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Philippe Le Bas - France Dictionnaire encyclopédique

Published by Guy Boulianne, 2022-05-29 17:45:17

Description: Philippe Le Bas : « Dictionnaire encyclopédique de la France ». L’univers pittoresque: Histoire et description de tous les peuples, de leurs religions, moeurs, coutumes, etc. Firmin Didot Frères, Paris 1841. Tome troisième, p. 190.

SOURCE : https://www.guyboulianne.info/2020/12/03/antoine-boulianne-mort-au-combat-durant-la-campagne-degypte-merita-la-reputation-de-lun-des-plus-intrepides-soldats-de-larmee-1799

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BRU FRANCE. BRU 443 des plus niais parmi les faux Louis XVII poursuivit Chilpéric, et l'assiégea dans fut Mathurin Bruneau r fils d'un sabo- la ville de Tournai où il s'était réfu- tier de Vezins. Après avoir été arrêté gié. Déjà Brunehaut se préparait à ti- comme vagabond, cet homme s'enga- rer de ses deux ennemis Chilpéric et gea dans le 4° régiment d'artillerie de , Frédégonde, une éclatante vengeance, marine, fut embarqué pour les États- lorsque des assassins, envoyés par la Unis, déserta, et revint, quelques an- reine de Neustrie , vinrent tuer Sige- nées après, à Saint-Malo, muni d'un bert au milieu de son camp. L'armée passe-port sur lequel il s'était fait don- austrasienne se dissipa aussitôt , et Brunehaut tomba au pouvoir de Chil- ner le nom de Charles de Navarre. Il courut le département de Maine-et- f)éric. Elle était prisonnière à Rouen, orsqu'elle séduisit Mérovée, l'un des Loire, en se disant Louis XVH, et parvint à escroquer 800 francs à une fils du roi de Neustrie. Elle l'épousa vieille femme, qui, désabusée, le fit et, quelque temps après ce mariage, incarcérer. Alors il adressa une lettre qui avait été favorisé par l'évëque de au gouverneur de Guernesey, pour le Rouen Prétextât , elle parvint à se prier d'informer son gouvernement de sauver et à gagner l'Austrasie où gou- l'arrestation du fils de Louis XVI. vernait son fils Childebert. Repoussée Traduit en février 1818 devant la po- d'abord par les seigneurs austrasiens, lice correctionnelle, il fut condamné elle reprit bientôt son autorité , et exerça un grand ascendant sur le jeune à cinq années de détention pour usur- pation de nom, vagabondage et escro- roi. Cependant elle eut plus d'une fois auerie, et à être renvoyé à l'expiration encore à se défendre contre les em- e sa peine devant l'autorité militaire bûches secrètes de Frédégonde, qui pour le fait de désertion. avait fait tuer Prétextât et son second Brunehaut était fille d'Athana- mari Mérovée. En 587, Brunehaut, gilde, roi des Wisigoths. Elle devint qui gouvernait pour son fils , conclut femme de Sigebert, roi d'Austrasie, avec Gontran le traité d'Andelot qui , er l'un des fils de Clotaire I. Fortunat, fixe les limites de l'Austrasie et de la évéque de Poitiers, a célébré, dans un Bourgogne , et qui renferme les pre- poème, l'union de Brunehaut et de Si- mières traces de l'hérédité des nefs. Quand Childebert II mourut, elle con- gebert, et ses vers sont parvenus jus- qu'à nous. Chilpéric, roi de Neustrie, serva son autorité et son influence sous voulut alors suivre l'exemple de son le règne de ses petits-fils Thierry et frère et s'allier à la puissante famille Théodebert. Elle résidait en Austra- (|tii commandait en Espagne, et il sie auprès de Théodebert lorsque les , épousa Galswinthe , la plus jeune des grands la chassèrent et la forcèrent de filles d'Athanagilde. Mais bientôt il eut se réfugier dans la Bourgogne, qui était le royaume de Thierry. Elle par- regret d'avoir contracté ce mariage, et, à l'instigation de Frédégonde qu'il vint alors à allumer la guerre entre aimait, il fit périr la fille du roi des les deux frères. Au commencement de Wisigoths. Brunehaut se sentit dfs la lutte, les succès furent partagés; lors animée d'une haine violente con- mais enfin les Bourguignons obtinrent tre l'assassin de sa sœur, et elle enga- l'avantage. Thierry ayant réuni une gea Sigebert, son époux, à poursuivre armée considérable, battit son frère par les armes le roi de Neustrie. D'ail- près de Toul et de Tolbiac , et bientôt leurs celui-ci pendant l'absence de le fit mettre à mort avec ses enfants , ( 612 ). Maître de l'Austrasie, Thierry Sigebert, qui repoussait les barbares au delà du Rhin, avait envahi une por- se préparait à attaquer Clotaire quanâ tion de l'Austrasie. La gu%rre entre les il mourut à Metz (613 ) presque subi- tement. Encouragé par cet événement deux frères commença , et ce fut en vain que le saint évéque de Paris inattendu, et appelé par les grands qui , Germain essaya de rétablir la paix. craignaient de voir Brunehaut ressai- , Sigebert, accompagné de Brunehaut, sir encore une fois le pouvoir durant Digitized by Google

444 L'UNIVERS. BRU la minorité des fils de Thierry , Clo- poulies qu'il proposa plus tard à l'a- mirauté anglaise , et qui fut établie taire prit les armes; les Bourguignons dans l'arsenal de Portsmouth. A cette et les Austrasiens, sous les ordres de occasion, M. Brunei reçut cinq cent Varnachaire, maire de Bourgogne, et mille francs, à titre de recompense et d'indemnité. Plus tard il établit, dans de Pépin, chef d'une puissante famille l'arsenal de Chatam, d'immenses scie- austrasienne, marchèrent à sa rencon- Onries pour les bois de construction. tre jusque sur les bords de l'Aisne. admira la hardiesse et la précision de l'ingénieux appareil par lequel M. Bru- Quand Brunehaut fit donner le signal nei amenait au chantier les bois enle- du combat, ses troupes, que les grands vés à cinquante-six pieds de hauteur avaient séduites, tournèrent le dos, et d'où ils étaient repris pour alimenter l'atelier des scies. Il fonda encore un la vieille reine , âgée de plus de qua- magnifique établissement pour scier tre-vingts ans, tomba aux mains du l'acajou et le bois de placage. Enfin fils de Frédégonde. Celui-ci lui repro- c'est à cet ingénieur, désormais illus- cha la mort de dix rois ou fils de rois, tre , que les Anglais doivent l'idée et l'exécution du passage souterrain sous et , après l'avoir livrée pendant trois la Tamise. Cette entreprise colossale, jours aux outrages de ses soldats , il sur laquelle les journaux et une foule de mémoires ont donné des détails la fit lier par les cheveux à la queue connus de tout le monde , est aujour- d'hui presque arrivée à son terme, et d'un cheval indompté. Les lambeaux son succès n'est plus douteux, malgré les nombreux obstacles, les dangers de son corps furent brûlés et les cen- même que M. Brunei a toujours heu- dres jetées au veut (614). Ainsi mou- reusement vaincus. rut cette reine célèbre, qui a été jugée Il est à regretter qu'un homme que diversement par les historiens. Sa nous citons avec orgueil parmi nos mémoire a été livrée à l'opprobre par concitoyens , consacre exclusivement quelques chroniqueurs; mais il faut ses talents à une nation rivale, où d'ailleurs son génie est justement ap- remarquer que ceux qui ont poursuivi précié. En 1833 , M. Brunei a été Brunehaut avec tant de haine lui étaient nommé vice-président de la Société postérieurs au moins d'un siècle. Les royale de Londres. Il est le premier étranger qui ait eu la gloire de siéger contemporains , au contraire , dans comme professeur dans la chaire de leurs écrits, la comblèrent souvent de Newton. louanges. Parmi eux nousdevons comp- Bbunel (N.) , maire de Béziers au ter Fortunat, Grégoire de Tours et le commencement de la révolution , dé- [>uté suppléant du département de pape saint Grégoire. Au reste, quelque chose de grand s'attacha au nom de 'Hérault à l'Assemblée législative , Brunehaut dans les traditions popu- puis membre de la Convention en 1792. laires. Dans la Flandre, la Picardie et Il siégea constamment dans la Plaine, la Bourgogne, on lui attribua pendant et vota pour la détention perpétuelle, dans le procès de Louis XVI. Envoyé longtemps les chaussées et les grands en mission à Lyon, après le 31 mai, il y fut arrêté par les autorités insur- édifices dont on contemplait les im- gées. Rendu à la liberté, il fut plus tard accusé d'avoir correspondu avec posants vestiges. les fédéralistes. Incarcéré de nouveau, Bbunkl (Marc Isambert), né à Hac- il ne recouvra la liberté qu'a, rès le 9 queville, près les Andelys , en 1769, thermidor. Envoyé alors dans les dé- servait dans la marine au moment de la révolution. Forcé alors de s'expa- trier il se réfugia en Amérique , où , il se livra à sa véritable vocation , celle d'ingénieur. Il sV fit d'abord connaître par la construction du théâ- tre de New-York. Il fut ensuite chargé d'importantes entreprises de canalisa- tion , et de plusieurs autres travaux. Il passa en Angleterre après un sé- , jour de cinq ans et demi en Améri- que et v mit bientôt à exécution le , projet dfuue ingénieuse machine à Digitized by Google

BRU FRANCE. BRU 445 partements du Midi , et forcé à Tou- Bbunet (Jacques-Charles) , l'un de lon , par le peuple insurgé , de signer nos plus savants bibliographes, a pu- l'élargissement des détenus , de déses- blié : 1° le quatrième volume du Dic- poir il se brûla la cervelle. La Conven- tionnaire bibliographique, historique tion adopta , au nom de la nation , sa et critique des livres rares , de Cail- veuve et ses enfants. leau et Duclos, 1802, in-8°; 2° le Ma- Brun et aîné , architecte et ingé- nuel du libraire et de l'amateur de nieur, né à Paris en 1735, mort dans livres , 1820 , 4 vol. in-8°, troisième cette ville en 1818, fut chargé, en 1794, édition. Cet ouvrage , le plus complet par le ministre Bouchotte, de la cons- et le mieux fait de ce genre qui existe truction des premiers télégraphes (*). dans notre langue , a fait oublier la Bibliographie instructive de Debure, (Voyez les articles Chappe et Télé- graphe.) et jusqu'au Dictionnaire bibliogra- Bbunet (Barthélemv) , fusilier à la phique de Cailleau, que M. Brunet lui- même avait pris la peine de complé- A44e de ligne. la bataille de Marengo, ter. il occupait un poste des plus périlleux Bbunet (J. B.), général, né à Reims où il arrêta seul une colonne ennemie. Mais , après avoir longtemps protégé en 1765, passa rapidement par les gra- par sa résistance la retraite de sa bri- des subalternes, fit, en qualité de co- gade , il fut victime de son courage. lonel, la campagne de 1794, à l'armée de Sambre-et-Meuse, où il se distin- Bbunet (François-Florentin), reli- gieux lazariste, né à Vitel, en Lorraine, gua dans plusieurs affaires ; devint vers 1770, accompagna à Rome, pen- général de brigade à l'armée du Rhin, en 1798, et se signala en 1800 dans la dant la révolution , le dernier supé- campagne d Italie. Chargé, en 1801 rieur de la mission , Cayla de la Garde. , Il revint à Paris en 1804 , et mourut le 15 septembre 1806. Il s'est fait con- du commandement de l'avant -garde naître par une savante compilation in- de la division Rochambeau, dans l'ex- pédition de Saint-Domingue, il rem- titulée Parallèle des religions , Paris, porta plusieurs avantages sur les in- 1792, 3 tomes en 5 volumes in-4°. surgés, et s'empara de la personne de BfiUNET (Gaspard-Jean-Baptiste), Toussaint Louverture. Il fut nommé général des armées républicaines , né a Valensol, en Dauphiné , obtint le général de division en 1803. Forcé en- grade de maréchal de camp en 1791 , fit partie de l'armée du Var , et fut suite de quitter Saint-Domingue , il promu, le 20 mars 1793, au comman- fut pris dans la traversée par les An- dement en chef de l'armée d'Italie. Il §lais, qui le retinrent prisonnier pen- éprouva quelques revers , et fut bien- ant plusieurs années. Il reprit du service au mois de juin 1815, fut mis à la retraite par les Bourbons, et tôt accuse d'intelligence avec les aris- —mourut en 1824. Bbunet (Jean- Joseph). tocrates qui venaient de livrer Tou- Ce comi- , lon aux Anglais. Mis en arrestation, que célèbre, dont le nom de famille et conduit à Paris, il y fut incarcéré à était Mira , est né en 1766 , à Paris l'Abbaye , condamné à mort , et exé- où son père tenait un bureau de lo- cuté, le 6 novembre 1793. terie dans le quartier de la Halle. Bbunet (Hugues) , troubadour, né à Rhodez , mort en 1223, est auteur Après avoir joué quelque temps sur de quelques poésies dans lesquelles il le théâtre de la Cité, il parut au théâ- se plaint de la rigueur des dames et tre Montansier , et y attira la foule pendant près de neuf ans. C'est que de la dépravation des mœurs.' Trahi Jocrisse, Innocent in, Cadet-Roussel, par sa belle , il se retira de désespoir etc. , étaient des types rendus avec un dans un monastère de chartreux , où il naturel et un laisser-aller inimitables. passa le reste de ses jours. La foule le suivit encore lorsqu'il re- (*) Voyez Encyclopédie nouvelle, article vint au théâtre de la Cité, pour pas- Art tjxwbapjuqui par M. L, Dussieux. ser plus tard au théâtre de* Variétés, , Digitized by Google

L'UNIVERS. où Ton ne connaissait pas encore le Napoléon à l'empire, il manifesta une yaudeville sentimental. Brunet a pris opposition qui nuisit à son avance- sa retraite en 1833, après avoir fait ment, et ne fut nommé général de bri- rire *le public pendant près de trente- gade qu'en 1811 seulement. Pendant la cinq ans. campagne de Russie il fut attaché au Brunbt (Pierre) , médecin et voya- corps d'armée du maréchal Ney, et fit geur, né à Nantes, vers 1778, s'embar- avec distinction les campagnes de 181 qua, le 4 janvier 1803, comme chirur- et 1814. Il donna, en 1814, son gien , sur un navire marchand qui adhésion au gouvernement du roi, et , arriva le 28 mai à l'île de France. La fut employé en Corse, où il soutint fierre s'étant alors rallumée entre la vivement les intérêts des Bourbons; rance et l'Angleterre, il prit un em- mais , se voyant à la fin hors d'état ploi de second lieutenant sur un cor- d'empêcher que le drapeau tricolore saire qui tomba peu de temps après fïlt arboré , il se retira. Destitué par , au pouvoir des Anglais. Après un sé- Napoléon, il fut réintégré et remis en jour de quatorze mois dans les posses- activité par Louis XVIII. sions anglaises de l'Inde, il fut ramené Bruniquel petite ville du dépar- en Angleterre, où il demeura jusqu'à , tement de Lot-et-Garonne , à vingt- la paix. Depuis il est venu se fixer à huit kilomètres de Montauban, où Paris, où il a publié la relation de son I on remarque les ruines d'un château voyage sous ce titre : Voyage à file fort construit par Brunebaut. de France , dans l'Inde et en Angle- Brunn (prise de). Napoléon, mar- terre suivi de mémoires sur les In- chant de victoire en victoire , avait y diens, sur les vents des mers de l'Inde, pénétré dans la Moravie après l'occu- et d'une notice (traduite de l'anglais) pation devienne; il poursuivait son sur le général Benoit de Boignes ennemi sans lui donner de relâche. , commandant l'armée navale de Scin- L'empereur d'Allemagne s'étant retiré dia, Paris, 1825, in-8°. Ce livre con- à Brunn, Napoléon vint camper près de tient peu de faits nouveaux , mais il cette ville; mais il voulut donner à rectifie quelques erreurs. François II le temps de chercher un —Brunette (attaque et prise de la). autre asile, et défendit à son avant- Le général russe prince de Bagra- garde d'entrer dans la ville. Le lende- tion s'était emparé, en 1799, du fort main, le général Sébastiani atteignit de la Brunette, en Piémont. Aussitôt les Russes à la hauteur de Porlitz , l'alarme se répandit dans le Dauphiné, où l'on crut que Souwarow voulait coupa dans leur retraite plusieurs corps , et fit deux mille prisonniers faire une invasion. Mais , le 22 avril tandis que, d'un autre côté, le prince 1800 , la division du général Thureau Murât entrait dans Brunn, dont l'en- tourne le fort Saint-François, et force nemi avait évacué même la citadelle l'ennemi à évacuer le village de Gra- garnie de soixante pièces de canon vières. Bientôt les troupes s'élancent munie de trois cent milliers de poudre, au pa3 de charge ; toutes les positions et de magasins considérables de blé, sont forcées , la Brunette capitule , et de farine et d'habillement. le succès est couronné par la prise de Bruno (Saint). Voyez Chartreux. quinze cents hommes et d'une grande Brunoy (marquis de). Voy. Paris quantité de munitions. DE MONTMARTEL. Bruni (Jean-Baptiste, baron), né à Brunswick (manifeste de). La Lyon ert 1769 , s'enrôla en 1783 'comme soldat, fut fait sergent en révolution française avait fait fuir 1788 et chef de demi-brigade en 1792. la plupart des 'familles nobles , qui étaient venues se réfugier en Allema- Il se signala pendant les guerres de la gne, sur la terre du privilège. Leurs révolution et suivit Leclerc à Saint-Do- promesses insensées avaient persuadé mingue. A l'époque du vote pour le à l'empereur d'Allemagne qu il puni- consulat à vie, et pour l'élévation ie rait facilement ces insolents roturiers Digitized by Google

BRU FRANCE. BRU qui chassaient leurs seigneurs , et ap- d'une alliance étroite et défensive, et pelaient les autres peuples à la liberté. Aussi des lettres menaçantes avaient membre prépondérant elle-même du été écrites à la représentation natio- corps germanique, n'a donc pu se dis- nale, qui, forte de l'assentiment popu- penser de marcher au secours de son laire, déclara la guerre à Léopold, roi allié et de ses co-États ; et c'est sous de Bohême et de Hongrie. Avant d'en- ce double rapport qu'elle prend la dé- trer en France, le duc de Brunswick- fense de ce monarque et de l'Alle- Lunebourg, général en chef des ar- magne. mées de la coalition, lança cette pro- clamation si fameuse par son inso- A« ces grands intérêts se joint en- lence, et dont la teneur justifie toutes les mesures sévères prises par le peu- core un but également important, et qui tient à cœur aux deux souverains: ple contre les émigrés, instigateurs c'est de faire cesser l'anarchie dans impies de cette guerre. l'intérieur de la France , d'arrêter les attaques portées au trône et à l'autel, Déclaration de Son Mtesse le duc de rétablir le pouvoir légal, de rendre régnant de Brunswick-Luneàourg, au roi la sûreté et la liberté dont il est commandant les années combinées privé, et de le mettre en état d'exercer de Leurs Majestés l'empereur et le l'autorité légitime qui lui est due. roi de Prusse , adressée aux habi- tants de la France. «Convaincus que la partie saine de la nation française abhorre les excès « Leurs Majestés l'empereur et le roi d'une faction qui la subjugue, et que de Prusse m'ayant conué le comman- le plus grand nombre des habitants dement des armées combinées qu'ils attend avec impatience le moment du ont fait rassembler sur les frontières secours pour se déclarer ouvertement de France , j'ai voulu annoncer aux contre les entreprises odieuses de habitants de ce royaume les motifs leurs oppresseurs. Sa Majesté l'empe- qui ont déterminé les mesures des reur et Sa Majesté le roi de Prusse les deux souverains et les intentions qui appellent et les invitent à retourner les guident. Après avoir supprimé ar- sans délai aux voies de la raison et de bitrairement les droits et possessions la justice, de l'ordre et de !a paix. des princes allemands en Alsace et en C'est dans ces vues que moi , soussi- Lorraine, troublé et renversé dans gné, général commandant les deux l'intérieur le bon ordre et le gouver- armées, déclare : nement légitime, exercé contre la per- sonne sacrée du roi et contre son au- « 1° Qu'entraînées dans la guerre guste famille des attentats et des vio- présente par des circonstances irré- lences qui se sont encore perpétués sistibles , les deux cours alliées ne se et renouvelés de jour en jour, ceux proposent d'autre but que le bonheur qui ont usurpé les rênes de l'adminis- de la France, sans prétendre s'enri- tration ont enfin comblé la mesure chir par des conquêtes. en faisant déclarer une guerre injuste à Sa Majesté l'empereur, et en atta- « 2° Qu'elles n'entendent point s'im- quant ses provinces situées en Pays- miscer dans le gouvernement inté- Bas; quelques-unes des possessions rieur de la France, mais qu'elles veu- de l'empire germanique ont été enve- lent uniquement délivrer le roi, la loppées dans cette oppression, et plu- reine et la famille royale de leur cap- tivité , et procurer à Sa Majesté Très- sieurs autres n'ont échappé au même Chrétienne la sûreté nécessaire pour qu'elle puisse faire sans danger, sans danger qu'en cédant aux menaces im- obstacle , les convocations qu'elle ju- périeuses du parti dominant et de ses gera à propos , et travailler à assurer Je bonheur de ses sujets , suivant ses émissaires. promesses , et autant qu'il dépendra « Sa Majesté le roi de Prusse, unie d'elle. avec Sa Majesté Impériale par les liens « 3° Que les armées combinées pro- tégeront les villes , bourgs et villages, Digitized by Google

448 bru L'un: 7 ERS. BRU et les personnes et les biens de tous tants , au contraire , desdites villes , ceux qui se soumettront au roi, et bourgs et villages qui s'empresseront qu'elles concourront au rétablisse- de se soumettre à leur roi , en ou- ment instantané de Tordre et de la vrant leurs portes aux troupes de police dans toute la France. Leurs Majestés , seront à l'instant « 4° Que les gardes nationales sont sous leur sauvegarde immédiate; sommées de veiller provisoirement à leurs personnes, leurs biens, leurs la tranquillité des villes et des cam- effets, seront sous la protection des pagnes , à la sûreté des personnes et lois, et il sera pourvu a la sûreté de des biens de tous les Français, jus- tous et de chacun d'eux. qu'à l'arrivéedes troupes de Leurs Ma- « 8° La ville de Paris, et tous ses jestés Impériale et Royale, ou jusqu'à habitants sans distinction, seront te- ce qu'il en soit autrement ordonné, nus de se soumettre sur-le-champ, et sous peine d'en être personnellement sans délai , au roi , de remettre ce responsables; qu'au contraire, ceux rince en pleine et entière liberté, et des gardes nationaux qui auront com- S e lui assurer, ainsi qu'à toutes les battu contre les troupes des deux personnes royales , l'inviolabilité et le cours alliées, et qui seront pris les respect auquel le droit des gens et de armes à la main, seront traités en en- la nature oblige les sujets envers les nemis, et punis comme rebelles à leur souverains; Leurs Majestés Impériale roi, et comme perturbateurs du repos et Royale rendant personnellement public. responsables de tous les événements, « 5° Que les généraux, officiers, bas- sur leurs têtes, pour être jugés mili- officiers et soldats des troupes de li- tairement , sans espoir de pardon tous les membres de l'Assemblée na- gnes françaises sont également som- més de revenir à leur ancienne fidélité, tionale, du département, du district, et de se soumettre sur-le-champ au de la municipalité et de la garde na- roi, leur légitime souverain. tionale de Paris, les juges de paix et « 6° Oue les membres des départe- tous autres qu'il appartiendra; décla- ments, des districts et des municipa- rant en outre Leursdites Majestés, lités seront également responsables, sur leur foi et parole d'empereur et sur leurs têtes et sur leurs biens, de de roi , que si le château des Tuileries tous les délits, incendies, assassinats, est forcé ou insulté que s'il est fait , pillages et voies de fait qu'ils laisse- la moindre violence, le moindre ou- ront commettre, ou qu'ils ne se se- trage à Leurs Majestés, le roi, la reine ront pas notoirement efforcés d'em- et a la famille royale, s'il n'est pas pêcher dans leur territoire qu'ils se- pourvu immédiatement à leur sûreté, ; ront également tenus de continuer a leur conservation et à leur liberté, provisoirement leurs fonctions , jus- elles en tireront une vengeance exem- qu'à ce que Sa Majesté Très-Chrétien- plaire et à jamais mémorable, en li- ne, remise en pleine liberté, y ait vrant la ville de Paris à une exécution pourvu ultérieurement, ou qu'il en militaire et à une subversion totale, ait été autrement ordonné en son et les révoltés coupables d'attentats nom dans l'intervalle. aux supplices qu'ils auront mérités. « 7° Que les habitants des villes, Leurs Majestés Impériale et Royale bourgs et villages qui oseraient se dé- promettent, au contraire, leurs bons fendre contre les troupes de Leurs offices auprès de Sa Majesté Très-Chré- Majestés Impériale et Royale , et ti- tienne pour obtenir le pardon de leurs rer sur elles, soit en rase campagne, torts et de leurs erreurs , et de pren- soit par les fenêtres, portes et ouver- dre les mesures les plus rigoureuses tures de leurs maisons , seront punis pour assurer leurs personnes et leurs sur-le-champ suivant la rigueur du biens s'ils obéissent promptement et droit de la guerre , et leurs maisons exactement à l'injonction ci-dessus. démolies ou brûlées. Tous les habi- « Enfin, Leurs Majestés ne pouvant Digitized by Google

