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Philippe Le Bas - France Dictionnaire encyclopédique

Published by Guy Boulianne, 2022-05-29 17:45:17

Description: Philippe Le Bas : « Dictionnaire encyclopédique de la France ». L’univers pittoresque: Histoire et description de tous les peuples, de leurs religions, moeurs, coutumes, etc. Firmin Didot Frères, Paris 1841. Tome troisième, p. 190.

SOURCE : https://www.guyboulianne.info/2020/12/03/antoine-boulianne-mort-au-combat-durant-la-campagne-degypte-merita-la-reputation-de-lun-des-plus-intrepides-soldats-de-larmee-1799

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FRANCE. 43 Chartres, de Tours, deMeaux,de Pro- de Chartres et de Brie. Il aida Louis le. Gros à soumettre le fameux Hugues vins, de Beauvais, et une partie du du Puiset v-mais plus tard il soutint ce dernier contre le roi. En 1124, il Berri. Il mourut vers 978. 5° Eudes /rr , son fils, mort en 995. vint, comme tous les autres vassaux , 6° Thibaut //, mort en 1004. 7° Eudes II le Champenois , son joindre le roi à Reims pour marcher frère, mort en 1037, fut toujours en , guerre avec les ducs de Normandie et avec lui contre l'empereur, qui mena- çait la Champagne d'une invasion; car d'Anjou , pour agrandir ses États. En telle était la différence que les vassaux 1019, à la mort d'Etienne, comte de mettaient alors entre les guerres du roi contre ses vassaux , et les guerres Champagne, il reçut l'investiture de contre l'étranger, que dans les pre- mières chacun se croyait, libre de l'ai- ce comte. En 1027 , il s'empara de der ou de lui refus r du secours, sui- vant que les intérêts de chacun l'exi- plusieurs villes de l'Anjou , se rendit geaient, au lieu mie dans les autres tous se croyaient obligés de réunir leurs ef- maître de Sens en 1034 puis éleva , forts contre l'ennemi commun de l'État. En 1125 , il acquit la Champagne, et des prétentions sur les couronnes de eut «à soutenir plusieurs guerres contre Bourgogne , de Lorraine et d'Italie. Louis VII , en qualité de seigneur de Mais il fut tué, en 1037 , pendant la cette province. A sa mort (1152). ses guerre contre le duc de Lorraine. A fils se partagèrent ses États. sa mort, ses fils, Etienne II et Thi- 11° Thibaut rte Bon eut le comté , baut, se partagèrent ses États : le pre- de Blois et de Chartres. Il alla , en mier eut le comté de Champagne et la JJ90, en terre sainte, et mourut au Brie, le second le comté de Blois. siège de Saint-Jean d'Acre. 12° Louis succéda à son père en 8° Thibaut III refusa de se recon- 1191. Il se ligua, en 1198 , avec les naître vassal du roi Henri , et forma comtes de Flandre , du Perche , de Guines^t de Toulouse, contre Phi- avec son frère et d'autres seigneurs lippe-Auguste, à la place duquel ils voulaient mettre Richard, roi d'An- une ligue pour le détrôner ; mais, en gleterre. Louis se croisa, persuadé par 1044, il fut vaincu et pris par lecomt» les prédications de Foulques; il se dis- tingua à la prise de Constantinople d'Anjou, et obligé de céder à celui-ci obtint , dans le partage de l'empire grec, la ville de Nicée, et mourut, en Tours, Chinon et Langey. En 1048, 1205, à la bataille d'AndrinopIe. Il eut pour successeur à In mort d'Étienne II, H lui succéda 1 3° Thibaut rite Jeune, qui mourut en Champagne. Il mourut en 1089. A en 1218. • sa mort , la Champagne passa à son Les sœurs de Thibaut VI, Margue- fils Hugues , et le comte de Blois à rite et Elisabeth, lui succédèrent, la première dans le comté de Blois, la 9° Etienne ou Henri, fait prisonnier seconde dans le comté de Chartres. en 1089 par Philippe er contre lequel 14° Marguerite épousa Gautier II, I, seigneur u'Avesnes, qui mourut à il s'était sans doute révolté. Il obtint sa Damiette. 15° Sa fille Marie, qui lui succéda, liberté, et devint le vassal le plus sou- épousa Hugues de Châtillon , seigneur mis et le plus fidèle du roi de France. Il de Crécy et comte de Saint-Pol. Elle réunit au comté de Blois les seigneu- lui en donna une preuve éclatante lors ries d'Avesnes et de Guise. de la révolte de Bouchard II , comte de Corbeil qui disputait la couronne , à Philippe. Étienne défit les rebelles et tua Bouchard. En 109G , il alla à la croisade, et s'y distingua a la prise de Nicée et à DoYghi. Mais fatigué de la longueur du siège d'Antioche , il re- vint en France, en 1098. L'accusation générale de lâcheté qui s'éleva contre lui le força de retourner en terre sainte , où il fut pris à la bataille de Rama par les Sarrasins qui le tuè- , rent (1 102). 10° Thibaut IF le Grand succéda à son père dans les comtés de Blois, Digitized by Google

44 BLO L'UNIVERS. BLO 16° Jean de Châtilton, son fils, lui accablé de dettes, il vendit, au préju- succéda, en 1241, dans le comté de dice de ses héritiers, en 1391, les com- Blois; vers 12G8, il succéda à Mabaut tés de Blois, de Dunois, les seigneuries dans le comté de Chartres. Ce comté, de Romorentin de Château-Renaud depuis Elisabeth , avait passé , en 1 249 , , à Louis d'Orléans, pour la somme de à sa fille Mahaut, qui mourut sans deux cent mille francs d'or. Il mourut postérité. Elle avait succédé à son en 1397. père, Sulpice d'Amboise, dans les sei- 21\" Louis Ier d'Orléans, comte de gneuries d'Amboise, de Montrichard Blois. et de Chaumont. 25° Charles d'Orléans. 17° Jeanne de Châtilton, sa fille, 26° Louis II d'Orléans, XIIe de lui succéda dans les comtés de Blois France, réunit les comtés de Blois et de Chartres, de Dunois, etc., avec son de Dunois à la couronne. —Blois ( États de). G décembre époux Pierre d'Alençon. A la mort de son mari, en 1286, elle vendit le 1576(*). « Henri III avait donné au mois comté de Chartres à Philippe le Bel. de mai de cette année un édit de pa- Elle mourut en 1292. cification si favorable aux huguenots 18\" Hugues de Châtilton, comte de qu'ils connurent des soupçons sur la Saint-Pol , succéda à Jeanne , sa cou- sincérité de cette concession, et que sine germaine, et mourut en 1307. les catholiques, inquiets à plus juste 19° Gui de Châtilton succéda à son titre, formèrent la célèbre association père dans les comtés de Blois et de connue sous le nom de sainte union, Dunois, etdans la seigneuried'Avesnes. ou sainte ligue. Henri III effrayé céda » Il accompagna, en 1336, le roi Phi- aux instances des huguenots, qui de- lippe de Valois dans son expédition mandaient la convocation des états rcontre les Anglais. Il mourut en 1342. généraux dans l'espoir de s'y montrer 20° Louis r de Châtilton servit \"triomphants ; mais son but était de se aussi Philippe de Valois contre les An- replacer à la téte du parti catholique, glais, et fut tué à Crécv en 1316. en faisant déclarer la religion catho- lique, apostolique et romaine , la seule 21° Louis If de Châtilton, comte religion des Français. Les états s'ou- vrirentà Blois; les projets du roi s'étant de Blois , Dunois Soissons, «eigneur révélés dès les premières séances , les , députés du parti huguenot quittèrent d'Avesnes, lut l'un des otages que le roi Jean donna au roi d'Angleterre pour obtenir sa liberté. Il mourut en 1372. l'assemblée. Après des discussions lon- gues et animées, la révocation de l'édit 22° Jean II de Châtilton, son frère, de pacification fut prononcée, et Henri comte de Blois, Dunois, Soissons; III se déclara le chef de la ligue. De seigneur d'Avesnes, de Gouda, Schoo- son coté, Henri de Navarre devint le noven, de Hollande, Zélande, Frise, chef du parti calviniste, et la guerre civile recommença avec une nouvelle de Chimai,duc de Gueldre, vicomte violence. L'assemblée, avant de se dis- soudre , avait , suivant l'usage, remis de Ch.-Ueaudun , mourut en Hollande au roi ses cahiers, d'après lesquels l'ordonnance de mai 1579 fut rédigée. en 1381. Cette ordonnance contenait plusieurs 23° Gui II de Châtilton, son frère dispositions prudentes et utiles , mais lui surcéda. Il était l'un des otages donnés aux Anglais pour la délivrance du roi Jean pour se racheter, il céda ; le comté de Soissons au roi d'Angle- terre , qui le donna à Enguerrand de Couci , son gendre. Il combattis avec les (*) Nous empruntons une partie de cette no! ire sur les Klats de Blois à un sa\\ant ducs d'Anjou et de Berri , en Guvenne, article publié par M. le comte Iîeugnol contre les Anglais. En 1382 , il com- sous le titre de Chronologie des états géné- manda l'arrière-garde de l'armée fran- raux, dans l'annuaire de la Société de l'his- toire de France pour 1840. çaise à Rosebecque. Ce fut un vaillant homme, mais un grand dissipateur: Digitized by Google

BLO FRANCE. BLO qui ne pouvaient produire aucun effet doute , ne rétablit pas immédiatement chez une nation que les passions les plus violentes exaltaient, et où chacun en France l'ordre et la paix, mais qui poursuivait les armes à la main le empêcha que la couronne ne passât —triomphe de son opinion religieuse. » 1(> octobre 1588. « Après la jour- dans la maison de Lorraine. Le duc née des barricades, le roi avait nommé de Cuise fut assassiné le 23 décembre; le duc de Guise lieutenant général le cardinal de Guise le fut le lendemain, du royaume, déclaré le cardinal de Bourbon le plus proche héritier de et on arrêta le cardinal de Bourbon. la couronne, et remis à une assem- D'un bout de la France à l'autre, le parti blée d'états qui devait se tenir à , catholique courut aux armes; quant à Blois, le soin de pourvoir plus ample- Henri III, au lieu de presser les ré- ment à ce que reclamait la situation de la France. Les élections se firent sultats du parti extrême qu'il venait de sous l'influence de ceux de la ligue, qui donnoient singulièrement ordre prendre, il resta à Blois, occupé à discu- que les partisans y vinssent forts, les- quels, de lieu en Heu par les provinces, ter avec l'assemblée, à protester de ils avoient fait banqueter (*). L'as- semblée était très - nombreuse , et son dévouement à la cause catholique Blois se rendit comme l'abrégé de la et à examiner des cahiers de remon- France (**). » Suivant ce qui s'était trances, qui signalaient des abus aux- passé à Orlérms en 1560, et douze quels les circonstances ne permettaient ans auparavant dans la même ville pas de porter remède. Les états se sé- de Blois, les trois ordres délibérè- rent séparément. Le clergé se réunit parèrent le 17 janvier 1580. » dans le couvent des dominicains; la noblesse au Palais , et le tiers état én Blo:\\ûe (André) , célèbre juriscon- la maison de ville. Il y avait cent trente- quatre membres du clergé , cent quatre- sulte du dix-huitième siècle, qui prit vingts de la noblesse, et le tiers état comptaircent quatre-vingt-onze repré- part aux travaux de Mey, Maultrot, sentants. Le roi se faisait amener les députés les uns après les autres dans Aubry, Camus, et autres canonistes. son cabinet, à mesure qu'ils arrivaient, et sondait leurs dispositions; le 18 oc- Lors de la révolution parlementaire tobre, il lit lire une déclaration par laquelle il ordonnait , de Cavis et du en 1771, il se prononça avec énergie consentement des trois états, que l'éd i t d'union .serait à jamais loi fondamen- contre les innovations du chancelier tale, et qu'il serait présentement juré par les trois états. C'était assurer le Maupeou , et se vit contraint de se ré- triomphe delà ligue. Mais les espéran- ces de Henri III s'évanouirent promp- fugier en Hollande. Il rentra en France tement, car les demandes hardies et réitérées de l'assemblée ne lui per- a i avènement de Louis XVI ; et, lors mirent plus de se faire illusion sur les desseins de son compétiteur. «Alors, il du rétablissement de la magistrature, se décida à frapper un coup qui , sans il reprit lecours de ses travaux. Au com- C) Voyez Colleclion des états généraux, t. XIV, p. 274. mencement de la révolution, Blonde nibid., P . a7 c. fut un des signataires d'un Mémoire à consulter, dirigé contre les décrets de l'Assemblée constituante , relative- ment à l'érection et à la suppression des sièges épiscopaux. Il prit part à la rédaction des Nouvelles ecclésiasti- ques, recueil qui faisait une vive oppo- sition aux innovations de l'Assem- blée, en ce qui concernait le clergé. Il paraît qu'il ne fut pas étranger à la controverse non moins vive qui s'éleva, en 1791 et 1792, sur le même sujet. Il mourut en 1794. Blondeau ( Antoine-François Rai- mond) général naquit le 7 janvier , , 1747, en Franche-Comté; entra jeune au service, comme simple soldât , par- vint bientôt au grade de capitaine, et fut nommé, en 1792, chef du second bataillon des volontaires du Doubs. C'est en cette qualité qu'il fit, en 1793, la campagne du Rhin, pendant la- Digitized by Google

46 BM> L'UNIVERS. blo Stelle il fut fait adjudant général , puis la philosophie et de la législation. Il ef de brigade. En 1794, il servit vint à Paris au commencement de 1801 sous les ordres de Pichegru. Èn 1795, (ventôse an x), et fut admis, comme il se trouvait à Paris lors de la révolte élève d'élite du département des Deux- Mèthes, n suivre les cours de \\\\Icadé~ des sections , et contribua à la victoire mie (le législation. Reçu avocat en de la Convention. Il se distingua de 1805, il fût nommé la même année nouveau pendant la campagne de 1799 professeur suppléant à l'école de droit île Strasbourg; trois ans après, il passa, en Italie. Nommé, en 1804, ofiicier avec le même titre, a celle de Paris. de la Légion d'honneur, il se relira, On lui offrit , en 1811, une place de en 1806, a Clerval , près de Beaume- procureur impérial au chef-lieu de l'un les-Dames , sa ville natale, et y mou- des départements de la Hollande ; mais rut le 8 mai 1825. il refusa tvtte place, et fut chargé, en 1812, de l'enseignement du droit ro- Blondeau (Charles), avocat au main à la Faculté de droit de Paris. Il Mans, mort en 1080. On a de lui un fut nommé délinitivement a celte chaire ouvrage estimé, sous le titre de : Par- en 1819. Knlin, le 4 août 1830, il fut trait.s des hommes illustres de la pro: vincc du Maine , le Mans, 1666 , in-4°~. nommé doyen de la Faculté de droit, Blondeau (Claude), avocat au par- fonctions qu'il exerce encore aujour- lemeut de Paris, commença en 1072, d'hui. avec Gueret, le Journal du Palais , M. Blondeau avait fondé, en 1820, un recueil périodique, intitulé: Thé' dont il composa seuf après la mort mis, ou Bibliothèque dujurisconsulte, , qui a longtemps exercé sur les progrès de l'étude du droit une heureuse in- de celui-ci, les tomes XI et XII. Le fiuence. II a en outre publié, avec M. Du Caurroy, trois éditions du Juris soin et la clarté qui ont présidé à la cirilis Kcloga, dans lequel on a réuni aux Institutes de Justinien les princi- rédaction de cette utile collection font paux textes du droit antéjustinien ; et, avec M. Bonjean, une traduction «les l'éloge des deux auteurs. Blondeau a Institutes accompagnée d'un Corpus juris cirifis antejustinianei , où (à encore publie, en 1G89, sous le titre l'exception des codes Théodosien , Gré- gorien et Uermogénien) se trouvent de Bibliothèque canonique , une non- réunis tous les documents juridiques velle édition de la Somme bénéficiaire, antérieurs à Justinien, qui concernent de Laurent Bouchel , enrichie de nom- spécialement le droit privé. Des ar- ticles plus ou moins étendus sur les breuses notes. méthodes philosophiques, sur la légis- BlondeAu de Chaînage (Claude- lation OU sur le droit, ont été donnés par M. Blondeau à divers recueils pé- François) naquit en Franche- Comté riodiques, et notamment à la Décade philosophique, au Magasin encyclo- le 12 mai 1710, et mourut à Paris le pédique, a la Bibliothèque du bar- reau et à la Bévue de législation et de 20 octobre 1776. Après avoir servi jurisprudence. quelque temps dans les milices comme Blondeau (N.), soldat au 20e ré- lieutenant, il obtint sa retraite avec giment de chasseurs à cheval, né à Catillon (INoni). En 1793 , il s'élança une pension, et vint se (ixeràParis, à cheval dans l'inn, et alla sur la rive opposée attaquer trois dragons de La- où il composa un grand nombre de tour, qu'il ramena prisonniers avec brochures, qui ont été recueillies en partie sous le titre èCOF.ucres du chc- valier Blondeau, et publiées en 2 vol. in-12, Avignon, 1745. Le principal ouvrage de Blondeau de Charriage est un Dictionnaire de titres originaux , en 5 vol. in-12, Paris, 1764 et an- nées suivantes, où l'on trouve des ren- seignements curieux pour l'histoire de l'ancienne noblesse. Blondeau (Jean-Baptiste-Antoine- Rvacinthe) , né à JVanuir Belgique) le ( 20 août 1784, après avoir fait ses bu- inanités au collège de cette ville, corn- mença a l'école centrale de Bruxelles , el ensuite à celle d'Anvers, l'étude de Digitized by Google

I BLO FK1 ÏCE. BLO 47 leurs chevaux. Peu de temps après, Ail parcourut l'Allemagne et l'Italie. dans une charge, il sauva la vie a un son retour, il fut employé dans diver- grenadier français , et le dégagea des ses négociations , visita l'Égypte , et, en 1659, il se rendit à Constântinople, mains de deux cavaliers, qui , à leur tour, furent obligés de se rendre. Pen- en qualité d'envoyé extraordinaire, au dant la campagne de 1796, Blondeau sujet de la détention de l'ambassadeur français. Le succès qu'il obtint dans se trouvant à la découverte dans les environs d'Offenbourg , se mit avec le cette affaire lui valut un brevet de brigadier Desbordes à la poursuite de conseiller d'État, et il fut chargé d'en- plusieurs vedettes qu'il poussa à tra- seigner au premier dauphin les let- vers ur. bois; à peine s' v fut-il enfoncé, tres et les- mathématiques. Il professa qu'il aperçut devant fui vingt -cinq même cette dernière science au Collège hommes d'infanterie. Sans hésiter , il royal. les somme de se rendre; ceux-ci met- Ce n'est que vers l'année 1665 que tent bas les armes , et l'audacieux Blondel dirigea son esprit vers l'ar- chasseur les dirige aussitôt vers son chitecture. Il rétablit un pont sur la camarade, qu'il charge de les conduire Charente, à Saintes, et le décora d'un arc de triomphe. En 1669 , il fut ad- au camp. A peine a-t-il terminé ce coup de main, qu'il part au galop, mis à l'Académie drs sciences, et poursuit de nouveau les vedettes et ne Louis XIV ordonna que les travaux revient qu'après avoir pris deux ca« publics qui se feraient à Paris se- valiers et leurs chevaux. On vit quel- raient exécutés d'après ses plans. C'est quefois Blondeau conduire à son ré- alors que Blondel dirigea la restau- gimentjusqu'à onze cavaliers montes ration des portes Saint- Antoine et et équipes. Saint-Bernard, et fit élever la porte Blondel (David) , savant ministre Saint-Denis, que l'on regarde comme protestant, historiographe de France, son chef-d'œuvre. Il en fut récom- naquit à Châlons-sur-Marne, en 1591, pensé par la place de directeur et de et mourut à Amsterdam en 1655. Ses professeur de l'Académie d'architec- ouvrages les plus estimés sont : des ture. Il publia, sous le titre de Cours Sibylles célèbres, Paris,*! 649, in-4°; de d'architecture, les leçons qu'il donnait Formulas régnante Christo, In ve- à ses élèves. Son excellent traité inti- tervm monument is^usu, Amsterdam, tulé : Nouvelle manière de jortijier 1646, in-4°. C'est un traité curieux et les places, 1683, lui valut le grade de plein d'érudition , où l'auteur réfute ma léchai de camp. Ce savant artiste les historiens qui prétendaient que mourut le 21 janvier 1686, et non pas cette formule avait commencé sous en février , comme le prétendent tous les règnes de Philippe r et de Phi- ses biographes. l\" Blondel (Jacques -François) était lippe II, pendant l'excommunication desquels elle aurait été substituée aux neveu de François Blondel; il fut années de règne ; Issertio genealogix comme lui architecte et membre de franciae, Amsterdam, 2 vol. in-fol., l'Académie d'architecture. Il mourut ouvrage dont l'objet ét lit de réfuter en 1756. Nous ne savons rien sur les livres publiés par Clu'fflet contre la sa vie: Son fils, Jacques Blondel , né à Rouen, en 1705, fut son élève, et France; enlin Barrum - Campano- non pas , comme on l'avance sou- Francicnm adeersus commentarium vent, celui de François. En 1739, il lotharingicum, ./. /. ChiffletU, Ams- ouvrit une école d'architecture, et le terdam, 1652, in-fol. merito de ses leçons le fit recevoir à Blondel (Frai cois), architecte cé- lèbre, naquit à Uibemont , en Picar- l'Académie d'architecture, en 1755. die, en 1617. Il étudia d'abord les Les monuments qu'il éleva sont : le belles-lettres , et fut choisi pour ac- palais archiépiscopal de Cambrai , le compagner, dans ses vovages, le jeune portail de la cathédrale de Metz le , comte de Brienne. Pendant trois ans palais épiscopal, l'hôtel de ville et les Digitized by Google

48 BLO L'UNIVERS. BLU casernes de cette ville. Il mourut le Audricourt, en Picardie, le 18 décem- 9 janvier 1774. Il avait su se tenir bre 1G82, fut reçu à l'Académie des en dehors du mauvais goiH du dix- sciences, en 1712. et mourut Tannée huitième siècle, et son école présente suivante. Tournefort avait une telle une grande sévérité de principes. On a confiance dans son savoir qu'il le , de Jacques Blondel plusieurs ouvra- chargeait de remplir sa place au Jar- ges estimés ; nous citerons, entre au- din royal lorsqu'il était indisposé. tres, son. Architecturefrançaise, 1 772, Blot le PiOcheb, terre et seigneu- 4 vol. in-fol., et son Cours d'archi- rie d'Auvergne , à seize lieues ouest tecture cicilc,$\\o\\. in-8°, terminé par de Gannat. M. Patte. Blot, baron de Chauvigny, gentil- Blondel (Jean président à la homme de Gaston , duc d'Orléans ), , cour impériale de Paris et l'un des ré- frère de Louis XIII , contribua à l'é- dacteurs du Code criminel , naquit à lévation du cardinal Mazarin , en Reims, en 1733. Après avoir débuté l'indiquant à Richelieu, qui cherchait à d'une manière brillante dans la car- remplacer le P. Joseph. Mazarin, par- rière du barreau , il fut nommé , en venu au ministère, oublia Blot, qui 1787, secrétaire du sceau, place qu'il s'en vengea par des épigrammes et occupa jusqu'à .la déchéance de par des couplets satiriques. Il prit Louis XVI. Arrêté à cette époque, il parti contre le cardinal dans la guerre subit une longue détention. C'est en de la fronde, et s'y distingua par ses 1803 qu'il fut appelé à la cour impé- bons mots et son \"inépuisable gaieté. En 1651, le parlement ayant mis à prix riale. Il mourut en 1810. Il a publié un assez grand nombre d'ouvrages qui la téte du cardinal , Blot et Marigny, ont eu du succès à l'époque où ils ont l'un de ses amis, firent une répartition paru. de la somme de cent cinquante mille Blondel (S.), sous-lieutenant de francs promise par le parlement : carabiniers. Atteint d'une blessure tant pour le nez , tant pour un œil, tant pour une oreille. « Ce ridicule, grave h la bataille d'Arlon, en 1793, il attendait du secours; près de lui se dit Voltaire, fut tout l'effet de la pros- trouvait un Autrichien plus maltraité cription contré le ministre. » Blot, encore : un chirurgien se présente pour dans les sociétés , était surnommé l'Esprit, et madame de Sévigné dit le panser, « Non, non, mon camarade, s'écrie Blondel; ce n'est pas moi qu'il de guelques-uns de ses couplets, qu'ils faut secourir, c'est ce brave Autri- avaient le Diable au corps. Il mourut à Blois, en (655, au moment où ar- chien qui est plus blessé que moi ! » rivaient en cette ville Bachaumont et Blondel ou Blondi.f.ls poète son compagnon de voyage Chapelle, , , célèbre du douzième siècle naquit à Î[ui a laissé son éloge funéraire dans , Nesle, en Picardie, et s'attacha à Ri- chard Cœur de Lion, roi d'Angleterre, es vers suivants : devint son favori , et le suivit dans Ce ijuc fit en inournnt notre pnnvre ami Blot, Kt ses moindres discours, et ses moindres pensées, toutes ses expéditions. On connaît l'a- La douleur nous défend d'eu dire plus d'un mot ; Il fit tout ce qu'il fit d'une âme bien sc»sée. necdote très-peu authentique qui a , fourni à Sedaine le sujet de son opéra de Richard Cœur de Lion. C'est à Blouse gauloise. Voyez Saye. Blutel ( Charles- Auguste - Esprit- cet opéra que le nom de Blondel doit Rose), né à Caen , le 29 mars 1757, était avocat à Rouen lorsqu'il fut toute sa popularité. Quant à ses chan- nommé députe du département de la sons, dont vingt-neuf se trouvent dans Seine-Inférieure à la Convention na- les manuscrits de la bibliothèque royale tionale; il se plaça au Marais, et, dans et de celle de l'Arsenal, elles n'ont fien le procès de Louis XVI, il vota pour la détention et le bannissement. A la de bien remarquable , et ne justifient fin de 1794. il fut envoyé dans les moint la grande célébrité dont a joui eur auteur. Blonoin (Pierre), botaniste , né à Digitized by Google

