FRANCE. 393 ti?e. Atteint, en 1812, d'aliénation reliques de ce saint, vingt-cinq cheva- mentale , il mourut dais cet état , le 25 mai 1819. liers qu'il chargea de la défense de l'église. En 1361, un seigneur de Cas- Union de (Brivas), ville de l'an- cienne province d'Auvergne (aujour- telnau qui prenait le titre de roi des d'hui chef-lieu d'arrondissement du , département de la Haute- Loire ) , à trente kilomètres de Clermont. compagnies, assiégea Brioude à la téte de trois mille hommes, s'empara L'origine de Brioude est fort an- cienne; le corps de saint Julien, déca- de cette ville , la fortifia, en fit sa place pité sous l'empire de Maxime, y fut d'armes , et ne consentit à s'en dessai- transporté en 303 , et Sidoine Apolli- naire, qui écrivait au cinquième siècle, sir et à porter en d'autres coutrées en fait mention dans une pièce de vers l'effroi qui s'était attaché à son nom, où il trace l'itinéraire qu'un de ses qu'au prix de cent mille florins. Dans amis devait parcourir (*). Il paraît que cette ville était autrefois plus considé- la suite , les habitants de Brioude fu- rable qu'elle ne l'est aujourd'hui. C'est rent longtemps en opposition avec les ce que démontrent évidemment ses fondations et les ruines nombreuses chanoines, qui s'obstinaient à leur re- qu'on y découvre encore. fuser une charte de commune : une Brioude eut sa part des calamités qui si longtemps affligèrent la Gaule, guerre et des procès continuels s'éta- lorsque les Francs la dominèrent. Elle fut assiégée, en 532, par l'armée de lirent entre eux; aussi, lorsque les Théodoric. Les habitants se réfugiè- rent dans l'église avec leurs effets les principes de la réformation de Luther plus précieux, et en fermèrent les portes ; mais un soldat détacha un des eurent pénétré dans ce pays , les habi- vitraux, entra, et ouvrit ce sanctuaire, tants les adoptèrent-ils avec empres- où la troupe se livra aux désordres sement; ils s'assemblèrent en armes et affreux qui avaient signalé partout son passage. Brioude souffrit une nouvelle menacèrent le chapitre qui fut obligé invasion de la part des Bourguignons; , la ville fut assiégée et prise, les habi- tants mis à mort ou faits prisonniers. de se réfugier dans la forteresse. Les Les Sarrasins la prirent et la pillèrent en 732 , et furent imités plus tard par réformés de la ville s'emparèrent de Brioude le 19 octobre 1583; mais la les Normands. En 1179, pendant l'oc- tave de Pâques, Héracle ou Héraclius, place fut bientôt reprise par les catho- vicomte de Polignac, escorté d'une liques. Peu à peu cependant les cha- bande de seigneurs aventureux, tomba sur Brioude et sur Saint-Germain, noines firent des ligueurs de tous les prit pilla, brûla cette ville et le bourç, citoyens. , Avant la révolution , Brioude était et fit massacrer une partie des habi- tants. Deux ans après, le vicomte de le chef-lieu d'une élection, et possé- Polignac ayant été excommunié, fit amende honorable devant l'église de dait une prévôté, une juridiction de Brioude; il institua, pour préserver juges-consuls et un bnilliage. Sa popu- l'église Saint-Julien et les pèlerins qui venaient de toutes parts honorer les lation est maintenant de cinq mille (*) Hinc te suscipiet Bcnigna Brivas quatre-vingt-dix-neuf habitants; elle Sancli quœ fovet ossa Juliaui. possède des tribunaux de première instance et de commerce , et un col- lège communal. Elle est située sur la rive gauche de l'Allier. Sur la rive droite du fleuve, à une demi-lieue de distance, se trouve Brioude-la-fleWe» dont la population est de onze cent —cinquante-huit habitants. Briou- Brioude (monnaies de). de posséda, pendant l'époque méro- vingienne, un atelier monétaire assez important. L'on cite, parmi les pièces gui y furent frappées , de nom- reux triensy dont les types sont très- remarquables. Cet atelier et celui de Clermont sont les seuls qui aient pro- duit des pièces où l'on trouve figuré un buste de profil avec la main droite élevée. On voit aussi sur quelques- Digitized by Google
394 BRI L'UNIVERS. BRI unes de ces pièces, ce qui est fort rare quatre cent quatre-vingt-treize habi- dans la numismatique mérovingienne, tants. des personnages debout. L'espace nous Briquemaut et Cavagnes gen- , manque pour décrire toutes ces mon- tilshommes français protestants, fu- naies ; nous nous contenterons de rent exécutés sur la hn du règne de Charles IX, comme complices de Co- cj îr^ qu'on en a déjà reconnu jusqu'à lignv. L'arrêt qui les condamna au six variétés, qui toutes portent le nom de la ville , en deux lignes , dans le gibet fut rendu le 27 octobre 1572 . champ\"* Elles ont été fabriquées deux mois après le massacre de la Saint-Barthélemv. Le premier , vieil- par les monétaires Faustinus, Lu- lard septuagénaire, offrit, si le roi sixen us, Ranelen us. Enod... \\feodra- voulait lui faire çrâce , de faire con- tus , et par un sixième dont le nom naître un moyen infaillible de prendre est indéchiffrable. Depuis la période la Rochelle, principal boulevard des mérovingienne, on ne connaît aucune confédérés. Sa proposition fut reje- monnaie de Brioude. tée, et on le mena au supplice avec Brioi x , bourg du département des Cavagnes. Briquemaut s'attend rissant Deux-Sèvres, à sept kilomètres de au souvenir de ses enfants Cavagnes, Melle, et d'une popu.ation de mille ha- , occupé à réciter des psaumes, l'inter- bitants. Ce lieu esc fort ancien ; sui- rompit et dit à son ami : « Rappelle en vant d'Anville, c'est lui qui est désigné ton cœur ce courage que tu as si sou- vent montré dans les combats. » L'ef- dans l'itinéraire d'Antomn sous le nom —de Brigiosum. figie de Coligny fut attachée au poteau Brioix (monnaies de). On attri- ou ils furent pendus. Charles IX était bue généralement à Brioux une mon- avec sa mère à l'une des fenêtres de naie de bronze évidemment gauloise l'hôtel de ville, et le jeune roi de Na- mais d'une époque très-voisine de l'in- varre (depuis Henri IV) placé près de , vasion romaine, laquelle porte 'au Catherine, fut forcé d'être témoin de droit la légende : Brigios , et au re- cette exécution. —vers, un cavalier en course. Brioux Briquet d'argent. Cest le nom jouit encore , sous les rois de la pre- d'un grand blanc frappé pendant le mière race , du droit de battre mon- quinzième siècle par les ducs de Bour- naie. On y frappa alors des triens gogne en Flandre, en Franche-Comté, remarquables par leur grossièreté , et et dans toutes leurs possessions. Le qui , comme tous les tiers de son d'or briquet , comme toutes les autres ae cette époque, présentent d'un côté monnaies de cette province, porte les une effigie royale , et de l'autre une armes et les emblèmes de la maison de croix accompagnée de quelques sym- Bourgogne, et, de plus, une figure qui , boles et de quelques ornements. On a la forme d'un B majuscule renversé, connaît cinq types différents de ces et dont les deux nanses ne seraient monnaies. Brioux était alors appelée pas jointes à la liaste. Il n'est pas Briossum, Briosso vico. Parmi les diffiede de déterminer le rapport qui noms des monétaires de cette ville existe entre cette figure et un briquet. parvenus jusqu'à nous, le plus com- Cette figure serait-elle un B dégénéré ? mun est Chadulfus. On ne connaît Tout porte à le croire , car on trouve aucune pièce frappée à Brioux, depuis aussi cette lettre dans le champ de l'époque mérovingienne. quelques deniers frappés à Châlons- Briouzb, ancienne baronnie de sur-Saône pendant les dixième, on- Normandie, à quinze kilomètres de zième et douzième siècles. Ce B qui , Falaise, érigée en vicomté par Henri IV, ne peut être que le signe du mot Bur- et reunie à la vicomte de Falaise en gttntUa, se retrouve encore sur un 1780. Ce bourg est aujourd'hui l'un des petit tournois d'Eudes, duc de Bour- chefs-lieux de canton du département gogne frappé vers le milieu du trei- , de l'Orne : sa population est de mille zième siècle. Il faut observer , du Digitized by Google
bri FIL SCE. BRI 395 reste, que , soit que le briquet fi- « ornent la couronne des rois (*). » gure au-dessus de l'écusson, soit qu'il C'est surtout sur les côtes de la Bre- remplace la croix qu'on voit ordinai- tagne que ce droit s'exerçait avec le rement au commencement des légen- plus de barbarie. Certains habitants des , le briquet est toujours posé des côtes attachaient , dit-on, pendant —comme s'il représentait une couronne. la nuit des fanaux à la queue des va- Les rois d'Espagne , successeurs des ducs de Bourgogne , conservèrent ches ou aux cornes des taureaux pour longtemps cet emblème, que l'on re- attirer les vaisseaux sur les éctreils. La royauté s'en empara quand elle trouve sur leurs monnaies de Flan- se fut substituée au pouvoir féodal. dre presque jusqu'au règne de Louis Louis XI l'énonce parmi les droits XV. Le briquet n'avait pas d'autre qui faisaient partie de l'apanage de valeur qu'un blanc ordinaire , c'est- son frère. Plus tard ce droit fit partie à-dire qu'il représentait douze de- des prérogatives de l'amiral de France niers. jusqu'au règne de Louis XIV, qui l'abo- Briquet (Hilaire-AIexandre) , né à lit en 1681 dans tous les pays de son Chasseneiol , près de Poitiers, en —obéissance. Au treizième 1762, a publié un assez grand nom- Bbis de prison. bre d'ouvrages, parmi lesquels nous siècle, le bris de prison était regardé citerons seulement son Histoire de la comme une preuve du délit dont le ville de Niort, depuis son origine jus- détenu était accusé. Le prisonnier qui rqu'au règne de Louis -Philippe r s'évadait à l'aide d'effraction ou de , —etc. Niort, 1832-33, 2 vol. in-8°. violence était pendu, alors même qu'il Ce laborieux écrivain est mort à eût été reconnu innocent du crime Niort, en 1833. pour lequel il avait été incarcéré. Cette Briqubt ( Marguerite-Ursule-For- législation barbare céda devant les pro- tunée Bernier , femme), née à Niort en 1782, morte dans cette ville en grès de l'humanité et des lumières; cependant, avant la révolution, la 1825, a publié entre autres ouvrages, peine du bris de prison était encore un Dictionnaire historique, littéraire laissée à l'arbitraire du juge. Aujour- et bibliographique des Françaises d'hui, il est puni de six mois à un an et des étrangères naturalisées en d'emprisonnement. France, connues par leurs écrits, ou par la protection qu'elles ont accordée Brisa (Charles) servait comme aux gens de lettres, depuis Vétablis- bombardier dans l'armée de Henri IV, sement de la monarchie jusqu'à nos à la bataille d'Arqués. Ce fut lui qui jours, 1804, m-8°. i>our la première fois, lit usage do 'artillerie légère. Le 24 septembre —Buis (droit de). Le droit de bris et 1589, Biron vint attaquer les lignes de de naufrage était un des privilèges féo- Mayenne avec un corps de cavalerie, daux les plus lucratifs. Du Cange, dans qui s'ouvrit et laissa voir deux gros- son Glossaire, cite une charte d'un ses coulevrines attelées, qui manœu- prince de Galles, concédée à un couvent vraient avec autant de légèreté que les du pays, et portant ces mots : « Nous cavaliers, et qui firent un feu terrible accordons aux moines du couvent de... sur les ligueurs. L'invention de Brisa le droit de jouir (gaudere et uti), sur fut ensuite comme oubliée pendant toute l'étendue de leurs côtes , du longtemps. Le grand Frédéric fut le naufrage, soit qu'il arrive par sub- premier qui s'en servit depuis. mersion, bris de navire ou toute autre Brisach. Voy. Neuf-Bris ach. cause ; » et ce droit , il leur accorde Brisacier (Jean de) , jésuite , né à dit-il , d'en jouir de la meilleure ma- Blois en 1603, enseigna les humanités —nière , de celle dont il en jouit lui- et la philosophie dans plusieurs col- même. Le vicomte de Léon disait, en parlant d'un écueil : « J'ai là une (*) Voyez l'Histoire de France de M. Mi- « pierre plus précieuse que celles qui chelet, t,II, p. i3. Digitized by Google
396 BRI L'UIS VERS. BRI léges, et se livra ensuite à la prédica- « Je voudrais être Brissac , si je n'é- tion. Son zèle contre Port-Royal lui donna un grand crédit dans sa so- tais dauphin. » Le compliment ne se- ciété. Il fut successivement recteur de plusieurs maisons, provincial en Por- rait plus guère de mise aujourd'hui. tugal, recteur du collège de Clermont à Paris, et mourut à Blois, en 1668. En 1543, il donna en Flandre de nou- Parmi ses écrits , d'ailleurs peu re- marquables , on cite celui qui est in- velles preuves de son talent militaire, titulé : le Jansénisme confondu, Pa- ris, 1651, in-4°, ouvrage censuré par et particulièrement de son courage Il'archevêque de Paris, M. de Gondi, et vivement réfuté par le docteur Ar- personnel. En 1544, il lutta, avec deux nauld. mille hommes, dans le Perthois, con- Briseux (Charles -Etienne), archi- tre un corps de quatorze mille Im- tecte, né à Baume-les-Dames en 1680, s'est particulièrement occupé de la périaux. Il battit les Anglais près de théorie de son art , et a publié trois ouvrages estimés : 1° VArchitecture Boulogne, en 1545, et les força à con- moderne, 1728, 2v. in-4°; deuxième édition, augmentée par Joubert, 2 vol. clure la paix avec la France. Il fut iu-4°, 1764 ; 2° CArt-de bâtir les mai- sons de campagne, 1743, 2 vol. in-4°; nommé grand maître de l'artillerie en 3° Traité du beau essentiel dans les arts, appliqué particulièrement à 1547; enfin maréchal de France en l'architecture. 1752, suivi d'un traité des proportions harmoniques, 2 tom. 1550. Dans les années suivantes —en 1 vol. in-fol. avec figures. Brissac, par une série de batailles, de Briss4C. La maison de Cossé- Brissac, Tune des plus illustres et des sièges heureusement conduits, de ma- plus anciennes de France, tire son nom de la terre de Cossé, dans le Maine , et nœuvres hardies , de négociations de la terre de Brissac en Anjou ; elle a , Eroduit plusieurs hommes remarqua- s'empara de -tout le Piémont : il se is. Charles de Cossé. plus connu sous proposait de pousser plus loin; et il le nom de maréchal de Brissac , fut n'y avait guère d'obstacles cjui pus- un des plus grands capitaines du sei- sent l'empêcher de pénétrer jusqu'au zième siècle. II se distingua au siège de Naples, en 1528, où il fut fait pri- cœur de l'Italie lorsqu'il apprit la sonnier par les Espagnols : c'était sa , première campagne; il n'avait que défaite des Français à Saint-Quentin, vingt-trois ans. En 1537, c'est à lui et reçut l'ordre *de faire partir cinq surtout , et aux chevau-légers qu'il commandait, qu'on dut la prise de mille Suisses de son armée quatre Veillane et celle du château de'Suze. , Il fut nommé grand fauconnier en compagnies de gendarmes , et autant 1540; en 1542, colonel général de de cavalerie légère, et de se tenir sur l'infanterie qui faisait partie de l'ar- mée d'Italie. Blessé au siège de Per- la défensive. On le trouve , en 1559, pignan, après des prodiges de valeur, il avait mérité que le dauphin, depuis gouvernant la Picardie et rétablissant Henri II, lui dît ces mots, qui étaient une gloire immense pour ce temps : la discipline dans une armée mal nourrie, mal vêtue et non payée, par la fermeté de son caractère \\ par le sacrifice d'une partie de sa fortune, et par les secours en argent que lui prê- tèrent les Suisses. Il mourut en 1563, et ne prit part à la guerre civile que par les efforts tout pacifiques qu'il lit, et avec succès, pour mainte- nir le calme dans Paris, dont il fut aussi gouverneur. Outre les dons de l'esprit, la nature avait libéralement départi à Brissac d'autres qualités m3 ne sont jamais nuisibles , et qui ans un siècle galant et corrompu, étaient d'un effet assuré. Il était un des plus agréables cavaliers de France; et on l'appelait communément le beau Brissac. On dit même que l'intérêt tout particulier que lui portait Diane de Poitiers ne fut pas étranger à son avancement dans l'armée ; et il n'y aurait rien d'étonnant à ce que la voix d'une telle solliciteuse eût fait Digitized by Google
BRI FRANCE BRI 397 plus d'impression sur l'esprit de sur les galères de Malte en 1714 , se signala au siège de Corfou et dans Henri II que vingt actions d'éclat 2ui avaient marqué la carrière de différentes actions contre les Turcs. irissac, avant qu'il obtînt le bâton Créé mestre de camp à son retour en de maréchal. France, il fut élevé, en 1768 , à la di- gnité de maréchal de France, et mou- Arthus de Cossé , frère du précé- dent, fut aussi un capitaine distingué. rut en 1784. Il signala son courage et son dévoue- Son fils aîné , Louis-Joseph- Timo- ment au roi dans les diverses campa- léon , duc de Cossé , fut tué à la ba- taille de Rosbach , en 1757 , sans gnes de 1551 à 1567, et reçut de laisser de postérité. Charles IX le bâton de maréchal de France. Détenu pendant dix-sept mois Louis-Hercule- Timoléon de Cossé- à la Bastille par ordre de Catherine de Brissac pair et grand pannetier de , Médicis, sur le soupçon d'avoir pris France, gouverneur de Paris, capi- parti pour le duc d'Alençon, il re- taine-colonel des cent-suisses de la couvra sa liberté sous Henri III, et garde du roi et chevalier de ses or- mourut en 1582. dres, né le 14 février 1734, fut nommé, Timoléon de Cossé, dit le comte de en 1791 , commandant général de la Brissac , fils de Charles , avait déjà garde constitutionnelle du roi. Dé- mérité par sa valeur les plus hautes crété d'accusation , lors du licencie- distinctions militaires , lorsqu'il fut ment de ce corps, en 1792, il fut d'a- tué à vingt-cinq ou vingt-six ans , en bord transfère a Orléans, puis à 15G9, au siège de Mucidan en Péri- Versailles, où il fut massacré dans les gord. premiers jours de septembre, avec les Charles II de Cosse , son frère, autres prisonniers. servit en Piémont lors de la conquête Timoléon de Cossé- Brissac , de la faite par son père : il resta dans ce même famille que les précédents, fut pays jusqu'à l'évacuation en 1574. Il d'abord chambellan de Madame, mère avait été nommé grand fauconnier à de l'empereur puis préfet de Ma- , la mort du maréchal. Il s'embarqua rengo, en 1809, et duDoubs, en 1812. sur la flotte de Strozzi , dans l'expé- Il adhéra un des premiers à la dé- dition des Açores en 1582 , et ra- chéance de Napoléon , en 1814. Ap- mena les débris de la flotte après la pelé alors à la chambre des pairs, il , défaite. Il prit une part active dans n'en fit point partie pendant les cent la lutte du roi contre les Seize; puis jours, mais il fut réintégré à la se- il abandonna le parti royal, et ac- conde restauration. Depuis, il a cons- cepta de Mayenne le gouvernement du Poitou, de la Rochelle, etc. En 1594, tamment voté avec le parti de la cour et de l'ancien régime. il était gouverneur de Paris pour la BrassEAU (Pierre), médecin, né à ligue, avec le titre de maréchal , et ce Paris en 1631, mort à Douai en 1717, fui lui qui, l'année suivante, en remit a laissé plusieurs ouvrages, entre au- les clefs à Henri IV. Henri IV lui tres un Traité de la cataracte et du conserva ses titres et honneurs mili- gleucoma, Paris, 1709, in-12; traduit taires, et l'employa dans diverses af- en allemand , Berlin 1743, in-8°. Cet ? faires importantes. En 1611, il fut écrit, dans lequel il établit que le siège créé duc et pair , et montra quelque de la cataracte est dans le cristallin, talent diplomatique dans les circons- et que la faculté refusa d'approuver tances qui suivirent, et notamment à est de deux ans antérieur à celui l'assemblée des grands du royaume, d'Antoine Maître-Jean, auquel on rap- en 1617. 11 mourut en 1621, au siège porte cette découverte. de Saint-Jean-d'Angély. Bbisson (Barnabé), né en 1531 , se Jean-Paul- TimoléoTi de Cossé , né livra à l'étude de la jurisprudence, et en 1698 , soutint glorieusement le s'y distingua de bonne heure. Henri III nom de ses ancêtres. Il servit d'abord disait de lui « qu'il n'y avoit aucun Digitized by Google
398 BRI L'UNIVERS. BRI « prince de l'Europe qui pût se vanter ne l'écouta pas. Voyant qu'il fallait « d'avoir un homme aussi savant que mourir, il s'ecria : « ODieu, que tes « son Brisson. » Avocat général au jugements sont grands! » Il lui prit parlement de Paris en 1575, président une telle sueur entre les mains du a mortier en 1583, il fut bientôt après bourreau, qu'on vit l'eau dégoutter de nommé conseiller par Henri III , qui sa chemise comme si on l'eût trempée lui confia plusieurs négociations im- dans l'eau. Le lendemain , son corps portantes , et l'envoya en ambassade fut pendu à la Grève, avec un écriteau en Angleterre. A son retour , il fut portant : Barnabé Brisson chef des chargé de recueillir et mettre en or- , dre les ordonnances rendues sous le règne de Henri III , ainsi que celles hérétiques et des politiques. Le duc dfs prédécesseurs de ce prince. Ce re- de Mayenne vengea sa mort, et fit cueil , connu sous le nom de Code de pendre quatre des Seize qui l'avaient Henri III , fut achevé en trois mois et mérita à son éditeur de grands élo- ordonnée. ges. Brisson fut encore président de la commission établie sous le nom de Le président de Thou dit que quel- chambre royale , pour faire le procès aux partisans qui avaient tant contri- ues personnes furent touchées de la bué à ruiner la France. Lorsque plus tard par suite de la journée des Bar- S n malheureuse de Brisson, mais que , suivant quelques autres la république ricades (12 mai 1588), le roi sortit de des lettres y avait plus perduque l'État. Paris , et convoqua le parlement à Mezerai lui' reproche d avoir voulu na- Tours , Barnabé Brisson rut du nom- bre des membres qui ne voulurent pas ger entre deux partis.Toutefois si les obéir à l'édit qui transférait le parle- auteurs varient dans leur opinion sur ment, et restèrent à Paris. La ligue le sa conduite politique, tous conviennent nomma premier président à la place de ses talents et de sascience. En effet, d'Achille de Harlay , prisonnier à la il joignait au plus haut 'degré la Bastille. La conduite de Brisson en cette occasion a été diversement inter- connaissance du droit à celle des lit- prétée. On prétend qu'il protesta se- tératures anciennes et de l'histoire. crètement devant deux notaires, con- Aujourd'hui , son érudition nous pa- tre tout ce qu'il pourrait faire de pré- raît fréquemment indigeste, et incom- judiciable aux intérêts du roi, déclarant qu'il ne cédait qu'à la force , et pour plète en bien des points. Toutefois, sauver sa vie et celle de sa femme. son ouvrage De regio Persarum prin- On l'accusa , d'un autre côté , d'avoir cipatu est encore consulté avec fruit, contribué à la captivité d'Achille de ainsi que son Dictionnaire de droit Harlay, qui l'appelait Barrabas, au lieu de Barnabas ou Barnabé. Quoi romain. Quant à son traité De For- qu'il en soit , le parti qu'il avait em- mulas, etc., qui a eu pendant long- brassé le conduisit à sa perte. Il de- temps assez d'autorité dans la science, vint suspect aux Seize, qui résolurent de se débarrasser de lui , ainsi que de il est devenu bien défectueux, surtout deux autres magistrats , Larcher et Tardit Le 15 novembre 1591, en al- depuis la découverte des Institutes de lant au Palais, il fut arrêté à neuf heures du matin, confessé à dix, pendu Gaius. Déjà même de son temps, Cu- à onze , à une poutre de la chambre du conseil. Brisson avait demandé jas n'en jugeait pas très-favorable- Su'on lui laissât achever en prison un ment ; car il disait de Brisson : Duos e ses ouvrages, déjà fort avancé; on in/elicissimos edidit partus, Formu- las etjilium majorem, et il l'appelait ironiquement Prœsidem Formula- rium. Brisson (Barnabé) inspecteur di- , visionnaire des ponts et chaussées, né à Lyon, en 1777, a attaché son nom à un grand nombre d'œuvres utiles, mais s'est surtout distingué par ses travaux sur l'art d'exécuter les canaux de navigation. Attaché, en 1802 , sous la direction de M. Liard, au canal Monsieur, et deux ans après, sous celle de M. Payant, au canal de Digitized by Google