BEC FRANCE. BRU 449 reconnaître pour lois en France que Déclaration additionnelle de Son Al- celles qui émaneront du roi jouissant tesse Sérénissime le duc régnant de Brunswick- Lunebour g à celle d'une liberté parfaite, protestent d'à- que Son Altesse Sérénissime a adressée, le 25 de ce mois, aux ha- vance contre l'authenticité de toutes les déclarations qui pourraient être bitants de la France. faites au nom de. Sa Majesté Très- Chrétienne, tant que sa personne sa- « La déclaration que j'ai adressée crée , ceile de la reine et de toute la aux habitants de la France , datée du famille ne seront pas réellement en quartier général de Cpblentz le 25 de sûreté; à l'effet de quoi Leurs Ma- ce mois, a dû faire connaître sufû- jestés Impériale et Royale invitent et samment les intentions formellement sollicitent Sa Majesté très-Chrétienne arrêtées de Leurs Majestés l'empereur de désigner la ville de son royaume et le roi de Prusse, en me conùant le commandement de leurs armées com- la plus voisine de ses frontières dans laquelle elle jugera à propos de se re- binées. La liberté et la sûreté de la tirer avec la reine et sa Kimille sous personne sacrée du roi , de la reine , et de toute la famille royale, étant un une bonne et sûre escorte qui lui sera envoyée pour cet effet , afin que Sa des principaux motifs qui ont déter- Majesté Très -Chrétienne puisse en mine l'accord de Leurs Majestés Im- toute sûreté appeler auprès d'elle les périale et Royale, j'ai fait connaître, ministres et les conseillers qu'il lui par ma déclaration susdite, à la ville plaira de désigner, faire telles convo- de Paris et à ses habitants, la résolu- cations qui lui paraîtront convena- tion de leur faire subir la punition ta bles , pourvoir au rétablissement du plus terrible dans le cas où il serait bon ordre, et régler l'administration porté atteinte à la sûreté de Sa Ma- de son royaume. jesté Très-Chrétienne, dont la ville de « Enfin je déclare et m'engage en- Paris est rendue spécialement respon- , core , en mon propre et privé nom et sable. en ma qualité susdite, de faire obser- «Sans déroger en aucun point à ver partout aux troupes confiées à l'article 8 de la susdite déclaration du mon commandement une bonne et 25 de ce mois, je déclare en outre exacte discipline, promettait de trai- que si , contre toute attente , le roi, ter avec douceur et modération les su- la reine et toute autre personne de la jets bien intentionnés qui se montre- famille royale étaient enlevés de cette ront paisibles et soumis , et de n'em- ville, tous les lieux et villes quelcon- ployer la force qu'envers ceux qui se ques qui ne se seront pas opposes à leur rendront coupables de résistance ou passage et n'auront pas arrêté leur de mauvaise volonté. | marche, subiront le même sort qui « C'est par ces raisons que je re- aura été infligé à la ville de Paris, et quiers et exhorte tous les habitants que la route qui aurait été suivie par du royaume , de la manière la plus les ravisseurs du roi et de la famille forte et la plus instante, de ne pas royale sera marquée par une conti- s]opposer à la marche et aux. opéra- nuité d'exemples des châtiments dus tions des troupes que je commande, à tous les fauteurs, ainsi qu'aux au- mais de leur accorder plutôt partout teurs d'attentats irrémissibles, une libre entrée et toute bonne vo- « Tous les habitants de la France lonté , aide et assistance que les cir- en général doivent se tenir pour aver- tis du danger qui les menace, et au- constances pourront exiger. « Donné au quartier général de Co- quel ils ne sauraient échapper s'ils ne blentz, le 25 juillet 1792. s'opposent pas de toutes leurs forces ens u du f \"i°>' ,le p* VW\"*et 01 « Signé Chaules-Guillaume- 0l s es P assa &? Fbbdinand, duc de Bruns- j «n wick-Lunebourgb ' » et de i ' ,a an F. (l ue . £^actJ!,eux tenteraient de les \" eu ' es emmener. Leurs Majestés Impériale T. lit. 29* Livraison. (Dicx. encyclop., etc.) Digitized by Google

450 BRU L'UTÎTVERS. BRU et Royale ne reconnaîtront la liberté ces, et particulièrement à la médecine, du clîoix de Sa Majesté Très-Chré- qu'il alla étudier à Montpellier , où ses progrès rapides le firent remar- tienne , pour le lieu de sa résidence, dans le cas où elle jugerait à propos quer. Arrivé à Paris, il ne tarda pas à de se rendre à l'invitation qui lui a se faire une grande réputation , et été faite par elles, qu'autant que cette Henri IV rattacha à ses enfants. Louis XÏÏI le nomma plus tard con- retraite serait effectuée sous l'escorte qu'elles lui ont offerte; toutes décla- seiller d'État, et Richelieu l'employa rationsquelconques, au nom de Sa Ma- maintes fois dans des négociations jesté Très -Chrétienne , contraires à importantes auprès des protestants l'objet exigé par Leurs Majestés Im- du Languedoc. Brunver mourut en périale et Royale, seront , en consé- 1665, âgé de quatre-vingt-onze ans. quence, regardées comme nulles et Il avait publié, en société avec Mar- sans effet. chant, en 1653, sous le titre de Hortus « Donné au quartier général de Co- regius Blesensis, in-fol., une descrip- blentz, le 27 juillet 1792. tion du jardin de botanique fondé à « Signe Charles-Guillaume- Blois par Gaston d'Orléans. Cet ou- . Ferdinand, duc de Bruns- —vrage a été réimprimé en 1655. Bruschall (combat de). Le gé- wick-Lunebourg. » Après la lecture de ces pièces di- néral Moreau laissa, en 1796, devant plomatiques , rappelons-nous que pas Manheim et Philisbourg un petit corps un émigré ne protesta contre cet ou- de trois mille hommes chargé , sous , trage au pays natal *, rappelons-nous les le commandement du général Scherb, documents, par lesquels il est prouvé de contenir les garnisons de ces deux que la cour avait l'intention de faire villes. Aussi longtemps que l'armée arrêter une partie des députés de Top- de Sambre-et-Meuse demeura sur la position rappelons-nous les cruelles rive gauche du Rhin , cette faible co- ; railleries des émigrés, qui voulaient lonne suffit pour les tenir en respect. faire porter aux chênes des fruits de Mais dès l'instant où le prince Char- nouvelle espèce, et, la main sur le les fut victorieux, elles se montrèrent cœur, demandons-nous si les terribles hors de leurs murs, et protégèrent des moyens que les révolutionnaires ont rassemblements de paysans armés qui opposés à la haine des ennemis de la attaquaient nos convois et intercep- France n'étaient pas les justes repré- taient les communications avec Kehl. sailles d'une nation réduite au déses- Le général Scherb , prévenu qu'il se- rait attaqué le 5 septembre , dans sa fioir? Nous le disons avec conviction, position de Bruschall, parla garnison e sang qui a été versé pendant la ter- reur doit être surtout imputé aux hom- de Philipsbourg, renforcée d'un déta- mes coupables qui avaient ameuté l'Eu- chement de celle de Manheim et de rope contre leur patrie, et qui mena- quatre mille paysans, résolut, quoique çaient de brûler toutes les villes, de très-inférieur en nombre, de prévenir tuer tous les citoyens restés fidèles à l'ennemi en l'attaquant lui-même sur la sainte cause du pays. trois colonnes, dès le 4 septembre. Briwulfe, oncle de Charibert et de Après une longue fusillade, les Fran- Dagobert or soutint les prétentions çais marchèrent à la baïonnette sur l, du premier dans le partage des États les Allemands, et Reconduisirent ainsi de Clotaire II. Forcé de céder à Da- la garnison de Philipsbourg jusque gobert, Brunulfe le suivit en Bourgo- sous le canon de la place ; le détache- ment de la garnison de Manheim s'en- gne, où ce prince le lit arrêter et mettre à mort vers 636. fuit au grand galop , et la terre de- meura jonchée de paysans morts ou Bruntter (Abel), médecin des en- fants de Henri IV naquit à Uzès en blessés. Deux jours après , les Autri- , 1573 , d'une famille protestante. Il chiens étant revenus a la charge , fu- s'adonna de bonne heure aux scien- rent également battus. Cependant le Digitized by Google

J BRU FRANCE. bru 451 13, à l'entrée de la nuit , les petits ues tours de Brusquet , imaeina de lire courir le bruit de la mort du corps détachés sur nos flancs ayant pauvre fou dont il maria prompte- été vivement harcelés et forcés de se ment la femme à un autre qui , dit Brantôme , « coucha avec elle un bon replier, le général Scherh qui jugea , mois, et tira d'elle de bons escus par bon contrat de mariage; mais, sur sa position hasardée et sans avantage, ces entrefaites Brusquet qu'on te- résolut de faire sa retraite sur Kelil. ,, Ohligée de s'ouvrir le passage la noit pour mort partout, arriva, et fut baïonnette en avant, continuellement bien esbahi. » harcelée en flancs et en queue, cette Brussel, a laissé un ouvrage inti- tulé : Nouvel examen de Vttsage gé- petite division, marchant jour et nuit, néral des fiefs de France pendant les onzième, douzième, treizième et* qua- arriva le 15 septembre, à onze heures torzième siècles, Paris, 1727 et 1750, 2 vol. in-4°. Ce livre est assez estimé. du soir, à Kehl. Elle dut sa conserva- Bruxelles. Voyez Dyle (dépaY- tion au courage des officiers et des tement de la). soldats, et surtout aux manœuvres —Bruxelles ( bombardement et habiles de son chef. prises de). Louis XIV, pour se ven- Brusquet , né en Provence , rem- ger sur le roi d'Espagne du bombar- dement de ses villes par les Anglais, plaça Triboulet dans l'emploi de fou donna, en 1695 , au maréchal de Vil- leroi, l'ordre de bombarber Bruxelles. du roi, sous les règnes de François er Pendant deux jours et demi, les bom- I bes et les boulets rouges ne cessèrent d'embraser la ville : plus de trois mille et de ses trois successeurs. Il se donna maisons furent réduites en cendres; la plupart des monastères et des édifices d'abord pour chirurgien, et pouvait publics furent renversés. avoir vingt-cinq ans quand il com- —Le 13 novembre 1792, à l'époque mença à exercer sa profession au où la rapidité de nos succès en Belgi- camp d'Avignon, en 1536. Il donnait que avait fait de cette campagne une « aux hommes de bonnes médecines espèce de promenade militaire , Du- mouriez se présente avec son avant- de chevaux, et ses malades alloient, dit garde devant Bruxelles. Il trouve les Autrichiens postés sur les hauteurs Brantôme,arf/;a/m drus comme mou- d'Aderlecht, les attaque aussitôt, les ches. » Sur le bruit de ses succès , le met en déroute après un combat opi- niâtre de six heures, et bivouaque sur connétable de Montmorency voulut le le champ de bataille pendant que les faire pendre ; mais Henri II , alors Autrichiens traversaient la ville. Le dauphin, le sauva et le prit à son ser- lendemain, les habitants viennent lui annoncer qu'elle à été évacuée pen- vice. Sa gaieté, son esprit , lui firent dant la nuit, et lui remettent les clefs promptement obtenir la place de valet de la capitale de la Belgique, sur la- quelle le général lève une forte con- de chambre du dauphin, et ensuite tribution de guerre. celle de maître de la posteaux chevaux —Lors de Ta déroute deDumouriez, de paris. Ilsavait tirer un parti admira- les Belges, que les exactions des agents civils avaient indisposés, ouvrirent ble des ambassadeurs, des seigneurs, leurs portes au prince de Cobourg (15 avril 1793). Dampierre et Wes- et des princes qui l'admettaient dans termann montrèrent seuls, dans ce leur familiarité. Il accompagna le car- 29. dinal de Lorraine à Bruxelles quand ? ce prélat alla jurer la paix faite avec l'Espagne, et ses saillies, ses es- piègleries , ses escroqueries même, di- vertirent fort le sombre Philippe II. Brusquet fut soupçonné d'être hugue- not, et sa maison fut pillée en 1562. Il sortit alors de Paris et se réfugia chez M. de Valentinois , où il mourut en 1563. Il faut lire Brantôme pour se faire une idée des étranges mystifica- tions dont Brusquet et les seigneurs de la cour de France étaient alors tour à tour les héros et les victimes. XJne fois , entre autres , le maréchal de Strozzi voulant se venger de quel- i Digitized by Google

4M MU L'LMVERS. brl désastre, un grand caractère. Dam- quables, parmi ceux auxquels Bruyère pierre l'avait annoncé, et ses ma- eut part , sont les abattoirs , les mar- chés, l'entrepôt général des vins, le nœuvres l'avaient retardé. Retiré Collège Saint-Louis, la Bourse, la Ma- deleine, l'hôtel des postes (ministère sous les murs de Bruxelles , Wester- des finances aujourd'hui), la maison principale des sœurs de charité, la mann, avec sa seule légion, se battit coupole de la halle aux blés, la façade du Corps législatif, la restauration de contre dix mille hommes. Témoins Saint-Denis, etc. Artiste distingué, Bruyère était plutôt dirigé par sa rai- de son courage, les Autrichiens lui son que par le sentiment; il ne cédait point aveuglément au goût , et pré- offrirent trois cent mille francs et férait remplir, aussi bien que possible les conditions spéciales de chaque mo- le «grade de lieutenant général, s'il nument. C'estainsi quele marchéSaint- voulait émigrer. Westermann furieux Germain, les abattoirs et l'entrepôt des vins sont devenus des types, que dans répondit que ses canons étaient char- toute l'Europe on se contente mainte- nant d'imiter, sans chercher à faire gés à mitraille , et qu'à la première mieux. Bruyère resta chargé de ses importantes fonctions jusqu en 1820. proposition injurieuse qui serait faite L'état de sa santé le força alors à donner sa démission, et if fut rem- a un soldat français, yil mettrait le placé par M. Hély-d'Oissell. De 1823 a 1828 il lit paraître son ouvrage in- feu, fdt-il au milieu de toutes les for- titulé : « Etudes relatives à Cart des constructions. Il mourut le 31 décem- ces de l'Autriche. bre 1831. —• Les Autrichiens ne gardèrent pas Bbuyèrf.s, ancienne châtellenie du Lyonnais (aujourd'hui département de longtemps Bruxelles ; les victoires de l'Aisne), à trois kilomètres de Laon. Pichegru et de Jourdan firent retom- La ville de Bruyères, dont la popu- lation est aujourd'hui de onze cent ber cette ville au pouvoir des Fran- cinquante habitants, obtint, en 1130, de Louis le Gros , une charte de com- çais, le 10 juillet 1794. mune, et fut ravagée en 1358 et en 1373 par les Anglais. Jean de Luxembourg, Bbuyèbe ( Louis ) , ingénieur des l'un des chefs du parti bourguignon, s'en rendit maître en 1433 ; mais il la ponts et chaussées et directeur géné- rendit au roi , en 1434 , en échange de la ville de Ham. ral des travaux de Paris naquit à , L'abbaye du Val-Chrétien, de l'ordre de Prémontré, fondée en 1334 et brû- Lyon le 19 mars 1758. Il étudia de lée par les Anglais en 1434, était située sur le territoire de Bruyères. bonne heure l'architecture dans sa Bbuyères ( Bruierium) , chef-lieu ville nntale , et entra , en 1783, à l'é- de canton du département des Vosges, cole des ponts et chaussées. Succes- à vingt-neuf kilomètres de Lunéville. Cette ville, dont la population est au- sivement employé comme sous-ingé- jourd'hui de deux mille trois cent vingt- nieur au Mans , et comme professeur huit habitants , était , avant la révolu- tion, le chef-lieu d'un bailliage et d'une découpe des pierres à l'école (1798), recette. chargé de la construction du canal de Saint-Maur (1808-1811), des travaux relatifs au perfectionnement des com- munications navigables de Paris , et du rétablissement de la machine de Marly (1810), auteur de rapports fort remarquables sur un projet de canal de Savone à Alexandrie, et sur l'im- portante question du perfectionne- ment de la navigation fluviale, Bruyère obtint la récompense de ses impor- tants services et fut chargé, par Na- poléon (13 janvier 181 1), de la direc- tion des travaux publics de Paris. « On se préparait alors, dit M. Xa- vier (*), à exécuter les grands ouvra- ges d'utilité publique auxquels une partie de la gloire du règne de Napo- léon est attachée. » Les plus remar- (*) Voyez la notice qu'il a consacrée à Bruyère dans les Annales desponts et chaus- sées. Digitized by Google

BRU FRANCE. BUA 45S Bruyères ( Jean-Pierre-J. , comte), moines profanait les églises , renver- général de division, né en 1772, passa , successivement par tous les grades, et sait les croix et les autels. Les catho- se distingua en différentes occasions liques de Saint -Gilles le brûlèrent surtout à Marengo et à Iéna. Nommé en 1147. général de brigade, en 1806, il dé- Bruyset (Jean-Marie), et son frère ploya une grande valeur dans la guerre (Pierre-Marie), tous deux imprimeurs contre les Autrichiens, et fut créé à Lyon , furent emprisonnés après le commandant de la Légion d'honneur, siège de cette viDe, en 1793, pour avoir puis comte et général de division. Dans la campagne ae Russie, il commandait participé à sa défense contre l'armée une division de cavalerie légère, sous les ordres de Murât , et contribua no- conventionnelle. L'aîné avait créé et tamment aux victoires de Smolensk et de la Moskowa. Le général Bruyères signé un papier-monnaie auquel on fut encore employé , en 1813, à l'ar- donna le nom de billets obsidionaux. mée d'Allemagne. Il se signala aux ba- tailles de Lutzen et de Bautzen, et eut Il tomba malade en prison et fut trans- les jambes emportées d'un boulet au combat de Reichenbach, le 22 porté dans un hôpital. Pierre-Marie mai 1813. parut seul devant le tribunal révolu- Bruyères (N. , comte de), vice- amiral, ne en 1734, servit avec hon- tionnaire, reconnut comme sienne la neur dans la guerre d'Amérique, où il eut beaucoup de part aux succès du signature des billets , et se laissa con- comte d'Estaing et du bailli de Suf- damner à mort pour son frère; sublime fren. Incarcéré en 1793, et rendu à la exemple d'amour fraternel qui s'est liberté après le 9 thermidor, il vécut ensuite dans la retraite, et mourut reproduit plus d'une fois pendant cette en 1821. terrible époque. Jean-Marie, obligé de Bruyères (N. baron) suivit, en , quitter la librairie en 1808, se livra à qualité d'aide de camp, le général Le- la culture des lettres, et publia , jus- clerc en Portugal et à Saint-Domingue. Il revint en Europe , après la mort de qu'à sa mort, arrivée en 1817, un son chef, se distingna en Allemagne grand nombre d'ouvrages. Il avait été et en Pologne , et fut nommé général Péditeur du Dictionnaire d'histoire de division en récompense de la bra- naturelle de Valmont de Bomard, à qui voure dont il fit preuve à la bataille d'Eylau. Il fut tué lors de l'entrée des il faisait une pension de douze cents Français à Madrid, en 1808. francs. Bruys (François),écrivain médiocre, Bry de la. Clergerib (Gilles) né, en 1708, au village de Serrières, dans le Méconnais , est principalement naquit dans le Perche à la fin du sei- connu pour son Histoire des papes, de- zième siècle. On a de lui : 1° Histoire Xpuis saiîit Pierre jusqu'à Benoît lll des pays et comté du Perche et duché inclusivement, la Haye, 1732-1734, d'ÀÎencon, 1620, in-4° ; 2° Les francs- S vol. in-4°. Il mourut, en 1738, dans le sein de l'église catholique, après fiefs du Perche, 1635, in-4°. avoir changé deux fois de religion. Buache (Jean-Nicolas), né en 1740, Bruys (Pierre de ), hérésiarque du à la Neuville-au-Pont (Marne), neveu douzième siècle, prêcha d'abord ses opinions dans le Dauphiné sa patrie de Philippe Buache, remplaça d'An- ensuite dans la Provence et le Langue- ville, en qualité de premier géographe doc. 11 rebaptisait les peuples , fouet- du roi , et devint ensuite successive- tait les prêtres, emprisonnait les ment membre de l'Académie des scien- ces, du bureau des longitudes, et enfin de la commission chargée de recueillir les objets d'arts, les livres et les cartes qui se trouvaient dans les établisse- ments nationaux. Il fut ensuite nommé professeur de géographie à l'école nor- male, membre de l'Institut et conser- vateur hydrographe en chef, au dépôt de la marine place quMl a conservée , jusqu'en 1825 , époque de sa mort. Il a publié un Mémoire sur les limites de la Guyane française du côté de la Guyane portugaise. Il a en outre inséré dans les recueils de l'Académie Digitized by Google

454 «l'A L'UNIVERS. des sciences et de l'Institut, des Éclair- sciences , années 1 745, 1752 , 1753 et cissements géographiques sur la Nou- 1 757. velle- Bretagne et sur Us côtes septen- Buccise , bocines, busine, buxine, trionales de la Souvelle-Guinée, 1787; instrument de musique en usage dans les douzième et treizième siècles. Son et, dans le tome VI (1806; des Mè- nom, qui vient de buccina, et non de moires de f Institut, rlasse des sciences buxem , comme le prétend Sainte- mathématiques et phvsitfues, des Re- Palaye , indique que c'était un mstru- ment à vent, dont on tirait des sons à cherchet sur ïïle Antillia et sur l'é- J'aide de la bouche. Il ressort une nouvelle preuve de cette assertion, de poque de la découverte de t Amérique, Buache (Philippe), géographe , na- l'ordre dans lequel le placent les vers suivants extraits de la Prise de Jéru- quit a Paris le 7 février 1700 , étudia talem. d'abord l'architecture, puis la géogra- phie sous Delisle. Il tut chargé , en Mouit part font grant noise en ro&t u oliphant, 1721 , de classer les cartes du dépôt de la marine, que Ton venait de créer. u cor*, et i. et iy t mbre toaam Nommé , en 1 729 , premier géographe Que on ne oiiX **\" n*' Dant D;\" ,0MttU du roi , et reçu membre de l'Académie Buch ou Busch, ancienne contrée des sciences en 1730, Buache mourut le 27 janvier 1773. Ce géographe est de Gascogne, dont les seigneurs por- surtout connu par son système de géo- taient le titre de captais. Cette sei- graphie physique, qui exerce encore gneurie fut possédée successivement aujourd'hui sur nos cartographes une par les maison* de Grailly, Nogaret- fâcheuse influence. Ce système consiste Épernon, Foix-Randan et Contault. à rattacher toutes les (\"haines de mon- (Voyez ces mots et l'art. Capta l). Buchox (Jean-Alexandre) a traduit sur les continents et dans les mers elles-mêmes, de façon à consti- de 1820 à 1840 un grand nombre d'où- tuer un certain ensemble de bassins vrageshistoriquesetphilosophiques.il géographiques, tous forcément déter- est éditeur du vaste répertoire histori- minés par des chaînes de montagnes, que intitulé: Collection des chroniques Or, il est évident que ce système est nationales françaises, écrites en lan- gue vulgaire du treizième au seizième loin d'être vrai en tout point. Sou- vent, sans doute, les bassins sont dé- siècle, avec des notes et des éclair- terminés par des montagnes; mais cissements , et d'une Chronique de la souvent aussi ils ne le sont que par conquête de Constantinople , et de l'établissement des Français en Mo- des dos de pays, et même quelquefois, ainsi qu'en Russie, ils ne sont formés rèe, écrite en vers grecs' politiques, que par l'inclinaison presque insensi- par un auteur anonyme, traduite pour ble des plaines. C'est donc à tort que la première fois d'après le manuscrit les cartographes pour se conformer grec inédit, 1825, in-8°. On doit encore , à M. BucUon , Recherches et maté- riaux pour servir à une histoire de la au système erroné mis en vigueur par Buache, tracent de fabuleuses monta- gnes entre Paris et Orléans, pour sé- dominationfrançaise aux treizième, parer les bassins de la Seine et de la quatorzième et Quinzième siècles dans Loire; et que sur les cartes de Rus- les provinces démembrées de l'empire sie l'immense chaîne des Olonetz , en- grec, première et deuxième partie, gr. tre le versant delà Baltique et celui m-8. Paris, 1840. de la Méditerranée, forme un lien ima- Buchot (Philibert), né en 1748, à ginairequi réunit les Karpathes et les Maynal, bailliage de Lons-le-Saulnier, Poyas , etc. On ne saurait trop coin- a été pendant quelques mois commis- battre cette idée , encore très-répan- saire des affaires extérieures de la due, car elle porte une grave atteinte république. Entré au ministère, le 9 à la vérité. avril 1794, alors que la république Buache a laissé un atlas physique , en guerre avec toutes les puissances 1754 , et diverses cartes et mémoires dans le Recueil de l'Académie des n'entretenait de relations qu'avec la Suède, Gènes, Saint-xMarin et les États- Digitized by Google