BO FRANCE. Bot. 49 villes de Rochefort , Bordeaux et midoriens; on lui prêta des paroles Rayonne; il rendit compte à lu Con- atroces; on l'accusa d'avoir supposé vention des prises faites sur les enne- des correspondances entre des émigrés mis, et dénonça les commissaires qui et des citoyens, afin d'avoir des motifs abusaient des réquisitions. Après la pour traduire ces derniers devant les journée du 13 vendémiaire an iv, il tribunaux révolutionnaires. Aucune de fit décréter la destitution des employés ces imputations ne put être prouvée, et de la Convention qui avaient quitté toutefois Tallien, Legendre et quelques leur poste pendant cette journée. autres auteurs des réactions , insistè- Membre du Conseil des Cinq-Cents, il rent pour obtenir un décret d'arresta- y fit partie de l'opposition patriotique, tion, qui fut enfin rendu le 8 aortt et chercha surtout à faire maintenir 1795; mais Bo profita de l'amnistie du les lois de la Convention, portant prohibition des marchandises anglai- 4 brumaire de la même année, et fut ses. Il fit, en février 1797, un rap- ensuite employé comme chef de bureau au ministère de la police. Au 18 bru- port remarquable sur l'organisation maire, ses opinions républicaines lui des douanes, et donna, au mois de firent perdre sa place. 11 vint habiter mars suivant , sa démission , mo- Fontainebleau , et y reprit son ancienne tivée sur des affaires de famille. Il profession de médecin. Il y mourut em mourut à Rouen, le er novembre 1806. 1812, regretté de tous ceux qui eurent 1 des relations avec lui. Bo (Jean-Baptiste) exerçait la pro- Bocage, pays de la basse Norman- fession de médecin à Mur de Barrez, département de PAveyron, lorsqu'il die, dont Vire est le chef-lieu. Il forme aujourd'hui le département du Cal- fut nommé , en 1 789 , procureur syndic vados. du district de cette ville, puis député Bocage, pays du Poitou, forme du département de l'Aveyron à l'As- semblée législative. Il fit partie de aujourd'hui une partie du département plusieurs comités dans cette assemblée, de la Vendée. mais il s'y fit peu remarquer. Après la Bochart de Saron (Jean-Baptiste- session, il fut envoyé par le même dé- Gaspard) , premier président au parle- partement à la Convention nationale. ment de Paris, naquit dans cette ville Là, il se rangea parmi les députés qui en 1730, d'une famille distinguée dans formèrent le parti de la Montagne, la magistrature, et à laquelle avait ap- vota la mort de Louis XVI, et fut en- partenu le savant ministre protestant voyé en mission dans la Corse et da« s Samuel Bochart. Habile mathémati- la Vendée. Emprisonné à Marseille par cien et astronome distingué, il soup- çonna le premier que le nouvel astre les fédéralistes, il fut délivré par l'ar- que Herschell venait de découvrir pou- vait bien être une planète et non une mée de Cartaux, et revint à la Con- vention, qui l'envoya de nouveau dans comète, comme on l'avait cru d'abord. les départements des Ardennes, de Il avait reconnu, en effet, que sa mar- l'Aube et de la Marne, pour y orga- che était beaucoup mieux représentée niser révolutionnairement l'adminis- par une orbite circulaire que par une tration. C'est dans le cours de cette orbite parabolique. Reçu membre de mission qu'il faillit être tué à Aurillac, l'Académie des sciences en 1779, il d'un coup de fusil qu'on tira sur lui. consacra à l'astronomie son temps et Envoyé ensuite à Nantes, il fit arrêter sa fortune. Il se composa un cabinet et conduire à Paris les membres du renommé par le nombre et la perfection comité révolutionnaire, qui, sous la présidence de l'infâme Carrier, avaient des instruments d'observation, et qu'il commis tant d'horreurs dans cette mettait avec empressement à la dispo- ville. Mais, à son retour à la Conven- sition des astronomes. Il fit imprimer tion , i( fut accusé lui-même de terro- à ses frais le bel ouvrage de la Place, risme, parce qu'il ne voulait point approuver les sanglants excès des ther- la Théorie du mouvement elliptique et de la figura de la terre. Sort amour T. m. 4e Livraison (Dict. encycl., etc.) Digitized by Google

50 BOC L'UNI ERS BOD pour la science ne lui fit cependant selle la liste complète des ouvrages pas négliger ses hautes fonctions dans la du baron de Bock. magistrature; malheureusement ces Bon a Ri) de Tezai (Psicolas-Marie- mêmes fonctions, qu'il avait toujours Félix), né à Bayeux au mois d'août remplies avec zèle et dévouement , le conduisirent à l'échafaud, où il fut 1757, se livra d'abord tout entier à la poésie, puis entra dans la carrière des envoyé le 20 avril 1794, avec les autres emplois publics, et devint, en 1792, membres de la chambre des vacations chef de division à la caisse de l'extraor- du parlement. dinaire; dénoncé bientôt comme mo- Bochart (Samuel) naquit à Rouen en 1599. Après avoir fait a Rouen ses déré, il fut mis en prison, et n'en sortit qu'au 9 thermidor. Quand M. Lau- humanités de la manière la plus distin- mond fut nommé consul général à guée, il alla étudier la philosophie et la Smvrne, Bodard l'y suivit en qualité théologie à Sedan, puis à Saumur et à de vice-consul. Chargé par lui d'aller à Leyde. A son retour en France, en Constantinople demander réparation 1628, il fut nommé pasteur de l'église des vexations que notre commerce réformée de Caen. C'est à cette époque éprouvait à Smvrne de la part des sujets qu'il eut avec le jésuite Véron ces cé- mêmes du Grand Seigneur, il s'acquitta lèbres conférences où assista le duc de de cette mission avec succès , et profita ' Longueville. Sa Géographie nacrée, de son retour pour visiter la Grèce. qu'il publia ensuite, lui lit une grande En 1799, il fut envoyé à Naples en qualité de commissaire ou administra- réputation de savoir, et attira sur lui teur civil, fonctions qu'il ne remplit l'attention de Christine, reine de que pendant le peu de mois que les Suède, qui , par une lettre autographe, Français occupèrent ce royaume. Vers l'engagea à se rendre auprès d'elle. Bochart fit ce voyage en 1652, fut la fin de la même année, le gouverne- parfaitement accueilli de la reine, et ment consulaire le fit passer à Gènes, après un assez long séjour en Suède, revint à Caen reprendre ses fonctious en qualité de consul général et de de ministre. Il y mourut le 16 mai chargé d'affaires; il se trouva bloqué 1667. Bochart est l'un des érudits dont dans cette résidence lors du siège si les travaux font le plus d'honneur à la glorieusement soutenu par Masséna. France. Ses œuvres ont été publiées à Sa mission ne cessa qu'avec l'existence Leyde en 2 vol. in-fol., 1675, et en 3 vol. in-fol., 1692-1712. Le principal de la république ligurienne. A cette de ses ouvrages est sa Géographie sa- époque, il obtint sa retraite. Bodard crée. Il savait toutes les langues orien- est mort à Paris le 13 janvier 1823. Il tales que l'on apprenait alors, l'hé- est auteur d'un assez grand nombre de breu, le syriaque, le chaldéen et comédies qui ont eu quelque succès, mais qui sont aujourd'hui complète- l'arabe; il voulut même dans un âge ment oubliées. déjà fort avancé apprendre l'éthiopien. Bodf.l (Jehan), trouvère artésien, se croisa pendant la première croisade Bock (le baron Jean-Nicolas-Étienne de saint Louis, et, en 1269, allait de), l'un de nos plus féconds écrivains, suivre ce roi dans sa seconde expédi- naquit à Thionville en 1717. Il fut tion d'outre-mer, lorsqu'il fut atteint successivement capitaine de cavalerie de la lèpre, et réduit à renoncer à vivre et lieutenant des maréchaux de France. Il émigra au commencement de la ré- avec ses semblables. Il s'ensevelit alors volution, rentra en France en 1800, dans une retraite protonde, après avoir adressé de touchants adieux a ses con- et fut nommé conseiller de préfecture Acitoyens. cette époque, dit M. Mon- à Luxembourg. Il mourut à Arlon en t809. Il avait été l'ami de Goethe, de merqué, qui a publié une savante dis- Wieland et de Buffon, qui le cite quel- sertation sur Jehan Bodel , à cette que part avec éloge. On peut voir dans époque « la langue romane du Nord le supplément de la Biographie univer- se divisait en trois principaux dialec- Ates. la cour de nos rois, à Paris et Digitized by Google

Bon FRJ ïCE. bod 51 dans l'ancienne France, on parlait le Bodin (Félix) , fds de Jean-François roman le plus pur et le plus intelligible. Bodin, naquit à Saumur en décembre GuillaumedeLorrisetJehandeMeung, 1795. On lui doit la première idée des son continuateur, l'ont employé dans Résumés historiques, dont il com- le roman de la Rose. L'anglo-normand mença l'importante collection en 1821 est le second de ces dialectes; Guillau- en publiant le Résumé de l'histoire de me , duc de Normandie , en conquérant France, 1 vol. in-18, qui a eu un grand l'Angleterre, imposa ses lois et son succès. Il a fait paraître, en 1823, le langage à ses nouveaux sujets. Ceux- Résumé de thistoire d'Angleterre, ci y mêlèrent des mots saxons et da- nois, et ils en altérèrent la pronon- 1 vol. in-18; en 1824, Éludes histori- ciation. Wace se servit de ce dialecte. ques sur les assemblées représenta- « On parlait le troisième dialecte tives (cours d'histoire fait à l'Athénée), dans le comté d'Artois et dans le Cam- 1 vol. in-18. M. Félix Bodin a coopéré brésis; il a de l'analogie avec le patois picard encore en usage dans nos pro- à la rédaction d'un grand nombre vinces du Nord. Nos trouvères Jehan de feuilles périodiques, telles que le Bodel et Adam de la Halle l'ont em- ConstitutionneL le Miroir, les Ta- ployé dans leurs essais dramatiques. C'est malheureusement le plus obscur blettes, le Diable boiteux, la Revue et le plus barbare des jargons romans. » encyclopédique , le Mercure du dix- Bodel a composé sur la vie de saint Nicolas, évêque de Mvre, une pièce neuvième siècle, etc. Il a paru de lui, dramatique en vers de douze et de huit syllabes. Cette pièce est un des plus dans le Globe , le Mercure et la Revue, anciens ouvrages que notre langue divers fragments de romans histori- ait produits dans ce genre. On y re- ques, dont un a pour sujet YÉtablis- marque ces deux vers, qui rappellent sement d'une commune; un autre, la ceux du Cid de Corneille : Fin du monde, ou Récit de Van mil; Seigneur, se je suis joncs, ne m'aies en ùVspit. enfin des fragments de YHistoire de la Ou a véu souvent grant coer en cors petit. révolution française de 1355, ou dés BODILLON, BODILO OU BODOLEN, états généra ux 'sous le roi Jean. Bodin l'un des grands de la cour de Chil- est mort à Paris, le 7 mai 1837. déric II. Ce prince l'ayant fait attacher Bodin (Jean) naquit à Angers, à un poteau et battre de verges , comme un esclave, Bodillon lui jura une haine vers 1530. Après avoir étudié le droit implacable. Pour mieux assurer sa vengeance, il s'unit à ceux qui comme à Toulouse, il essaya de suivre le bar- lui avaient reçu des injures person- reau de Paris; mais il ne put lutter nelles, et alla 'surprendre le roi, qui avec Brisson, Pasquier, Pithou , et se chassait dans la forêt de Leuconie (au- voua dès lors à la politique. Les pre- jourd'hui la forêt de Bondi), non loin de la maison royale de Chelles. Pendant miers ouvrages qu'il publia lui acqui- qu'il l'égorgeait de sa propre main, rent une certaine réputation, et Henri ses complices massacrèrent la reine III l'admit dans ses conversations par- Blitilde, qui était enceinte, et l'aîné ticulières. Mais l'envie des courtisans de ses lils, nomme Dagobert (693). On lui fit bientôt perdre la faveur du roi. ne connaît aucune autre particularité sur Bodillon, qui du reste parait n'a- Cependant , il trouva un protecteur voir pas agi seulement par des motifs dans le duc d'Anjou, le chef des poli- personnels, mais encore avoir été l'a- gent d'une vaste conspiration, orga- tiques, dont Bodin devint alors le con- nisée contre Childéric, par tous les seiller , et qu'il accompagna dans son grands du royaume. expédition des Pays-Bas. A la mort du duc d'Anjou (1576), Bodin se retira à Laon , et , la même année , il fut nommé par le tiers état du Verman- , dois député aux états de Blois. Il y , défendit les étiits de pacification, et s'opposa à l'aliénation du domaine. En 1589, il fit déclarer la ville de Laon en faveur de la ligue ; et , plus tard il contribua à y faire reconnaître les droits de Henri IV à la couronne de Digitized by Google

52 BOD L'UNIVERS. France. Il mourut à Laon de la peste, se propose au contraire d'en fixer les en 1596. Nous ne citerons pas tous les ouvrages de Bodin ; nous nous con- véritables fondements. Au lieu d'a- tenterons de parler de celui qui Ta surtout rendu célèbre, c'est-à-dire, de dopter pour principe l'intérêt person- ses Six livres de la république , pu- nel des princes, il prend pour point de départ l'intérêt général de la com- bliés en 1577. munauté ou république , et dès lors il Voici le jugement que porte sur n'est pas étonnant de le voir conduit, nonobstant sa fidélité à la monarchie, cet ouvrage un écrivain dont nous à des conséquences entièrement op- partageons sur ce point toutes les opi- posées à celles du diplomate italien. nions : L'un a pris pour titre de son livre , le Prince , l'autre , la République ; cela « Bodin doit être regardé comme le seul montre assez leurs dilférences. Aussi Bodin attaqtie-t-il vertement père de la science politique en France, dans sa préface , sans trop déguiser son antipathie contre Machiavel, ceux et même, si l'on en excepte Machia- qui , sans se soucier aucunement des lois et du droit public , sont venus vel , en Europe. Ses ouvrages, peu profaner « les sacrez mystères de la consultés aujourd'hui par le public, à philosophie politique. » Ce livre est cause de leur style vieilli, de leur forme donc bien plutôt la contre-partie que peu attrayante, et des divagations fa- l'imitation de celui de Machiavel. C'est tigantes dont ils sont semés , ont ce- un noble commencement pour l'école pendant exercé une influence considé- rable dans le monde. Entourés, dans française (*). » le temps de leur nouveauté, d'une fa- veur singulière , ils ont rempli la Bodin (Jean-François) , né à An- France ; et , traduits dans presque toutes les langues, ils se sont établis, gers , en 177G, fut chargé de l'admi- nistration du district de Saint-Florent fiour ainsi dire, sur tous les points de 'Europe. Partout ils ont servi à don- (Maine-et-Loire), et fut attaché en ner l'exemple d'une étude sérieuse des qualité de payeur à l'armée de l'Ouest. questions politiques; et, placés au Le gouvernement lui offrit alors la place de payeur général de la Vendée; premier rang dans les bibliothèques M. Bodin fa refusa, lorsqu'il eut ap- des publicistes , ils n'ont pas été inu- pris qu'elle était remplie par un père tiles aux écrits plus modernes der- de famille estimable, et dénoncé pour rière lesquels ils sont maintenant ses opinions politiques. Les événe- ments de 1815 trouvèrent Bodin rece- éclipsés. veur particulier à Saumur. Sa conduite dans ces circonstances difficiles fut « Son traité de la république est son celle d'un administrateur zélé pour les f>rincipal ouvrage. Ce ne sont point intérêts de son pays ; mais ce dévoue- es principes républicains , comme on ment ne lui attira que des persécu- pourrait, au premier abord, l'imaginer d'après le titre, qui y dominent; l'au- tions , à la suite desquelles il perdit sa teur y examine les diverses sortes de gouvernements de la chose publique place.' Cependant, ni les entraves du que l'histoire des nations nous pré- ministère , ni les manœuvres d'un sente , s'efforce de fixer leurs princi- parti, ne purent empêcher, en 1820, pes et leurs caractères ; et , sans en son élection à la chambre des dépu- condamner aucun , hormis ceux qui tés, où il siégea jusqu'en 1823. Depuis sont excessifs , tels que la tyrannie et cette époque jusqu'à sa mort, arrivée l'anarchie , il laisse voir son penchant à Launay en 182;), il ne s'occupa plus que de la culture des sciences et des pour ce qu'il nomme la monarchie lettres. Il avait été nommé, en 1821, royale, ou la monarchie tempérée par (*) Reynaud, art. Bodin, dans l'Encyclo- m les lois. nédie nouvelle. «...Bien différent de Machiavel, qui s'était précisément proposé de réunir dans son livre la théorie des calculs déréglés de la politique, Bodin

BOF .FRANCE. BOU 53 membre correspondant de l'Institut. la restauration du Palais -Bourbon Il avait publié sur la province d'An- (1720), plusieurs hôtels, entre autres jou deux ouvrages statistiques, aussi remarquables par l'érudition que par ceux de Guerehy, de Voyer, de Duras, la richesse de style. Ils ont pour ti- tre : Recherches historiques sur Sau- de Tingry ; la porte de l'hôtel de Vil- lars; dans les provinces: le palais de mur et ie Haut- Anjou, avec gravures Nancy, et les châteaux de Lunéville dessinées par l'auteur , 2 vol. in-8°, et de Harroné en Lorraine, et celui de 1821 et 1822; Recherches historiques sur Angers et le Bas-Anjou, avec gra- Bossette, près de M cl un. Comme in- vures, 2 vol. in-8°. génieur, il a fait construire le célèbre Bodin (Pierre- Joseph -François puits de Bicétre et le pont de Sens. Il ) a publié ,sur son art divers ouvrages, était chirurgien à Lymerais, en Tou- raine, lorsqu'il fut élu, en 1789, maire dont le plus important a pour titre : de Gournay. Il fut nommé, en 1 792?, député du département d'Indre-et- Livre d'architecture , contenant les Loire à la Convention nationale. Il se principes généraux de cet art , et les plaça au coté droit de cette assemblée plans, élévations et projils de quel- ; ques-uns des bâtimentsfaits en France et,' dans le procès de Louis XVI, il et dans les pays étrangers , Paris vota la détention et la déportation à 1745 , in-fol. , avec soixante-dix plan- la paix. Le 2 octobre 1793 , il appuya ches. Telles sont les productions de et amenda la motion de Bourdon de l'Oise en faveur des citoyens incarcé- cet artiste; il nous reste à les ap- rés avant le 10 thermidor. Il fut en- précier. Boffrand était élève de J. suite élu secrétaire de l'Assemblée, et fit décréter la liberté des entrepri- H. Mansard , et Palladio fut toujours ses de voitures publiques. Le 30 mai 1795, il contribua à faire dispenser son modèle; mais il vécut à une épo- du service de la garde nationale les ouvriers indigents. Peu de tempsaprès, 3ue où les arts tombaient en déca- il fut envoyé en mission à l'armée de l'Ouest. Il entra ensuite au Conseil des ence ; et , loin de lutter , comme Cinq-Cents, en sortit le 10 mai 1797, et fut réélu , en 1799, par le départe- Biondel , contre le mauvais goût de ment des Deux-Sèvres. Après le 18 son siècle, il y céda entièrement, et brumaire, il fut nommé commandant contribua même à augmenter la déca- de la gendarmerie du département de dence. On peut avoir, dans la décora- Loir-et-Cher, place qu'il occupa jus- qu'à sa mort, arrivée à BJoisen 1810. tion intérieure de l'hôtel Soubise Hoetie (Etienne delà). Voyez la. confiée à Boffrand en 1737 , une BOBTIB. preuve de ce mauvais goût : de petites Boffrand (Germain), architecte chambres, des réduits décorés de pla- et ingénieur des ponts et chaussées tes peintures de Boucher, de Natoire, naquit à Nantes, le 7 mai 1G67 , et mourut à Paris, le 18 mars 1754. de la Trémollière représentant des Après avoir étudié la sculpture sous , Girardon , il se livra entièrement à sujets mvthologiques , des femmes l'architecture , et fut reçu à l'Acadé- mie en 1719. ^Boffrand* a élevé un- nues, mal peintes, mal dessinées; des grand nombre de monuments en ornements en chicorée se trouvent par- France et à l'étranger. Les principaux sont , à l'étranger , la résidence de tout ; tout est contourné. Wurtzbourg et le château de la Favo- rite, près de Mavence (1725); à Paris: Boouet (Henri), né dans le seizième siècle en Franche-Comté , était grand juge de la terre de Saint-Claude. Parmi les ouvrages qu'il a laissés, le suivant, devenu très-rare , était autrefois très- recherché ; c'est le Discôurs des sor- ciers tiré de quelques procès , avec une instruction pour un juge en sor- cellerie. L'extrême crédulité et le zèle farouche qu'il y montre font frémir quand on pense que ce manuel d'assas- sinat juridique lut écrit après expé- rience , et que la théorie de l'écrivain était le résultat de la pratique du juge. Boguet publia encore les Actions de Digitized by Google

54 BOH L'LJNI VERS. BOB la vie et de la mort de saint Claude, mières années du septième siècle, les et le premier traité qui ait été fait sur Tchèques eurent le bonheur d'en être la coutume de Franche-Comté. Nommé délivrés , vers l'an 030, par le courage en 1618 conseiller au parlement de Dôle, il fallut un ordre exprès du roi d'un chef énergique nommé Samo , pour l'enregistrement de ses lettres de nomination, auquel se refusait le par- qui étendit en outre sa domination lement. sur la plupart des tribus slaves , can- Bohan (Alain), membre de l'As- tonnées dans la Moravie, la basse Si- semblée législative, fut envoyé, en lésie, la Lusace et la Misnie. Ce Samo, 1792, par le département du Finistère, à la Convention nationale. Dans le pro- d'origine slave selon les uns, d'origine cès de Louis XVI , il vota successi- franque suivant les autres , tenta de consolider son autorité naissante par vement pour l'appel au peuple, pour la mort, et pour le sursis. Il signa la une alliance avec Dagobert. Mais protestation contre la journée du 31 mai organisée contre les girondins l'empereur des Francs ayant dédaigné , de traiter avec un peuple vassal et et fut un des soixante-treize députés encore païen, des. hostilités s'ensuivi- de ce parti que celui de la Montagne fit arrêter, et qui furent mis en liberté rent dans lesquelles Samo remporta après le 9 thermidor. Bohan flt encore partie du Conseil des Cinq-Cents en l'avantage. Dès lors, les Tchèques, at- 1795 et 1798 ; mais, depuis le 18 bru- maire, i\\ s'est tenu dans l'obscurité la tirés par l'appât d'un butin considé- plus profonde. rable, firent de fréquentes incursions —Bohême (relations de la France dans les provinces de l'empire méro- vingien. Voici, du reste, comment les avec la). La Bohême eut pour pre- miers habitants connus les Boiens faits dont il s'agit sont rapportés dans (Boii), peuplade celtique, sortie des la Chronique de Frédégaire qui dé- Gaules sous la conduite de Sigovè- , se, vers l'an 164 de la fondation de signe , sous le nom de Venèdes ou Es- Rome. Avant l'arrivée des Boiens , du clavons , le mélange de peuples slaves nom desquels a été formé celui de Bohême , ce pays ne portait aucune auxquels commandait Samo , et donne dénomination particulière ou du moins généralement connue ; il faisait partie à ce dernier une origine franque et le de la forêt Ilercinie, si célèbre dans l'antiquité. Ainsi, la Bohême dut nais- nom de Samon. sance à une émigration de Gaulois; mais les Boiens ne paraissent pas « La quarantième année du règne avoir eu avec les habitants de la Gaule d'autres rapports que ceux d'une de Chlother,un certain homme, nommé commune origine. Samon , de la nation des Francs, s'as- Il en fut autrement pour les Tchè- socia plusieurs hommes du Sundgau ques, peuple slave qui, au sixième siècle, se superposa aux Marcomans, qui faisaient le négoce avec lui , et se lesquels avaient eux-mêmes envahi le rendit chez les Esclavons, surnommés territoire des Boiens sous le règne d'Auguste. Les Tchèques reconnurent les Venèdes, pour y commercer. Les Esclavons avaient déjà commencé à se la suzeraineté des Mérovingiens, et ils ne se lassaient pas d'implorer l'assis- soulever contre les Avares , surnom- tance de ces princes contre les attaques més les Huns, et contre leur roi Ga- continuelles des Avares. Étant passés sous le joug des Avares dans les pre- gan. Les Venèdes , surnommés Bi- fulci, étaient depuis longtemps alliés des Huns : lorsque les Huns attaquaient quelque nation, ils se tenaient rangés en bataille devant leur camp , et les Venèdes combattaient : s'ils rempor- taient la victoire, alors les Huns s'a- vançaient pour piller ; si les Venèdes étaient vaincus , les Huns v enaient à leur secours. Ils appelaient les Venè- des Bifulces, parce qu'ils combattaient deux fois, attaquant toujours avant les Huns. Les Huns venaient tous les ans passer l'hiver chez les Esclavons. Ils prenaient pour leur lit les femmes et les filles des Esclavons qui leur , Digitized by Google

non FRANCE. BOH 55 payaient des tributs , outre bien d'au- « La terre que nous babitons est à « Dagobert, et nous sommes ses hon\\- tres oppressions. Les iils des Huns « mes , mais à condition qu'il voudra qu'ils avaient eus des femmes et des « conserver amitié avec nous. » Si- cbaire dit : « II n'est pas possible que filles esclavonnes , ne pouvant à la fin « des clirétiens , serviteurs de Dieu « fassent amitié avec des cbiens. » supporter cette bonté et ce joug , re- fusèrent d'obéir aux Huns , et com- Samon lui répliqua alors : « Si vous « êtes les serviteurs de Dieu , nous mencèrent à se soulever. Les Venè- « sommes les cbiens de Dieu; et des s'étant avancés contre les Huns, « puisque vous agissez continuelle- le marchand Samon alla avec eux , et « ment contre lui , nous avons reçu « la permission de vous déchirer à sa br.ivoure fut si grande qu'elle ex- «. coups de dents ; » et Sicbaire fut chassé hors de la présence de Samon. cita l'admiration; aussi les Venèdes « Lorsqu'il vint annoncer ces paro- taillèrent en pièces un nombre éton- les à Dagobert , celui-ci ordonna avec orgueil de lever, dans tout le royaume nant de Huns. Les Venèdes voyant la d'Ostrasie , une armée contre Samon bravoure de Samon , le créèrent leur et les Venèdes. Trois troupes mar- roi, et il les gouverna pendant trentc- chèrent alors contre eux. Les Lom- ciiiq ans avec bonheur. Sous son rè- bards, à l'appui de Dagobert, s'avan- cèrent de leur côté. Les Esclavons de gne, les Venèdes soutinrent contre tous les pays se préparèrent à résister, les Huns plusieurs combats, et, par sa Une année d'Alemans, commandée prudence et son courage, ils furent par le due Chlodobert, remporta une victoire dans les lieux où elle entra, toujours vainqueurs. Samon avait Les Lombards remportèrent aussi une victoire, et emmenèrent, ainsi que les douze femmes de la nation des Venè- Alemans, un grand nombre de cap- tifs esclavons. Mais les Ostrasiens des, et il en eut vingt-deux fils et ayant entouré Wogastibourg, où s'é- taient renfermés la plupart des plus quinze filles. braves Venèdes, après avoir combattu pendant trois jours , furent taillés en Cette année (631) . les Esclavons, jnèces, et abandonnant, pour fuir, surnommés les Venèdes, sous le roi leurs tentes et tous leurs équipages, Samon, tuèrent un grand nombre de As'en retournèrent dans leur pays. négociants francs, et les dépouillèrent la suite de cela , les W^nedes, rava- géant à plusieurs reprises la Thuringe de leurs biens. Ce fut le commence- et les lieux voisins , se jetèrent sur le ment de la querelle entre Dagobert et royaume des Francs. Dervan, duc des Samon. Dagobert ayant envoyé Si- SoYabes, peuple d'origine esclavonne, chaire en députation auprès de Sa- et qui, autrefois, avait été soumis aux mon, lui demandait de faire justice de Francs, se rendit , avec ses sujets , sous le pouvoir de Samon. Ce ne fut la mort des commerçants que ses gens pas tant le courage des Venèdes qui leur fit remporter cette victoire sur avaient tués, et du pillage de leurs les Ostrasiens, que l'abattement de ceux-ci qui se voyaient haïs de Dagobert biens; Samon ne voulut point voir et continuellement dépouillés par lui.» Sichaire, et ne lui permit pas de ve- Trop faible pour venger cette dé- faite Dagobert se reposa sur les nir vers lui. Sichaire ayant revêtu des , habits d'Esclavon parvint ainsi en , Saxons du soin de contenir les peuples présence de Samon, et lui dit tout ce qu'il avait reçu l'ordre de déclarer ; mais, comme il arrive parmi les païens et les méchants orgueilleux , Samon ne répara rien du mal qui avait été commis , disant seulement qu'il avait intention de tenir un plaid pour que la justice fut réciproquement rendue sur ces contestations et d'au- très qui s'étaient élevées en même temps. Sichaire, envoyé insensé, adressa alors à Samon des paroles et des menaces qu'on ne lui avait point ordonné de faire , disant que lui et son peuple devaient soumission à Da? gobert. Samon, offensé, lui répondit : Digitized by Google