BRI FRANCE, BRI 399 Saint-Quentin, il s'occupa sur l'un et au tribunal de Blois, où il est mort en 1804. sur l'autre de ces canaux, des travaux Brisson (Mathurin -Jacques), na- du bief de partage, et déploya des turaliste, né à Fontenay- le -Comte, en 1723, mort en 1806. Il entra ressources peu communes. Devenu à l'Académie des sciences en 1759, et fut plus tard membre de l'Insti- ingénieur en chef, il prit , en 1809 , la tut. Parmi un grand nombre d'ouvra- ges que les progrès des sciences phy- direction de l'Escaut, qui faisait alors siques ont fait oublier depuis , on dis- tingue son Ornithologie, Paris, 1760, partie de la France. Dans l'espace de 6 vol. in-4\"; son tableau des Pesan- teurs spécifiques , 1787,in-4°. etc. quatre ans il exécuta avec succès des Brisson (Pierre) , fusilier a la 66e travaux immenses d'un genre nou- demi-brigade, né à Foudron (Marne), désarma plusieurs soldats mayençais veau , à l'aide desquels il parvint à à l'affaire d'Offenbach près Franc- maîtriser les efforts de l'Océan, et , dont le pays gardera le souvenir. La fort, le 21 messidor an vm. Ce brave, ville de Chalons lui doit la construc- après avoir combattu pendant toute la journée avec un courage héroïque, tion de son grand pont sur la Marne. fut mortellement frappe d'une balle M. Becquey, directeur général des au moment où \\ iction allait cesser. ponts et chaussées , pensa mie c'était Brisson ( Pierre - Raymond de ), au centre même de l'administration voyageur, né à Moissac , en 1745, en- tra dans l'administration de la ma- qu'il fallait placer un homme dont les rine , et remplit les fonctions de connaissances étaient si variées et si garde-magasin au Sénégal , après que l'escadre commandée par le marquis étendues. Il le chargea d'abord des de Vaudreuil se fut emparée de ce pays, en 1779. Ce qui a surtout fixé études d'un canal de Paris à Tours et l'attention sur lui , c'est le naufrage à Nantes puis il le nomma successi- qu'il fit, en 1785, sur la côte d'Afri- , que, et dont il a donné lui-même une vement professeur de construction à relation curieuse sous ce titre : His- l'école des ponts et chaussées, inspec- toire du naufrage et de la captivité de M. de Brisson, avec la description teur de cette école , et secrétaire du des déserts d'Afrique depuis le Sé- négal jusqu'à Maroc , Genève et Pa- conseil général d'administration. En ris, 1789, in-8°. 1824, M. Brisson fut élevé au grade Il revenait de la France , où il était d'inspecteur divisionnaire. Il fut en- allé passer quelque temps en congé k ; levé par une mort précoce , le 25 sep-* le navire qu'd montait , entraîné par tembre 1828 , au moment où peut- les torrents , fut jeté au rivage un peu au-dessus du cap Blanc. Les naufrages être l'Académie des science* allait tombèrent dans les mains des Maures Ledbessebas qui les emmenèrent en l'appeler dans son sein. En 1829, on , a publié : Essai d'un système géné- captivité , les accablèrent de mauvais ral de navigation intérieure de la traitements et se les partagèrent. France par B. Brisson précédé , , M. de Brisson eut particulièrement à souffrir : il fut chargé de garder les d'un Essai sur Vart de projeter les troupeaux, et emplove à toutes sortes de travaux ; son maître le louait quel- canaux à point de partage, par Siefois à d'autres pour une ration de Dupuis de Forcy et B. Brisson, 1 vol. Unit. juif qui passait lui ayant pro- in-4°; ces deux mémoires avaient été approuvés par l'Institut, le premier en 1827, et le second en 1802. Un des ouvrages qui lui font le plus d'hon- neur est son Essai sur l'art de pro- jeter les canaux de navigation. Brisson (Marcou) exerça d'abord Quelques fonctions municipales , et tut député en 1791, à l'Assemblée lé- gislative. En 1792 , il fut réélu à la Convention nationale , et son nom figure parmi ceux qui votèrent la mort de Louis XVI. La session terminée, Brisson obtînt la place de commis- saire du Directoire dans son départe- ment ; il occupa ensuite celle de juge Digitized by Google
400 BRI L'UNIVERS. BRI curé du papier , de l'encre et une venu, fes passions ne sont plus en pré* plume , il écrivit une lettre portant sence et ne se détient plus jusque suf cette adresse : Au consul de France ou à tout autre chrétien demeurant à Péchafaud ; il est possible maintenant Mogador, ville du royaume de Maroc; de rechercher, parmi les hommes qui il y exposait les malheurs des naufra- ont joué un rôle dans ces scènes san- gés et indiquait le moyen de les déli- vrer. Ce moyen ne lui réussit pas; glantes quels furent ceux qui com- mais il eut le bonheur d'être vendu , au beau-frère de son maître qui par- prirent le mieux les besoins et les tait pour le Maroc. Après soixante-six jours de marche, la petite caravane ressources de la France. Le parti gi- atteignit Mogador , où M. de Brisson rondin est un de ceux qui méritent fut accueilli comme un frère par MM. Duprat et Chabannes. De tous surtout d'être étudiés. Les girondins, ses compagnons de voyage un seul tous nés dans la classe bourgeoise, le cuisinier du navire, avait survécu furent , au commencement de la ré- aux tourments de l'esclavage et était revenu avec lui. . Après un voyage à volution , les plus audacieux réforma- teurs. Le parti populaire n'était pas Maroc, où il fut présenté à l'empereur, qui lui rendit la liberté , Brisson re- encore formé ; le peuple, dont on par- tourna à Mogador, s'j embarqua pour lait tant , ne comptait encore que Cadix, et de là regagna la France. comme force numérique. Les giron- Pendant la révolution, ses princi- pes le forcèrent de se démettre des dins furent donc les premiers adver- fonctions de sous-commissaire de ma- rine qu'il exerçait à Bayonne. Sorti du saires de l'aristocratie; ils se mêlèrent service en 1798, il mourut à Moissac, au peuple, dont ils ne connaissaient sa ville natale, vers 1820. pas l'énergie, et voulurent s'en servir Ce qui donne plus d'importance à son ouvrage , c'est qu'il a vécu dans comme d'un moyen révolutionnaire. des lieux et avec des hommes généra- lement peu connus. D'après une L'arme était à deux tranchants : elle carte de l'Afrique septentrionale dres- les tua en frappant la noblesse. Jus- sée par la Borde , et sur laquelle la qu'après les événements qui suivirent route de Brisson est marquée, on voit que ce voyageur fut conduit dans un le 10 août, on voit toujours les giron- canton éfoigné de soixante-dix my- riamètres au sud-est du cap Blanc , et dins à la tête des insurrections popu- situé sous le 13 e méridien a l'ouest de Paris. Il a dépeint avec de grands dé- laires ; sans cesse on les voit accuser tails les mœurs des Maures du Sahara, dont il est porté, par le souvenir de la royauté; ils parviennent enfin à la ses douleurs , à exagérer les vices, renverser, et aussitôt , comme stupé- mais qu'il a profondement étudiés. Plusieurs auteurs ont fait des em- faits de leur victoire, ils reculent et prunts au tableau qu'il en a tracé. n'osent point achever leur œuvre; ils —Bkissot ( Jacques - Pierre ). Le voulaient sincèrement la république, temps est venu de juger sans haine et sans crainte les partis qui ont tra- ils parv iennent à l'établir, et ensuite ils versé la révolution. Nous ne pouvons accepter , sans les reviser , les arrêt* n'osent pas vouloir les mesures qui peu- que chacun de ces partis a portés contre ses adversaires : le calme est vent seules la sauver; ils oublient leurs applaudissements frénétiques aux pre- mières vengeances populaires; ils rê- vent une république qui puisse assurer à ses enfants la liberté et l'égalité, et quand ils l'ont établie, ils ne savent pas la défendre contre les éternels ennemis de ces deux principes. Ef- frayés de l'audace de la Montagne, 3U1, pour arriver à son but, ne recule evant aucune mesure, ils voient par- tout des dictateurs , des agents de l'An- gleterre ; ils dénoncent sans preuves ils insultent sans ménagements; puis, entraînés par cette funeste pensée que Paris est un obstacle à leurs projets ils conçoivent un moyen de salut , qui est une\" flagrante trahison : ils veu- lent diviser en républiques fédérées la Digitized by Google ii
BEI FRANCE. BRI AOi France» qui ne peut avoir de force que Prévenu à temps, il se réfugia en An- gleterre, d'où il se retira ensuite aux Ijar l'unité. Après avoir reçu du peuple Etats-Unis. La révolution française e mandat de donner à la nation une le rappela en Europe. Il adressa alors à l'Assemblée constituante un plan de constitution républicaine et de lui as- conduite pour les députés du peuple, et publia un journal intitulé le Pa- surer la paix en la délivrant à tout triote français. Nommé bientôt après prix de la guerre civile après avoir ; l'un des membres du premier conseil municipal de Paris , il fut chargé par voté la peine de mort contre les émi- ce corps d'aller, après le 14 juillet, nés, ils n'hésitent pas à s'allier avec recevoir des mains des vainqueurs de la Bastille les clefs de cette prison Tes royalistes et les étrangers, à sou- d'État. Nommé à l'Assemblée legisla- lever plusieurs départements contre la tive par les électeurs de Paris , il y Convention. Voila les fautes des Gi- siégea à l'extrême gauche, et se fit re*- marquer parmi les plus ardents adver- rondins, disons-le , voilà leurs crimes; saires de la cour. Dans la question de l'émigration , il distingua ceux qui tout le talent dont ils firent preuve, désertaient le sol de la patrie pour aller grossir le nombre de ses ennemis ex- ne saurait les absoudre. térieurs, de ceux qui allaient chercher à l'étranger une existence paisible, Brissot fut l'un des chefs du parti que les ornges de la révolution leur girondin. Né à Ouarville, près de Char- faisaient craindre de ne pouvoir trou- tres, en 1764 , il embrassa d'abord la ver en France. Inflexible à l'égard des carrière du barreau; mais il l'aban- premiers , il réclama surtout des me- sures vigoureuses contre leurs chefs, donna bientôt pour la littérature. La « La constitution est achevée , s'écria- « t-il; nous avons tous juré de la théorie des lois criminelles, qu'il pu- « maintenir : les chefs des rebelles blia en 1780 , 2 vol. in-8°, le mit au « doivent donc aussi s'agenouiller de- « vant elle, ou ils doivent être à ja- rang des criminalistes les plus dis- « mais proscrits. Tout milieu serait « un parjure, toute mollesse un crime, tingués de l'époque. De 1782 à 1786, « car vous avez juré la constitution il lit paraître les 10 vol. de la Biblio- « ou la mort. » Et comme on lui avait thàque philosophique du législateur, opposé des considérations d'État dans du politique, au jurisconsulte, sur les lesquelles il ne voyait que des consi- dérations de famille , il ajouta : « Le lois criminelles. Il se rendit ensuite « roi d'un peuple libre n'a point de « famille , ou plutôt sa première fa- en Angleterre, où il publia de nou- « mille est le peuple entier. » Quant aux émigrants sans vues d'hostilité, Aveaux ouvrages. son retour en il leur reconnut le droit d'aller s'éta- France, le ministère, auquel son zèle blir dans le pays dont la constitution leur conviendrait le mieux. Son dis- infatigable pour la cause de l'huma- cours fut couvert d'acclamations pres- que unanimes, et quand il fut des- nité l'avait rendu odieux, lui attribua cendu de la tribune , une immense quelques pamphlets anonymes qui n'é- majorité en vota l'impression , et les mesures qui s'y trouvaient proposées taient pas de lui , et le fit enfermer à contre l'émigration armée furent en la Bastille. Rendu à la liberté quelque partie adoptées. Le 20 avril 1792, la tempsaprès,maissouslaconditionqu'il renoncerait à la publicationdeson./oMr- nal des lycées de Londres, il publia, en 1785 , à l'occasion des troubles de la Valachie , ses deux Lettres à /o- seph II, sur le droit d'émigration et sur le droit d'insurrection. Il fit en- suite paraître un livre intitulé : de la France et des États-Unis , ouate Cim- portance de la révolution de l'Amé- rique pour le bonheur de la France, 1 vol. in-8°, 1787. Ennemi irrécon- ciliable de toute aristocratie, il fut un des fondateurs de la Société des amis des noirs. Mais un nouveau pamphlet qu'on lui attribua encore, et dont Clavière fut depuis signalé comme le véritable auteur, fit alors lancer con- tre lui une seconde lettre de cachet, T. m. 26* Livra ison. (Dict. encyclop., etc.) 26 Digitized by Google
« 402 BRI L'UNIVERS. BRI Gironde, imprévoyante, exigea et ob- gne trouvera sa place ailleurs. (Voy. tint du roi une déclaration de guerre Convention, Giuondins, Monta- contre le roi de Hongrie et de Bohême. gnards, Trente et un mai [journée Brissot, persuadé qu'il était de l'inté- du]). Disons seulement que c'est sur- rêt et de la dignité de la France d'ap- tout à Brissot que s'attacha la haine po- peler solennellement sur les champs fjulairequi ne tarda pas à s'élever contre de bataille les ennemis secrets de sa es girondins , désignés alors sous le révolution , insista vivement sur ta nom de brissotins. Le 31 mai, trente- nécessité de cette mesure. Ce fut trois sections de Paris vinrentdemander ainsi que la Gironde lança la France, à l'Assemblée l'expulsion de vingt-deux malgré l'opposition des jacobins, dans députés, en tête desquels se trouvait une guerre qu'elle se montra si incapa- Brissot. Deux jours après , l'Assem- blée prononça contre ces députés un ble déterminer. Au mois de juillet sui- vant, il prononça, sur les dangers de la décret d'arrestation auquel Brissot se patrie, un discours qui ne fut pas ac- soumit d'abord. Cependant , il céda cueilli avec moins d'enthousiasme que ensuite aux conseils de l'amitié et celui qui était relatif à l'émigration. voulut se réfugier en Suisse; mais il Cependant, depuis les événements du fut arrêté à Moulins , et traduit en 20 juin, le mot de déchéance se trou- octobre devant le tribunal révolution- vait dans toutes les bouches; la ma- naire. La perspective de l'échafaud. jorité de l'Assemblée législative était n'altéra point son courage. Il se dé- convaincue que Louis XVI ne pouvait fendit avec calme et mourut avec cou- rage. La Convention accorda, en régner avec la constitution, et que la constitution ne pouvait subsister avec Tan iv, une pension de deux mille Louis XVI. Bnssot crut néanmoins livres à sa veuve. aue le moment n'était pas encore venu Brissot, par ses théories sur le fé- de faire descendre du trône constitu- déralisme des quarante-quatre mille tionnel un monarque qui le laissait municipalités, est le plus coupable des sourdement miner pour recouvrer un girondins : aussi le peuple ne se trompa jour sur ses ruines , le pouvoir ab- certes pas lorsqu'il appela brissotins , solu. L'opinion qu'il développa à ce la droite de la Convention. Les idées sujet dans la séance du 26 juillet pro- de Brissot y germaient : un moment voqua l'étonnement et l'exposa pour elles furent réalisées après le 2 juin. , , la première fois , aux murmures et à Nous avons décrit dans les Annales l'improbation des tribunes publiques; cette révolte impie des girondins, leurs toutefois il prit une part active aux alliances avec les royalistes et avec événements du 10 août et, après cette l'étranger, les trahisons des généraux journée, ce fut lui qui rédigea la dé- de leur parti '. à tous ces crimes poli- claration adressée par l'Assembfée tiques Brissot prit part comme conseil- aux puissances étrangères. Nommé ler et comme auteur; c'est donc sur député à la Convention par le dépar- lui que doit retomber la responsabilité tement d'Eure-et-Loir, yil fit, au des funestes suites qu'entraînèrent ses nom du comité de srtreté générale, doctrines et sa conduite politique. plusieurs rapports sur les dispositions des puissances étrangères à l'égard de Brissotins, nom que l'on donnait aux membres du parti dont Brissot la France, et ce fut sur ses conclu- était le chef. Ce parti fut renversé le sions que la guerre fut déclarée , le 31 mai 1793, par celui de la Montagne. er février 1793 , à l'Angleterre et au On donnait encore aux brissotins le 1 nom de faction des hommes d'État. stathouder de Hollande. Dans le pro- —Bbiteste (siège de). En 1622, le cès de Louis XVI, il vota pour le ren- duc de Vendôme, à la tête de sept mille hommes, vint assiéger cette pe- voi aux assemblées primaires. Il était alors l'un des chefs du parti de la Gi- tite bicoque située en Guyenne et dé- ronde. Le récit de la lutte qui s'éta- blit alors entre ce parti et la Monta- fendue seulement par cinq cents hom- Digitized by Google
BRI FRANCE. BRI] 405 mes. Us résistèrent néanmoins avec C'est dans cette ville que Gonde- tant de vigueur que le duc leva le siège baud, qui se disait fils de Clotaire, fut après avoir donné cinq assauts et perdu élevé sur le pavois et proclamé roi quinze cents hommes. d'Aquitaine, en 585. Elle dépendait Bbitomab, chef insubrien qui com- autrefois du Périgord , et en fut déta- chée sous Charles Y, à la prière du mandait le corps des Cisalpins, dans la pape, Grégoire XI, pour être réunie guerre que les Gaulois d'Italie décla* rèrent aux Romains, Tan 225 avant au Limousin. C'était avant la révolu- Jésus-Christ. Il prit part à la bataille tion le chef-lieu d'une élection, d'un de Fésule, où les Romains furent présidial et d'une sénéchaussée. Elle vaincus, et disparut à la journée de avait la prétention d'être la capitale du bas Limousin, et avait eu avec Télamon, par laquelle iEmilius vengea Tulle et Uzerche de longues discussions cette défaite. Son nom paraît signifier le grand Breton. En effet, mor en pour obtenir le siège de la sénéchaus- langue gallique, mawr en cambrien, sée. Brives possède maintenant des tribunaux de première instance et de voulait dire grand. commerce, un collège communal, un Bbival (Jean) était procureur gé- néral syndic du département de la petit séminaire et une petite biblio- thèque publique. Sa population est de Corrèze, lorsqu'il fut, en 1791, élu huit mille trente et un habitants. député de ce département à l'Assem- Le cardinal Dubois, le maréchal Brune et le directeur Treilhard sont blée législative. Il s'y montra l'un des plus zélés défenseurs du peuple, de- manda, en 1792, la conversion en ca- nés dans cette ville. Bbives (monnaiede).—-Brives, qui ne nons des statues de bronze des anciens portait, sous les Mérovingiens, que le rois de France, et dénonça ensuite les chevaliers du poignard, qui se ren- titre modeste de viens, jouissait ce- pendant du droit de battre monnaie; daient chez la reine pour y conspirer contre le peuple. Élu a la Convention, c'est ce qu'atteste un triens où l'on voit il vota la mort de Louis XVI, sans d'un côté, autour d'une effigie royale, ces mots bbivavico, et de l'autre le appel et sans sursis. Après le 31 mai, nom du monétaire chargéde la direction il se rendit à la commune de Paris, pour la féliciter de sa conduite dans de l'atelier établi dans cette ville, fal- cette révolution. Au mois d'août, il comonet, avec uue croix latine dans le champ. Comme en France, un assez fut chargé d'une mission dans le dé- grand nombre de localités ont porté le partement de l'Allier. Il fut un des nom de Briva , on pourrait peut-être douter de l'attribution que nous pro- moteurs de la journée du 9 thermidor; posons, si notre triens n'offrait une m,vota, en fructidor an le rappel en frappante analogie de style avec les tiers de sous d'or frappés à Limoges France de M. Talleyrand-Périgord, Saint-Trier de la Perche, Ambosac, et et, dans le même mois, devint mem- les autres villes du Limousin. On ne bre du Conseil des Anciens , où il parut connaît pas d'autre monnaie de cette rarement. Après le 18 brumaire, il devint juge de la cour d'appel de Li- —localité. moges , et en exerçait les fonctions en Bbixen (prise de). 1815, lors du second retour des Bour- bons ; atteint alors par la loi d'amnistie Lors de son du 16 janvier 1816, il fut forcé de expédition du Tyrol, en 1797, le gé- s'expatrier, et d'aller chercher un asile néral Joubert, après sa victoire sur sur la terre étrangère. Il se retira à les Autrichiens, près de Clausen, s'ap- procha de Brixen, ville intéressante Constance, où il est mort. Bbives-la-Gaillabjde, Briva cur- par sa population et ses richesses, et s'en empara à la suite d'une action on relia petite ville du bas Limousin, y le général Dumas se signala spéciale, ment par sa bravoure. On y trouva aujourd'hui chef-lieu d'arrondissement d'immenses magasins du département de la Corrèze, à vingt kilomètres de Tulle. 36. Digitized by Google
404 BEI L'UÏ S'ERS. BRO ; Brizard (Jean-Baptiste Brilard, taphe en vers composée par Ducis. dit), comédien célèbre, naquit à Or- Brizard (Gabriel), avocat au par- léans, le 7 avril 1721. Il étudia d'abord ment, né à Paris vers 1730, a publié la peinture sous Carie Vanloo; mais plusieurs ouvrages, dont les plus im- portants sont une Histoire généalogi- son goût le porta bientôt vers !e theà- que de la maison de Beaumont en tre. Après quelques débuts en province, Dauphiné, Paris, 1779, 2 vol. in-foh, il, fut admis au Théâtre-Français, où imprimés aux frais de M. de Beau- il ne tarda pas à être remarqué/ Malgré mont, archevêque de Paris; un Dis- cours historique sur le caractère et la sa jeunesse, c'était surtout dans les politique de Louis A7, Paris, 1790, in-8°, et une Dissertation sur la rôles de pères nobles et de rois qu'il Saint-Barthélémyy Paris, 1790, 2 part. se faisait applaudir. La dignité de son in-8°. Brizard est mort de chagrin et jeu, que relevait encore une belle tête de misère en 1793. couverte de cheveux blancs, le fit trouver excellent dans les rôles du Brocharo (Bonav.), cordelier, en- vieil Horace et du Henri IV de la treprit le voyage de la terre sainte en 1533, avec ureffin Arfagart, seigneur Partie de chasse. II avait remplacé au de Courteilles, chevalier du Saint-Sé- théâtre le fameux Sarrasin, dont il égala la réputation. Peu d'acteurs ont pulcre. Il écrivit en français la relation de ce voyage, dont le \"manuscrit est eu autant d'intelligence, de goût et de conservé dans la bibliothèque du roi. noblesse; mais il n'entraînait pas assez Brochard a été souvent confondu avec 6on public. Plusieurs contemporains Brocard, ou plutôt Burkardt, domi- l'ont accusé de manquer de chaleur et nicain né en Alsace, qui vécut dix ans de mouvement. La Harpe s'exprime au monastère du Mont-Sion, vers le sur lui, dans sa correspondance, avec milieu du treizième siècle, et laissa une sévérité qui s'explique par la mau- une relation fort curieuse de ses voya- vaise humeur que lui causait un des ges , dont une traduction en vieux fran- faux pas de sa muse tragique. La tra- gédie des Brames dont le principal Meçais a été publiée sous le ti tre de r des ? histoires, Paris, 1488, 2 vol. in-fol. rôle avait été rempli par Brizard ayant Brochard (l'abbé Michel), profes- , seur au collège Mazarin, mort vers échoué complètement, la Harpe s'en 1729, littérateur instruit et savant S rit à l'artiste d'un revers que , sans bibliographe, à qui l'on doit la Biblio- oute, il ne devait attribuer qu'à lui- theca Fayana. imprimée par Martin, même. La critique médisante préten- Paris, 1725, tn-8 , avec une bonne dait que Brizard devait moins ses table des auteurs. Il avait fait aussi le succès à son jeu qu'à l'effet produit catalogue de sa propre bibliothèque, par ses beaux cheveux blancs. Ils qui fut publié de même par Martin, avaient pris cette couleur avant l'âge, avec une table d'auteurs, sous le titre par suite d'un accident qui faillit lui être funeste. Dans un voyage sur le de Musœum selectum, Paris, 1725, Rhône, la barque qui le portait ayant chaviré, il resta suspendu à un anneau in-8°. de fer, sous une arche du pont, et la frayeur qu'il éprouva, en attendant du Brochet (Jean-Étienne), ancien secours , fut telle que sa tête blanchit à garde de la connétablie, juré au tri- l'instant même. Il se retira , le 1 ,r avril bunal révolutionnaire, et admirateur 1786, du Théâtre-Français, après y enthousiaste de Marat, dont il avait avoir joué pendant vingt-neuf ans. déposé le cœur dans un vase précieux Dans cet espace de temps, il avait créé pris au Garde-Meuble, fut arrêté après le 9 thermidor, et ne recouvra défini- plus de vingt rôles dans la tragédie, et tivement sa liberté qu'au 13 vendé- un grand nombre d'autres dans la co- miaire. Il établit alors une boutique médie et le drame. Il mourut à Paris d'épicerie. Mais à la suite de latteutat du 3 nivôse an ix , il fut compris dans en 1791. On voyait au musée des mo- numents français son tombeau, sur lequel on avait fait graver une épi- Digitized by Google
BRO FRA SCE. Bao 405 le sénatus-consulte de déportation , et doit dix livres de mélanges, Bâle, conduit à Oléron, puis à Cayenne, Oporin; 1555, # un Commentaire in-8 ; d'où il obtint, huit mois après, l'au- sur l'anthologie grecque imprimé à , torisation de rentrer en France, mais Bâle, en 1549, in-folio, sous le titre: à la condition de résider à quarante Epigramm. grœc. libri septem; des myriamètres de Paris. Il mourut à notes sur Martialy Leyde; et un Corn- Sens, en 1823, à l'âge de soixante et mentaire sur les tragédies d'Euripide, dix ans. Bâle, 1558. Brochure. Voyez Pamphlet. Julien Brodeau fut l'un des juris- Brocq (Dom Théodore Talon de), consultes les plus savants du dix-sep- religieux de l'abbaye de Saint-Arnould tième siècle. On a de lui des Notes sur de Metz , né à Chàlons-sur-Marne vers 1680, mort à Metz en 1762, a laissé les arrêts de Louet, qui ont été sou- un manuscrit auquel il avait consacré vent réimprimées; des Commentaires sur la coutume de Paris, 1658, 2 dix-neuf années de travail , sous le titre volumes in-folio; et une fie de Char- les Dumoulin, Paris, 1654, in-4°; ce de Recueil historique de ce qui est ar- savant jurisconsulte mourut à Paris rivé déplus remarquable dans la ville de Mets depuis le temps de Jules- en 1681. y Son fils, Pierre-Julien Brodeau, et Césarjusqu'à présent (1756), 2 tomes son petit-fils, Julien-Simon Brodeau, in-4°. Cet ouvrage, où l'on trouve beaucoup de détails curieux, faisait remplirent des fonctions importantes dans l'administration, et se distinguè- partie de la bibliothèque de M. Teis- sier, mort récemment préfet de l'Aude. rent aussi par leurs talents comme Brodeau, nom d'une famille ori- littérateurs. ginaire de Tours, et qui a produit un Brodequins ou bottes fauves. Nom §rand nombre d'hommes distingués d'une ancienne chaussure qui, du temps ans les lettres et dans la jurispru- de Villon, était uniquement réservée dence. Les membres les plus connus aux galants. « Une autre espèce de « brodequins était, dit le Duchat, une sont : Victor Brodeau, valet de cham- « sorte de chausses semelées, dont la bre et secrétaire de Marguerite de Na- « tige était d'une peau qui se retour- varre et de François Pr qui mourut « nait aussi facilement que le cuir d'un , « gant. » Froissart appelle brodequin une espèce particulière de cuir. (Voyez vers l'an 1540. Se's productions, assez Chaussure.) peu nombreuses, sont aujourd'hui ou- Brodequins. Nom de deux instru- bliées. Les principales sont un poème ments de torture, dont l'un était une chaussure de parchemin, avec laquelle en vers de dix syllabes , intitulé : on enveloppait la jambe du patient, Louanges de Jésus-Christ, Lyon, 1540, pour l'approcher ensuite du feu. Le in-8°; et une Épitre d'un pécheur à parchemin, se contractant alors, com- Notre-Seigneur, censurée en 1541 par primait douloureusement la peau. Le la faculté 'de théologie. Ces pièces ne sont pas absolument sans mérite. La versification en est assez facile, le style coulant et naïf ; les idées sont souvent second consistait en quatre petites ingénieuses. Par une confusion qui fait planches fortes et épaisses, que l'on plaçait autour de la jambe, et que honneur à Brodeau, on attribua son l'on serrait fortement avec des cordes, Huitain pour deux frères mineurs à des coins de fer ou de bois que l'on faisait ensuite entrer à coups ae mail- Clément Marot. Du reste, ce poète es- timait Brodeau, et il le cite dans ses œuvres avec éloge. Jean Brodeau, né en 1500 d'un let dans l'intervalle des planches, et valet de chambre de Louis XII qui comprimaient la jambe avec tant de force, qu'il suffisait ordinairement mort à Tours en 1563, fut lié avec de quelques minutes pour en briser les les plus célèbres érudits du seizième siècle, parmi lesquels il occupe lui- os. même un rang distingué. On lui Brodeurs (corporatioudes). —Vers v Digitized by Google