BIÏC FRANCE. bud 455 Unis d'Amérique, il sortit des affaires botaniste, l'un des plus laborieux com- au mois de novembre de la même an- pilateurs qui aient existé , naquit à Metz en 1731, mourut à Paris en 1807. née, avec la réputation d'un adminis- trateur distingué, mais sans grande Parmi ses nombreux ouvrages, nous élévation dans les idées , sans l'éner- citerons seulement son Histoire natu- gie nécessaire pour un temps de relle de la Lorraine , en 13 vol. in-8° crise. et in-12, Nancy et Paris, 1762 et an- Avant d'être appelé à ces hautes nées suivantes ; son Histoire natu- fonctions , l'abbé Buchot , car il avait relle de la France, en 14 vol. in-8° ; embrassé l'état ecclésiastique , s'était et son Histoire universelle du règne fait remarquer à Lons-le-Saulnier par son attachement aux principes révo- végétal Paris, in-8° et in-fol., orné , lutionnaires , et avait été nommé membre de l'administration centrale de plus de douze cents planches. Tous du département du Jura. Forcé de se les ouvrages de Buc'hoz forment plus retirer en 1793, Buchot avait été en- de 300 vol. , dont 95 in-folio , et les autres in-8° et in-12. M. Deleuze a donné sur Buc'hoz une Notice détail- voyé, par le conventionnel Prost. dans lée dans le Magasin encyclopédique. le Jura pour y combattre le fédéra- Bucquet (Louis-Jean-Baptiste), , lisme. Dans cette mission , il mécon- procureur du roi au présidial de Beuu- vais, membre de l'académie d'Amiens tenta les habitants de Pontarlier qui , lui reprochaient une modération ex- et de la société d'agriculture de Paris, cessive; et, pour échapper à leurs me- naquit à Beauvais, le 10 mars 1731 naces, il vint se réfugier à Paris, où il et mourut au château de Marguerie, fut recommandé particulièrement à près la même ville, le 13 avril 1801. Robespierre. Nommé d'abord substi- Il a composé sur l'histoire de son tut de l'agent national Payan, Buchot pays un grand nombre d'ouvrages qui finit par remplacer , au ministère des sont restés manuscrits. On remarque affaires étrangères, Herman, qui, lui- entre autres des Mémoires pour ser- même, avait été nommé et révoqué le même jour, 9 avril 1794. vir à l'histoire de l'Amiénois et du Lorsque, au mois de novembre de Seauooisis, et une Histoire du Beau- la même année , Buchot quitta le mi- voisis jusqu'à Van 1022. nistère, il était si pauvre que les em- Bucquoy, bourg avec titre de comté, dans l'ancienne province d'Ar- ployés de ses bureaux, reconnaissants tois* aujourd'hui département du Pas- des égards qu'il leur avait toujours té- de-Calais, à huit kilomètres de Ba- moignés, se cotisèrent pour lui procu- paume. La population de Bucquoy rer des moyens d'existence. A cette épo- est aujourd'hui de 1,561 habitants. que, les ministres intègres et désinté- Budé (Guillaume), un de nos sa- ressés n'étaient pas rares. Ne voulant pas rester à la charge de ses amis, Bu- vants les plus illustres du seizième siè- chot accepta une place de commis sur le cle. 11 était fils du grand audiencier de port au charbon, aux appointements de France , Jean Budé. Après un com- mencement de jeunesse assez dissipé, six cents francs par an. Il resta dans il se livra à l'étude avec ardeur, et ac- cette humble position jusque sous le consulat. Alors une note remise par quit un haut degré de science dans les un compatriote de Buchot sur le bu- langues anciennes. Ses ouvrages d'é- rudition rendirent bientôt son nom reau de Bonaparte apprit au premier célèbre, et le firent appeler à la cour, consul qu'un ancien ministre de la ré- où il reçut le plus bienveillant accueil publique était simple commis sur le [>ort au charbon de Paris. Avec sa dé- de Charles VIII. Louis XII le prit icatesse ordinaire, Bonaparte écrivit à la marge : Six mille francs de pen- pour secrétaire, et l'envoya à Rome, sion. Buchot, ainsi arraché à la mi- chargé d'une mission. François er le I fit maître des requêtes , et le plaça à la tête de la bibliothèque royale. Enfin,- sère, vécut juqu'en 1812. telle était l'estime qu'inspirait à tous Buc'hoz (P.-Jos.), naturaliste et le caractère de Budé , et son habileté Digitized by Google

456 BCD LTJNIVERS. BCD pour les affaires, que la ville de Pa- lier breton avait pillé les trésors en Italie, le fit condamner à avoir la tête ris le choisit pour prévôt des mar- tranchée ; ce qui fut exécuté à Màcon en 1379. chands. Au milieu des occupations que Budget.— Ce mot, emprunté à la tant d'honneurs lui imposaient, Budé langue anglaise, s'emploie maintenant ne cessa pas d'étendre ses connais- en France pour désigner le tableau des dépenses de l'État , et des recettes sances , et de contribuer, par ses ou- destinées à les acquitter. Avant 1789, le gouvernement ne rendait aucun vrages, au progrès des lettres. Aussi compte à la nation de l'administration des finances; il fallait, pour qu'on eût sa réputation était-elle européenne. Il recours à elle, de grandes calamités, ou des nécessités pressantes ; il fallait que entretint des relations avec les plus le monarque, forcé par la pénurie du trésor royal d'établir de nouveaux im- illustres personnages des pays étran- pots, craignît que son autorité seule ne pût réussir a les faire accepter par gers , surtout avec Érasme qui pro- les masses. (Voyez États généraux.) , INecker fut le premier ministre qui, fessait pour lui la plus haute es- par son fameux compte rendu , dé- voila les besoins et les ressources time, et l'appelait le prodige de la du royaume. Son exemple fut bientôt suivi , et de Calonne publia aussi un France. C'était surtout par sa con- compte rendu, qui annonçait un déficit de cinquante-six millions ; enfin, le 24 naissance de la langue grecque que janvier 1789, Louis XVI déclara so- Budé étonnait ses contemporains, Jennellement que désormais le tableau Scaliger l'appelait, dans son langage des revenus et des dépenses serait rendu public, dans une forme propo- pédantesque , le plus grand Grec de sée par les états généraux et approu- VEurope, un phénix qui ne renaîtra vée par le roi , et que les sommes at- tribuées à chaque ministère seraient point de ses cendres. Ses principaux déterminées d'une manière fixe et in- ouvrages sont la traduction de plu- variable. C'est de cette déclaration que date en France le premier essai de sieurs traités attribués à Plutarque, l'institution du budget. Toutefois, tant que dura la tourmente révolu- et d'une lettre de saint Basile à saint tionnaire, il n'y eut point, à propre- Grégoire de Nazianze ; des commen- ment parler, àe budget; l'abolition des impôts et la dépréciation du pa- taires latins sur la langue grecgue pier-monnaie avaient anéanti les lî- ; nances de l'État quand une dépense un traité De asse (sur les monnaies) ; ; un traité De transilu HeUenismi ad était jugée nécessaire, on la décrétait, sauf a recourir ensuite aux expédients Christianism um ; un autre traité en pour y faire face. Les Assemblées na- tionales votèrent ainsi successivement français sur l'institution d'un prince ; un grand nombre de lois de finances; mais il n'y eut pas de budget, puis- un recueil de lettres grecques et lati- qu'il était impossible de rien statuer dans la prévision d'un avenir que les nés. Un des premiers titres de Budé événements modifiaient chaque jour, au souvenir de la postérité, c'est d'à- Sous le consulat et sous l'empire, il voir puissamment contribué , avec le y eut plus d'ordre et de clarté dans le Grec Lascaris, à faire instituer par le roi François er le collège de France, I Bu des (Sylvestre), seigneur breton, parent de dû Guesclin qu'il suivit en , Espagne , alla offrir ses services et ceux de six mille aventuriers, ses corn- patriotes, au pape Grégoire XI , puis a Clément VII, dont la France soute- nait les prétentions. Le capitaine bre- ton tomba rudement sur les soldats d'Urbain VI , et , sans s'effrayer des foudres pontificales, marcha sur Rome, s'en empara avec sa petite troupe, et y tint garnison pendant près d'un an , sans que les Romains , auxquels il fai- sait beaucoup de mal, vinssent à bout de te déloger. Cependant Urbain VI ayant eu le dessus , Budes repassa en France, où Clément l'accusa d'intelli- gence avec son compétiteur; et, réuni au cardinal d'Amiens , dont le cheva- Digitized by Google

FRANCE. 457 compte rendu des dépenses et des re- leva pour 1815 à 798,590,859 fr. ; pour 1816, à 896,707,205 fr.; pour 1817, à cettes; à part les départements de 1,039,810,583 fr., et pour 1818, à 1,154,649,360 fr. Depuis cette époque la guerre et des affaires étrangères, les jusqu'en 1830, le budget s'est cons- dépenses et les recettes devinrent plus tamment élevé à peu près à la même somme, et le milliard en est devenu régulières et plus constantes; la dis- comme le chiffre normal. La guerre tinction établie entre le trésor et le d'Espagne, l'indemnité payée aux émi- grés et aux chouans , les expéditions de ministère des finances vint, d'ailleurs, Grèce et d'Alger, le maintinrenten réa- lité à ce taux; et, quoique tous les ans il opposer un grand obstacle au renou- fut présenté aux chambres commeinfé- vellement des abus et des dilapida- rieur, les crédits supplémentaires et complémentaires l'y ramenaient tou- tions. Les ministres, pendant cette jours invariablement. Depuis 1630, période , faisaient leurs demandes le budget a constamment dépassé un milliard, et, sans certains abus contre suivant les besoins prévus de leurs lesquels la presse s'élève avec raison départements, et les fonds étaient vo- peut-être le pays devrait-il s'en réjouir plutôt que s'en affliger, puisque cette tés par le Corps législatif; ce qui ca- augmentation est causée en grande par- tie par l'impulsion donnée aux travaux ractérise essentiellement un budget. publics, dépenses productives pour la plupart et d'une utilité incontesta- Mais l'état de la France vis-à-vis de ble. l'Europe nécessitait le vote de 100 Nous croyons devoir donner ici un millions spéciaux, dont il n'était pas tableau des sommes totales de tous nos budgets depuis 1815. Dans une rendu compte, parce qu'ils étaient des- {>remière colonne, le lecteur trouvera es sommes auxquelles devaient s'éle- tinés aux éventualités de la guerre, ver les dépenses et les recettes, sui- et l'on n'avait encore qu'une appa- vant les prévisions des ministres, au rence de budget puisque toutes les moment du vote des budgets. Une se- , conde colonne présente les résultats dépenses n'étaient pas votées par la des règlements définitifs des comptes. Nous avons commencé ce tableau à législature. D'un autre côté, toutes les 1815, parce que sous l'empire , le bud- get, dont il serait d'ailleurs, nous ressources n'étaient pas versées dans l'avons déjà dit, fort difficile de dé- les coffres de l'État, et une grande terminer le chiffre exact, comprenait avec les dépenses et les recettes de la partie des contributions de guerre, France actuelle, celles qui étaient ef- fectuées dans toute l'étendue des dé- articles secrets des traités diploma- partement réunis. tiques, fournissaient à l'empereur des ressources qui n'entraient que dàns son trésor privé. La fin mal- heureuse de ce règne laissa pour les budgets de 1812 et de 1813 un déficit de 300 millions. Après les désastres de 1814, lorsque la caisse d'amortisse- ment eut été dépouillée des rentes qu'elle avait rachetées, l'arriéré devint encore plus sensible, et le baron Louis fut obligé de présenter aux chambres un budget, dont les dépenses prévues s'élevaient à 827 millions, avec un dé- ficit de 307 millions dans les revenus. Pour combler ce déficit, il proposa l'émission de bons rovaux, l'aliénation d'une partie des forêts de l'État et . la création de rentes 5 p. 100 à ins- Dépensa crire sur le grand-livre. el recel les et recettes, présumées. effectuées. Mais bientôt les cent jours vinrent changer les prévisions du ministre. Les 181 S. Dépenses. 79l,317.fl60f. 798.5W.859 f. Recettes. 74U.03U.70U 743.H30.200 dépenses énormes causées par le séjour des alliés en France, et les contribu- 1810. Dépenses. 89i).405,300 896.707.205 Recettes. 800,906.061 876.135.400 tions de guerre dont il fallut payer le retour des Bourbons, grossirent 1817. Dépense». 082,200,390 1.030,810,583 Recettes. 1,069,200,258 1,112,117,702 considérablement le budget, qui s'é- Digitized by Google

L'UNIVERS. et reeet'es Dépenses ces, à la marine, au commerce, etc. présumées. et recettes Il y verra de quelles sources s'alimente effectuées. la fortune publique, et par quels canaux elle se divise, pour porter partout, 818. I.I06.6K2.693 1.15 1.649.360 1,098,362,603 1,113.610,375 avec la sécurité intérieure et exté- rieure, des germes de prospérité fu- 819. Dépenses. 869.516,123 853,853,439 ture. Il n'y a plus aujourd'hui que les Recettes. 891.435,000 866,312,284 gens ignorants ou passionnes qui re- fusent de reconnaître l'ordre et la ré- 820. Dépenses 875 800. «30 875.312.252 gularité de nos budgets, dont les comp- 877.437,880 913,815,872 tes sont d'ailleurs examinés et jugés par des magistrats inamovibles (Vovez 821. Dépenses. 882 235.274 883.054.254 Recettes. 889,021,715 915.591 435 Coub des comptes), et soumis ainsi à un contrôle qui rend impossible le 822. Dépenses 899,345,645 949,174,982 913.327,651 991,892,882 renouvellement des anciens abus. 623. Dépenses. Nous devons ajouter que les dépar- Recettes. 869.838.453 • 1.118,025.162 909.130.783 1,123.456.392 tements, les villes, les communes ont aussi leurs budgets spéciaux ; que ces 824* Dépensai». 895,862 656 992,583.233 budgets, discutes et votés par les con- . Recettes. 896.334,190 994.971,962 seils généraux et par les conseils mu- nicipaux, ont pour objet les améliora- 1826. Dépenses, 898,933.180 981.972.602 tions et les dépenses locales et que ces Recettes. 899,510,383 085,673,751 dépenses sont couvertes par les reve- 827. Dé|»en»es 914,504.499 976.948.919 924.095.704 987,620,580 nus propres aux communes et aux £28. Dépenses Recettes. 910.729.742 989.448,052 départements, et surtout par les cen- 9I6.60>,734 957,431.769 times additionnels aux contributions 829. Dépenses 922.71 1.602 1.024.100.637 directes. 934,4 Itl 631 1,032.782,145 Bueil (Jean de). (Voyez Sancebbb 725.383.414 1.014.914.432 786.156.821 I.03U.463.529 (comte de).) 830. Dfoeute* 972,839.879 1,095,142.115 Buffabola (combat de). Les ar- Recettes. 979.392,224 1.031.796,054 mées de France et d'Espagne se ren- 831. Dépenses 1,172.192.435 1,214,610.065 contrèrent, le 23 juin 1636, sur les Receltes. I.3O4.379.702 l ,305,550,970 bords du Tésin, près de Buffarola. Après quatorze heures de combat, 962,971,270 1.174,350.197 967.824,79 1,149,340.204 l'avantage resta aux Français. Deux mille ennemis restèrent sur la place, 833. Dépenses, 961.211,511 1.128.994,304 Recettes. 966,870.547 1,157,274,314 et trois cents furent faits prisonniers. 834. Dépenses. 9HI. 923.478 1,035,784,358 Buffet, nom que l'on donne ordi- 983,669.307 1,032,345,269 a nairement aux meubles destinés à conserver les vivres et les ustensiles de 835. Dé|>enses. 1,1109,008,5,11 1.021,062,403 Receltes. 1,0 18,776,521 1,045,416,624 ménage. Ce nom est fort ancien ; du 836. Dépenses. 998,861,075 1.046.906,909 Cange le fait dériver de buffetagium, 1.000.700,897 l,077,623.7u8 mot de la basse latinité par lequel on désignait un droit perçu sur le vin qui 837. Dépenses, 1.027.059.018 1.070,490,428 se vendait dans les tavernes. Suivant Recettes. 1,027,572,203 1,067,820,314 ce savant, buffétage serait synonyme de buvetage, d'où il résulterait qu'un 838. Dépenses 1,039.318,931 1,136,184,390 buffet et une buvette auraient été dans Recettes. 1.056,302,461 1,149,612,932 l'origine une seule et même chose, et 839. Dépenses. 1 «63.669,939 Recettes. 1,080.486,091 que notre buffet ne serait que Vabacus 840. Dépenses 1.099,913,487 des anciens. Recettes. 1,115,7(5,222 De même que chez nous, le mot 841. Dépenses. 1,187,842,234 Recettes. 1,211,885.666 buffet s'applique également _ à une chambre et à un meuble, de m.ine, Nous ne ferons point ici l'histoire des différentes divisions du budget; le lecteur la trouvera dans les articles spéciaux que nous consacrerons aux impôts, à la dette publique, aux finan- Digitized by Google

FRANCE. BUF 459 dans l'antiquité, le mot nbacus avait en Pologne de parents français, en un double sens; c'était tantôt un lieu 1661 , fut élevé à Rouen , où sa famille de décharge, une office placée près de la se fixa après son retour en France,' et salle à manger, tantôt une espèce d'é- entra à dix-neuf ans dans l'ordre des jésuites. Il (juitta ensuite Rouen à la tagère destinée à porter de la vaisselle. Les ruines de Pompéi nous ont con- suite de démêlés théologiques avec servé un meuble de ce genre; ce meu- l'archevêque Colbert, fit un voyage à ble était adossé à un pan de mur, et avait deux tablettes placées l'une au- Rome, puis vint s'établir à Paris, où dessus de l'autre et destinées à rece- il fut associé à la rédaction du Journal 'voir des vases. Son piédestal, fait de lYévoux. Après avoir fait paraître d'une espèce de peperino{*), supportait un assez grand nombre d'ouvrages sur une table en vert antique. De cette diverses branches de la philosophie, il réunit, en 1732, les principaux en un espèce d'abacus dérive naturellement volume in-folio, auquel il donna le titre de : Cours de sciences sur des notre buffet, qui joua au moyen âge, principes nouveaux et simples pour sous le nom de dressoir, un si grand former le langage, l'esprit et le cœur, rôle dans la décoration des vastes châ- dans l'usage ordinaire de la vie. Ce teaux et des riches hôtels de nos pè- volume renferme: 1° sa Grammaire res. (Voyez Dressoiks.) A quelle épo- française sur un plan nouveau; 2° ses que le nom de buffet Pemporta-t-il sur Traités philosophiques et pratiques de celui dedressoir ? Nous l'ignorons ; mais Véloquence et de la poésie; 3° son dès la lin du seizième siècle, on donna Traité des premières vérités et de la le nom de buffet à un meuble do ce source de nos jugements ; 4° les Prin- genre fait en vermeil, et que la ville cipes du raisonnement exposés en (le Paris offrit, en 1571 , à la reine Eli- deux logiques nouvelles; 5° des Élé- sabeth, femme de Charles IX. L'usage des buffets et des dressoirs s'e;>t perdu ments de métaphysique ; 6° un Exa- chez nous, à moins qu'on ne regarde men des préjugés vulgaires pour dis- comme une trace de cet ancien usage poser l'esprit à bien juger de tout; les cabarets de porcelaine nue quelques 7° un Traité de la société civile et du {>ersonnes étalent encore dans leur sa- moyen de la rendre heureuse en con- on. Les Italiens sont restés plus fidèles tribuant au bonheur des personnes que nous à l'antique buffet; clî meuble s'est conservé chez eux sous le nom avec qui l'on vit. Quelques-uns de ces de credenza; ils le placent dans la pièce principale de la maison, et l'en- titres sont un peu ambitieux. On peut ferment dans une balustrade à hauteur d'appui. Les credenze des princes et aussi reprocher à Buffier de parler de des cardinaux sont surmontées, comme lui-même dans ses préfaces avec trop nos dressoirs du moyen âge, de ma- gnifiques dais en velours. de complaisance. Du reste, on ne peut lui contester le mérite d'avoir montré L'usage a donné au mot buffet d'au- dans sa grammaire un grand esprit tres acceptions; il sert à désigner une d'analyse et redressé avec justice plu- riche vaisselle d'or et d'argent, les sieurs définitions. Cette grammaire, avant sa publication en 1709, avait hommes préposés au service de l'office, été lue dan à les réunions de l'Académie. un repas qui suit une soirée, etc. Après avoir longtemps fait autorité, elle semble aujourd'hui avoir été enve- Buffetage, en latin Buffetagium, loppée dans la disgrâce des jésuites. droit qui se percevait sur les vins Les qualités qui la distinguent se re- vendus dans les tavernes. (Voyez Buf- trouvent dans les autres parties du Cours de sciences, où règne une heu- fet.) reuse alliance de philosophie et de goût. VEncuclopéaie s'en est souvent Buffieb (Claude), grammairien , né approprié des pages entières sans (*) Pierre particulière aux. environs nommer l'auteur; On doit encore à d'Albano, près de Rome. Buffier des Histoires de Naples et i Digitized by Google

L'UNIVERS. BU F dEspagne , et une Introduction à si flatteuse par plusieurs mémoires de Yhistoire des maisons souveraines géométrie, de physique et d'économie d'Europe, quelques poésies et divers rurale, remplis dé vues justes et utiles. ouvrages de piété. Il a appliqué à l'é- tude de l'histoire et de là géographie Il avait contracté une intime liaison la méthode mnémotechnique employée par Lancelot pour les racines grec- avec le savant Dufay, intendant du ques. Il mourut à Paris, au collège Jardin du roi. Dufay, en mourant, dési- de la société, en 1737. gna Buffon à la cour pour son succes- seur. Son vœu fut accompli , et Buffon —Buffon (Georges-Louis Leclerc, placé à la tête de ce bel établisse- ment, conçut aussitôt le projet de comte de). Le grand écrivain qui devait élever un des plus magnifiques l'enrichir, êt forma en même temps monuments d'éloquence et de science du dix-huitième siècle, naquit à Mont- un dessein bien plus vaste , et que pou- bar en Bourgogne , le 7 septembre 1 707. Son père, Benjamin Leclerc, conseiller vait seul embrasser un homme d'un au parlement de Bourgogne, dirigea son éducation avec autant d'intelli- génie si étendu et d'une volonté si gence que de sollicitude. Après de ferme, celui de faire l'histoire de la brillantes études faites au collège de nature, de h décrire et de l'expliquer Dijon, Buffon à qui sa famille, riche d'une assez belle fortune, laissait la tout entière. Il se mit aussitôt à plus grande liberté sur le choix d'une l'œuvre, sans être effravé ni par la profession, commença par voyager multitude des observations ni par le avec un jeune Anglais de haute nais- danger des conjectures, et s'imposant sance, qui, s'étant arrêté à Dijon, encore une autre difficulté, celle d'unir était devenu son intime ami. Il par- constamment à l'exposition scientifique courut la France et l'Italie, et alla passer quelque temps à Londres, où il l'attrait de la forme, l'éloquence du commença a se livrer, plus qu'il ne langage. Pendant dix-sept ans d'un l'avait fait jusque-là, à l'étude des ma- travail assidu sur les plus hauts pro- blèmes, comme sur les détails les plus thématiques. De retour en France, il minutieux d'une science si imparfaite s'appliqua aux sciences avec une ex- avant lui, il fit paraître les quinze trême ardeur, avec une force de volonté premiers volumes de son ouvrage, qui qui fut un des traits distinctifs de son comprennent la théorie de la terre, le caractère et de son génie. Ami du traité de la nature des animaux, l'his- toire de l'homme, l'histoire des qua- plaisir jusqu'à la dissipation , il ne s'y oubliait jamais assez pour enfreindre drupèdes vivipares. A mesure que ces la règle de travail qu'il s'était imposée, volumes se publiaient, on était de plus et la fatigue même de ses joyeuses en plus étonné et charmé de cette vi- gueur de génie qui interrogeait et parties avec ses amis ne l'empêchait quelquefois surprenait la nature dans pas d'être à l'étude aux heures qu'il s'é- ses secrets les plus profonds, et qui la tait fixées de lui-même, et ne lui en fai- peignait dans ses formes extérieures sait jamais abréger la durée. Il publia avec la majesté d'un style imposant et le bientôt la traduction de deux ouvrages prestige d'un coloris enchanteur. C'est célèbres , la Statique des végétaux du de 1749 à 1767 que parurent ces quinze célèbre physicien anglais Haies, et le premiers volumes. Les neuf volumes suivants, qui comprennent l'histoire Traité des fluxions de Newton. On des oiseaux, virent le jour de 1770 à reconnut dans le jeune traducteur un 1789. A ces deux grandes parties de esprit cultivé et pénétrant, et fait pour donner les plus belles espérances. l'ouvrage s'ajoutent sept volumes sup- Peu de temps après, l'Académie des plémentaires publiés dans sa vieillesse sciences l'appela dans son sein, et il a des dates différentes, et parmi les- s'empressa de justifier une distinction quels se trouve son fameux traité des époques de la nature. Il s'en faut que le plan conçu par Buffon ait été en- tièrement exécuté : lui-même dut re- noncer de bonne heure à remplir Digitized by Google