5G L'UNIVERS. BOH qui s'étaient rangés sons les ordres de Il y eut cependant, au quatorzième Samo. Exemptés du tribut , à cet ef- siècle, un moment où les relations de fet , les Saxons ne remplirent que la France avec la Bohême furent très- très-imparfaitement leur tâche. actives et très-amicales. Ce fut lorsque Les Bohèmes ne jouirent pas de la même impunité sous la dynastie car- la Bohême eut passé dans la maison lovingienne ; nous disons les Bohèmes, car c'est, désormais, de ce nom qu'il de Luxembourg, sous le règne de Jean faut appeler la nation qui résulta du mélange des Boïens, des Marcomans et de son fds Charles er qui prit le et des Tchèques, avec d'autres peu- 1, plades slaves et germaniques, nation qui resta fidèle à Samo , même après nom de Charles IV en devenant em- la dissolution de la confédération for- mée par ce chef, et continua d'être pereur d'Allemagne. Jean de Luxem- gouvernée par des princes de la même famille. De 805 à 806, Charlemagne bourg, roi de Bohême, vécut dans porta la guerre chez les Bohèmes , et les contraignit à lui payer un tribut l'intimité de Charles le Bel et de son annuel en qualité de vassaux. Ils de- successeur, Philippe de Valois. Dési- meurèrent dans cette condition sous le règne du successeur de Charlema- reux de renverser l'empereur Louis de gne. \"En effet, Hostiwit, leur chef, sollicita de Louis le Débonnaire la Bavière, le roi de Bohême se rendit à confirmation de son titre ducal. Tou- tefois , pendant les querelles du mo- la cour de France et promit à Charles narque franc avec ses lils , les Bohè- mes levèrent plus d'une fois l'étendard le Bel l'appui des deux archevêques de de la révolte. Trêves et de Cologne et celui d'un A l'époque du partage d'Aix-la-Cha- grand nombre d'autres princes alle- pelle (817), la Bohême entra dans le mands. Avec Philippe - Auguste et lot départi à Louis II, qui eut en ou- tre à gouverner la Bavière, la Carin- Philippe le Bel, les rois de France thie et les pays voisins du Danube, étaient devenus prépondérants en Eu- conquis sur les Slaves et sur les Ava- rope , et la couronne impériale était res. En 843 , lors du partage de Ver- un appât qui flattait leur ambition. dun, ce même prince, qui prit alors le nom de Louis le Germanique , conti- Charles le Bel , encouragé par le roi nua de régner sur les Bohèmes , ou de Bohême, se mit donc sur les rangs du moins de les compter au nombre de ses vassaux. Mais, dès ce moment, des compétiteurs; suivi d'une. cour ils commencèrent à être entrainés nombreuse et brillante, il se rendit à vers l'Allemagne; et, malgré l'espèce d'indépendance dont ils jouirent de Bar-sur-Aube pour mieux influencer 871 à 894, grâce à la protection de Svaitopluk le Grand, roi de Moravie, l'élection; mais la vue des Français ils finirent par tomber complètement dans la sphère de l'Empire germani- ayant réveillé les craintes qu'inspirait que, à la constitution duquel ils ad- hérèrent, à llatisbonne , le 15 juillet leur puissance , les Allemands décla- 895, Alors ils devinrent de plus en plus étrangers à la France, dont le mor- rèrent qu'ils n'avaient pas besoin de cellement féodal diminuait et anéan- tissait presque l'influence extérieure. princes étrangers pour les gouverner, et la candidature du roi de France échoua. Jean de Bohême ne se brouilla pas pour cela avec le gouvernement français , car quelques années plus , 1 tard, il en obtint un corps de troupes auxiliaires qu'il mena en Italie, où la fortune lui tut défavorable. Toujours par voie et par chemin, le roi de Bohême fit de fréquents voyages en France, où il résida deux- années consécutives sous le règne de Philippe de Valois, avec lequel il était encore mieux qu'avec son prédéces- seur. On peut même dire qu'il devint Français, puisqu'il fut chargé du com- mandement du Languedoc. On lit, à ce sujet, dans l'histoire de ce pays : « Par des lettres données à Estrépilli « vers Mantes , le dernier de novem- « bre 1338 Philippe de Valois établit , « son très-cher cousin et féal Jean, Digitized by Google

BOH FRANCE BOH 57 « roi de Bohême, capitaine général, et allié très-précieux, d'abord à cause de « son lieutenant sur tous autres en sa qualité de chef de l'Empire germa- « tout le Languedoc, avec pouvoir de nique, et ensuite parce qu'il avait su se rendre populaire parmi les habitants « prendre, recevoir, retenir, faire gar- de la Bohême, aux intérêts desquels il sacrifiait les intérêts de l'Allemagne; « nir, garder et établir, comme non tandis que Jean avait toujours fait peu «- lui semblera , les château , ville et de cas de la Bohême et avait même « appartenances de Penne , en Agc- « nois, et de faire en ce cas et en tout essayé de l'abandonner, en échange du « ce qui en dépend, en tous autres qui palatinat voisin de son duché de Luxem- « le touchent, en toute ladite Langue- bourg. « doc , tout ce qu'il pourrait y faire La politique de Charles IV, peu faite « lui-même s'il y était présent. » On pour plaire aux Allemands, convenait voit par ces lettres, dit dom Vais- parfaitement à la France, dont l'amitié était indispensable au roi de Bohême sette, quelle était l'étendue de l'au- pour la réalisation de ses desseins am- bitieux : avec un autre empereur, au torité du roi de Bohême dans la contraire, la France aurait pu redouter province. En effet , il accorda par une nouvelle alliance de l'Allemagne et lui-même divers anoblissements dans de l'Angleterre, ce qui aurait encore le pays , et on voit des rémissions et aggravé les dangers de sa situation. des grâces données par Guillaume de Aussi Charles le Sage, diplomate ha- Villars , en qualité de commissaire dé- » bile s'appliqua-t-il à entretenir la puté par ce prince , dans les parties , du Languedoc. bonne harmonie entre la France et la Bohême, et il dut une partie de ses C'est donc en qualité de vassal de succès à ce système. Élevé à la cour Philippe de Valois que le roi de Bo- de France, ayant fait ses premières hême, devenu aveugle, figura dans les armes avec les chevaliers français, ne rangs des chevaliers français à la ba- pouvant réussir qu'avec le concours de taille de Crécy ; mais ce qu'il y a de plus la France, le roi (le Bohême se montra étonnant, c'est que son fils Charles, sensible aux bons procédés de Charles cependant déjà empereur d'Allemagne le Sage, et, en 1377, il vint lui-même à Paris resserrer les nœuds d'une ami- se trouva aussi à la même bataille. Au tié commune. INous ne parlerons pas ici des fêtes auxquelles donna lieu son fort de la mêlée, Jean l'Aveugle (tel voyage en France (*) : nous nous bor- était le nom que l'on donnait alors au nerons à rappeler que Charles IV, pour roi de Bohême), apprenant que la vic- reconnaître les honneurs dont l'avait toire penchait du côté des Anglais, dit entouré le roi de France, nomma, en aux clievaliers de son entourage de le 1378, le dauphin Charles vicaire gé- mener à l'endroit où combattait son néral de l'Empire dans le royaume d'Arles et le Dauphiné; nomination (ils Charles. Comme on lui représentait qui prépara la réunion successive du Daunhiné et de la Provence a la mo- qu'étant privé de la vue, c'était se pré- narchie française. Malheureusement la cipiter inutilement dans le danger : mort de Charles IV, qui eut lieu dans N'importe, dit-il, je veux faire un le mois de décembre de la même coup d'êpée; et il ne sera pas dit que année, vint rompre l'alliance des deux 1Minces au moment où elle allait avoir —je serai venu ici pour rien. Sire, es résultats les plus utiles. Charles le reprirent les chevaliers, nous vous (*) On peut en voir un récit curieux accompagnerons partout. Alors ils attachèrent son cheval aux leurs, et le dans le second volume de I'Am.emagnk, conduisirent à l'ennemi. Jean périt pages 3; et suivantes. victime de sa témérité, ainsi que tous ses compagnons d'armes; plus heu- reux, son (ils en fut quitte pour oes blessures (*). Charles IV était pour la France un « (•) Voir TAllemaoke, t. II, p. 3a et suivantes.

58 BOH LUNN ERS. BOH Sage lui-même mourut trois ans plus ayant été choisi pour arbitre dans une tard. querelle qui divisait Thibaut, comte Sous Charles VI et Venceslas VI, de Bar, et Henri 111, comte de Luxem- successeur de Charles IV à la cou- bourg, le monarque français rendit ronne de Bohême et à la dignité impé- une sentence favorable à ce dernier. riale, l'alliance existait encore, et ces Dès lors la maison de Luxembourg té- deux monarques eurent une conférence moigna à la France un attachement à Reims; mais bientôt les troubles qui qui ne se démentit jamais. En 12U4, le survinrent en même temps en deçà et comte Henri V de Luxembourg signa au delà du Rhin mirent un terme à un traité avec Philippe le Bel, contre l'union de la Bohême et de la France. Edouard d'Angleterre, moyennant une Venceslas, de plus en plus odieux rente de 500 livres tournois et une aux Bohèmes, n'eut plus de point somme de 000 livres, et marcha en d'appui contre la rivalité des autres personne contre les Anglais. Pendant Etats allemands, principalement de la presque toute la durée de la guerre de Bavière et de l'Autriche, et les que- cent ans que nous lit l'Angleterre, les relles religieuses .des Hussites vinrent ensanglanter encore la lin de son règne mLuxe bo u rgeo i s furent n os a u xi ali i res ; de même que l'on voit Jean l'Aveugle et celui de Sigisinond son successeur. et son fils Charles IV à la bataille de Albert d'Autriche, fils d'Albert IV, duc Crécy, ainsi l'on retrouve à la bataille d'Autriche, et de Jeanne de Bavière, d'Azïncourt, en 1415, un autre duc monta sur le trône de la Bohême, qui .>de Luxembourg, Antoine de Bourgo- ne tarda pas à perdre son indépendance gne qui périt dans les rangs de l'ar- , et à devenir un fief de l'Autriche. Dès mée française. En 1402, Josse s'était lors , elle n'eut plus de rapports directs demis du gouvernement du Luxem- avec aucun peuple. bourg en faveur de Louis , duc d'Or- » Ainsi donc, descendants d'une peu- léans , frère de Charles VI qu'une plade gauloise, les Bohèmes sont pen- , mort précoce empêcha de profiter long- dant quelque temps vassaux des Méro- temps de cet avantage; mais ce serait vingiens et des Carlovtngiens puis anticiper sur l'article qui sera consa- , deviennent membres de l'Empire ger- cré aux relations de la France avec le manique, et enfin entrent en relations Luxembourg, que de pousser plus loin Ad'amitié avec la France. vrai dire, et d'énumérer d'autres preuves à l'ap- l'alliance de la France et de la Bohème pui de cette vérité. Qu'il suffise d'a- au quatorzième siècle fut un événement jouter que, vers la fin de la guerre de fortuit plutôt que le résultat d'un sys- trente ans , Richelieu fut d'autant tème politique. Sans le droit de suc- mieux inspiré en recherchant l'alliance cession, qui porta les princes de la de la Bavière que le malheureux état , maison de Luxembourg sur le trône où les divisions religieuses et les ar- de Bohême, il est douteux que les rois mées autrichiennes avaient réduit la de France eussent songé ou fussent Bohême ne permettait plus de s'ap- parvenus à se ménager l'alliance de la puyer sur ce pays. C'est ainsi que le Bohême, qui leur permit un moment ministre-roi qui semble avoir été le , de paralyser les mavaises dispositions précurseur de Louis XIV en toutes de l'Autriche, de la Bavière, de la choses jeta les bases de l'union de la Confédération germanique enfin , en , plaçant tous les princes allemands en- France et de la Bavière, union natu- relle qui devait, dans plusieurs cir- tre deux feux. Le principal mérite de constances, être d'une si grande utilité Charles le Bel , de Philippe de Valois aux deux pays contre les empiétements et de Charles le Sage, c'est d'avoir su de la maison d'Autriche. Pour en re- tirer parti de l'occasion lorsqu'elle s'est venir à l'alliance de la France avec la présentée. Si l'on veut trouver la cause Bohême, nous dirons, en terminant, première de cette alliance , il faut re- qu'elle a eu pour les Bohèmes des sui- monter jusqu'à saint Louis. En 1268, tes d'autant plus heureuses que Jean , Digitized by Google

BOH FRA CE. BOH 59 de Luxembourg et son fils Charles IV corset d'une étoffe grossière. L'arrivée imitèrent souvent la politique des rois de ces singuliers personnages excita de France, et, à leur exemple, favo- au plus haut point la curiosité du peu- ple de Paris; et comme les femmes risèrent l'affranchissement des com- munes autant que les résistances des avaient la prétention de découvrir les seigneurs féodaux le leur permirent. secrets de l'avenir dans les lignes de Bohémiens, nom que l'on donne, la main, une foule de gens allaient en France, à des troupes de vagabonds leur demander leur bonne aventure, et à demi sauvages, qui , depuis le quin- perdaient le plus souvent auprès d'eux zième siècle , parcourent l'Europe sans se mêler aux autres peuples, dont ils leur bourse et leurs bijoux. Cependant l'évéque de Paris, instruit de ces désor- savent exploiter la crédulité et les pas- dres, se rendit enfin lui-même au village sions. Toutes les langues de l'Europe de la Chapelle y Ct faire un sermon , ont, pour les désigner, une dénomina- par un religieux , et excommunia tous tion particulière ; c'est ainsi qu'on les les curieux qui avaient été consulter les appelle Heidenen (idolâtres) en Hol- Bohémiens. Dès lors les pauvres no- lande; Tartares, en Suède et en Da- mades ne reçurent plus aucune visite, nemark; Pharaohites, en Hongrie; et ne gagnant plus rien , ils furent for- Égyptiens (Gypsies) en Angleterre; cés de quitter le pays. Gitanos, en Espagne Zingàri, en Ita- D'où venaient-ils ? D'où venaient les ; lie et en Dalmatie; Tchinganes, en bandes beaucoup plus nombreuses qui Turquie; Cigales, en Valachie et en se répandirent, à la même époque, dans Moldavie. Ils se donnent à eux-mêmes les autres contrées de l'Europe (*) ? Les le nom de Zigeuner, et c'est celui sous savants qui se sont posé ces questions lequel ils sont maintenant le plus gé- les ont résolues de différentes ma- néralement désignés. nières ; mais l'opinion la plus géné* raie aujourd'hui donne aux Zigeuner C'est en 1427 que l'on vit arriver à Paris les premières troupes de Bohé- une origine indienne. Suivant (Grell- mann (**) , ils auraient fait partie de miens. Ils se disaient originaires de la petite Egypte , convertis une première la caste des sudra ou paria, et au- fois à la foi chrétienne, puis retombés raient quitté l'Inde à l'époque des con- dans le mahométisme, et enfin reçus quêtes deTimour, vers la fin du quator- à résipiscence par le pape Martin V, zième siècle ou au commencement du 3ui leur avait ordonne, disaient -ils, quinzième. D'autres savants (***) font e courir le monde pendant sept ans remonter à une époque beaucoup plus sans se coucher sur un lit, la terre ancienne les premières migrations étant la seule couche qui leur fût per- des Zigeuner. Ils s'appuient sur ce mise. Ils firent leur entrée à Paris, le qu'un peuple de ce nom est signalé dimanche 17 août , au nombre de douze ; (*) Il en vint, dit-on, en Suisse, plus de un duc , un comte , et dix hommes à quatorze mille, vers 1 4 1 8. On évalue à sept cheval. Le reste de la troupe qui était crut mille le nombre des Bohémiens aetuel- , Iement en Europe. Sur ce nombre, il y en a environ dix-huit mille en Angleterre ; la de cent vingt personnes, en y compre- Hongrie, la Moldavie et la Valachie en pos- nant les femmes et les enfants, n'ar- sèdcift près de deux cent mille. Enfui , c'est dans la Turquie , la Bessarabie , la Crimée, riva que douze jours après. Mais on qu'il s'en trouve le plus. leur défendit d'entrer dans la ville, et (**) Histoire des Bohémiens, p. a84 et suiv. de la traduction française. Voyez aussi ils s'établirent à la Chapelle Saint-De- XOcêanie de l Univers pittoresque , tom. I, nis. Les hommes avaient le teint noir, p. a63. les cheveux crépus, les oreilles percées (***) Voyez Malte-Brun , Précis de géo- graphie universelle, t. VI première édit. et garnies de boucles d'argent. Les , femmes , outre leur visage noir, avaient deux longues tresses de cheveux qui retombaient sur leurs épaules. Leur vêtement était une robe liée d'une corde, et, par-dessus, une espèce de

60 L'UNIVERS. même par les historiens de l'antiquité, rente de celle qui habite la Lorraine * comme habitant les bords de la mer et dont le langage, inintelligible pour . les gens du pays, indique l'origine étran- Noire; et ils expliquent, par l'exis- gère, est répandue dans les villages de Berenthal, Philipsbourg et Verric- tence d'une ville nommée ÂigyptoSy Sophie (canton de Bitche). Elle compte, dans le delta du Danube (*), i'origine une quarantaine d'individus. Avant 1803, ils vivaient dans les bois, sous égyptienne que se donnaient les pre- la domination de l'un d'eux, qui était miers Bohémiens qui vinrent dans l'Eu- leur chef, et qui avait sur ses subor- rope occidentale. donnés le droit de vie et de mort. Plu- sieurs d'entre eux ayant commis des Quoi qu'il en soit de l'origine de ces crimes, leurs compagnons n'atten- nomades, et de l'époque précise de leur première apparition en Europe, dirent pas les recherches de la justice, le séjour qu'une de leurs bandes avait ils les fusillèrent eux-mêmes. En 1803, fait a Paris, en 1427, avait été trop les agents forestiers les forcèrent à ren- lucratif pour qu'ils ne cherchassent pas à y revenir bientôt. Ils parvinrent trer dans les villages. Ces hommes même à pénétrer dans l'enceinte de la vivent du produit de leur chasse , de leurs vols et de quelques aumônes. cité ; mais, cette fois, l'autorité ecclé- Quelques-uns jouent de certains ins- siastique ne fut plus la seule à s'inquié- truments dans les fêtes de villages; ter de leur voisinage; et une ordon- nance des états généraux tenus à d'autres se sont faits colporteurs , et Orléans, en 1560, prescrivit aux gou- verneurs des provinces de les extermi- vendent de la menue verroterie et de ner par le fer et le feu. Cependant il la faïence fabriquée dans les environs. parait que cette ordonnance fut mal Ils ont une danse extrêmement bizarre exécutée, ou qu'ils parvinrent à se et tout à fait caractérisée. La peau des soustraire aux poursuites de l'autorité, puisqu'en 1612 on fut obligé de lan- Hnidfis est basanée; dès leur plus ten- cer contre eux un nouvel édit d'expul- dre enfance, ils s'enduisent le corps de sion , en prononçant la peine des ga- lard, et s'exposent nus à l'ardeur du lères contre ceux qui seraient, à l'avenir, trouvés sur le territoire du royaume. soleil. Ces édits contribuèrent, sansdoute, « Les Hnidns sont agiles et robustes; à diminuer, en France, le nombre des les hommes sont trapus, ils ont les Bohémiens ; mais ils ne purent les ex- yeux et les cheveux très-noirs , et quel- pulser entièrement. Les forêts et les Suefois les traits distingués Les jeunes pays de montagnes en recelèrent tou- jours quelques troupes plus ou moins Iles de dix-huit ou vingt ans offrent, considérables. Suivant Grecllmann (**), sous leurs haillons , une perfection de vers le milieu du dix -huitième siècle, formes qu'il est rare de rencontrer on en rencontrait beaucoup en Alsace chez des gens adonnés à un travail pé- nible. Elles sont très-belles, leur nez et en Lorraine. On en trouve encore est légèrement aquilin, leurs yeux sont noirs , leurs sourcils arqués, leurs actuellement quelques-uns dans cette cheveux noirs sont d'une longueur dernière province, où le peuple leur démesurée. Une teinte de mélancolie, est répandue sur Ja physionomie de donne indifféremment les noms de toutes les femmes, sans \"exception , ce Hiingar, Hongres, Honcks, Ilnidns qui leur donne un caractère de tête analogue à celui des femmes de Léo- et Zigenners. pold Robert, dans son tableau des pê- «(*'**) Cette race, complètement^ iffé- cheurs et de la madone de l'arc. » (*) Strabon, et après lui, Élienne de D'autres parties de la France con- Byzance , font mention «le cette ville. tiennent encore quelques débris des (**) Histoire des Bohémiens, p. 40. sionsdes Hongrois en Europe, par M. Dus- (**•) Le passage suivant, où l'on trouve des détails curieux sur ces Bohémiens de sicux, p. 7 3 et 74. France, est extrait de VEssai sur les i/ivo- Digitized by Google

non FRANCE. BOI 61 anciennes troupes de Bohémiens ; on public et privé , qui prouvent qu'il en rencontre dans les Cévennes ; mais avait plus d'érudition que de logique. c'est dans le Languedoc et dans la Pro- vence qu'ils sont le plus nombreux. Boiceau (Jean) seigneur de la Bor- « Dans les mois d'aoflt et de sep- , tembre, aux fêtes de Saint- Roch et de Saint -Michel, on voit arriver à derie, gentilhomme poitevin, cultivait Nîmes, entassés sur de mauvaises char- les muses latines françaises et poite- rettes traînées par des mules, ou chas- sant devant eux des troupes d'ânes ou , de petits mulets qu'ils vont vendre dans les foires, ces demi-sauvages, vines. *La plus remarquable de ses vrais enfants perdus de la Providence. œuvres est le Monologue de Robin, Ils couchent à la belle étoile, ordinai- lequel a perdu son procès , traduit de rement sous les ponts ; leur quartier grec enfrançois, de Jrançois en latin, général est le Cadreau , petit pont et enfin de latin en poitevin, imprimé jeté sur un ravin qui descend d'une à Poitiers, à Censeigne de la Fontaine, des collines, et sert de voirie pu- en 1555. C'est une satire vive et pleine blique. C'est là qu'on peut les voir d'esprit contre les plaideurs. Jean Boi- demi-nus , sales , accroupis sur de la ceau a aussi publié quelques traités de paille ou de vieilles bardes, et man- jurisprudence qui furent bien accueil- geant, avec leurs doigts, les chiens et lis, et qui montrent en lui un juris- les chats qu'ils ont tués dans leurs ex- consulte d'un esprit solide et métho- cursions crépusculaires. Dans lesjours de foire, ils sont tour à tour mar- dique. chands, maquignons, mendiants et saltimbanques. Les jeunes filles, aux Boichot (Jean) , statuaire du roi grands yeux bruns et lascifs, au visage membre de l'ancienne Académie de cuivré, pieds nus, la robe coupée ou plutôt déchirée jusqu'aux genoux, peinture , correspondant de l'Institut, dansent devant la foule , en s'accom- né à Châlons-sur-Saône en 1738, mort paghant d'un bruit de castagnettes à Paris, en 1814. Parmi les ouvrages qu'elles font avec leur menton. Ces remarquables de Boichot, on distin- hlles, dont quelques-unes ont à peine gue la statue colossale de Y Hercule seize ans, n'.ont jamais eu d'innocence. assis, qui figurait autrefois sous le Venues au monde dans la corruption, portique du Panthéon ; le groupe co- lossal de Saint-Michel ; la statue de elles sont flétries avant même de s'être Saint' Roch; les bas-reliefs des fleuves de l'arc de triomphe du Carrousel. Les données, et prostituées avant la pu- connaisseurs attachent également du berté. Ces Bohémiens parlent un espa- prix aux dessins des estampes qui or- gnol corrompu. L'hiver, on ne les voit nent plusieurs traductions de M. Gail. pas : où vont-ils, d'où viennent -ils? Boichot est mort le 9 décembre 1814. « L'hirondelle, d'où vient-elle? »» (*) Boieldieu (François-Adrien), com- positeur, naquit à Rouen , le 16 dé- Boiiier (Nicolas), en latin Boerius, cembre 1775. Son premier maître fut l'organiste de la cathédrale. Il avait à savant jurisconsulte naquit à Mont- peine vingt ans qu'un opéra de sa com- , position, joué sur le théâtre de Rouen, eut un succès immense. Il vint à Paris pellier vers 1470. Il fut successive-* en 1795. Boieldieu ne comprit pas la révolution et ne mit pas son talent au ment avocat à Bourges, où il enseigna service de la liberté- Toutefois , de le droit , conseiller au grand conseil charmantes romances le firent bientôt connaître; il fit représenter à Fevdeau, et président à mortier au parlement de en 1797, sort premier opéra , la Fa- mille suisse , et deux ans après, en Bordeaux. 11 mourut dans cette ville 1799, il se plaça, par son Calife de en 1579. Il a publié en un latin assez Bagdad, au niveau des plus grands compositeurs de l'époque. Toutefois, barbare plusieurs ouvrages de droit ce succès ne l'empêcha point de tra- (*) Nizard, Histoire de Nimcs , p. i5;. vailler à perfectionner encore son ta- lent; et c'est alors qu'il reçut des le-