L'UNIVERS. la fin da treizième siècle, « venir les fraudes auxquelles pourrait des broudeurs et des brouderesses de donner lieu l'emploi de mauvaise soie la ville de Paris, especialement ou de mauvais or. Jehannette la Blanche, La communauté des brodeurs reçut Colin la Malice, encore, en 1648, une nouvelle orga- Jehanne la Béguine, nisation; les statuts qui leur furent Sédile la Tonnelière, donnés alors étaient encore en vigueur Marie la Soumetiere, à l'époque où les corporations furent Thiphaine la Pouvrière, abolies. L'apprentissage était alors de Marie la Menacière, six ans et le compagnonnage de trois Anice la Boitière, ans. Le brevet coûtait trente livres , et Douce la Courteronne, la maîtrise six cents livres. Jehanne la Pelée, BboglibouBboglio, nom donné, Ysabelot la Parcheminière, en 1742, à la baronnie de Ferrières, Olivette la Broudaresse des Ylles, érigée en duché héréditaire en faveur du maréchal François-Marie de Bro- glie. Voyez Febbiéres. —Bboglie (famille de). Les Bro- et Colin li Broudeeur qui demeure avecque madame Blanche (*) , » glie descendent d'une famille origi- se réunirent devant Guillaume de naire de Quiers en Piémont. Leur Hangest garde de la prévôté de Paris, nom primitif était Broglio , mot qui , veut dire intrigue en italien ; et ce afin d'arrêter les statuts de leur métier. n'est qu'après quelque temps qu'il fut Le règlement voté dans cette réunion, et promulgué ensuite par l'autorité, francisé, et devint ce qu'il est. ne contient aucune disposition bien François-Marie de Broglio est le remarquable. On y voit seulement premier dont l'histoire fasse mention- qu'il était interdit aux maîtres ou maî- II était page du prince Maurice de tresses d'avoir plus d'un apprenti à ia Savoie, et il se signala en 1639, comme fois; que le temps de l'apprentissage capitaine des gardes de ce prince, à la devait être de huit ans au moins; que prise de Chivas, de Quiers, de Trin, -les gens du métier ne pouvaient tra- de Montcallier, et au siège deConi, vailler le soir ni les dimanches et qu'il défendit pendant trois mois con- fêtes, etc... ; et que quatre jurés nom- tre les Français. Par lettre du duc de més et pouvant être révoqués par le Savoie, du 11 novembre 1643, il fut prévôt étaient chargés de faire ob- créé comte de Revel, ce qui ne l'em- server toutes ces dispositions. pêcha pas de quitter son pays peu de Les membres de cette corporation temps après pour venir s établir en , se réunirent de nouveau, en 1316, .France. François -Marie de Broglio chez le garde de la prévôté, pour y ar- s'attacha à la fortune du cardinal Ma- rêter un second règlement. Parmi les zarin, et entra dans l'armée française personnes présentes à la délibération, où il était déjà capitaine du régiment on remarque les suivantes : de cavalerie italienne , en 1647. Il se Marguerite aux Tresses, fit remarquer en plusieurs occasions, Jehanne la Courtillière, , par une Bravoure peu commune, et Pernelle la Gaye, par une souplesse de caractère oui lui {>ermit de tirer parti des troubles de MAaliz la oust ad i ère, a fronde. Les biens appartenant à Margot l'Enlumineresse, etc. plusieurs gentilshommes passés au Ce règlement, confirmatif du précé- service de l'Espagne ayant été confis- dent, ne contient de plus que quelques qués le comte de Broglio obtint, en , dispositions ayant pour Dut de pré- 1651 , une partie de leurs dépouilles. Il en fit usage pour lever un régiment {*) Livre des métiers, pag. 379 et suiv. de cavalerie étrangère qui porta son de l'édition Depping. nom. Il fut tué au siège de Valence Digitized by Google
BBO FRANCE. BRO 407 en juillet 1656. Il y avait alors six vité. Vers l'année 1724, le régent mois qu'il avait reçu des lettres de na- turalisation ; mais ce qu'il y a de bi- trouva dans les papiers de Louis XIV zarre , c'est que ces lettres ne furent enregistrées a la chambre des comp- une liste écrite de la main de ce prince, tes qu'environ un an après sa mort. Sa famille n'en continua pas moins à où le comte François-Marie de Bro- jouir des faveurs de la cour; elle compta trois maréchaux en peu de temps. 11 glie était désigné pur la première entrait alors dans la politique de la promotion de maréchaux ; il la lui royauté d'élever les tamilles étran- montra, et lui dit qu'il se conforme- gères aux dépens des maisons indigè- nes. Les Schomberg et les Rosen ne rait aux intentions du roi. Mais le furent pas moins bien traités que les comte refusa cette dignité, à laquelle, Broglie. suivant lui , son père , qui servait de- Victor- Maurice de Broglie, le pre- puis plus de cinquante ans , avait des mier qui devint maréchal de France, fut pourvu d'un régiment d'infante- droits supérieurs aux siens; et il ajouta rie anglaise dès l'âge de trois ans. Il qu'il quitterait le service plutôt que de servit sous Turenne , en Alsace , fut blessé au combat de Mulhausen , en lui causer ce déplaisir. Son père fut 1674, et passa ensuite dans l'armée du maréchal de Créqui. Il leva en 1674 nommé, et il n'obtint le même honneur un régiment d'infanterie, et en 1702 un de cavalerie, qui portèrent son que dix ans plus tard. Il montra dans la ' nom. Gouverneur du Languedoc, le comte de Broglie poursuivit avec Suerre d'Autriche une grande intrépi- cruauté les protestants qui s'étaient ité ; mais ayant fini par évacuer la révoltés dans les Gévennes. Il fut créé , maréchal de France , quoiqu'il ne comptât plus dans l'armée active de- Bavière sans ordre, il tomba en dis- puis quarante ans. Il mourut dans son château de Buhy , le 4 août 1727 , grâce, et fut exilé dans sa terre de trois ans après sa nomination. Broglie, située en Normandie, où il Le second maréchal de Bboglie (François-Marie) , né le 11 janvier mourut en 1745. Il fut le premier de 1671, était le troisième fils du précé- dent. C'est un des meilleurs militaires sa famille qui porta le titre de duc. qu'ait produits la famille. Il fit avec Victor-François de Bboglie, fils beaucoup de distinction presque tou- tes les campagnes du règne de Louis aîné du précédent , troisième maré- XIV , et figura encore avec gloire chal de ce nom, naquit en 1718. Il dans - la guerre pour la succession servit d'abord dans l'armée de la haute Alsace, commandée par le ma- d'Autriche. Nommé ambassadeur à réchal de Coigny puis il passa à l'ar- Londres en 1724, il y fit conclure, en- ; tre la France, l'Angleterre et la Prusse, un traité qui déconcerta les desseins mée du Rhin , et se fit remarquer à hostiles de l'Espagne et de l'Autriche la bataille de Haguenau et au siège de à l'égard de la France. Il fut créé ma- Fribourg. En 1757, il assista, sous les réchal de France en 1734. On cite à ordres du maréchal d'Estrées , au ce su jet un trait qui honore son cœur, combat de Hastembeck , s'empara de et qui explique comment son père fut MindenetdeRetheim, et rejoignit en promu au grade de maréchal de Saxe le maréchal de Soubise. Après la France, après une si longue inacti- funeste bataille de Rosbach , il re- tourna dans le Hanovre, et prit Brème en 1758. Un un après, attaqué par le duc Ferdinand de Brunswick , dans le camp qu'il avait établi à Bergen, il se défendit si courageusement, que l'em- pereur lui conféra le titre de prince de l'empire. En récompense de tant de services éclatants, il fut créé maréchil de France, le 16 décembre 1759, n'ayant encore que quarante -deux ans. C'était un militaire fort distin- gué. Le général Jomini, autorité res- pectable en pareille matière , le re- garde comme le seul général français qui se soit montré constamment ha- bile dans la guerre de sept ans. Mais son caractère ne fut pas toujours à Digitized by Google
408 Bro L'UNIVERS. l'abri du reproche comme son talent. glie , frère du précédent, né le 20 août 1719, lit quelques campagnes de A la bataille de Minden (1759) , ayant la guerre de sept ans , mais se distin- reçu l'ordre d'attaquer en flanc l'en- gua comme diplomate plutôt que nemi qui avait enfoncé le centre de comme militaire. En 1752, il fut , nommé ambassadeur de France auprès l'armée française, il n'obéit pas, et compromit lé sort des troupes qu'il commandait. Pressé de rendre compte de l'électeur de Saxe, roi de Pologne. de sa désobéissance , il ne put jamais De Varsovie, il correspondait directe- s'expliquer. Cependant ce fut après ment avec Louis XV, qui lui accor- ce revers qu'il devint maréchal de dait une confiance particulière et qui France. Il rut encore battu avec le lui avait délégué les plus grands pou- maréchal de Soubise peu de temps voirs. Prévoyant déjà la catastrophe , après , à Filinghausen , où l'armée dont était menacée la nationalité po- française était plus forte d'un tiers lonaise, il mit en œuvre toutes les que celle du duc de Brunswick. Bro- ressources de son habileté pour con- glie et Soubise s'accusèrent mutuelle- jurer ce malheur. La maison de Saxe, ment de ce désastre ; mais cette fois menacée par les Russes, ne deman- le duc de Broglie fut exilé dans ses dait qu'à s'appuyer sur la France; terres. En 1764, il fut rappelé, et in- elle se montra donc très-sensible aux vesti du commandement de la pro- égards du comte de Broglie, dont l'in- vince des Trois - Évêchés ; puis, en fluence devint très-grande à Varsovie. 1789, il fut chargé du commandement Les faveurs et les emplois furent , à de l'armée que Louis XVI voulait réu- la recommandation de cet ambassa- nir entre Versailles et Paris pour com- deur, donnés aux amis de la républi- Çrimer le mouvement révolutionnaire, que. Toute la noblesse, tous les hom- mes de cœur et de talent se réunirent but le monde savait que c'était lui qui avait engagé Louis XVI à em- autour de lui. Trois ans lui avaient ployer des mesures violentes ; aussi suffi pour apaiser les troubles inté- devint-il tellement odieux, qu'il ne put rieurs, rendre l'espoir aux patriotes rester que quatre jours ministre de la et créer un parti nombreux à la Suerre. Il s'enfuit de Paris, faillit France ; mais le cabinet français ne tre égorgé à Verdun ; Metz lui faisant rien pour soutenir son ambas- ferma ses portes , et il se réfugia à sadeur, et semblant même s'appli- Luxembourg. De violentes accusa- quer à détruire ce qu'il avait fait de tions furent alors portées contre lui à bon , M. de Broglie perdit peu à peu l'Assemblée nationale , où son fils son crédit, et finit par être rappelé. Victor essaya de le défendre; mais le C'est alors qu'il alla servir en Alle- maréchal écrivit de Trêves une lettre magne, dans le corps de réserve placé dans laquelle il démentait son fils, et sous les ordres de son frère. Après adressait à l'Assemblée des paroles in- plusieurs actions d'éclat, il obtint le sultantes. En 1792, il commanda l'ar- grade de lieutenant général en 1760., mée des princes, leva en 1794, pour Il se distingua surtout, en 1761, par le compte de l'Angleterre, un corps, Ala défense de Cassel. la fin de la qui fut licencié en 1796 , et passa , en XVguerre , Louis lui confia la direc- 1797 , au service de la Russie. Il est mort doyen des maréchaux de France tion du ministère secret qui était , chargé de correspondre directement à Munster, en Westphalie, en 1804, à avec le roi , de lui proposer des plans, l'%e de quatre-vingt-six ans. On a in- et de lui fournir des renseignements séré une relation de ses campagnes sur la situation de l'Europe. Dans d'Allemagne, tirée de ses propres pa- cette position , d'autant plus difficile piers, dans les mémoires historiques XVque Louis avait moins de carac- sur la guerre de sept ans, par M. de tère le comte de Broglie , naturelle- , Bourcet, Paris, 1792, 3 vol. in-8°. ment entier , ne tarda pas à se brouil- Charles-François, comte de Bj\\o- ler avec le conseil des ministres, aux Digitized by Google
BRO FRANCE BRO 409 ordres desquels il opposait quelque- damné par contumace à la déportation, fois des instructions entièrement con- traires , et il finit par être envoyé en par la cour d'assises de Bruxelles , il exil. Rappelé ensuite , il contribua se retira en France , et mourut à Pa- puissamment à la disgrâce du duc de ris en 1821. Cboiseul , sans doute par animosité personnelle plutôt que par dissenti- Claude- f'ictor, prince de Broglie, ment politique. Exilé de nouveau fils du troisième maréchal de ce nom, , fut député de la noblesse de Colmar et Mquelque temps avant la mort de Louis , il mourut en 1781, dans l'oubli, de Schelestadt aux états généraux de après avoir dirigé la correspondance 1789. Loin de partager les erreurs pa- secrète pendant dix-sept années. ternelles, il approuva les principes de Un Polonais, M. Kurzweil, a édité la révolution, se réunit au tiers état récemment, sur Yétat de la république de Pologne, un manuscrit curieux qui et vota presque toujours avec le côté paraît avoir été composé par Charles- François de Broglie, pendant son sé- gauche. Il avait, avant la révolution, jour en Pologne. Nul ouvrage, même déjà combattu pour la liberté dans la en Pologne, dit l'éditeur, ne présente guerre d'Amérique. Il émut l'Assem- la bizarre organisation de la républi- blée par la manière dont il défendit la que polonaise avec la même clarté de conduite de son père, mais sa piété méthode , alliée à l'observation atten- tive des détails les plus minutieux. filiale ne le mit pas à l'abri d'un dé- Maurice-J. Mad. de Broglie, évê- menti de la part du maréchal, qui crut quede Gand, frère du maréchal Victor- François, naquit en 1766. llémigraen s'honorer en avouant des faits que son Pologne pendant la révolution. A son retour en France, en 1803, il fut nommé fils regardait comme déshonorants. F.n aumônier de l'empereur, et, en 1805, 1791, Claude-Victor de Broglie fut évéque d'Acqui en Piémont. A cette nommé maréchal de camp à formée du époque, il épuisa dans ses mandements les formules de la plus pompeuse adu- Rhin; mais son refus de prêter le ser- lation envers le vainqueur d'Auster- ment exigé après le 10 août, l'éloigna litz. Mais son langage et sa conduite changèrent étrangement lorsqu'il fut des affaires. Destitué de son grade par , les commissaires de l'Assemblée légis- devenu évéque de Gand. Alors on le lative, il voulut cependant encore com- vit refuser des mains de l'empereur la décoration de la Légion d'honneur, battre l'étranger et demanda du service et manifester une opposition constante comme simple volontaire. Le 11 mars dans le concile national de 1811. Le lendemain de la dissolution de cette 1793 , il vint à la tête de la section des assemblée, le prélat fut enfermé à Invalides haranguer la Convention; Vincennes, puis exilé à Beaune, et en- fin rélégué dans l'île de Ste-Margue- mais rien ne put faire oublier l'atta- rite, sur les côtes de la Provence. Après la chute de Napoléon , M. de chement excessif qu'il avait manifesté Broglie rentra dans son diocèse , au- quel il avait été deux fois obligé de pour le roi. Obligé de prendre la fuite, renoncer. Là encore, son zèle, peut- être outré, pour la défense de la reli- il fut arrêté dans le département de la gion, ses luttes déplorables avec le pou- voir, son refus de prières pour le roi Saône, traduit devant le tribunal ré- Guillaume, lui attirèrent bien des tra- volutionnaire, condamné à mort et verses et des persécutions. Enfin, con- exécuté le 27 juin 1794. Achille- Charles-Léonce- Victor, d uc de Broglie, fils du précédent , né en 1785, n'avait que neuf ans lorsqu'il erdit son père ; mais 11 eut le bon- II eur, par suite du mariage de sa mère, Sophie de Rosen , avec M. Voyer d'Ar- genson, de trouver dans ce personnage le protecteur le plus dévoué. M. de Broglie dut sa fortune et son éduca* tion à son beau-père qui réussit à lui , conserver la belle terre de Broglie, lui fit obtenir une mission en IUyrie, et le mit en rapport avec M. de Narbonne, ambassadeur à Vienne. S'étant lié avec M. de Talleyrand, M. de Broglie fut Digitized by Google
410 BBO L'UNIVERS. BRO porté par ce nouveau patron à la cham- chef de l'État. » La chambre n'ayant bre des pairs en 1814. Dans les cent pas goûté ce genre d'argument, M. jours, il fut nommé ofGcier supérieur de Broglie sortit alors du ministère de la garde nationale parisienne, et pour la seconde fois. épousa la fille de madame de Staël. Depuis 1836, M. de Broglie s'est Ce ne fut qu'après la seconde restau- tenu à l'écart de toute combinaison ration qu'il prit le titre de duc, qui n'a- politique ; mais il n'a pas entièrement Avait plus été porté depuis le maréchal. cessé de s'occuper des affaires de l'É- cette époque commença véritablement pour lui la carrière politique, à la- tat. Il a gardé, pendant la coalition, quelle il s'était prépare par des études une position indépendante plutôt que consciencieuses.Son premier vote est un des traits qui honorent le plus son ca- neutre puisqu'il s'est montré tout à , ractère. La veille du jour où eut lieu l'inique condamnation du maréchal Ney fait contraire à la politique réaction- à la chambre des pairs, M. de Bro- naire du ministère Molé. M. de Broglie glie, parvenu à sa trentième année, revendiqua son droit délibératif, et est l'une des têtes influentes de l'école vota pour un acquittement pur et simple après avoir fait de nobles ef- doctrinaire, dont les principes cepen- , dant paraissent lui inspirer de jour en forts pour sauver la victime. Pen- jour une foi moins vive. Il a longtemps dant toute la restauration, il se montra le constant adversaire des mesures désiré, et peut-être désire-t-il encore, réactionnaires , éleva souvent la voix le gouvernement exclusif de la bour- en faveur de la liberté individuelle et de la liberté de la presse, et fut un des geoisie, se constituant de plus en plus plus ardents défenseurs de l'émancipa- tion des noirs, qui ne cessa jamais de sous une forme aristocratique. Quelles le préoccuper. que puissent être ses erreurs à cet Avec de pareils principes, M. de Bro- égard, on ne peut lui refuser ni une glie, d'ailleurs affilié à la société Aide- toi % le ciel t'aidera, ne pouvait man- éloquence grave et persuasive, ni plu- quer de jouer un rôle important après la révolutionde juillet. Il devint en effet sieurs des qualités qui constituent président du conseil des ministres le 1 a mit 1830. Dès lors il cessa de marcher l'homme politique. avec le parti libéral, et manifesta même des dispositions plus que stationuaires, Bboissiâ , ancienne seigneurie de qui le contraignirent à donner sa dé- Franche-Comté (aujourd'hui départe- mission le 2 novembre suivant. Rap- pelé aux affaires le 1 1 octobre 1832, il ment du Jura), érigée en marquisat prit le portefeuille des affaires exté- en 1691, en faveur de J.-CI.-Jos. Frois- rieures, et le garda jusqu'au 4 avril 1834. Sous son ministère, les cham- sard de Broissia. Un comté du même nom fut formé, en 1739, des deux sei- bres votèrent le traité relatif à l'em- prunt grec; il appuya aussi de son gneuries de Ville et de Noidans, en éloquence la demande des États-Unis faveur d'un autre membre de la famille qui réclamaient vingt-cinq millions. 11 prétendit à cette occasion « qu'un Froissard de Broissia. traité peut bien entraîner la res- Bbon ( André- François , baron ) maréchal de camp, commandeur de la ponsabilité des ministres signataires, Légion d'honneur, né à Vienne (Isère), mais qu'en droit public, il est devenu engagement national, et doit être exé- en 1758 , s'enrôla à dix-neuf ans, fran- cutoire des qu'il a reçu la sanction du chit tous les grades inférieurs, et fut nommé adjudant en 1789. Il fît les campagnes de 1791, 1792 et 1793, se distingua dans toutes, et fut nommé capitaine dans la dernière. On cite de lui surtout une charge brillante qu'il exécuta, le 24 juillet 1793 , à la tête de cent dragons du 18e régiment, et dans laquelle il culbuta l'état-major espa- gnol , mit en déroute un régiment de cavalerie, et fit prisonnier un régiment d'infanterie, sans être arrêté un ins- tant par ses blessures. Passé à l'armée d'Italie, il servit avec distinction dans les immortelles campagnes de l'an iv Digitized by Google
FRANCE. BEO 411 et de l'an v. Entre autres actions d'é- Brongni abt (Alexandre), fils d'A- clat, il prit à Storo, sur les bords du lexandre-Théodore, naquit a Paris, le 5 lac d'Iséo , avec un escadron de chas- février 1770. Destiné à la carrière des seurs, huit pièces de canon et deux arts, il se livra, par goût , à l'étude des bataillons autrichiens. Il déploya la sciences naturelles, et s'y distingua même valeur en Égypte, où il avait bientôt.Nommé,en 1794, ingénieur des suivi le général Bonaparte; à l'affaire mines, il est parvenu récemment, par du 22 ventôse, il soutint avec succès, son rang d'ancienneté, au grade d'ingé- contre les Anglais , la retraite de l'in- nieur en chefde première classé. A ppelé, fanterie et de l'artillerie, et eut un en 1796, à la chaire d'histoire naturelle cheval blessé et un autre tué sous lui. de l'école centrale des quatre nations, De retour en France, Bron, devenu il devint, en 1800, directeur de la ma- Îénéral, fut de nouveau employé en nufacture de porcelaine de Sèvres ; fut élu, en 1815, membre de l'Institut talie. Il fit les campagnes de Prusse en 1807, d'Autriche en 1809, et d'Es- (Académie des sciences) , et succéda pagne en 1810 et 1811. Il mérita et en 1822, dans la chaire de minéralo- obtint le titre de baron à la bataille gie du muséum d'histoire naturelle, au Ad'Albuféra. l'affaire d'Arroyo-Mo- célèbre Haùy, qu'il remplaçait déjà linos, qui eut lieu le 29 octobre 1811, depuis longtemps à la faculté des scien- il avait repoussé, à la téte de la com- ces. Les travaux de M. Brongniart ont pagnie d'élite du 20e régiment de dra- puissamment contribué aux progrès gons, !es hussards hanovriens, et fa- qu'ont faits, dans ces derniers temps, cilité ainsi la retraite de l'infanterie les sciences physiques et naturelles. du général Girard attaquée par des Nous regrettons de ne pouvoir men- , forces très-supérieures, lorsqu'il fut tionner ici tous ceux qu'il a publiés. culbuté , blesse, fait prisonnier et con- Les principaux sont : Traité élémen- duit en Angleterre, où il resta jusqu'en taire de minéralogie, avec des appli- 1814. Kn 1815, il fut mis à la retraite, cations aux arts, Paris, 1807, 2 vo- et cessa , depuis cette époque , d'être lumes in-8°; Description géologique en évidence. des environs de Paris, par MM. Cu- Bbongniàbt (Adolphe-Théodore), vier et Brongniart, Pans, in-4<>, 1822; fils de M. Alexandre Brongniart, pro- Histoire naturelle des crustacés fos- fesseur au muséum d'histoire natu- siles sous les rapports zoologiques et relle , l'un de nos plus savants bo- géologiques, savoir : les Trilobites, tanistes , est auteur des ouvrages par M. Al. Brongniart; les Crustacés suivants : Essai dune classification proprement dits, par M. Desmarest, naturelle des champignons Paris, Paris, in-4°, 1822; Mémoire sur les , 1825; louage autour du monde de terrains de sédiment supérieur cal- lafrégate la Coquille : Botanique, pha- caire trappéen du Vicentin, et sur nèrogamie; Prodrome dune histoire quelques terrains d'Italie, de France, des végétaux fossiles, 1828, 1 v. in-8°; a Allemagne etc., qui peuvent se , Histoire des végétauxfossiles, ou Re- rapporter à la même époque, Paris, cherches botaniques et géologiques sur in-4°, 1823; Classification et carac- les végétaux renfermés dans les diver- tères minéralogiques des roches ho- ses couchas du globe , 2 vol. in-4°. M. mogènes et hétérogènes, Paris, in-8\", Brongniart a en outre publié dans les 1827; Tableau des terrains qui com- Mémoires de l'Académie des sciences posent Vécorce du globe, ou Essai dans les Annales du muséum, et dans sur la structure de la partie connue plusieurs autres recueils scientifiques, de la terre, 1 volume in-8°, avec ta- un grand nombre de mémoires extrê- bleaux. M. Brongniart à en outre publié, mement importants sur les différentes dans les Annales du muséum, dans le parties de l'histoire naturelle. Il est Journal des mines, dans les Annales depuis 1834, membre de l'Institut de l'industrie, dans celles des Scien- (Académie des sciences). ces naturelles et dans beaucoup d'au- Digitized by Google