BUF FRANCE. BUF 461 jusqu'au bout la grande tâche qu'il « qui se refroidissent par degrés et avait entreprise. Mais le regret de ne « les unes plutôt que les autres , ces « êtres organisés qui naissent suqces- pouvoir être l'historien de la nature « sivement à leur surface à mesure « que leur température s'adoucit , ne tout entière, et d'être arrêté au milieu « peuvent plus passer que pour des du travail par l'impuissance humaine, « jeux d'esprit. Mais Buffon n'en a « pas moins le mérite d'avoir fait ne fut pour lui qu'un léger déplaisir « sentir généralement que l'état ac- au milieu de tous les éloges et de tous « tuel du globe résulte d'une sucecs- les honneurs que lui valut la partie « sion de changements dont il est pos- du monument qu'il avait élevée. Mille « sible de saisir les tmees; et c'est « lui qui a rendu tous les observa- témoignages lui arrivaient sans cesse « teurs attentifs aux phénomènes d'où « l'on peut remonter à ces change- de l'admiration qu'inspirait la grandeur « ments (*). » La notice d'où cette de son génie, et du respect que com- citation est extraite reproche encore à Buffon des contradictions et des mandaient la gravité majestueuse et la obscurités dans le système par lequel dignité paisible de son caractère. Les il a cherché à expliquer la génération, mais égale à tout ce qu'il y a de plus hommages de tous les savants de l'Eu- profond et de plus éloquent en phi- losophie son tableau au développe- rope venaient l'avertir sans cesse de la ment physique et moral de l'homme. Passant au traité de la nature des gloire que ses travaux faisaient à son animaux , Cuvier rend à Buffon un autre témoignage plus glorieux en- XVnom. Louis érigea en comté la core : « Ses idées sur la dégénération « des animaux et sur les limites que terre de Buffon; le surintendant des « les climats , les montagnes et les bâtiments, M. Dangivilliers, fit élever « mers assignent à chaque espèce, sa statue à l'entrée du Muséum avec « peuvent être considérées comme de cette inscription, où l'éloge, exempt « véritables découvertes qui se con- d'exagération malgré sa magnificence, « firment chaque jour, et qui ont donné « aux recherches des voyageurs une est assorti d'ailleurs au caractère de « base fixe dont elles manquaient ab- « solument auparavant. » Enfin , si l'écrivain : Cuvier se plaint de l'absence d'un or- dre scientifique dans l'histoire des Mnjestati natorx par ingenium. 3uadrdpèdes , s'il reproche à Buffon Catherine II lui adressait toutes les e s'être prévenu contre les nomen- raretés d'histoire naturelle que four- clatures, parce qu'il trouvait une nissait la Russie. Pendant la guerre grande confusion dans les traités mé- de 1777, un navire sur lequel se trou- thodiques de ses devanciers, il recon- vaient des caisses que lui envoyaient naît un. mérite incontestable d'origi- ses correspondants de l'Inde fut cap- nalité et d'utilité dans cette partie de ses travaux. « Le plan qu'il conçut turé par des corsaires anglais : tous « dit-il , de faire décrire isolément les objets à son adresse furent res- « chaque espèce , et d'en soumettre pectés et soigneusement envoyés à «l'histoire à une critique sévère, a Paris. L'admiration que le dix-hui- « servi de modèle à tout ce que l'on a tième siècle témoignait pour Buffon « fait de bon depuis lors sur l'histoire a pu être modifiée et restreinte sur plusieurs points par les progrès de la (*) biographie universelle. science. Mais on professe aujourd'hui le même culte qu'alors pour l'ardeur inventive de son génie et les riches beautés de son langage. Dans l'ordre scientifique, voici comment Buffon est apprécié par cet autre génie qui, de nos jours , a recueilli et si magni- fiquement accru son héritage. « On • ne peut plus , dit Cuvier , soutenir « dans leurs détails ni le premier ni « le second système de Butfon sur la « théorie de \"la terre. Cette comète « qui enlève des parties au soleil , ces « planètes vitrifiées et incandescentes Digitized by Google

Bl F L'UNIVERS. « naturelle, et surtout aux excellents nant général et député, né à Limoges, « ouvrages de Pallas. » Ainsi , de l'a- en 1784, entra au service comme gre- veu d'un juge dont la compétence est nadier dans les vélites de la garde im- souveraine, en ces matières, malgré périale , et fit avec distinction les les erreurs où des conceptions hasar- campagnes de 1804 à 1813, sur les dées et de fausses inductions Pont en- côtes de l'Océan , à la grande armée traîné, Buffon garde encore dans la en Espagne , et s'y signala par sa bra- science un rang éclatant. Celui qu'il voure et son habileté. Au combat occupe dans les lettres est le plus glo- d'Yécia , à la tête de deux cents vol- rieux qu'un écrivain puisse obtenir. tigeurs, il culbuta et fit prisonnière II le doit à cette savante correction, une colonne de sept cents Espagnols. à cette rare élégance , à ce riche co- En 1815, à l'affaire de l'Hôpital-sous- loris, à cet art scrupuleux et profond, Conflans, en Savoie, il mit en déroute, à cette noblesse imposante et simple, avec dix-sept cents hommes et qua- à cet enthousiasme majestueux et pai- rante chevaux, sept à huit mille hom- sible qui font le caractère et l'impé- mes d'infanterie autrichienne que , rissable beauté de son style. Le seul soutenaient cinq cents chevaux et six reproche qu'on puisse lui adresser pièces de canon, fit éprouver à l'en- avec raison , c'est d'être plus habile à nemi une perte de deux mille hommes, peindre la nature dans ses scènes lui enleva quatre cents prisonniers, et vastes magnifiques ou terribles que resta maître de la position. M. Bu- ,, dans ses détails simples , gracieux geaud était encore colonel à l'époque , modestes; de l'avoir trop uniformé- de la révolution de juillet. Depuis ce ment revêtue d'un aspect de grandeur temps, il est devenu député et lieute- et de beauté sévère; de n'avoir pas nant-général ; depuis ce temps aussi, diverses circonstances, dans lesquelles eu assez de cette souplesse qui permet à l'écrivain de devenir familier après il a joué un rôle important, ont attaché nvoir été sublime ; d'avoir trop sacri- à son nom une triste célébrité. Con- fié au contraire cette familiarité que tentons-nous de citer la captivité de la les grands orateurs du dix-septième duchesse de Berri à Blave; le duel de siècle ne repoussaient pas, à un besoin Dulong ; le funeste traité de la ïafna, où il reconnut la puissance de l'émir constant et trop scrupuleux d'élé- gance. Sans doute la nature dans ses Abdel-Kader, que d'autres avaient si imprudemment créée, et à laquelle il tableaux naïfs , dans ses beautés vul- gaires, a été mieux sentie et mieux avait, lui, par ses armes, porté déjà desi peinte par Bernardin de Saint-Pierre; rudes coups. Legénéral Bugeaud vient mais embellir la nature comme le d'être nommé gouverneur de l'Algérie, fait Buffon, ce n'est pas l'altérer, et où les déplorables résultats de sa faute un certain excès d'élégance ne l'em- sont encore à réparer. pêcha pas d'être compté toujours Bu et (le baron), général de bri- parmi ses plus dignes interprètes. gade qui s'est distingué à l'armée d'I- Buffon mourut en 1788. Son grand talie , à Kœnigsberg , où il eut une main emportée, et à Lérida , dont il ouvrage fut continué par Lacépède, savant distingué , mais écrivain trop dirigea l'assaut en 1810. peu naturel. Les collaborateurs de BtiGEY(le) (Beugesia), partie de Buffon avaient été Daubentôn qui l'ancien duché de Bourgogne , était , borné au nord par la Franche Comté, préparait les matériaux pour l'histoire des animaux; et Guéneau de Mont- au sud et à l'est par le Rhône et à belliard, à la plume duquel furent l'ouest par la rivière de l'Ain. Sa su- confiées plusieurs parties de l'histoire perficie était d'environ quarante my- des oiseaux, mais qui resta loin de la riamètres carrés. On croit que le sévère précision et du solide éclat du Bugey était habité en grande partie maître. du temps de César par les Segusianl. Bugeaud (Thomas-Robert), lieute- Sous Honorius, ce pays se trouvait Digitized by Google

MI FRANCE. 463 placé dans la première Lyonnaise. ceaux et une palette, tandis que l'autre s'appuyait sur un torse. Mais, peu Comme la Bresse, il dépendait autre- après sa réception, Buirette devint aveugle : ce malheur ne l'empêcha fois du royaume de Bourgogne; mais point toutefois de méditer sur son art, dont il acquit bientôt une connaissance la plupart des seigneurs particuliers si profonde, qu'il jugeait et corrigeait en les touchant , les modèles qu'on lui qui le gouvernaient, se rendirent indé- présentait. Versailles possède plusieurs ouvrages de ce sculpteur si digne pendants , et la maison de Savoie , d'intérêt. Il fut, en effet, l'un de ces par échange ou achat, acquit succes- nombreux artiste qui, sous la direc- tion de le Brun , décorèrent le palais sivement toute la contrée, qu'elle céda, du grand roi. On cite particulièrement en 1601 , avec la Bresse et le pays de Gex, à Henri IV. Le Bugey, dont Bel- les quatre groupes d'enfants et l'Ama- zone d'après l'antique, placés à la ley était la capitale, dépendit alors du demi-lune qui termine l'Allée-d'Eau. Il a fait , pour Saint-Gervais, les statues gouvernement de Bourgogne : aujour- de saint Jean et de la Vierge. Il mou- rut le 3 mars 1699, à l'âge de soixante- d'hui il est compris dans le départe- neuf ans. ment de l'Ain. (Voyez Belley, Bresse Buis (Jean), sergent à la 106e demi- \" brigade, né à Grillon (Vaucluse). Au et Bourgogne.) Siège de Gènes, dans la sortie du 13 Buglose bourg du département floréal an YIII, il pénétra dans les , retranchementsennemis, d'où il appela ses camarades, en leur montrant la des Landes, où naquit saint Vincent route qu'il avait tracée devant eux. Buis mourut victime de son courage. de Paul. Buissiere (la), ancienne seigneurie Bugnyon (Philibert) , écrivain et de l'Artois , à huit kilomètres de Bé- thune (aujourd'hui département du poëte, né à Maçon, mort en 1590, est Pas-de-Calais), érigée en marquisat en 1663. connu par un traité latin des Lois Buisur ( Mathieu ), sergent-major h abrogées en France, Lyon, 15G4 la 34e demi-brigade , né à Guerande , (Loire-Inférieure). Placé à l'arrière- Çardedans un combat où nos troupes Bruxelles, 1702; traduction en fran- écrasées par le nombre se repliaient en désordre, il soutint la retraite avec çais, Paris, 1602 ; l'auteur s'y élève quelques soldats qu'il était parvenu à contre la vénalité des charges'de ma- rall|er, et auxquels il fit partager sa gistrature; par sa Remontrance pour résolution. Après avoir longtemps dis- puté le terrain pied à pied , il se laissa la paix (aux états de Blois), Lyon, cerner pour donner à ses camarades 1576, et son Mémoire sur ce qui s'est le temps de s'éloigner. Lorsqu'il les vit passé aux états de Blois (en latin), en sûreté, il voulut à son tour faire une trouée; son sabre d'une main , sa 1577, in-8°. baïonnette de l'autre, il s'élança stir Buhy (Félix), né à Lyon en 1634, les assaillants les plus rapprochés de lui et en tua plusieurs. L'ennemi ad- carme et docteur de Sofbonne , mort mirant les efforts d'un si çrand cou- rage, et voyant qu'il était impossible en 1687, osa soutenir le premier les que Buisur pût échapper , lui offrit la dix articles de doctrine publiés en 1682 par le clergé de France sur la nature et l'étendue de la puissance ecclésiastique. On lui attribue aussi un Abrège des conciles généraux, Paris, 1699; ouvrage fort estimé. Buinot (Julien), fusilier, né dans le département de la Sarthe gravit , l'un des premiers sur le Monte- Faccio (voyez ce mot), et désarma quelques Autrichiens qui le croyaient leur pri- sonnier. Buirette (Jacques), sculpteur, né à Paris en 1630, reçu à l'Académie, le 27 août 1661, sur un morceau qui donnait lieu d'espérer qu'il serait un jour un grand maître. C'était un bas- relief en marbre dont le sujet était l'union de la peinture et de la sAilpture, représentées par un groupe de deux jeunes filles, dont l'une tenait des pin- Digitized by Google

464 BlîL L'UNIVERS. BUL vie ; mais il préféra mourir les armes façades de la cour, la loge en arcade à la main. de' la terrasse. « Il a sans doute été « fait en France, dit M*. Quatremère, BuLiFONT,chefdebatai!lon de gardes nationales, fut du nombre de ceux gui « depuis Bullant , des édifices plus « grandement conçus , selon le génie défendirent si honorablement Humn- « de l'art antique;* il s'y est élevé des eue , sous les ordres du général Bar- « palais beaucoup plus beaux que celui banègre, en août 1815. « d'Écouen; mais on n'y a point exé- Bull (prise de). Pendant qu'en « cuté de détails d'architecture plus Europe, la France et l'Angleterre se disposaient à mesurer leurs forces, la «classiques et plus purs... II serait guerre se faisait vivement en Amérique, « difficile de trouver chez aucun des entre les colonies des deux nations. Le 27 mars 1756, les Français atta- « successeurs de Bullant des profils « plus corrects, une plus grande finesse quèrent Bull, l'une des plus fortes places du Canada; la forteresse, qui , renfermait des magasins considérables, fut emportée après quelques heures de « d'exécution 'un sentiment plus juste résistance, et la garnison se rendit à « des proportions et du véritable ca- « ractère de chacun des trois ordres; discrétion. « enfin , une meilleure imitation en ce « ger.re des œuvres de l'antiquité. » Bullant (Jean), sculpteur et ar- chitecte français, mort en 1578. Bul- Bullant construisit, en 1564, avec Philibert Delorme , les bâtiments du Innt n'étudia point l'architecture d'a- centre du château des Tuileries ; mais près les Italiens amenés en France par on ne sait trop quelle fut sa part François Ier : il se forma en Italie dans cette construction. Toutefois on pense qu'elle fut peu considérable. même et sur les monuments de l'an- En 1572, il éleva, pour Catherine de tiquité. C'est ce qui résulte de l'un de ses ouvrages intitulé : Reiglc géné- Médicis, l'hôtel de Soissons, dont il rale d'architecture des cinq manières ne reste plus que la colonne astro- de colonnes y à savoir, toscane, do- logique (a la Halle au blé). Quelques rique, ionique, corinthe et composite, auteurs lui attribuent aussi l'hôtel Car- à fexemple de l'antique (fait à Ecouen , 1564 , imprimé a Paris, 1568, navalet, à Paris. Comme sculpteur, in-fol.). On y trouve des dessins de Bullant fut l'élève de Jean Goujon quelques monuments antiques de ; Rome , ainsi que leurs mesures , que Bullant dit avoir prises à l'antique, mais il adopta, dit M. Émeric David (*) dedans Home. Cet architecte, l'un des « la manière de dessiner du Rosso « qui entraîna plus ou moins , dans le plus habiles de la renaissance, est, « seizième siècle presque tous les ar- selon Chambray (*), un de ceux qui ont suivi les traces de l'antiquité avec le , plus d'intelligence et de lumières , le seul qui ait accepté les proportions de « tistes français. Son dessin est mâle, Vitruve, et Chambray n'hésite pas à «grandiose,* mais un peu sauvage, l'appeler le premier de nos architectes français. Le premier ouvrage de « comme on l'a dit de celui du Rosso Bullant et son chef - d'oeuvre est le château d'Ecouen , élevé vers « et de celui du Bandinelli que ce maître 1545. Ce qu'on y distingue surtout, c'est le choix dé la position, le pé- « avait imité; quelques figures offrent ristyle à l'avant-corps de la façade, « des attitudes trop recherchées ; le les avant-corps du milieu des trois « faire n'est pas toujours exempt de « sécheresse. » Le morceau le plus (*) Parallèle de l'architecture antique et connu de Bullant est le mausolée de l'architecture moderne. d'Anne de .Montmorency, sur lequel sont les statues du connétable et de sa femme. Les bas-reliefs représentent le sacrifice d'Abraham , les quatre évangélistes , la Religion et la Force. Au-dessus de la corniche est l'Histoire écrivant les grandes actions du conné- t O Cf. Lenoir, Musée des Augusliu, iu-8°, p. a3 1. Digitized by Google

I BiL FRANCE. BUL 465 table. Ce chef-d'œuvre a été attribué à fils de soie ; si le reserit est de justice, le sceau est suspendu par une corde- —tort à Barthélémy Prieur. Bulle. Ce mot , dans son accep- lette de chanvre. On sait que les bulles tion propre désigne la bulle ou boule ne peuvent être publiées sans être , munies de Yexeguatur de l'autorité civile. Quant aux formalités nécessaires de métal (butta) que Ton avait cou- pour leur réception en France , nous renvoyons aux articles généraux qui tume d'attacher aux actes pour les traiteront des querelles et des discus- sions auxquelles ont donné lieu, à di- authentiquer. C'est par extension que, verses époques , l'établissement ou le maintien de ces formalités. (Voyez du nom de cette boule de métal on Papauté [relations de la France avec , a donné à certaines lettres pontificales le nom de bulles. Ce titre ne fut ce- pendant pas exclusivement réservé aux actes des papes ; on le donna aussi à quelques rescrits des empereurs d'O- rient et d'Occident : tels que la fameuse la ] .) bulle d'or de Charles IV, empereur Nous allons passer en revue, en d'Allemagne ; à certains actes de pré- suivant l'ordre chronologique, les prin- lats puissants et aux décisions de quel- cipales bulles pontificales, tant celles ques conciles œcuméniques. qui sont particulièrement relatives à Les bulles, considérées comme res- la France, que les bulles générales, crits apostoliques, sont, en général, et celles qui, intéressant plus directe- des lettres pontificales expédiées sur ment d'autres pays, ne sauraient être parchemin , et écrites en ronde, tandis négligées, parce qu'elles sont des do- que l'écriture italique est ordinairement cuments utiles pour l'histoire de Pin- affectée aux brefs , autre sorte de res- fluence que nous avons exercée sur crits apostoliques. Les brefs sont cou- toutes les questions à la fois politiques sacrés aux affaires de moindre impor- et religieuses où se trouva mêlée la tance ; quelquefois cependant les papes papauté. Nous ne donnerons ici qu'une décidèrent par des brefs des questions simple nomenclature, nous réservant capitales , par exemple l'abolition des d'entrer ailleurs dans de plus amples jésuites. Aussi dans la liste de bulles détails sur les bulles pontificales qui que nous allons donner tout à l'heure, ont fait époque, sur celles surtout nous aurons soin d'insérer les brefs qu'on désigne par des noms particu- les plus importants. Ces deux espèces hers , telles que les bulles Clericis d'actes différent, en outre, par la sus- laicosy Ausculta fili, Execrabilis , cription, beaucoup plus simple dans Unigenitus , etc. (Voy. les mots Gal- les brefs ; par le salut et la bénédiction licane (église) , Papauté (relations apostolique; par la date qui doit ren- de la France avec la), Jansénisme, fermer 1 indication du lieu, du mois, Jésuites, Pragmatique sanction, du jour, comptés pour les brefs d'après etc. ) notre calendrier moderne, et, pour On sait que ce fut un roi de France qui les bulles, d'après le calendrier romain, lë premier opposa aux papes une résis- tance décisive; mais ce fut aussi contre Les brefs sont scellés en cire rouge, un roi de France que les papes essayè- rent, pour la première fois, leur arme la sub annulopiscatoris, avec l'empreinte plus terrible. Jusqu'à la fin du dixième siècle, leurs bulles les plus importantes de l'anneau du pêcheur, c'est-à-dire furent consacrées à maintenir la dis- que saint Pierre y est représenté dans cipline ecclésiastique ou à réprimer sa barque en action de pêcheur. Autour les hérésies. C'est à l'approche de l'an mil , dans l'effroi général qu'inspirait du sceau doit se trouver le nom du l'attente de cette ère terrible, qu'ils commencent à lever la tête , d'autant pape. Les bulles sont scellées en cire plus haut que les grands du monde, ducs et rois, courbent la leur plus verte, avec un sceau pendant en plomb, qui représente d'un coté les images de saint P. erre et de saint Paul, et porte de l'autre le nom du pape avec l'année de son pontificat. Quand le reserit est de grâce, le sceau est attaché avec des T. ni. S0« Livraison. (Dict. bncycl., etc.) 30 Digitized by Google

466 BtJL L'UNI ERS. BCL humblement dans la crainte du juge- Frédéric II d'Allemagne , qui chasse le pape d'Italie et le force à se réfugier —ment dernier. x\" siècle. En 998 , une bulle de en France , asile ordinaire des papes Grégoire V excommunie Robert , suc- persécutés. cesseur de Hugues Capet coupable , Pendant le long séjour qu'il lit à Lyon , ce pape avait jugé à propos de d'avoir épousé sans dispense Berthe sa restreindre les privilèges des ordres cousine. Robert épuisa tous les moyens mendiants. Non-seulement Alexan- dre IV, son successeur, les leur rendit pour fléchir le pape : ce fut inutile- avec usure par une bulle du 22 décem- ment ; il fut obligé de céder et de ré- bre 1254, mais il prit chaudement leur —pudier Berthe en 999. défense contre l'université de Paris ; xi e siècle. Le onzième siècle et, par une autre bulle de 1256, il condamna le livre de Guillaume de nous offre plusieurs bulles remarqua- Saint-Amour, intitulé des Périls des derniers temps,ôans lequel ces privi- bles, qui sont autant de monuments des lèges étaient attaqués. efforts continuels des papes pour éta- En 1263, bulle de Urbain IV, qui blir leur suprématie sur celle des rois. met le roi de Naples, Mainfroi , au ban de la chrétienté. Charles, comte d'An- En 1058, une bulle de Nicolas II joo , chargé par le pape de mettre la relève les Normands établis en Italie bulle à exécution, s'empare du royau- des excommunications lancées contre me de Naples, et en reçoit l'investi- eux par ses prédécesseurs, et leur ture solennelle par une bulle de Clé- ment IV, du 26 février 1265. assure la possession de la Pouille et En 1266, autre bulle de Clément, de la Calabre. par laquelle il décide que la disposition de tous les bénéfices appartient au En 1075, bulle de Grégoire VII qui pape; de manière qu'il a non-seule- ment le pouvoir de les conférer lors- défend aux prélats nouvellement élus qu'ils deviennent vacants , mais encore celui de les assurer à qui bon lui sem- de recevoir l'investiture des princes ble, avant qu'ils viennent à vaquer. séculiers. C'est cette bulle qui fut l'o- C'est ce qu'on appelle Réserves expec- tatives. Ce fut en partie pour réprimer rigine de la fameuse querelle des in- une prétention aussi exorbitante que saint Louis donna sa Pragmatique vestitures. sanction. En 1095, deux bulles du pape Ur- —Evites particulières accordées par bain, dont l'une excommunie Philippe les papes à saint Louis. Le véri- table caractère de saint Louis a été er pour avoir répudié sa femme Ber- longtemps mal compris dans l'histoire; 1, on ne connaissait guère que le saint Louis de Joinville; et encore aujour- the, afln d'épouser Bertrade, femme d'hui, on le représente trop souvent tel qu'il nous apparaît dans son naïf du comte d'Anjou , excommunication historien; on est trop porté à ne voir en lui qu'une âme pieuse et timorée qui ne fut levée qu'en 1104 par le dans tout ce qui touche à la religion et à la conscience. Mais quand on examine pape Pascal. Par l'autre, bulle, donnée, de plus Drès les faits de son règne et le caractère de ses actes , on est frappé comme la première, au concile de Cler- de sa conduite ferme et soutenue, mont, Urbain\" II publia la première croisade, promettant Indulgence plé- nière à quiconque se dévouerait à la xn —délivrance de la terre sainte. e siÈCLB. l\" février 1120, bulle du pape Olixte II, par laquelle il ac- corde à l'église de Vienne en France la primatie sur sept provinces. 1 141 .—Bulle d'Innocent II, qui met en interdit le royaume de France, au sujet de l'élection d'un archevêque de — —Bourges. Xiii* siècle. 1200. Bulle d'In- nocent III , par laquelle le royaume de France est de nouveau mis en interdit, à cause du divorce de Philippe-Auguste avec la reine Ineburge. Par une bulle datée de 1246, Inno- cent IV publie une croisade contre Digitizèd by GoogI

BUL FRANCE. surtout sur un point où quelque fai- sur les terres du roi ou de ses succea- blesse eût nu paraître excusable de la Alexandre IV, successeur d'Inno- part d'un nomme qui passa pour un cent, occupé à soutenir la guerre que saint au milieu même de la ferveur son prédécesseur avait déclarée à Main- froi, fils de Frédéric II, et craignant religieuse de son siècle. Il a déployé que saint Louis ne se prononçât contre dans ses rapports avec le saint-siége lui, se montra prodigue de bulles fa- une fermeté sans roideur et sans em- vorables pour se le concilier. portement, qui sut contenir et même 1254, 15 avril, bulle qui permet à saint Louis de prendre pour confesseur réprimer au besoin les prétentions tel prêtre régulier ou séculier qui lui exagérées des papes. Ce qu'il y a sur- conviendra. tout de remarquable dans cette politi- que , c'est une modération , une loyauté — 25 avril, bulle qui défend d'excom- 3ni cédait dans les limites du droit et munier ou d'interdire saint Louis, la e l'équité, mais sans jamais reculer reine son épouse, et leurs successeurs. au delà; et cependant cette loyauté Autre bulle de la même date qui ac- pourrait être qualifiée d'habile , en pré- sence des résultats qu'elle obtint. L'in- corde cent jours d'indulgence à saint fluence personnelle de saint Louis sur Louis et à la reine son épouse, chaque les papes fut immense, et on n'en sau- rait établir de preuve plus évidente que —fois qu'ils entendront le sermoir. celle qui ressort de la simple nomen- 22 septembre , bulle qui donne à saint Louis et à sa maison le privilège clature des bulles particulières qui de ne pouvoir être excommuniés en conféraient à saint Louis des privilèges fréquentant des criminels obstinés dans qu'on peut dire personnels, puisque tous sont accordés à lui-même, à son —leurs erreurs. er octobre, bulle qui renouvelle épouse, à ses successeurs, à ses gens, la défense contenue dans la bulle de à ses chapelles, ou aux terres de son domaine. Quelque nombreuses que —Grégoire IX, du 14 décembre 1243. soient ces bulles, leur nombre seul est 10 octobre, bulle qui déclare que trop significatif pour que nous ne les saint Louis ni ses successeurs ne pour- rapportions pas toutes. ront encourir sentence d'excommuni- cation pour avoir fréquenté les excom- 1236, 13 novembre, bulle de Gré- muniés. §oi re IX, qui défend à qui que ce soit —4 décembre, bulle qui permet au roi e lancer sentence d'interdit sur les chapelles du roi , sans une permission de se faire accompagner par les jaco- spéciale du saint-siége. bins et les cordeliers de sa suite, dans quelque couvent que ce puisse être. 1243, 5 décembre, bulle d'Inno- cent IV, qui permet à saint Louis de 1255, 20 octobre, bulle par laquelle se choisir un de ses chapelains pour le pape, à la prière de saint Louis, confesseur, et à ce confesseur d'ab- accorde aux sergents et officiers de ce soudre le roi de tous crimes et de prince la permission de se confesser, toutes excommunications, excepté de aux frères prêcheurs et mineurs qui celles qui seraient fulminées par le seront auprès du roi. saint-siége, ou pour des crimes si énormes que l'absolution dût en être 1256, 20 avril, bulle qui permet aux religieux qui seront au service de —réservée au pouvoir pontifical. saint Louis de célébrer l' office divin 14 décembre, bulle qui accorde à suivant l'usage de sa chapelle. saint Louis que lui et ses chapelains, clercs, jurés et officiers, ne pourront 1257, 11 avril, bulle qui déclare que encourir l'excommunication majeure, les aumônes que saint Louis fera aux pauvres lui tiendront lieu des restitu- ni même l'interdit, en fréquentant des tions qu'il croyait être obligé de faire pour lui et les rois ses prédécesseurs. excommuniés. — 13 avril, bulle qui statue sur le — 15 décembre, bulle qui défend de même objet que la précédente, avec fulminer excommunicatiou ou interdit 80. Digitized by Google