62 L'UNIVERS. çonsdeCherubini. En 1802, il donna Un grand nombre de Boiens se trou- ma Tante Aurore . dont l'instrumen- vaient parmi les Gaulois qui envahirent tation , \"plus soignée que celle de ses l'Italie à la suite de Bcllovèse (voyez précédents ouvrages , est une preuve ce mot); d'autres, qui tentèrent de pénétrer de nouveau en Italie, quatre clés progrès que faisait son talent. On cents ans après la fondation de Rome, furent repoussés par les Romains , et chantera toujours le fameux quatuor allèrent s'établir en Germanie. ^ndu premier acte de cet opéra. 1803, Boileau tCharles) , abbé de Beau- lieu, membre de l'Académie française, à la suite de chagrins domestiques, prédicateur de Louis XIV, né à Beau- vais, mort à Paris, en 1704 , a publié Boieldieu prit la résolution d'aller à des Homélies, des Sermons , des Pa- négyriques et des Pensées extraites Saint-Pétersbourg, où il fut recirnar de ses sermons. La Champmèlé de- mandant un jour à Racine pourquoi l'empereur Alexandre de la manière la Judith de Boyer, qui avait obtenu quelque succès pendant le carême de la plus flatteuse. Ce fut pendant son 1695, n'avait pu se soutenir après la rentrée de Pâques « : C'est, répondit séjour en Russie qu'il composa , en- Racine, que pendant le carême, les tre autres partitions, Aline, reine de sifflets étaient à Jcrsailles aux ser- mons de r abbé Boileau. » Ces ser- Golconde, Télémaque , et la musique mons n'étaient pourtant point sans mérite, et d'Alembert , dans son His- des Chœurs d'Aihalte ; yil fit aussi toire des membres de l'Académie des marches pour la garde impériale. française, dit qu'on y trouve , sinon En f 81 1 , il revint en France. Il y de l'éloquence, au moins de l'esprit. trouva Nicolo en possession de l'O- Boile\\u (Etienne) Stcphanus Boi- péra-Comique ; mais il partagea bien- , tôt avec lui l'exploitation de cê théâtre, lcue> Steph. Bibens aquam Steph. et donna , l'année suivante , Jean de y Paris, l'un de ses meilleurs ouvrages. Boitleaue prévôt de Paris, devenu Le Nouveau seigneur de village parut , en 1813. En 1814, au moment où les célèbre pour avoir donné son nom au alliés envahissaient la France , Boiel- premier recueil connu des règlements dieu s'unit , avec Cherubini , Catel et (le police de cette ville. Nicolo, pour composer Bayard à Mé- C'est en 1258 qu'Étienne Boileau zières , œuvre patriotique que nous fut élevé à la charge de prévôt. Voici aimons à signaler ici, et qui prouve en quels termes Joinville raconte cet événement : « Sachez que du temps que Boieldieu savait comprendre la plus noble mission de l'art. En 1817, « passé l'office de la prévosté de Paris « se vendoit au plus offrant. Les pré- Boieldieu remplaça Méhul à l'Institut. « vosts étoient alors prévosts-fermiers, L'année suivante, il produisit son Pe- « dont il advenoit que plusieurs pille- tit chaperon rouge; en 1S20, les foi- « ries et maléfices s'en faisoient , et tures versées, enfin, en 1825 , il lit re- « étoit totalement justice corrompue « par faveur d'amys et par dons ou présenter son chef-d'œuvre, la Dame « promesses , dont le commun n'osoit Blanche. Il mourut à la suite d'une « habiter au, royaume de France, et longue maladie, le 8 octobre 1831. « étoit lors presque vague , et sou- « ventes fois n'y avoit-il aux plaids de Boieldieu, comme compositeur, ap- « la prévosté de Paris que dix per- « sonnes pour les injustices et abusions partient à l'école mélodique. Pour lui, « qui s'y faisoient, et fist enquérir le la musique c'est le chant, c'est la mé- « roi partout ce pays là où il trouve- lodie. L harmonie n'est qu'un moyen « roit quelque grant sage homme qui et non un but; aussi ne fait-il pas de bruit. Secondant de tout son pouvoir la réaction opérée par Délia Maria, et nui contribua si efficacement au retour (le la mélodie , il sut par ses char- , mants opéras, prouver qu'on pouvait être à la fois savant, aimable et har- monieux sans vacarme. Bon, peuple de la Gaule celtique, habitant entre l'Allier et la Loire, vers le confluent de ces deux rivières. Digitized by Google

BOI FRJ N'CE. BOI 63 m fust bon justicier, et qui punist étroi- bres se conformaient ; d'ailleurs la lé- « tement les malfaictèurs , sans avoir gislation du moyen âge consistait « égard au riche plus que au pauvre a et lui fut amené ung qifon appeloit moins à prescrire des règles nouvelles « Estienne Boyleavc, auquel il donna « l'office de prévost de P.iris, lequel qu'à donner une sanction légale aux « depuis fit merveilles de soy mainte- « nir audit office. Tellement que désor- usages pratiqués depuis longtemps , et « mais n'y avoit larron , meurtrier ni « autre malfaicteur qui osast demeurer éprouvés par l'expérience. « à Paris, que tantost il en avoit eon- « noissance, qui ne fust pendu ou puni « Voilà ce que fit Etienne Boileau à « à rigueur de justice, selon la qualité «du malfaict, et n'y avoit faveur de l'égard des communautés d'arts et mé- « parenté, ni d'amys, ni d'or, ni d'ar- « gent qui l'en eust pu garantir , et tiers de Paris : il établit au Châtelet * grandement fit bonne justice. » des registres pour y inscrire les règles On ne sait d'ailleurs que peu de dé- pratiquées habituellement pour les tails sur la vie de ce magistrat, « qui maîtrises des artisans, puis les tarifs justifia la confiance qu'il avait inspirée des droits prélevés, au nom du roi, à son souverain. Louis IX venant sur l'entrée des denrées et marchan- quelquefois s'asseoir à ses cotés, quand dises; puis les titres sur lesquels les ce prévôt rendait la justice au Cbâte- let, prouva combien il honorait ies abbés et autres seigneurs fondaient fonctions dont il l'avait revêtu. On des privilèges dont ils jouissaient dans lit dans un ouvrage , composé deux l'intérieur de Paris. Les corporations siècles après le règne de ce prince,' que Boileau maintint une police si sé- d'artisans, représentées par leurs maî- vère, qu'il fit pendre même son filleul tres-jurés ou prud'hommes, compa- coupable de vol, et un de ses com- rurent l'une après Vautre devant lui, pères, convaincu d'avoir nié un dépôt au Cbâtelet , pour déclarer les us et d'argent qui lui avait été conlié (*). coutumes pratiqués depuis un temps « Ce qui est mieux avéré, c'est l'in- immémorial dans leur communauté, fluence qu'Etienne Boileau exerça sur et pour les faire enregistrer dans le les corporations : c'est du temps de sa prévôté que datent les règlements d'arts livre qui désormais devait servir de et métiers de la ville de Paris. Il faut détruire d'abord une erreur générale- régulateur, de cartulaire de l'industrie ment répandue, et journellement repro- Unouvrière. clerc tenait la plume , et duite. On représente ce prévôt comme enregistrait sous les yeux du prévôt l'auteur de règlements parfaits', et les dispositions des traditions et pra- même comme le fondateur et l'organi- tiques du métier. Aussi, dans la plu- sateur des communautés d'artisans (**). Ce n'est pas là le mérite qui recom- part des règlements, on déclare au mande son nom à la postérité. Les com- munautés existaient avant Louis IX, début qu'on va exposer les us et cou- et elles avaient des règlements , des us et coutumes auxquels leurs mem- tumes; et plusieurs se terminent par . » une adresse au prévôt pour lui signa- (*) Merdes histoires, édit. de i5or, in-f0 ., ler des abus à redresser ou des vceux 6 e âge , f«. cr: , v°. à exaucer. Tous ces règlements sont (**) Toy. Lamare, Traité de. police , 1. 1, liv. i, lit. ix, et l'art. BoYf.EAcx de la Bio- brefs et dégagés du verbiage qui enve- graphie universelle. loppe et embrouille les règlements des temps postérieurs. A Etienne Boileau est peut-être due la forme de ces rè- glements; en magistrat habile, il a pu veiller à ce qu'ils fussent rédigés d'une manière claire et précise, et à peu près uniforme. Ce type est si pro- noncé qu'il n'est pas difficile de distin- guer un règlement des registres d'É- tieune Boileau de ceux qui ont été faits sous la prévôté de ses successeurs. « Boileau a donc le mérite incontes- table d'avoir rassemblé les us et cou- tumes des métiers, tels qu'on les sui- vait à Paris , et tels qu'ils lui étaient déclarés par les notables de chaque -1 i Digitized by Google

64 BOI L'UNIVERS. communauté. Il a donné un corps, une lui quand il voulut entrer à l'Acadé- existence matérielle à des règles qui mie, et le crédit de Chapelain put seul n'avaient jamais été recueillies, et dont le faire admettre. De bonne heure plusieurs n'avaient peut-être pas même Gilles s'était brouillé avec son frère. été écrites. Si dans la suite on a con- servé malgré les progrès de la légis- On ne sait de quel côté furent les vé- , ritables torts. Ce qu'il y a de certain , c'est que Gilles chercha constamment lation, le fond de plusieurs de ces à rabaisser le mérite de Despréaux, règlements, c'est qu'ils étaient le fruit tandis que celui-ci faisait l'éloge du ta- d'une longue expérience, et éprouvés lent de son frère , en se plaignant seu- par le temps ; ils avaient reçu la sanc- lement de son caractère et de sa con- tion qui manque à des règlements in- ventés dans le cabinet d'un législateur duite. Enfin ils se réconcilièrent peu qui a dédaigne de consulter la pra- de temps avant la mort de Gilles, arri- vée en 1669. Cet. auteur a fait aussi tiquée*). » des traductions qui, selon Voltaire, valent mieux que ses vers. Ce recueil de règlements est connu sous le nom de Livre des métiers, Boileau (Gilles de Bullion ), écri- d'Êtienne Bojleau. Le registre origi- vain du seizième siècle, fi t plus de tra- nal sur lequel ils avaient été inscrits ductions que d'ouvrages originaux. Il fut longtemps conservé à la cour des traduisit de l'espagnol les mémoires comptes, et ne fut détruit qu'en 1737, de don Lovs d'Avila et de Cuniga, sur lors de l'incendie qui consuma les ar- chives de cet établissement. Mais on les guerres de Charles-Quint en Alle- en possédait plusieurs. copies d'après magne, pendant les années 1545 et , 1548,. et y joignit des notes histori- ques et stratégiques. Il mit en français lesquelles le comité des chartes, chro- I ouvrage latin d'Albert Durer sur* les niques et inscriptions, a pu faire im- primer, en 1837, ce document, l'un fortifications, et celui de Sleidan sur des plus curieux, à coup sûr, de la la tactique, et la levée du siège de collection publiée par les soins du mi- Metz. Il fut aussi le traducteur du 9 e nistre de l'instruction publique. livre de l'histoire espagnole d'Amadis. II est l'auteur d'un ouvrage intitulé : C'est seulement après Etienne Boi- la Sphère des deux mondes, avec un leau que la charge de prévôt de Paris épithalame sur les noces et mariage devint annuelle. Pour lui , il l'exerça de très -illustre et très - sérénissime au moins pendant dix ans. On ne sait prince don Philippe, roi d Angle- rien de positif sur l'époque de sa mort; terre Anvers, 1555. suivant l'opinion la plus générale, elle f arriva en 1269 ou 1270; cependant on Boileau (-Jacques), autre aîné de a des motifs de croire qu'il survécut longtemps à ses fonctions de prévôt Despréaux, docteur de Sorbonne, « es- et mourut fort vieux. Srit bizarre, dit Voltaire, qui a fait Boileau (Gilles) , frère aîné de Nie. es livres bizarres écrits dans un latin Despréaux. Il avait un esprit satirique et de la facilité pour les vers ; mais ses extraordinaire. » Les sujets de ces écrits sont négligés. Confiant dans son mérite , il se contentait de la première livres sont des questions curieuses sur inspiration, et, malgré l'exemple de l'histoire ou la discipline de l'Église, son frère, il ne voulait rien corriger. ou de minutieuses discussions sur un Son orgueil et ses épigrammes lui firent dans les lettres de nombreux point de théologie ou de morale. Iïe- ennemis. Scarron, Costar, Ménage, c/ieî'ches sur la résidence des cha- Pélisson, usèrent envers lui de repré- noines ; Traité des attouchements im- sailles. Une ligue fut formée contre pudiques; Recherches sur les habits des prêtres ; Histoire des flagellants; (*) Depping, Inlroduclion à son édition Histoire de la confession auriculaire ; du livre des métiers d'Étiennc Boileau. tels sont les titres des principaux ou- vrages de Jacques Boileau. Il y montre une étonnante érudition et une assez grande hardiesse d'esprit. On lui de- Digitized by Google

BOi FRANCE. boi mandait pourquoi il écrivait toujours d'après tous ses biographes, le er no- en latin: «C'est, dit-il, de peur que 1 « les évéques ne me lisent ; ils me per- « sécuteraient. » Il mit à la tête de plu- vembre 1636. Bien jeune encore, il sieurs de ses livres des noms supposés, perdit sa mère, et ses premières années ne furent pas très-heureuses dans une famille sans fortune, et qui ne paraît tels que Claudius Fonteius Jacques pas avoir pris beaucoup de soin de son , Barnabe , Marcellus Ancyranus. Né en enfance. Dans ce grenier aérien où on 1631, mort en 1716. le logeait, et dont il a souvent parlé Boileau (Jacques) , né à Auxerre en dans la suite , il eut à subir plus (Tune 1752, fut d'abord juge de paix à Aval- privation; mais le goût ae l'étude Ion puis député du département de qui était déjà en lui un penchant pro- , noncé, le consolait dans ce rude ap- r Yonne à la Convention nationale. Il prentissage de la vie. On l'envoyait siégea, dans cette assemblée, parmi les aux classes du collège d'Harcourt, et son esprit saisissait avidement tout ce membres qui prirent le nom de giron- qu'on enseignait dans cette docte* mai- dins, vota la mort de Louis XVI , fut ensuite envoyé à l'armée du Nord, et, à peine de retour, dénonça la corn- son. Son goût pour la lecture était tel, mune de Paris, Marat surtout, qu'il qu'il veillait souvent des nuits entières appela un monstre, et demanda que la avec le livre qu'il avait commencé. Au tribune nationale fût purifiée chaque bout de ses études, étant d'une famille fois que ce représentant y serait monté, d'avocats et de greffiers , il se vit con- II fut un de ceux qui appuyèrent le damné à travailler pour le barreau, plus violemment le projet d'une garde Rien n'était plus contraire à la nature départementale pour assurer la liberté de son esprit; et malgré le titre de la Convention. Il faisait partie de d'avocat qu'il obtint en 1G56, on peut la commission des douze, qui commit se faire une idée de l'ennui que lui cau- tant de fautes, et fut la cause de Pin- sait ce genre d'occupation quand on le surrection du 31 mai 1793. Mis hors voit s'endormir sur les dossiers en prê- te loi avec le parti de la Gironde, et sence même de son patron, M. Don- n' ayant pas voulu se soustraire au dé- gois, et dans sa première cause ne son- cret d'accusation lancé contre lui, il ger qu'aux moyens de se défaire honné- fut condamné à mort par le tribunal tement de sa partie. Ne pouvant sur- révolutionnaire, et exécuté le 31 oc- monter sa répugnance pour le barreau, tobre 1793. il se tourna du côté de la théologie, et Boileau ( Jacques - René) , né à peu de temps après on le chargea d'un Amiens en 1715, fut directeur de la cours en Sorbonne; mais il s'aperçut manufacture royale de Sèvres sous bientôt qu'il n'avait fait que changer Louis XV, et contribua beaucoup à la d'ennui : en fuyant la chicane, il trou- prospérité de cet établissement. Il vait la scolastique. Au milieu de ces mourut en 1 772. dégoûts , il sentait croître l'amour qu'il Boileau ( Jean - Jacques ) , né près nourrissait depuis longtemps pour la poésie: il sentait s'agiter en lui les d'Agen en 1649, chanoine de la collé- giale de Saint -Honoré à Paris, a pu- idées ingénieuses, les traits piquants Llié un grand nombre d'ouvrages ascé- tiques. On a encore de lui une vie et les beaux vers. En 1660, il publia manuscrite de madame d'Épernon, qui ses premières satires, qui le firent ranger aussitôt parmi les poètes dont contient, dit -on, des détails curieux, le talent donnait les plus belles espé- Boileau (Nicolas Despréaux) fut le rances. Il fut admis a les lire dans le cercle fameux que présidait la marquise dernier des onze enfants du greffier Gilles Boileau , et celui qui devait faire de Rambouillet. Mais peu fait pour passer le nom de cette famille à la pos- goûter l'esprit et les manières des pré- térité. Il naquit, selon les uns, à cieuses, il les fréquenta peu, et se Crône, village près de Villeneuve-Saint- produisit surtout dans cette société George ; selon les autres, à Paris mais spirituelle , sans être guindée qui se ; , T. tu. 5* Livraison. tf)icT. encyclop, etc.) 6 Digitized by Google

66 boi \\VXTS r ERS. boi réunissait autour de la Rochefoucauld, le fils, dans l'incendie de la maison ae de madame de la Fayette, de madame Valincour à Saint-Cloud. En 1683, de Sévigné. La plus grande partie des Boileau avait publié ses meilleurs autres satires, le discours en vers écrits; il avait quarante-sept ans et n'était point de l'Académie. « Je veux adressé à Louis XIV et le dialogue des que vous en soyez , » lui dit le roi ; et aussitôt la compagnie l'appela dans héros de romans, parurent successive- son sein. Mais il ne vécut pas toujours ment dans l'intervalle de 1660 à 16G9, en parfaite intelligence avec elle. Plu- et achevèrent de mettre en évidence sieurs de ses collègues étaient de l'ori- ce génie ferme, élégant, caustique, gine de l'Académie, et tenaient pour raisonnable. En 1669, le roi voulut les principes et les ouvrages adoptés voir un poëte à qui la langue et les dans leur jeunesse : d'autres n'avaient eu que des succès de salon , et cachaient lettres avaient tant d'obligations, et assez de mauvais goilt sous un brillant par lequel il avait été si magnifiquement esprit de société. Boileau releva plus et si délicatement loué. L'entrevue, où d'une fois assez rudement les erreurs Loi] eau se montra bon courtisan, aug- de l'Académie. Après la guerre des menta encore l'estime qu'il avait ins- anciens et des modernes, ou il prodi- gua à Charles Perrault des railleries si pirée au monarque. Une pension de justes, mais si dures, il n'assista plus deux mille livres lui fut donnée. Peu que rarement aux séances; après la mort de Racine, il ne s'y montra plus de temps après, il s'attira de nouveaux que lorsqu'il y avait à taire une élec- applaudissements du public et de la cour par ses épîtres, où son talent a tion. Vers le même temps, il se retira déjà atteint toute sa maturité et toute sa perfection. Honoré de l'amitié du grand de la cour; il vieillissait, et sa santé, roi, accueilli avec empressement par dont il s'occupait beaucoup, et que une société brillante toujours avide de plusieurs accidents avaient altérée, con- lui entendre réciter ses vers Jouissant tribuait, avec la perte de la plupart sans être riche, d'un revenu assez con- de ses amis, à lui faire aimer la re- sidérable pour lui procurer une douce traite. Cette vieillesse fut longue, et ne produisit qu'un petit nombre de aisance, recherché par les meilleurs et travaux qui sont les moins précieux les plus grands esprits du temps, lié dans l'ensemble de ses œuvres. D'assez ^ivec Molière, la Fontaine, Bourda- bonne heure, sa verve s'était ralentie, loue, Racine surtout, pour lequel on et il avait senti diminuer la facilité de connaît sa touchante et fidèle amitié, son génie; dans ses dernières années, il n'eut d'autre occupation que de revoir Boileau était heureux comme il a ra- ses ouvrages pour une édition nouvelle, et , ce qui n'est peut-être jamais arrivé rement été donné à un poëte de l'être. à aucun poëte, d'écrire et de donner Il ne voyait s'élever contre lui que les des conseils à son propre commenta- mauvais auteurs dont il avait fait jus- teur. Mais s'il ne produisait plus, il tice, et qui formaient une cabale sou- n'avait rien perdu de la force de son tenue par quelques seigneurs entêtés bon sens; s'il ne donnait plus de mo- pour leurs premières admirations, mais dèles du vrai goût, il se défendait en- peu inquiétante, parce qu'elle devenait core par les critiques et les sarcasmes de plus en plus ridicule. En 1677, après que lui arrachaient les applaudisse- la publication de CArt poétique et du ments donnés par un public déjà moins délicat et moins sévère à des réformes Lutrin , il fut nommé , avec Racine téméraires ou à des ouvrages mal écrits. Son vieux sang s'allumait à la vue du historiographe du roi ; mais cette no- succès des paradoxes de Lamothe , et mination n'eut d'autre résultat que de dans l'impatience où le jetaient les faire faire aux deux poètes le voyage de la Flandre et celui de l'Alsace dans les campagnes de 1678 et de 1681. Soit négligence, soit défiance d'eux-mêmes dans un çenre qui n'était point celui qu'ils avaient adopté, ils ne firent que prendre des notes et rédiger quelques fragments qui périrent, selon Racine Digitized by GoogI

BOI FRANCE. BOI 67 tragédies de Crébillon , il allait jusqu'à lui ôte le droit de nommer. Enfin , ils regretter ces Pradon et ces Cotin, jadis morts sous les coups de sa cri- relèvent chez lui quelques jugements tique. Enfin le terme de ses jours ar- riva peu de temps avant la fin du règne littéraires, où ils ne retrouvent pas la qu'il avait embelli et chanté. Il mourut à Paris, le 17 mars 1711, dans sa justesse ordinaire de son goût : par soixante et quinzième année. exemple, ils le reprennent pour avoir Il a été (fit plus d'une fois de nos jours que .la gloire deBoileau était en mis Horace à côté de Voiture pour partie usurpée. Les principaux cham- , pions de la grande réforme littéraire a laquelle nous avons assisté, ont cité n'avoir vu que du clinquant dans le Boileau à leur tribunal : ils ont revu ses titres et en ont cassé plusieurs. Tasse, pour n'avoir jamais eu que des Ce n'était pas le premier procès in- paroles de blâme pour Quinault. tenté à sa mémoire. Le dix-huitième siècle avait vu des critiques éminents Telles sont , en résumé , les princi- porter contre lui plus d'une accusa- pales critiques adressées à Boileau par tion. Il est intéressant d'examiner ces diverses attaques , les plus récentes des hommes qui , d'ailleurs , lui ont surtout, à cause de l'importante ques- rendu de sincères et glorieux hom- tion littéraire qu'elles soulèvent. Au mages. Le vrai et le faux se mêlent dix-huitième siècle, les griefs allégués dans ces critiques. Sans doute , Boi- contre Boileau étaient des imperfec- leau n'avait pas reçu de la nature tions de génie ou des erreurs de dé- tail : de nos iours on l'a surtout at- cette sensibilité vive* et profonde qui taqué pour I influence qu'il a exercée sur notre littérature; on a voulu rui- donne à la poésie son plus puissant ner le système littéraire à rétablisse- attrait. Il avait plus de raison que ment ducjuel il a plus que tout autre d'âme, et eût été incapable assuré- contribue. Écoutons Voltaire, d'Alembert, Di- ment de faire une tragédie comme Racine , ou une fable comme la Fon- derot, Marmontel, à leurs instants de sévérité pour Boileau. Ils lui repro- taine. Mais, ainsi que l'observe juste- chent de manquer de sensibilité , de n'avoir pas cet accent de l'âme qui ment la Harpe, on ne peut pas en tirer révèle surtout le poète, d'être sec et contre lui une raison de blâme puis- froid, à force d'être raisonnable. Ils , l'accusent de n'avoir pas assez de verve et de laisser voir trop souvent qu'il a toujours su se borner aux gen- l'effort dans la composition de ses res qui lu+ convenaient, et sur lesquels ouvrages. Ils le> représentent comme il avait plus de droits (]ue personne. un génie imcomparable pour la rai- son, le bon sens, l'esprit et le travail, Prétendre qu'il n'a point de verve, mais sans mouvement , sans chaleur et sans fécondité. Après ce reproche c'est pousser bien loin la sévérité. fîénéral, ils considèrent en particu- ier ses satires, et se plaignent d'y Sans aoute l'inspiration poétique n'est trouver des inégalités et trop peu d'in- térêt ; ils se prononcent aussi contre point abondante chez lui; elle n'est les satires au nom de la morale, qui, dans leur opinion, défend au poète de point continue ; on sent qu'après avoir railler publiquement les auteurs, et parcouru un certain trajet l'auteur est forcé de faire une pause, et d'attendre le retour de la muse : on le sent à la froideur et au tour pénible des tran- sitions; mais si la verve ne circule pas d'un jet dans les vers de Boileau, elle n'en est pas absente , et beaucoup de passages sont écrits avec abondance et vivacité pleins de feu et d'entraî- , nement. On en pourrait tirer un grand nombre de ce genr-e des ËpUres, et plus encore peut-être du Lutrin, cette œuvre originalequetant d'imagination anime, cette fantaisie brillante et correcte, où toujours le mouvement et la cou- leur s'unissent à la rigoureuse perfec- tion du travail. On trouverait même pour répondre à l'exagération du re- proche beaucoup, de cilations dans ces satires tant dépréciées par Voltaire et Marmontel. Les satires, malgré les 5. Digitized by Google