412 bro vvm ERS. BRO très recueils , des mémoires du plus tième siècle, en s'étendant sur l'archi- haut intérêt, parmi lesquels nous de- vons citer son Mémoire sur la pein- tecture comme sur tous les arts, n'eut ture sur verre et sur son introduction dans la manufacture de porcelaine de pas néanmoins pour elle des consé- Sèvres {Annales de l'industrie, 1828, quences aussi fâcheuses que pour les tome II, pag. 8), et son article sur autres arts du dessin. Les monuments Y Art des poteries (300 pages avec ta- de ce temps, sans avoir le caractère ble et planches , dans le Dictionnaire de grandeur que présentent ceux du technologique de Thomine). Cet ar- siècle de Louis XIV, ont, sur ces der- ticle , ou plutôt cet ouvrage, traite de toutes les parties de 1 art céra- niers, l'avantage d'offrir plus d'élégance mique. Nous savons que M. Bron- gniart prépare, sur cet art, un grand et souvent même plus de pureté. Enfin, ouvrage espérons qu'il ne laissera la magnificence qui , au dix-septième ; siècle , n'avait pu appartenir qu'au grand roi, ayant fait place au luxe qui {>as trop longtemps attendre au pu- >lic une production que ses connais- s'étendait à plus de membres de la so- sances spéciales doivent rendre si im- ciété, l'architecture prit un plus large développement, et si les monuments portante. eurent moins de grandeur, on en cons- Il nous reste maintenant à dire ce truisit un plus grand nombre, et les que, pendant une administration de architectes eurent des occasions plus quarante ans, M. Brongniart a fait pour fréquentes de déployer leurs talents. la manufacture de Sèvres : il a rétabli dans son ancienne splendeur un éta- D'ailleurs, dans la seconde moitié du blissement qui était en ruine, et dont dix- huitième siècle, on étudia avec les produits actuels rivalisent avec ce beaucoup de zèle les monuments que le vieux Sèvres et les manufactures de l'antiquité grecque, et bien que étrangères peuvent offrir de plus beau. ces monuments ne soient pas , comme (Voyez Sèvres (manufacture de), et on le pensait alors, les types abso- Porcelaine.) Il a , et c'est là un de lus et exclusifs du beau, leur pureté ses plus beaux titres, fondé le musée dut exercer une heureuse influence céramique, présentant une collection sur les idées des artistes de cette épo- complète, aussi intéressante pour l'in- que. (Voyez Soufflot Boullée, dustrie que pour la science, ae tout ce qui a constitué l'art du potier dans , tous les pays, dans tous les temps et daus tous les genres. (Voyez Céra- etc.) mique. ) Il a établi un atelier de pein- ture sur verre, et, par la produc- Théodore Brongniart avait été des- tion d'un assez grand nombre d'admi- tiné par son père (*) à la carrière de rables verrières, il a puissamment con- la médecine; il acquit, dans une édu- tribué à la renaissance d'un art qui cation conforme à ce dessein, un grand depuis plu3 d'un siècle n'était plus cul- nombre de connaissances qui man- tivé chez nous. (Voy. Verre (peinture quent à la plupart des architectes , et sur). Enfin, en 1839, il a fait faire quel- qui leur seraient cependant d'un grand 3ues essais de peinture sur émail, qui secours. Il étudia ensuite l'architecture onnent l'espoir de voir bientôt pros- à l'école de Boullée; et , sous la direc- pérer de nouveau cet art si utile, dans tion d'un aussi bon maître , il put dé- le pays où il a pris naissance. (Voyez velopper toutes les heureuses qualités de son esprit. Les premiers édifices Émail (peinture sur.) qu'il construisit, prouvèrent la sim- Brongniart ( Alexandre -Théo- plicité et la pureté de son gout. Parmi dore ), architecte , naquit à Paris le 15 eux nous citerons : le petit palais du février 1739. (*) Pharmacien , et non pas professeur de L'influence des mœurs du dix-hui- chimie au muséum , comme le disent toutes les biographies. C'est Autoine Louis Bron- gniart , frère d'Alexandre-Théodore qui a , été administrateur et ensuite professeur de chimie appliquée aux arts au jardin du roi, où il a été remplacé par Yauquelin. Digitized by Google
BRO FRANCE. BRO 413 duc d'Orléans à la Chaussée-d'Antin ; Pavait conçu devait être un édifice pé- Yhûiel Monaco, rue Saint-Dominique; Yhôtel de Sainte- Foy t rue Basse-du- riptère d'ordre ionique. Du côté de la Rempart, aujourd'hui remanié, mais alors l'un des plus jolis morceaux d'ar- place, au lieu des fenêtres du premier chitecture de la capitale ; les bains étage, que l'on voitaujourd'hui, un bas- antiques du baron de Besenval ; le relief, dont le modèle avait été composé palais de mademoiselle de Coudé , par Chaudet , devait représenter 1 his- rue Monsieur, etc. En 1781, il fut toire et les attributs du commerce (*). chargé , de construire un couvent Plus tard on voulut placer le tribunal de capucins à la Chaussée-d'Antin, et remplaça le cloître à arcades ogiva- de commerce dans le même bâtiment, les par un péristyle d'ordre dori- que. Cette substitution de l'architec- ce qui força l'architecte à donner plus ture grecque à l'architecture gothique, d'élévation au monument. Brongniart contre laquelle nous nous sommes si fut donc obligé de faire un premier souvent prononcés, se trouvait ici justifiée par la prétention des pères étage , et comme les bases des colon- capucins, qui se vantaient d'avoir con- servé le . costume des philosophes du nes étaientdéjà en place, il dut adopter Portique, et qui purent ainsi seprome- un ordre qui eut plus de hauteur avec nér sous un portique semblable à celui les mêmes distances pour l'entre-colon- d'Athènes. Cette même année, l'acadé- nement. L'édifice a été achevé sur ce mie d'architecture admit Brongniart au dernier plan, et M. Labarre, qui l'a nombre de ses membres. Il bâtit la salle terminé, a suivi entièrement les des- du théâtre Louvois en 1701 (*). Lors- sins de Brongniart , sauf quelques que iNapoléon eut décidé la construc- changements dans les distributions in- tion d'une bourse à Paris, Brongniart térieures. Le parc de Maunertuis est aussi l'une des œuvres les plus remar- présenta son plan comme tous lés au- quables de Brongniart : ce fut la der- tres architectes. On dit que INapoléon, nière; il mourut le 6 juin 1813, sans avoir vu achever le monument auquel frappé de la majesté de son projet, le lit appeler et lui dit : « M. Brongniart, il avait attaché son nom et sans avoir A« voilà de belles lignes ! l'exécution! appartenu à l'Institut. « mettez les ouvriers! >» « La première Brossard ( Sébastien de) , maître pensée de M. Brongniart, dit M. Ar- de musique de la cathédrale de Stras- taud (**) , ne réunissait pas dans la bourg, ensuite de celle de Meaux, et chanoine de cette église , mort en même enceinte la bourse et le tribu- 1730, âgé de plus de soixante-dix ans, nal de commerce. Ce fut celui qui a été un des plus savants musiciens avait admiré de près les Pyramides, et de France sous le rapport de la théo- qui ouvrit si majestueusement le mont rie et de la pratique. Son Dictionnaire Cenis et le Simplon, ce fut Napoléon de musique, deuxième édition , 1705, qui corrigea de sa main le plan primi- 1 vol. in-8°, a fourni à celui de J. J. tif. Nous l'avons en ce moment sous Rousseau un très-grand nombre d'ar- ticles. Brossard avait rassemblé une les yeux : de larges lignes noires, jetées nombreuse bibliothèque de musique brusquement, indiquent l'intention du qu'il donna à Louis XIV. maître qui n'a pas de temps à perdre, la force de sa volonté et son amour du Brosse ( Jean de ) , connu sous le grand et du sublime. » M. Brongniart nom de maréchal de Boussac , né refit son plan. Le monument tel qu'il vers 1375 , fut un de ces vils et or- gueilleux courtisans qui dominèrent (*) Cette salle a été démolie en i8î5. si longtemps l'esprit au faible et in- (**) Histoire d'Italie , de l'Univers pitto- (*) M. Alexandre Bronijniart possède en- core le modèle en plâtre du premier projet resque. de son père , et celui du bas-relief de Chau- det. On ne peut voir ces monuments sans déplorer les modifications faites au premier plan de l'architecte.
414 B»0 L'UNIVERS dolent Charles VII. Ce fut lui qui , d'infirmier avec une humanité rare, avec la reine Yolande de Sicile, pressa le connétable de Richemont de tuer On a de lui, entre autres ouvrages : le Camus de Beauheu, favori du roi. Les Tombeaux et Mausolées des rois Ce fut lui qui choisit les deux meur- triers. Dans la suite cependant il ren- inhumés dans l'église Saint- Denys, dit au roi des services plus honorables, depuis le roi Dagobert jusqu'à Louis Il se signala en plusieurs occasions XIII , arec un abrégé des choses les plus notables arrivées pendant leur contre lés Anglais , auxquels il fit le- ver les sièges de Compiègne et de La- règne, en vers, Paris, 1656, in-8°. Dom Brosse avait composé une Vie des saints de l'ordre de Saint-Benoît, —Grosse (Jacques de). On ne con- sa modestie Pempêcha de publier ce naît ni la date de la naissance de cet travail. Son manuscrit se trouvait architecte , ni le nom de son maître, à l'abbaye de Saint - Germain des Son premier ouvrage fut le palais du Prés. Luxembourg, construit de 1615 à Brosses (Charles de) naquit à Di- 1620. On a dit que Marie de Médicis jon en 1709, et fut le camarade d'en- avait fait examiner par les plus célè- fance de celui qui devait plus tard Debres architectes italiens les plans de immortaliser le nom de Buffon. ce palais, qu'elle avait fait dresser sur Brosses entra de bonne heure dans la le modèle du palais Pitti. Cependant magistrature; il s'y distingua par son le Luxembourg est très-inférieur au zèle infatigable , surtout lorsqu'il monument florentin; il n'a pas son exerça les pénibles fonctions de pre- aspect imposant; l'emploi malhabile mier président au parlement de Bour- de l'ordre toscan , dans un bâtiment gogne. Toutefois, ce n'était point as- aussi considérable, et l'abus des bos- sez pour l'activité de son esprit ; de sages alternatifs lui donnent une nombreux et savants écrits attestent lourdeur que ses petites proportions qu'il mettait à profit jusqu'aux moin- ne font que rendre plus évidente. Au ares instants de loisir. Ses lettres sur reste, depuis 1839, on y a fait des addi- l'état actuel de la ville d'Hercula- tions qui rendent ces défauts plussensi- bles encore, et font de ce monument un num, son premier ouvrage , furent en France le premier appela la curio- véritablemonceaudepierres.Lesautres sité des voyageurs, sur un sujet ex- ouvrages de Jacques de Brosse sont : ploité depuis par tant d'autres, dignes le portail de Saint-Gervais qui sera ou indignes. Il parut en 1750. Quelques , une grande et belle œuvre lorsqu'on années après, de Brosses donna une pourra le voir ; le château de Mon- Histoire des navigations aux terres f ceaux près de Meaux ; la salle des Pas- ' australes, dont les découvertes de Perdus (1622), au Palais de Justice; \"Wallis, de Carteret , de Bougainville, le temple protestant de Charenton et surtout du capitaine Cook , ont (1623), détruit en 1685, et l'aqueduc rendu sans valeur la partie systéma- d'Arcueil (1624). Nous ne pouvons, tique, mais qui ne mérite point l'ou- pour l'appréciation des travaux de cet bh où elle est tombée, et qui contient artiste, que renvoyer à ce que nous d'intéressants détails. Les découvertes avons dit à l'article Beaux-Arts, sur de nos contemporains dans le monde l'état de l'architecture de l'époque de de l'histoire et de la philosophie ont Sully. fait oublier aussi la dissertation sur Brosse (dom Louis-Gabriel), bé- le Culte des dieux fétiches, le Traité nédictin de la congrégation de Saint- de ta formation mécanique des lan- Maur, né à Auxerre, en 1619, fut du gues , etc. ; mais les Lettres histori- petit nombre des religieux de son or- ques et critiques, écrites en Italie, dre qui cultivèrent la poésie. Il mou- seront toujours lues avec plaisir, et le rut le er août 1685, à l'abbaye de chef-d'œuv re du président de Brosses, 1 Digitized by Google
0 BRO FRANCE. BRO 415 publique romaine , est un monument torique de la ville de Lyon, 1711, impérissable d'érudition , de patience, in-4°. et surtout de sagacité. Salhiste avait C'est de Boileau lui-même, avec écrit cette histoire ; mais il ne reste lequel il entretint une longue corres- de son livre que des fragments. De pondance que Brossette tenait la , Brosses conçut l'idée de réunir ces plupart des particularités qu'il a don- fragments épars, de les coordonner, nées dans son édition des Œuvres de de combler toutes les lacunes, et par- Boileau , avec des éclaircissement historiques y 1716, 2 vol. in-4°. Le dessus tout, de donner la vie à cette voyant absorbé dans des recherches singulière composition. Il s'occupa de ce travail pendant quarante années sur sa personne, Boileau lui dit un et parvint, à force d'études, à force Ajour : « l'air dont vous y allez, vous d'essais par une sorte d'intuition « saurez mieux votre Boileau que moi- , « même.» Brossette a également donné du passé , à former un récit suivi une édition des Œuvres de Régnier, où tous les fragments de Salluste et jusqu'aux moindres mots épars avec des éclaircissements histori* trouvent si naturellement leur place, ques Londres , chez Voodman, et y qu'on ne saurait s'imaginer qu'ils Lyon, 1729, in-4* et in-8*. Il avait aient été placés ailleurs dans la nar- fait aussi un commentaire sur Mo- ration de l'historien latin. Telle est lière. Il est d'autant plus regrettable la profonde connaissance que de que cet ouvrage ait été perdu que la , Brosses avait acquise de l'histoire, plupart des renseignements avaient qu'il semble avoir vécu avec ceux dont été fournis à Brossette par Despréaux, il parle , et être entré dans tous les par Baron , et d'autres personnes secrets de la vie et du gouvernement qui avaient vécu familièrement avec notre grand comique. Le recueil des politique du peuple romain. Il mou- Lettres de J. B. Rousseau sur dif» rut en 1777, l'année même où pa- férents sujets de littérature, publié raissait cet admirable ouvrage. L'his- toire restaurée par de Brosses a été par Louis Racine, avait été préparé par Brossette. Il était né commen- dignement appréciée par la Harpe , et tateur . et poussait même jusqu'à surtout par M. Villemain , dans la l'excès l'amour du commentaire, ajou- Sartie récemment publiée du Cours tant une importance extrême aux moin- e littérature du mx- huitième siè- cle. dres détails; mais il savait bien son an- Brossette (Claude) , seigneur de tiquité, et, malgré sa diffusion, c'est Varennes-Rappetour , né à Lyon en 1671 , mort dans la même ville eh 1743, un auteur bon à consulter quelquefois. Bbossieb (Marthe) , fille aun tis- a écrit quelques ouvrages de 'droit et serand , née en 1547, à Romorantin d'histoire , et nous a laissé des com- , en Sologne , atteinte , à l'âge de vingt- mentaires et de curieux renseigne- deux ans , d'une maladie extraordi- ments sur Régnier et sur Boileau. Il naire , se fit exorciser comme possé- dée. A cette époque , où Ton était tenait chez lui une assemblée de gens de lettres et de savants, qui fut auto- encore tenu de croire aux possédés risée, en 1700, à prendre le titre d'a- on prétendit que cette fille était de cadémie de Lyon, et qui le choisit mauvaise foi , et qu'elle servait d'ins- pour son secrétaire perpétuel. L'avo- trument à la ligue pour exciter des cat Aubert ayant donné, en 1741 , sa troubles. Le médecin Duret qui collection dé livres à la ville de Lyon , à la condition qu'elle serait mise à la disposition du public, Brossette ac- avait assuré qu'il y avait en elle quel- que chose de surnaturel , passa pour cepta la direction de cette bibliothè- avoir été gagné. Ce qu'il y a de cer- tain , c'est que des capucins prome- que qu'il enrichit lui-même d'un naient Martne Brossier de ville en , grand nombre de volumes. On a de ville , disant qu'elle entendait parfai- lui une Histoire abrégée ou éloge his- tement le grec , le latin l'anglais et , Digitized by Google
416 bro L'UN VERS. BRO d'nutrps langues qu'elle lisait dans pauca : «le démon n'y est pour rien, ; la maladie y est pour peu, l'imposture l'intérieur des consciences ; qu'elle pénétrait les secrets des cœurs ; et pour beaucoup. » Sur ce. le parlement lui laissant faire une foule de gyries, rendit , le 24 mai 1599, un arrêt qui de contorsions, et même de tours de condamnait Marthe , ainsi que son force. Tout ce qui avait été béni ou père, ses frères et ses sœurs, à s'en consacré, ou du moins tout ce qu'elle retournera Romorantin et à n'en plus croyait tel , redoublait ses convul- sortir, sous peine de punition corpo- sions ; elle discernait les vraies et les relle. Vainement le docteur Duval dé- fausses reliques; enfin elle sautait de clama en chaire contre la violation des temps à autre à quatre pieds au-des- privilèges de l'Église sur les possédés, sus de terre. Marthe futobligeede reprendre la route Les doutes qu'inspirait sa sincé- de son pavs. Cependant elle ne tarda pas rité la Grent soumettre par l'évéque à s'en échapper, sous la conduite d'un d'Angers et l'oflicial d'Orléans à des abbé de Saint-Martin qui la mena à , épreuves dont elle se tira avec peu Clermont , où son frère était évé- d'honneur. Ainsi on mit, à son insu, que. Un nouvel arrêt du parlement de l'eau bénite dans sa boisson; et le força de battre en retraite avec son estomac, prenant l'eau sainte pour sa protégée. Ils se réfugièrent alors de l'eau ordinaire, la digéra sans la à Rome, où le cardinal d'Ossat fit moindre convulsion. En revanche, elle enfermer Marthe dans une commu- fut prise d'une violente attaque de nauté de filles. Ce fut le terme de ses nerfs, pour avoir bu de l'eau ordi- aventures. naire que par supercherie , on avait Bbotier (André-Charles), neveu de , versée dans un bénitier. Les capu- Gabriel Brotier, né à Tannay en Ni- cins , ses compères , s'en montrèrent vernais, en 1751, mort déporté à vivement affligés ; ils éprouvèrent un Cayenne, en 1798, fut à la fois pro- sentiment non moins désagréable lorsque la pauvre fille , trompée par fond mathématicien , bon botaniste et littérateur estimé. II était, avant la les apparences d'une reliure faite ex- révolution, professeur de mathémati- près prit une Énéide et une Gram- ques à l'Ecole militaire; il devint, en , 1791, principal rédacteur du Journal maire de Despautère pour des livres d'exorcisme. Son erreur fut si com- général de France, dirigé par l'abbé Fontenay. En 1796, il trempa dans la plète à cet égards qu'elle poussa des cris furibonds en entendant pronon- conjuration royaliste de Leinaître, et cer les mots : Arma virumque caiio, n'échappa que par miracle à une con- et qu'elle tomba à la renverse, les damnation. Mais impliqué, l'année sui- yeux hors la tête, l'écume à la bou- vante, dans l'affaire de Lavilleheurnois, che pendant que l'oflicial d'Orléans il fut traduit devant une commission , militaire et condamné à mort, peine lui lisait le vers suivant : Nexo, xui, ui, cependant, fut commuée en une xum vult; texo, xuit indeque tex- ,, étention de cinq ans. Après la journée du 18 fructidor, il fut, avec ses com- tnm. C'en était trop; on la chassa d'Orléans , comme elle avait d'abord été chassée d'Angers. plices, déporté à Cayenne, où il suc- comba bientôt à une maladie causée Les capucins la menèrent alors à Paris ; mais là, ils furent encore moins par le climat. Il a publié la nouvelle heureux qu'ailleurs. Des médecins et des théologiens, réunis au nombre de édition du Théâtre des Grecs, 13 vol. in-8°, Paris, 1785, dans laquelle il fit douze à l'abbaye de Sainte-Geneviève, insérer sa traduction d'Aristophane. en présence de l'archevêque de Paris, Il termina aussi, avec de Vauvilliers, étudièrent scrupuleusement l'état de la belle édition de Ptutarque, traduit par Amyot, édition qui avait été com- l'énergumène , et prononcèrent cette sentence , aussi curieuse que sage : mencée par Gabriel Brotier. Nihiladœmone, multaficta, a morbo Bbotieb (Gabriel) fut un des éru- Digitized by Google
imo FRANCE. MO 417 dits les plus féconds qu'ait produits la Cette ville, située vis-à-vis de l'île société des jésuites; mais la force et l'originalité manquèrent à ses travaux d'Oleron, fut fondée en 1555, par Jac- et il n'a laissé qu'un nom. Ses livres ques de Pons, et considérablement de théologie sont oublies ; ses mémoires agrandie dans le siècle suivant, par archéologiques ne sont plus comptés Richelieu qui la fit entourer de forti- dans la science, sinon comme un té- , moignage de l'état des connaissances fications importantes, et y fit cons- en France à une certaine époque; ses truire un hôpital, un arsenal et des éditions n'ont pas conservé leur re- nommée, et son Tacite lui-même, son magasins immenses. On y plaça un chef-d'œuvre sans contredit, a été effacé par le grand travail d'Oberlin. siège d'amirauté et un bureau des fer- mes. Mais l'insalubrité du climat fit Toutefois, c'est bien quelque chose transporter, en 1730, tous ces établis- d'avoir été le premier latiniste de son sements à Marennes. Depuis, Brouage temps , et d'avoir préparé , dans plu- a perdu une grande partie de son im- sieurs branches de l'érudition, quel- portance. Sa population n'est plus ques-uns des progrès dont nous avons maintenant que de huit cents habi- été les témoins. La vie de Brotier n'offre aucun incident remarquable. tants. Cette ville a donné son nom à un Il était né en 1723, à Tannay dans le Nivernais; il entra fort jeune dans la canal entrepris en 1782 , dans le but compagnie de Jésus, devint bibliothé- de dessécher les marais des environs de caire du collège Louis le Grand, et Rochefort, et rendu navigable en 1807. conserva cet emploi jusqu'à la destruc- tion de l'ordre. 11 passa le reste de sa Brouageais, Broagiensis tractus, vie dans la retraite, et mourut en 1789. petite contrée de l'ancienne Saintonge, Jusqu'à son dernier jour, il ne cessa démembrée du gouvernement militaire de s'occuper de ses études favorites; de cette province, sous le ministère et son neveu a publié un certain nom- du cardinal de Richelieu, pour être bre d'écrits posthumes où se retrouvent réunie à celui de l'Aunis. toutes les qualités et tous les défauts Sue la critique a remarqués dans les Brouard (Étienne), né à Vire (Cal- ifférents ouvrages sortis de la plume vados), où il était avocat à l'époque du docte abbé : une édition des œuvres de la révolution, entrai en 1791 , dans morales de la Rochefoucauld, avec des observations, une traduction du ma- les volontaires nationaux, et fit les nuel d'Épictète précédée d'un discours premières campagnes de l'armée du Nord, où il fut créé chef de bataillon. , Jeté dans les cachots en 1793, il n'en sortit que par l'intervention de la dé- sur la vie et la morale de ce philoso- putation entière de son département. phe, enfin une compilation qui porte Il rejoignit l'armée du Nord dès qu'il Je titre de Paroles mémorables. fut rendu à la liberté, passa, en 1797, Brou ou Saint-Romain de Bbou, à celle d'Italie, et fut ensuite nommé ancienne baronnie et capitale du Per- chef d'état-major à Malte, où il se dis- tingua par le courage qu'il déploya che G ouet, à douze kilomètres de Chàteaudun. La ville de Brou, qui est contre les habitants révoltés et contre les Anglais. Blessé d'un coup de feu maintenant l'un des chefs-lieux de dans une sortie, il fut obligé de re- canton du département d'Eure-et-Loir, tourner en France. Mais le vaisseau possède aujourd'hui une population de qu'il montait fut attaqué par des forces deux mille deux cent soixante-trois ha- supérieures, et, après une vigoureuse résistance, Brouard, couvert de bles- bitants. sures , fut conduit prisonnier en Angle- terre. Échangé bientôt après, il fut Brouage , Droagium, petite et forte chargé, en 1803, du commandement ville maritime de l'ancienne province de l'Ile-Dieu, et obtint, en 1805, le de Saintonge (aujourd'hui département grade de général de brigade, avec le- quel il fit les campagnes de Prusse et de Pologne. Nommé baron de l'empire de la Charente-Inférieure). en récompense de ses longs services, T. m. 27 e Liv. (Dict. encycl, etc.) 27 , Digitized by Google