468 BUI* L'UNIVERS. BUL cette clause nouvelle : que le roi pourra le roi dans la jouissance des privilèges disposer des restitutions en faveur des que le saint-siége lui a accordés. églises. Clément IV, successeur dTJrbain, 1258, 22 février, bulle qui permet à saint Louis d'entrer avec une compa- donna aussi quelques, bulles à saint §nie honnête et décente dans l'abbaye Louis. e la princesse Isabelle sa sœur. Même 1265, 20 avril, bulle oui renouvelle faveur est accordée à la princesse fille du roi , qui peut y demeurer avec cinq celle d'Alexandre IV, au 12 janvier autres femmes modestes et sages. 1259, et ajoute que les sentences d'ex- 1259, 2 janvier, bulle qui renouvelle les dispositions contenues dans celle du communication n'auront pas lieu con- —22 avril 1256. tre ceux qui les auraient encourues en 12 janvier, bulle qui déclare que saint Louis ne sera point excommunié —exécutant les ordres du roi. pour tenir prisonniers les clercs cou- 29 avril , bulle qui permet au con- pables de meurtre , de vol et d'autres crimes de cette nature. fesseur de saint Louis de l'absoudre Autre bulle de la même date, por- de tous cas, de le relever de tou3 tant que les excommunications ou in- vœux, hormis de celui du voyage terdits conçus en termes généraux ne s'étendent ni au roi ni à ses succes- —d'outre-mer. seurs, à moins qu'il n'en soit fait er mai, bulle qui renouvelle celle mention expresse. 1 — 20 mars, bulle qui accorde au du 21 décembre 126 1. confesseur que saint Louis pouvait se Autre bulle de la même date , con- choisir, la permission de donner à ce prince des pénitences pour son absolu- firmant les privilèges et indulgences —tion. accordés à saint Louis, mais décla- 31 mars, bulle qui défend à tous archevêques et autres prélats de ful- rant que les bulles qui portent défense miner aucune sentence d'excommuni- cation ou d'interdit sur les terres de d'excommunier le roi et de mettre saint Louis sans un ordre spécial du l'interdit sur ses terres ne doivent saint-siége. s'entendre que par rapport au seul Urbain IV, successeur d'Alexan- dre IV, ne resta pas en arrière de ses domaine du roi, et non pas relative- prédécesseurs , et accorda à saint Louis plusieurs bulles assez importantes. ment au royaume de France. 1261 , 21 novembre, bulle qui donne 4 mai , bulle portant que les clercs à saint Louis et à la reine son épouse un an et quarante jours d'indulgence de la maison du roi ne pourront être toutes ies fois qu'ils assisteront à la dédicace d'une église , et en leur faveur contraints d'accepter les commissions étend cette grâce à tous les autres au- dont le pape ou les légats les vou- diteurs. draient charger. —5 décembre, bulle gui confirme les 1266, 13 mars, bulle renouvelant privilèges accordés à saint Louis par le celle du 15 décembre 1243, qui défend saint-siége. d'interdire les terres du roi. — 21 décembre, bulle qui confirme En 1282, deux bulles du pape Mar- celle d'Alexandre IV, du 25 avril 1254. tin IV, l'une du 7 mai , contre les ha- Même date, bulle adressée à l'abbé bitants de Palerme, à cause des Vêpres de Saint-Denis auquel le pape ordonne , siciliennes; l'autre du 18 novembre, d'excommunier ceux qui troubleraient contre Pierre d'Aragon, instigateur de ce massacre, à la faveur duquel il s'é- tait emparé du royaume de Sicile. Nous arrivons à la fameuse bulle Ctericis laicos donnée, en 1296, par y le pape Boniface VIII, et qui fut la première cause des querelles de ce pape avec Philippe le Bel. Mais, l'année suivante, sur les représentations de Pierre Barbet, archevêque de Reims, Boniface VIII remédia au scandale de cette bulle , par une autre qui l'exph- quait. Digitized by Google

UCL FRANCE BUL 4G9 1297,2 août, bulle qui proclame la Benoît XIII , adressée au roi de France, Charles VI. Cette bulle parut canonisation de saint Louis. Cette si offensante que le maréchal de Bou* cicaut reçut du roi l'ordre d'arrêter bulle de Boniface est regardée comme un chef-d'œuvre du genre. Benoît, qui était alors dans Avignon, et qui se hâta d'aller chercher un asile Le même pape, choisi par les rois en Catalogne. de France et d'Angleterre, Philippe le Bel et ÉdouaVd èr pour arbitre de I, leurs querelles, rendit, le 28 juin 1298, 1460, 18 janvier, bulle de Pie II, son jugement en plein consistoire, de- dite Execrabilis , qui proscrivait sous les peines les plus sévères , les vant une grande foule, que l'éclat de appels aux futurs conciles, ce qui n'em- pêcha pas Dauvet, procureur général cette cause avait attirée au Vatican. Le 30 juin , ce jugement fut expédié en forme de bulle. C'est cette bulle au parlement de Paris , d'appeler de qui , suivant une version contestée et cette même bulle au futur concile que nous croyons contestable , aurait général par ordre de Charles VII. Les provoqué en France une telle indigna- expressions dont le pape s'était servi en parlant de la pragmatique sanction tion, que le comte d'Artois l'aurait arrachée des mains du prélat chargé de furent le motif et l'objet de cet appel. —la lire et mise en pièces. Mais l'année suivante, le même pape xiv e siècle. 1301, 5 décembre. fut assez adroit pour obtenir de La bulle Ausculta JUi , par laquelle Louis XI l'abrogation de la pragma- s'ouvre le quatorzième siècle, non tique sanction, malgré le parlement et l'université de Paris, qui protestèrent moins célèbre que la bulle Clericis lai- hautement contre la surprise faite au cos , continua ce que celle-ci avait roi en cette occasion. commencé. Philippe le Bel répondit à En 1487, bulle d'Innocent VII qui Boniface VIII en faisant briller la défend, soûs peine d'excommunica- bulle à Paris, et publier cette exé- cution à son de trompe par toute la tion , la lecture des fameuses thèses de Jean Pic de la Mirandole. C'est ce —ville, le dimanche 11 février 1302. pape qui introduisit dans ses bulles les clauses motus proprii et motu pro- Le pape convoqua un concile qui se tint à Rome la même année , et d'où prio, qui n'ont jamais été admises en sortit la fameuse décrétale Unam sanctam. Philippe le Bel, de son côté, France. assembla les états généraux qui reje- En 1498, bulle d'Alexandre VI qui , tèrent, avec des termes de mépris, prononce la dissolution du mariage les prétentions de cette bulle , que de Louis XII avec la reine Jeanne. Benoît XI, successeur de Boniface César Borgia , fils du pape qui vint , VIII, se hâta de révoquer. apporter cette bulle au roi de France, La bulle Unam sanctam fut rap- reçut en récompense le duché de Va- Eortée plus solennellement par deux —leiîtinois. er xvie siècle. de Clément V, datées au 1509, 2 mars, bulle —ii II es 1 fé- vrier 1307. Par une autre bulle du de Jules II, portant ratification de la 20 du même mois, ce pape révoqua ligue de Cambrai. les commendes, et, par une bulle du 1512,21 juiUet, bulle du même pape, mois d'août 1308, il convoqua à Vienne par laquelle il excommunie le roi de un concile général , où fut publiée la France, met son royaume en interdit, suppression des Templiers. et délie ses sujets du serment de fidé- 1317, bulle de Jean XXII, par la- lité. queile Toulouse est érigée en arche- X1520,15 juin, bulle de Léon véYhé. contre les doctrines de Luther. C'est 1399, bulle de Boniface IX. qui la bulle connue sous le nom de Ex- surge Domine. On sait de quelle ma- établit les annates sur les bénéfices et les prélatures. nière elle fut reçue à \"Wittemberg. Par une seconde 'bulle du 3 janvier -xve siècle. 1408, 14 mai, bulle de Digitized by Google

470 BUL LTJMVERS. BUL X1621, Léon frappa d'anathème Lu- évéques ni les autres catholiques fran- ther et ses partisans. Par un décret çais. du 15 avril 1521 , la faculté de théo- logie de Paris joignit son anathème à 1598, 17 septembre, bulle d'absolu- celui du pape. tion accordée à Henri IV par le pape Clément VIII, pour sa dernière et 1572,8 novembre, deux bulles du pape Grégoire XIII, dont Tune ab- définitive abjuration. sout Henri de Navarre , depuis Henri IV, à l'occasion de sa conversion for- Autre bulle de la même année, por- cée au catholicisme, après la Saint- tant évocation à Rome des différends Barthélémy, et l'autre lui accorde les dispenses nécessaires pour son ma- qui s'étaient élevés entre les domi- riage avec Marguerite de Valois, sœur de Charles IX , et sa parente au troi- nicains et les jésuites sur les matières sième degré (*). de la grâce. Cette bulle donna lieu aux célèbres congrégations ou confé- 1582, 14 février, bulle du même rences dites de Auxiliit, dans les- quelles Henri IV, récemment récon- {>ape, ordonnant l'adoption dans tous es États chrétiens du nouveau calen- cilié avec les jésuites, poursuivait sur drier dressé par Louis Lilio, méde- un terrain neutre sa lutte contre l'Es- pagne en se déclarant pour les jésui- cin véronais , et qui prit le nom de tes , dont le cardinal du Perron sou- tint chaudement la cause contre les calendrier Grégorien. dominicains , soutenus non moins V1585, 9 septembre, bulle de Sixte —vivement par l'Espagne. xvii' siècle. 1611, 8 mars, bulle contre le roi de Navarre et le prince de Coudé, chefs du parti calviniste en de Paul V qui approuve rétablisse- France, qui, malgré leur première ab- ment de la célèbre congrégation de juration , étaient retournés a la reli- gion réformée. Les termes de cette l'Oratoire de France , et nomme au bulle provoquèrentd'énergiques remon- genéralat le cardinal Pierre de Bé- trances du parlement au roi. De leur côté, les deux princes excommuniés rulle. répondirent par une protestation 1622, 5 septembre, bulle de Gré- , goire V qui, à la prière de Louis XIII, qu'ils trouvèrent moyen de faire affi- cher aux portes mêmes du Vatican. érige le siège de Paris en métropole, En 1591 , Grégoire XIV, qui, sous et nomme Jean -François de Gondi Pinfluence de l'Espagne , s'était dé- premier archevêque de cette ville. claré hautement pour la ligue contre Henri IV, envoya en France un nonce 1645, 4 décembre, bulle d'Innocent chargé d'une bulle monitoire contre Je parti du roi. Les évéques de France, X portant défense aux cardinaux de assemblés à Chartres, donnèrent, le 20 septembre, un mandement dans sortir des États de l'Église sans per- lequel ils déclarèrent les bulles du mission, et ordre à ceux qui en étaient sortis de revenir dans les six mois. pape Grégoire XIV nulles dans le fond Le parlement de Paris déclara cette et dans la forme, injustes, données à bulle nulle et abusive. Le cardinal Ja sollicitation des ennemis de la Mazarin défendit d'envoyer de l'ar- France, et incapables de lier ni les gent à Rome, et le pape fut obligé de (*) « Ces deux bulles assez importantes céder. ne sont rependant imprimées nulle part, et paraissent même n'avoir jamais été connues 1653, 30 mai, bulle dite Cum occa- textuellement. Elles se trouvent au cabinet des chartes de la bibliothèque royale. » A. sione contre les cinq fameuses propo- Tatrr.rr, Dictionnaire de la conversation, sitions de Jansénius. Cette bulle fut art. huvi.MA. publiée après plus de deux ans d'exa- men du livre de l'évéque d'Ypres , et quarante-cinq à cinquante congréga- tions tenues devant le pape ou les car- dinaux réunis en commission. C'était un jésuite nommé Cornet qui avait prétendu réduire le livre de Jansé- nius aux cinq propositions condam- nées par la bulle de 1653. Mais alors » Digitized by Google

mBUL FRANCE. 1U1S les partisans de Jansénius nièrent les cinq propositions dans leurs sens que les cinq propositions fussent Ta- propre et naturel. nalyse exacte du livre incriminé. De la une question de fait à résoudre. 1699, 12 mars, bulle d'Innocent XII qui condamne , comme entaché de Une assemblée d'évêques tenue à quiétisme, le livre que Fénelon avait Paris ayant déclaré, en 1654, que les publié en 1697 sous le titre ô'Explt- propositions étaient de Jansénius , ce jugement fut confirmé par une pre- cation des maximes des saints sur la vie intérieure. A la réception de cette Xmière bulle d'Innocent de la même bulle , Louis XIV ordonna à tous les année, puis par une seconde d'Alexan- métropolitains de tenir des assemblées dre VII de Tannée 1656. provinciales pour l'examiner. Elle fut 1665, 15 février, nouvelle bulle du mêiiie, prescrivant le célèbre Formu- acceptée unanimement. En consé- taire que tout ecclésiastique était tenu quence, le roi donna, le 4 août 1699, de signer, sous peine d être regardé des lettres patentes pour l'ériger en comme hérétique , et qui contenait loi de l'État, et le vénérable arehevê- une adhésion à toutes les bulles anté- que de Cambrai après avoir fait lui- rieures sur et contre V Augustinus , (titredu livre de Jansénius.) ' même, en chaire, une lecture publique 25 juin de la même année, bulle du de la décision qui condamnait son li- même pape contre les censures que la —vre, le brûla de ses propres mains. faculté de Paris avait faites des er- xvin e siècle. 1713, 8 septembre, reurs du carme Jacques Vernant et du Bulle de Clément XI. dite Unigenitus> jésuite Guillaume de Moîa (Amedeus qui condamne les Réflexions morales Ouimenius). Le parlement rendit le du P. Quesnel , disciple d'Arnauld. 29 juillet, sur les conclusions des gens Cette bulle fut arrachée au pape pat du roi, un arrêt contre cette bulle. les intrigues du jésuite le Tellier, con- fesseur de Louis XIV, qui fit servir 1668, 15 mars, bulle remarquable du pape Clément IX, donnée à la de- l'autorité de son illustre pénitent à mande de Louis XIV, par laquelle les ses haines particulières. Elle produisit magistrats et officiers du parlement en France un immense scandale, et ré- veilla plus vive que jamais la querelle r)urvus d'indulgences sont autorisés janséniste, que la modération du pape requérirdeseollateursencommende, Clément IX était parvenue à assou- les bénéfices réguliers, autres néan- mohts que les prieurés conventuels pir. électifs et les offices claustraux, Avant cette bulle, le droit des indul- 1755, 17 avril, décret du pape Be- taires ne s'étendait qu'aux bénéfices noît XIV, qui condamne YHistoire du séculiers. (Voyez les mots Indult, peuple de Dieu, du jésuite Berruyer. Indultaires, et Collation, Col- lateur.) Condamné en français , le même ou- 1687, 19 novembre, bulle d'Inno- vrage reparut en italien et en espa- gnol. Le 17 février 1758, nouveau cent XI portant ratification du décret décret en forme de bulle, qui proscrit cette production dangereuse, en quel- de l'inquisition d'Espagne qui con- que langue et quelque idiome qu elle damnait la nouvelle secte des quié- fut reproduite, ainsi que les écrits pu- tistes. bliés pour sa défense. (Voyez le mot Berruyer.) 1690, 14 août, bulle d'Alexandre VIII portant proscription du péché 1758, 2 décembre, lettres apostoli- ques de Clément XIII, qui condam- philosophique, enseigné à Dijon par nent la troisième partie de VHistoire le jésu te Musnier. du peuple de Dieu, comme mettant le 1694. Deux bulles d'Innocent XII, comble au scandale excité par les deux l'une du 28 janvier, l'autre du 6 îé- vrier, par lesquelles il défend d'accu- premières parties, ser de jansénisme ceux qui condamnent 1759, 31 janvier, nouvelles lettres apostoliques du même pape, portant condamnation et prohibition du livre Digitized by Google

472 BUL L'UNIVERS. BUL de l' Esprit, d'Helvétius , comme ten- Ce pape , après avoir exposé dans son dant a renverser la religion chré- préambule que c'est une ancienne cou- tume des souverains pontifes de pu- tienne , et étouffer la loi et l'honnê- teté naturelles , etc. blier cette excommunication le jeudi 1762. 2 septembre, bulle de Clément saint pour conserver la pureté de la XIII, qui proscrit les ouvrages de , J. J. Rousseau , et en défend la lec- ture, sous peine d'excommunication. religion chrétienne et pour entretenir l'union des fidèles, prononce en vingt- quatre paragraphes des excommunica- 1773, 21 juillet, bref célèbre de Clé- tions contre les hérétiques , leurs fau- ment XIV {Ganganelli) , prononçant teurs et leurs lecteurs ; contre les f)irates et les corsaires qui attaquent l'abolition des jésuites. (Voyez 'Jé- e saint-siége; ceux qui , de quelque manière que ce soit , empêchant l'exé- suites.) cution des lettres apostoliques ou les 1792 et 1793 , bulles de Pie VI con- tre la constitution civile du clergé —français et les prêtres assermentés. falsifient ; les juges laïques qui ose- xix\" siècle. 1809 , 10 juin raient juger des ecclésiastiques, et les , bulle d'excommunication lancée par citer devant leur tribunal , que ce tri- bunal s'appelle audience, chancellerie, Pie VII contre Napoléon , au faîte de la puissance ; ce qui lui valut la perte conseil du parlement; contre tous ceux de ses États et sa relégation à Fontai- qui ont fait ou font publier des édits, nebleau. règlements, ou pragmatiques, par les- Réintégré dans ses États par le 3uels la liberté ecclésiastique , les congrès de Vienne , Pie VII paya son roits du pape et ceux du saint- tribut de reconnaissance à la sainte siége seraient blessés ou restreints, alliance, en publiant, le 7 août 1814, soit expressément , soit tacitement ; contre tous les magistrats , de quel- une bulle qui rétablissait l'ordre des jésuites, et qui lançait toutes les fou- que rang qu'ils soient, qui évo- dres du Vatican contre les carbonari quent à eux les causes ecclésiasti- les francs-maçons , et les membres des ques , ou qui mettent obstacle à sociétés secrètes. 1 exécution des lettres apostoliques , C'est la dernière bulle que nous Suand même ce serait sous prétexte ayons à citer , les successeurs de Pie 'empêcher des violences. Le pape se VII n'ayant rien publié de remarqua- réserve en outre à lui seul le pouvoir ble. d'absoudre les magistrats qui auraient —Bulle In Coma Domini. Nous encouru l'excommunication, et qui ne n'avons pas parlé de cette bulle , l'une pourront, dans tous les cas, être dé- des plus célèbres cependant, parce chargés qu'après avoir publiquement qu'elle est multiple, et qu'on ne sait à révoqué leurs arrêts, et les avoir arra- quelle époque en faire remonter l'ori- chés des registres. Enfin, il excommu- gine. Elle est ainsi nommée , parce nie quiconque aurait la prétention qu'elle se lit publiquement à Rome le d'absoudre les excommuniés ci-des- jour de la cène , c est-à-dire , le jeudi sus et, afin qu'on n'en puisse prétex- saint, par un cardinal diacre, en pré- ; ter ignorance, il ordonne que cette sence du pape, accompagné des autres bulle sera publiée et affichée a la porto cardinaux et évëques. Elle contient de la basilique du prince des apôtres une excommunication générale contre et à celle de Saint-Jean de Latran , et que tous les patriarches, primats, ar- tous les hérétiques, les contumaces et les désobéissants au saint-siége. Âpres chevêques ou évéques , aient à la pu- blier solennellement au moins une lois que la lecture en a été faite , le pape jette un flambeau allumé dans la place l'an. publique en guise d'anathème. On connaît encore trois autres bul- les dites In Cœna Domini, qui ajou- Le plus ancien texte que l'on ait de cette bulle, se trouve rapporté dans tent à celle-ci quelques dispositions une bulle de Paul III, de Tannée 1536. nouvelles , ou confirment les ancien- Digitized by Google

MIL FRANCE. BUL 473 nés. La première, datée de 1567, est w Bullet ( J. B. ) , professeur de Vde Pie ; elle prononce une nouvelle théologie à l'université de Besançon , excommunication contre les princes mort dans cette ville en 1775, est sur- qui oseraient augmenter les impôts tout connu par ses Mêmoii es sur la daus leurs États sans l'autorisation langue celtique, contenant Vhistoire — Vdu saint-siége. En 1610, Paul de cette langue et un dictionnaire confirma les dispositions des deux des termes qui la composent, Besan- bulles précédentes par une troisième çon, 1754, 59 et 70, 3 vol. in-fol. —bulle In Cœna Do mi ni. La qua- Bullet (Pierre), architecte , né en trième et dernière bulle de ce nom 1639, élève de François Blondel, que nous offre le Bullaire , est du qui l'employa comme dessinateur et 1- avril 1627, et d'Urbain VIII. Elle comme appâreilleur à la construction renferme une addition importante; de plusieurs édifices, entre autres de la c'est l'excommunication lancée contre porte Saint-Denis. Le plus célèbre de ceux qui appellent du pape au futur ses ouvrages est la porte Saint-Mar- concile. tin, qu'il éleva en 1674 : cet arc de L'admission de cette bulle , monu- triomphe, plus rapproché des monu- ment remarquable des prétentions du ments antiques par sa disposition saint-siége, souffrit de graves diffi- générale, est cependant très-inférieur cultés , même dans les États où le a celui de Blonael sous le rapport de pape avait le plus d'influence. Jamais la composition et de la décoration (*). elle ne fut reçue en France ; et , en L'église de Saint-Thomas d'Aquin, le 1510, le concile de Tours la proscri- trottoir du quai Pelletier , supporté par une voussure coupée dans son vit solennellement , comme entière- ment contraire aux droits du roi et cintre en quart de cercle (1675), la aux libertés de l'Église gallicane. Ce- fontaine de la place Saint- Michel pendant, en 1580, quelques évéques plusieurs hôtels , et d'autres travaux voulurent profiter des vacances du très-importants le firent recevoir , en parlement pour la publier; mais le 1685, à l'Académie d'architecture. Il procureur général porta plainte, et le a publié plusieurs ouvrages impor- parlement prit Parfaire à cœur. Par tants : 1° Traité de l'usage du pan- un arrêt solennel , il ordonna que tous tomètre , 1675 ; 2° Traite du nivelle les archevêques et évéques qui auraient ment, 1688; l'Architecture pratique, reçu cette bulle et ne l'auraient pas 1691, etc. Il mourut en 1716, à l'âge publiée , eussent à l'envoyer à la cour de soixante-dix-sept ans. immédiatement; que ceux qui l'au- Son fils, Jean- Baptiste Bullet , sei- raient fait publier fussent ajournés , gneur de Chamblain , naquit en 1667, et que provisoirement leurs biens fus- et exerça avec distinction la même sent saisis ; enfin que quiconque s'op- profession que son père. Il fut reçu membre de l'Académie d'architecture poserait à cet arrêt fût réputé rebelle en 1699. On ne connaît rien de plus et coupable de lèse-majesté. Comme on n'était plus au temps où la puissance sur sa vie. On cite parmi ses ouvrages spirituelle faisait tout ployer sous elle, le château de Champs , à vingt kilo- mètres de Paris. le parlement fut obéi. Bullegnéville, ancienne seigneu- —Bulletin de correspondance. C'était, dans l'Assemblée législa- rie, avec titre de prévôté, dans le duché de Bar , à seize kilomètres de Bour- tive et dans la Convention nationale, mont, érigée en comté le 16 février 1708, et en marquisat le 8 juin de la (*) Le» deux bas-reliefs du côté du bou- levard représentent la prise de Besançon et même année. Ce bourg , qui est au- la triple alliance; ceux du côté du faubourg, la prise de Limbourg et la défaite des Al- jourd'hui l'un des chefs-lieux de can- lemands. Ces sculptures sont de Desjardins, Marly, le Hongre et le Gros. tons du département dés Vosges, pos- sède une population de mille douze cents habitants.