68 BOI L'UNIVERS. BOI faiblesses qu'on y rencontre, et la dis- de plaintes contre Boileau, ont été tance évidente qui les sépare des frius loin , et ont accusé formellement épîtres, doivent compter parmi les ti- VAH'auteur de poétique d'avoir ôté tres de gloire de Boileau , car elles au génie français sa liberté, enchaîné sont, en général, l'ouvrage d'un esprit l'imagination au nom de la raison., étouffé l'enthousiasme au nom du juste et mordant qui enferme sa pen- sée dans un tour précis et vif. En vain goût, et donné à la littérature du dix- a-t-on invoqué la morale contre elles septième siècle, par ses critiques et ses ; la question de savoir s'il est permis préceptes , un caractère de régularité pompeuse, de rectitude froide et mo- au poète de tourner en ridicule les notone, qu'elle n'aurait pas eu , si elle mauvais livres , et de nommer leurs auteurs, ne peut faire le sujet d'un eût été dirigée avec plus d'intelligence doute pour tout homme impartial , et et de grandeur. Puis, agissant d'après , Voltaire ne consultait que son dépit cette idée , ils ont aboli les anciennes et sa haine contre ses propres cen- lois , renversé tout l'édifice élevé par Boileau, et se sont mis à bâtir eux- seurs, en traitant de liberté criminelle mêmes , dans un genre tout nouveau, le plus légitime de tous les droits , le privilège inaliénable de la critique. sur les ruines qu'ils avaient faites. Quant' aux erreurs que Boileau a pu Plaçons-nous comme il faut pour commettre dans quelques-uns de ses apprécier au vrai l'influence de Boi- jugements, elles ne nous semblent pas leau sur son siècle, influence qui, dans constituer un tort aussi grave qu on tous les cas , salutaire ou nuisible, heureuse ou funeste, n'a pas été aussi l'a dit. Jamais aucun critique n'a été grande qu'on le dit ; car un homme ne infaillible, et les plus éclairés, les plus fait pas à lui seul le caractère d'une maîtres d'eux-mêmes ne peuvent se soustraire entièrement à l'empire des littérature; et les grands critiques, préjugés de leur époque ou à l'exagé- les législateurs du goût , obéissent à ration de leurs propres idées. Si Boi- l'impulsion commune autant qu'ils la leau met Voiture à une place trop règlent. élevée, c'est une marque ae l'ascen- Quel était l'état des lettres au mo- ment où parurent les premiers ouvra- dant universel que ce Del esprit possé- ges de Boileau, c'est-à-dire, au moment dait sur le siècle; s'il parle du Tasse où Louis XIV commençait à régner avec dédain, cela tient à l'excès de son amour pour la simplicité et de Sar lui-même sur la France paisible et or issante ? Des hommes de génie, son aversion pour la mollesse et la fa- deur. Nous ne faisons ici que repro- dont la gloire devait illustrer ce siè- duire la Harpe qui a bien défendu cle , mais dont le nom était encore , peu connu , mettaient au jour leurs Boileau contre ses détracteurs du dix- premiers essais : la voie vers laquelle huitième siècle. Mais la Harpe n'au- rait pas dû se mettre comme les au- ils se sentaient portés était celle que tres à réhabiliter Quinault, pour Malherbe, Corneille et Pascal avaient lequel Boileau n'avait été que trop sé- frayée. L'exemple de ces grands de- vèrement juste. Quinault, adopté au vanciers , l'étude sérieuse de l'anti- dix-huitième siècle par une société quité, et la tendance Croissante de l'é- passionnée pour les tirades d'opéra et poque vers la noblesse et l'ordre, les les fadeurs lyriques, ne mérite restitue portaient à joindre, dans leurs écrits, des connaisseurs que pour quelques la régularité à la grandeur, la sagesse morceaux que l'on a souvent cités , et à la force , et l'élégance à l'enthou- qu'on est sur de retrouver partout où siasme. C'était là l'instinct et le be- il est question de lui parce qu'il n'y soin de leur génie. Mais l'expérience , en a pas d'autres à citer. leur manquait à cause de leur âge , et sur un terrain encore peu battu leurs De nos jours, les novateurs en lit- térature, après avoir répété tout ce premiers pas étaient peu sûrs. D'un que le dix-huitième siècle avait élevé autre côté, se présentait une école Digitized by Google

boi • FRANCE. BOI 69 d'écrivains arriérés qui s'obstinaient dont la mode et l'enfance du goût dans les traditions de l'hôtel de Ram- avaient seules fait le succès. Quant aux bouillet , et mêlaient au goût de la poètes bouffons et indisciplinés qui cour de Louis XIII et d'Anne d'Au- s'enivraient au cabaret , ou s'engrais- triche pour le jargon précieux et pour saient dans la domesticité d'un grand les romans, un reste de l'enflure et du seigneur, il joignit, pour les combat- pédantisme de Ronsard. Chapelain tre, le mépris à la raillerie , et fit bien- était à leur tête et trouvait encore de tôt partager au public son dégoût nombreux partisans. D'autres auteurs, pour leur burlesque indécence. Telles 3ui n'avaient ni plus de goût ni plus turent les diverses parties de la tâche e £énie que Chapelain , mais qu'ani- qu'il accomplit. En même temps qu'il mait une verve libre jusqu'à la gros- éclairait Racine sur la frivolité et l'af- sièreté et la folie, professaient le mé- fectation de ses premières poésies, et pris des règles et du travail , et l'avertissait de sa vocation pour la s'inspiraient de la débauche et du ha- simplicité, le naturel et la correction, sard dans leurs poésies bouffonnes ou il desabusait le public sur la Pucelle, licencieuses. C'était l'école de Saint- et dépouillait son auteur d'une répu- Amant et des poètes buveurs et fan- tation usurpée : il condamnait au mé- farons de la fronde. Ainsi, chez ceux-ci, pris et à l'oubli les vers de Saint- force et grandeur de génie goût na- YAmant et de Linière. a - 1 - il , turel de 1 élégance et de la justesse, là-dedans matière à procès contre lui ? mais jeunesse inexpérience , hésita- Dira-t-on qu'il a méconnu le génie de , tion ; chez ceux-là , pédantisme , em- son époque et fait peser sur les let- phase romanesque purisme ridicule, tres un joug violent ? Où sont les , et réminiscences du seizième siècle; grands génies dont il a fait tomber chez les autres, liberté désordonnée et ou contrarié l'essor? Où sont ceux grossière , licence sans génie : voilà qu'il a étouffés ? Croira-t-on que sans sous quels traits la littérature s'offrait lui Racine eût été un Shakspeare; à Boileau lorsqu'il publia ses premiè- que Saint-Amant fût devenu un grand res satires, en 1660. Voici l'influence poète? Soyons plus justes envers lui. au'il exerça sur elle. Il seconda les Avouons qu'il a servi et développé les is position s des hommes de génie ; il véritables tendances littéraires du dix- les affermit dans cette voie de naturel septième siècle. Disons qu'il a accéléré et d'art, de passion et de raison, où le progrès de ce qui devait triompher l'esprit de l'époque et leur propre na- et la chute de ce qui devait périr. C'est ture les attiraient , et qui est , après la plus juste manière d'apprécier son tout, celle du génie français lui-même. influence et ses services. Il les avertit de leurs faux pas au dé- Après l'accusation générale dont but encouragea leurs progrès, ap- nous avons essayé de discuter la va- , audit à leurs triomphes, et prit la leur, les modernes réformateurs ont Sl attaqué Boileau en détail, dans les éfense de leur gloire contre une cri- tique envieuse. Il ne leur imposa au- règles particulières de son code lit- cun joug, et fut pour eux un conseiller téraire. Il serait trop long d'examiner judicieux, un utHe ami , non un péda- toutes les objections élevées contre gogue, ni un despote. Les auteurs les prescriptions de l'Art poétique. La précieux , les beaux esprits pédants question du théâtre est une de celles qu'on admirait encore dans les ruelles, qui ont excité les plus vives réclama- trouvèrent en lui un impitoyable cri- tions et les débats les plus animés. Il tique. Sans s'inquiéter du préjugé aui est eertain qu'on pouvait introduire combattait pour cette école , et des dans la tragédie quelques réformes protections qu'elle trouvait à la cour, légitimes. On pouvait trouver trop il épuisa les traits du ridicule contre étroites les unités de temps et de lieu, ces poèmes épiques fastidieux, ces et demander à les suivre moins stric- aventures extravagantes de romans tement. Nul doute qu'on eût raison Digitized by Google

70 BOI L'UNI ERS; BOI de vouloir mettre sur la scène un peu droit de cité dans les lettres. Or, on plus d'action et de variété qu'il n'y en ne peut nier que le drame ne puisse avait eu , en général , et a quelques produire ces effets. Nous n'en citerons grandes exceptions près , du temps de pas pour exemple les ouvrages des no- Boileau. Si les réformateurs s'étaient vateurs eux-mêmes, qui rarement ont bornés à ces changements , ils eussent appliqué avec bonheûr leurs propres rencontré moins d'adversaires , et il principes, mais le théâtre de Shaks- eût été plus facile de s'entendre. Mais peare est là pour répondre à une pros- des changements ne leur suffisaient pas, ils ont fait une révolution. On les cription arbitraire et aveugle. Lais- a vus abolir entièrement les unités de sons donc ouverte à nos auteurs cette temps et de lieu, disposer à leur gré, nouvelle carrière. Mais faut-il, avec la et avec une liberté absolue, de la du- rée et de l'espace; compliquer les nouvelle école reléguer au nombre ressorts de l'action, multiplierles évé- , nements, les coups de théâtre, les pé- des choses mortes la théorie de Boi- ripéties frappantes et terribles, recou- leau sur l'art dramatique, et placer ies rir à l'horreur pour donner plus de tragédies de Racine dans un rang bien force à l'émotion dramatique; enfin inférieur aux drames de Shakspeare? porter le dernier coup à l'ancien sys- C'est là un autre excès. Pour nous, tème , en substituant à la noblesse loin que les nouveaux principes nous soutenue , à la grandeur idéale de la paraissent être la condamnation et la tragédie, une image plus exacte et ruine des anciens , il nous semble que plus complète des différentes faces de fa vie réelle ; en présentant à côté du la tragédie classique , telle qu'elle se noble et du majestueux le familier et le trivial, à côte du touchant le co- présente dans .indromaque, Iphigê- mique, à côté du pathétique le bouffon, à côté du beau et du régulier le laid nie et Athalie^ est, et restera toujours et le bizarre. Tels furent les principaux caractères du drame, sorte d'intermé- la plus haute expression , le plus par- diaire entre la tragédie et la comédie, fait modèle du genre dramatique , et forme bien préférable , aux yeux des que la théorie de Boileau, malgré quel- novateurs , a tout le système drama- ques erreurs de détail , est ce qui a jamais été dit de plus juste et de plus tique de Boileau , et destinée , selon élevé sur ce grand art. Sans doute eux , à le remplacer. D'un autre côté, l'impression causée par le drame, les partisans exclusifs du passé re- étant plus voisine de celle que la réa- poussaient le drame comme une in- lité produit, est plus forte et plus sai- vention monstrueuse , une œuvre de sissante que celle de la tragédie ; mais folie. Cesanathèmes réciproques étaient le but suprême de l'art est-il de faire injustes. Tout en admirant, autant naître ces impressions qui saisissent, que nous le faisons, les tragédies de troublent , remuent , comme les évé- Racine et l'Art poétique de Boileau, on peut croire que le champ des tentati- nements même de la vie humaine? ves littéraires ne doit jamais être fermé à la pensée, et que l'art est sus- Pour nous, le vrai but de l'art, l'œu- ceptible de revêtir plusieurs formes. vre essentielle du génie, c'est de nous La nouveauté ne doit jamais être une transporter dans un monde idéal où cause d'exclusion dans les arts. Tous les impressions de notre âme sont le les genres sont bons , a dit Boileau, reflet épuré de celles de la vie , où hors le genre ennuyeux. Si le drame tous les objets agrandis ou embellis, est un genre capable d'intéresser l'es- sans cesser d'être vrais, ne produisent prit, de saisir l'imagination, d'émou- sur nous aucune émotion qui ne soit voir le coeur, il faut donner au drame un plaisir noble, doux, élevé. La tra- gédie classique, et nous ne donnons ce- nom qu'aux œuvres dignes de le por- ter, la tragédie classique représentant la nature humaine avec une attentive et savante fidélité, et en même temps lui prêtant une délicatesse , une har- monie, une beauté que malheureuse- ment elle ne possède pas en réalité, Digitized by Google

• BOI FRANCE. boi 71 élève notre âme en même temps qu'elle les jours ordinaires, par un parterre ignorant mais sensible, comme l'est l'intéresse, et enchante à la fois la toujours le peuple, à tout ce qui est raison et l'imagination. Telle est la grand et élevé? Avant de prononcer double puissance de Wlndromaque et si vite sur cette question, qu'on se de Ylphigénie. Voilà pourquoi la rappelle ce que disait le plus habile forme dans laquelle ces ouvrages sont conçus nous paraît supérieure à tou- interprète de nos chefs-d'œuvre , notre tes celles qu'on a créées pour le théâ- ïalma : il avouait qu'il ne jouait ja- mais mieux que dans ces jours de re- tre. Sans doute ces contrastes qui présentation gratuite, ou l'émotion naissent dans le drame d'une repro- populaire augmentait la sienne. Encore duction moins épurée de la vie hu- une fois, nous laissons place au drame maine, y sont une source d'effets puis- parmi les genres littéraires ; mais nous sants : sans doute les musiciens qui croyons que celui où s'immortalisa rient et boivent auprès du corps ina- Racine, en suivant les préceptes de nime de Juliette rendent les larmes de Boileau appartient à une sphère plus sa mère et de son amant plus touchan- tes : sans doute Desdémone ressort , plus pure et plus naïve encore sur le tond ténébreux des bassesses et du haute et fait plus d'honneur à l'esprit cynisme de Iago. Mais ce qui est une humain. source de contrastes peut en être une Boin (Antoine) , médecin et député, de- dissonances. En jetant ainsi sur le naquit à Bourges le 19 janvier 1769. Il servit, longtemps comme médecin théâtre tous les accents de l'âme, tous dans les armées de la république et de les aspects de la vie, peut-on éviter de l'empire, et il est auteur de quelques choquantes disparates ? L'âme ne se bons ouvrages, parmi lesquels nous prête pas toujours à ces impressions de nature si diverse qui la frappent citerons les suivants : Dissertation sur coup sur coup. Souvent la brusque la chaleur vitale ; Coup d'oeil sur le opposition du pathétique et du co- mique, au lieu de seconder l'effet de magnétisme; Mémoire sur la maladie l'un ou de l'autre, ne peut qu'affaiblir qui, en 1809, régna sur les Espagnols l'un et l'autre. Ce n'est pas sans rai- prisonniers de guerre à Bourges. Il son que Boileau a séparé la comédie de la tragédie, et exigé de celle-ci cette lit, en 1815, partie de la minorité de noblesse soutenue, qu'il ne faut pas la chambre introuvable. Dans les ses- confondre avec la pompe, et gui n ex- sions suivantes, ses opinions furent clut ni le naturel ni la passion. Ou x objecte que le poëte, fidèle aux précep- en général , assez modérées ; mais en tes de Boileau pourra charmer les 1820, lors de la discussion de la loi électorale, il eut le malheur d'attacher , son nom au déplorable amendement esprits d'élite , les intelligences éle- vées, mais restera sans action sur la qui accordait le double vote aux élec- teurs des collèges de département , et foule dont le drame s'empare avec duquel résulta la nouvelle loi des élec- tant de puissance. Est-il donc vrai que tions , et la chambre qui vota tant de le peuple ne puisse pas être sensible lois funestes , telles que celles de l'in- aux beautés dramatiques de l'ordre le demnité, du sacrilège, du droit d'aî- plus élevé? Est-il vrai que l'art vérita- ble ne puisse admettre que l'aristo- Anesse etc. cette époque, M. Boin cratie des intelligences dans son sanc- ? tuaire? IVavons-nous pas vu plus d'une fois, lorsque naguère de grandes solen- était inspecteur général des eaux mi- nités ouvraient a la foule empressée les nérales de France , aux appointements portes de la comédie française, n'avons- de douze mille francs. En 1815, il nous uas vu Racine accueilli avec plus avait travaillé avec beaucoup d'activité d'admiration et d'enthousiasme que au renversement du trône impérial, et avait , en récompense de son zèle reçu la croix d'honneur des mains du duc d'Angoulême. Boinvilliers (Jean -Etienne -Ju- dith Forestier), laborieux grammai- rien, né à Versailles en 176G, fit ses Digitized by Google

72 BOI L'UNIVERS. BOi ^ études au collège de cette ville, et bre d'un grand nombre de sociétés vint, à l'âge de vingt ans, ouvrir à Paris un cours de littérature. Il entra littéraires des départements , et corres- ensuite comme élève du département pondant de l'Institut depuis 1800, il à l'École normale, et obtint, lors de se mit sur les rangs, en 1819, pour la création des écoles centrales , la une place vacante à l'Académie; et chaire de belles-lettres à celle de Beau- vais. Ce fut le sentiment patriotique n'eut qu'une voix ! Ce fut alors qu'il qui lui dicta son premier ouvrage, le- quel parut en 1794, sous le titre de se retira à Ourscamp , département de l'Oise, où il mourut en 1830. Manuel du républicain, ou l'Esprit du contrat social mis à la portée de Boibon (Pierre), né à Saint- Cha- tout le monde. Il serait difficile au* jourd'hui d'en retrouver un exemplaire, moud exerçait, dans cette ville, la L'élan qui le lui avait inspiré se calma , singulièrement dans la suite. On peut supposer néanmoins que le souvenir profession de tonnelier lorsque ses sen- que cette publication avait laissé dans certains esprits fut pour quelque chose timents patriotiques bien connus lui dans la disgrâce qui frappa Boinvilliers en 1816. Il était, à cette époque, ins- firent donner par ses concitoyens la pecteur de l'Académie de Douai après place d'officier municipal ; il fut ensuite , nommé députe suppléant à la Conven- avoir successivement rempli les fonc- tion nationale par le département de tions de censeur des études dans les lycées de Rouen et d'Orléans. Sans Saône-et-Loire , ne prit séance qu'a- motif apparent, il fut brusquement mis à la retraite. Il vint à Paris , ré- près le procès de Louis XVI , et se solu de consacrer à ses travaux litté- raires les loisirs forcés que lui procu- rangea au côté des girondins. Après le rait cette sorte de destitution. La liste 31 mai 1793, il fut accusé d'avoir pris des ouvrages auxquels il a mis son nom une part active, par ses conseils, à est trop longue pour trouver place ici. Les plus connus ne sont que des édi- l'insurrection fédéraliste de Lyon ; il tions améliorées, des abrégés ou des parvint à se disculper, et un décret, traductions d'auteurs, à l'usage des écoles. Parmi ceux qui lui appartien- rendu le 8 mars 1794, le déchargea nent en propre , on doit distinguer sa de cette accusation. Après la session Grammaire raisonnée, ou Cours théo- figue et analytique de la languefran- conventionnelle, il retourna à Aval- çaise, qui parut pour la première fois Ion , et reprit son métier de tonnelier, en 1803, travail utile, fait avec cons- cience , et particulièrement riche en Bois-Dauphin (Urbain de Laval, exemples bien choisis , et par lesquels l'auteur éclaire d'une manière plus heu- marquis de Sablé, seigneur de), ma- reuse qu'il n'eût pu le faire par de longs développements théoriques, une réchal de France, chevalier du Saint- foule de cas particuliers. Il avait pré- cédemment publié une grammaire et Esprit et gouverneur d'Anjou , fils de un manuel pour l'étude de la langue René II de Laval-Bois-Dauphin et de latine. Il y ajouta ensuite divers bons recueils d'exercices, des ouvrages Jeanne de Lenoncourt-Nanteuil. Ses d'éducation, enfin quelques oeuvres dramatiques, et des poésies qui sont premières actions d'éclat eurent lieu ses productions les plus faibles. Mem- au siège de Livron, en 1575. Il se dis- tingua ensuite à celui de la Fère, en 1580, et au combat d'Anneau, en 1587. «• Plus tard, ayant embrassé le parti de la ligue, il fut blessé et fait prisonnier à la bataille d'Ivry, en 1590. Il ne tarda pas cependant à faire sa paix avec Henri IV, auquel il remit les places de Sablé , Château - Gonthier , etc. C'est ce prince qui le fit maréchal de France, et lui confia le gouvernement de la province d'Anjou. Louis XIII le nomma, en 1615, lieutenant général de l'armée qu'il envoya contre les princes. C'est le dernier commande- ment dont ait été revêtu le maréchal de Bois-Dauphin; il quitta la cour peu de temps après, et se retira dans ses terres, où il mourut en 1629. II avait épousé Madeleine de Montclair, dame Digitized by Google

I FRANCE. de Bourbon, dont il avait eu un fils, Le cardinal de Boisgelin était doué Philippe-Emmanuel de Laval-Bois-Dau- phin, qui mourut en 1640. d'un goût fin et délicat, d'un esprit Bois de la Roche , vicomté de Bre- brillant et facile; il aima les lettres et tagne, dépend aujourd'hui du dépar- les cultiva avec succès. Il prononça, tement du Morbihan. en 1765 , l'oraison funèbre du dauphin Bois-Févbieb, seigneurie de Bre- fils de Louis XV, celle de Stanislas, tagne, érigée en marquisat en 1674. roi de Pologne, et enfin celle de la Boisgelin (Jean-de-Dieu-Raymond de Lucé) naquit à Rennes, le 27 fé- dauphine. Il fut nommé, en 1776, membre de l'Académie française, à la vrier 1732. Destiné dès l'enfance à l'état place de l'abbé de Voisenon. Son suc- ecclésiastique , il fut nommé successi- cesseur à la seconde classe de l'Institut vement grand vicaire de Pontoise, évêque de Lavaur et archevêque d' Aix. fut Dureau de Lamalle. Il laissa dans cette dernière ville des Botsgebabd (Marie-Anne-François souvenirs honorables. Ayant été nommé Barbuat de) naquit le 18 juillet 1767, à Tonnerre département de l'Yonne. président des états de Provence, il fit , décréter par cette assemblée la cons- truction d'un canal, auquel on a donné Destiné à la carrière des armes qu'avait son nom; la fondation d'une maison suivie son père, il entra à l'École mi- d'éducation pour les demoiselles pau- vres , et qui subsiste encore à Lamb- litaire , et y fit de tels progrès qu'en , sec, et plusieurs autres établissements 1791 il fut nommé capitaine du génie. utiles. En 1789, M. de Boisgelin siégea, comme député du clergé d'Aix, aux L'année suivante, il se trouva au sié<*e états généraux , où , après s'être montré de Spire, et se signala à la prise de l'un des plus zélés antagonistes de la réunion des trois ordres , il vota pour cette ville. Il assista aussi à la prise de l'abolition des privilèges féodaux et Mayence, et se rendit ensuite dans la pour la répartition annuelle de l'impôt. Vendée. Quelque temps après, il passa Mais ensuite il se prononça pour que à l'armée du Nord , et se fit remarquer l'on conservât au roi le droit ae guerre et de paix. Cependant il fut élu prési- à Charleroi , à Landrecies , devant le dent de l'Assemblée le «23 novembre 1790. Il opina ensuite pour le maintien S>uesnoy, où il fut blessé, et au siège des dîmes, en proposant, de la part du e Valenciennes , où il fut chargé de clergé, un sacrifice de quatre cents mil- lions. Après avoir combattu la motion l'attaque de la citadelle. Lors du blocus qui mettait à la disposition de l'As- de Maastricht , il commanda les troupes semblée tous les biens de l'Église , en oui avaient ordre de se porter sur le garantie de la valeur des assignats , il proposa la convocation d'un concile fort Saint-Pierre, et était sur le point général , et publia un écrit intitulé :• Exposition des principes des évéques de voir les mesures qu'il avait prises de F Assemblée. Après la session de l'Assemblée constituante, un archevê- pour faire sauter ce fort couronnées que constitutionnel ayant été nommé d'un entier succès, quand les assiégés à Aix , M. Boisgelin se retira en Angle- demandèrent à capituler. Il recons- terre, et ne revint en France qu'après la signature du concordat. Il fut nom- truisit ensuite le fort de Kehl et la tête mé, en 1802, à l'archevêché de Tours, du pont de Huningue. Ce fut dans et reçut peu de temps après le chapeau de cardinal. Il mourut à Angervillers cette occasion qu'il imagina les ponts- le 22 août 1804. radeaux, afin de faciliter les communi- cations. Bientôt après, il passa, en qualité de chef de brigade et de com- mandant en chef du génie, à l'armée dite d'Angleterre. En 1799, il se rendit à l'armée d'Italie, et fut blessé mortel- lement à la bataille de Capoue, gagnée par le général Championnet, au mo- ment ou le traité de paix venait d'être signé. Boisguillebert (Pierre le Pesant, sieur de), lieutenant général au bail- liage de Rouen, mort en 1714, est auteur de deux traductions de Xiphi- lin, et d'Hérodien, et d'une Nouvelle Digitized by Google

boi L'UNIVERS. boi historique sur Marie Stiiart; mais son une place forte était nécessaire à l'ar- principal ouvrage est son Détail de la niée du Nord pour poursuivre les An- France sous le règne de Louis XïV% glais au delà de la Meuse. Ce fut Rois- Cet ouvrage, après avoir eu plusieurs le-Duc que l'on choisit; mais ce n'était éditions sous ce titre, fut réimprimé à pas chose facile que de s'en emparer. Bruxelles, en 1712, sous celui de Tes- Cette place était environnée de forts tament politique de M. de f 'auban. bien entretenus et bien armés , et des Il renferme sur l'administration des inondations , qui s'étendaient à plus de finances des idées justes et saines, et trois cents toises de ses remparts, en peut encore être consulté aujourd'hui avec fruit, surtout pour les détails faisaient comme une île au milieu d'un statistiques qu'on y trouve. vaste fleuve. Tant d'obstacles ne rebu- Boishabdy (Charles) avait servi tèrent pas l'armée française. On n'avait comme officier dans le régiment de Royal-Marine, et donné sa démission point d'artillerie de siège, mais la gar- au commencement de la révolution, nison était faible; on se fia à la for- Après s'être mêlé, en 1792, aux intri- tune. On attaqua tout à la fois la ville gues de la Rouarie, il devint, en 1793, officier supérieur de l'armée catholique et les forts d'Orten et de €rèvecœur, et royale de Bretagne. Il se soumit en dont la prise devait priver la place de 1795; mais sa correspondance adres- toute communication avec la Meuse, sée aux membres du conseil du Mor- La ville fut investie le 23 septembre, bihan ayant été interceptée, et son Dès le lendemain, on entra dans le projet de réunion avec d'autres chefs fortd'Orten, évacué par les Hollandais, de chouans à Villehemet ayant été di- vulgué, il fut surveillé et arrêté au On établit quelques batteries d'obusiers moment où il cherchait à rejoindre ses complices. Il fut fusillé, et sa tête fut et de canons, à quatre-vingts toises promenée dans les rues de Lamballe et des ouvrages extérieurs; on ouvrit la de Montcontour. tranchée devant le fort de Crèvecœur, et on le bombarda avec tant de persé- Boislandry (Louis de), né en 1749, vérance, qu'il se rendit, le 29 septembre, au général Delmas. L'occupation de ce était négociant à Versailles, lorsqu'il fort, en affaiblissant les moyens de défense de Bois-le-Duc, ouvrait encore fut nommé député du tiers état de la le passage de l'île de Bommel, position décisive pour l'invasion de la Hollande, prévoté de Paris aux états généraux de On s'empara même du fort Saint- 1789. Le 6 juillet 1790, il fit, au nom André, mais on ne pensa pas à en ré- des comités ecclésiastique et de cous- parer les fortifications et a les mettre titution , un rapport sur la nécessité de en état de défense; de sorte que les forcer les évêques à résider dans leurs Hollandais , qui connaissaient l'impor- diocèses; il combattit aussi la propo- tance de cette position, purent la re- sition de Mirabeau sur une nouvelle prendre et la mettre à l'abri d'un nou- émission d'assignats, et proposa d'é- veau coup de main, teindre la dette nationale au moyen de délégations nationales portant cinq Cependant le siège de Bois-le-Duc pour cent d'intérêt. En février 1791, il tramait en longueur. On commençait vota contre l'établissement des taxes à avoir des inquiétudes sur l'issue de à l'entrée des villes, et engagea l'As- cette entreprise. Les pluies avaient semblée à s'occuper de régler les droits étendu les inondations; les tranchées de patentes. 11 se retira de la scène po- près des ouvrages extérieurs n'étaient litique après la session de l'Assemblée plus praticables; l'artillerie de siège constituante. Il est mort à Paris en était arrivée, mais il fallait, pour l'é- tablir, de grands travaux que le sol 1834. On a de lui plusieurs ouvrages inondé rendait longs et difficiles. Les estimés sur le commerce et l'adminis- forts isolés qui environnaient la ville tration publique. en empêchaient les approches. Cepen- dant les batteries de pièces de campa- —Bois-le-Duc (siège de). En 1794, gne et les obusiers avaient incendié Digitized by Google