418 BRO J/UN ITERS. BRO et appelé en 1809 au commandement du autres en fuite. Cette action lui valut département de la Loire -Inférieure, —un fusil d'honneur. Brouis (affaires de). il fut promu, après le 20 mars 1815, Le général au grade de général de division, et Brunet, instruit que les Piémontais nommé députe par le collège électoral soutenus par une flotte espagnole, de Nantes. Mais il fut mis à la demi- espéraient bientôt forcer les Français solde à la deuxième restauration , et ne à évacuer le comté de ]N'ice, choisit ce fut confirmé dans son grade qu'après moment pour s'emparer des sommités des Alpes qu'ils occupaient encore. Le la révolution de 1830. Il est mort à Paris en 1833. 8 juin 1793, ils furent attaqués à la fois Brouette, espèce de voiture publi- sur cinq points différents, par les gé- 3ue pour une personne, et qui différait néraux Dumerbion, Mieksouski, Gar- es chaises à porteur en ce qu'elle danne et Dietmann. Si la colonne dirigée par le général Serrurier eût pu avait deux roues et un petit brancard se rendre maîtresse du col de Raus, dans lequel se mettait Vhomme-cheval. La brouette, appelée aussi vinaigrette, les ennemis auraient été repoussés dans avait été inventée sur la fin du dix-sep- le Piémont. On prit dans cette journée beaucoup d'effets de campement, de tième siècle et était d'un usage assez fréquent avant la révolution, dont un pièces de canon; on fit deux cents pri- des bienfaits a été de proscrire un moyen sonniers; le nombre des morts s'éleva de transport aussi incommode pour le —de part et d'autre à plus de six cents. Les Autrichiens, après la malheu- voituré que dégradant pour le voitu- reuse campagne de 1799, s'étaient em- reur. L'anecdote suivante prouvera combien la marche des brouettes était parés de toute l'Italie; ils étaient lente et pénible. Poisson fils, fameux maîtres de Gênes, et se préparaient à comédien-bouffon, en avait pris une ()énétrer en France par le Var, quand au quartier du Marais pour se rendre a marche de l'armée d& réserve, dans à la comédie. 11 faisait très-mauvais le Milanais, lit cesser tous leurs succès. temps, et le pavé était glissant et Dès ce moment , menacé sur ses der- crotté. Poisson voyant que l'heure rières, Mêlas fut obligé de retirer avançait plus vite que sa voiture, et une partie des forces qui accablaient craignant les reproches du régisseur, le général Suchet dans les Alpes. demande au brouetteur pourquoi il ne Combattant a nombre égal, les Fran- marche pas mieux. « C'est, repond le çais recouvrèrent bientôt leur su- —malheureux, que je n'ai pas de polis- périorité. La sixième division, après seur. » « Tu es un franc animal de ne avoir enlevé aux Autrichiens quatre pas me l'avoir dit plus tôt , s'écrie alors formidables redoutes au camp des Poisson; il y a une heure nue je serais Fourches, et fait plus de quatre cents arrivé. » Puis, sortant de la brouette, prisonniers, se porta à Saorgio et à il se mit derrière «à pousser de toutes Fonton coupant ainsi à l'ennemi , ses forces. Il arrive ainsi à la porte de toute communication avec les trou- la comédie, assez vite, il est vrai, mais pes qui défendaient Brouis. Le général —crotté et mouillé comme un barbet. Solignac arriva sur ce point par Bero- Pour être juste, disons cependant let, tandis que Brunet chassait les Au- que maintes fois, en fiacre, en omni- trichiens devant lui par la grande route, et que Maucune repoussait par Pinna bus nous nous sommes senti l'envie 9 de pousser par derrière. les troupes qui cherchaient à se sauver Brouillée (Claude), soldat à la du côte de Vintimille. La précision 106e demi-brigade d'infanterie de ligne, des manœuvres fut telle que ces trois né dans le département de l'Ain, était colonnes arrivèrent en même temps, en tirailleur au combat de Montefaccio, et enveloppèrent toute l'a mère-garde le 7 avriH800; entouré par six Autri- autrichienne. Les Français prirent le chiens, il leur résiste, en tue un, en même jour, à Breglio, sept canons et fait deux prisonniers, et met les trois trois obusiers. GoDigitized by
BRO FRANCE. bro 419 Rroussais (François- Joseph-Vic- Philosophie. Quant à présent, nous ' tor), né à Saint-Malo en 1772, servit nous bornerons a citer un passage du d'abord pendant six ans dans la marine jugement remarquable porté sûr ce militaire, en qualité de chirurgien, et grand médecin par le plus éloquent de vint ensuite étudier à Paris, où il fut ses appréciateurs. « Entraîné par la partie la plus noble et la plus élevée de reçu docteur, et pratiqua jusqu'en la science, il en avait négligé l'applica- 1803. Rentré alors au service dans tion et dédaigné les prolits; il avait l'armée de terre, il lit successivement surtout exercé dans les camps, au mi- les campagnes de Hollande, d'Allema- lieu des ravages de la guerre et des épidémies, n'ayant eu de la pratique gne, d'Italie et d'Espagne. Il fut nom- médicale que les dangers et l'héroïsme. mé, en 1814, médecin ordinaire et Aussi le médecin qui couvrait la France second professeur à l'hôpital du Val- de ses disciples et remplissait l'Europe de-Grace, sur la présentation du baron de son nom, après^rente ans d'exer- Desgenettes, qu'il remplaça plus tard cice et de gloire, est mort pauvre. en qualité de premier professeur; il fut Cette passion pour la vérité lui faisait nommé, en 1830, professeur de patho- cependant porter trop de fougue dans logie et de thérapeutique générales à sa recherche, et le rendait moins diffi- la faculté de médecine de Paris, et cile qu'il ne l'aurait fallu sur ses l'Académie des sciences morales et po- preuves. Son esprit, qui était vif, pé- litiques l'admit au nombre de ses nétrant, ferme, créateur, n'avait pas membres, dès l'époque de son rétablis- des procédés assez vigoureux; il ne se sement. Il fut nommé quelque temps posait pas toujours bien les problèmes, après inspecteur général du service de et il se contentait souvent de solu- santé des armées et commandeur de la tions imparfaites, parce qu'il observait Légion d'honneur. Il mourut à Paris, bien, et qu'il concluait trop. Chercher en 1838, après une courte maladie. et croire, affirmer et combattre, tels Les principaux ouvrages de Brous- étaient ses besoins; il ne savait ni sais sont : l'Histoire des phlegmasies chroniques, Paris, ÏS08, in-8°, «ou- douter ni hésiter. De là venaient à la vrage impérissable, dit M. Mignet (*), qui perpétuera la gloire de Broussais, fois ses imperfections, son talent, sa aussi longtemps que la saine observa- puissance, ses succès; il y puisait un tion et la vraie science seront en hon- style aux allures animées et libres, co- neur; » Traité dephysiologie appliquée loré, abondant, inégal, énergique; il à la pathologie. 1822, 2 vol. in-8°; Catéchisme de la médecine physiolo- y trouvait l'inspiration de ces livres gique, ou Dialoaue entre un savant qui intéressaient non-seulement par et un jeune médecin, 1824, in-8°; l'exposition des idées, mais par l'émo- Commentaires des propositions de tion des sentiments; car il y mettait à pathologie consignées dans l'examen la fois ses systèmes et sa personne. des doctrines médicales, 1829, 2 vol. in-8°; Annales de la médecine physio- « M. Broussais a eu un génie inven- logique, de 1822 à 1834, 26 vol. in-8°; tif; il appartenait à cette génération De l'irritation et de lu folie , 1829, vigoureuse et créatrice qui s'occupait un peu moins que la nôtre de ce qu'on in-8°. avait pensé dans les siècles précédents, et qui découvrait un peu plus. Aussi le Nous n'essayerons point d'apprécier nom de Broussais demeurera inscrit à ici les doctrines médicales et philoso- côté des grands noms dans la science phiques de Broussais. Cette apprécia- qu'il a cultivée, honorée et perfec- tion trouvera mieux sa place aux articles Physiologie, Médecine et tionnée. » (*) Nolice sur la vie et les travaux de Broussier (Jean-Baptiste, comte), Rroussais, lue à l'Académie des sciences né à Ville-sur-Saulx en 1766, mort à morales et politiques, le 27 juin 18 »o. Bar-le-Duc en 1814. Destiné à l'état ecclésiastique, il s'enrôla, en 1791, dans le troisième bataillon de la Meur- 27. Digitized by Google
420 fiRO L'UNIVERS. BRO the et y fut nommé capitaine. Il fît ses lorsqu'il fut atteint d'une apoplexie premières armes sous Beurnonville foudroyante qui mit fin à sa car- dans les campagnes du Nord, et fut rière. grièvement blessé à l'affaire de Vavren. Brousson (Claude), avocat à Cas Nommé chef de bataillon peu de temps très et à Toulouse, et ministre pro- testant, naquit à Nîmes en 1047. Ce après , il fut envoyé à l'armée de Sam- bre-et-Meuse, et chargé de la défense fut chez lui que se tint, en 1683, l'as- d'un poste important où il fut atteint semblée des députés de toutes les égli- d'une balle à la tête. Broussier passa, ses réformées, où l'on décida de conti- en 1797, à l'armée d'Italie, se distingua nuer les réunions, quand même on en à la prise de Spezzia, pénétra un des viendrait à démolir les temples. Cette premiers dans le fort de Chiusa, et lit assemblée , dont on combattit les ré- prisonnier, de sa main, le général au- solutions par des exécutions militaires trichien. Nommé chef de brigade à la et des massacres , posa les premiers suite de ses actioffs d'éclat , il fut em- fondements de ce qu'on nomma depuis les assemblées du désert. Forcé de ployé à l'armée de Naples, puis chargé fuir comme un des plus ardents secta- de diriger une expédition dans les teurs du calvinisme, Brousson se ré- fugia d'abord à Genève, ensuite à Apennins. Il attira dans une embus- Lausanne, où il publia divers écrits cade une troupe de douze mille paysans en faveur de ses coreligionnaires. Il qui avaient fermé le défilé , et en fit rentra ensuite secrètement dans le royaume, suivi de plusieurs ballots un grand carnage, dans le lieu même où les Samnites avaient fait passer les Romains sous les fourches caudines. Promu pour ce beau fait d'armes au remplis de ses ouvrages exerça qua- , grade de général de brigade qu'il re- tre ans le ministère dans les *Céven- çut le mène jour, il concourut en nes, et passa, dans le cours de l'an- née 1693, en Hollande, où son dé- cette qualité à la conquête de Naples, vouement fut récompensé par une détruisit entièrement l'armée du car- dinal Rufib, soumit toute la Pouille Eension des États-Généraux. S'étant asardé dans une troisième mission insurgée, et s'empara, après des as- sauts meurtriers, des villes de Trani et en France , il fut arrêté à Oleron , et transféré à Montpellier, où on lui fit d'Andria, qu'il fut obligé de réduire son procès, comme convaincu d'intel- en cendres. En 1799, le Directoire le ligences avec les ennemis de l'État. fit traduire, pour crime de concussion, Condamné à être rompu vif, il fut exé- cuté le 4 novembre 1698. Les États devant un conseil de guerre, avec Cham- pionnet, sou général en chef. Mais la ré- vuvolution du 30 prairial an écarta les de Hollande ajoutèrent, en faveur de dangersqu'il courait, etil fut réintégré sa veuve, six cents florins de pension dans son grade. Il continua à servir aux quatre cents qu'ils lui faisaient de avec beaucoup de distinction en Italie, son vivant. On a de Brousson un jusqu'en 1803, époqueoù il fut nommé grand nombre de livres de controverse commandant d'armes de la place de et de piété, tels que : L'État des ré- Paris. Élevé en 1805 au grade dégénéra! formes en France, 1684, la Haye; de division, il retourna en Lombardie 1685 ; Lettres des protestants de en 1809, y déploya encore autant de va- France à tous les autres protestants leur que d'habileté, et eut une grande de l'Europe, Berlin, 1688; Relations part a la victoire de Wagram. Il fit sommaires des merveilles que Dieu ensuite, avec non moins d'éclat, les fait dans les Cévennes in-8°, 1694, , campagnes de Russie et de Saxe; et etc., etc. aussitôt après les désastres de 1813, liROUSSONNET(Pierre-Marie-Au§us- il vint s'enfermera Strasbourg, dont te), fils d'un médecin de Montpellier, l'empereur lui avait confié le comman- naquit dans cette ville en 1761. Destiné dement. Il allait prendre l'année sui- dès sa plus tendre enfance à l'étude vante celui du département de la Meuse, des sciences médicales, il y fit des pro- Digitized by Google
BRO FRANCE. BRU 421 grès assez rapides pour qu'on lui con- enfin sa radiation des listes d'émigrés, férât le doctorat des l'âge de dix-huit et il put revenir dans sa patrie, où, ans, et que l'université le proposât pendant son absence , l'Institut l'avait pour la survivance de la chaire de son admis parmi ses membres. Après père ; cette demande fut écartée à cause de la jeunesse du candidat; mais avoir été envoyé comme consul aux Broussonnet qui , à cette occasion, s'était rendu à Paris, proGta du sé- Canaries, il se disposait à aller remplir jour qu'il fit dans cette capitale, pour accroître ses connaissances. Il les mêmes fonctions au cap de Bonne- se livra particulièrement à l'histoire Espérance, lorsque le ministre Chaptal naturelle , et le premier, il transporta lui accorda la chaire de botanique à dans la zoologie le système de nomen- Montpellier.il fut porté, en 1805, au clature et de description imaginé par Corps législatif, et mourut, en 1807, Linné jusqu'alors restreint à la bo- d'une attaque d'apoplexie. Son nom a , été donné par l'Héritier au mûrier à tanique. Après avoir passé trois années papier que les botanistes considèrent dans la Grande-Bretagne, où il fut .accueilli par Banks, l'illustre compa- aujourd'hui comme un genre distinct gnon de Cook , et admis à la Société royale de Londres, il revint à Paris {Broussonetia). M.Cuvier a prononcé et se lia avec Daubenton qui le fit son éloge à l'Institut. On a de lui, sans compter de nombreux mémoires dans , les recueils de l'Institut et de l'Acadé- mie des sciences et de précieux ma- sur-le-champ nommer son suppléant nuscrits , tels que la Flore des Cana- ries et la Relation de ses voyages : au collège de France, et, en 1784, à t'arixpositiones circà respirationem, l'école vétérinaire. Plusieurs mémoires Montpellier, 1778; Ichthyologiœ decas fort remarquables qu'il lut à l'Acadé- prima, Londres, 1782; Année rurale, mie des, sciences lui en ouvrirent les Paris, 1787 et 1788; Elenchus planta- portes. Quelque temps après , il con- tribua à la réorganisation de la société mm horti Monspeliensis, Montpellier, d'agriculture, dont il fut nommé se- 1805. Brotjzil ( combat de).—L'armée ré- crétaire, et cefut lui qui introduisit en France le premier troupeau de méri- publicaine venait d'incendier la Ven- nos, les premières chèvres d'Angora dée; Charette n'avait plus autour de et le mûrier à papier, arbre du Japon, lui qu'une poignée de soldats détermi- dont avant lui on ne connaissait chez nés, et se voyait poursuivi avec achar- nous que l'individu mâle. La révolu- nement par les bleus. Il était au Val- tion vint interrompre ses travaux et de-Morrière, en 1793, et avait con- centré ses forces dans la forêt de Gra- troubler son repos. En 1789, il fut la, lorsqu'il apprit que les républicains' nommé membre du corps électoral de marchaient pour la cerner ; il courut alors attaquer une colonne qui traver- Paris, puis de l'Assemblée législative. sait le village de Brouzil , et dont on Il quitta Paris lors de la formation de lui avait faussement exagéré la fai- la Convention nationale, et se retira blesse. C'étaient douze cents hommes, commandés par le général Dufour, qui à Montpellier, où il fut arrêté comme se défendirent courageusement. L'n bataillon embusqué dans un taillis fit girondin; mais il parvint à s'échapper un feu terrible; Charette courut bien- et à se réfugier en Espagne. Poursuivi tôt au poste le plus périlleux , et reçut à Madrid et à Lisbonne par les émi- une balle près de l'épaule, sans pour grés royalistes, et ne sachant plus où cela cesser de donner ses ordres. Mais se retirer, il erra pendant quelque enfin , les Vendéens lâchèrent pied de- temps dans les Algarves et dans l'Anda- vant la cavalerie républicaine qui sa- lousie, puis il passa en Afrique, auprès brait tout ce qui résistait, et la déroute de l'envoyé des États-Unis à la cour de Maroc, qui le prit pour son méde- fut générale. cin. Là encore, Broussonnet, se livrant à ses études chéries, lorma des collec- Bbuant (Jacques) , fils de Libéral tions d'histoire naturelle. On obtint Digitized by Google
422 BRU L'UN VERS. BRU Bruant , fut reçu membre de l'Acadé- Pierre Bruant son neveu, in-4° (*). » mie d'architecture, en 1699, et nommé Deux autres Bruant furent égale- professeur en 1728. Il avait construit, ment architectes : l'un est Pierre Bruant, qui, comme on vient de le en 1721 , l'hôtel de Belle-Ile. Il mou- rut en 1732. voir, dessina les plans de l'ouvrage de son oncle ; l'autre est le fils aîné de Bbuast (Libéral) , l'un des archi- Libéral, qui construisit la porte du bureau des marchands drapiers , à tectes les plus célèbres du siècle de Louis XIV, « partagea, dit M. Qua- tremère de Quincy, avec d'autres ar- Paris. chitectes ses contemporains, la cons- Bbuault (Jean-François) , fusilier truction et la conduite de plusieurs à la 107 e demi-brigade d'infanterie de ligne , né dans le département du Fi- ouvrages , comme avec le Vau , l'exé- nistère, s'élança, le 8 messidoran vu, cution de l'hospice connu sous le nom dans les rangs ennemis, renversa un de la Salpétriere; comme avec le capitaine, ramena deux soldats prison- Muet, la conduite de l'église des Au- eustins de la place des Victoires. Mais niers , et fit une seconde charge où moins heureux que dans la première, le plus grand et sans comparaison le plus beau monument de Libéral Bruant il succomba. fut l'hôtel des Invalides, dont il donna Bbuce (Michel) , ieune Anglais qui, arrivé à Paris vers le commencement seul les plans et conduisit l'exécution, à la réserve de l'addition faite à son de 1815, et indigné des réactions par église par le dôme, dont Jules Har- lesquelles les Bourbons signalaient douin Mansard fut l'architecte. Or, leur second retour, osa entreprendre dans ce grand ensemble de bâtiments, de sauver Lavalette. Celui-ci, évadé de on distinguera toujours la magnifique sa prison depuis quinze jours, se tenait cour de cet établissement composée caché dans Paris. Bruce fi> part de , son projet à sir Robert Wilson et au de deux ordres de grands portiques élevés l'un au-dessus'de l'autre, ou- capitaine Ilutchinson qui consenti- , vrage qui par la pureté de son archi- , rent à s'associer à sa noble et péril- tecture, la grandeur de ses proportions leuse entreprise (voyez la Valette). et le caractère même de sa construc- Mais lorsque la Valette fut hors de tion, rappelle avec succès les grands France, le général Wilson eut l'im- cortile de l'Italie, et ne leur cède peut- prudence d'écrire à un ami la part être que par le manque de votite. L'œil qu'ils avaient eue à cette affaire ; sa est blessé de voir que d'aussi nobles lettre fut interceptée ; ils furent tous galeries et d'une si belle exécution ne trois arrêtés , et condamnés après , soient couvertes que par de pauvres une courte instruction criminelle , à plafonds en bois. » trois mois d'emprisonnement. C'est sur les dessins de Bruant que Bbucheb , ou Aubry Olivier , in- furent construits, en 1G57, l'église de venteur du monnayage au moulin , la Salpétrière, et en 1G62, le château c'est-à-dire au balancier , s'associa de Richemont, en Angleterre. Cet ar- Rondel et Etienne Delaulne, graveurs tiste, qui avait le titre d'architecte du célèbres, qui firent les poinçons et les roi , fut un des huit membres fonda- carrés, et lut créé, par lettres de 1553, teurs de l'Académie d'architecture. On maître et conducteur de la monnaie au moulin. Nous avons déjà dit , à ignore le lieu et la date de sa naissance ; quant à sa mort, elle dut arriver vers l'article Briot, que ce procédé étant 1G97, puisqu'il fut remplacé l'année trop dispendieux, Henri III avait, en suivante par le Maistre, à l'Académie 1585 , rétabli le monnayage au mar- d'architecture. Il a laissé un ouvrage (*) Cet ouvrage, dit l'auteur de l'article Bruant daus la biographie universelle, se intitulé : « / isite des ponts de Seine, conservait, en manuscrit , dans la biblio- Yonne, Jrmançon et autres, jaite thèque de M. Pelletier, qui a été Tendue et en 1684, par te'sieur Bruant , archi- tecte du roi, avec les plans dessinéspar dispersée. Digitized by Google
BRU FRANCE. BRU 428 teau. Ce fut seulement en 1645 que négal et de Gambie qui étaient com- , Louis XIV, sur les instances et a'a- prises dans la concession. Çrès les perfectionnements du célèbre Le Sénégal fixa principalement l'at- arin , rétablit le monnayage au ba- tention du nouveau directeur, qui vi- lancier (voyez Castàing). sita tous les comptoirs, mit un terme Bbue (André) a puissamment con- à de grands abus qui s'étaient glissés tribué à la prospérité de notre com- dans l'administration, traita avec tous merce dans le Sénégal, où il fut envoyé, les princes dont le territoire était tra- en qualité de directeur et de comman- versé par le fleuve , et gagna leur ami- dant général pour la compagnie du tié par ses prévenances , et leur res- Sénégal et d'Airique. Les voyages qu'il pect par sa fermeté. Il essaya de fit dans toute l'étendue dés posses- pénétrer dans le lac Cayar qui com- , sions de la compagnie , lui avaient munique par un canal à la partie la permis d'acquérir des renseignements plus septentrionale du cours du fleuve, exacts sur leurs gouvernements et sur et qui avoisine les forêts où l'on re- les peuples qui les habitent. C'est pres- cueille la gomme ; mais des bancs cou- que entièrement sur ses Mémoires qu'a verts de joncs impénétrables étaient un été composée la Nouvelle relation de obstacle invincible à la navigation. Dans V Afrique occidentale , publiée en le but de se rapprocher des pays d'où 172U par le P. Labat, qui avait beau- l'on tire de l'or, il remonta le Sénégal, coup voyagé dans le nouveau monde, et atteignit deux fois le rocher Felou, mais n'avait jamais été en Afrique. près duquel se trouve un village où pas- Parsuite des changements fréquents sent les caravanes qui viennent deTen- qui avaient eu lieu dans l'administra- Boktou (Tombouctou), avec de l'or et tion, le commerce du Sénégal était des esclaves. Il construisit un fort sur dans un fort mauvais état, lorsque la la rive sud du fleuve , à peu de dis- compagnie d'Afrique , établie le 23 tance de ce village, et à sept ou huit janvier 1696, y envoya André Brue lieues du confluent de la rivière de avec de grands pouvoirs. Cet admi- Falemé, qui prend sa source près de la nistrateur avait tout le talent néces- rivière de Gambie. Son but était de saire pour relever cet établissement. Il procurer ainsi à la France la plus n'est personne qui ne connaisse l'im- grande partie des marchandises que Sortancede la colonie du Sénégal ; quant les caravanes portaient aux Anglais son ancienneté , si elle ne remonte établis sur cette dernière rivière. Il pas aussi haut que le croit le P. Labat voulait surtout se rapprocher des mi- qui mentionne une compagnie de Nor- nes du royaume de Bambouc, qu'il mands de Rouen et de Dieppe possé- avait découvertes lui-même presque dant , de temps immémorial , un sur les bords de la rivière de Falemé; comptoir dans la rivière de Sénégam- c'est ce qui le porta à faire construire bie , nous avons du moins la série des le fort Saint-Pierre sur cette rivière, gouverneurs qui furent chargés des et à concevoir de nouvelles entrepri- affaires d'une compagnie de négociants ses, que son rappel, motivé par le mau- de ces deux villes, depuis 1626 jus- vais état des affaires de la compagnie, Aqu'en 1664. cette époque , cette ne lui permit pas de réaliser. compagnie céda son commerce et ven- Appelé de nouveau, en 1714, à la dit ses établissements à la compagnie direction du Sénégal pour le compte des Indes occidentales. Celle-ci , par de la nouvelle compagnie des Indes , il ses fautes, obligea le gouvernement à donna cette fois ses principaux soins lui retirer son privilège, et elle fut au commerce de la rivière de Gam- remplacée successivement par trois bie, et c'est à lui que l'on doit le ré- autres compagnies. C'était par la der- tablissement du comptoir d'Albreda, nière que André Brue avait été envoyé situé sur la rive droite , vis-à-vis de au Sénégal , avec mission de régir les James-Fort. 11 alla jusqu'à Cachéo établissements des deux rivières du Sé- qui appartient aux Portugais , contrac- Digitized by Google
424 BRU L'UNIVERS. tant partout sur son passage des allian- oublier une grande Carte Afrique ces avec les princes indigènes , et il enrichie de toutes les nouvelles dé- plaça un nouveau comptoir à la pointe nord-est de l'île Bissao. Brue retourna couvertes. ensuite en France, après avoir rendu notre commerce dans ces contrées Son Atlas universel essuya , de la |)!us florissant que jamais. En 1723 , part du baron de Zacb, des critiques il revint en Afrique, avec la qualité sans fondement. Malte-Brun iugea aussi de commissaire de la compagnie, sur une escadre qui , ayant échoAé dans la Carte de la dispersion des peuples une entreprise sur l'île d'Arguin, s'em- para de Portendic. D'après le portrait jusqu'à Moïse avec une irop grande qu'en a tracé le P. Labat, André Brue était plus qu'un administrateur dis- sévérité, ainsi que le prouva la réponse de Brué. Voici , au reste , comment tingue; c'était un homme d'État, que s'exprime un juge compétent , M. Ey- la versatilité des différentes compa riès ,. sur l'Atlas universel de Brué : gnies qu'il représenta a seule empê- «On remarque dans cet Atlas une ché de faire de plus grandes choses. grande supériorité sur celui qui l'avait Bbué (tëtienne-Robert), né à Paris en 1786 , mort en 1830 , fut un des précédé, un emploi judicieux de ma- géographes les plus distingués de tériaux bien choisis, un dessin pur et l'Europe. Il avait fait partie de l'ex- pédition célèbre du capitaine Baudin. net, une manière très-heureuse d'in- A son retour à Paris, il appliqua à la diquer les reliefs de terrain. S'il n'est confection des cartes l'ingénieux pro- pas exempt de fautes dans l'orthogra- cédé du dessin sur le cuivre même, phe des noms , en revanche , on ne qui assure plus d'exactitude, et permet Unpeut qu'applaudir à sa sagacité. de donner aux contours plus de finesse et de netteté. Ce fut après le succès voyageur qui q récemment parcouru des premières cartes de ce genre qu'il , conçut le plan d'un Atlas universel, destiné à reproduire sans cesse les l'Amérique méridionale, a jugé que la progrès de la géographie par le rem- placement successif des cartes, à me- physionomie du terrain est rendue sure que de nouveaux documents viendraient en modifier le tracé. Cet plus fidèlement dans l'Atlas de Brué Atlas, qui a été publié aux frais de l'auteur, se compose aujourd'hui de (1830) que sur la carte de plus grande soixante-cinq cartes , et forme la réu- nion la plus complète et la plus satis- dA:imension„ pour li aquelllle~ :i l*'*_:r ; faisante que nous ayons en France il s'était pour l'enseignement de la géographie. servi On a également de lui un Atlas ctas- de documents qui lui avaient été four- sique de trente-six cartes. Brué venait nis par divers observateurs. » de terminer sa belle carte des États- Unis de VAmêriqui'du /von/, lorsque le Bbuet (François-Xavier-Ignace) délabrement de sa santé, naturellement , délicate, le contraignit à interrompre ses travaux. Il s'occupait aussi à re- naquit à Arbois (Jura) en 1727, d'une faire, d'après de nouvelles découvertes, famille considérée. Ayant embrassé tes deux Amériques, le Mexique, les l'état ecclésiastique, il tut appelé, par Antilles, et d'autres cartes qui ont été terminées depuis sa mort. Parmi les le choix de ses concitoyens, aux fonc- travaux qu'il projetait , il ne faut pas tions de curé, le 29 juin 1771, et rem-- plissait ce respectable ministère avec un désintéressement et une charité exem- |)laires, lorsque le clergé réuni à Lons- e-Saulnier le nomma député à l'As- semblée constituante. La conduite de Bruet y fut celle d'un homme sage et d'un bon Français. Il revint au mi- lieu de ses paroissiens chéris ; et bientôt, proscrit, on le vit prendre tour à tour divers travestissements , pour continuer près d'eux ses fonc- tions de prêtre, de père des pauvres et d'ami des malheureux. La vie de Bruet, pendant cinquante annéestjrie fonctions pastorales, fut le modèle de toutes les vertus évangéliques. Ce saint vieillard mourut le 17 février 1821. Huit jours étaient à peine écou- lés qu'un missionnaire arriva à Ar- , Digitized by Google