BUL L'UNIVERS BUL un exposé que ces deux assemblées proclamation se fît le jour même de publiaient chaque jour par affiches, de { du Bulletin. La loi du 12 ven- 'arrivée leurs opérations et des événements démiaire an iv porte (art. 12) , que « les lois et actes du Corps législatif qui interessaient le plus l'État. Ce Bulletin, créé ou plutôt sanctionné obligeraient dans l'étendue de chaque par la loi du 15 septembre 1792, était département , du jour où le Bulletin envoyé par le ministre de l'intérieur officiel où ils seraient contenus, serait à tous les départements et à tous les distribué au chef-lieu du département, districts de France. Toute personne et que ce jour serait constaté par un convaincue d'avoir arraché ledit Bul- registre où les administrateurs de letin ou, d'en avoir empêché la publica- chaque département certi lieraient l'ar- tion et l'affichage , pouvait être pour- rivée de chaque numéro. » suivie devant les tribunaux comme Le Code Napoléon abrogea cette ennemie du peuple , comme coupable disposition et voulut que les lois fus- d'offense à la loi, et condamnée à cent sent exécutoires dans chaque partie livres d'amende pour la première fois, du territoire français, du moment où et, en cas de récidive, à deux mois de peut y être connue la promulgation Erison. Ce mode de publication cessa qui en est faite par le chef du gou- i 4 brumaire an iv. vernement. Quant aux décrets impé- Il ne suffisait pas qu'une loi fût riaux, un avis du Conseil d'État, du xm12 prairial an imprimée dans ce Bulletin pour , approuvé par au elle fût légalement promulguée; il l'empereur le 25 du même mois, dé- fallait que la loi portât elle-même cida que ces décrets , insérés au Bul- qu'elle serait insérée dans le Bulletin letin des lois , seraient obligatoires de correspondance, et que cette inser- dans chaque département , du jour où tion tiendrait lieu de promulgation. le Bulletin aurait été distribué au Bulletin des lois.— C'est un ca- chef-lieu, conformément à l'article 12 hier imprimé et officiel de lois et d'ac- de la loi du 12 vendémiaire an iv. tes du gouvernement , paraissant à Le Bulletin des lois se divise en époques irrégulières. On appelle aussi autant de séries que la France a eu de ce nom la collection de tous les de gouvernements différents depuis cahiers qui contiennent les lois et les sa création. La première série com- actes du gouvernement publiés de- prend les lois de la Convention depuis puis que cette manière de les répandre nle 22 prairial an jusqu'au mois de mfructidor an ; la seconde, les actes est en usage. Ce Bulletin fut institué mdu Directoire , de fructidor an npar la loi du 14 frimaire an qui n'eut vm18 brumaire an au , point son effet immédiatement plus ; la troisième, les ; de six mois s'écoulèrent avant qu'il en actes du consulat, de brumaire an vin parût aucun cahier. Le premier dé- à floréal an xn; la quatrième, les bute par une loi du 22 prairial an n. actes du gouvernement impérial , de La loi du 12 vendémiaire an iv main- xnfloréal an à mai 1814; la cin- tint cet établissement, et ordonna que quième , les actes de la première res- tauration, du 31 mai 1814 au 20 mars le Bulletin contiendrait, outre les lois et actes du Corps législatif , les pro- 1815; la sixième , les actes des cent jours, de mars à juillet 1815; la sep- clamations et arrêtes du Directoire exécutif pour assurer l'exécution des tième, les actes du règne de Louis lois. XVIII, de juillet 1815 à septembre L'insertion au Bulletin des lois 1824; la huitième, les actes du règne étant censée une publication officielle, Xde Charles , de juillet 1824 à août nla loi du 12 frimaire an voulait que 1830; enfin , la neuvième se compose chaque loi devînt obligatoire , dans chaque lieu, à compter du jour de la des actes du règne de Louis-Philippe. proclamation qui en serait faite au son de trompe ou de tambour, et que cette Ces neuf séries contenaient , en jan- vier 1834, un total de plus de soixante- quatre mille actes du gouvernement, Digitized by Google

FRANCE. bitl 476 non compris un grand nombre d'au- ceux que Napoléon publia lorsqu'il était à la tête de la grande armée. tres qui, de 1814 a 1880, ont été insé- En mettant de côté quelques expres- sions emphatiques destinées à exalter le rés dans des cahiers supplémentaires. courage du soldat et à lui cacher la gra- vité du mal quand il devenait effrayant, Il règne, dans cette immense collec- c'est dans ces dépêches guerrières que l'on devra chercher les matériaux de tion qui se distribue gratuitement au l'histoire véridique des victoires du nombre de quarante mille exemplaires peuple français sous l'empire. On a à un grand nombre de fonctionnaires dit que Napoléon faisait faire ses pro- publics, une confusion qui en neutralise clamations, ses ordres du jour et ses bulletins militaires; nous croyons les bons effets. Ce n'est souvent que qu'il en faisait reviser le style , mais plusieurs mois , et même plusieurs que les pensées étaient siennes. On y années après leur date, que les actes reconnaît trop une étude approfondie des Commentaires de César, cette brus- sont insérés; plusieurs très -impor- querie de transition et cette énergie de tants sont omis, et plus d'une loi est pensée qui caractérisent tout ce qui est sorti de sa plume, pour que l'on puisse impriméeau Bulletin autrement qu'elle lui refuser le mérite d'être l'auteur de a été votée. Sur les plaintes que ces ces admirables récits de nos succès et de nos revers. irrégularités ont soulevées, on a ima- Bulliabd (Pierre) , botaniste , né giné, depuis 1880 , de diviser ce re- à Aubepierre , en Barrois , vers 1742, cueil en deux parties , ayant-chacune mort en 1793, a écrit, entre autres une série de numéros. La première ( ii vrages , une Flore parisienne, un Herbier de la France et une Histoire partie contient les lois ; la seconde, des champignons de France , le plus qui se subdivise en deux autres, com- important de ses travaux. prend les ordonnances d'un intérêt Bullion (Claude de) , sieur de Bo- général et les mesures d'un intérêt nelles , fut surintendant des finances local ou individuel. Cet arrangement, et ministre d'État sous Louis XIII. quoique plus. méthodique que le pêle- Nommé maître des requêtes par mêle qui règne dans les premières col- Henri IV, en 1605, il conduisit con- lections, n'est pas encore suffisant pour venablement plusieurs négociations. En 1611, Marie de Médicis l'envoya, rendre les recherches promptes et ai- en qualité de commissaire, auprès de la fameuse assemblée tenue par les sées, parce qu'il nécessite une es- calvinistes à Saumur, et présidée par pèce d'étude à laquelle un nombre Duplessis-Mornai. En 1614, il assista aux conférences de Soissons, et con- considérable de maires de village tribua à la conclusion du traité de n'ont ni le temps ni la volonté de se paix qui les suivit. livrer. Il serait donc du plus grand in- En 1624, Bullion entra au conseil du gouvernement, composé du duc de térêt que le Bulletin des lois offrît la Vi eu ville, du cardinal de la Roche- foucauld , du duc de Lesdiguières et une classification d'actes qui facilitât du garde des sceaux d'Aligre. Il fut nommé surintendant des finances en les recherches de ceux qui ont à le con- 1632. La même année, il négocia le raccommodement de Gaston , duc sulter. d'Orléans, avec le roi son frère. Comme, d'après la législation ac- Lorsqu'en 1636 Richelieu voulut aban- tuelle, les lois sont exécutoires à Paris un jour après la promulgation , et dans les départements après l'expi- ration du même délai, augmenté d'au- tant de jours qu'il y a de fois dix my- riamètres entre Paris et le chef-lieu du département, au bas de chaque nu- méro du Bulletin se trouve une date qui est censée celle du jour où les actes qu'il contient ont été publiés à Paris. —Bulletin de la. gbandb ah- MBE. L'histoire militaire de la France depuis 1780 est presque toute faite dans les bulletins que les géné- raux envoyaient au pouvoir législatif. Les plui curieux de ces bulletins sont Digitized by Google

47G BUL L'UNIVERS. BUW donner le gouvernement de l'État serviteurs dévoués. Il était même trop Lu] lion le dissuada vivement de ce indulgent envers eux, s'il est vrai, ainsi projet : « Rit-helîeii en auroit fait la qu'on l'a prétendu, que Bullion «e folie, dit Vittorio-Siri , sans le P. Jo- soit permis un jour , dans un dîner seph, qui le rassura , et ce Père fut u'il donnait au premier maréchal bien secondé par le surintendant de e Grammont, au maréchal de VH- Bullion. » Ce ne fut pas le seul ser- lars , au marquis de Souvré , et au vice qu'il rendit à Richelieu par qui comte d'Hautefeuille , de faire servir , comme plat de dessert trois bassins il se laissa désavouer dans la pro- messe qu'il avait faite au duc d'Or- remplis de louis d'or, dont chaque léans que le duc de Montmorency au- convive aurait pris sa charge; mais rait la vie sauve. Il inclina toujours le fait n'est rien moins que prouvé. vers le parti du cardinal, dont il savait Bullion mourut d'une attaque d'a- apprécier le génie, et par l'influence poplexie le 22 décembre 1640. Ce fut duquel il semble avoir été poussé aux sous sa surintendance, dans le cours de la même année, que furent frappés affaires. Ce qu'il y a de certain , c'est qu'il commença à faire partie du con- les premiers Iouisd'or, et cette circons- seil en 1624, I année même où le chan- tance a- bien pu servir de prétexte à l'anecdote qui précède. La bienveil- celier de Silleri et de Puisieux , son fils , qui avaient entravé la promotion lance de Richelieu pour Claude de de Richelieu au cardinalat, tombèrent Bullion se reporta sur sa famille : Noël de Bullion, marquis de Galar- en disgrâce, et qu'il conserva son cré- dit après que le cardinal de la Roche- don, seigneur de Kon elles, lui succéda foucauld et d'Aligre , ses collègues dans la charge de garde des sceaux. eurent perdu le leur. Ce qu'il y a de Bullou, ancienne seigneurie du certain encore, c'est qu'il continua à Perche -Gouet* (aujourd'hui départe- posséder ou gagna depuis la confiance ment d'Eure-et-Loir), à deux myria- de Richelieu à ce point que ce dernier mètres de Chartres , érigée en baronnie en 1661. se reposa sur lui du soin de le repré- senter dans le fameux conseil assem- Bully, ancienne seigneurie de Nor- blé en 1639 par Louis XIII, et dans mandie (département de la Seine-In- lequel le cardinal , instigateur secret férieure) , à quatre kilomètres de Neuf- de la mesure qui allait être prise, crut châtel, érigée en marquisat en 1677. prudent de ne pas paraître. Il fallait La population du bourg de Bully est persuader au roi que le retour de Ma- aujourd'hui de treize cent quatre- rie de Médicis ne pouvait qu'être nui- vingt-sept habitants. sible à lui-même et à l'État. Bullion, Bunel (Jacob) peintre du roi , est , un des cinq ministres consultés, ne un de ces artistes français de la renais- trompa pas la prévision de Richelieu; sance dont les noms, éclipsés par quel- il déclara « que les puissants motifs ques célébrités italiennes, ont fini par pour engag r Louis XIII à ne pas re- devenir tellement inconnus, que cer- cevoir sa mère, étoient de nature à ne tains auteurs de notre temps, en écri- se devoir dire qu'à l'oreille du maî- vant leur biographie, ont cru de bonne tre , qu'il étoit de la prudence du roi Afoi les avoir découverts. l'exception de presser Marie de s'établir à Flo- de Félibien, tous les biographes an- rence, où il lui feroit tenir son bien ciens ont gardé à leur égard un tel et son douaire , ainsi qu'il le lui avoit silence, que l'on a été jusqu'à attri- offert plusieurs fois. » Bullion fut buer à des artistes étrangers la plus récompensé par le titre de garde des grande partie de leurs œuvres. Le reste sceaux des ordres du roi , et par la a été détruit ou est absolument ignoré. création en sa faveur, d'une nouvelle C'est à peine si la gravure nous a con- charge de président à mortier au par- servé le souvenir de quelques-unes , et lement de Paris. Richelieu , comme on celles qui subsistent encore ont été le voit, n'était pas ingrat envers ses tellement dégradées par le temps et Digitized by Google

BUO FRAWCE. BUO 477 défigurées par les restaurateurs, que joignit la noble récom Dense qu'avaient c'est à peine si Ton peut rétablir au- méritée ses services : le conseil général jourd'hui par la pensée l'état primitif de la Corse avait sollicité pour lui, de ces belles pages de notre grande le 12 février 1792, des lettres de na- Eîinture. Tout ce que l'on sait sur turalisation ; la Convention déclara qu'il avait mérité la qualité de Fran- unel, c'est qu'il naquit à Blois en çais, et la lui accorda par un décret 1558, et qu'il peignit la petite galerie du Louvre brûlée en 1660, l'histoire solennel. Admis dans le même temps d'Aladin dans le même palais, en so- à la société des Jacobins , la vigueur de ciété avec Dubois, Dumée et Honnet, son esprit et de son caractère, autant que la pureté de son républicanisme, et quatorze tableaux à fresque à Fon- tainebleau; qu'il fit une Descente du 1 y firent bientôt distinguer, et il fut Saint-Esprit pour l'église des Grands- envoyé en Corse, en 1793, avec des Augustins, et une Assomption pour pouvoirs extraordinaires. Il apprit, en celle des Feuillants. arrivant à Nice, que tous les commis- saires étaient rappelés. Ricord et Rô- Buonàbqtti (Philippe) appartenait bespierre jeune, qui dirigeaient alors à la famille de Michel-Ange; il naquit les opérations du siège de Toulon, le à Pise, le 11 novembre 1761. Sa jeu- chargèrent d'aller rendre compte au nesse fut consacrée à l'étude et aux comité de salut public de l'état des choses. Sa mission terminée, il fut belles-lettres, ce qui lui attira les fa- envoyé de nouveau dans la Corse; mais il ne put encore y parvenir, resta veurs du grand-duc Léopold,. depuis auprès des représentants en mission empereur, près de qui sa famille était près de l'armée d'Italie, et fut chargé par eux du gouvernement de la prin- en crédit; il en reçut même la déco- cipauté d'Oneille. La réaction du 9 thermidor devait être fatale à un ration de l'ordre de Saiut-Étienne. Mais peu fait pour les récompenses de homme qui avait aimé Robespierre cour, et doué d'un amour ardent pour la liberté, il ne tarda pas à encourir la jeune, qui avait admiré son frère, et disgrâce de ce prince, et fut condamné que les vrais républicains avaient ho- à l'exil, en punition de l'enthousiasme noré de leur confiance. Buonarotti fut 3u'il avait manifesté pour les principes arrêté et conduit à Paris; il fut en- fermé dans la prison du Plessis, où il e la révolution française. Il se réfu- resta jusqu'après le 17 vendémiaire gia dans l'île de Corse, où il publia un an iv. Rendu alors à la liberté, il fut désigné pour le commandement de la journal intitulé : L'Ami de la liberté place de Loano. Mais une dénonciation italienne. Par son opposition aux pro- de l'agent diplomatique français à Gê- nes, a raison d'une mesure que l'on ede défection de Paoli, il rendit supposa, à tort, dictée par une haine plus grands services à la républi- personnelle, le fit bientôt rappeler. Il que, et courut lui-même de grands revint à Paris, et entra dans la société dangers. En butte aux attaques des du Panthéon , dont il fut élu président. nobles, des prêtres et des partisans de Son admiration pour les seuls hommes l'Angleterre, son sang coula plus d'une de la révolution qui eussent été animés fois sous le poignard des assassins; d'un véritable patriotisme, sa haine et plus d'une fois il fut jeté dans les fers son mépris pour ceux qui les avaient par les factieux triomphants. Mais les dangers qu'il courait pour la France renversés, et qui menaçaient d'en- semblaient l'attacher davantage au gloutir la France dans les honteuses pays qu'il avait choisi pour nouvelle pa- orgies du Directoire, devaient néces- trie. Il se rendit à Paris à la fîn de 1792, sairement l'entraîner dans ce parti. Il avec Salicetti, qui venait d'être nommé conspira avec Babeuf, et, comme Ba- membre de la Convention. Buonarotti beuf, il dédaigna de marchander sa avait été chargé par les habitants de l'île de Saint-Pierre, voisine de la Sar- daigne, de demander à la Convention leur réunion à la France; il leur fit accorder cette faveur. L'Assemblée y Digitized by Google

L'UNIVERS. BU* vie auprès de ses juges, en recourant de ses prédécesseurs. Il a publié un • à la dénégation. Traduit devant la Manuel du charpentier des moulins haute cour de Vendôme, il se glorifia et du meunier, 1775; un Traité de la d'avoir pris part au projet d'insurrec- conservation des grains, 1783 , et un tion dont on l'accusait, et professa Mémoire sur les moyens de perfec- solennellement son dévouement à la tionner les moulins et lajnou titre éco- démocratie. Le ministère public, qui nomique, in-12, 1786. le jugeait aussi coupable que le chef Buquet (N.), baron, maréchal de même de la conspiration, conclut camp, combattit sous Kléber, et se distingua en Espagne à la bataille de contre lui à la peine de mort; mais le Talaveyra de la Reyna, où il fut fait jury établit une distinction, et ne pro- prisonnier. Conduit sur les pontons à nonça que la déportation contre Buo- Cadix, il parvint, peu de temps après, narotti et quelques autres accusés. Enfermés au fort de Cherbourg, les à s'évader, et fut fait, en 1815, pre- eondamnés attendirent longtemps leur mier inspecteur général de la gendar- translation à la Guyane. Enfin, en l'an merie. vin, ils furent transférés dans Pile d'Oléron, d'où Buonarotti fut ensuite Bubci (N.), général de brigade, enlevé pour être soumis à une simple entra au service comme simple soldat, surveillance dans une ville de l'Est. et se signala par une brillante valeur aux armées du Rhin. Il tomba percé On a attribué cette mesure, dont la de plusieurs balles à Gonderhoffen , après s'être emparé à la baïonnette cause fut toujours ignorée de Buona- d une redoute ennemie. rotti, au premier consul, qui avait été son camarade de chambre et de lit. Buhe-lbs-Templiebs , ancienne Cette surveillance fut levée en 1806. corn mander ie de l'ordre de Malte, à Buonarotti se réfugia alors à Genève et il y professait paisiblement les ma- vingt kilomètres de Châtillon (dépar- thématiques et la musique, lorsque la tement de la Côte-d'Or). C'était une de diplomatie européenne, toute -puis- celles qui composaient le domaine du sante sur les petites républiques suis- grand prieur de Champagne. ses, vint, à fa suite des événements de 1815, forcer la patrie de Rousseau Bubbau. Ce mot a un grand nom- à devenir inhospitalière envers un des- bre de significations dans notre lan- cendant de Michel-Ange. Buonarotti gue. Dans son acception la plus res- réduit à chercher un nouvel asile , se treinte, c'est une table à comparti- fixa en Belgique, où il vécut de sa ments et à tiroirs pour serrer les profession de compositeur de musique, papiers, écrire et compter de l'argent. En termes de palais, c'est la table sur et publia, en 1828, son livre de la Conspiration de Babeuf. Il rentra en laquelle sont posées les pièces d'un France en 1830, et continua d'y vivre du produit de ses leçons. Il y mourut procès lorsqu'on en fait le rapport en 1837, à l'âge de soixante et dix-sept ; ans, avec toute sa mémoire et toute son intelligence, en disant: «Je vais et, par extension , ce sont les juges eux-mêmes qui assistent au rapport, « rejoindre bientôt les hommes ver- « tueux qui nous ont donné de bons ou les commissaires nommés pour « exemples. » l'instruction et l'examen d'une af- faire. Dans une académie ou une as- Buquet (César) , meunier de l'hôpi- semblée législative, c'est la réunion tal général de Paris, auquel il a rendu du président, du vice- président et des d'importants services, en perfection- secrétaires. Le nom de bureau sert nant les moutures de manière à épar- encore à désigner le résultat du frac- gner, par jour, près de seize cents li- vres de pain, bien que son pain fût tionnement et de la répartition des meilleur et plus substantiel que celui membres d'une assemblée législative en divers groupes pour l'examen des affaires oui doivent ensuite être sou- mises à la discussion générale. Dans les assemblées électorales, le prési- dent et les secrétaires forment, avec Digitized by Google

BUR FRANCE. BUR 47» les scrutateurs, ce que l'on appelle pour se concilier sur les différends le bureau. Dans un autre sens , un qui les divisent. On le nomme aussi bureau est un lieu où l'on expédié des bureau de paix. Bureau de douane, lieù où l'on affaires; c'est encore un établisse- perçoit les droits d'entrée et de sortie ment consacré à un service public, des marchandises , et où l'on vérifie si celles qui y sont déclarées peuvent dans lequel se trouvent, à des jours et ou non, d'après les lois existantes, entrer dans le royaume ou en sortir. des heures désignés , des personnes Les bureaux de douane sont placés sur les côtes maritimes, sur les fron- revêtues de titres et d'emplois, ayant tières, et distribués en plusieurs li- gnes. Il y a pour Paris une douane pouvoir et juridiction, pour recevoir spéciale dont le service se fait en ceux que leurs affaires y amènent, même temps que celui de l'octroi , et prendre des résolutions, faire exécu- dont les bureaux sont aux barrières. ter des mesures, et quelquefois juger Bureau d'enregistrement, lieu où des contestations. C'est de ces derniers on perçoit les droits d'enregistrement, qui remplacent aujourd'hui ceux de bureaux que nous allons parler; mais Contrôle, d'insinuation, de centième denier et de petit scel. comme ils ont été et sont encore très- Bureau de garantie , lieu où l'on nombreux en France , nous nous oc- fait l'essai et où l'on contrôle le titre des ouvrages d'or et d'argent. cuperons seulement des principaux. Bureau de la bonneterie, établis- Bureau central. L'article 184 de la sement central à Paris , où l'on reçoit les produits de la fabrication de bon- mconstitution du 5 fructidor au neterie des départements pour les vendre et tenir compte du produit avait établi dans U,s villes divisées en aux déposants, moyennant un droit sur le prix de vente. C'est , à propre- plusieurs municipalités, un bureau ment parler, une maison de commis- central pour l'administration des af- sion. faires que le Corps législatif jugeait Bureau de loterie. On appelait indivisibles, et particulièrement de la ainsi, il y a quelques années encore, des gouffres où allaient s'engloutir, police. L'organisation et les attribu- contre un morceau de papier et de vaines espérances, la dernière res- tions de ces bureaux avaient été, en con- source de plus d'une famille, et sou- vent le produit du crime. Ils n'exis- séquence, déterminées par plusieurs tent plus depuis que, par un senti- ment de pudeur beaucoup trop tardif, lois. Ils furent supprimés par celle du on a aboli l'impôt immoral établi sur la plus ignoble des passions. 28 pluviôse an vin, et remplacés à Bureau de placement. Ces sortes Paris par un préfet de police, et à d'établissements seraient fort utiles Lyon, Marseille et Bordeaux, par des s'ils étaient tous tenus par d'honnêtes commissaires généraux de police. gens; mais la plupart ont pour chefs des aventuriers, des escrocs, qui ar- —Bureau d'adresses ou de renseigne- rachent le dernier écu du pauvre sur la promesse de places qui n'existent pas ments. Le premier établissement de ou qu'ils sont hors d'état de procu- rer. Il n'y a pas d'années que les tri- ce genre fut établi par le docteur Théo- bunaux correctionnels n'en frappent fihraste Renaudot, le fondateur de 'antique Gazette de France (voyez ce mot), et le privilège lui en fut concédé par lettres patentes. Sa feuille était datée de ce fameux bureau, et ne fut longtemps connue que sous le titre singulier de Bureau d'adresses. Bureau de bienfaisance , lieu où on reçoit les dons des personnes cha- ritables, et où l'on distribue des se- cours aux indigents. Les bureaux de bienfaisance ont été créés par la loi du 7 frimaire an v. La restauration, qui trouva quelque chose de trop phi- losophique dans leur nom leur avait , donné celui de bureaux de charité. Bureau de conciliation. C'est le prétoire où le juge de paix reçoit les parties qui se présentent devant lui Digitized by Google

BCR L'UNIVERS. BUR plusieurs de condamnation , et ces « fiers enverront, sous neine de cent exemples ne profitent pas plus à l'a- « francs d'amende copie de ces re- , mendement des autres qu'à l'ins- —« çistres au ministre de la justice et truction de leurs victimes. La police « a celui de la police générale. » fait tenir un certain nombre ae ces « Art. 602. Ces Jeux ministres feront bureaux par ses agents secrets, et se « tenir, dans la même foTme, un re- « gistre général compose de ces di- procure ainsi le nom et l'adresse des gens sans emploi qu'il peut être né- « verses copies. » C'est à l'aide de ces cessaire de surveiller. registres généraux déposés dans les Jiureau de poste, lieu où l'on dé- bureaux de renseignements que l'on pose les lettres et missives que l'on parvient à connaître les antécédents veut faire partir, et où arrivent celles des individus traduits en justice, et qui doivent être distribuées. à établir le rapport statistique et judi- Jiureau de renseignements. L'ar- ciaire que chaque année publie le mi- ticle 29 de la loi du 19 vendémiaire nistre de la justice. an iv porte qu'il sera établi , en cba- Jiureau des aides. On appelait que greffe de tribunal correctionnel, ainsi, avant 1791, les lieux où se per- un bureau de renseignements, où il Oncevaient les droits sur les boissons. sera tenu, soit par le greffier, soit, au les a appelés plus tard bureaux des besoin, par un ou plusieurs commis, droits réunis, et on les nomme au- sous la surveillance et direction du jourd'hui bureaux des contributions greffier, registre , par ordre alphabé- indirectes. tique, de tous les individus qui se- Bureau des décimes. Ces bureaux ront appelés à ce tribunal ou au jury étaient des espèces de tribunaux ec- d'accusation , avec une notice de leur clésiastiques établis pour régler ce affaire et des suites qu'elle a eues. Le qui concernait les décimes , les dons même article ajoute qu'à Bordeaux gratuits, et généralement toutes les Lyon, Marseille et Paris, le greffier impositions assises sur les bénéfices. enverra chaque décade un extrait de On en distinguait deux sortes, sa- ce registre au bureau central, où il voir : les bureaux diocésains et les bureaux généraux ou souverains sera tenu un registre pareil, qu'il l'en- , verra pareillement dans les villes de qu'on appelait aussi provinciaux. cinquante mille âmes et au-dessus Nous en parlerons avec plus de dé- , veloppement à l'article Décimes. ainsi qu'aux administrations munici- Jiureau des hypothèques, lieu où pales, où il sera tenu de, même un pa- reil registre. Le code d'instruction s'inscrivent les hypothèques accordées criminelle, restreignant cette mesure volontairement, \"ou autorisées par ju- aux seules condamnations, la renou- gement sur les propriétés foncières, velle et la rend obligatoire en ces ter- et où se transcrivent les contrats mes : « Art. 600. Les greffiers des translatifs de la propriété par vente, « tribunaux correctionnels et des cours —donation, hérédité, etc. Bureau des longitudes. « d'assises et spéciales seront tenus Cet éta- « de consigner, par ordre alphabéti- blissement scientifique, dont le siège « que , sur un registre particulier, principal est à l'Observatoire royal de « les noms prénoms profession Paris, et dont les attributions spé- , , , « âge et résidence de tous les indi- ciales sont la publication de la Con- « vidus condamnés à un emprisonne- naissance des temps, a été fondé • ment correctionnel ou à une plus par une loi rendue le 25 juin 1795 , « forte peine. Ce registre contiendra sur un proict de Lakanal et d'a- « une notice sommaire de chaque près un rapport de Grégoire. Ce bu- «affaire et de la condamnation, à reau pubiîe en outre tous les ans, sous —« peine de cinquante francs d'amende le nom a\"Annuaire, un excellent petit « pour chaque omission. » « Art. livre contenant des tables de poids et « 601. Tous les trois mois, les gref- mesures, de mortalité, etc., et des Digitized by Google