V FRANCE. boi 75 plusieurs parties de la ville; et l'opi- regardait le ciel avec fureur, en disant : nion, plus forte dans la guerre que les armes elles-mêmes, y combattait pour Mon Dieu, mon Dieu, je ne te dis les Français. Au moment où l'on s'y rien, je ne te dis rien, mais je te re- commande à Passavant. Le soir d'un attendait le moins, le gouverneur, qui matin qu'il avait fait un sermon très- s'était casematé et qui même avait pathétique, comme il perdait son ar- blindé sa demeure avec des bois et du cent au jeu, il regardait le ciel en fumier, pour la mettre à l'abri des donnant ses derniers écus, et disait: bombes, dont il craignait singulière- ment les éclats, demanda à capituler, Eh! oui, mon Dieu!... oui!... oui!... On se hâta de lui accorder les honneurs je t'enverrai des âmes. » Lors des de la guerre; et, le 10 octobre 1794, grandes querelles des jansénistes et il retourna en Hollande avec sa garni- des molinistes, Boismorand se créa son, prisonnière de guerre sur parole, une singulière ressource. Il composait On s'étonna de trouver sur les rem- contre les jésuites des mémoires qu'il parts cent quarante-six bouches à feu, et cent trente milliers de poudre dans allait dénoncer au P. Tournemine comme l'œuvre des jansénistes, et se les magasins. faisait ensuite donner de l'argent pour Bois-Mbslé (Jean-Baptiste Torchet de), avocat au parlement de Paris, est répondre à ces mémoires. Le manège auteur d'une Histoire générale de la marine, publiée de 1744 à 1758, en fut découvert; mais les jésuites, crai- 3ivol. in-4°. Il a paru, en 1759, une seconde édition de cet utile ouvrage. gnant sans doute de s'en faire un en- Boi s mo nt (Nicolas Thyrc'l de), cé- nemi, ne lui tinrent pas rancune. La lèbre prédicateur, membre de l'Aca- demie française, était né près de plume de Boismorand était aux ordres Rouen, en 1715. Il mourut à Paris, le 20 décembre 1786, âgé de soixante et de qui la payait; sans savoir l'anglais, onze ans, avec le titre de prédicateur du roi , et celui de docteur en théologie il traduisit le Paradis perdu d'après de la maison de Navarre. Ses œuvres , ont été recueillies et publiées à Paris la traduction de Dupré de Saint-Maur. en 1805, en 1 vol. in-8°. Cet homme singulier mourut, dit la Boismorand (Claude - Joseph) na- Place, sous la naire et le cilice, en quit à Quimper en 1680, et entra dans 1740. On a de lui divers mémoires 1 ordre des jésuites, chez lesquels il professa pendant quelque temps la pleins de- verve, et une Histoire amou- rhétorique à Rennes; mais quelques écarts Payant fait reléguer à la Flèche, reuse et tragique des princesses de il quitta la société, quoique déjà revêtu de la prêtrise, et rentra dans le monde, Bourgogne, 1720, in-12. où il se fit bientôt connaître sous le Boisrobebt (François-Métel), né à nom de l'abbé Sacred... « Il a passé, Caen vers 1592, se fit remarquer par dit Collé, pour le plus beau et le plus sa gaieté et son talent pour la bouffon- grand jureurdeson temps. Cependant il reconnaissait un supérieur dans ce nerie, et eut pour auteurs de sa fortune grand art de jurer : c'était un nommé un pape et un cardinal. II fut d'abord Passavant, mauvais sujet et gros avocat, profession qui ne convenait joueur; cela est presque synonyme. Un point à son humeur. Dans un voyage qu'il fit en Italie, il montra à Rome jour que l'abbé de Boismorand avait perdu beaucoup d'argent de suite, et tant d'esprit et de verve plaisante, que qu'il s'était épuisé en jurements nou- veaux, n'en pouvant plus inventer, il le bruit en vint au pape Urbain VIII, qui désira le voir. Boisrobert fut pré- senté, et fut si amusant, que le pontife voulut lui donner une marque de sa reconnaissance : il le fit possesseur d'un prieuré en Bretagne. Boisrobert ne s'était senti jusque-la nulle vocation pour l'état ecclésiastique : quand il se vit prieur, il comprit que l'Eglise pou- vait être le chemin de la fortune; il entra bientôt dans les ordres, et ne tarda pas à être pourvu d'un bon cano- nicat a Rouen. L'habit ecclésiastique ne lui ôta rien de sa gaieté. Ayant été Digitized by Google

76 L'UNIVERS. introduit un jour chez le cardinal de 2° Réflexions sur les principes géné- Richelieu , il se surpassa lui-même en raux de la doctrine de Paul-Joseph esprit et en bons mots. Le cardinal voulut que Boisrobert fût à lui. Le Barthez, Paris, 1819, in-8°; Nosogra- joyeux bouffon devint de plus en plus phie organique y Paris, 1828, 1830, 4 vol. in-8°; Pyrétologie physiologi- nécessaire au ministre pour lui taire que, ou Traité des fièvres considérées oublier, à ses instants de loisir, les fa- dans Cesprit de la nouvelle doctrine médicale , Paris , 1826 , 4e édition tigues et les soucis de la politique. Richelieu s'habitua tellement à lui, aue 1 vol. in-8°. l'ayant disgracié pour certaines plai- Boissel de Mo ntville (le baron santeries un peu trop fortes, il ne riait Thomas - Charles - Gaston ) , pair de France, ancien conseiller au parle- plus depuis son départ, et ne put ré- sister à la requête de l'exilé, au bas de ment de Paris naquit à Paris , en , laquelle le médecin Citoir avait ajouté, 1763. On lui doit plusieurs ouvrages en forme d'ordonnance : Recipe Bois- utiles; nous citerons seulement les robert. Citoir, premier médecin du deux suivants : Voyage pittoresque de cardinal , reconnaissait que la gaieté de navigation, exécuté sur une partie Boisrobert était plus puissante que du Rhône, réputée non navigable, tous ses remèdes. Boisrobert eut encore depuis Genève jusqu'à Seussel, afin de tirer pour la marine des mâtures d'autres titres à la reconnaissance de Richelieu : il travailla beaucoup à ces que peuvent fournir les mélèzes, Pa- pièces de théâtre que le cardinal com- m,ris, an in-4°; De la législation Koosmaimteesndecolleltatbroesrasteisonfaavvoercis plusieurs des cours d'eau Paris, 1818, in-4°. , et dont , Boissel mourut en 1832. Il avait il aimait à être cru l'auteur. Il fut gé- adopté franchement les principes de néreusement récompensé : il reçut plu- la révolution de juillet. sieurs riches bénéfices, entre autres Boisset (Joseph de), né à Monté- l'abbaye de Châtillon-sur-Seine, et eut limart, en 1750, fut nommé député à en outre une place de conseiHer d'État la Convention par le département de ordinaire. On connaît le joli rondeau la Drôme. Il se rangea avec les dépu- où Malleville s'égaya sur la fortune de tés qui formaient le parti de la Mon- Boisrobert: tagne, et, dans le procès de Louis XVI, Coiffé d'un froc bien raffiné vota la mort sans sursis et sans appel. 'El rerétu d'un doyenné. Envoyé en mission dans le Midi, en Qui lui rapporte de quoi frire 1793, il fit casser le tribunal populaire , Frère René etc. et le comité central de Marseille qui , Après la mort de Richelieu , Boisro- sous les influences des girondins , lui bert fut exilé de la cour. Il était grand avaient signifié de partir sous vingt- joueur, et avait le défaut de jurer beau- quatre heures. Revenu à Paris, il at- coup en jouant. On trouva qu'il n'avait pas les mœurs d'un ecclésiastique, et taqua, au club des jacobins, les riches comme son protecteur n'était plus là pour le défendre, on le renvoya dans et les muscadins qui pervertissaient son abbaye. Il mourut en 1662. Il avait composé dix-huit pièces de théâtre, l'esprit des sections, et proposa de les et un roman intitulé Histoire indienne dAnaxandre et d'Orasie. en chasser à coups de oâton. Ce fut Boisseau (François-Gabriel), mem- lui qui, au mois d'août suivant, fut bre de l'Académie de médecine , né a chargé de régulariser la levée en masse Brest, le 11 octobre 1791 , a publié conformément aux décrets de la Con- un grand nombre d'ouvrages fort es- times. Les principaux sont : Considé- vention. Le 2 octobre, il demanda aux rations générales sur les classifica- jacobins le jugement de Brissot et de tions en médecine, Paris, 1826, iu-8°i ses coaccusés, et fut envoyé une se- conde fois en mission, à la fin de 1793, dans le Midi. En février 1794, il fut accusé, aux jacobins, par la société populaire de Kîmes , d'avoir opprimé les patriotes dans le département du Digitized by Google

FRANCE. 77 Gard. Trois jours a%ant le 9 thermi- la marine en 1815. Pendant les cent dor, il présenta aux jacobins un pro- jours, il présida le collège électoral de jet sur la liberté de la presse et sur les Nîmes. moyens d'en prévenir les abus. En- voyé quelque temps après dans le dé- Boissieu (Denis Salvaing de) na- partement ie l'Ain, il y mit en liberté quelques nobles , et passa ensuite à quit à Vienne, en Dauphiné, le 20 avTil Autun et à Moulins. En 1795 , il ap- 1600. Après avoir obtenu le grade de puya la réclamation des comédiens docteur en droit à l'université de Va- lence , il quitta la carrière du barreau à laquelle il s'était d'abord destiné, Français qui demandaient la réouver- prit Je parti des armes, et obtint bien- ture de leur théâtre. Envoyé une troi- sième fois dans le Midi et à Lyon , il tôt un brevet de capitaine. Licencié à écrivit que les habitants de Lyon la paix, il entra dans la carrière de la magistrature , où après avoir été , exerçaient de cruelles vengeances con- chargé de plusieurs emplois subalter- tre les terroristes , et qu'ils les mas- nes, il obtint enfin la place de lieute- sacraient dans les rues et dans les nant général du bailliage de Grenoble. prisons ; la Convention, trouvant qu'il ne sévissait pas assez sévèrement con- Il accompagna à Rome M. de Créqui, et fut chargé de haranguer le pape en tre ces réactionnaires , le rappela à 1633. Plus tard , il fut envoyé à Ve- Paris. Après la session convention- nise , en qualité d'ambassadeur, s'ac- nelle, il passa au Conseil des Anciens quitta avec succès des négociations et s'y fit peu remarquer jusqu'au qui lui furent confiées, et fut, à son A18 fructider an v. cette époque , il retour , nommé conseiller d'État. Il se réunit à la minorité qui s'était as- succéda ensuite à son père dans la semblée à l'Ecole de médecine. En place de président de la chambre des juin 1798 , il fut élu secrétaire et de- comptes de Dauphiné, et mourut dans manda un décret d'urgence sur la ré- son château de Vourcy , le 10 avril solution qui assimilait aux émigrés les 1683. Boissieu a laissé plusieurs ou- individus qui s'étaient soustraits à la vrages , dont un qui a eu plusieurs déportation. Après le 18 brumaire, il , éditions, a pour titre : De l'usage des cessa de faire partie de la représenta- fiefs et autres droits seigneuriaux en Dauphiné^ Grenoble, 1664. tion nationale, et se retira à Montéli- mart, où il mourut quelque temps Boissieu ( Jean-Jacques de), gra- avant la chute du gouvernement im- veur, naquit à Lyon en 1736, étudia périal. le dessin sous Froncer , et se forma Boissier ( Pierre - Bruno ) fut fiar l'étude des tableaux de l'école hol- nommé député suppléant du dépar- andaise et flamande. Après avoir étu- tement du Finistère à la Convention dié dans les forêts de Fontainebleau nationale; il n'y entra qu'après le pro- et Saint-Germain les beaux arbres qui cès de Louis XVI, et ne monta qu une s'y trouvent, il se rendit en Italie , où fois à la tribune , en 1794 pour faire il s'exerça à reproduire sur ses toiles , décréter l'établissement des écoles de les chefs - d'œuvre de l'architecture navigation et de canonnage , et fixer moderne et les ruines des monuments la solde des marins. Il passa ensuite antiques. Il se lia, pendant son séjour au Conseil des Cinq-Cents et y fit un à Rome, avec Winckelmann , dont les nouveau rapport sur l'organisation maritime. En 1797, il fit décréter l'en- conseils achevèrent de caractériser son talent. Ami de Vernet et de Soufflot, voi au Directoire d'un message, rela- Boissieu doit, aussi bien que ces deux tivement à la situation des îles de hommes, être regardé comme l'un des France et de la Réunion, et provoqua plus grands artistes que la France ait 5lus tard la création d'une direction produits . et comme Pun de ceux qui, es travaux hydrauliques dans les (>ar leurs talents, préparèrent la revo- ports. Il sortit du Corps législatif en ution artistique opé>ée par David. La 1798, et fut nommé commissaire de peinture à l'huile l'avait d'abord ex- Digitized by Google

78 BOI L'UNIVERS. *oi clusivement occupé , mais l'excès du qu'aucun émigré ne pût réclamer sa travail et la préparation des couleurs, radiation qu après s'être constitué dont il se chargeait lui-même, ayant Aprisonnier. la fin de la session con- altéré sa santé, il se consacra tout en- ventionnelle, et au moment où les sec- tier à la gravure à l' eau-forte, et tra- tions de Paris, égarées par les roya- vailla avec tant de soin, qu'il peut être listes , menaçaient la représentation nationale, il sè prononça avec passion regardé comme le plus habile graveur en ce genre. Toutes ses gravures sont contre le réarmement des patriotes des paysages de sa composition , des qui, oubliant leurs ressentiments et vues d'Italie , etc., et des copies de leurs griefs, étaient venus défendre la tableaux de l'école flamande. Fixé à Convention. Entré au Conseil des Cinq Lyon, il éxerça sur l'école de'peinture Cents, il donna sa démission quelques dé cette ville une influence puissante, jours après l'ouverture de la session, et inspira aux artistes de cette école le et rentra dans la vie privée. goût du naturel et du fini qui la ca- Boissonade (Jean-François), sa- ractérise. MM. de Forbin, Granet, Ri- vant helléniste, membre de l'Institut, chard, Grosbon, Revoil, etc., se sont, est né à Paris, le 12 août 1774. Avant en général, formés d'après ses conseils. de se consacrer exclusivement aux let- Boissieu est mort le er mars 1810. Le tres, il exerça sous le gouvernement 1 catalogue de son œuvre contient cent consulaire, en 1801, les fonctions de sept numéros de gravures, sans comp- secrétaire général de la préfecture du ter un nombre infini de dessins au département de la Haute-Marne. Il lavis, de paysages au crayon, et de vint ensuite dans la capitale, et fut portraits à la sanguine , tous très-re- nommé professeur de littérature grec- cherchés. On estime surtout ses gra- que à la faculté de Paris, d'abord vures d'après Ruisdaal , sa Porte de comme adjoint, en 1809, et ensuite Vaise, ses Petits maçons , etc. comme titulaire, en 1812. L'année sui- Boissieu (Pierre-.ioseph-Didier), né vante, il fut élu membre de la troisième à Saint-Marcellin , y exerça d'abord la classe de l'Institut (Académie des ins- profession d'homme de loi , et devint criptions et belles-lettres). Enfin, en ensuite administrateur du départe- 1828, il succéda à Gail comme profes- ment. Au mois de septembre 1791 , il fut nommé député suppléant du dépar- seur de littérature grecque au collège de France. Décoré de la Légion d'hon- tement de l'Isère à l'Assemblée légis- neur en 1814, M. Boissonade a été lative, et un an après, député du même nommé officier de cet ordre en 1840. déparlement à la Convention natio- Les ouvrages publiés par M. Boisso- nale. Royaliste au fond du cœur, if nade sont : 1° Philostrati Heroïca, in- vota contre toutes les mesures qui 8°, Paris, 1806; 2° Notice sur la vie avaient pour but le salut de la répu- et les écrits de M. Larcher (publiée à blique. Dans le procès de Louis XVI, la tête du catalogue de la bibliothèque il refusa d'opiner comme juge, et con- clut, comme législateur, a la détention de ce savant, qu'il remplaça dans sa chaire et à l'Institut); 3° Marini Vita et au bannissement , et ne reparut à la Proclif grec et latin, in-8°, Leipzig, tribune qu'après le 9 thermidor. Au 1814; 4° Tiberius rhetor De ftguris, altéra parte auctior, una cum Rufi mois de janvier 1795, à l'occasion d'in- sultesfaites au buste deMarat, Boissieu arte rhetorica, in-8°, Londres, 1815; 5° Lucx Holstenii Epistolx ad diver* demanda la liberté des cultes pour les 28vsua-idintt.s' sos, commentâtaccedit[,.,(r I c r epigraphica politiques\"[J>>i lIVe. *ê\\J jJuUiUlIlVe»t ], iIl ioi i I( i , ;<jr i | Ii appuya la demande faite par un pé- in inscriptionem Actiacam, in -8°, titionnaire de la suppression du ca- Paris, 1817; 6° JSicetœ Eugeniani lendrier républicain. Boissieu, en- narratioamatoriaetConstantiniMa-' hardi par la tournure contre-révolu- nassis fragmenta , grec-latin, 2 vol. tionnaire que prenaient les affaires, Exin-1 2, Paris, 1819; 7° Procli scho- combattit la proposition qui demandait liis in CratylUm Platonis ea cerpta, Digitized by Google

BOI FRANCE. BOI 79 Leipzig, 1 820 ; 8° EunapU ï'itœ sopkis- dans les t. I et II des Litterarischf Analekten de Wolf. tarum, Amsterdam , 1822 , 2 vol. in-8° ; 9° Aristœneti Epistolx, adfidem Cod. Cet infatigable érudit a été pendant dix années, de 1803 à 1813, l'un des Vindob., in-8°, grec-latin , Paris, 1822; rédacteurs du Journal des Débats, où 10° Publii Ovidii Nasonis Metamor- il signait modestement d'un û des ar- phoseon, libri XV, grxce versi a ticles remarquables par une science Maximo Planude et nunc primum étendue et féconde, par un goût épure edili, in-8°, Paris, 1822. Cette version par les plus saines doctrines litté- grecque des Métamorphoses d'Ovide raires. Les mêmes qualités se retrou- tait partie de la collection des classi- vent dans les dissertations dont il a enrichi le Mercure de 1803 à 1805; ques latins de N. E. Lemaire, et forme dans celles que lui doit le Magasin en- le cinquième volume des œuvres d'O- Mcyclopédique de Min ; eu (in dans les vide. 11° Novum Testamentum, 2 vol. nombreuses notices qu'il a fournies à la Biographie universelle. On serait iu-32, 1824; 12° Sylloge poetarum porté à croire que tant de travaux, re- grœcorum, 1823-1826, 24 vol. in-32; latifs pour la plupart aux études philo- 13° DeSyntipa et Cyrijilio Andrœo- logiques, ont dd absorber la vie entière de M. Boissonade. Il n'en est rien. Le puli nanatio e codd. Parisinis, Paris savant helléniste a plus d'une fois fait place à l'homme de goût, et notre lit- 1828, in-12; 14° Anecdota grxca, térature nationale a souvent aussi occupé ses veilles. C'est ainsi qu'en 5 vol. in-8*, 1829-1833; 15° Theophy- 1802, il a publié les Lettres inédites iacti Simocattœ Quxstiones physicœ et de Voltaire à Frédéric le Grand; en MUepistolx, Paris, 1835, in-8°; 16° 1824, les OEuvres de Berlin, et une édition de Télémaque en 2 vol. in-8°, chaelPseUusDe opérâtione dxmonum, et en 1827, les OEuvres choisies de Parny. Également versé dans les lit- accédant inedita opuscula Pselli, tératures étrangères, M. Boissonade a donné un élégant spécimen des heu- Norimberg, 1838, in-8°. reuses excursions qu'il a faites dans ce M. Boissonade a contribué à l'édi- genre en livrant au public une traduc- tion du Goupillon, poème héroï-comi- tion de Grégoire de Corinthe, donnée que, par le Portugais Antonio Dinvs, Paris, 1828, in-32. en 1811 à Leipzig, par M. G. H. Cette rare variété de connaissances Schaefer; à Y Athénée de Schweighaeu- fait regretter que M. Boissonade n'ait pas pu donner suite à son projet de ser, à YEuripide de M. Matthias, au publication d'un Dictionnaire univer- sel de la languefrançaise, pour lequel Thésaurus linguse grœcœ, publié à il avait rassemblé des matériaux con- sidérables; d'un autre côté, elle ex- Londres par M. Valpy, et enrichit des plique le charme qu'on éprouve en lisant les commentaires qu'il a joints fruits de son immense lecture la nou- à ses excellentes éditions d'auteurs grecs. Les travaux de ce genre, ordi- velle édition du Trésor de la langue nairement arides et abstraits , prennent sous sa plume une forme élégante et gra- grecque de Henri Étienne, entreprise cieuse. D'ingénieux rapprochements, que lui fournit sa vaste mémoire, jet- par MM. Didot à Paris. tent une vive lumière sur les questions Les tomes X, XI et XII des Noti- les plus difficiles et reposent agréable* ces et extraits des manuscrits de la bibliothèque du roi contiennent aussi plusieurs travaux remarquables du sa- vant helléniste : 1° Lettres inédites de XDiogéne le Cynique, t. ; 2° les Let- tres inédites de Craies le Cynique; 3° Scholies inédites de Basile de Cé- sa rée sur saint Grégoire de Nazianze; 4° Traité alimentaire du médecin lliérophite, t. XI ; 5° Poème moral de George Lapithés. Ëntin plusieurs recueils étrangers doivent à M. Boissonade des articles importants. Contentons-nous de citer son Mémoire sur une inscription yXXd'Elis insérée dans le tome du XXClassical journal, t. , p. 285 et suiv., et les dissertations contenues Digitized by Google

