la noblesse, de les ordres , d'où viennent les trois états « protéger par les armes; et au tiers du royaume : le premier est le clergé; « état , de nourrir et d'entretenir les le second, la noblesse; le troisième « nobles et les gens d'église, au moyen n'a pas de nom spécial , et comme il * se compose de gens qui ont mille pro- « des impôts et de l'agriculture. » fessions différentes , on peut le dési- Déjà, dans les mêmes états, un dé- gner sous le nom général de peu- puté de la noblesse s'était écrié : « Moi, ple (**). « je connais les mœurs des vilains. (*) Journal des états généraux tenus à Tours en 1484, édit. Bernier, Paris, i835, in-4°. (**) Comme on le.voit parce qui suit, Michel Suriano ne parle point du peuple en général , mais spécialement de la bour- 1 Digitized by Google
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