Bl B FRANCE. m r 481 dissertatioiis,pariui lesquelles on lit sur- «énigmes, toujours suivies par de « longs applaudissements. Par tout ce tout avec intérêt les pages où la plume « qu'us appelaient délicatesse, senti- aussi facile que savante de M. Arago « ment et finesse d'expression , ils sait si bien mettre à la portée de tous les notions scientifiques les plus utiles. « étaient enfin parvenus à n'être plus « entendus et à ne s'entendre pas eux- —Bureau du contrôle des actes. «mêmes. 11 ne fallait, pour servir à « ces entretiens , ni bon sens , ni mé- Sous l'ancienne législation, on appe- «moire, ni la moindre capacité. Il lait ainsi les lieux où les actes devaient étre rapportés pour être revêtus de la « fallait de l'esprit, non pas du meil- formalité du contrôle, de l'insinuation, « leur, mais de celui qui est faux, et du petit scel et autres. C'était là que « où l'imagination a le plus de part. » devait être payé le centième denier Les principaux théâtres de ces préten- par les nouveaux propriétaires d'im- meubles, ainsi que les autres droits du tieuses réunions furent d'abord le cc- domalne que les commis du fermier étaient autorisés à percevoir. Ces bu- lèbre hôtel de Rambouillet, où régnè- reaux ont été remplacés par ceux de rent pendant si longtemps Catherine l'enregistrement. de Vivonne et sa fille, la belle Julie d'Angennes; plus tard, l'hôtel de —Au temps des corporations, chaque Bouillon , où siégeait Marie-Anne Man- corps de métier avait un bureau coin- cini , et le château de Sceaux avec sa posé des syndics et autres chefs, pour petite cour littéraire et ses fêtes pré- veiller aux intérêts du métier et ré- sidées par la duchesse du Maine; puis primer les infractions aux statuts. l'hôtel de madame de Tencin avec sa Bubeau (Louis), soldat, fut frappé ménagerie; ceux de mesdames du Cha- telet et du Bocage, du DefTant, Dou- d'une balle à la bataille de Marengo, et s'écria : « En avant, mes amis, il blet, Geoffrin, de mademoiselle l'Es- pinasse, et enfin de mesdames Neckcr, « faut faire voir à ces gens-là que les Fanny de Beauharnais et de Staël. « blessés républicains ont une baïon- (Voyez ces différents noms.) « nette au bout de leur fusil. » On a dit à tort qu'il n'y avait plus Bubbaucbatie, on désigne par ce aujourd'hui de bureaux d'esprit. Le nom seul est changé. Maintenant on barbare néologisme l'esprit, le pou- voir, l'influence des chefs et commis de les appelle : ici , salons; là, coteries; bureau dans l'administration. ailleurs, camaraderies, Bubeauxd'espbit.— Onanommé Bubeaux de Pus y (Jean-Xavier), ainsi, avec assez de justesse, les sa- Ions si fameux , dans les deux derniers né à Port-sur-Saône en 1750, entra siècles, où la maîtresse du logis fai- en 1771 dans le génie militaire, et fut sant, pour ainsi dire, de l'esprit métier nommé député a l'Assemblée consti- et marchandise, et s'érigeant en juge tuante. Il s'y fit remarquer par sa mo- supréme dans tout le ressort de la ré» dération, fut plusieurs fois porté à la publique des lettres, rassemblait à présidence, et rédigea d'excellents rap- jour et à heure fixes une petite acadé- ports au nom du comité militaire, mie que venaient admirei les person- Après la session, il fut accusé de tra- nages les plus distingués de la cour et hison avec la Fayette et déclaré inno- la ville. C'était , d'après la piquante cent. Il sortit alors de France avec ce description de la Bruyère, « un cercle général, et partagea sa captivité dans «de personnes des deux sexes, liées la forteresse d'Olmutz jusqu'en 1797, « par la conversation et par un corn- où les victoires de Bonaparte lui ren- « merce d'esprit. Ils laissaient au vul- « p,aire l'art de parler d'une manière dirent la liberté. Après avoir séjourné « intelligible; une chose dite entre eux quelque temps aux États-Unis , il re- « peu clairement en entraînait une vint en France au 18 brumaire, et fut « autre encore plus obscure, sur la- «quelle on enchérissait par de vraies nommé successivement aux préfec- tures de l'Allier, du Rhône et de Gênes, II mourut dans cette ville en 1806, T. m. 31 e Livraison. (Dict. encycl., etc.) 31 Digitized by Google

482 Bl'R L'UNIVERS. BUB après avoir fait de courageux efforts gauche, à la faveur d'un bois, en cou- contre l'insurrection des Parmesans. ronnant la hauteur principale, tandis que l'adjudant général Deverine atta- Bubette (Pierre- Jean) , de l'Acadé- querait de front, et que le général mie des inscriptions et belles-lettres, a Treillard , avec la réserve de cavalerie, se porterait sur la route de Bamberg. consacré toute sa vie à l'étude de quel- Malgré ces mouvements, les Impériaux Îues-unes des plus obscures questions résistaient avec opiniâtreté, lorsque le jeune et brave Deverine chargea vi- lie puisse se proposer la critique. II oureusement à la tête des carabiniers lissa peu de chose à faire à ses succes- e la vingt-neuvième légère, et parvint seurs pour tout ce qui touche à l'his- à s'établir sur le plateau; mais, sou- toire ae la gymnastique des anciens; tenu par une cavalerie nombreuse, et Ton n'a pas été beaucoup plus loin l'ennemi se retira en bon ordre. Deve- rine, victime de son intrépidité, fut que lui dans les recherches même les atteint ae plusieurs coups de feu, et succomba en disant à ses carabiniers : plus récentes sur le caractère de la * Mes am-s. il est bien glorieux de musique antique , sur les moyens d'exé- tion dont disposaient les compositeurs —« mourir lu champ d'honneur. » grecs ou romains, et sur leur système Burgos (bataille de). Napoléon, musical. Il est vrai que rien n'est en- core établi d'une manière précise sur entré en Espagne le 4 octobre 1808, ce point intéressant, et il se pourrait marche sur Madrid , dont il faut con- bien qu'il fût impossibled'arriver jamais à aucune conclusion parfaitement sa- quérir la route. Une armée de vingt tisfaisante. Toutefois avant de proi.on- mille Espagnols, commandée par le cer un arrêt définitif à cet égard v il faut attendre que les travaux dont s'oc- comte de Belvédère, défend la ville de cupe M. Vincent depuis quelques an- Burgos. Napoléon arrive devant cette nées aient été examinés et jugés par ville le 10, et trouve l'ennemi en posi- tion à Gamonal. La cavalerie est mise les hommes compétents. (Voyez Vin- sous les ordres de Bessières; Soult cent. ) Les nombreux mémoires de reçoit le commandement du deuxième corps d'infanterie. Ce dernier com- Burette font partie de la précieuse mence l'attaque, mais il est accueilli collection de l'Académie des inscrip- par une effroyable décharge de trente tions et belles-lettres. Ce savant était pièces de canon. Alors Mouton, à la né en 1665. Il mourut en 1747, à l'âge tête de sa division, s'avance au pas de course; il est soutenu par l'artillerie, —de quatre-vingt-deux ans. Burg-Eberach (combat de). Pen- et en même temps la cavalerie de Bes- dant que le général Augereau inves- tissait Wurtzbour^ sur le Mein, il sières déborde I ennemi. Attaqués de tous côtés, les Espagnols éprouvent apprit que les Autrichiens avaient ral- une déroute complète, laissent trois lié, en avant de Bamberg, dans la mille morts, autant de prisonniers, position de Burg-Eberach, un corps perdent deux drapeaux et vingt-cinq de douze à treize mille hommes. Il pièces de canon. Le reste se sauva marche aussitôt à l'ennemi avec deux dans la ville, où le vainqueur pénétra divisions, et le pousse au delà de la avec les fuyards, les poursuivant jus- Rednitz. Le 4 novembre 1800, les co- que dans lés rues. Le château de Bur- lonnes françaises sont en présence de gos est occupé par les Français. Na- l'ennemi, qui, couvrant la route de Bam- poléon entre dans la ville avec sa berg, occupait le village de Burg-Ebe- garde, y confisque des laines apparte- rach ainsi que les deux hauteurs gui le nant aux moines pour une valeur de dominent, et y avait établi de fortes plusieurs millions, et les fait trans- batteries. Le lieutenant général Du- hesme parvint à chasser les Alle- —porter à Bayonne. mands au village et de leur première Burgos (défense du château de). Sosition; cependant ils tenaient ferme Au mois de septembre 1812, le gé- ans la seconde. Pour les en déloger, Augereau ordonna de tourner leur GooDigitized by

BUR JFRANCE. BCH 488 néral Clausel, commandant l'armée de laisser ainsi à découvert la place de Pampelune. Le 16 octobre , on se française de Portugal, s'était retiré mit en marche. Nos colonnes furent partout victorieuses. Malheureuse- de Valladolid pour opérer sa jonction ment , au lieu de se porter au Bur- guet, elles s'arrêtèrent pour bivoua- avec l'armée du Nord , commandée par quer, et, laissant vide l'espace compris le général Caffarelli. En passant par entre Burguet et Viscaret , elles don- nèrent aux Espagnols le moyen d'ef- Burgos, il y avait laissé le général Du- fectuer leur retraite. La perte de l'en- breton pour occuper le château de nemi monta à environ quinze cents cette ville avec dix-huit cents hommes hommes tués ou prisonniers , et celle de garnison. Ce général fut bientôt des Français à cinq cents hommes cerné par Wellington à la tête de l'ar- mais ils s'emparèrent de cinquante pièces de canon , et détruisirent les mée anglo-portugaise. Pendant trente- fonderies d'Orbavcette et d'Eugui, es- cinq jours, il opposa la plus vive —timées à trente-deux millions. Bu rick (combat de). Pichegru résistance à tous les efforts de l'en- menaçant la Hollande (novembre 1794)\\ les Autrichiens achevaient à nemi, qui avait réuni sur ce point la la hâte une tête de pont devant Bu- rick , petite ville du duché de Clèves. {•lus grande partie de ses forces, lui Vandamme, chargé de les attaquer à la tête de ta division Moreau , arrive ua quatre mille hommes, parmi les- avec son impétuosité ordinaire , em- porte en un moment les retranche- quels plusieurs officiers de marque, et ments, tue une centaine d'hommes, lui démonta plusieurs batteries. Le 20 fait le reste prisonnier , et établit des batteries pour détruire les bateaux et octobre, Clausel et Caffarelli firent les ponts volants placés devant We- leur jonction attaquèrent l'ennemi et sel. , Bubidan (Jean), né à Béthune, rec- le forcèrent à replier tous ses avant- teur de l'université de Paris et fameux dialecticien, de la secte des nominaux, postes. Le lendemain, après l'échange est moins connu par ses Commentai- res sur Àristote, imprimés à Paris en de quelques coups de canon, l'armée 1518 , in-fol.) , que par son sophisme anglo-portugaise passa le ravin de de l'âne, qui est resté célèbre dans les écoles , et par la tradition qui lui fait Buniel et se mit en pleine retraite. jouer un rôle dans les infâmes orgies Burgos étant ainsi débloqué, l'armée de Jeanne de Bourgogne. Du reste française y fit son entrée le même jour, cette tradition , indiquée par Villon Eoëte du quinzième siècle , dans sa et le général Caffarelli, dans le rap- allade des Dames du temps jadis : port qu'il adressa administre de la « Sembloblement où est la reine, guerre au sujet de la levée du siège, « Qui commanda que Baridati demanda une récompense honorable « Fût jeté en un sac en Seine ? » pour le général Dubreton, et pour les est extrêmement contestée, ainsi que le prétendu exil de Buridan, persécuté officiers et soldats qui s'étaient si vail- par les réalistes, et obligé de se réfu- gier à Vienne en Autriche , et d'y ou- lamment comportés. Après vrir une école publique. On croit que —Bcbguet (combat de): ce célèbre professeur mourut vers l'invasion de la province du Guipus- 1360. coa, par le général Moncev, en 1794, 81. il semblait nécessaire de s'emparer de la vallée de Roncevaux , défendue par douze mille Espagnols bien retran- chés, dont il fallait successivement enlever les diverses positions. Qua- torze mille hommes, partant de Saint- Estevan et d'Elizondo , devaient mar- cher sur Burguet, au-dessus de Ron- cevaux, et se lier avec six mille hom- mes, rassemblés à Tardets, dans la vallée de Soûle. Ceux-ci devaient franchir les montagnes et s'avancer Jiar Villanova. Par ce mouvement, es Espagnols , arrêtés dans leur re- traite, pressés de front par la division de Saint-Jean-Pied-de-Port, pouvaient être forcés de déposer les armes , et Digitized by Google

484 BUR L'UNIVERS. DUR Burigny (Jean Levés que de) , né à « mière fois que je lâche le pied , * Reims, en 1692, consacra sa vie à dit -il, fidèle à la gaieté française, l'étude . et s'ouvrit par son savoir les pendant qu'on lui . taisait l'amputa- tion. Ce brave mourut des suites de portes de l'Académie des inscriptions et belles-lettres , en 1756. Le recueil sa blessure. de cette Académie contient trente- Burnouf (Eugène), fils du suivant, Îruatre Mémoires ou Dissertations de membre de l'Institut (Académie des ui sur différents sujets. Il a laissé en inscriptions et belles-lettres) , profes- outre un Traité de l'autorité du pape, seur de langue sanscrite au collège de 1720. in-12, 4 vol. , ouvrage peu es- France , secrétaire de la Société asia- timé ; une Histoire de la philosophie tique de Paris, etc., etc. païenne réimprimée sous le titre de t Né à Paris, Ie8avril 1801, M. E. Bur- Théologie païenne, Paris, 1754 , li- nouf a fait ses études au collège Louis vre fort instructif. Des douze volumes le Grand avec des succès qui nè se sont qui composent la publication périodi- point ralentis une seule année, et dont que de YEurope savante près de six ses condisciples ont conservé le plus , vif souvenir. Après quelques incerti- ont été composés par lui. Il mou- rut à Paris , le 8 octobre 1785 , à tudes sur la carrière qu'il devait sui- l'âge de quatre-vingt-quatorze ans. Il vre, après s'être fait recevoir élève conserva toute la force de son esprit de l'école des Chartes en 1822, et avo- cat en 1824 , M. E. Burnouf se livra jusqu'à son dernier soupir ; et 1 on peut citer comme une des choses qui tout entier aux belles études qui de- f honorent le plus , les paroles qu'il vaient faire sa gloire littéraire, et ren- dit à ses amis quelques instants avant dre de bonne heure son nom l'un des sa mort : « Si j'avais été assez malheu- plus illustres parmi les orientalistes de « reux pour douter de l'immortalité notre temps. En 1826, il publiait avec « de l'âme, l'état où je suis me ferait M. Chr. Lassen aujourd'hui profes- « bien revenir de mon erreur : mon , seur de sanscrit à Bonn , VEssai sur « corps est insensible et sans mouve- le pâli , qu'il complétait l'année sui- • ment je ne sens plus mon exis- vante par une» série A' Observations ; « tence cependant je pense je réflé- qui lui étaient personnelles. Ces deux ; , « chis je veux j'existe ; la matière publications attirèrent sur lui l'atten- , , • morte ne peut produire de pareilles tion de l'Europe savante. M. Burnouf « opérations.» possédait dès lors une connaissance Burlats bourg du Languedoc approfondie du sanscrit, et cette lan- , , aujourd'hui département du Tarn , à gue , si importante par la haute anti- quité, la valeur et le nombre des ou- quatre kilomètres de Castres. C'est au château de Burlats que Constance vrages qu'elle a produits , cette lan- sœur de Louis le Jeune , et femme de gue, qui est la souche commune de Raymond V, comte de Toulouse, vint tous les idiomes de l'Occident et d'une se retirer après avoir été délaissée par partie de ceux de l'Asie, était le but et aussi le moyen de tous ses travaux. son époux. Elle y donna le jour à une Dans le pâli, M. Burnouf avait re- iille, Adélaïde de Toulouse, comtesse trouvé une forme dégénérée du sans- de Burlats que sa beauté et ses ver- crit, au même degré à peu près que , tus , chantées par les troubadours qui se réunissaient en grand nombre à sa l'italien l'est du latin ; et il avait prouvé par des faits irrécusables, l'an- cour , rendirent fort célèbre au com- mencement du treizième siècle. cienneté d'une langue qui , vers les Bublkt , lieutenant au deuxième premiers temps de notre ère présentait , régiment d'infanterie légère après , déjà une transformation aussi remar- avoir fait des prodiges de valeur au quable. Mais cette première applica- siège d'Ulm , fut mis hors de combat tion du sanscrit à l'étude d'un des (iar un biscaïen; il fallut lui couper idiomes les moins connus jusqu'alors, e bas de la jambe : « Voilà la pre- devait être suivie d'une autre applica- Digitized by Google

BUR FRA fCE. BUR 485 t i on bien autrement difficile, et surtout reille, c'est ce que savent ceux-là seuls bien autrement féconde. On se rappelle qui ont abordé ces graves études , et qu'Anqueti! Duperron était allé cher- qui ont étudié de près les ouvrages où cher dans l'Inde, avec un héroïsme M. E. Burnouf a déposé le résultat de illustre dans les fastes de la science ses recherches. Son premier soin fut les débris de la religion de Zoroastre. de publier à ses frais, en 1829, le texte Il avait rapporté le texte des livres même du Vendidad sadé in-folio, et , liturgiques que conservent encore les de reproduire, à l'aide de la lithogra- Parses, et une traduction qu'il s'était phie , le monument dont il allait don- fait donner par eux. Mais ces textes ner l'interprétation.Cbose unique peut < si précieux, monuments d'une religion être dans l'histoire de la philologie et d'une langue disparue même avant cette édition d'un texte sacré , faite notre ère, n'avaient point été étudiés par des mains profanes mais savan- directement par le courageux mis- tes, à quatre mille lieues de distance, sionnaire qui les avait découverts a servi dans l'Inde de modèle et de , au péril de sa vie. Anquetil avait dû base à une édition nouvelle que les s'en remettre pour le sens de ces li- sectateurs de Zoroastre ont taite de , vres saints, à la science fort douteuse leurs livres saints ! C'est en 1833 et en des tribus exilées qui les possèdent et 1835 que M. E. Burnouf a publié les deux volumes in-4° de son commen- les adorent. Depuis Anquetil per- , taire sur le Yaçna , partie du Vendi- dad sadé où il a* expliqué le sens et la sonne n'avait été plus heureux que lui ; et ce c|ui reste des livres de Zo- forme de chacun des mots que corn- roastre était une énigme dont per- sonne en Europe n'avait le mot. Quel- Erend le premier chapitre. Jamais pu- lication philologique ne lit plus de ques efforts tentés avec plus de curiosité que de science avaient été infruc- sensation dans le monde savant , et il tueux. Ce fut à l'aide du sanscrit que n'y eut pas en Europe un esprit sé- M. E. Burnouf parvint à percer les rieux et éclairé , même dans des étu- ténèbres profondes dont ces vénéra- des fort éloignées de celles-là qui ne , bles monuments restaient couverts. se plût à lui rendre hommage. Dès Les livres de Zoroastre avaient été 1826, M. E. Burnouf avait été nommé traduits en sanscrit vers le septième secrétaire adjoint de la Société asiati- siècle par Nériosengh ; et il était pos- que de Paris ; et en 1829, il fut appelé sible , à l'aide de cette antique ver- à être titulaire de ces fonctions qu'il , sion , de rétablir des doctrines que la tradition avait dû altérer entre les a remplies depuis cette époque avec mains même des Parses. En outre , la un zèle dont la science a constam- ment profité. Cette même année comparaison du texte sanscrit et du M. E. Burnouf fut nommé maître de texte zend démontrait entre les deux conférences à l'école normale pour la , langues des analogies , des identités grammaire générale et comparée. Il a frappantes. Dès lors , il était permis cru devoir résigner cet emploi , lors- de tenter à la fois, et l'interprétation que, en 1832, il succéda à M. de Chézy directe du zend et celle du dogme de dans la chaire de sanscrit au collège Zoroastre. C'était une entreprise bien de France, à M. Saint-Martin au Jour- intéressante , mais bien difficile , que nal des Savants , et dans l'Académie de ressusciter ainsi , au moyen d un de« inscriptions et belles-lettres , à idiome connu, un idiome mort depuis M. Champollion jeune. deux mille ans , et d'expliquer par la Au milieu de ses travaux sur le Shilologie du dix-neuvième siècle les zend , M. E. Burnouf s'est livré à des ébris d'une langue que les indigènes publications de moindre importance, eux-mêmes ne comprenaient plus dès mais qui auraient encore suffi pour le temps de Darius et d'Alexandre. lui faire un nom honorable dans les Ce qu'il a fallu de travaux et de saga- lettres. Il a composé en 1827 les noti- cité pour accomplir une œuvre pa- ces accompagnant les dessins rappor- Digitized by Google

486 L'UNIVERS. tég de l'Inde par M. Geringer , et for- Voilà de bien immenses et bien uti- mant le premier volume de Y Inde les travaux , accomplis par un homme française. Les notices du second vo- jeune encore, plein d'avenir, et gui, lume\" sont du jeune et infortuné Jac- en perpétuant un nom déjà célèbre quet, enlevé sitôt à la science et à ses dans la science, et cher à l'ensei- amis qui seuls ont su tout ce que gnement, agrandit tous les jours ie , vaste champ que la philologie orien- tale a ouvert, pour la gloire du dix- promettait son talent modeste. En neuvième siècle , à l'histoire de l'esprit humain et à la philosophie. Les études 1831 , M. E. Burnouf a remporté le sanscrites, auxquelles M. E. Burnouf a prix fondé par Volney , et décerné par voué sa vie, sont aujourd'hui les plus fécondes aussi bien que les plus nou- l'Institut pour la transcription des al- velles que l'Asie puisse nous offrir. Elles sont appelées à jouer de nos phabets de l'Inde ancienne et moderne. jours un rôle aussi grand que celui des lettres grecques et latines au seizième Ce mémoire est resté manuscrit. En siècle. C'est là un des faits les plus considérables de ce temps , que quel- 1836 , il a publié un mémoire sur les ques esprits prévenus et peu libéraux inscriptions cunéiformes de Persépo- s'efforcent en vain de méconnaître. Tous les gouvernements de l'Europe lis et il a fourni quelques éléments l'ont bien compris, puisqu'ils ont tous , créé des chaires publiques au nouvel enseignement. M. E. Burnouf a la nouveaux à la solution d'un problème gloire, par ses leçons, aussi bien que |>arses ouvrages, d'assurer à la France que la philologie européenne n'a pas a place la plus belle dans cette grande carrière qui s'ouvre à peine. La sû- su résoudre encore. Nous pourrions reté de son érudition, la sagacité de sa critique , ses vastes connaissances ajouter à l'indication de ces travaux philologiques, la parfaite clarté de son divers, celle de nombreux articles qu'a esprit, l'excellence de sa méthode, si logique, et l'on peut dire si française, publiés M. Burnouf dans le Journal la diversité de ses études, enfin la per- sévérance infatigable de ses travaux asiatique de Paris et le Journal des qui a déjà tant produit et qui promet bien plus encore , tout fait de M. E. Savants, et entre autres une série d'ar- Burnouf l'un des savants dont le pays doit le plus justement s'honorer , et ticles sur la Grammaire sanscrite de qui lui font certainement le plus d'hon- Bopp. La plupart des académies étran- neur aux yeux du monde savant. gères ont tenu à honneur de s'asso- Bubnouf (Jean-Louis), l'un des hommes qui depuis la fondation de cier un philologue aussi éminent. Én , 1827 , il a été élu membre de la So- ciété asiatique de Londres; en 1831, la nouvelle université , ont le plus con- tribué aux progrès des études en France, de celle de Calcutta ; en 1835, docteur naquit, en 1~75, à Urville (départe- de l'Université de Kiel en Danemark; ment de la Manche). Après avoir pro- fessé pendant vingt ans la rhétorique en 1836, correspondant de l'Académie dans différents collèges de Paris, il fut des sciences de Turin; en 1837, mem- nommé, en 1817, a la chaire d'élo- bre de la Société asiatique de Bombay; quence latine du Collège de France, et devint ensuite inspecteur de l'Acadé- en 1838 , membre de l'Académie de mie de Paris, puis inspecteur général Lisbonne et de celle de Munich. Il a été nommé membre de la Légion d'honneur en 1834 par M. Guizot. Dans le cours de l'année 1840, M. E. Burnouf a achevé la publication (texte et traduction) du premier vo- lume du Bhagavata Pourana , l'un des dix-huit poèmes religieux et légendai- res de la littérature sanscrite. Ce vo- lume qui sera suivi de quatre autres, , fait partie de la grande et magnifique collection orientale publiée par les soins du gouvernement. Nous savons aussi que M. E. Burnouf imprime en ce moment le texte et la traduction d'un des livres bouddhiques; cette pu- blication sera la première en ce genre que l'orientalisme ait jusqu'ici ten- tée. Digitized by Google