BRU FRANCE. BRU 425 bois, revêtu du titre d'administrateur, « diocre; le troisième est entièrement pour desservir ia paroisse. Le prc- « de lui, et il est détestable. »Brueys en mier acte de son autorité (24 février parlant ainsi , ne se vantait pas, et la Harpe a raison d'applaudir au comi- 1821) fut d'envoyer, aux trois vénéra- bles suppléants du défunt, des lettres que que répand dans les deux premiers d'interdit! et, chose inouïe! il fut actes le personnage de M.Grichard, mis en doute, pendant neuf mois, dont l'esprit grondeur est naturelle- s'il était permis de prier le Dieu de ment peint. Brueys écrivit seul VA- miséricorae et d'offrir le sacrifice vocat patelin , ou quoi qu'en dise , Êropitiatoire en faveur du vénérable Voltaire, l'ouvrage des Clercs de la iruel ! Ne fallait il pas lui faire expier Basoche n'a pas été surpassé. Quel- le crime d'avoir siégé à l'Assemblée quefois même, en l'habillant d'un lan- constituante ? gage moderne et en le rapprochant de Brueys (David, Augustin de), théo- nos usages, Brueys l'affaiblit; et il logien et auteur dramatique, naquit y a des scènes où la supériorité ap- partient à ce vieux monument de la en 1640, à Aix , d'une famille depro* testants appartenant à la noblesse. Le gaieté française. Parmi les autres co* zèle qu'il montra de bonne heure pour médies de Brueys, il n'y en a point la défense de sa religion le fit choisir à remarquer, si\" ce n'est celle du Sot par le consistoire de Montpellier pour toujours sot, à caïise du singulier dé- répondre à l'exposition de la doctrine bat auquel elle donna lieu. La troupe catholique de Bossuet. Mais la lutte des Italiens allait la représenter, lors- était trop inégale; Bossuet le réfuta si qu'elle apprit que la même pièce, bien qu'il le convertit. Devenu catho- trouvée dans les papiers de Palaprat, lique Brueys se fit prêtre peu de mort à cette époque , se répétait aux , Français. De là une contestation que temps après , et combattit son an- cienne religion avec autant de zèle termina le lieutenant civil en décidant qu'il l'avait défendue d'abord. Mais que la pièce appartiendrait au théâtre malgré le nombre de ses écrits de où elle aurait le mieux réussi. Les Ita- controverse, qui ne forment pas moins liens l'emportèrent. Brueys mourut en de dix volumes, il serait oublié si , 1723. mêlant au sacré le profane, il n'avait —Bbueys (François - Paul ,. comte pas fait jouer des comédies. Ce fut de ). L'amiral Brueys s'est fait un ecclésiastique qui transporta sur par sa bravoure et par sa mort glo- notre scène VEunuque de Térence, en rieuse , une part distinguée dans l'his- toire. Il était lieutenant de la ma- supprimant , il est vrai , les détails trop libres de cette pièce, et en subs- rine royale lorsque la révolution tituant un muet au personnage qui lui éclata. Quoique noble , il n'émigra point, et en 1792, il eut le commande- donne son nom. Brueys n'imita per- sonne dans le Grondeur, qui est le ment d'un vaisseau qui Ht partie de meilleur de ses ouvrages : mais il eut l'escadre conduite par l'amiral Tru- un collaborateur qui avait aussi pris guet sur les côtes de Naples etdeSar- part à la composition du Muet, PaJa- daigne. Forcé comme noble de quitter prat, qui fut en même temps son ami. sa place, il ne fut rappelé que sous le Toutefois, ils ne s'entendirent pas ministère de Truguet qui, connais- , toujours sur la part qui revenait à sant son courage, lui donna l'ordre chacun dans les pièces qu'ils signaient d'aller croiser dans l'Adriatique. La tous deux. Palaprat souffrait qu'on le paix était conclue lorsqu'il arriva à louât sur des passages qui étaient de Venise; il fit voile pour les îles Io- son ami. Brueys écrivait au sujet du niennés , et fut obligé, pour y vivre Grondeur : « Le premier acte est en- pendant une longue station , d'avoir recours à Ali-Pacha. La campagne d'É- « tierement de moi, et il est excellent; « le second a été gâté par quelques scè- gvpte ayant été résolue, Brueys reçut « nés de farce de Palaprat, et il est mé- le\" commandement de la flotte qui de- Digitized by Google
426 BRU L'UNIVERS. vait porter l'armée ; il réussit a trom- expira au moment où son vaisseau, F Orient , sautait avec une explosion per les Anglais qui voulaient lui dis- terrible. (Voyez Aboukir [bataille na- puter le passage , et arriva heureuse- —vale d'].) Le général ment dans la fade d'Aboukir. Aussitôt Bruges (prises de). après le débarquement des troupes , il aurait dû , ou entrer dans le port la Bourdonnave s'empara de Bruges, avec un faible détachement, dans le d'Alexandrie, ou retourner sans perte moment où Dumouriez, victorieux à de temps en France , à Malte ou a Corfou. Il n'en Gt rien, et s'embossa Jemmapes, poursuivait les Autrichiens pour attendre les Anglais. Cette faute causa la perte de la flotte (*). Nelson —vers la Meuse. jugea du premier coup d'œil qu il pou- La division du général Moreau vait séparer les vaisseaux français; il s'en empara avec non moins de facilité, passa audacieusement entre le rivage le 29 juin 1794. et la flotte, et plaça ainsi l'avant-garde Bruguier (Jean), né à Nîmes, au entre deux feux. 'Le combat fut terri: commencement du dix-septième siè- ble ; mais bientôt la victoire se décida pour les Anglais. Dès lors Brueys ne de , fut l'un des pasteurs de l'Eglise ré chercha plus que la* mort; atteint ne deux blessures, il ne voulut pas des- ^eyoq^formée de cette ville Avant même que cendre pour se faire panser : Un ami- ral français, dit-il , doit mourir sur 1ledit de Nantes edt été son banc de quart. Bientôt après , un avait été défendu aux calvinistes de boulet ennemi vint le frapper , et il chanter les psaumes. Bruguier publia, pour prouver l'innocence de cette pratique , un Discours sur le chant des psaumes , 1663 , in-12. Le livre fut condamné au feu , l'auteur sus- pendu de ses fonctions et exilé de la (*) «Napoléon fut accusé d'avoir, par province. Bruguier s'étant retiré à les ordres quMl avait donnés à Brueys, amené la perle de la bataille et celle de l'amira.. Genève, publia^ en 1673, sa Réponse Toici un fragment d'une lettre écrite par l'amiral Bruevs au général en chef de l'ar- sommaire au livre de M. Jrnaulcl, mée d'Hgvple\", peu de temps avant le désas- intitulé : Renversement de fa morale tre, le 14 messidor an vi (a juillet i79 8 )> de J. C. par les calvinistes, Quevilly, et qui semble justifier Napoléon: 1673. Il a encore écrit un autre ou- « La position où je suis n'est pu tenable vrage sous ce titre : Idea totius phi- « par la qualité du fond qui est parsemé losophur, 1676, in-8°. Il mourut à Ge- « de roches , et je ne peux pas y attendre « l'ennemi, qui, avec des forces égales, nève, en 1684. «< délruirait toute l'armée, en la prenant en Bruhier d'Ablàincourt (J. J.), « détail, si j'avais la maladresse de l'attendre médecin, né à Beauvais, et mort à Paris, en 1756, a traduit ou édité un grand nombre d'ouvrages, mais a sur- « su mouillage tout mérité le souvenir de la postérité « Je suis extrêmement contrarie par ce par ses divers ouvrages sur les signes de la mort, et par la démonstration « défaut de mouillage , el mon chagrin serait publique qu'il lit de la nécessité de « au comble si eela devait être une raison « de me séparer de vous , n'ayant d'aulre —différer les enterrements. La marine « désir que de suivre votre sort en quelque Biuîix (Eustache ). « qualité que ce soit. Je vous prie d'être française a donné, sous l'empire, de « assuré que je serai toujours bien place, nombreux exemples de courage ; et si elle ne rendit pas tous les services qu'on <> pourvu que je sois placé auprès de vous pouvait en attendre, la faute doit en ; « personne j'ose vous l'assurer, ne vous être imputée surtout à l'inhabileté ou , « étant plus sincèrement attaché. Ce senti- « ment est dû à l'homme qui a rendu d'aussi à la mauvaise fortune de quelques offi- ciers supérieurs. L'amiral Bruixfutun « grands services à la France , et vous y des marins les plus remarquables de « avez ajouté par vos bontés celui de la re- cette glorieuse époque. Né a Saint-Do- « eonnaissance. » Correspondance inédite , mingue, en 1759, il s'embarqua comme citée dans les Opinions de A'upuldon, t. I p. 17a. Digitized by Google
BRU FRANCE. BRU 427 volontaire sur un vaisseau marchand. forces de ce brave officier l'abandon- Deux ans après il fut nommé garde nèrent , et il fut obligé de revenir à de la marine , lit sa première campa- Paris, où il mourut a peine âgé de quarante-cinq ans. Ses restes avaient gne sur la frégate le Fox , et sa se- été déposés dans l'un des quartiers du cimetière de l'Est que l'on consacrait conde sur la Concorde. 11 servit dans , les diverses escadres qui vinrent au alors aux sépultures provisoires. Le secours des États- Unis , et fut fait ministre de la marine, M. Rosamel, lui a fait élever en 1838, un monument ensuite enseigne de vaisseau. Nommé durable, avec une inscription qui re- plus tard commandant du Pivert , —trace les services qu'il a rendus au pays. il fut associé à M. de Puységur pour Brumaire (coup d'Etat du 18). Tant qu'il ne s'agissait que de détruire, la confection des cartes destinées à le patriotisme et le courage ont été retracer les côtes et les débouque- des vertus suffisantes pour assurer le triomphe de la révolution; et, grâce à ments de Saint-Domingue. Nommé Dieu , ni l'un ni l'autre n'ont manqué lieutenant de vaisseau et membre de aux hommes qui ont prêté le serment du jeu de paume, ou à ceux qui ont l'Académie de marine, il fut envoyé, répondu aux menaces de l'Europe ab- en 1791, dans la Manche avec le brick solutiste en redoublant de sévérité envers un roi que sa faiblesse et ses le Fanfaron ; en 1792 , aux îles du malheurs n'excuseront jamais d'avoir correspondu secrètement avec l'étran- Vent , avec la frégate la Sémillante. L'année suivante il monta à bord de ger et conspiré contre son peuple. VIndomptable; mais, renvoyé comme (Voyez Louis XVI , Armoire de fer, Brunswick (manifeste de), Émi- noble, il ne fut employé dé nouveau gration, Condé (armée de), Vendée que sous le ministère de Truguet qui (guerre de la) et Chouans). Mais , quand la révolution eut fait table rase, et que le temps fut venu de lui confia VÈoley jusqu'au moment où se mettre à l'œuvre pour élever un nouvel édifice sur les ruines de l'an- il fut envoyé sur l'escadre de l'amiral cien, il fallut aux acteurs du grand drame des principes plus arrêtes et Fillaret-JÔyeuse, en qualité de major des idées mieux définies, un ensemble de croyances enfin que l'amour de la général. 11 fit partie de l'expédition patrie lui-même, quelque puissant que soit un pareil lien sur une nation gé- d'Irlande, et fut nommé contre-amiral, néreuse, ne pouvait qu'imparfaitement remplacer. Ce n'était plus assez de puis ministre de la marine. Masséna savoir mourir pour ses opinions, il y avait urgence de mettre quelque chose assiégé dans Gènes avait besoin de à la place du passé; si l'on voulait que la vieille organisation disparût sans secours ; Bruix court à Brest, où no- tre flotte était bloquée par les Anglais. retour, il était nécessaire non-seule- )rolite d'un coup de vent qui disperse ment de vaincre la coalition des rois et des nobles, mais encore de jeter les es vaisseaux ennemis , va en toute véritables bases de l'organisation de lâte ravitailler Gênes, rallie à son re- l'avenir. tour les Espagnols, et rentre avec eux Bien des tentatives ont été faites dans le port de Brest. Ce coup de dans ce but par les différentes classes de la société; mais aucune ne parvint main était hardi; mais Bruix aurait pu à faire prévaloir son système; et, de- rendre un bien plus grand service à la France s'il eût été au secours de Na- poléon , dont l'année faisait de si grandes choses en Egypte. A près cette expédition , Bruix rendit le porte- feuille de la marine et prit le com- mandement de la flotte assemblée à l'île d'Aix , et qui devait faire voile Ïiour l'Espagne. Mais l'ennemi ren- ôrça la croisière, l'amiral tomba ma- lade , et la paix d'Amiens vint empê- cher la flotte de sortir. La guerre ayant de nouveau éclaté Napoléon , conçut le projet d'une nouvelle des- cente en Angleterre, et confia à Bruix le commandement de la flottille qui devait transporter l'armée; mais les Digitized by Google
v 428 BRI? L'UN TJRS. BRU puis les girondins jusqu'aux babou- blée se partagea en plusieurs comités. vistes , tons les partis tombèrent les Ces comités eux-mêmes, assemblées uns après les autres. Ce n'est pas ici le encore trop nombreuses quoique déjà lieu de rechercher la cause de tant de très-restreintes, se divisèrent en une chutes, il convient seulement de cons- certaine quantité de fractions, subis- tater le résultat. Or, il est incontes- sant tantôt l'influence d'un chef, tan- table que jusqu'à la fin du Directoire, tôt celle des municipalités. Dans les le gouvernement révolutionnaire fut deux cas, on n'eut presque toujours toujours plus heureux contre ses en- qu'un gouvernement aux mille têtes, nemis du dehors que contre les obsta- ou la perspective d'un dictateur tout cles intérieurs. Le problème que la prêt à s'imposer. Peu à peu , les trou- révolution avait à résoudre était dou- bles renaissant toujours, la force des ble; elle devait organiser la politique choses diminua presque d'elle-même le nombre des chefs influents; et, après en même temps que la victoire. Une avoir traversé les plus violents orages la Convention finit par créer le Di- pareille t;1che dépassait peut-être les rectoire, c'est-à-dire, un pouvoir bornes de la puissance humaine. Aussi exécutif a cinq têtes, que le dix-huit la Convention sut-elle mieux vaincre brumaire réduisit d'abord à trois, pour que fonder; et l'on ne saurait, sans revenir bientôt au point de départ, à une cruelle injustice, oublier ses vic- J'imite, à la monarchie, en un mot. toires, pour ne tenir compte que de ce Alors, après les «excès de l'empereur, qu'elle n'a pas accompli. devant qui s'éclipsèrent insensiblement les grands corps de l'État , on fut ré- La mort du roi, particulièrement, duit à recommencer l'œuvre de 89 sur avait fait un grand vide. Emportée de nouveaux frais, au prix d'un sang nouveau. par les élans d'une juste indignation, la Convention avait détrôné et envoyé Avec quelques idées préconçues que au supplice le chef de l'État; mais ne l'on juge les événements, on Vie peut commit-elle pas une faute grave, en ne pas nier qu'il n'y ait eu quelque chose de fatal et d'irrésistible dans cette dé- choisissant pas à l'instant même un croissance progressive du nombre des chefs de la révolution. Il faudrait une nouveau chef pour représenter l'unité grande ténacité d'esprit pour n'attri- nationale? JVeût-elle pas agi avec plus buer qu'aux mauvaises passions ce qui de sagesse en remplaçant le représen- provenait au moins autant des consé- tant héréditaire de l'unité monarchique quences d'une loi générale et jusqu'à par un représentant électif de l'unité ce jour sans exception, puisque, soit démocratique? N'eut-elle pas tort de dans l'antiquité, soit dans les temps croire que, de la presque unanimité modernes, aucune république n'a existé de ses suffrages, allait sortir une homo- longtemps sans un chef pour en repré- généité parfaite, qui lui permettrait senter l'unité. Il n'y a que les aristo- craties qui dérogent à cette loi, et d'agir comme un seul homme? Ce qui encore ne tardent-elles pas à passer à prouve qu'elle tentait l'impossible, ce la dictature et à la monarchie, comme sont les sacrifices constants qu'elle dut accomplir pour maintenir l'indivisibi- on peut en juger par l'exemple de la litédelarépublique.La plusdouloureuse république romaine. expérience ne put changer les illusions de la France à cet égard : elle s'entêta Si les considérations qui précèdent longtemps à ne voir que la résurrection sont aussi justes que nous le croyons, de la tyrannie dans tout essai de réorga- le 18 brumaire est un événement peu nisation du pou voir exécutif. L'horreur difficile à comprendre. Les deux prin- de l'esclavage ne lui permettait de se cipales classes de la nation, la bour- soumettre aux bienfaits d'aucune direc- geoisie et le peuple, avaient inutilement tion , dès que cette direction paraissait fait l'essai du pouvoir. Après elles vouloir se concentrer dans un seul homme. Qu'arriva-t-il? Sentant l'im- possibilité de mouvoir tous ses mem- bres avec assez de promptitude, l'assem- Digitized by Google
BRU FRANCE. BRU 429 tous les partis importants gui s'étaient un dictateur militaire; on n'avait pas formés dans leur sein avaient succes- sivement saisi les rênes de l'État, su créer une nouvelle hiérarchie, on tous, excepté un seul... l'armée. Tous avaient succombé sans retour; et si le allait subir le régime de la discipline. Directoire subsistait encore, c'était parce que, dans la journée du 18 fruc- A partir du 13 vendémiaire , le tidor, la force militaire avait daigné triomphe définitif de l'armée était évi- lui prêter l'appui des baïonnettes. La dent. S'il tarda un peu, c'est qu'aucun Convention elle-même avait eu besoin des troupes pour empêcher la faction de ses généraux n'avait encore acquis royaliste de prendre le dessus; et une prépondérance assez marquée. ainsi, dès le 13 vendémiaire, l'armée avait préparé son propre avènement à Toute la durée du gouvernement di- la domination. rectorial peut être considérée comme Comment n'y serait-elle pas arrivée? une époque préparatoire, pendant la- Serti corps sérieusement organisé dans quelle l'armée était pour ainsi dire en l'État, elle savait par expérience quelle force, quelle unité d'action imprime travail d'enfantement. Tandis que l'on aux masses la direction d'un chef, lorsque ce chef est véritablement digne discutait à Paris , elle culbutait les de confiance. Seul instrument de la révolution qui eût accompli le plus étrangers , et se demandait , en por- difficile de sa tâche, elle avait été ini- tiée par de nombreuses victoires au tant les regards sur ses généraux , le- secret de sa puissance. Non-seulement elle avait consolidé au dehors le succès quel était vraiment le plus digne. Il de la révolution, elle était encore de- venue la seule sauvegarde contre le ne se fit pas longtemps attendre; le retour de l'ancien régime, et puis quelque chose l'avertissait qu'à son héros de Toulon , l'homme de vendé- tour elle allait s'élancer sur la vieille Europe. D'un autre coté, épuisée par miaire, gagna bientôt ses suffrages des secousses inévitables sans doute, mais dont le nombre aurait été moins par les immortelles campagnes d'Ita- grand avec un peu moins de haine contre toute autorité supérieure, la lie. Les seuls rivaux que l'on pût lui nation commençait à soupirer après le repos; elle était disposée à faire quel- opposer étaient des militaires aussi : ues sacrifices pour avoir un peu d'or- tant if est vrai que le cours des évé- a re. Et qui pouvait mieux ramener le règne de l'ordre que le parti militaire, nements livrait le maniement des af- qui n'avait jamais complètement ou- blié ses vieilles traditions d'obéissance faires à l'armée. C'étaient les Berna- passive, et dans les rangs duquel s'é- taient réfugiés presque tous ceux à qui dotte , les Hoche , les Moreau , les l'anarchie faisait horreur? Il est vrai ]\\1 asséna, les Joubert, en l'absence de que sous sa tutelle, la France révolu- tionnaire courait le risque de n'être Kléber et de Desaix partis en Egypte délivrée de l'anarchie qu'aux dépens , de la liberté; mais c'était la consé- quence et peut-être la punition de tout avec Bonaparte; c'étaient encore Pi- ce qui avait précédé. Pour n'avoir pas voulu donner un successeur à l'ancien chegru , Jourdan Augereau , Brune chef politique, on était menacé d'avoir , et une foule d'autres noms célèbres. Les clubs , les grands corps de l'État eux-mêmes , -choisissaient des militai- res pour présidents ; chaque parti po- litique voulait avoir son général : les royalistes comptaient sur Pichegru, sur Moreau peut-être ; les républi- cains, surtout après la mort du géné- ral Iloche , avaient espoir en Berna- dotte. Talleyrand, ministre des rela- tions extérieures, plus clairvoyant que les autres, conspirait pour le général Bonaparte. Tel membre du Directoire préférait Joubert ; tel autre caressait Masséna ; Barras avait un faible pour Ilédouville ; il n'était pas jusqu'à Sieyès , le grand faiseur de constitu- tions qui ne comprît que, pour deve- , nir un nouveau Lycurgue l'appui , d'un gagneur de batailles était désor- mais indispensable. Le gouvernement enfin usait le peu de force qui lui res- tait , tantôt à opposer les uns aux au- tres tous ces concurrents armés , tan- Digitized by Google
430 BRU L'UNI ERS. BRU > tôt , et c'était le plus souvent , à per- dans sa maison de la rue de la Victoire. suader à celui-ci ou à celui-là qu'il S'il sortait, c'était en costume d'aca- était de taille à se mesurer avec le pa- démicien , et pour aller assister aux cificateur de Campo-Formio et le séances de l'Institut , dont il était vainqueur des Pyramides. Sous une membre. De peur de réveiller les forme ou sous une autre, c'était tou- craintes qu'inspirait à tous la dicta- jours le même spectacle : le citoyen ture militajre , le soldat se cachait s'effaçant de plus en plus devant sous l'habit du savant , et habituait ainsi la France à voir en lui autre l'homme de guerre, la peïisée réduite chose et plus qu'un général préten- à implorer la protection du sabre. , Une nouvelle coalition de rois pro- tion d'ailleurs bien naturelle, et qui fitant de l'éloignement de Bonajtarte ne l'abandonna jamais dans tout le et de son armée, pour venir fondre cours de sa vie. Toutes ses pensées sur la république, nous avait fait éprou- ver des revers en Italie : tous les yeux tous ses actes, tendirent constamment alors se tournèrent instinctivement vers PÉgypte. Après les victoires de vers le même but; enfin, il joua avec Berghen et de Zurich, on n'oublia pas un merveilleux talent un rôle qu'il avait que Brune et Masséna, de concert avec Bernadotte , venaient de mettre bien appris d'avance. la France à l'abri d'une invasion ; mais la défaite et la mort de Joubert avaient Le temps de cette retraite apparente rappelé que Napoléon seul savait pren- était employé à pressentir l'opinion publique et a sonder les partis. En ef- dre l'offensive. Aussi, lorsque, inspjré fet , il ne suffisait pas de vouloir s'é- par l'ambition au moins autant que lever à la première place, il importait par le patriotisme , il débarqua en encore de savoir par quels degrés on pouvait y monter. Républicains, roya- France, l'enthousiasme fut universel. listes, modérés, ou plutôt hommes du milieu, tous avaient besoin d'un chef, Le Directoire eut beau lui faire sen- tous lui faisaient des avances, comme tir quê l'armée savait encore vaincre il l'a dit dans ses mémoires; mais sans lui , il se consola en pensant nue si la coalition était battue, on n en tous ne lui promettaient pas la même part, ne lui offraient pas les mêmes pouvait pas dire autant de l'anarchie gouvernementale. Et puis, cette fois, garanties. Quelques-uns exigeaient des conditions trop rigoureuses, ou il se sentait moins timide qu'à son re- qu'il ne voulait pas tenir. Il avait be- tour d'Italie; il lui semblait que , pen- soin de réfléchir avant de fixer son dant sa campagne d'Egypte , la poire choix. Le difficile, ce n'était pas de avait eu le temps de mûrir. prendre son parti à l'égard des roya- listes : les champions de la légitimité Dès le jour de son arrivée à Fré- avaient besoin d'un nouveau Monck; jus , 9 octobre 1799 , il fut aisé de mais Napoléon ne pouvait s'entendre avec eux que lorsque lui-même aurait voir qu'il pensait ainsi; et lorsqu'il fut à Paris, sa conduite ne tarda pas besoin de courtisans. A qui donner la à en fournir la preuve. Ému, mais ne préférence,des républicains sincères, ou de ces prétendus modérés, qui acceptent laissant rien paraître de son émotion tous les régimes par amour du repos, , bien moins encore que dans l'espoir de s'enrichir? Là était le point déli- absorbé dans des méditations profon- cat. Avec les républicains , il fallait des , réservé plus encore que d'habi- s'attendre à des susceptibilités sou- tude, froid à tous les éloges et à tou- vent excessives , à des résistances toujours énergiques; avec les modé- tes les fêtes données en son honneur, rés, au contraire, pas de chicanes, pas comme un homme qui aspire à une d'entraves ; quelle séduction pour un grand homme, trop confiant dans son plus haute récompense agissant peu propre génie! Deux années aupara- ; vant, à son retour d'Italie, Napoléon lui-même, mais laissant remuer ciel et terre à une foule de créatures dé- vouées, qui l'avaient déjà servi pendant •son absence , il affecta de ne point pa- raître en public ; et , pour mieux voir sans être vu, il resta d'abord enfermé Digitized by Google