80 BOI L'UNIVERS. BOI ment l'esprit. Mais si dans ses notes, riches. On en faisait un autre de qua- remarquâmes par une latinité que ne lité inférieure pour les paysans et les désavoueraient pas les meilleurs mo- domestiques. dèles, on trouve toute la séduction La bière était jadis , comme au- d'une aimable causerie, on y trouve jourd'hui, le produit de la fermen- aussi les idées les plus judicieuses, la tation de grains convenablement pré- critique la plus sûre, l'érudition la plus parés à l'avance. Selon Athénée , celle étendue et la plus solide. des gens riches était apprêtée avec du Disons encore qu'un des plus beaux miel ; celle que buvait le peuple n'a- titres de M. Boissonade, c'est d'avoir vait point cet assaisonnement , et se par son enseignement donné une puis- nommait coma. On servait à la fois sante impulsion aux études philologi- de la bière et du vin sur la table des ques en France; d'y avoir fondé une grands et même sur celle du roi. Parmi école où ont figure tous les hommes les présents que Henri , roi d'Angle- qui occupent aujourd'hui les premiers terre, venu en France pour épouser la rangs dans l'instruction publique, et à ûlle de Charles VI, fit à son futur laquelle se fait gloire d'appartenir l'au- beau-père, était un très-beau vaisseau à boire cervoise. Un concile tenu en teur de cet article, aujourd'hui le con- —frère et l'ami du savant professeur. 817 à Aix-la-Chapelle règle la quantité Boissons. Si l'on s'en rapporte de l'une et de l'autre de ces boissons au témoignage des anciens auteurs qui pourra être donnée aux religieux les premières boissons des Gaulois fu- et religieuses, en considération de la rent l'hydromel , qu'ils faisaient avec dignité, de l'âge; du sexe de chacun le miel sauvage de leurs forêts , la d'eux, et de la richesse de chaque mo- bière que Pline appelle cerevisia nastère en terres labourables et en ,, Avignobles. cette occasion , nous re- dont on a formé le mot cervoise qui y marquerons, comme une singularité, s'est conservé fort longtemps, et le vin, dont l'usage est aujourd'hui si que celte quantité est établie, non en généralement répandu. Plus tard, leurs mesures de capacité, mais au poids. descendants y joignirent, à différen- Il existait plusieurs qualités de bières. tes époques, le cidre, le poiré, et plu- Dans le treizième siècle, on distinguait sieurs autres produits de la fermenta- de la cervoise la godale, qui était une tion des racines, des tiges, des feuilles, bière forte. Dans les monastères, il y des fleurs et des fruits. avait la bière de couvent ou covent , L'hydromel était , comme son nom de qualité inférieure pour l'usage des , l'indique, un mélange d'eau et de miel religieux, et celle des pères, préparée dans des proportions qui nous sont in- avec plus de soin pour les supérieurs connues pour les temps anciens, et qui et officiers dignitaires de la maison. se composait , au treizième siècle, d'une On faisait pour les gens du commun partie de miel sur douze parties d'eau, et les pauvres une petite bière qui re- auxquelles on ajoutait, pour en corri- venait à un prix modique. L'usage de ger la fadeur, quelques poudres d'her- la bière s'étant répandu , il fallut des bes aromatiques indigènes ou exoti- ouvriers et des appareils pour la faire. , ques. Ainsi préparée, cette boisson se Charlemagne, dans son capitulaire. nommait borgérase borgérafre , ou De / illis, ordonna que dans chacune , de ses métairies il y eût des hommes ' qui sussent la préparer. Chaque mai- borgêraste. Elle était fort estimée. Dans un festin que l'auteur de Florès et Blanchefleur fait donner à son hé- son religieuse où l'on en buvait pos- ros , on sert de la borgérase. Dans les sédait les fourneaux, les cuves, les monastères , on en usait comme d'un moulins nécessaires pour le grain , et régal les jours de grandes fêtes. Les les moines la fabriquaient eux-mêmes. coutumes de Clunv l'appellent potus Pour les besoins du peuple, qui ne pou- dulcissimus. L'hydromel, ainsi com- vait pas la faire lui-même, faute de 1 ins- posé, était réservé pour les personnes truction et des ustensiles nécessaires, Digitized by Google

FRANCE. BOI 81 il s'établit des brasseries, auxquelles bières chaudes vigoureuses qui par- Êtienne Boileau donna, en 1264, des , , statuts qui sont venus jusqu'à nous. ticipassent des qualités du vin. Alors, La fabrication de la bière fut tantôt pour les satisfaire, on introduisit dans autorisée et tantôt défendue, suivant les circonstances politiques ou météo- leur composition des baies, de la poix rologiques. Domitien ayant fait arra- cher les vignes de la Gaule , dut per- résine et jusqu'à du piment , choses mettre l'usage de cette boisson, et cet usage devint général. Probus ayant gue les statuts d'Étienne Boileau dé- tendirent comme mie bonnes et loyaux. Aujourd'hui , nos départements du Nord et de l'est sont à peu près les seuls où la bière soit une boisson ha- permis plus tard aux Gaulois de re- bituelle et figure dans les repas. Partout planter leurs vignobles , la bière fut ailleurs , on la boit comme rafraîchis- sement. On en fait de plusieurs qua- moins recherchée. Toutefois , on en lités : celles du Nord sont fortes, vi- continua la fabrication ; car quatre- neuses ; celles des autres provinces sont , agréables, légères, et d'une digestion, vingts ans après, Julien, qui estimait facile. tant les vins de Paris , lui reprochait dans *une épigramme de ne pas être Le cidre partagea avec la bière l'honneur de figurer à côté du vin sur un véritable enfant de Baccnus, et les tables royales. Thierry , roi de Bourgogne, l'admettait sur la sienne, d'exhaler une odeur de bouc. Quand comme le prouve une anecdote de la vie de saint Colomban trop longue la récolte des grains avait été mau- , vaise, on limitait, on suspendait même pour que nous puissions la reproduire le droit d'en fabriquer , ainsi que cela ici (*). Charlemagne, en ordonnant, par le capitulaire que nous avons déjà cité, arriva bien des fois, notamment dans qu'il y eilt dans ses métairies des hom- mes qui sussent faire la bière , veut les années 1415, 1482, 1693, 1709, qu'il y en ait aussi qui sachent faire le cidre , le poiré , et les autres boissons 1740. Autrefois, cette boisson se fai- d'usage. La Normandie, ce pays clas- sait avec toutes sortes de grains ; on y employait jusqu'à l'épeautre ; et pendant longtemps, toute boisson faite avec un blé germé, soitorge, soitavoine, porta le nom de cervoise. Par les sta- tuts qu'Etienne Boileau donna aux brasseurs, il fut ordonné qu'ils ne sique du cidre, n'a pas toujours joui de pourraient fabriquer de la bière qu'a- l'avantage qu'elle possède aujourd'hui vec de l'orge, de l'avoine et de la dra- d'en abreuver les étrangers. Sans doute gée, c'est-à-dire, ces menues graines elle en fabriquait dans l'ancien temps mais en petite quantité, et quand on en dont on nourrit les animaux, comme manquait, on en allait chercher en Bis- caye, ou bien on y suppléait par la bière vesces, lentilles, etc. Les premiers qui qu'on préparait sur les lieux mêmes, ou fabriquèrent de la bière, employèrent par le vin qu'on y recueillait alors en un levain de pâte pour en décider la dépit de la nature. Insensiblement , les fermentation, et ce ne fut que plus Normands secouèrent le joug des Bis- tard que l'on trouva dans la lie qui cayens , et firent une quantité suffisante reste au fond des cuves, une matière de cidre pour leurs besoins et ceux de plus abondante et plus active pour leurs voisins. Cette boisson, connue dès cette opération. Plus tard encore , on les premiers temps de la monarchie, introduisit dans la confection de la était, dans le seizième siècle , si complé- bière le houblon qui lui donne une tementoubliée à Paris, çm'unNormand appelé Pauthier , médecin du duc , d'Anjou , frère de Charles IX, et de- puis Henri III, gagna, au rapport de légère amertume , la rend plus cou- Gui Patin, cinquante mille écus à en lante et plus saine. Pendant tort long- (*) Voyez Colomba». temps , cette boisson , même celle ré- putée forte , fut douce et peu chargée d'alcool; mais nos pères ayant, par suite des croisades , pris le goût des épiceries d'Orient et des saveurs éner- giques , ils ne voulurent plus que des T. 111. 6 e LiC. (DlCT. ENCYCL. , RTC.) Digitized by Google

feftl . L'UNIVERS. BOl vendre des bouteilles, dans lesquelles fort restreinte, et ne s'étendit pas bien loin du mur d'enceinte de la nouvelle il faisait infuser du séné, et qu il fai- sait payer un écu pièce, en grand se- ville ; car les Phocéens peuple navi- cret, comme un. médicament dont lui , seul connaissait la composition. De la gateur et commerçant, étaient ve- Normandie, le cidre s'étendit dans les nus dans la Gaule bien plus pour y faire le négoce que pour en mettre les f>rovinces environnantes , telles que 'Anjou , le Maine , et pénétra en Pi- terres en valeur. Quand les Romains eurent établi leur domination sur ce cardie; mais nulle part il ne fut aussi qu'ils appelèrent la province, et y eu- rent fondé des colonies, les émigrés, bon que dans le pays dont il était cherchant naturellement à féconder parti. On fait aujourd'hui , comme autrefois , des cidres de diverses qua- une nouvelle patrie, il fallut que par lités. Il en est de doucereux appelés leurs soins la culture de la vigne prît cidres d'Isigny,, mie l'on apporte à de l'extension , et c'est ce qui arriva. Paris où on les préfère ; on en fait de Elle s'étendit donc de proche en pro- rudes au goût et de capiteux qui se che , et parvint avec le temps jusque , sur les bords de la Loire. Alors les consomment sur place. Il en est de mousseux comme du vin de Champa- Gaulois du Midi récoltèrent assez de gne. En l'honneur du cidre , nous de- vin pour leur consommation , et eu- vons ajouter que Françofs er pas- rent même un excédant qui fut pour I, , sant en 1532 par Morsalmes, près la eux l'objet d'un assez grand commerce Hogue , trouva le cidre si bon qu'il d'exportation. Au rapport de Cicéron , en fit acheter une certaine quantité et de Columelle , ils en envoyaient dont il but tant que la provision dura. jusqu'en Italie. Lorsque César eut fait Ce que nous disons ici du cidre peut la conquête de la Gaule, et que le sé- s'appliquer au poiré, auquel les caba- nat y eut introduit les institutions romaines, ainsi que le goût de l'ai- retiers donnaient , au moyen d'une dé- coction de mûres, une couleur de vin sance et des superfluités d'Italie, la capable de tromper l'œil , et- une sa- culture de la vigne franchit la Loire, veur agréable qui favorisait l'illusion. se propagea dans les contrées du Nord, Nous nous contenterons de mention- s'acclimata dans les environs de Paris, ner un breuvage appeléprunellé, dont il pénétra le long des bords de la Moselle est fait mention dans une ordonnance et du Rhin; et quand les barbares en- de Charles VI, anné ï 1 407. Il se vendait vahirent nos contrées , ils purent à comme le vin et le cidre dans les mar- leur gré s'y abreuver de cette liqueur chés , et tirait son nom des prunelles que leurs ancêtres allaient autrefois dont il était fait. Nous ne parlerons conquérir à main armée au delà des Eoint non plus de diverses boissons fa- Alpes. Tous ces vins, par suite de Ig- riquées avec des cerises, des groseilles, norance dans laquelle on était de des framboises, des mûres, des gre- P art de les fabriquer, avaient une sa- nades , etc. , auxquelles pour les en- veur âpre et sauvage que ne corri- , , noblir, on donnait le nom de vins. geaient point la poix, le plâtre, les Nous arrivons à la plus importante, cendres, l'eau de mer et les autres in- à la plus recherchée , au vin propre- grédients qu'on y mêlait. Tels qu'ils ment dit. De toutes les opinions qui étaient cependant, ils faisaient les dé- ont été émises sur l'origine de cette lices des indigènes et des étrangers boisson dans la Gaule , selon nous la établis chez eux; aussi, les rois bar- plus probable , nous ne disons pas la bares prirent-ils sous leur protection plus certaine , est celle de Justin et spéciale les vignes et les ouvriers qui Strabon, qui attribuent aux Phocéens, les cultivaient. La loi salique et celle fondateurs de Marseille, six cents ans des Visigoths frappent d'amendes ceux avant Jésus-Christ , l'importation sur qu'y arracheront un cep ou voleront des notre sol de l'arbuste qui la produit. raisins. Nos rois avaient dans chacun La culture de cet arbuste fut d'abord de leurs domaines des vignes , un Digitized by Google

BOI FRANCE. BOI pressoir , et tout ce qu'il fallait pour de provinces à veiller à ce qu'en leurs labriquer le vin. Les capitulaires (Je territoires « les labours ne fussent déV Charlemagne en offrent la preuve. On « laissés pour faire plants excessifs de y voit ce prince entrer , à cette occa- « vignes. » sion, dans de grands détails avec les L'immense développement qu'avait intendants de ses métairies. L'enclos reçu la culture de la vigne opéra même du Louvre enferma des vignes, presque une révolution dans l'Etat, comme les autres palais de nos rois et donna naissance à une multitude ; et ces vignes étaient assez abondantes de règlements , au droit de ban-vin pour qu en 1160 Louis le Jeune pût à la dignité de bouteiller du roi et assigner annuellement six muids de des seigneurs suzerains, à la pro- vin au curé de Saint -Nicolas des fession des marchands de vin, hôte- Champs. On voit, dans un compte des liers, cabaretiers, taverniers, débitants revenus de Philippe - Auguste pour à pot; aux offices de courtiers, jurés- Tan 1 202 , que ce roi possédait des vi- vendeurs , contrôleurs , jaugeurs , dé- gnes dans vingt et un cantons diffé- chargeurs , rouleurs , enfin crieurs de vins. Chaque propriétaire faisait ven- rents, fort éloignés les uns des autres, et faisait encore acheter des vins à dre chez lui son vin en détail et à pot. Choisy , Montargis , Saint-Césaire et Il y avait dans le Louvre même une Meulan. Un fabliau du treizième siècle, taverne où l'on vendait le vin du roi. intitulé la Bataille des vins, dans le- Robert er duc de Bourgogne, accorda I, quel l'auteur suppose que les vins dis-^ en 1051 aux religieux de Saint-Béni- putent entre eux à qui revient l'hon- gne de Dijon la permission de débiter, dans la taverne du cloître, le vin qu'ils neur de figurer sur la table des rois nous apprend que îa vigne était alors auraient recueilli , soit que lui-même il cultivée dans presque toutes les pro- voulût vendre le sien , soit qu'il ne le vinces de France. Ce qu'il y a de plus voulût pas. Cette manière de tirer curieux dans cette pièce , c est de voir parti de sa récolte fut en usage jus- mettre au rang des meilleurs, et assi- qu'au dix-septième siècle, puis tomba miler à ceux de Champagne et de en désuétude à Paris pour se mainte- Bourgogne, les vins des environs de nir en province , où elle subsiste en- Paris , si décriés aujourd'hui. Cette core. Les règlements et les offices fu- abondance de vins donna naissance à rent avec le temps modifiés et abolis; un commerce étendu et lucratif pour quant au droit de ban-vin, il subsista les pays vignobles. Les Flamands ve- jusqu'à la révolution, qui en fit justice. naient chercher les vins de la Gasco- Dès un temps très-reculé , on con- servait les boissons dans des citernes gne, de l' A unis et de la Saintonge; les Allemands ceux de l'Auxois et de en maçonnerie, des foudres en bois la Bourgogne ; les Anglais enlevaient et des tonneaux. Pour la consomma- ceux de la Guyenne et envoyaient à cet tion journalière, on tirait à la pièce effet des flottes de deux \"cents voi- même, et on emplissait* des vases les , au rapport de Froissard. Ce com- d'argent, de terre , et des outres de cuir merce prospère, qui dura plusieurs que l'on plaçait sur le dressoir où les siècles, fut menacé de mort en 1566. valets allaient chercher à boire pour les La récolte -ayant été mauvaise cette convives. Si, à la table du roi, on buvait année-là, Charles IX ordonna que, de plusieurs vins différents, comme il dans chaque canton, les vignes ne arrivait dans les jours de grande cé- pourraient occuper que le tiers du rémonie , on entamait alors plusieurs territoire, et que le restant serait con- futailles ; et toutes ces pièces , ainsi verti en terres labourables et en prai- entamées appartenaient de droit au , ries. Cette injonction , à laquelle on ne se hâta point de se conformer, fut grand bouteiller : c'était un des privi- lèges de sa charge. Dès l'an 1258, Jean modifiée en 1577 par Henri III, qui d'Acre, grand bouteiller de Louis IX, se contenta d'inviter les gouverneurs jouissait comme tel de ce droit assez 6. Digitized by Google

84 BOI L'UNIVERS. BOI important. Les gens qui voyageaient bes. Si l'infusion leur avait donné quelque amertume, on les édulcorait à cheval, et qui craignaient de ne pas trouver du vin sur leur route avec le miel. Lorsque les épices fu- en portaient dans une bouteille de rent connues, on jeta dans les vins du cuir qu'ils attachaient à leur selle ; girofle, de la cannelle, de la muscade, les personnes opulentes et les grands du piment, etc., et on les nomma vins seigneurs qui se faisaient suivre par épicés. C'est ainsi que l'on fabriquait un domestique . lui confiaient le soin alors des vins fort estimés des gour- de porter la bouteille. Ces sortes mets et des femmes , tels que le ma- don ou médon, le nectar, le clairet, de vaisseaux , proportionnés , pour la dimension, à la longueur du voyage Yhippocras, etc., tous oubliés aujour- et au nombre de personnes qu'ils de- d'hui que l'on préfère avec raison un vaient abreuver , se nommaient bou- vin franc et naturel. chaux boutiaux, bouties, bout Mes, Dans des temps plus rapprochés de , nous, on soumit a la distillation le vin, ainsi que le résidu de la pression et se bouchaient avec un morceau de bois taillé en vis. Quand on les eut rempla- cés par des flacons de ver^e, ils prirent, des raisins, et on en tira l'eau-de-vie, de leur ancien nom , celui de bouteil- à laquelle on attribua d'abord de gran- les, qu'ils portent encore aujourd'hui. des vertus médicales, que l'on prôna Pour boire , on se servait de coupes comme une panacée universelle, et ou hanaps de différentes grandeurs, qui est justement considérée de nos suivant la soif ou plutôt J'intempé- jours comme une boisson incendiaire rance du buveur. Ces coupes étaient et dangereuse. de bois ou de terre cuite pour les pau- Dès qu'on connut le vin , on chercha vres ; elles étaient de métaux précieux, à utiliser jusqu'aux débris du fruit et quelquefois garnies de pierreries précieux qui le produit. Au temps des dans les maisons opulentes. Les pre- vendanges lorsque le raisin avait , miers Gaulois s'étaient servis pour le subi sa première pression , on jetait même usage , d'abord du crâne de leurs de l'eau sur le marc; et, au moyen parents et de leurs amis, que, par de la fermentation , on en tirait une Siété , ils faisaient entourer d'or et piquette pour les journaliers et les do- 'argent; puis de cornes d'aurochs, de mestiques. Cette boisson que l'on fa- , taureaux domestiques et de béliers. brique encore de la même manière , si Le vin , trouvé délicieux dans les ce n'est que l'on y ajoute les raisins qui temps anciens, parut bientôt fade par ne sont point parvenus à maturité, et , suite de l'abus qu'en firent les buveurs. quelquefois des baies de genièvre , se nommait biœande, en latin bibenda, Alors on -lui fit subir différentes pré- parations, et on y mêla diverses subs- et se vendait dans les marchés publics. Dans l'ordonnance de Charles VI , an- tances irritantes, propres à stimuler née 1407, on l'appelait dépense, qui les goûts blasés. Dès le temps de était aussi le nom qu'on donnait au Pline, et jusqu'aux douzième et trei- zième siècles, on l'aromatisait avec prunellé , dont il faut la distinguer. Dès les temps les plus anciens, les bois- des baies de lentisque et des herbes odorantes. Grégoire de Tours appelle sons ont été frappées de certains droits les vins ainsi parfumés , vina odora- en argent ou en nature , au profit du mentis immixta. Sous le règne de Aroi, de l'Église et des seigneurs. Il'ar- Charlemagne , et longtemps encore ticle impositions , il sera parlé de ceux après, on soumit le vin à une cuisson qu'elles ont à supporter d'après notre qui le réduisait au tiers ou à la moitié, législation actuelle. et lui donnait plus d'énergie, en rap- Boissy, seigneurie du Forest, à prochant les principes que l'opération sept kilomètres nord-ouest de Roanne, n'avait pas fait évaporer. On y faisait érigée en marquisat en 1564 , et en aussi infuser des herbes, et les vins duché-pairie en 1619. ainsi préparés se nommaient vins her- Boissy (Louis de), beaucoup moins )igitized by GoogI

BOI FRANCE. BOI 85 connu aujourd'hui que Piron et Gres- cette réflexion et de cette sagesse set, obtint, au dix-huitième siècle, par d'esprit qui sont si nécessaires au sa comédie de l'Homme du jour, un bonheur et au bon goût. Son théâtre succès presque égal à celui de la Mé- a été publié en 9 vol. in-8°, Paris tromanie et du Méchant. Il était né 1766. en 1694, à Vie, en Auvergne, d'une fa- Boissy d'Angl as (François- An- toine de) , né à Saint-Jean-Chambre, mille pauvre, et resta pauvre presque département de l'Ardèche , en 1756, toute sa vie. Sans cesse pressé par le vint de bonne heure à Paris, où il se fit recevoir avocat au parlement , et besoin d'argent , il composa successi- acquit bientôt la réputation d'un lit- vement des satires qui lui firent beau- térateur distingué. En 1789, il fut coup d'ennemis sans le tirer de sa nommé député aux états généraux par le tiers état de la sénéchaussée d'An- misère , et une foule de pièces de nonay. Appartenant par sa naissance théâtre que leur médiocrité a fait ou- à la bourgeoisie, il vota constamment blier. Dans le Sage étourdi, le Babil- avec les représentants de cet ordre, lard, le Français à Londres , VÊ- contre les privilégiés, et fut un des pouse par supercherie, on trouve députés qui contribuèrent le plus à la quelquefois de la gaieté; mais le fond résolution par laquelle les communes se constituèrent en Assemblée na- en est aussi léger que la forme en est tionale. Il publia ensuite plusieurs souvent négligée et diffuse. « Enfin, brochures sur les finances, en ré- dit la Harpe, Boissy parvint à faire ponse à Bergasse; sur la révolution, en réponse à Calonne ; et enfin sur la une comédie où il y a de l'intrigue, de niaise déclaration de Raynal, qui dé- l'intérêt, des situations, des peintures clarait se repentir de la part glorieuse de mœurs, et des détails comiques. qu'il avait prise dans la lutte philoso- Le rôle principal, VHomme du jour, Aphique du dix-huitième siècle. l'As- est la personnification de cette frivo- semmée, il défendit les journées du 14 juillet, et des 5 et 6 octobre 1789. lité spirituelle et de cette politesse ai- L'année suivante , il demanda des mable qui cachent souvent, chez les mesures sévères contre les royalistes gens du monde, la sécheresse du cœur qui s'étaient attroupés au camp de Jalès, et dénonça un mandement in- et l'absence de principes, et sous les- cendiaire de l'aVchevêque de Vienne. quelles se déguisaient l'égoïsme et la En 1791 , il fut nommé secrétaire, corruption du dix-huitième siècle. Le et se vanta publiquement de son vote mérite du Méchant serait égalé, si le en faveur des hommes de couleur. Nommé, après la session, procureur- style de Boissy avait la pureté et l'é- syndic du département de l'Ardèche, il provoqua un examen public sur sa légance soutenues de celui de Gresset. » conduite, disant avec raison qu'une Cependant Boissy retira de sa pièce nation libre doit toujours surveiller plus de gloire que de profit. Sa mi- ses fonctionnaires. Nommé ensuite sère s'accrut encore par un mariage membre de la Convention, il fut im- d'inclination, et devint telle qu'il médiatement envoyé à Lyon pour y songea un jour à se laisser mourir de réprimer des troubles survenus à l'oc- faim. On assure qu'il fut obligé, pour Acasion des subsistances. son retour, subsister, de prêter sa plume à de il se rangea parmi les membres qui méchants auteurs qui ne pouvaient siégeaient à la Plaine, et dont il tut même considéré comme le chef. Dans versifier leurs ouvrages. Enfin, son le procès de Louis XVI, il vota pour la détention jusqu'à ce que la déporta- sort s'adoucit, lorsque, en 1754, il entra à P\\cadémie après la mort de , Destouches, que le succès de C Homme du jour l'appelait à remplacer. Bien- tôt après chargé de rédiger la Ga- , zette, puis le Mercure de France, il acquit une aisance qu'il n'avait jamais eue, mais dont il ne sut pas user mo- dérément. Ses excès abrégèrent ses jours. Il mourut en 1758. Dans sa vie et dans ses écrits, Boissy manqua de Digitized by Google

86 BOI L'UNIVERS. boi tion fût jugée convenable. Pendant Nommé ensuite membre de la com- la période révolutionnaire, désignée mission chargée de présenter un projet communément sous le nom de terreur, de constitution , il fit, le 13 juin, un il s'effaça complètement : mais la veille premier rapport , démentit le bruit , que la république devait abandonner du 9 thermidor il céda, après de lon- gues hésitations , il est vrai , aux sol- les places fortes de la Hollande au roi licitations de Tallien et de Barrère, et de Prusse, et parla des colonies qu'il se joignit à eux pour renverser Ro- , fit déclarer partie intégrante du terri- bespierre. Cette condescendance, qui toire français. Le 27 août, il prononça n'était que l'effet de la peur , dé- un discours sur la situation politique cida du succès de cette journée. Deux de l'Europe, et proposa d'enlever aux mois après , Boissy - d'Anglas fut lois révolutionnaires une partie de élu secrétaire de la Convention , et bientôt après membre du comité de leur sévérité. Le 2 septembre , il de- manda que le comité d'instruction pu- salut public ; il fit, en cette dernière blique présentât une liste des Fran- qualité, de nombreux rapports sur les çais auxquels il était juste d'élever des subsistances , et fut chargé spéciale- statues; deux jours après, il appuya la ment de veiller à l'approvisionnement proposition de rappeler de l'émigration Ade Paris. la fin de janvier, il prononça Talfeyrand-Périgord , et vota la réu- un discours sur les relations extérieures nion de la Belgique à la France. Le delà France; un mois plus tard, il 15 octobre, il fut obligé de s'expliquer fit décréter la liberté des cultes , fit sur les éloges que lui avaient donnés un rapport sur les attroupements qui les sections de Paris, ameutées contre se formaient aux portes des bou- la Convention par des agents royalis- langers, et les attribua à la malveil- tes. Boissy fi/t encore compromis* dans lance. La Convention décréta, sur son la correspondance d'un intrigant roya- rapport , le mode de distribution des liste nommé Lemaire , et fut , à juste mcomestibles. Le 12 germinal an titre depuis cette époque , considéré , er avril 1795), il commençait un rap- comme dévoué à la contre-révolution. (1 port sur les approvisionnements, lors- La constitution de Tan ni est son 3u'il fut interrompu par une invasion ouvrage ; aussi les démocrates la nom- u peuple qui avait forcé la porte de maient-ils la constitution Babebibobu, à la salle en demandant du pain et la cause du bégaiement de Boissy, et parce constitution de 93. Boissy resta im- que Daunou y avait coopéré. Devenu membre du Conseil des Cinq-Cents, il passible à la tribune , et lorsque le calme fut rétabli, il reprit son rapport en fut, dès la première séance, élu au point où il l'avait laissé. Mais ce secrétaire. Le 4 décembre, il appuya la fut surtout dans la journée du er prai- demande des femmes de Billaud-Va- I rial (20 mai) qu'il montra, comme pré- rennes et de Collot-d'Herbois, qui ré- sident de la Convention , un courage clamaient la mise en liberté de leurs admirable. (Voyez les Annales et maris; le 10, il fit une motion en ml'art. I i m.i i [Journées du er faveur de la liberté de la presse; le 1 ].) Quel que soit le jugement que l'on 30 août 1796, il combattit l'amnistie porte sur les événements de cette proposée pour les délits, révolution- journée, quelque opinion que l'on ait naires; le 23 septembre, il engagea le du parti auquel appartenait» alors Corps législatif à formuler un vœu Boissy-d'Anglas, on est forjîé d'admi- pour le rétablissement de la paix , et rer rhéroïsme de sa conduite dans sè déclara contre la loi qui excluait les cette circonstance. La gloire qu'il ac- parents d'émigrés de toute fonction quit alors appartient à la France , et jublique; le 9 novembre, il dépeignit ce serait faire œuvre de mauvais ci- es abus des maisons de jeu et dénonça toyen que de ne pas le reconnaître. Le e Directoire comme fauteur de vices lendemain de cette séance, la Con- et de corruption. En avril 1797, il fut nommé député de Paris au Conseil des vention lui vota des remercîments. Digitized by Google