BUE FRANCE. BUR 487 des études (1830), et enfin bibliothé- outre les deux ouvrages dont nous ve- caire de l'Université (1810). nons de parler, une édition deSaUuste, l'un des meilleurs travaux de la collec- Sa Méthode pour étudier la langue tion des classiques latins de Lemaire, grecque, publiée pour la première fois dont elle fait partie, et des traduc- en 1813, et dont la trente-quatrième tions très -estimées des Catilinaires édition a paru en 1840, a produit en et du Dialogue sur les orateurs de France une véritable révolution dans Cicéron, Paris, 182G, in-8°; des OEu~ l'enseignement de cette langue. On vres complètes de Tacite, Paris, 1828- 1833, 6 vol. in-8°; et le Panégyrique pourrait même ajouter que les prin- de Trajan, par Pline le Jeune, Paris, 1834, in-12. Toutes ces traductions cipes de grammaire générale qui s'y sont accompagnées de commentaires trouvent développés, et que M. Bur- où le goût le plus pur s'unit à l'érudi- nouf a su mettre à la portée des plus tion la plus étendue. jeunes intelligences , ont réagi d'une Bursaux (édits). Voyez Édits. manière salutaire sur d'autres parties Bubthe ( André, baron ) , maréchal de l'enseignement. C'est, en effet, de- de camp. Né à Metz , en 1770 , d'une puis la publication de cet ouvrage si famille irlandaise réfugiée, il entra au remarquable, que d'autres livres, com- service en 1791, fut cité avec distinc- Sosés d'après les mêmes principes, ont tion à la bataille de Nerwinde, et devint onné un caractère plus philosophique bientôt aide de camp de Masséna, qu'il accompagna en Suisse et à Gênes. Ce à l'étude de notre propre langue. Ce- général, juste appréciateur du mérite, pendant une lacune restait encore à honorait Burthe d'une amitié toute remplir; les élèves de nos éctles en particulière, et le chargea de présen- étaient réduits à étudier la grammaire ter au premier consul les drapeaux latine dans le mauvais ouvrage du res- arrachés à l'ennemi pendant le siège. pectable Lhomond , et l'insuffisance En 1804 , Burthe se fit encore remar- de cette première base explique peut- quer à Austerlitz. Il lit ensuite les être l'affaiblissement sensible qui se campagnes de Prusse, de Pologne et fait remarquer depuis quelques années d'Espagne, où il se distingua dans dif- dans une partie si importante de l'en- férentes rencontres. Chargé de couvrir seignement. ML Burnouf a su apporter le siège de Lérida, il eu vint aux mains un remède au mal : sa Méthode pour avec legénéral O'Donnel, le battit et le étudier la langue latine, aussi sage- rejeta dans les montagnes d'où il était ment conçue, aussi philosophique , et descendu pour débloquer la place. cependant aussi pratique que la mé- Général de brigade en 1810 , il fut thode grecque, est destinée, nous blessé et fait prisonnier en Russie, et ne reparut qu'en 1813. Il déposa les osons 11 affirmer, à obtenir le même armes après les malheurs de 1814, les succès et à rendre les mêmes services. ressaisit en 1815, et prit une part bril- II. Burnouf en rend un non moins lante à la bataille de Fleurus. On le grand à l'Université , en se chargeant vit encore, sous les murs de Paris, depuis dix ans de présider le concours d'agrégation pour les classes de gram- tailler en pièces deux régiments prus- majre. Ce concours, qui attire de siens. Ce fut le dernier acte de sa vie toutes les parties de la France un grand nombre de candidats , est tous militaire. les ans , pour M. Burnouf, une occa- sion de répandre les saines doctrines Buby, ancienne seigneurie du Blé- sois, érigée en baron nie en 15C6, et de l'enseignement , et d'initier les en comté en 1634. jeunes professeurs aux hautes études grammaticales, dont il ne pouvait pré- Buby (de), l'un des plus médiocres senter, dans ses livres, que le coté compilateurs du siècle dernier, a pu- pratique. blié, entre autres ouvrages, une His- toire de la vie d'Henri IV, Paris, M. Burnouf est, depuis 1836, mem- bre de l'Institut (Académie des inscrip- tions et belles-lettres); on lui doit, ». Digitized by Google

488 Bts L'UNIVERS. bus 1765, in-4°; et une Histoire abrégée entre Schaffouse et Stein, le 2 mai 1800, au moment où l'armée du Rhin des philosophes et des femmes celé- s'avançait en Allemagne pour soutenir bres, Paris, 1773 , 2 vol. in-12. l'armée de réserve. Une heure et de- mie suffit pour jeter un pont sur le Bus (César de) naquit, en 1544, à Cavaillon. Après une jeunesse fort dis- fleuve, trois heures pour porter sur sa sipée, il embrassa à trente ans l'état rive droite tout le corps d'armée de Lecourbe. Les Autrichiens , partout ecclésiastique, et se consacra entière- culbutés n'opposèrent une vive résis- ment à l'instruction des enfants et du , peuple. Il fonda , en 1592, dans la pe- tite ville de l'isle, au comtat Venais- tance que sur le village de Busingcn, sin, la congrégation de la doctrine où le général Goullu dut combattre chrétienne, qui fut approuvée par Clé- toute la journée pour se maintenir sur ment VII. Quoique frappé de cécité dans la dernière année de sa vie, il ne la rive droite, cessa de diriger son établissement jus- qu'à sa mort, arrivée à Avignon en Busset, seigneurie de comté dans 1C07. Le peuple le regarda comme un l'ancienne province d'Auvergne, à saint. César de Bus avait aussi institué, douze kilomètres de Vichy (aujourd'hui sous le nom de Fi/les de la doctrine département de l'Allier), passa, au com- chrétienne , une congrégation de fem- mencement du seizième siècle, à l'une mes qui subsista jusqu'à la révolution. des branches bâtardes de la maison de Bourbon, et lui donna son nom (liour- Busingen (combats de).— Pendant que Masséna était aux prises avec les bon-Busset). Cette famille n'a produit Russes d'Italie, en 1799, Korsakow, ayant réuni les débris de son armée aucun homme remarquable, près du pont de Busingen, avait été Busset (Pierre-Louis de), maréchal rejoint par le corps de Condé et le contingent bavarois. Pour faire une de camp, né à Rueil , près Paris, le diversion en faveur de Suwarow, qui 12 mars 1736. Engagé de bonne heure lui avait écrit qu'il payerait de sa tête dans la carrière militaire, il contribua, un pas de plus fait en arrière, il tenta en 1757, à repousser une descente des un dernier effort sur les divisions Anglais sur les côtes de la Rochelle, Lorges et Ménard, restées en obser- L'année suivante, il s'embarqua pour vation en avant de la Thur. Masséna le Canada; mais son bâtiment, séparé ayant ordonné, le 7 octobre, aux di- de la flotte dont il faisait partie, fut visions Lorges et Ménard de se porter pris par deux vaisseaux anglais après un combat meurtrier. Busset, griève* sur Stein et Diessenhoffen , sur Para- ment blessé, fut conduit en Angle- dis et la tête de pont de Busingen , la terre, où il resta trois ans. Il fit en- seconde colonne se heurta contre Kor- suite la campagne d'Allemagne de sakow, qui marchait pour l'attaquer 1762 , et celles de Corse, lors de Fin- à la tète de douze mille Russes et surrection de cette île. En 1792, il Bavarois. Chargée avec une impétuo- réunit un détachement des cent-suisses sité extraordinaire, la division Menard pliait, quand la réserve des grenadiers, avec lequel il alla rejoindre, à Co- postée a Andelfingen , rétablit le com- blentz , les princes, qui le créèrent maréchal de camp. Il lit, en cette qua- tât. De son côté, la division Lorges lité, l'expédition de Champagne, et servit jusqu'au licenciement qui suivit arriva vers Diessenhoffen après avoir forcé les postes avancés des Russes à Ala retraite du roi de Prusse. la res- se replier. L'ennemi dirigea vainement tauration, Louis XVIII nomma Busset contre elle plusieurs charges de cava- lerie et d'infanterie. Après un combat commandeur de Saint- Louis, lui ac- corda une pension de quinze cents opiniâtre, il fut culbuté partout, et francs sur cet ordre, et l'admit au forcé de se retirer en désordre. maximum de la retraite de maréchal de camp. — Le général Lecourbe passa le Rhin Bussièbe (la), ancienne seigneurie du Gatinais (aujourd'hui département du Loiret), à 6 kilomètres de Gien, Digitized by Google

BCS FRANCE. BCS 489 érigée en marquisat, en 1679, en fa- et mourut, en 1736, âgé de soixante- veur de Charles du Tillet, conseiller au parlement de Paris. sept ans. Bcssiebes (Jean de), jésuite, né en Bussy (Roger de Rabutin, comte 1607, à Villefranche, près de Lyon : on a de lui plusieurs poèmes latins, de) se fît, au dix-septième siècle, par dont l'un a pour titre : La défi- rrance de Vite de Ré, Lyon, 1655, ses amours, ses disgrâces et ses écrits, in-12. On lui doit encore une His- toire de Francè en latin, Lyon, 1671, une réputation qui dure encore. Né à 2 volumes in-4°, et des Mémoires de ce qu'il y a de plus remarquable dans Epiry, dans le Nivernais, en 1618, il Villefranche en Beaiyolais, Ville- fut placé, à dix-huit ans, à la téte d'un franche, 1671, in-4°, fig. régiment qui avait appartenu à son Bussignâc (Pierre de), clerc et gentilhomme d'Autefort, vécut dans père. En 1649, il était avec l'armée le château de Bertrand de Born, et composa plusieurs sirventes, dont royale sous les murs de Paris, et es- deux ont été* publiés par M. Ray- nouard. Il mourut vers la fin du dou- carmouchait avec les frondeurs. En zième siècle. 1650, il changea de parti comme la . plupart des acteurs de cette guerre, Busson-Dbscabs (Pierre), ingé- nieur en chef des ponts et chaussées, et se joignit aux amis du prince de naquit à Baugé, en 1764. Il a composé un ouvrage intitulé : Essai sur le ni- Condé que Mazarin venait de faire vellement, 1805, in-8°. On lui doit en- , core un petit traité contenant la théorie et la pratique du nivellement mettre en prison. Peu de temps après réduites à leur plus simple expression, il se réconcilia avec la cour et alla et la description d'un niveau d'eau, de servir dans la Flandre , sous Tu- son invention, plus commode et plus renne, avec la charge de mestre-de- ingénieux que tous ceux qu'on avait employés jusqu'alors. Bussonest mort camp-général de la cavalerie légère. en 1825. Mais son amour pour le plaisir et Bussy (Alexandre), professeur à le scandale, son esprit d'indépendance l'école de pharmacie de Paris, né à Marseille en 1794 , a publié des travaux et d'indocilité, son extrême orgueil qui le placent au rang de nos plus sa- vants chimistes. On lui doit de pré- attirèrent souvent sur lui les repro- cieuses découvertes dont on a fait déjà d'heureuses applications aux arts et à ches de ses chefs et lui causèrent mille la mécanique. Nous nous contente- rons de citer ses Mémoires sur l'acide ennuis. Un jour, piqué au vif par une sulfurique, sur la liquéfaction du chlore , de l'ammoniaque , sur la dis- sévère réprimande que Turenne lui tillation des corps gras , etc. avait adressée sur une bévue stratégi- Bussy (Michel Celse Roger de Ra- que, il fît circuler un couplet satirique butin, comte de), évêque de Luçon, fils du célèbre Bussy-Rabutin. Son qui alla jusqu'à la connaissance de esprit et son amabilité, qui lui avaient valu le surnom de dieu de la bonne Louis XIV et l'indisposa fortement compagnie, le firent admettre à l'A- cadémie française, en 1732, après la contre lui. La chronique scandaleuse mort de Lamotte. Il ne produisit rien qu'il publia à son retour sous le titre d'Histoire amoureuse des Gaules, et où il faisait le récit de prouesses ga- lantes, dont quelques-unes n'avaient pas d'autre héros que lui-même, sou- leva contre lui un violent orage de (>laintes et d'accusations, et acheva de e perdre dans l'esprit du roi. La me- sure fut comblée par un couplet hardi, chanté dans une orgie, sur mademoi- selle de la Val li ère. Bientôt Bussy fut mis à la Bastille et n'en sortit que pour se voir condamné à l'exil; il fut relégué dans ses terres avec ordre de ne plus reparaître à la cour. Cet arrêt désespéra un homme aussi ambitieux. Il écrivit au roi des lettres où il joi- gnait aux expressions les plus exagé- rées d'un hypocrite repentir, tout ce que l'adulation la plus complaisante peut suggérer d'éloges hyperboliques. Digitized by Google

490 BUS L'UNIVERS. En vain M. de Noailles et M. de Saint- bonne heure aux Indes orientales, et y servit avec une grande distinction Aignan qui lui étaient restés fidèles, dans les troupes de la Compagnie , française. A la tête de quelques Fran- appuyèrent ces lettres auprès du mo- cais et d'un corps de mille Indous, il narque : Louis XIV fut inflexible et nt la conquête d'une partie du pays Bussy resta seize ans dans l'exil. En de Carnate. En 1748 , il contribua même temps qu'il prodiguait au prince puissamment à défendre Pondichéry contre les Anglais. Son activité et ses les prières pour recouvrer son rang, il affectait, dans ses lettres à ses amis et talents le firent avancer rapidement, à madame de Sévigné, sa cousine, une et en 1782 il fut nommé commandant résignation dédaigneuse et un calme de nos forces de terre et de mer au delà stoïque, et s'efforçait de paraître indif- du cap de Bonne-Espérance. Réuni aux princes du pays, il soutint la férent à une disgrâce qui le désolait.Du guerre avec avantage, et mourut en 1785 à Pondichéry, âgé de soixante- reste, un homme d'un extrême orgueil sept ans. trouve des consolations dans cette pas- Bussy d'Amboise (Louis de Cler- sion même, et Bussy se dédommageait mont de) se signala dans les massa- cres de la Saint-Barthélémy, dont il de n'être plus rien à la cour, par l'idée profita pour assassiner un de ses pa- rents avec lequel il était en procès, de compter parmi les premiers écri- Ensuite il s'attacha au duc d'Anjou, et obtint le commandement du château vains du siècle et par le faste solitaire d'Angers. Ayant entrepris de séduire la femme de Charles de Chambes, de sa vie de seigneur dans ce château comte de Montsoreau, il fut attiré dans un piège et assassiné par ce sei- de province, où il s'entourait des por- gneur. « Toute la province, dit de Thou, a fut charmée de la mort de Bussy, et traits et des arbres généalogiques de u le duc d'Anjou lui-même ne fut pas sa famille. Les ouvrages qui exerçaient « trop fâché d'en être délivré. » Bussy-lb-Chatel , ancienne sei- sa plume étaient une histoire abrégée gneurie de Champagne (aujourd'hui de Louis le Grand et ses propres me- département de la Marne), à 12 kilo- mètres de Châlons, érigée en marqui- moires. Ses lettres étaient aussi des sat en 1703. compositions étudiées dont il calculait Bussy-lb-Clebc ( Jean). D'abord l'effet pour être admiré. Enfin, en maître d'armes puis procureur au , 1682, on lui permit de reparaître à la parlement , et enfin , grâce au duc de cour, mais ce n'était qu'une faveur lé- Guise, gouverneur de la Bastille, fut un des chefs de la faction des Seize gère que n'accompagnait point un pendant la ligue. Il se présenta, en pardon réel. Bussy le vit bien aux dif- 1589, à la tête d'une troupe armée, devant la grand'chambre du parle- Acuités qu'il rencontrait dans ses ment, et somma cette compagnie d'a- moindres demandes. La cour était bandonner la cause royale. Sur son refus, il conduisit à la Bastille lesmem- changée et faisait peu d'attention à bres les plus récalcitrants. Il fut , en l'ancien frondeur. Il reprit le chemin 1591, l'un des instigateurs du supplice de Brisson , de Larcher, de Tardifer de ses terres, où il continua à se draper et de Duru. Mais le duc de Mayenne, dans sa philosophie affectée; il mourut la même année , délivra Paris de la dans la retraite, en 1693. Ses lettres tyrannie des Seize, dont plusieurs ftt- sont écrites avec correction et élé- ?;ance , mais l'absence de naturel s'y ait trop sentir, et l'orgueil les rçnd quelquefois insupportables. Ses mé- moires, où il parle beaucoup de lui, Unoffrent peu d'intérêt. style assez piquant et beaucoup d'anecdotes scan- daleuses ont fait vivre jusqu'à ce jour son Histoire amoureuse des Gaules. Bussy-Albieux, ancienne seigneu- rie avec titre de comté, dans le Forez, à 22 kilomètres de Roanne (aujour- d hui département de la Loire). Bussy-Castelnau (Charles-Joseph- Pâtissier, marquis de) , né à Bucy, près Soissons, en 1718, passa de Digitized by Google

BUT FRANCE. but 491 rent pendus. Bussy n'obtint la vie que de Reims. Tous ceux qui l'envi- qu'en rendant la Bastille. Il se retira ronnaient y consentirent avec empres- alors à Bruxelles, où il reprit son pre- sement; un seul Franc , moins courti- mier métier de maître d'armes. Il san que les autres, s'écria en frappant mourut quarante ans après dans la de sa hache un grand coup sur le vase : plus grande misère. « Vous n'aurez rien de plus que ce « que le sort vous accordera. » Clovis, Butel-Dlmont ( George- Marie ), quoique irrité de cette opposition , ne répondit rien, parce que le soldat était avocat, ne a Paris le 28 octobre 1725, dans son droit. II obtint cependant le exerça successivement les fonctions vase, le donna aux envoyés de saint de censeur- rovai, de secrétaire d'am- Remi , et ce ne fut que sous prétexte bassade à Samt-Pétersbourg , et fut d'une infraction à la discipline qu'il commis au dépôt du contrôle général. put se venger plus tard de cette nu- Il a publié un assez grand nombre d'ou- miliation dont souffrait son orgueil. vrages, dont les principaux sont : Mé- Dans la suite , ce partage du butin moires historiques sur la Louisiane, cessa d'avoir lieu, et quand on saccagea rédigés sur les manuscrits de t abbé les villes, chaque soldat fut autorisé à Lemercier, Paris, 1753, 2 vol. in-12, garder pour lui ce qu'il avait ravi aux avec figures; Histoire et commerce malheureux habitants, sauf une part des colonies anglaises, 1755. in-12 qu'il était tenu de réserver pour ceux de Essais sur les causes principales qui ses compagnons qui étaient restés sous ont contribué à détruire les deux les armes durant le pillage. Jusqu'au premières races des rois de France, dix-septième siècle, les prisonniers fai- Pans, 1776, in-8°, ouvrage couronné saient la partie la plus importante du par l'Académie des inscriptions et butin militaire, parce qu'on exigeait Délies -lettres; Recherches sur l ad- d'eux pour leur rendre la liberté, une ministration des terres chez les Ro- rançon proportionnée à leur naissance, mains, Paris. 1779, in-8°. Butel-Du- mont est mort a la fin du dernier leur rang, leur fortune, et qui se taxait ordinairement à une année de leurs re- siècle venus. Les prisonniers, à cette époque, étaient, après la bataille, un objet Butin.— Sous les rois delà première de commerce et de libéralité. Comme race, tout le butin que les troupes faisaient dans une expédition mili- ils appartenaient à ceux qui les avaient taire appartenait à l'armée, et se reçus à merci, on les vendait, ou on les échangeait moyennant une différence. partageait entre les chefs et les sol- Le roi et les grands seigneurs en don- dats ; le roi lui-même n'avait de part naient quelquefois à ceux de leurs in- que celle que le sort lui assignait. férieurs qui s'étaient distingués dans Pendant une marche de Clovis à tra- le combat, pour réparer les pertes qu'ils avaient faites, ou les enrichir quand ils vers le district de Reims , ses soldats, étaient pauvres. C'est ainsi qu après la selon leur coutume, pillèrent les habi- bataille de Bouvines Philippe-Auguste tations particulières , les établisse- , ments publics ou religieux, et enlevè- distribua aux quinze communes qui rent d'une église un vase d'argent d'un l'avaient secondé une partie des prison- grand prix. Saint Remi depuis long- niers faits sur l'ennemi. [Voyez Bou- vines (bataille de).] Cette coutume , peut paraître choquante, mais elle avait son bon côté , en ce qu'elle mo- temps en relation avec Clovis, qu'il dérait l'effusion du sang humain , et que l'on aimait mieux prendre vi- devait baptiser plus tard avec trois vant un riche seigneur dont on pou- mille des siens , lui envoya des dépu- vait tirer de l'argent, que de le tuer tés pour le prier de lui faire restituer sans aucun profit. Les sommes que ce vase. « Suivez-moi jusqu'à Sois- « sons, où se fera le partage du butin,» dit ce prince aux députés, « et là je vous « donnerai satisfaction. «Arrivé à Sois- sons, quand le butin fut réuni, Clovis demanda de pouvoir disposer, avant le partage, du vase que reclamait l'évé- Digitized by Google

492 BUT L'UNIVERS. BUT les villes payaient pour se racheter du faisance. Ayant un jour reçu 500 fr. pillage étaient aussi considérées un pour une édition de son livre , il alla butin qu'on distribuait à l'armée qui s'établir dans un village voisin de les avait prises; mais les rois fini- Strasbourg où la culture des arbres rent, quand ils n curent plus que des était négligée, quoique le sol y fût troupes soldées , par verser ces som- très-favoraole ; il v fit venir des arbres, mes dans leur trésor pour s'indem- les distribua aux nabitants, leurapprit niser des frais de Ja guerre. Au- cune de ces coutumes ne subsiste la théorie et la pratique de l'art qu'il aujourd'hui. Si ce n'est dans de rares avait poussé si loin , et ne les quitta circonstances, on ne met plus les villes au pillage; les prisonniers faits dans qu'après avoir dépensé la somme en- une action appartiennent â l'Etat , qui n'en exige point de rançon , mais les tière à fonder une branche d'industrie échange pendant le cours de fa guerre, qui est devenue une source d'aisance ou les rend après la paix. Il n y a de pour ce pays. butin à présent pour le soldat que celui qu'il se procure par un maraudage Buttafuoco (Mathieu), né en 1730, secret, périlleux et défendu sévère- à Rescovato, petite ville de Corse, non ment; que le prix des chevaux qu'il en- loin de Bastia , embrassa la carrière lève aux ennemis; que les dons que des armes, et s'éleva au grade de ma- réchal de camp , bien qu'il se fût fait se hâtent de lui faire les officiers qu'if remarquer moins par des services mi- prend vivants, et enfin que la dépouille litaires que par un certain talent de de ceux qu'il tue sur le champ de ba- négociateur. A l'époque où le duc de Choiseul résolut de réunir la Corse à taille. la France, Buttafuoco fut un des prin- cipaux agents du ministère français, Butbet (le baron de), né en France et il reçut la mission délicate de con- dans le dix-huitième siècle , d'une fa- tinuer les négociations entamées avec mille noble et riche, renonça à son Paoli par Valcroissant. Lorsque , en rang et à ses titres pour se 'dévouer 1768, les Génois eurent céae leurs aux progrès de l'agriculture , et tra- droits à la France , Buttafuoco, com- vailler au bonheur des habitants de la prenant que la Corse ne pouvait aspi- campagne. Son livre intitulé Taille rer à une indépendance sérieuse, se rationnée des arbres fruitiers , Paris, mit ouvertement en opposition contre 1793,in-8°, est le plus instructif de Paoli, qtvii ne voulait admettre la ceux qui ont été composés sur cette France que comme puissance protec- matière ; il a eu treize éditions jus- • qu'en 1801; on ne les compte plus trice, et il contribua à l'incorporation pure et simple. Ses compatriotes l'ac- depuis cette époque. Butret, après cusèrent souvent d'avoir vendu son avoir appris à Montreuil, près Vin- pays; quoique l'opinion qu'il soute- cennes, tous les détails de l'art du nait se justifie assez par elle-même jardinage , et surtout la pratique on ne peut nier que Buttafuoco n'ait de la taille des arbres , était allé reçu du ministère Choiseul des mar- s'établir à Strasbourg, où il avait déjà ques de faveur que sa position déli- fondé un magnifique jardin , dont cate n'aurait pas dû lui permettre il se proposait de faire une école pra- d'accepter. tique pour la culture des arbres frui- tiers, lorsque les malheurs de la révo- En 1789, Buttafuoco fut élu député lution vinrent détruire le fruit de ses travaux. Forcé alors d'émierer , il de la noblesse de Corse aux états gé- trouva un asile à la cour de l'électeur néraux. Il s'y montra dévoué au parti palatin , qui lui confia la direction de de l'ancien régime , et vota presque 6es jardins. Il mourut à Strasbourg en toujours avec la minorité rétrograde. Il lut accusé par Mirabeau d'avoir en- 1 805. On raconte de ce vertueux agricul- tretenu une correspondance crimi- nelle; mais on ne trouva dans ses teur des traits d'une admirable bien- lettres qu'une improbation de la cons- titution civile du clergé. En 1790, il Digitized by Google


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