BRU FRANCE. BRU 431 n'aurait peut-être pas hésité, son coeur Fouché devinrent les dépositaires de l'aurait entraîné vers les hommes sin- ses pensées secrètes , et mirent les cèrement patriotes , convaincu qu'on tristes ressources de leur habileté à ne s'appuie solidement que sur ce qui résiste; mais, depuis, l'Orient avait son service. Sa maison fut le foyer habitué ses yeux au spectacle du des- potisme, et développé en lui une ten- d'une vaste conspiration pour le suc- dance naturelle vers le coté matériel, , mais poétique cependant, des choses de cès de laquelle on employa tour à tour la vie. l'intrigue et la corruption, jusqu'à ce Cependant il hésite encore , et résis- tant aux avances réitérées de Siejès, que l'heure de la violence fut arrivée. dont il inéprise le caractère, il cherche à entrer légalement au pouvoir,cn se fai- Il serait trop long d'entrer dans le sant nommer directeurà sa place. Mal- heureusement il n'a que trente ans, et la détail de tous les moyens auxquels les constitution en exige quarante pour être admis au gouvernement de\" l'État. instruments de ses projets eurent re- Gohier et Moulins, les deux hommes les plus estimables du Directoire, et à cours, et dont la responsabilité pèse qui il s'est ouvert de préférence, le repoussent au nom de la loi et ajour- sur son caractère, qu'il y ait pris ou nent à dix ans son ambition qui ne non une part directe ; il suffira de peut plus attendre. Voyant alors qu'il montrer les principaux fils de cette n'a plus rien à espérer de la légalité, il se décide à briser une constitution qui singulière comédie qui modifia si pro- le déclare inhabile à gouverner, lui qui a déjà deux fois fait l'apprentissage du fondément la marche de la révolution. commandement suprême , d'abord en Italie, puis en Égypte; lui qui dispose Si quelque chose peut excuser Napo- de l'armée; lui, enfin, que les encou- ragements de la France et les applau- léon , c est que , mieux (jue personne, dissements d'une multitude de flat- il connaissait le coté défectueux de la teurs ont confirmé dans le sentiment de sa supériorité. Poussé à bout par constitution de l'an ni ; c'est que le but auquel il tendait, était évidem- de mesquines jalousies, traité comme ment louable , et que. lui personnel- un être dangereux, parce qu'il a triom- phé de l'ennemi plus souvent que les lement, se proposait sincèrement le autres, il se rappelle que c'est lui qui a sauvé la Convention au 13 vendé- bien et la gloire de la France. Même miaire, en mitraillant les sections de Paris, et le Directoire au 18 fructidor, encore à Sainte-Hélène, il ne voyait en lui envoyant Augereau , l'un de ses lieutenants. Dans sa passion , aucun que le beau coté de son entreprise; scrupule ne peut plus l'arrêter; il oublie que cette constitution qu'il va comme Scipion, il disait pour toute violer, c'est lui-même qui en a assuré le triomphe contre les royalistes. Ce réponse à ses accusateurs : « Nous pro- Sieyès qu'il déteste et qu'il méprise, il va le trouver, lui tendre la main et testons que nous avons sauvé notre faire un pacte avec lui. pays; venez avec nous en rendre grâce Dès ce moment, Napoléon n'eut plus le choix de sa conduite; il fut con- aux dieux; \"justification plusfièreque damné à réunir autour de lui tous les juste, pour ceux qui croient qu'il aurait ambitieux subalternes. Talleyrand et pu sauver la France par de meilleurs moyens et aussi d'une manière plus durable. Mais, dira-t-on, le Directoire lui avait fait une nécessité de la ré- volte. Kt quand cela serait! 11 fallait en appeler du Directoire à la nation non pas par l'intrigue et par les ormes, mais ouvertement et avec noblesse. Jamais la France ne fut jalouse et par- cimonieuse envers lui, et, s'il ne s'é- tait refusé à fournir des garanties raisonnables, elle l'aurait certaine- ment mis au-dessus d'une loi aveugle. Son impatience l'a fait monter plus tôt; mais son impatience aussi a pré- cipité la fin de son règne. Une fois résolu à la lutte, il eut bientôt fait son plan de bataille ; et saisissant l'à-propos avec son tact or- dinaire, ses intrigues et ses avocats à l'avant-garde , ses grenadiers en ré- serve, il donna le signal de l'attaque. Digitized by Google
432 BRU L'UNIVERS. BBU Un grand nombre de voix lui étant tard; les patriotes, parce qu'ils ne l'a- gagnées dans le Conseil des Anciens que vaient pas été du tout. A huit heures présidait Lucien, son frère, ce fut avec le secours de cetie assemblée qu'il et demie , le messager d'État qui en entreprit de porter les premiers coups était porteur arriva au logement de au Conseil des Cinq-Cents , où la cor- Napoléon. Il en trouva les avenues rem- ruption avait eu moins de prise, parce plies d'officiers de la garnison , d'ad- qu'on y avait encore foi dans la démo- judants de la garde nationale, de cratie. Le Directoire était ce qui l'em- barrassait le moins. Des cinq membres généraux, et de trois régiments de ca- valerie. C'est que, la veille, Napoléon ui le composaient, trois, étaient à sa avait eu le soin de faire prévenir les Il évotion : Sieyès et Roger-Ducos agis- saient d'intelligence avec lui; Barras, officiers de la garnison et les qua- après avoir essayé de travailler pour rante adjudants de la garde nationale, lui-même ou pour les Bourbons, avait qu'il les recevrait le 18 , à six heures fini par lui promettre son assistance; du matin. Tous les généraux de l'ar- quant à Moulins et à Gohier, qui per- mée, présents à Paris, avaient reçu la sistaient à ne pas vouloir trahir leur mandat, outre qu'ils ne formaient même invitation. Chacun d'eux*, ou qu'une minorité, l'inexpérience du premier et la bonhomie du second lais- du moins chacun de ceux qui n'étaient saient pour ainsi dire carte blanche. pas dans le secret de la conspiration, Ce oui se préparait, allait leur montrer crut que l'invitation était pour lui quel fond il faut faire sur un gouver- seul. Augereau et Bernadotte seuls nement à cinq têtes, et combien il est ne furent pas prévenus; mais Joseph facile de le renverser. Afin de mieux amena Bernadotte qui, après une ho- endormir Gohier, le général Bonaparte norable protestation au nom de la li- s'invita à dîner chez lui avec sa famille berté (*), refusa formellement son con- cours et se retira. A la réception du f>our le 18 brumaire; il voulut même message, Napoléon fit ouvrir les bat- 'avoir à déjeuner pour le même jour tants des portes ; et sa maison étant trop petite pour contenir tant de monde, il avec sa femme. s'avança sur le perron, reçut les com- Dès le 15, Napoléon et Sieyès avaient pliments des officiers , les harangua, et leur dit qu'il comptait sur eux tous arrêté toutes leurs dispositions. 11 fut convenu que le Conseil des Anciens, pour sauver la France. En même s'autorisant de l'article 102 de la cons- temps, il leur apprit que le Conseil titution, décréterait la translation du des Anciens, autorisé par la constitu- Corps législatif à Saint-Cloud , et nommerait le général Bonaparte com- tion ( ce qui n'était pas parfaitement mandant en chef de la garde du exact), venait de le revêtir du com- Corps législatif, des troupes de la di- vision militaire de Paris et de la garde mandement de toutes les troupes; nationale. qu'il s'agissait de prendre de grandes mesures, pour tirer la patrie de la Le 18, en effet, après avoir entendu position affreuse où elle se trouvait; des discours virulents dans lesquels qu'il comptait sur leurs bras et leur Cornudet, le Brun et Fargues peigni- volonté; qu'il allait monter à cheval, rent sous de vives couleurs les dan- pour se rendre aux Tuileries. L'en- gers dont la république était menacée, thousiasme fut extrême ; tous les offi- et la conspiration permanente des ciers tirèrent leurs épées, et promirent coryphées ,au manège pour rétablir le assistance et fidélité. Alors Napoléon règne delà terreur, le Conseil des An- se tourna vers Lefèvre qui avait le ciens rendit à huit heures du matin le décret en question. Il est vrai qu'un , grand nombre de membres étaient absents : les douteux, parce qu'ils n'a- commandement de la division mili- vaient été convoqués que pour plus taire , lui demandant s'il voulait res- ter près de lui , ou retourner près du Directoire. Lefèvre, fortement ému, (*) Voyez l'article Bernadotte dans la Biographie des hommes du jour par MM. Sari ut et Saint-Edme, et dans l'Encyclo- pédie des gens du monde , t. III p. 36;. , Digitized by Google
FRANCE. BRU 433 ne balança pas. Napoléon se mit aus- I du Corps législatif, et'menacé de périr sitôt à cheval, et partit, à la tête des sous les coups des grenadiers s'il ré- généraux, des officiers et des quinze clamait contre l'illégalité flagrante de cents chevaux auxquels il avait fait la nomination de Bonaparte au com- faire halte sur le boulevard , au coin mandement général des troupes, céda de la rue du Mont-Blanc. Il donna à la force et ajourna sa séance au len- ordre aux adjudants de la garde na- demain 19, en convenant de se réunir à Saint-Cloud. Cambacérès , ministre tionale de retourner dans leurs quar- de la justice, Fouché, ministre de la tiers, d'y faire battre la générale, de faire connaître le décret qu'ils ve- police , et tous les ministres qui ne de- naient, d'entendre , et d'annoncer mandaient qu'une occasion pour adorer u\\on ne devait plus reconnaître que le soleil levant, se hâtèrent de courir Ies ordres émanes de lui. aux Tuileries. Il se rendit ensuite à la barre du Con- Après s'être ainsi rendu maître de seil des Anciens, env ironné de son bril- Paris, Napoléon songea à la journée lant cortège. Il dit: «Vous êtes la sagesse du lendemain. C'était peu d'avoir « de la nation ; c'est à vous d'indiquer, renversé le gouvernement existant , 41 « dans cette circonstance, les mesures fallait faire reconnaître par le Corps « qui peuvent sauver la patrie : je , législatif, le gouvernement nouveau « viens, environné de tous les géné- qui devait se composer de Napoléon, « raux , vous promettre l'appui de Sieyès et Roger-Ducos, prenant le titre de consuls. Pour détruire , la « leurs bras. Je nomme le général connivence d'une partie du Conseil » Lefèvre mon lieutenant. Je rem- « plirai fidèlement la mission que vous des Anciens avait suffi ; pour édi- fier, avec quelque apparence de léga- « m'avez confiée : qu'on ne cherche « pas dans le passé des exemples sur lité du moins, le concours du Conseil « ce qui se passe. Rien dans l'histoire des Cinq-Cents devenait indispensa- « ne ressemble à la fin du dix-hui- ble. La tentative était audacieuse; « tième siècle; rien dans le dix-hui- aussi avait-on eu la précaution d'éloi- « tième siècle ne ressemble au mo- gner le Corps législatif de Paris, dont « ment actuel. » Il population aurait pu faire contre- Toutes les troupes étaient réunies poids à l'armée, et où les directeurs aux Tuileries; il en passa la revue aux opposants auraient pu être délivrés de acclamations unanimes des citoyens et leur prison par un mouvement insur- des soldats. Il donna le commandement Arectionnel. Saint-Cloud , au con- des troupes chargées de la garde du traire , toutes les fraudes , tous les mensonges seraient permis, et, au pis Corps législatif au général Lannes, et au général Murât le commandement aller , si le Conseil des Cinq-Cents restait inexorable, le Conseil des An- de celles qui devaient être envoyées à Saint-Cloud. Moreau fut chargé\" de la ciens était déjà trop compromis pour garde du Luxembourg, où Moulins et reculer. Gohier, qui n'avaient voulu entendre Le 19, Saint-Cloud fut le théâtre d'une seconde scène militaire qui , comme à aucun accommodement , furent re- tenus prisonniers quoique les mé- celle de la veille, se termina encore à , moires de Napoléon auquel ce récit l'avantage de Napoléon, mais où le sys- , est emprunte presque textuellement, tème comminatoire fut impuissant et où n'en conviennent pas, et disent même il fallut recourir à la violence. Le Con- le contraire. Deux proclamations, seil des Cinq-Cents auquel on ne , Tune au peuple, l'autre à l'armée, ap- pouvait cette fois enlever la parole, prirent à tout Paris ce qui venait fit craindre un instant que cette arme, d'avoir lieu. Le Conseil des Cinq- mise au service de la loi , ne balançât Cents, forcé par le texte de la loi d'o- la puissance des baïonnettes. Vaine- béir au décret du conseil des Anciens ment avant l'ouverture de la séance, en ce qui concernait la translation les partisans de Napoléon essayèrent T. m. 28e Livraison. (Dtct. bncycl., etc.) Digitized by Google
434 BRU L'UNIVERS BRU de lui gagner ou de lui acheter des mla salle, et auxquels IV tour avait suffrages; dès le début 4e la délibé- fait une invocation. Linguet, se le- . ration, l'Assemblée rejeta avec indi- vant tout à coup, lui dit d'une voix gnation la proposition que fit Émile forte : « Général, nous applaudissons Godin de nommer une commission « à ce que vous dites; jurez donc avec de sept membres pour faire un rap- « nous obéissance à la constitution port sur la situation de la république. « de l'an in , qui seule peut mainte- « nir la république. » Le piège était En revanche, elle accueillit avec un enthousiasme indicible la motion de habilement tendu, Napoléon en parut Delbrel et de Grand-Maison , qui un moment accablé; mais recueillant malgré les efforts du président Lu- toutes ses forces , et démasquant en- cien, de Boulay de la Meurthe et de fin son ambition , il s'écria : « La « constitution de l'an in ! vous n'en leurs amis pour les en empêcher , de- « avez plus ! Vous l'avez violée au mandèrent que rassemblée prêtât de nouveau serment à la constitution de « 18 fructidor, quand le gouverne- Tan m. Après l'appel nominal qui « ment a attenté a l'indéuendance du dura plus de deux heures, tous les dé- « Corps législatif ! Vous l'avez violée putés, et Lucien lui-même, renouvelè- « au 30 prairial an vu quand le , rent leur premier serment. « Corps législatif a attenté a l'indé- Voyant la mauvaise tournure que « pendance du gouvernement ! Vous prenaient les choses apercevant déjà « l'avez violée au 22 floréal , quand , , des signes d'hésitation dans les rangs « par un décret sacrilège, le gouver- de ses soldats, et craignant que le « nement et le Corps législatif ont at- Conseil des Anciens lui-même , élec- « tenté à la souveraineté du peuple, trisé par cet exemple de patriotisme, « en cassant les élections faites par ne prît une résolution analogue , Na- « lui ! La constitution violée , il faut « un nouveau pacte , de nouvelles ga- poléon se présenta devant cette as- semblée, à qui une lettre de Lagarde, « ranties. » secrétaire général du gouvernement, Telles sont du moins les paroles venait d'annoncer que quatre mem- dont il accepta la responsabilité. On bres du Directoire ayant donné leur ne peut disconvenir qu'elles avaient démission (*), et le cinquième ayant été beaucoup de sens, et qu'après de si mis en surveillance (**), il n'y avait plus flagrantes violations de la loi, Gohier, de Directoire. Se remettant peu à peu, Moulins et le parti national furent après quelques instants de trouble, coupables en lui refusant Une dis- Napoléon adjura , dans les termes les pense d'âge, qui lui aurait permis 5lus pressants, le Conseil des Anciens d'entrer d une manière moins brusque e prendre un parti et de pourvoir au pouvoir, et qui ne l'y aurait pas laissé sans contre-poids. En admet- au salut de la république; mais son tant même qu'un homme de cette na- éloquence un peu novice ne toucha guère que les grenadiers, dont les ture serait toujours parvenu à son onnets s'apercevaient aux portes de idéal, au commandement suprême , il n'y serait arrivé que par transitions, (*) Cela était complètement faux , puis- à mesure qu'il aurait fait ses preuves, que, comme on vient de le voir, Moulins et qu'il aurait perfectionné son édu- et Gohier étaient retenus prisonniers au cation politique, véritablement supé- Luxembourg, pour n'avoir pas voulu donner leur démission. rieure sous quelques rapports , mais encore si défectueuse sous quelques (**) C était encore là une supercherie. Ce cinquième membre était Sieyès, l'un des autres. instigateurs du complot , et qui, pour dissi- Quoi qu'il en soit, la sortie de Napo- muler sa trahison et faire croire qu'il était léon rendit le courage à ses nombreux effectivement en surveillauce, resta cons- tamment enfermé dans une voiture à la partisans dans l'Assemblée ; elle fut suite des troupes du générai Bonaparte. chaleureusement appuyée par Cornu- detet par Régnier. Cependant, comme Digitized by Google
bru FRANCE 435 9 parlait d'intrigues dont il était en- que parmi les représentants qui se touré , de prétendus patriotes qui lui précipitèrent sur lui , il y avait des mains armées de poignards ? N'est-ce avaient proposé, pour purifier les pas plutôt une de ces fables comme Conseils, d'en exclure les plus sincères amis de la patrie, on le somma de les conspirateurs en inventèrent tant, nommer les coupables. Il prononça pendant les deux journées de bru- les noms de Barras et de Moulins, maire? Ce qui le prouve, c'est que, qu'il accusa de lui avoir proposé de le si l'on avait réellement attenté aux mettre à la téte d'un parti tendant jours de son frère , Lucien n'eût pas à renverser tous les nommes qui continué de présider, et n'eût pas fait avaient des idées libérales ; mais lors- des instances pour que Napoléon fût qu'on le pressa de révéler des faits rappelé dans l'assemblée et entendu. plus graves , il fut très-empêché de le « Le mouvement qui vient d'avoir faire. Cependant, d'Alphonse avant « lieu au sein du Conseil , » dit-il aus- demandé que l'assemblée réitérât le sitôt qu'il lui fut possible de se faire serment de fidélité à la constitution entendre, « prouve ce que tout le de l'an ni , cette motion excita des « monde a dans le cœur , ce que moi- « même j'ai dans le mien. Il était ce- murmures. Bien qu'une grande partie de l'assemblée penchât en faveur de « pendant naturel de croire que la Napoléon , le Conseil des Anciens ne « démarche du général n'avait pour Eouvait ou n'osait agir. Le succès de a objet que de rendre compte de la i journée dépendait évidemment du « situation des affaires , de quelque Conseil des Cinq-Cents , à qui appar- « objet intéressant la chose publique ; tenait l'initiative; là était le nœud du « mais je crois que, en tout cas , nul Sroblème; Napoléon ne craignit pas « de vous ne peut lui supposer des e s'y présenter. —« projets liberticides.» «Que le géné- C'était risquer son dernier enjeu. « ral soit traduit à la barre pour rendre L'exaltation du Conseil des Cinq- « comptede sa conduite! «dit une voix. Cents était portée au comble. Bigon- Dans l'espoir qu'on donnerait suite à net comparant le serment unanime cette demande , Lucien cède le fau- , teuil de la présidence à Chasal. Mais Bertrand du Calvados demande que de rassemblée à celui du Jeu de Paume, avait dit : « Le premier a fondé la liberté, le second la consolidera. » l'on commence par décréter que le On délibérait sur la lettre dans la- général Bonaparte n'est pas le com- mandant des grenadiers oui compo- quelle Barras annonçait sa démission, lorsque parut le général Bonaparte, sent la garde du Conseil. Blin propose de déclarer que les six mille nommes suivi de grenadiers qui s'établirent à la porte de la salle des séances. L'a- 3ui entourent l'Assemblée font partie gitation qui a lieu alors ne peut se e la garde du Corps législatif. « Je décrire , toute l'assemblée se lève « ne m'oppose pas, répond Lucien , à comme un seul homme; de toutes « la proposition ; mais je dois faire « observer que les soupçons paraissent parts on crie : Fwe larépubliquel. . « s'élever avec bien de la rapidité et A bas le tyran!. . . rive la constitu- « peu de fondement. Un mouvement, ntion de l'an Horsi ! . . . la loi le même« irrégulier, aurait-il déjà fait ou- Adictateur! ... bas le Cromwell Que faites-vous , téméraire 1 lui dit « blier tant de services rendus a la liber- Bigonnet. Retirez-vous ; vous violez « té ! Je demande qu'avant de prendre le sanctuaire des lois, ajoute un au- « aucune mesure vous appeliez le gé- tre. Est-ce donc pour cela , général, que tu as vaincu f s'écrie Destrem. « néral. » Les cris Hors la loi ! Aux On l'entoure , on le repousse , et il voix! La mise hors la loi contre le tombe dans les bras de ses soldats qui général Bonaparte ! furent les seules réponses qu'obtint Lucien, qui venait l'emportent. de reprendre sa place au fauteuil. Est-il vrai, comme on l'a prétendu, On le somma lui-même de mettre 28. Digitized by Google
436 BRU L'UN /ERS. BRU aux voix la mise hors la loi contre soient le Corps législatif, lui seul se son frère. Indigné, il quitte une se- trouvait existant, attendu la retraite conde fois le fauteuil , monte à la tri- de celui des Cinq-Cents s'empressa , bune, abdique la présidence, et en dé- de décréter que quatre des mem- Apose les insignes. peine est-il des- bres du Directoire exécutif ayant cendu de la tribune, que des grenadiers donné leur démission, et le cinquième entrent brusquement , se saisissent de étant mis en surveillance , il serait sa personne , et l'en le vint par ordre nommé une commission executive de son frère. C'en est fait de la répu- provisoire composée de trois mem- blique : César a passé le Rubicon. bres. On allait procéder à la nomina- Tous les moyens indirects étant tion des membres de cette commission épuisés Napoléon venait de se déci- executive, lorsque Lucien fit annoncer , der à la violence ; mais pour faire que le Conseil des Cinq-Cents venait marcher les troupes contre l'Assem- de se recomposer. La vérité, c'est blée nationale, la présence de son qu'il avait rassemblé à grand 'peine président n'était pas de trop. Lucien Vingt-cinq ou trente députés du Conseil ne se fit pas prier ; montant aussitôt des Cinq-Cents, qui erraient çà et là à cheval , mais oubliant qu'il vient dans les appartements de Saint- de se démettre de la présidence, il dit Cloud , dans les corridors , dans les cours; de vrais expectants enfin, aux troupes : « Citoyens soldats , le « président du Conseil des Cinq-Cents qui avaient le secret de la tentative, « vous déclare que l'immense majorité et voulaient en tirer parti : ce sont a de ce conseil est dans ce moment les propres expressions de Cornet, « sous la terreur de quelques repré- l'un des apologistes du 18 brumaire. « sentants du peuple à stylet, qui as- A cette nouvelle, le Conseil des An- « siègent la tribune , présentent la ciens rapporta son décret, et approuva « mort à leurs collègues , et enlèvent la réinstallation. du Conseil des Cinq- « les délibérations les plus affreuses. Cents. Celui-ci, ou plutôt » ce conseil « . . . . Il vous requiert d'empl >ver la des Trente , considérant que le géné- « force contre ces brigands qui ne ral Bonaparte, les généraux et l'armée , « sont plus les représentants du peu- sous ses ordres, avaient sauvé la ma- « pie, mais les représentants du poi- jorité du Corps législatif et la républi- « gnard. » Voyant que les troupes hé- que, attaqués par une minorité com- sitent encore , il se retourne vers son posée d'assassins , etc. , etc. , déclara que le général Bonaparte, les géné- frère, l'épée à la main , et iure de la lui plonger dans le coeurs s'il trompait raux Lefévre , Murât , Gardane , les jamais Pespérance des républicains grenadiers du Corps législatif et du s'il attentait un jour à la liberté des Directoire , etc. , etc. , avaient bien Français. Aussitôt le tambour bat la mérité de la patrie. charge, et, au commandement de Mu- A onze heures du soir, les deux rat, une colonne de grenadiers entre conseils se réunirent de nouveau , et décrétèrent enfin la loi du 19 brumaire, dans l'enceinte des délibérations, et en expulse les représentants du peuple qui ajournait les deux conseils au enlevant de vive force ceux qui osent er ventôse suivant, créait deux com- 1 braver la mort. missions, de vingt-cinq membres cha- Le Conseil des Cinq-Cents dissous, cune, pour les remplacer provisoire- il ne s'agissait plus que de prouver ment. Une commission consulaire , au Conseil des Anciens la légalité de tout ce qui venait d'avoir lieu. Ce ne composée de Napoléon, Sieyès et Ro- ger-Ducos, fut provisoirement char- fut pas très-difficile; ce conseil s'é- gée du pouvoir exécutif. Soixante et tant formé en comité général ; la mi- un députés furent déclarés exclus du norité, aussi active que la majorité était indolente, après avoir déclaré Corps législatif, et un décret condamna que , {les deux conseil» qui compo- à la déportation cinquante-neuf des principaux opposants : trente-sept à i Digitized by Google