BOI FRANCE. BOI 87 Cinq-Cents , et s'éleva contre la mise bertés publiques. Il est mort à Paris hors la loi des émigrés qui rentraient le 20 octobre 1826. Boissy-d'Anelas en France; le 11 juillet, il lit un long faisait partie de l'Institut depuis la for- discours en faveur des prêtres déportés mation de ce corps. Lors de la réorga- et de la liberté des cultes ; le 20 , il nisation de 1816, il fut nommé membre demanda la réorganisation de la garde de l'Académie des inscriptions et belles- nationale et accusa le Directoire de lettres. On a de lui , outre un grand destituer les ministres favorables à la nombre de discours, de rapports et de majorité des conseils qui était roya- brochures politiques, un Essai sur la liste. Ses sympathies pour les Bour- vie de Mathesherbes , 3 parties in-8°, 1819 et 1821, et 6 vol. in-12 d'Études bons , connues depuis longtemps , le firent envelopper dans le décret de littéraires, publiées en 1825. proscription du 18 fructidor. Cepen- Le fils aîné de Boissy-d' Anglas lui a dant, il parvint à s'y soustraire , et succédé dans son titre de comte et à s'enfuit en Angleterre. Rappelé en la pairie. Son second fils après avoir , France, après le 18 brumaire, il ne occupé un poste distingué dans l'in- tarda pas à s'accommoder au nouveau tendance militaire, est venu ensuite système de gouvernement, et en 1801, siéger dans la chambre élective. il devint membre du Tribunat, qui le Boiste (Pierre-Claude-Victoire), le choisit pour son président en décem- plus laborieux de nos lexicographes, bre 1802. L'année suivante, il fit était né à Paris, en 1765. Ses premiè- partie du nouveau consistoire de l'É- res études eurent pour but la con- glise réformée de Paris, fut décoré de naissance des lois ; mais il quitta bien- la croix de la Légion d'honneur en tôt le barreau pour se livrer tout entier aux travaux littéraires et surtout à\" 1804, entra au sénat en 1805 , et fut l'investigation des éléments du voca- nommé commandant de la Légion d'honneur le même jour. Lors de bulaire de notre langue. Il donna, en l'invasion de la France par les alliés, 1800, la première édition de son Dic- il fut chargé par Napoléon des fonc- tionnaire , œuvre gigantesque qui lui tions de commissaire dans la 12e di- assigne chez nous le rang qu'a obtenu vision militaire. C'est alors qu'il ap- Johnson chez les Anglais. Comme ce prit la déchéance de l'empereur par le savant, Boiste voulut prouver cju'il sénat , acte honteux auquel il se hâta était en état d'employer les matériaux de donner une adhésion formelle. qu'il avait le mérite d'avoir réunis. Il Louis XVIII l'en récompensa en l'éle- publia, en 1801, une narration épique, vantà la pairie. Au retour de l'iled'Elbe, en vingt-cinq livres , sorte de poème Bonaparte qui oublia la trahison de en prose , intitulé l'Univers délivré. , l'ancien sénateur, le chargea d'organi- Les mystères de la création , les pre- ser les départements du Midi ; il remplit miers événements de l'histoire sacrée, avec zèle cette mission, et fut une se- l'établissement du dogme de l'immorta- conde fois nommé pair. Après la ba- lité, telle est, en quelques mots, l'analyse taille de Waterloo, il combattit la pro- de cet ouvrage, qu'un style souvent position de proclamer Napoléon IL Au brillant n'a pu préserver de l'oubli retour du roi, il fut éliminé de la complet dans lequel il est tombé. chambre des pairs ; mais bientôt une Boiste fit paraître, en 1806, un Dic- ordonnance royale vint l'y réintégrer tionnaire de géographie, et en 1820, pour la troisième fois. Boissy-d' An- ses Principes de grammaire. Ce der- glas, dont la conduite politique avait nier volume qu'il appelait dans son , été si variable pendant la révolu- épigraphe un cours de bon sens ap- tion , sembla , sous la restauration pliqué à la grammaire, se compose , vouloir revenir aux principes qu'il principalement d'une suite de solu- avait défendus à l'Assemblée consti- tions de questions et de difficultés. tuante, et. fut, à la chambre des pairs, L'auteur n'eut pas le temps de ter- un des intrépides défenseurs des li- miner le Dictionnaire de la littérature

I 88 BOI L'UN VERS. BOI et de l'éloquence, dont il publia les dent de la longue querelle des jansé- premiers volumes Tannée suivante, et nistes et des jésuites n'a d'importance qui formait le complément de ses au- que parce qu'il révéla les ressources et lés moyens d'une caisse connue , dans tres productions lexicographiques. La mort le surprit à l'âge de cinquante- le public, sous le nom de la Boite à neuf ans. Le Dictionnaire universel Perrette. On croit qu'elle fut ainsi ap- de la langue française, « véritable pelée du nom de la gouvernante du f)an-lexiq.ue, » a dit* M. Nodier, à qui a dernière édition est redevable de célèbre Nicole, qui laissa à cette tille les premiers fonds de cet établisse- notables améliorations , est à la fois ment. D'autres personnes ont prétendu que le savant écrivain de Port-Roval un traité de grammaire et d'ortho- avait confié ces fonds à trois légataires, graphe, et un manuel de vieux lan- ou plutôt à trois fidéicommis, qui furent le P. Fouquet, de l'Oratoire, age et de néologie. On y trouve l'abbé Couet et du Charmet. Nicole leur expliqua, dit -on, ses intentions fanalyse et la critique des dictionnai- dans deux mémoires joints à son tes- tament. res de l'Académie , de Furetière, de Trévoux, etc., avec des traités sépa- 11 y disait que le revenu de ces biens rés des synonymes, des tropes , de la devait être dépensé en œuvres de piété, et il recommandait instamment de faire versification , des difficultés de la lan- en sorte « qu'ils ne passassent jamais, par voie cle succession , à des parents gue. On peut reprocher à l'auteur de ou à des héritiers, et qu'ils fussent transmis, successivement et à perpé- n'être pas toujours assez sévère dans tuité , à des personnes sûres et désin- téressées. » L'obligation imposée par le choix de ses autorités. C'est même cette dernière clause engagea les héri- ce qui lui valut les censures de la po- tiers de Nicole à plaider la nullité de lice, et le fait est assez plaisant pour la disposition; mais une transaction être rapporté. Parmi les exemples, à la termina le procès , et le legs presque suite du mot spoliateur, se trouvait entier resta au P. Fouquet , qui se con- forma aux intentions du testateur. celui-ci : lois spoliatrices , locution Nous ne suivrons pas les auteurs du pour l'emploi de laquelle le premier factum publié relativement au testa- ment de M. Rouillé d?s Filletières, consul était cité comme autorité. On lequel appela une seconde fois l'atten- tion de la justice sur ce fidéicommis força Boiste à changer son exemple. Peut-être y avait-il en effet chez lui ; une intention maligne. Il y substitua les mots : nation spoliatrice, avec ils passent en revue la gestion des dé- Frédéric le Grand pour autorité. positaires de cette caisse, depuis le P. Fouquet jusqu'à M. Rouillé des Boisy, voyez Bonnïvet. Filletières. On assure, dans cet écrit, Bon a h i> ( Pierre) , né à Mâcon en que le legs primitif de Nicole, qui 1789, a publié un grand nombre d'ou- n'était d'abord que de quarante mille vrages fort estimés sur l'histoire na- livres, s'était grossi, jusqu'en 1778, turelle et sur l'économie rurale. Les d'environ onze cent mille livres, par principaux sont : Histoire naturelle les générosités de diverses personnes eles oiseaux de proie d' Europe , 1 vol. oui avaient voulu s'associer à cette in-4°, avec fig. ; Histoire naturelle des pigeons de volière et de colombier, fondation pieuse (le célèbre Roliin fut 1 vol. in-8°, avec fig. Ces deux ouvrages du nombre). Pendant l'espace d un siè- sont regardés comme des monographies cle , la Boite à Perrette fut successi- excellentes. Traité des prairies natu- vement remise en plusieurs mains, qui toutes, à ce qu'il paraît, s'acquit- relles et artificielles , 1 vol. in-8°, avec tèrent fidèlement des obligations im- figures coloriées ; Traité de la corn- position de l'ornement des jardins, 1 vol. in-4°, avec cent planches ; il en —a été publié quatre éditions. Boite a. Pebbette. « Un singu- lier procès s'engagea, le 4 octobre 1778, relativement au testament de M. Rouillé des Filletières. Cet inci- Digitized by Google

BOI FRANCE. BOI 80 posées à ces dépositaires. En 1778, la lèges lui coûtait, de son argent, plus de soixante mille livres, et qu'en vé- gestion de cette caisse était confiée à rité, les travaux qu'il avait faits, et m. des Filletières. Le 18 novembre 1777, il fit un testament par lequel il surtout relativement aux jésuites, qui instituait l'abbé de Majainville son lé- n'auraient pas été éteints s'il n'eût gataire universel. II faisait aussi un legs de cent dix mille livres au sieur consacré à cette œuvre son temps , sa Defays, autant au sieur Desprez de santé et son argent, ne devaient pas Boissy, auteur des Lettres sur les spec- tacles, et soixante - quatre mille livres lui attirer une exhérédation de son à l'abbé Clément , trésorier de l'église d'Auxerre , et depuis évéque constitu- oncle. » Il ajoutait , dans un autre en- tionnel de Versailles. If. des Filletières mourut le 4 octobre 1778. Les héri- droit : « L'affaire des jésuites qui nie tiers du défunt, frustrés d'une succes- , sion sur laquelle ils comptaient , s'é- levèrent contre les dispositions du « coûte de mon argent plus de soixante testament : c'est un fidëicommis , di- « mille livres, me coûte de plus la suc- saient-ils. Ils citaient même, à cet « cession de mon oncle. » Les adver- égard , des aveux qu'auraient faits les légataires, quoique ceux-ci eussent fait saires du président Rolland l'accusèrent depuis un serment contraire. Les hé- ritiers ne négligèrent rien pour faire de mensonge , et prétendirent qu'il ne casser le testament. Ils alléguaient qu'on ne devait point tolérer ces dis- cherchait a donner à ce procès une positions exorbitantes; que le parle- ment de Paris avait cassé plusieurs couleur de parti qu'aûn d'avoir plus fois des testaments de cette nature; que le cas actuel était plus condamnable d'espoir de gagner sa cause. Quand encore; que cette association mysté- rieuse, ces Gdéicommis furtifs, ces l'affaire fut engagée, les héritiers de prodigalités exclusives étaient perni- cieuses pour la société et préjudiciables M. des Filletières déclarèrent qu'ils aux familles. Ils rapportaient le double registre de M. des Filletières, l'un consentaient à ce que l'abbé de Majain- sur lequel il écrivait sa recette et sa dépense pour ses biens patrimoniaux ville gardât les quatre cent cinquante et l'autre qui marquait ce qu'il avait reçu et dépensé sur les fonds dont il mille livres qui provenaient du legs de était dépositaire. l'abbé d'Eaubonne (dépositaire, avant Celui des héritiers qui paraît s'être M. des Filletières, de la caisse fondée donné le plus de mouvement dans cette par Nicole) , et ne demandaient que le affaire , fut le président Rolland. Ce magistrat avait joué un rôle lors de la reste de la succession , c'est - à - dire destruction des jésuites ; et il pensait sept cent cinquante mille livres. Ils di- qu'à ce titre il devait obtenir la bien- veillance de ses juges. Ses prétentions saient qu'on devait séparer ce que le sont expliquées dans une lettre du 8 défunt avait en propre de ce qu'il avait octobre 1778, qu'il écrivit à l'abbé de reçu. L'abbé de Majainville, qui avait Majainville. Cette lettre, fort curieuse, a été imprimée avec les pièces du pro- pour avocat le célèbre Gerbier, gagna cès. Il y dit que « le testament lui fait tort de deux cent mille livres; que son procès. Les mémoires sur l'his- l'affaire seule des jésuites et des col- toire ecclésiastique, auxquels nous empruntons ces détails, ajoutent : « Si on demande actuellement à quoi ser- vaient des biens détournés ainsi de leur destination naturelle, nous ré- pondrons qu'ils étaient employés à sou- tenir la gazette du parti (janséniste); à faire imprimer et à distribuer pour rien des brochures contre le pape et les évéques; à entretenir des moines et des religieuses échappés de leur cloî- tre; à fournir aux frais des voyages des agents qu'on envoyait en diffé- rents lieux; a se concilier des parti- sans. » L'ouvrage que nous venons de citer n'est pas assez désintéressé dans la question pour qu'on adopte , sans antre preuve l'emploi qu'il assigne à , une fondation qu'un zèle pieux a seul inspirée à des hommes honorables , et qui n'aurait pu être dénaturée que par Digitized by Google

90 BOI L'UNIVERS. l'exaltation des passions religieuses à 1805, da ns l'armée d'Augerrau. 11 fut 3ui régnaient au commencement du ensuite chargé du commandement de ix-huitième siècle. Dans ce cas, bien certainement, les plus curieux articles la place de Bordeaux, et continua de de dépenses auraient été ceux des fonds employés pour solder les acteurs des servir jusqu'à la chute de l'empire. Il scènes burlesques du cimetière de Saint-Médard ; mais les héritiers de mourut âgé de soixante et seize ans M. des Filletières ont avoué qu'ils n'a- , vaient trouvé aucune trace de ce bor- dereau dans les papiers du défunt (*). » au mois de juillet 1832; il n'avait d'au- Boithon, terre et seigneurie située très moyens d'existence que sa pension en Normandie (Orne), à quinze kilo- mètres nord-est d'Alençon, et érigée de retraite. en comté en 1720. Boivin (Jean) de Villeneuve , célèbre Boivin (Jacques-Denis) naquit à Paris, le 28 septembre 1756, entra érudit, naquit à Montreuil- l'Argile comme simple dragon dans le régiment du roi, le 12 mars 1771, et en sortit en 1663. Après de brillantes études après huit ans de service, sans avoir obtenu aucun avancement. Mais, en sous la direction de son frère, Louis 1792, il s'engagea dans l'armée du Nord, et cette fois, les barrières que Boivin, qui s'était fait aussi une grande les privilèges opposaient au mérite étant levées, il obtint un avancement réputation comme érudit, et était mem- si rapide, qu'en moins d'un an il était parvenu au grade d'adjudant général, bre de l'Académie des inscriptions et Lorsque l'insurrection éclata dans la Vendée, en 1793, il y fut envoyé, et belles-lettres, il fut nommé, en 1692, signala son courage dans diverses garde de la bibliothèque du roi. En affaires devant Saumur, au Pont-de- 1705, l'Académie des inscriptions et ACe, à Vie et à Parthenay. la fin de belles-lettres l'admit au nombre de ses l'année, il fut élevé au grade de çénéral membres, et trois mois après, il fut de brigade, et nommé commandant de nommé professeur de grec au collège la ville de Nantes; mais il ne prit au- cune part aux crimes de l'infâme Car- royal; enfin il entra, en 1721 , à l'Aca- rier, et s'y opposa même de tout son demie française, à la place du célèbre pouvoir. Après le 9 thermidor, Boivin Huet, évéqûe d'Avranches. Il mourut alla servir sur le Rhin. En 1798, il passa à l'armée d'Helvétie et se couvrit à Paris, le 29 octobre 1726, dans sa de gloire à l'affaire de Schwitz, où, à la tete de sa brigade, il enleva aux soixante-quatrième année. Il avait été Russes quatre canons, un drapeau et in l'Il e prisonniers. Il était à Paris au 18 lié avec Racine, Boileau, et tous les brumaire; il se déclara pour Bonaparte, grands écrivains du dix-huitième siècle. et le suivit à Saint-Cloud. Bientôt après, sa conduite à la bataille de Cest à Boivin que l'on doit la publi- Neu-Issembourg,prèsde Francfort , lui cation de la belle édition in-fol. des Ma- valut les éloges du général en chef, Il fit encore avec honneur les campa- thematici veteres , laissée imparfaite gnes de 1801 à 1803, et celles de 1803 par Tliévenot, et celle de Nicéphore (*) Michaud, contiuuaiion de l'abrégé Greçoras, en 2 vol. in-fol., qui fait chronologique de l'histoire de France par le président Hénault, année 1778. partie de la Byzantine. Il a aussi publié quelques ouvrages de poésie qui ont eu quelques succès dans le temps, mais qui sont complètement oubliés mainte- nant. Les sept premiers volumes du recueil de l'Acaoemie des inscriptions et belles-lettres contiennent de lui plu- sieurs dissertations fort savantes, Boizot (Louis-Simon), fils d'An- toine Boizot, peintre, membre de l'A- cadémie et dessinateur à la manufacture Ades Gobelins, naquit en 1748. l'âge de dix-neuf ans, il remporta le premier prix de sculpture. Les connaisseurs, tout en admirant les créations de son habile ciseau , trouvent peu de dessin dans ses ouvrages. Cependant il fut chargé de travailler à plusieurs monu- ments publics. La belle statue qui couronne la fontaine de la place du Châtelet fut exécutée par lui , de même

BOL FRANCE. BOL 9i que les quatre figures qui sont placées fut nommé commissaire près de l'ar- au bas. Il a donné les modèles de vingt- mée du Nord, et à son retour, il se distingua parmi les ennemis du comité cinq panneaux pour la colonne de la de salut public; aussi la Convention l'adjoignit-elle à Barras pour comman- place Vendôme. Admis à l'Académie der la force armée au 9 thermidor. Il fut ensuite délégué en Bretagne pour en 1778, Boizot donna le Méléagre mettre fin à la chouannerie; il se trouva pour morceau de réception. On lui dans cette mission d'une opinion con- traire à celle de son collègue Boursault doit encore les statues de Joseph Ver- ; net, de Joubert et de Daubenton. Celle mais soutenu par Hoche, il parvint à oui représente Racine , et qui est placée conclure le traité. C'est chez ce repré- sentant que l'intrigant Cormatin fut dans le vestibule de l'Institut , est en- arrêté. Devenu membre du Conseil des Cinq-Cents, Bollet demanda un congé core le fruit de son travail. Il mourut et vint habiter une maison de cam- pagne qu'il possédait à Violaine, dans le 10 mars 1809. le département du Pas-de-Calais. Dans la nuit du 24 au 25 octobre 1796, des Bolbec , ville de l'ancien comté brigands soudoyés par le parti royaliste d'Eu, aujourd'hui chef-lieu de canton s'introduisirent chez lui et le frap- de l'arrondissement du Havre dépar- pèrent de plusieurs coups de couteau; , sa femme même ne fut pas épargnée. tement de la Seine- Inférieure. Cette On le crut mort; mais on parvint à le ville, qui compte aujourd'hui plus de sauver, et il reparut au Conseil des Cinq-Cents, d'où il passa en 1799 au neuf mille habitants, fut détruite, en Corps législatif. Il en sortit en 1803, 1705, par un incendie qui y consuma se retira dans sa commune , dont il fut , —nommé maire, et où il mourut en 1811. huit cent soixante-huit maisons. Elle Bologne (prise de). Le pape Pie VI s'était montré peu favorable aux possède une petite bibliothèque pu- Français lors de l'entrée du général Bonaparte en Italie : on l'avait vu lever blique. des troupes , tolérer des insultes graves —Bolivia (relations de la France faites aux commissaires du gouverne- ment républicain , s'allier avec l'Autri- avec). Cette petite république, fon- che pour repousser, les armes à la main , les injures qu'il croyait faites au dée par Bolivar en 1825, mais que le saint-siége. Bonaparte fut forcé, par ces provocations, de diriger une atta- manque de villes maritimes condamne que contre les États de l'Église. D'après ses ordres , le général Ausereau marcha à l'isolement, a eu jusqu'à ce jour trop avec sa division sur Bologne. Quatre peu de rapports directs avec la France cents soldats en défendaient les appro- pour mériter un article à part. C'est à ches; ils furent faits prisonniers, avec l'histoire de nos relations avec la Co- le cardinal légat et son état-major le 19 lombie que le lecteur trouvera ce qui juin 1796. En payement des frais de la peut concerner la république boli- guerre, on choisit parmi les tableaux qui décoraient Bologne cinquante des plus vienne. beaux , et entre autres la célèbre Sainte- BOLLEMONT OU BELLEMONT (N.), Cécile, chef-d'œuvre de Raphaël. Les entra comme simple soldat dans l'ar- commissaires Thouin , Monge et Ber- tillerie, et s'y éleva progressivement tholet, enrichirent encore le Muséum jusqu'au grade de général. Il commanda d'histoire naturelle de Paris de l'ber- l'artillerie au siège de Maëstricht. En 1795, il se distingua au blocus de Luxembourg, puis à l'armée du gé- néral Jourdan, où il fut chargé de dé- fendre la citadelle de Wurtzbourg Acontre les Autrichiens. son retour en France, il fut nommé inspecteur général de l'artillerie, puis, en 1802, membre du Corps législatif, et enfin membre de la Légion d'honneur, en 1804. Depuis cette époque, il n'a plus rempli de service actif aux armées. Bollet (Philippe-Albert), député du département du Pas-de-Calais à la Con- vention nationale, siégea dans la Plaine, et vota cependant la mort de Louis XVI. Après le procès du roi, il Digitized by Google

BOL L'UNIVERS. BOM bier d'Aldovrandi , et d'une précieuse —tives et ne méritent aucune confiance. collection de minéraux provenant de Bombarde. Les premières bou- ches à feu, que l'on appela bombardes, l'Institut fondé par ce savant. La bi- bliothèque nationale reçut aussi un parurent vers l'an 1330, sous Philippe grand nombre de manuscrits précieux de Valois. C'est l'époque la plus re- culée à laquelle on puisse faire re- et des livres rares. monter l'usage de l'artillerie. Quelques Bologne (Jean), sculpteur français, écrivains font dériver le nom de bom- quoique le nom de la ville d'Italie où barde du mot grec Bô|a6o; (tintement, il s'était établi, et qu'on lui donne or- bourdonnement), à cause du bruit que dinairement, ait fait croire à quelques produisaient ces armes. biographes qu'il était Italien, naquit à Les premières bombardes étaient Douai, en 1524, et se rendit de bonne grosses, courtes, et d'une ouverture heure en Italie , où il s'appliqua sur- tout à imiter la manière de Michel- fort large; elles étaient faites avec de Ange, dont il sut mettre à profit lés la tôle, que l'on entourait de cercles de fer. Mais leur défectuosité avant conseils et les leçons. été bientôt reconnue, on en fabriqua successivement en fer battu et en er Les principaux ouvrages de Jean de coulé. Celles-ci présentant encore oes Bologne sont , à Bologne , les figures inconvénients, on remplaça le fer par et les accessoires en bronze de la fa- un alliage, que l'expérience conduisit meuse fontaine de la place Majeure; à à découvrir, et que l'on appela bronze Florence, un groupe représentant un ou airain. C'est le métal dont se ser- soldat romain enlevant une Sabine, vent encore aujourd'hui tous les peu- et deux statues colossales, Neptune et [>les de l'Europe pour la fabrication de Jupiter pluvieux ; à Versailles, un 'artillerie de terre. groupe de VJmour et Psyché. L'an- Froissart parle d'une bombarde dont les Flamands firent usage au cienne statue équestre de Henri IV, siège d'Oudenarde , et qui avait cin- sur le pont-Neuf, avait été commencée quante pieds de long et lançait de par lui, et achevée parTaffa, son élève. très-grosses pierres. Mais le'P. Da- Jean de Bologne travailla jusqu'aux niel révoque en doute , dans son derniers moments de sa vie, et mourut, Histoire de la milice française, l'exis- en 1608, âgé de 84 ans. tence de cette machine comme arme à feu ; il pense que ce devait être une Bolsec (Jérôme-Hermès), natif de baliste ou une catapulte de l'ancien Paris, était aumônier de la duchesse modèle, avec laquelle on lançait au de Ferrare lorsqu'il embrassa la re- loin de fort grosses pierres. Le bruit qu'elle faisait en jetant ces projectiles, , et qui s'entendait, assurait-on, de cinq ligion réformée, se fit médecin, et se maria. Il vint à Genève, en 1551, et et même de dix lieues, n'est pas au s'y lia d'abord avec Calvin, avec lequel il se brouilla bientôt, pour s'être élevé nombre des choses qu'il faille croire aveuglément. Quoi qu'il en soit , les contre la doctrine des décrets absolus bombardes cessèrent d'être en usage sur la prédestination. Emprisonné, puis vers la fin du quinzième siècle. C'est banni de Genève, il se retira à Berne, à cette époque qu'elles furent définiti- où la haine de Calvin le poursuivit et vement remplacées par les canons. le força de rentrer en France. Il alla alors 'faire abjuration à Autun , et Bombabdieb.— On donna d'abord ce nom aux hommes préposés au ser- exercer la médecine à Lyon , où il mourut, en 1585, après s être marié vice et à la garde des premiers canons deux fois. Bolsec a exhalé son ressen- ou bombardes; mais cette dénomina- timent contre Calvin dans {'Histoire tion cessa d'être employée au quin- de la vie, mœurs , actes , doctrine et zième siècle, époque où les bouches à mort de Jean Calvin, in-8# , 1577 , et feu, en usage clans nos armées reçu- contre Bèze dans VfJistoire de la vie, mœurs doctrine et déportement de , f Théodore de Bèze, 1580. Ces ouvrages ne sont tous deux qu'un tissu d'invec- Digitized by Google


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