FRANCE. 437 la Guyane , et vingt-deux à l'île d'O- ciens pour les remercier de la dictature léron ; mais, hautement flétri par l'o- pinion publique , ce décret ne fut pas dont ils m'investissaient. mis à exécution. « On a discuté métaphysiquement , et Lorsque des proclamations éloquen- l'on discutera longtemps encore si nous ne violâmes pas les lois, si nous tes vinrent apprendre à Paris le beau ne fûmes pas criminels; mais ce sont côté des événements, le contentement autant a\"abstractions bonnes tout au fit place à l'agitation extrême qui avait plus pour les livres et les tribunes, et d'abord régne, et que l'habileté seule qui doivent disparaître devant l'impé- d'un ministre de la police comme rieuse nécessite; autant vaudrait ac- Foucbé avait pu empêcher d'avoir des cuser de dégât le marin qui coupe ses suites dangereuses. mâts pour ne pas sombrer. Le fait est Telles furent les journées des 18 et que la patrie sans nous était perdue, 19 brumaire. Le nouveau chef de la république débuta par où l'ancienne et que nous la sauvâmes. Aussi les au- teurs, les grands acteurs de ce mémo- monarchie n'avait pas osé finir. La révolution fut comprimée au dedans, rable coup d'État, au lieu de dénéga- tions et de justifications, doivent-ils, il est vrai ; mais elle ne tarda pas à à l'exemple de ce Romain , se contenter faire explosion au dehors. Par une fa- de répondre avec fierté à leurs accusa- talité déplorable, Napoléon empereur teurs : « Nous protestons que nous abusa de la gloire , comme la France « avons sauvé notre pays ; venez avec républicaine avait abusé de la liberté; « nous en rendre grâce aux dieux. » et, en 1814, en 1815, les mêmes hom- mes dont il s'était servi dans l'intérêt « Et certes, tous ceux qui dans le de ses passions ambitieuses le trahirent temps faisaient partie du tourbillon pour les Bourbons après avoir trahi politique ont pu d'autant moins se , récrier avec justice que tous conve- pour lui le Directoire. Ces deux années , naient qu'un changement était indis- lurent pour l'empire ce qu'avaient été pensable, que tous le voulaient, et que pour la république les deux journées des 18 et 19 brumaire. chacun cherchait à l'opérer de son côté. Voici, d'après le Mémorial de Je fis le mien à l'aide des modérés ; la fin subite de l'anarchie, le retour im- Sainte-Hélène, comment Napoléon lui- médiat de l'ordre, de l'union, de la même parlait du 18 brumaire : « Il y force , de la gloire , furent ses résul- a loin de là à la conspiration de Saint- tats. Ceux des jacobins ou ceux des Réal qui offre bien plus d'intrigues et immoraux auraient-ils été supérieurs? , bien moins de résultats : la nôtre ne Il est permis de croire que non. Toute- fut que raffaire d'un tour de main. fois, il n'est pas moins très-naturel Il est sûr que jamais plus grande révo- qu'ils en soient demeurés mécontents, lution ne causa moins d'embarras, tant et en aient jeté les hauts cris. Aussi elle était désirée; aussi se trouva-t-elle n'est-ce qu'à des temps plus éloignés, couverte des applaudissements univer- à des hommes plus desintéressés qu'il sels. appartient de prononcer sainement sur «Pour mon propre compte, toute cette grande affaire. » ma part dans le complot d'exécution Ces temps éloignés sont venus, et se borna à réunir à une heure fixée la aujourd'hui le 18 brumaire est jugé foule de mes visiteurs , et à marcher à par l'histoire. Il eut des résultats heu- leur tête pour saisir la puissance. Ce reux, parce qu'il rendit au pouvoir fut du seuil de ma porte, du haut de l'unité qu'il avait perdue depuis la mon perron, et sans qu'ils en eussent mort de Louis XVI. En ce sens, Na- été prévenus d'avance, que je les con- poléon avait bien droit d'en être fier; duisis à cette conquête; ce fut au mi- mais il n'est pas autorisé à dire qu'il lieu de leur brillant cortège, de leur vive allégresse , de leur ardeur unanime accomplit sa révolution avec le secours que je me présentai à la barre des An- du parti modéré; le parti militaire a été le véritable instrument de son Digitized by Google
WD438 bbu LTJNIVERS. triomphe. Ces prétendus modérés, ce Ïdates et informes traductions, et se aisaient une médiocre idée de l'art sont les Sieyès, les Fouché, les Talley- dramatique des anciens, qu'ils met- rnnd, Jes Cambacérès, tous hommes taient bien au-dessous de celui des sur le compte desquels Napoléon s'ex- modernes. Des érudits étudiaient et prime avec assez peu de ménagements : commentaient les textes de Sophocle Barras lui-même, le coryphée des im- et d'Euripide sans juger ni chercher à moraux , a été pris pour complice. Ceux qui sont qualifiés si dédaigneuse- faire apprécier leur génie. Le travail ment du nom de jacobins, c'étaient du P. Brumoy eut le mérite de détruire ou d'affaiblir dans le public des pré- les chefs du parti national, et ISapo- ventions dont la principale source était léon, avant de les insulter, avait es- l'ignorance : plus accessible et plus sayé de les attacher à sa cause. Si son agréable qu'un ouvrage d'érudition, ambition, moins impatiente, avait conçu de manière à faire ressortir les plus belles parties des tragiques grecs, consenti à donner quelques gages de il popularisa des chefs-d'œuvre trop désintéressement à la liberté, une tran- longtemps méconnus , et donna a saction aurait fini par avoir lieu, un beaucoup de lecteurs du goût pour la scène antique. Sans doute, on a fait peu plus tôt, un peu plus tard; la après lui des traductions plus exactes et pour le sens et pour la couleur; France y aurait gagné , Kapoléon aussi sans doute, les analyses qu'il donne, et nous ne serions pas , à l'heure qu'il Suand il ne traduit pas, offrent plus est, sous le coup des traités de 1815. 'un anachronisme de langage; sans H humât »i, Breucomagus petite doute, dans son introduction, quand il aborde la théorie de l'art dramatique , les principes qu'il établit ne sont pas ville de l'ancienne Alsace, aujourd'hui toujours justes , et plus d'une confusion peut être reprochée à sa critique. Mais chef-lieu de canton du département du rien de tout cela ne doit faire mécon- Bas-Rhin, à dix-huit kilomètres de naître, la salutaire influence exercée par ce livre et son mérite réel. Le sfyle Strasbourg. de la traduction est ordinairement fa- cile, naturel, intéressant. Dans les L'origine de cette ville est très-an- remarques, on est bien aise de voir adopté un grand principe de critique cienne; Ptolémée la nomme comme la que le dix-septième siècle n'avait pas assez connu, savoir, la nécessité de capitale des Triboques. Elle devint, tenir compte, dans la comparaison des ouvrages littéraires, de ces différences sous les Romains, une place considé- aue produit la diversité des époques, rable, fut ravagée par les barbares et es mœurs et des usages. Le P. Bru- réduite à n'être plus qu'un faible vil- moy a le mérite d'avoir senti qu'il fal- lage au cinquième siècle. Relevée en lait souvent se faire Athénien pour juger le théâtre d'Athènes. Seulement, 1336, par Louis de Bavière, elle fut au moyen de cette excellente règle de critique, il se dispense trop souvent ruinée de nouveau en 1674. Elle compte d'avoir un avis sur les questions diffi- maintenant quatre mille soixante-deux ciles qui se présentent. Souvent, au lieu d'examiner ce qui fait la beauté de habitants. C'était, avant la révolution, certains passages entièrement éloignés de nos habitudes et qui paraissent le chef-lieu d'un bailliage considérable. même étrangers et bizarres au-premier A un kilomètre de Brumath se trouve abord, il dit : « Tel était l'esprit des le bel établissement de Stephansfelden fondé vers l'an 1220, par les comtes de Werd pour servir d'hospice aux , enfants abandonnés. Bbumoy (Pierre), né à Rouen en 1704,estun des plus habiles professeurs et des littérateurs les plus savants que les jésuites s'honorent d'avoir produits. Ce qui a surtout fait vivre son nom c'est son ouvrage sur le théâtre grec. Au dix-septième siècle , le théâtre grec n'avait été justement apprécié a,ue par les grands génies qui l'imitaient ou s'en inspiraient. La société et la plus grande partie des hommes de lettres ne le connaissaient que d'après de Digitized by Google
BRU FRANCE. BRU 439 - -v anciens; » et cela dit, ne cherche pas défendue par plus de trois cents gre- autre chose, et ne paraît pas songer qu'il y ait une critique plus intéressante nadiers prussiens. Quoiqu'il eût reçu et plus profonde qui se rend compte un coup de feu à la jambe droite, il des variétés du beau, et s'explique refusa de se retirer, et continua à mar- cher en s'appuyant sur son épée. Ar- l'inépuisable diversité de l'art. En rivé à peu de distance de la palissade somme, le Théâtre des Grecs fut un un biscaïen l'atteignit au pied gauche et le renversa; les braves qu'il com- service rendu aux lettres. Les autres mandait l'entourèrent alors et voulu- ouvrages du P. Brumoy, qui contri- buèrent à sa réputation de son vivant, rent l'enlever; mais il s'y opposa cou- sont beaucoup moins connus. Les prin- cipaux sont : une continuation de VHis- rageusement. « Vous ne pouvez me toire de CÉglise gallicane; des Pen- sées sur la décadence de la poésie la- « secourir sans vous exposer, leur dit- « il ; courez à l'assaut et emportez la tine; l'histoire de plusieurs saints, et « redoute; c'est là le seul moyen de me des tragédies latines. « sauver. » Les soldats s'en emparè- Bbtjn (Charles le), voy. Le Brun. Becn (Jean-Louis), né à Aoust Arent, en effet, à la baïonnette. la (Drôme), partit, en 1791, comme sol- bataille de Mont-Saint-Jean, on vit le dat dans le 4* bataillon de la Drôme. capitaine Brun, soutenant la retraite, tenir en échec une colonne de l'armée A la bataille de Friedland , il était adju- coalisée, avec une seule compagnie du 75° régiment. Le 20 juin 1815, à la dart-rr.ajor dans les grenadiers réunis, défense de Namur, cet officier, placé en avant de la porte de fer, fit éprou- lorsque, apercevant deux caissons près ver, aux Anglais et aux Prussiens réu- d être enveloppés par un fort parti de nis , une perte de plus de trois mille Cosaques, el ne pouvant se défendre hommes , et les empêcha de s'emparer de cette position. contre des forces dix fois supérieures, il met le feu à une assez grande quan- Bbun (N. ), constructeur de vais- seaux, naquit vers l'an 1760. Au com- tité de bottes de foin attachées sur les mencement de la révolution, il quitta caissons, ordonne à ses vingt-cinq gre- la France pour passer à Constantino- nadiers de s'éloigner et de mettre ple,où il construisit trente-huit vais- ventre à terre, et engage la fusillade. seaux de ligne d'une grande beauté, Tout réussit selon son attente; à la mais qui, pour la plupart, ont été dé- vue des caissons embrasés, les Cosa- truits à la bataille de Navarin. Plus ques prennent la fuite; Brun, voyant tard, Brun alla en Russie, où il parvint ?|ue le feu n'a pas encore gagné le'cof- au grade de général major. Alexandre lui accorda sa confiance et le décora de re, fait alors ouvrir les caissons, dis- l'ordre de Sainte-Anne. Ce fut d'après les observations de Brun que l'empe- tribue les cartouches à ses grenadiers reur prit la détermination de ne plus et rejoint son corps. Après la malheu- faire construire de vaisseaux armés reuse journée de Culm, le 31 août de cent canons, ces bâtiments étant 1813, Brun, alors lieutenant -colonel trop lourds pour une mer aussi dan- au 57 e régiment de ligne, cerné avec gereuse que la mer Baltique. son bataillon par trois mille hommes Bblnck ( Richard - François - Phi- d'infanterie, soutenus par deux pièces lippe (*)), l'un des philologues les plus d'artillerie et par une nuée de Cosa- ques, fit si bonne contenance qu'il par- (*) On trouve dans la Biographie univer- vint à se réunir au premier corps (l'ar- mée, en se frayant un passage à la selle une savante notice sur Brunck. Cette baïonnette, à travers des forces dix fois plus considérables. notice, Tune des plus remarquables qui soient Brun (Louis-Ignace), capitaine au sorties de la plume de noire célèbre hellé- 75e régiment de ligne, né a Aubénas niste M. Koissonade , nous a beaucoup servi (Ardèche), se distingua au siège de , Dantzig à la tète de sa compagnieidans l'attaque de la redoute de Kalkschauts, pour la rédaction de cet article. Digitized by Google I
440 BRU L'UNIVERS. BRU célèbres du siècle dernier, naquit à le titre de Analecta veterum poeta- Strasbourg en 1729. Destiné par sa fa- rum grœcorum, 3 vol. in-8°, Stras- mille à la carrière de l'administration, il y entra au sortir du collège, et devint bourg, 1776. C'est celle de ses éditions en peu de temps commissaire des guer- où l'on remarque le plus de corrections res. Il fit, en cette qualité, les campa- arbitraires; elle a été réimprimée à gnes du Hanovre, et c'est alors que Leipzig, 5 vol. in-8°, 1794 à 1795, par les conseils et l'exemple d'un profes- seur, chez lequel il se trouva logé à M. Jacobs, qui y a ajouté depuis un Giessen, éveillèrent chez lui cette pas- savant commentaire. On lui doit en sion de l'antiquité qui le rendit depuis outre, Anacreontis carmina cui acce- si célèbre. Revenu à Strasbourg, il dunt qusedam e lyricorum reliquiis , consacra à l'étude du grec tous les Strasbourg, 1778, in-16, réimprimé dans la même ville en 1786, in -24 et moments dont il pouvait disposer. On in- 18; Sophoclis Electra, Œdipus Tyrannus ; Euripidis , Andromacha, le vit, à l'âge de trente ans et revêtu de fonctions publiques , aller, ses livres Orestes, graece, 2 vol. in- 12, Stras- sous le bras, aux leçons particulières bourg, 1779; yEschyli Prometheus , du professeur de grec de l'université. Il fit dans l'étude de cette langue des Persœ Septem duces ad Thebas ; Evr progrès rapides , et l'enthousiasme qui ripidis Medea, 1 vol. in-12, Stras- la lui avait fait entreprendre s'aug- bourg, 1779. Dans ces différentes édi- menta tellement, par le plaisir d'en avoir surmonté les difficultés, qu'il en tions , Brunck montra une critique sage vint à se persuader que toutes les né- et réservée; Appollonii Rhodii Argo- gligences qu'il remarquait dans les nautica emendaia, gr. et lat., Stras- poètes grecs n'étaient que des négli- gences de copistes. Dominé par cette bourg, 1 780, \\i\\'&\\ArislophanisCom<B' idée, il corrigeait les vers, les dépla- dise XI, gr. et lat. Strasbourg, 1781-83, çait, les bouleversait avec une audace quelquefois heureuse sous le rapport 4 vol. ^rand in-4° et in-8° : Cette édi- du goût et du sentiment poétique , mais condamnable sous celui de la critique. tion , ou l'on trouve quelques marques Presque tous, les livres qui lui ont ap- de précipitation, était de beaucoup partenu sont couverts de notes mar- ginales, dans lesquelles il se livre sans supérieure, pour la critique, à toutes contrainte à toute la hardiesse de ses celles qui avaient paru précédemment ; corrections. Malheureusement on re- Gnomici poetas grœci, Strasbourg trouve aussi dans les éditions qu'il a 1784, in-8°; f irgilii Opéra, Stras- publiées, des traces de cette manie bourg, 1785, in-8°, et 1789, in-4°, édi- capricieuse de refaire les textes. Néan- tions fort estimées pour la correction moins, malgré ce défaut, assez grave pour un éditeur, il serait injuste de du texte ; Sophoclis quœ extantomnia, méconnaître les services que Brunck a cum scholiis gr. recensuit, versione et rendus à la littérature grecque; peu d'hommes, depuis la renaissance des notis illustravit, etc., Strasbourg, lettres , ont aussi efficacement contri- bué à ses progrès. Il a fait imprimer, 1786, 2 vol. in-4°, reproduite en 1788, dans l'espace de vingt ans seulement, un nombre étonnant d'ouvrages, dont 3 vol. in-8°, et en 1786-89, 4 vol. in-8°: un seul, l'Anthologie par exemple, au- rait demandé à un autre savant la moi- c'est le chef-d'œuvre de Brunck. Le tié du temps que Brunck a mis à les roi, à qui il en avait offert un exemplaire faire tous. Son premier ouvrage est in-4°, imprimé sur peau de vélin, lui l'Anthologie grecque, qu'il publia sous accorda en récompense de ses travaux une pension annuelle de 2,000 francs, qu'il perdit à la révolution; Plauii co- mœdiœ omîtes, Deux-Ponts, 3 vol . i n-8°; Terentii comœdix, adfidem optimar. édition, recensitx, BâMe, 1797, in-4°. Les travaux de Brunck furent interrom- pus par la révolution, dont il embrassa les principes avec chaleur ; il fut un des premiers membres de la société populai- re de Strasbourg. Après avoireté riche pendant la plus grande partie le sa vie, il se vit, en 1791, réduit à vendre une Digitized by Googl
BRC FRANCE. BRU 441 portion de sa bibliothèque, et fut encore de brigade , il se trouva à la bataille obligé, en 1 801 , d'avoir recours à cette deHondschoote ; puis il rétablit la tran- ressource. Ce sacrifice lui fut très-pé- quillité dans plusieurs villes du Midi , nible , et les larmes lui venaient aux à Bordeaux, à Nice, à Marseille, et yeux lorsqu'on pariait devant lui de dans cette même ville d'Avignon , où quelque auteur qu'il avait possédé. Dès plus tard il devait périr soiis les coups ce moment, les lettres grecques lui des assassins. Pendant la campagne d'I- devinrent odieuses, et il ne conserva talie, sous le général Bonaparte, Brune' quelque goût que pour les poètes la- se distingua à Rivoli , à Saint-Michel, tins. Après avoir donné sa Délie édi- à Feltre, à Bellune, dans les gorges de tion de Térence , en 1797, il se propo- la Carinthie, sur les sommités des A Ipes sait de faire paraître Plaute dans le noriques. Après le traité de Léoben Mmême format, et son travail était tout asséna lui laissa le commandement J>rêt pour l'impression, lorsqu'il mourut de sa division, et Brune fut peu de e 12 juin 1803. Brunck qui a publié temps après nommé général de divi- , sion. Ayant depuis remplacé Augereau tant de poètes grecs, ne remit jamais à l'imprimeur un exemplaire imprimé dans la deuxième division active , il d'une édition antérieure; il donnai t tou - établit son quartier général à Brescia jours un texte écrit de sa propre main. et à Vérone, et sut, par sa justice et Lorsque, après avoir fait une copie son humanité, mériter le respect et bien nette d un auteur qu'il destinait à l'amour de ceux qu'il avait soumis par l'impression , il trouvait nécessaire d'y la force des armes. Après la paix de faire de nombreux changements , il la Campo - Formio , Brune fut nommé transcrivait de nouveau d'un bout à commandant en chef des troupes diri- l'autre. C'est ainsi qu'il copia deux fois gées contre la Suisse. La prise de Fri- tout Aristophane, et Apollonius au bourg , celle de Soleure et le combat « moins cinq lois. Plusieurs de ces co- de Neuenheck, suivis de la pacification pies et beaucoup d'autres papiers de la entière du pays, valurent à Brune de main de Brunck sont conservés à la grands éloges , ainsi que le comman- Bibliothèque du roi. On v remarque, ement de l'armée d'Italie, en rempla- entre autres pièces , une lettre sur le cement de Berthier et de Massena. Longus de Villoison, dans laquelle ce Brune battit les insurgés à Perugia, à critique est traité avec fort peu de Città-di-Castello, à Ferentino, sauva ménagement. plusieurs villes de l'insurrection , dé- Brundstadt, ancienne seigneurie fendit les frontières avec vigueur, de l'Alsace (aujourd'hui département étouffa plusieurs révoltes , fit respec- du Haut-Rhin), acquise, au commen- ter la France sur tous les points , et cement du dix -septième siècle, par se fit remettre la citadelle de Turin. Martin de Bezenval , aïeul de Jean- Quand, après la nouvelle de l'incendie Victor de Bezenval , lieutenant géné- de la flotte française à Aboukir, l'Italie ral des armées du roi, en faveur duquel se fut soulevée', Brume fut obligé de elle fut érigée en baronnie en 1726. quitter Milan, et se rendit en Hollande, Brune ( Guillaume-Marie-Anne ) où il fut revêtu du commandement en maréchal de France, naquit à Brives, chef de l'armée batave. La victoire de en 1763. Il étudia d'abord le droit, Bergen sur les Russes; l'admirable puis se fit imprimeur, et s'enrôla en- retraite de Beverwyck ; la reprise de suite comme simple soldat dans le Hoorn, de Luckhuysen, de Hedem- deuxième bataillon de Seine-et-Oise. blick ; l'évacuation de la Hollande , la Bientôt après, il prit, en qualité d'ad- défaite complète des alliés, la capitu- judant général , une grande part aux lation imposée au duc d'York , l'occu- succès de Dumouriez etdeKellermann; pation du Helder, tels furent les bril- puis on le vit, comme chef d'état- lants et heureux résultats de cette major, repousser l'armée des insurgés campagne, qui valut à Brune le gou- du Calvados. Nommé ensuite général vernement de la Hollande et une Digitized by Google
442 BRIJ L'UNIVERS. MIT armure complète, présent de Bona- royalistes étaient si ardentes qu'elles parte. Bientôt il fut envoyé dans la tenaient du fanatisme , on était irrité Vendée, pacifia les départements insur- contre le maréchal , parce qu'il n'avait Teconnu le gouvernement royal que gés, et laissa dans tout le pays la répu- trois semaines après la rentrée de tation d'un homme juste et humain. Nommé général en chef de l'armée de Louis XVIII dans la capitale. Parvenu réserve, dite des Grisons, il la com- à Avignon sans accident (2 août) , il manda pendant trois mois, au bout des- descend à l'hôtel du Palais-Royal, près quels il passa à l'armée d'Italie. Brune de la porte du Rhône. Bientôt la nou- •e signala dans toutes les affaires qui eu- velle de son arrivée se répand dans la rent lieu durant cette campagne; il prit ville; des attroupements se forment en Vicence et Montebello, passa la Brenta, tumulte ; des vociférations de mort se font entendre ; l'hôtel est entouré d'une se rendit maître d'un grand nombre de multitude furieuse. Cependant le maire places, soumit la basse et la haute Italie , et prépara la paix de Lunéville. d'Avignon et le préfet de Vaucluse A la suite de cette campagne, il rentra accourent, accompagnés de la gendar- au conseil d'État dont il était membre, merie ; leurs efforts sont impuis- sants pour calmer et dissiper cette et fut nommé président de la section de la guerre. Envoyé comme ambassa- populace altérée de sang, l e maréchal deur à Constantinople, il recueillit des s'est barricadé dans l'hôtel les portes -, notions politiques et géographiques sont enfoncées, et Brune est assassiné. fort intéressantes, fit connaître dans Mais sa mort n'a pas assouvi la rage le Levant les beaux produits des fa- de ses bourreaux : ils s'attachent à ses briques françaises, et fonda les pre- restes inanimés. Ils outragent son mières relations de la Perse avec la cadavre, ils le percent de coups, ils le AFrance. son retour, en 1805 , il fut foulent aux pieds , ils le traînent dans nommé maréchal de France et grand- les rues, et, pour comble d'ignominie, croix de la Légion d'honneur ; il com- ils le jettent dans le Rhône. Le fleuve manda l'armée des côtes de l'Océan à le repousse sur la grève, et on le laisse Boulogne, ainsi que la flottille. En 1807, il fut nommé gouverneur des deux jours sans sépulture; on veut qu'il serve de pâture aux plus vils ani- villes anséatiques; bientôt après il re- maux. Ainsi périt cet illustre guerrier, çut le commandement du corps de pendant trente ans l'honneur des ar- réserve de la grande armée, battit mées françaises. Ce ne fut que trois l'ennemi à Martenshagen prit Stral- ans après sa mort que Ton songea à , sund place très-importante, et signa poursuivre ses meurtriers ! L'un d'eux , une convention avec M. de Toll, gé- rut condamné à mort, mais par con- néral en chef de l'armée suédoise, par tumace; de sorte qu'en définitive ce laquelle l'île de Rugen et les îles adja- crime affreux est resté impuni. centes étaient livrées à la France. Bbunkau (Antoine), avocat au par- L'oubli de quelques titres de l'empereur lement de Paris , dont on a un Traité Napoléon dans le texte de cette con- des criées ouvrage estimé, publié en y vention indisposa Napoléon contre 1668 et réimprimé en 1704; des Ob- Brune qui fut privé de son comman- , servations et maximes sur les ma tières dement et se retira dans ses foyers. criminelles, 1705, in-4°, et une His- Sous la première restauration, il reçut toire abrégée de l'institution des vingt la croix de Saint-Louis. Pendant les cent et une universités de France, 1686 , jours, Napoléon lui confia le commande- —in-12. Brune ad (Mathurin). ment du corps d'observation sur le Var. U ne man- Sur la finde juillet 1815, après avoir fait quait à la famille des Bourbons que arborer le drapeau blanc à Toulon et d'être attaquée par des imposteurs qui s'être démis du commandement, Brune vinssent, au nom de la légitimité, lui se rendait directement à Paris. Mais disputer letrône ; ellefut plus d'une fois dans toute la Provence, où les opinions Unexposée à cette sorte de ridicule. Digitized by Google
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